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www.leducation-musicale.com



novembre-décembre 2009
n° 563



septembre-octobre 2009
n° 562




Sommaire :

1. Edito
2. Informations générales
3. Varia
4. Manifestations et Concerts
5. Recensions de spectacles et concerts
6. Annonces de spectacles
7.
L'Edition musicale

8. Bibliographie
9. CDs et DVDs

10. La vie de L’éducation musicale


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Pro domo…

 

Le sage meurt de colère

(Confucius)

 

Quelle erreur n’est pas la tienne, cher lecteur qui me soupçonnes de pessimisme, de cette « excuse des salauds » selon Jean-Paul Sartre – ordinaire prétexte à tous les aquabonismes, à toutes les démissions !  Alors que je n’aurai eu de cesse de plaider en faveur de notre patrimoine musical – seul possible tremplin vers l’avenir…

 

Comment être pour autant optimiste, dans un monde en proie - chaque jour davantage – aux débordements des plus inimaginables vulgarités de pensée et de comportements ? Optimisme qui ne serait d’ailleurs, si l’on en croit le poète Heiner Müller, qu’« un manque d’information » ; si ce n’est, pour Milan Kundera, « l’opium des c…s »…

 

Une saine colère, voilà ce qu’il nous faut obstinément cultiver ! Face à la florissante démagogie de nos petits maîtres, aussi bien qu’à l’impuissance ricanante du microcosme médiatique - servum pecus -, s’accommodant aujourd’hui des plus bouffonnes pasquinades…

 

Fût-ce contre toute vraisemblance, gardons foi en de futurs égrégores, et persévérons !  L’espérance ne doit-elle pas rester la plus forte ?

 

Francis B. Cousté

 

 

 

 


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BOEN n°41, du 5 novembre 2009.  Concours général des lycées, session 2010. Commune aux classes de Première et aux Terminales, l’épreuve d’Éducation musicale se déroulera le lundi 15 mars 2010.

 

Le Bulletin officiel de l’Éducation nationale est librement consultable sur :

www.education.gouv.fr/pid285/le-bulletin-officiel.html

 

« Qu’est-ce que l’Histoire des arts ? » Document établi, pour l’académie de Créteil, par Danielle Champigny, IA-IPR d’Histoire & géographie, et Claude Desfray, IA-IPR d’Éducation musicale : http://hgc.ac-creteil.fr/spip/qu-est-ce-que-l-histoire-des-arts

 

Ingres : Le bain turc ©DR

 

Version instrumentale officielle de l’Hymne européen.  À découvrir sur le portail de l’Union européenne : http://europa.eu/abc/symbols/anthem/index_fr.htm

 

©DR

 

« La voix dans la formation du musicien », Rencontres nationales de Boulogne-sur-Mer (Université du Littoral), les 29, 30 et 31 janvier 2010 Thématiques : La voix dans la construction de la personnalité/ La voix dans la formation artistique/ La voix, quels parcours de formation.  Compositeur en résidence : Thierry Machuel [notre photo].  Renseignements : 05 46 92 99 54 . www.artchoral.org

 

©DR

 

Le ministère de la Culture et de la Communication nous ouvre enfin généreusement ses vantaux : www.histoiredesarts.culture.fr

 

… sur les jardins du Palais Royal ©DR

 

« Figure humaine », le très remarquable chœur que dirige Denis Rouger [notre photo] ouvre un nouveau site : www.choeur-figure-humaine.com

 

©DR

 

2010 : Année Chopin.  Le 5 novembre 2009, une conférence de presse réunissait à Paris, rue de Valois, Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication de la République française, et son homologue polonais Bogdan Zdrojewski, ministre de la Culture et du Patrimoine national.  À la tribune, étaient également présents : Alain Duault, commissaire général de l’Année Chopin en France, et Waldemar Dąbrowski, président du Comité des célébrations Chopin 2010 en Pologne.  Outre d’innombrables concerts, devraient se succéder parutions d’ouvrages, événements audiovisuels, expositions & colloques.  Renseignements : www.chopin2010.pl

 

©Didier Plowy/MCC

 

Les cent musiciens [de 16 à 25 ans] de l’Orchestre français des jeunes se réuniront, sous la direction de Kwamé Ryan, du 13 au 22 décembre 2009 , au Grand Théâtre de Provence.  Programme de travail : Metanoia (création) d’Oliver Rappoport, Suite de West Side Story de Leonard Bernstein, 2e Symphonie de Sergei Rachmaninov.  Renseignements : 01 56 40 49 45 www.ofj.fr

 

 

« Une saison russe » à l’Auditorium du Louvre.  Du 5 décembre 2009 au 13 juin 2010 , concerts & opéras filmés : Boris Godounov de Moussorgski, Sadko de Rimski-Korsakov, Rousslan et Lioudmila de Glinka, Prince Igor de Borodine, Le Coq d’or de Rimski-Korsakov, La Khovantchina de Moussorgski, Le vagabond enchanté de Chtchedrine, La Dame de pique de Tchaïkovski…  Renseignements : 01 40 20 55 55 www.louvre.fr/llv/auditorium/alaune.jsp?bmLocale=fr_FR

 

©Clive Barda

 

La XXIe saison du NEM (Nouvel Ensemble moderne), dir. Lorraine Vaillancourt [notre photo], propose en 2010, à Montréal (Canada), de tout nouveaux et riches programmes.  Œuvres de : György Kurtág (H), Philippe Leroux (F), Garant (Ca), Stockhausen (D), Harvey (GB), Bouliane (Ca)…  Renseignements : 200, avenue Vincent-d’Indy, Montréal, QC H3C 3J7.  www.lenem.ca

©Bertuch/Intrigmedia

 

La VIe édition du « Mondial Choral Loto-Québec » se déroulera du 17 au 27 juin 2010 , à Laval (Québec).  Tous styles de répertoires acceptés.  Renseignements : www.mondialchoral.org

 

Chœur St-Onge ©Osa Image

 

« Avenue Vincent-d’Indy », émission de la Faculté de musique de l’Université de Montréal, revient chaque dimanche, à 13h30, sur l’antenne de Radio Ville-Marie.  Durée : 90’00.  Écoutable en différé, sur : www.umontreal.ca (via « iTunes U »).

 

Université de Montréal ©DR

 

Montréal : L’« Observatoire international de la création & des cultures musicales », dir. Michel Duchesneau, organise, le 12 février 2010, une Journée d’étude Peter Szendy [notre photo].  Renseignements : Faculté de musique, tél. : 514 343-6111.  www.oiccm.umontreal.ca

 

©DR

 

Ensembles musicaux de l’Université de Montréal : Orchestre (dir. Jean-François Rivest), Atelier d’opéra (dir. Robin Wheeler), Chœur (dir. Raymond Perrin), Big Band (dir. Ron Di Lauro), Atelier de musique contemporaine (dir. Lorraine Vaillancourt), Atelier de musique baroque (dir. Margaret Little).  Renseignements : Faculté de musique [notre photo] – 200, avenue Vincent-d’Indy, Montréal. Tél. 514 343-6427 www.musique.umontreal.ca ou www.podioguide.umontreal.ca

©DR

 

Le Conseil européen de la musique (EMC) a coordonné, de juillet 2006 à juin 2009, le projet ExTra ! (« Exchange Traditions »), en partenariat avec l’Italie, la Belgique, la France, l’Autriche, l’Allemagne et la Grèce.  Son objectif était de favoriser l’échange des traditions musicales européennes, en mettant l’accent sur les cultures minoritaires - notamment celles issues des processus d’immigration.  Documentation disponible sur : www.extra-project.eu

 

 

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 « Attachements », séminaire doctoral de recherche, sera consacré, en 2010, à Claude Lévi-Strauss & la tonalité, textes sur la méthodeRenseignements : Centre de sociologie de l’innovation – 60, bd Saint-Michel, Paris VIe.  Tél. : 01 40 51 91 91 www.csi.ensmp.fr. antoine.hennion@ensmp.fr

 

Cl. Lévi-Strauss, 2005 ©DR

 

« Art de la scène, musiques & danses actuelles », tel est le nom du département qui s’ouvrira, en septembre 2010, au sein du Conservatoire à rayonnement régional (CRR) de Paris.  Coordination pédagogique : François Vion (francoisvion@gmail.com).  Le concours d’entrée se déroulera, du 14 au 18 décembre 2009, au « Centre musical Fleury-Goutte d’Or/Barbara » (1, rue Fleury, Paris XVIIIe.  Tél. : 01 53 09 30 70).  Renseignements : 14, rue de Madrid, Paris VIIIe.  Tél. : 01 44 70 64 23.  www.crr-paris.fr

 

 

Bob Dylan : « If you think art has to have a message to be good, you're getting it wrong » [Si vous pensez que l’art doit être porteur d’un message, vous n’y comprenez rien].

  Source : www.guardian.co.uk/artanddesign/jonathanjonesblog/2009/oct/29/art-meaning-bob-dylan

 

Bob Dylan, 1967 ©DR

 

François-Bernard Mâche : « Nous pourrions proposer deux pôles pour définir la transversalité : le métissage, qui suppose d’unir les disciplines de façon à définir un art nouveau (mais je n’y crois guère, sauf peut-être dans le cas du cinéma), et - plus probante sans doute - la métaphore, qui traite un ensemble de données comme si c’en était un autre. » (Lettre de l’Académie des Beaux-Arts, n°58, automne 2009)

 

En académicien ©DR

 

Musique & Franc-maçonnerie.  Une visite virtuelle : www.museedelafrancmaconnerie.org

 

        

                                    Tablier de Voltaire, 1778

 

Guinness World Record ! Le 25 octobre 2009 , pour fêter le 40e anniversaire de Woodstock, quelque 3 000 guitaristes et autres ukulélistes auront joué, au Sunday West Festival Concert du Golden Gate Park de San Francisco, Purple Haze de Jimi Hendrix.  Source : San Francisco Chronicle

(www.sfgate.com/cgi-bin/article.cgi?f=/c/a/2009/10/26/BA371AAIPK.DTL).

 

©Brant Ward/The Chronicle

 

En Iran : réputés « satanistes », 12 musiciens ont été arrêtés à Orumiyeh.

  Source : www.freemuse.org/sw35761.asp  [Consulter également, en fin d’article, l’édifiant « Related reading ».]

 

©DR

 

Musical America 2010 Awards.  Musician of the year : Ricardo Muti.  Composer of the year : Louis Andriessen.  Instrumentalist of the year : Joshua Bell (violonist).  Collaborative pianist of the year : Warren Jones.  Vocalist of the year : Elīna Garanča [notre photo].  Renseignements : www.musicalamerica.com

 

©Felix Broede/DG

 

Michelle Obama organise, à la Maison Blanche, des ateliers de musique classique.  Ainsi, le premier week-end de novembre 2009, accueillait-elle le violoniste Joshua Bell, la guitariste Sharon Isbin & 120 enfants venus de tous les États-Unis.

Renseignements : www.msnbc.msn.com/id/33628544/ns/entertainment-music

 

©Sean Gallup/Getty Images

 

Le grand organiste André Marchal (1894-1980) aimait passer son temps libre au Pays basque.  C’est son élève, Denise Limonaire, organiste de Saint-Martin de Biarritz, qui créa à sa mémoire, en 1991, le Concours international d’orgue de la ville de Biarritz, lequel - tous les deux ans, durant une semaine - se déroule sur les orgues de trois églises de la cité (Saint-Charles, Sainte-Eugénie et Saint Martin).  Organisé par Susan Landale, présidente de l’Académie André-Marchal, assistée de Laurent Riboulet de Sabrac, organiste titulaire des orgues de Biarritz, le IXe Concours se déroulait, cette année, du 27 au 31 octobre 2009, avec 40 participants (dont seulement 3 Français).  Au jury, présidé par Gilbert Amy (F), se trouvaient Michel Bourcier (F), André Isoir (F), Irena Chribkovà (CS) et Jack Dmitchener (USA).

 

Miracle de la technique !  Sont déjà en ligne les vidéos des lauréats :

http://www.youtube.com/watch?v=i3nUuYqckww

http://www.youtube.com/watch?v=BJohhtXo6pg

http://www.youtube.com/watch?v=IhfUdonvxGs

http://www.youtube.com/watch?v=cWKjdYqeIek

http://www.youtube.com/watch?v=gBoQb7MjBJ0

http://www.youtube.com/watch?v=ItsoLEyhDpA

http://www.youtube.com/watch?v=MO1RKfNkxr4

http://www.youtube.com/watch?v=4IUfjlDcymY

http://www.youtube.com/watch?v=cSgSuWkF5G4

http://www.youtube.com/watch?v=UdEVIQlvZng

http://www.youtube.com/watch?v=f8qu7gmxtPc

http://www.youtube.com/watch?v=fONr6q4XfB4

http://www.youtube.com/watch?v=6J6ENr3135w

http://www.youtube.com/watch?v=L0RN2FiXMRM

 

Orgue de Saint-Martin, Biarritz ©DR

 

Musique contemporaine vietnamienne.  Via Canal Académie, écoutez le très remarquable trio Đai Lâm Linh : www.canalacademie.com/Dai-Lam-Linh-nouveau-chant-du.html

 

Linh Dung, Ngoc Đai, Than Lâm ©DR

 

Cami (1884-1958).  « The greatest humorist in the world » disait Charlie Chaplin de l’inoubliable auteur des Aventures de Loufock Holmès et d’À lire sous la douche

À découvrir sur : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Henri_Cami

 

       

©éditions Kickshaws, Paris                                 Cami (vers 1905)

 

 

La XXe édition de « Sons d’hiver », festival de musiques (réputées « actuelles ») se déroulera, dans le Val-de-Marne, du 29 janvier au 20 février 2010

Renseignements : 01 46 87 31 31 . www.sonsdhiver.org

 

 

Mardi « Graves », XVIe Festival des instruments graves, se déroulera, du 3 au 13 mars 2010, dans diverses villes du sud de la France (Agde, Montpellier, Saint-Jean-de-Védas, Lavérune, Perpignan, Béziers, Carcassonne), aussi bien que dans la province de Girona (Espagne).  Concerts, classe de maître, stage.

Renseignements : 06 72 32 92 92 http://mardigraves.free.fr/textes/2010/index.html

 

Carré de basses devant l’octobasse de Nicola Moneta ©DR

 

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Orchestre national de Lille.  Dans le cadre de ses « Répétitions ouvertes au Jeune public », l’ONL donnera - sous la direction de Michael Stern avec, en soliste, la violoniste japonaise Akiko Suwanai [notre photo] - des œuvres de Debussy, Dutilleux et Rachmaninov.  Mercredi 9 décembre, 9h15, à Lille/Nouveau Siècle.  Durée : 1h15’ environ.  Entrée libre (sur inscriptions). 

Renseignements : 03 20 12 82 40 . www.onlille.com

 

©ONB

 

« Diriger la création » Au cours de cette rencontre-débat organisée, le 10 décembre 2009 , par le Centre de documentation de la musique contemporaine (CDMC), seront abordés les thèmes suivants : Comment enseigner la direction ? Spécificités des musiques d’hier & d’aujourd’hui.  Direction d’un ensemble, d’un orchestre.  Quelle notation pour une direction efficace.  Gestique & geste musical.  Les musiciens face au chef.  Avec notamment : Pierre-André Valade, Jean Deroyer, Jean-Marie Cottet et Pierre Dutrieu.  Modérateur : Philippe Hurel.  Entrée libre (sur réservations au : 01 47 15 49 86 ). 

Renseignements : 16, place de la Fontaine-aux-Lions, Paris XIXewww.cdmc.asso.fr ou www.musiquecontemporaine.fr

 

 

« Cantabile » au Ranelagh.  Le mardi 15 décembre 2009 , à 20h30, dans le merveilleux écrin du Théâtre du Ranelagh (originellement Salon de musique du fermier-général Jean-Joseph Le Riche de La Pouplinière : « Mihi amicisque meis », 1755), sera une nouvelle fois commenté un concert d’œuvres romantiques. 

Renseignements : 5, rue des Vignes, Paris XVIe.  Tél. : 01 42 88 64 44 www.theatre-ranelagh.com

 

 

« Glossopoeia » [spectacle pour 3 danseuses, 4 musiciens, vidéo & électronique, commande de l’Ircam au compositeur espagnol Alberto Posadas et au chorégraphe & performer américain Richard Siegal] sera créé les 16, 17 et 18 décembre 2009 , à 20h00, à Paris, en la Grande salle du Centre Pompidou.  Solistes de l’Ensemble intercontemporain. 

Renseignements : 01 44 78 12 33 www.centrepompidou.fr

 

 

Le conte musical « La Petite Sirène », d’après Peer Gynt (Heinrik Ibsen & Edvard Grieg), sera donné à l’Opéra national de Lyon, les 16, 17, 18 et 19 décembre 2009 .  Transcription pour quintette à vent avec harpe : Fabrice Pierre.  Narratrice : Natalie Dessay.  Ensemble Agora / Compagnie des Lumas.  À partir de 5 ans (durée : 60’ environ). 

Renseignements : 0826 305 325 www.opera-lyon.com

 

 

« Tout Mahler par Gatti ».  Le jeudi 17 décembre 2009 , à 20h, l’Orchestre national de France, dir. Daniele Gatti [notre photo], donnera, au Théâtre du Châtelet, à Paris : Des Knaben Wunderhorn (extraits) et la 1re Symphonie dite « Titan ».  Avec le baryton Matthias Goerne. 

Renseignements : 01 56 40 15 16 www.concerts.radiofrance.fr

 

©DR

 

« Fortunio », comédie lyrique d’André Messager, sur un livret de Gaston Arman de Caillavet & Robert de Flers (d’après Le Chandelier d’Alfred de Musset), sera donné à Paris, salle Favart, les 10, 12, 14, 16 et 18 décembre (à 20h) et le 20 décembre (à 15h).  Chœur Les Éléments, Orchestre de Paris, dir. Louis Langrée.  Mise en scène : Denis Podalydès.  Décors : Éric Ruf.  Costumes : Christian Lacroix. 

Renseignements : Opéra-Comique - place Boïeldieu, Paris IIe.  Tél. : 01 42 44 45 47 www.opera-comique.com

 

 

« Au Temps des Croisades », opéra-bouffe de Claude Terrasse [notre photo], livret de Franc-Nohain, sera donné à l’Athénée-Théâtre Louis-Jouvet (square de l’Opéra / 7, rue Boudreau, Paris IXe), du 17 décembre 2009 au 3 janvier 2010.  Compagnie Les Brigands.  Direction musicale : Philippe Grapperon.  Régie : Philippe Nicolle.  Renseignements : 01 53 05 19 19 www.athenee-theatre.com

 

           

                                             ©DR

 

« Julie », opéra de chambre en un acte, de Philippe Boesmans, sur un livret de Luc Bondy & Marie-Louise Bischofberger (d’après Mademoiselle Julie d’August Strindberg) sera donné, du 8 au 13 janvier 2010 , à l’Athénée/Théâtre Louis-Jouvet.  Avec Carolina Bruck-Santos (Julie), Alexander Knop (Jean) & Agnieszka Slawinska (Christine).  Ensemble Musiques nouvelles, dir.  Jean-Paul Dessy.  Régie : Matthew Jocelyn.  Renseignements : square de l’Opéra Louis-Jouvet (7, rue Boudreau), Paris IXe.  Tél. : 01 53 05 19 19 www.athenee-theatre.com

 

Luc Bondy & Philippe Boesmans ©Herman Ricour

 

L’exposition « Chopin à Paris, l’atelier du compositeur » se tiendra, du 9 mars au 6 juin 2010 , à la Cité de la musique.  Exploration de l’univers artistique du musicien à partir de manuscrits & éditions rares conservés à la BnF.  Mise en regard d’estampes, tableaux, correspondances & instruments, issus des collections du Musée de la musique, de prêteurs publics & privés (Bibliothèque polonaise de Paris, musées Carnavalet & du Louvre, château de Versailles, Royal Academy of Music de Londres, etc.).  Parcours jalonné d’enregistrements mémorables (Cortot, Horowitz, Lipati, François, Pollini, Planès…).  Extraits de films (Renoir, Bergman, Zulawski…).  Seront également donnés de nombreux concerts, le plus souvent sur des pianos joués par Chopin.  Renseignements : 01 44 84 44 84 www.citedelamusique.fr

 

                  

 

« Multiphonies GRM 09/10 », 32e saison de création musicale.  Pour le 100e anniversaire de la naissance de Pierre Schaeffer [notre photo], la série Akousma est programmée les 5 et 6 décembre 2009 , le 9 janvier 2010 , les 27 et 28 février 2010 , en la salle Olivier Messiaen de la Maison de la Radio (116, avenue du Président-Kennedy, Paris XVIe).  Est ensuite programmée la série Présences/Électronique, les 26, 27 et 28 mars 2010 , au Cent-Quatre (104, rue d’Aubervilliers, Paris XIXe).  Entrée libreRenseignements : 01 56 40 29 88 . www.ina-grm.com

 

Service de la Recherche, 1952 ©DR

 

Musique classique au bordel… Dans un louable effort pour amener la musique classique « hors des salles de concert, là où se trouvent les gens », six musiciens & une cantatrice du Forum pour la musique contemporaine de Leipzig [FZML] donnent, tous les vendredis, en l’Eros Center de leur bonne ville, des concerts de « musique licencieuse & érotique ».  Programme du 20 novembre 2009  : Le flirt (Erik Satie), Seven erotics songs, pour mezzo-soprano & piano (Dirk D’Ase), Rhythm Strip, pour deux petits tambours (Askell Masson).  Concerts auxquels sont naturellement conviés professionnel(le)s du sexe et leur clientèle.  Tout cela, en guise d’heureux prolégomènes au Festival « Sex.Macht.Musik » (http://sexmachtmusik.de) qui se déroule actuellement au Centraltheater & Skala de Leipzig.

Renseignements : www.mca.org.au/mwn_story_e.php?7278

 

Prostitute brothel ©Getty Images

 

Le 30e Festival « Jazz à Vienne » se déroulera du 25 juin au 9 juillet 2010

Renseignements : 21, rue des Célestes, F-38200 Vienne.  Tél. : 04 74 78 87 87 www.jazzavienne.com

 

Francis Cousté

 

 

 


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Erich Wolfgang KORNGOLD : Die tote Stadt [La Ville Morte].  Opéra en trois tableaux.  Livret de Paul Schott, d’après Le Mirage de Georges Rodenbach, pièce adaptée du roman Bruges-la-Morte du même auteur.

 

E.W. Korngold ©DR

 

Enfin ressuscitée par Nicolas Joel à l’Opéra Bastille, Die tote Stadt est une incontestable réussite, tant du point de vue musical que théâtral.  Opéra qui eut le privilège d’une double création, à Cologne, le 4 décembre 1920, sous la direction d’Otto Klemperer, et à Hambourg, sous celle d’Egon Pollak, avant d’être donné à Vienne le 10 janvier 1921, puis à New York au Met, la même année.  Korngold (1897-1957), enfant prodige reconnu par Mahler, élève de Zemlinsky, signe ici sa plus grande réussite opératique - dans le contexte d’une Vienne finissante, apocalypse joyeuse des dernières années de l’empire des Habsbourg - avant de s’exiler aux États-Unis, pour se consacrer, à Hollywood, à la musique de film.  En France, il fallut attendre 2001 pour entendre l’œuvre, dans sa version scénique, à Strasbourg, puis au Châtelet à Paris.

 

© Bern Uhlig/Opéra national de Paris

 

Cette nouvelle production de l’Opéra de Paris associe avec bonheur une musique aux accents wagnéro-straussiens, une interprétation irréprochable, vocale et orchestrale, et une mise en scène expressionniste, apportant un éclairage intelligent au service du livret.  Bien que tournée vers un post-romantisme qui sera bientôt passé de mode, la partition instrumentale fait preuve d’originalité dans la virtuosité de l’orchestration, un langage harmonique à la limite de la tonalité, une exubérance rythmique faite d’impressionnantes ruptures, bien rendue par l’Orchestre de l’Opéra de Paris sous la baguette exigeante de Pinchas Steinberg.  L’interprétation vocale est à la hauteur de la partition, Ricarda Merbeth, soprano puissante, lumineuse, à la voix claire sans vibrato, aux aigus généreux, s’associe au timbre sublime du ténor américain Robert Dean Smith et au merveilleux legato du baryton Stéphane Degout.

 

©Bern Uhlig/Opéra national de Paris

 

La mise en scène de Willy Decker met en relief le livret, par le jeu de scènes multiples reflétant la dimension onirique de l’œuvre, renforcée par un bel éclairage et une scénographie de qualité.  Bref, une indiscutable réussite qui signe probablement le début d’une nouvelle ère à l’Opéra Bastille…

 

Gaetano DONIZETTI : Don Pasquale.  Orchestre Giovanile Luigi Cherubini, dir. Riccardo Muti.  Nicola Alaimo, Laura Giordano, Mario Cassi, Francisco Gatell, Lucca d’All Amico.  Chœur du Theatro de Piacenza.  Version de concert.

Riccardo Muti [notre photo], à la tête de son orchestre des Jeunes Luigi Cherubini, fondé en 2004, était à l’affiche du Théâtre des Champs-Élysées, le 9 novembre, pour une représentation en version de concert du dernier opéra de Donizetti.

 

©Andrea Tamoni/Scala

 

Toute critique serait superflue, voire malveillante, concernant la direction du maestro, dans cet opéra déjà enregistré par lui en 1988 pour le label EMI, irréprochable d’élégance, prenant part au jeu des acteurs, dirigeant avec précision ses jeunes musiciens talentueux.  Bref, l’humeur était joyeuse ce soir-là, d’autant que la prestation vocale et scénique était de toute première qualité.  Nicola Alaimo, irrésistible en mari bafoué, donnait au rôle de Don Pasquale tout son relief, par la drôlerie de son jeu et la beauté de son timbre ; Laura Giordano campait une Norina bien faite, espiègle et moqueuse, sa voix remarquable de facilité semblait parfaitement adaptée au répertoire belcantiste comme celle de Mario Cassi dans le rôle de Malatesta.  Seul le ténor, Francisco Gatell, ne prenait guère part à la fête, par sa voix timide et son jeu étriqué.  Mais, ne soyons pas grincheux et ne boudons pas notre plaisir… Encore une fois, bravo !

 

 

Soirée russe à la Salle Pleyel.  Russian National Orchestra, dir. Mikhail Pletnev.  Nicolaï Lugansky, piano.

Mikhail Pletnev [notre photo], pianiste, chef d’orchestre et compositeur, à la tête de son Orchestre national de Russie, première formation privée et indépendante en Russie, nous proposait le samedi 31 octobre, Salle Pleyel, un programme russe associant le Prélude de Glazounov, le 1er Concerto pour piano de Rachmaninov et la 15e Symphonie de Chostakovitch.

 

©Roman Goncharov/RNO

 

Le Prélude de Glazounov - partie initiale de la Suite du Moyen Âge, œuvre à programme en quatre mouvements écrite en 1902 - permettait à l’orchestre de faire montre de souplesse et d’expressivité, en faisant alterner le déferlement inquiétant et impérieux des cordes simulant la tempête et le lyrisme passionné d’un duo d’amour, dans une longue mélodie éthérée.  Le 1er Concerto de Rachmaninov - œuvre de jeunesse écrite en 1890, permettant d’apprécier les qualités du jeune compositeur, associant don mélodique, équilibre et maîtrise de l’écriture pour clavier - était ici l’occasion de mettre en avant toute la complicité de l’orchestre et de son chef avec, en soliste, un Nicolaï Lugansky [notre photo] au jeu brillant, virtuose, mais pas seulement : interprétation toute de clarté, finesse et délié.

 

à Moscou, le 7 mai 1986 ©DR

 

Enfin la 15e Symphonie, chant d’adieu de Chostakovitch, écrite en 1971 - à la fois sereine et méditative, presque joyeuse par instants, usant de leitmotive empruntés à Rossini ou à Wagner - permettait d’apprécier la précision et l’intelligence de la direction de Mikhail Pletnev, ainsi que la magnifique sonorité de son jeune orchestre, fondé en 1990.  Une bien belle soirée…

 

 

Un Tristan incandescent au Théâtre des Champs-Élysées.  Mahler Chamber Orchestra, dir. Daniel Harding.  Version de concert (avec les préludes de l’Acte I et de l’Acte II (en intégralité).  Waltraud Meier, John Mac Master, Michelle Breedt, Franz-Josef Selig, Michael Vier.

Daniel Harding, chef d’orchestre britannique [notre photo], avait choisi de confronter son jeune orchestre, fondé en 1997, à l’un des monuments de la musique lyrique occidentale Tristan und Isolde de Richard Wagner.  Aidé par une distribution de qualité, il a, avec brio, réussi son pari au cours de deux soirées (5 et 7 novembre) au Théâtre des Champs-Élysées.  Dès les premières mesures du Prélude, le ton était donné, révélant la cohésion, la magnifique sonorité et la charge expressive de l’orchestre, tout en nuances, sous la baguette précise de son chef.

 

©Simon Fowler/Virgin

 

La prestation vocale était au niveau de l’interprétation orchestrale, dominée par l’irremplaçable Waltraud Meier en Isolde, à la voix irréprochable dans ce rôle, à la présence scénique affirmée.  John Mac Master, ténor canadien, peu habitué au rôle de Tristan, révélait ses limites dans l’Hymne à la nuit, manquant de puissance pour faire face aux tutti de l’orchestre, mais nous laissant apprécier la beauté de son timbre lors du duo d’amour, notamment dans le registre médium.  La basse, Franz-Josef Selig, habitué de ce répertoire, donnait au roi Marke toute la franchise et la générosité nécessaires, par la chaleur de sa voix et la douceur de son legato.  Michelle Breedt, en Brangäne, et Michael Vier, en Mélot, complétaient avec bonheur la distribution.  Une prestation parfaitement réussie.

 

 

Récital de Waltraud Meier, Salle Pleyel.

Waltraud Meier [notre photo] est décidément incontournable. Après avoir incarné Marie dans Wozzeck à l’Opéra Bastille, Isolde dans le deuxième acte de Tristan au Théâtre des Champs-Élysées, la voici Salle Pleyel, dans le cycle « Grandes Voix », pour un récital comportant des Lieder de Schubert, Wagner et R. Strauss.  Ici accompagnée par le jeune pianiste Joseph Breini, c’est une nouvelle occasion d’apprécier sa voix d’exception, la beauté de son timbre, l’ampleur de sa voix, l’étendue des différents registres, ses aigus limpides et puissants, la profondeur de ses graves, sans oublier sa formidable présence scénique, irradiant puissance et douceur.  Dans Schubert, son interprétation culminera avec une Marguerite au rouet envoûtante et un Roi des Aulnes d’une grande tension dramatique ; suivaient les Wesendonk-Lieder de Wagner, dans la version originale avec piano, où l’on reconnaît sans peine les accents de Tristan, et les Quatre derniers Lieder de Strauss, parfaitement adaptés à la tessiture étendue de la mezzo-soprano.  Seule ombre au tableau : des tempi parfois exagérément lents et le manque d’ampleur du son d’un piano que l’on aurait parfois souhaité plus « orchestral ».

 

©Wilfried Hösl

 

Salle Pleyel : Orchestre de Paris, dir. Paavo Jarvi.  Janine Jansen, violon.

À la tête de l’Orchestre de Paris, dont il assurera la direction dès septembre 2010, Paavo Järvi [notre photo] dirigeait, en première partie, le Concerto pour violon de Beethoven et, en seconde partie, les Jeux d’enfants et la Symphonie en ut majeur de Bizet.  Jouant le fameux Stradivarius « Barrere » (de 1727), Janine Jansen nous a gratifié d’une magnifique interprétation du Concerto, toute en finesse de toucher, virtuosité, intuition et intelligence, associant technique sans faille à la plus grande sensibilité, notamment dans le Larghetto central au lyrisme poignant.  Les Jeux d’enfants, exercices de style pour orchestre, et la Symphonie en ut majeur, œuvre de jeunesse, claire et expressive, ont permis à Paavo Jarvi et à l’orchestre de faire montre d’une grande complicité et d’un évident plaisir de jouer.  De belles soirées en perspective !

 

©Sheila Rock

Patrice Imbaud

 

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La Ville Morte à l'Opéra Bastille.

Ce qui passe pour le chef-d'œuvre d’Erich Korngold, La Ville Morte, entre au répertoire de l'Opéra de Paris ; de façon éclatante.  Inspiré de la pièce du poète belge Georges Rodenbach, Le Mirage, elle-même tirée de son roman Bruges-la-morte, l'opéra traite un sujet symboliste : un homme, Paul, enfermé dans le souvenir de son épouse disparue dont il conserve la chevelure telle une relique et s'absorbe dans la contemplation du portrait, est soudain confronté à l'irruption d'une inconnue, l'actrice Marietta, d'une confondante ressemblance avec elle.  Séduction-répulsion, Paul vit entre rêve et réalité, apparence et idée fixe, dans le mirage de la réincarnation de la femme défunte, l'image de Mariette et de Marie se confondant peu à peu, notamment lors du rêve dans lequel l'épouse lui rappelle sa fidélité.  Pour garder intact le souvenir de Marie, il étranglera finalement l'intruse qui s'était emparée de la chevelure vénérée, et brisera là son rêve.  Car Korngold, réinterprétant Rodenbach, ne voit dans ce meurtre que le fruit d'une hallucination.

 

©Bernd Uhlig/Opéra national de Paris

 

La mise en scène de Willy Decker insiste justement sur la fusion entre rêve et réalité.  Conçue à l'origine pour le Festival de Salzbourg, puis présentée à l'Opéra de Vienne, elle a été retravaillée et trouve son vrai aboutissement sur la vaste scène de l'Opéra Bastille.  À mi-chemin entre transposition et illustration, elle décrypte le sens profond d'une pièce où tout fonctionne à travers le prisme du symbole, jeu d'acteurs allusif, décor se métamorphosant au fil de l'action, éclairages suggestifs.  Elle se focalise sur le conflit intérieur d'un homme habité par la vision obsessionnelle du retour de l'aimée.  Un habile dédoublement de l'espace permet l'illusion, par effet de miroir ou de théâtre sur le théâtre, alors que les comédiens de la troupe de Marietta vêtus de blanc interprètent, façon revue, la scène de la résurrection de l'opéra Robert le diable, ou que progresse une procession surréaliste, évocation libre de la dévotion du personnage de Paul.  Omniprésent, le portrait de la femme aimée sera tour à tour démultiplié ou figuré en gros plan, barrant le fond de scène.  Korngold a écrit une musique d'une luxuriance toute straussienne.  L'orchestration en est extrêmement diversifiée, contrastant l'opulence avec les passages intimistes, les textures compactes avec le lyrisme diaphane ; sans oublier les sonorités de cloches, allusion à cette ville de Bruges imaginée.  Le matériau sonore paraît hétérogène.  Pourtant il règne, tout au long de l'opéra, une unité foncière de climat que souligne la direction très inspirée de Pinchas Steinberg.  L'Orchestre de l'Opéra se montre brillant, même si par moment la générosité sonore en vient à concurrencer les chanteurs Mais ceux-ci sont solides.  Robert Dean Smith tire de ses capacités wagnériennes l'énergie requise pour le rôle écrasant de Paul, bardé de quintes aiguës soutenues et exigeant des talents d'acteur certains.  Ricarda Merbeth incarne le double personnage de Marietta/Marie avec un aplomb dramatique et vocal qui s'enflamme au fil de la soirée et atteint l'incandescence dans la scène qui oppose l'actrice à l'homme bafoué dans ce qui lui est cher.  Et que dire de Stéphane Degout dans le double rôle de Frank/Fritz, si ce n'est qu'il est éclatant de vocalité et d'aisance.

 

©Bernd Uhlig/Opéra national de Paris

 

La belle Susanna de Haendel revit grâce à William Christie.

Pour marquer le début des festivités destinées à commémorer le 30e anniversaire des Arts Florissants, la salle Pleyel a fait les choses en grand : présence du ministre de la Culture et de pas moins de deux ambassadeurs, discours ému de son directeur en hommage au fondateur et âme de l'ensemble, William Christie [notre photo].  Et surtout une exécution mémorable d'un des plus beaux oratorios de Haendel, Susanna, enregistré live pour paraître prochainement en CD chez Virgin.  Composé en 1748, juste après Solomon, Susanna en diffère sensiblement quant au climat et à l'agencement des arias.  Toujours cet art du Saxon de contraster ses compositions : pas de grandiose ici, mais une peinture bucolique et, à certains égards, frôlant la scène réaliste.  Le sujet traite du destin de la belle Suzanne qui, durant l'absence de son époux Joachim, se voit courtisée par deux vieillards ridicules, puis accusée d'adultère par l'un eux et, enfin, rendue à son innocence.  Le sujet de Suzanne au bain, épiée par les deux vieillards, a inspiré les peintres - et on peut contempler la toile de Véronèse dans l'exposition « Rivalités à Venise » actuellement au Louvre.  En maître de la peinture des sentiments et des situations, Haendel a écrit un drame musical très proche de l'opéra, en particulier lors des tableaux de genre que constituent les interventions des vieillards, ou de ceux évoquant les bruits de la nature.  Un sentiment d’intense poésie émane de l'effet imitatif.  Tel un des airs de Susanna qui évoque le murmure de l'onde s'écoulant de la fontaine.  Les chœurs assument un rôle important, en ce qu'ils commentent les événements à la manière d'un chœur antique, autant qu'ils agissent en protagonistes de l'action.  L'admirable exécution de William Christie est dans la lignée de ses succès opératiques haendéliens à Glyndebourne, dans Rodelinda ou Jules CésarOn est, comme toujours, séduit par l'élégance du geste musical qui s'exprime sur le podium par une direction svelte, quasi dansante par instant, dessinant la phrase d'une main gauche combien expressive, ou enveloppant tel trait d'un vaste mouvement chaloupé.  La chaude sonorité des Arts Florissants, d'une extrême fluidité, est tour à tour d'une infinie douceur ou d'une ferme articulation.  Admirables aussi, les chœurs délivrent un chant à la fois vivace et d'une extrême clarté, comme dans la fin du Ier acte.  Malgré deux défections de dernière minute, la distribution est digne d'éloges.  Si Sophie Karthäuser, Susanna, n'a pas une voix large, du moins l'utilise-t-elle avec délicatesse et pour des nuances exquises.  Son interprétation s'accorde parfaitement avec la vision chambriste adoptée par le chef.  Le jeune contre-ténor canadien David Dong Qyu Lee se montre à la hauteur du challenge et délivre des arias d'une grande intensité.  Les deux vieillards, William Burden et Alan Ewing, sont des compères plus comiques que réellement dangereux.  La soprano Emmanuelle de Negri, dans la double incarnation de la servante et de Daniel, fait montre d'une belle vaillance.  Le succès public est, à juste titre, considérable.  Il sera prolongé par Christie qui, en guise de discours en réponse ou de bis, gratifie l'auditoire d'une deuxième « prise » du duo final.  Où la réalité rejoint la fiction du disque.

 

©Julien Mignot

 

Reprise de Salomé à l'Opéra Bastille.

Le premier intérêt de la reprise de Salomé réside dans la direction musicale.  Alain Altinoglu [notre photo] démontre avec sûreté ce que l'orchestration complexe de Richard Strauss a de luxuriant mais aussi d'opalescent.  Un remarquable travail sur les instruments à vents en souligne l'originalité, telle la transition entre la fin du premier monologue de Salomé et l'arrivée du couple Hérode-Hérodias.  Le registre pianissimo prend une force évocatrice vraie et les déchaînements sonores ne sacrifient jamais à la brusquerie gratuite.  Surtout, l'orchestre ne couvre pas les voix.  L'Orchestre de l'Opéra se montre, dans ces conditions, particulièrement inspiré : cordes lustrées, bois raffinés, cuivres de belle rondeur, percussions incisives.

 

©DR

 

La distribution réserve des bonheurs mélangés.  Camilla Nylund possède le physique de la jeune et belle princesse de Judée, et la voix claire et articulée de ce rôle éprouvant.  La vaillance est au rendez-vous, notamment lors de la scène finale, alors qu'elle a assuré elle-même la danse des sept voiles - au demeurant plus mimée que réellement chorégraphiée.  L'évolution psychologique est conçue avec doigté, même s'il manque l'ultime frisson qui doit parcourir ce chemin d'audace non contenue.  Vincent Le Texier a, certes, l'autorité qui sied à Jochanaan, alors que la régie ne l'autorise pas à quitter un enclos en forme de cage.  Et la voix peut se révéler impressionnante, dès lors qu'il n'est plus confiné à chanter en coulisses, comme durant les premières interventions.  Mais l'émission est dangereusement gênée dans les passages aigus et les puissants accords fortissimos dont Strauss ponctuent les imprécations du personnage.  Thomas Moser et Julia Juon, s'ils évitent de tirer vers la parodie le couple des parents de l'héroïne, pèchent par réserve.  Leur caractérisation s'en tient au sommaire (Hérode) et au convenu (Hérodias).  Ce manque d'impact, on le doit sans doute à la moindre acuité de la mise en scène conçue par Lev Dodin, dont on a le sentiment que l'intensité s'est émoussée au fil des diverses prises de rôle.  Du moins ne cherche-t-elle pas à réinterpréter ce qui est parfaitement clair dans le texte, et ménage la progression d'une action en forme d'irrépressible crescendo.  Elle réserve plus d'un trait pénétrant : le frôlement par Salomé de la cage où est enfermé Jochanaan, devant laquelle elle se tapira ensuite ; le jeu en miroir des deux protagonistes : lui, ouvrant les bras pour accueillir une enfant qu'il voudrait repentante, elle, tendant les mains en avant pour tenter de séduire ce qui est désormais objet de désir ; de même, l'ultime séquence de la danse qui voit Salomé lâcher le dernier voile aux pieds même du prophète.  La discussion des cinq juifs évoque finement quelque chamaillerie hystérique ; elle est vocalement très au point.  Même si le vaste plateau ne préserve pas toujours l'intimité qui habite plus d'un moment clé, l'atmosphère nocturne procède d'une décoration dépouillée et d'éclairages très étudiés (Jean Kalman), comme l'évocation orientale d'une dominante jaune soutenu plastiquement réussie.

 

©Frédérique Toulet/Opéra national de Paris

 

Medea à l'Opéra de Lorraine.

Alors que le mythe trouve son origine chez Euripide, mais est traité aussi par Corneille, Médée (1797) a inspiré à Luigi Cherubini un opéra d'une force tragique peu commune.  Cet Italien qui se fixa à Paris et assimila adroitement le style français, a créé un personnage qui, pour puiser à la tragédie grecque, n’en annonce pas moins les héroïnes du grand opéra du XIXe siècle.  En particulier pour ce qui est du gabarit vocal, d'une éprouvante tension, comme de la présence scénique, d'une impressionnante grandeur.  On comprend que Maria Callas s'en soit emparée naguère, qui l'immortalisa à la scène pour, plus tard, aller jusqu'à l'incarner à l'écran.  Même à l'opéra on rencontre rarement une telle figure hors norme, à la fois humaine et inhumaine, imprévisible et calculatrice.  Intransigeance, ruse, séduction, puissance vengeresse, délire morbide, Médée use de tous les affects et artifices.  Meurtrière, elle en vient à transgresser jusqu'à son image de mère.  La production de Yannis Kokkos, qui signe mise en scène, décors et costumes, naguère présentée au Capitole de Toulouse, n'a rien perdu de sa force [notre photo].  Le sens de la solennité, l'art de construire les groupes, l'animation des affrontements sans merci jalonnant l'action distinguent une régie d'un grand hiératisme qui joue les contrastes au cœur de cet épitomé de mythologie grecque ; plus proche peut-être ici de la tragédie de Racine que de la vision cornélienne.  Une décoration dépouillée joue sur l'opposition du noir et du blanc, rehaussée de la dorure de quelques éléments symboliques.  De savants éclairages (Patrice Trottier) en expriment la métaphore dramatique.  Chiara Taigi fait sien le rôle terriblement exigeant de Medea, semé de vertigineux écarts entre un registre grave impressionnant et des aigus puissants.  L'expression tragique sait ne pas se borner à la généralisation comme sombrer dans le grandiloquent.  Pour monstrueux qu'il soit, le personnage garde le sens du beau car, malgré tout, cette femme conserve une part d'humanité.  La dialectique entre passion et raison, amour et cruauté transfigure ce qui est un immense face-à-face avec soi-même.  Au dernier acte, alors que Medea est seule à affronter les affres de la décision de sacrifier ses enfants, l'interprète atteint la pure dimension de tragédienne.  Un beau timbre grave bien conduit signale la Néris de Svetlana Lifar, une des rares personnes à accompagner de compassion le voyage vers l'enfer de l'héroïne.  Même si on l'eût aimé plus inspiré, Paolo Olmi dirige un orchestre souvent ardent, à la tonalité sombre.  Et on admire la belle tenue des préludes dont celui du IIIe acte qui, d'un climat de désolation, bascule en une tempétueuse coulée, à l'aune des sentiments contradictoires qui agitent Médée.

 

©Patrice Nin

 

Pierre Boulez et Maurizio Pollini réunis à Pleyel.

Dans le cadre de la série Pollini Perspectives, le pianiste italien avait cette fois convoqué son ami Pierre Boulez et l'Orchestra Filarmonica della Scala dans un programme Bartók.  Conçu par le chef d'orchestre autour du 2e Concerto pour piano, celui-ci donne une idée assez juste de la pensée musicale du compositeur hongrois.  Ce concerto est peut-être le plus brillant des trois que Bartók ait écrit.  On y admire une virtuosité étourdissante que Pollini asservit avec son exigeance coutumière, cet airain infaillible dont il livre la coulée rugissante.  Le thème déclamatoire qui ouvre le premier mouvement, sur une fanfare joyeuse, imprime à la pièce son climat car il revient en boucle sous des formes variées, tant au piano qu'à l'orchestre, tout au long de ce mouvement et, en fin de morceau, par effet de miroir.  L'adagio central dont le pianiste souligne le caractère génial, évoque une atmosphère presque lunaire sur un lit des cordes ppp ; alors qu'un trio central, marqué presto, forme une turbulente diversion.  Le dialogue récurrent du clavier avec les percussions, un des traits si originaux du musicien, conjugué à une rythmique obsédante contribue à maintenir une tension qui ne se relâche pas.  Il est fascinant de voir à l'œuvre ces deux géants que sont Pollini et Boulez, si concentrés, le chef apparemment serein, le soliste taraudé par une sorte d'agitation intérieure qui semble même ne pas s'estomper lors des saluts.  Encadrant cette exécution mémorable, Boulez a réuni deux œuvres orchestrales de climats bien différents.  Les Quatre Pièces op. 12, qui appartiennent à la première manière du compositeur, réclament une formation de vastes proportions.  L'orchestration est somptueuse, créant une alchimie sonore rutilante que Boulez déploie tour à tour mystérieuse ou incantatoire, lyrique ou emportée, évoquant alors l'univers de Stravinsky.  Avec lui, les accents incisifs n'ont rien d'agressif.  Dans le ballet-pantomime Le Mandarin merveilleux joué dans sa version intégrale, le grotesque fait bon ménage avec le tragique.  La faconde rythmique y est on ne peut plus tendue, et mille couleurs explosent d'un orchestre luxuriant.  La vision qu'en donne Boulez atteint une sorte d'incandescence et les grands climats prennent une dimension tellurique.  L'extraordinaire économie de moyens dans la gestuelle du chef français a quelque chose d'étonnant, puisant à une sorte d'évidence du texte.  On admire aussi le formidable travail accompli par l'Orchestre de la Scala.  Fondé par Claudio Abbado en 1982, l'orchestre, outre sa participation à la saison d'opéra et de ballet du théâtre milanais, propose chaque année une série de concerts symphoniques réunissant les grandes baguettes du moment, dont celle de Daniel Barenboim qui fait figure de directeur musical.  Le niveau atteint est impressionnant quant à la clarté des attaques, la cohésion d'ensemble et le fini instrumental ; alors même que les difficultés techniques accumulées dans les compositions de Bartók sont tout simplement redoutables.  Mais, peut-être, cette phalange tient-elle de sa longue pratique de l'art vocal, une facilité à écouter l'autre, une souplesse et une malléabilité qui font florès ici.  Glorieux moments de musique !

 

Jean-Pierre Robert

 

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Haut

 

Un nouveau Werther à l'Opéra de Paris

Un an à peine après celle de Jürgen Rose, Werther revient dans une nouvelle production à l'affiche de l'Opéra Bastille.  C'est à Benoît Jacquot, auteur d'un film remarqué sur Tosca, que la mise en scène en a été confiée.  Michel Plasson assurera la direction musicale, un gage de réussite tant cet infatigable défenseur du répertoire français connaît la sincérité de cette musique et son pouvoir émotionnel.  La distribution réunie s'approche de l'idéal avec, entre autres, Janos Kaufmann dans le rôle éponyme et Sophie Koch dans celui de Charlotte.  Alors il ne faut pas manquer ce rendez-vous avec ce que Massenet a écrit de plus profondément émouvant, où le romantisme épanoui de Goethe convoque ce que la musique française a de plus cher, la transparence et la sensibilité.  Opéra Bastille : les 14, 20, 23, 26 et 29 janvier, 1er et 4 février 2009, à 19h30 ; le 17 janvier, à 14h30. 

Renseignements et location : 08 92 89 89 90. www.operadeparis.fr

 

©Catherine Ashmore/Covent Garden

 

La Sonnambula entre au répertoire de l'Opéra Bastille...

Comment ne pas monter La Sonnambula, un des sommets du répertoire belcantiste, naguère ressuscité par Maria Callas, lorsqu'on a près de soi une artiste de la trempe de Natalie Dessay [notre photo].  Notre antidiva, immense actrice, musicienne hors pair, dévoilera à n'en pas douter les trésors de l'œuvre la plus qu'attachante de Bellini.  La production, confiée à Marco Arturo Marelli, nous vient de l'Opéra de Vienne.  Et on attend avec impatience les débuts parisiens de Javier Camerana, jeune ténor lyrique découvert à l'Opernhaus de Zürich.  Evelino Pido, un spécialiste de ce répertoire, et qui a déjà enregistré l'œuvre avec la même Dessay, sera aux commandes musicales pour épancher les délicates mélodies dont Bellini a le secret.  Opéra Bastille : les 25 et 28 janvier, 3, 6, 9, 12, 15, 18 et 23 février 2009, à 19h30 ; les 31 janvier et 21 février, à 14h30. 

Renseignements et location : 08 92 89 89 90. www.operadeparis.fr

 

©Simon Fowler/EMI

 

...et Norma est fêtée au Châtelet

Décidément Bellini est à l'honneur sur la scène parisienne, puisque sera encore donnée Norma, le chef-d'œuvre assoluto et le rôle prestigieux entre tous.  Admiré autant par Stravinsky que par Wagner qui louait dans la prophétesse gauloise une « grande peinture d'âme », l'opéra fascine par sa beauté mélodique.  Mais Bellini se libère quelque peu du carcan belcantiste pour délivrer un discours souvent proche de la mélodie continue.  Sans compter avec l'évocation de magistrales atmosphères nocturnes.  La nouvelle production, confiée à Peter Mussbach pour la mise en scène et les décors, et à Jean-Christophe Spinozi [notre photo], à la direction musicale de son ensemble Matheus, devrait apporter son lot de découvertes, car on nous promet une intéressante relecture.  Châtelet : les 18, 20, 22, 26 et 28 janvier 2010, à 20h ; le 24, à 16h. 

Renseignements et location : place du Châtelet, Paris IerTél : 01 40 28 28 40.  www.chatelet-theatre.com

 

©Derge Derossi/Naïve

 

Jean-Pierre Robert

 

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MESSES

 

Alexandre GRETCHANINOV : Messe op.165 pour deux voix égales & accompagnement d’orgue.  Arrangement pour trois voix mixtes : Wolfgang Lindner.  Éditions de la Schola Cantorum & de la Procure générale de musique (rue du Sapin 2a, C.P. 156.  CH-2114 Fleurier. schola@sysco.ch).  2009.  SC 5043 bis.  21 p.

Dans l’œuvre sacrée d’Alexandre Gretchaninov (1864-1956), cette œuvre se rattache aux « Messes symphoniques avec orgue ».  Il s’était intéressé à l’orchestration de chœurs liturgiques, tout en excluant la possibilité de les classer dans la liturgie orthodoxe russe qui n’accepte que des cantiques a cappella.  Elle privilégie le style vertical avec imitations de la voix principale. Par son langage plus raffiné, l’orgue assume davantage un rôle concertant et contribue tour à tour au dynamisme, mais aussi au lyrisme et à l’extase. Le musicien crée donc, selon W. Lindner, « une expression musicale nouvelle et unique, tout en restant fidèle au langage de la fin du romantisme, qui alliait dramatique et symphonique » ; « cette partition peut être interprétée aussi bien dans un cadre liturgique qu’en concert. »

 

 

Emmanuel PITTET : Messe pour les Temps nouveaux, pour 4 voix mixtes & orgue (partition de chœur).  Éditions Charles Huguenin (rue du Sapin 2a, C.P. 156.  CH-2114 Fleurier. schola@sysco.ch).  2009.  CH 2205/03.  15 p.

En cette époque privilégiant le chant en langue française, sans pour autant occulter les textes liturgiques traditionnels en latin, les éditions Charles Huguenin ont retenu la Messe pour les Temps nouveaux d’Emmanuel Pittet, pour 4 voix mixtes & orgue.  La partition comprend également les indications relatives au déroulement de la célébration.  Pour le Kyrie, après le célébrant, l’assemblée chante : Seigneur, prends pitié, et le chœur chante à 4 voix, note contre note le Kyrie eleison, d’abord en style homosyllabique pour une meilleure compréhension du texte, puis avec des entrées successives descendantes pour la 2e invocation, la 3e reprenant le style note contre note.  Gloire à Dieu…, de facture plus libre, est traité à 4 voix.  Saint le Seigneur… l’est en contrepoint simple, alors que Agneau de Dieu… est à 4 voix, introduit par 5 mesures à l’orgue.  Entre tradition et modernité, cette Messe sera appréciée des chefs de chœur.

 

 

VIOLONCELLE

 

Pablo ORTIZ, Jean-Paul DESSY & Max PINCHARD : Six Pièces pour violoncelle seul, Les Éditions du Chant du Monde (31-33, rue Vandrezanne, 75013 Paris. pianco@chantdumonde.com) : VC 4592.  29 p.  26 €.

Pablo Ortiz est l’auteur de Five little Milonguitas reposant sur des tangos ou des milonguitas argentins traditionnels et de Manzi, proche de l’improvisation, particulièrement expressive, en hommage à Homero Manzi, important poète de l’histoire du tango.  Jean-Paul Dessy s’inspire de textes bibliques (Sophonie, Amos) ou apocryphe (Baruch) exigeant une technique chevronnée avec notamment des vibratos d’archets et des arpèges très distendus spéculant sur l’aigu, beaucoup de souplesse et un phrasé très précis, ainsi que des rythmes subtils.  L’ouvrage se termine par L’eau blessée II de Max Pinchard, exploitant les contrastes de nuances et de mouvements.  Ces fascicules, très bien gravés, permettront de renouveler le répertoire pour violoncelle.

 

 

Philippe RACINE & Pablo ORTIZ : Album pour 2 et 3 violoncelles.  Les Éditions du Chant du Monde : VC 4593.  31 p. (+ parties séparées).

Première exigence pour les interprètes : se munir d’un chronomètre, d’un diapason à titre de repère, et d’un métronome, car il est indispensable de respecter le mouvement pendant toute la pièce.  En effet, dans Volons le ciel (2005), Philippe Racine spécule sur les nuances extrêmes (sfff ppp), la profusion d’altérations, les trilles imposants, entres autres.  Trois pièces de Pablo Ortiz : Monjeau, El Jefe (renan), Firpo, de facture plus classique et d’accès plus facile, exigent notamment un jeu égal, des rythmes et une certaine passion.  Un répertoire à découvrir.

 

 

ORGUE

 

José LIDÓN : Obras completas para órgano.  Fasciculo 3 : Fugas (sobre Himnos).  Éditions de la Schola Cantorum & Procure générale de musique (rue du Sapin 2a, C.P. 156 CH-2114 Fleurier schola@sysco.ch).  2009.  SC 8734.  47 p.

Le Fascicule 3 des Œuvres complètes pour orgue de José Lidón (1748-1827) - premier organiste de la Chapelle royale de Madrid (1787), Maître de chapelle et Recteur du Collège de la Chapelle royale (1805) - bénéficie d’une édition très pratique, tenant compte de la spécificité de la facture espagnole, précisant judicieusement la composition de l’orgue Jordi Bosch (1778) à la Chapelle du Palais royal.  Comme le relève l’éditeur, « tous les registres demandés par Lidón se retrouvent dans cette composition.  La colonne de gauche donne les jeux de la main gauche, celle de droite, les jeux de la main droite ».  La Table des ornements sera très appréciée des interprètes.  La transcription, réalisée sous la responsabilité du professeur Damaso Garcia Fraile, a été recontrôlée par Guy Bovet.  Les pièces reposent sur des hymnes : Ave Maris stella, Verbum supernum prodiens, Pange lingua gloriosi corporis mysterium, Sacris solemnis…, traitées dans les formes traditionnelles pour claviers : Entrada, Préludes, Fugues généralement à 4 voix, très bien construites, d’une écriture assez clavecinistique.  Pour tout organiste soucieux de varier son répertoire.

 

Édith Weber

 

FORMATION MUSICALE

 

Chantal BOULAY & Dominique MILLET : A Tempo, cours complet de Formation musicale, 2e cycle, 2e année.  Écrit.  Vol. 6. Billaudot : G 8367 B.

Cet excellent travail aborde maintenant, avec toutes les qualités que nous avons déjà signalées, le cœur du deuxième cycle.  Consacré à l’écrit, ce volume comporte des commentaires d’écoute, des exercices d’audition et ce qui concerne la théorie et l’analyse.  Rappelons que le grand intérêt de ces ouvrages est de laisser une grande liberté pour organiser son cours, tout en fournissant des éléments riches et pertinents.

 

 

Jean-Marc LESAGE : Pour une voix musicienne.  Une formation musicale adaptée au chant.  Billaudot : G 8590 B.

Précisons-le d’emblée : il ne s’agit pas d’un ouvrage pour débutant en Formation musicale mais d’une application au chant de connaissances solfégiques préalablement acquises.  Cela ne constitue en rien une réserve par rapport à ce remarquable travail, dans lequel on sent une pratique confirmée auprès de chanteurs.  Partant de la constatation qu’un chanteur déchiffre grâce à sa connaissance des intervalles et non des notes et à son attention portée au climat harmonique, l’auteur développe une approche sensorielle des intervalles.  Pour autant, il ne néglige en rien l’aspect rythmique, mais de façon toujours sensorielle.

 

 

Guillaume SAINT-JAMES : Pianot’.  Méthode progressive pour débutants.  1vol. 1CD.  Fuzeau Musique : 9284.

Pourquoi avoir placé cet ouvrage dans la catégorie « Formation musicale » plutôt que dans la catégorie « Percussions » ?  C’est qu’il s’agit d’un très utile complément à la Formation musicale par la pratique des petits carillons.  L’auteur pense à juste titre qu’il est nécessaire de pratiquer pour comprendre. Et c’est à partir de dix petites mélodies à jouer sur carillon qu’il met l’accent sur des spécificités du langage musical comme la pulsation, la croche, le point d’orgue, mais aussi le figuralisme musical, la transposition… bref, tout un panorama que l’élève peut apprivoiser notamment grâce au CD et à son indispensable play-back.  Ajoutons que les styles vont de la valse à l’électro en passant par le blues, le rock, le reggae… une manière de découvrir différents styles par - là aussi - l’écoute et la pratique.

 

 

Claude L’ÉPINGLE : ODI Rock.  Audition active avec percussions.  1vol. 1CD.  Fuzeau Musique : 9281.

Destiné aux pédagogues non spécialisés en musique, cet ouvrage aborde trois grands classiques du rock n’roll : Rock around the clock, Johny B. Goode et Choo Choo Ch’Boogie.  Il utilise des partitions entièrement codées.  De quinze à vingt plages par titre permettent une exploitation très détaillée, à la fois pour la compréhension, l’analyse et l’interprétation.  Cela permet un vrai travail d’orchestre : la classe est divisée en « pupitres », chacun ayant sa (ou ses) phrase(s) rythmique(s).  La troisième partie du volume assure la transition vers le codage traditionnel.  L’orchestration met en œuvre des percussions simples : tambourins, guiro, vibraslap, claves et toutes une gamme de percussions corporelles.

 

 

Marie-Hélène SICILIANO : On aime la F.M.  Volume 5.  H.Cube (Lemoine) : H.C.42.

Destiné aux élèves du deuxième cycle, première et deuxième année, ce volume comporte les mêmes qualités que les précédents. Outil de travail beaucoup plus que « manuel », il comporte six parties classées par type d’exercice.  À l’intérieur de ces parties, et toujours à partir d’œuvres variées de toutes époques, de nombreux exercices sont proposés. Comme pour le précédent volume, un CD est disponible, ainsi que le livre du maître - sur présentation d’un justificatif.

 

 

VIOLON

 

SMETANA : Z domovini, Dvĕ dueta pro housle a klavir.  Urtext.  Bärenreiter : BA 9526.

Écrits pendant la dernière période de composition de Smetana (1880), ces deux duos ont été publiés en 1881.  Composés pour un usage domestique - comme leur nom l’indique - plutôt que pour le concert, ils ont été conçus dans l’esprit de la musique populaire tchèque, mais avec des thèmes originaux.  On appréciera, comme d’habitude, la clarté et le sérieux de cette édition et l’intérêt de sa copieuse préface.

 

 

ALTO

 

René MAILLARD : Sonate n°1 pour alto & piano.  Delatour : DLT0814.

René Maillard, compositeur trop peu connu, resté près de quarante ans sans pouvoir se livrer à la composition, a écrit cet opus 5 en 1952, et l’a révisé en 2009 pour la présente édition.  Il s’agit d’une œuvre exigeante, tourmentée, lyrique, d’un grand intérêt et qui, espérons-le, contribuera à la redécouverte de son auteur qui a, par ailleurs, au poste de responsabilité qu’il a occupé dans l’industrie du disque, œuvré pour faire découvrir de nombreux confrères.

 

 

CONTREBASSE

 

Éric SCREVE : Sweet bass ballad pour contrebasse & piano. Combre : C06547.

En forme de valse allante, tantôt romantique, tantôt chaloupée, cette ballade s’adresse à des contrebassistes de 2d cycle.  Il s’agit d’une commande pour le 4e Concours de mini-basses d’Amiens.

 

  

 

 

 

Régis FAMELART : Aurlen pour 2 contrebasses.  Combre : C06530.

Une pièce amusante qui commence par une introduction en jeu « digital » : frappés sur la table avec la paume de la main et, sur le côté, avec le majeur.  Suit alors un allegro très entraînant, rythmiquement fort intéressant.

 

 

 

FLÛTE TRAVERSIÈRE

Jean SICHLER : Surprends-moi, pour flûte en ut & piano.  Lafitan : P.L.1835.

Voilà une pièce qui porte bien son nom : pianiste et flûtiste dialoguent en s’amusant dans une œuvre pleine de gaîté, avec partie médiane faussement sentimentale… C’est plein d’humour et de malice, un vrai régal ! Elle est écrite pour le niveau élémentaire.

 

Michel CHEBROU : Serinette pour flûte en ut & piano.  Lafitan : P.L.1858.

Nos élèves savent-ils encore ce qu’est une serinette ? L’auteur prend soin d’en expliquer, en tête de son œuvre, la nature et l’intérêt. Cette pièce pour débutant ne manque pas de charme et son caractère joyeux devrait séduire tout jeune flûtiste.

 

 

Francis COITEUX : Balade à petit poney pour flûte en ut & piano. Lafitan : P.L.1826.

Cette charmante balade commence par une promenade au pas avant de passer au trot dans une seconde partie.  On se laisse prendre par l’air désinvolte de la première partie et l’aspect sautillant de la seconde.  Souhaitons au jeune flûtiste (niveau préparatoire) de parvenir sans encombre au bout de sa promenade…

 

 

GUITARE

 

Romain MORLOT : Dico de gammes pour guitare. « Méthode en poche ».  Hit Diffusion (www.editions-hit-diffusion.fr).

Il est d’emblée précisé que ce Dico, au format (grande) poche, est fait « pour jouer, improviser et composer sans solfège ! »  Très clair, cet ouvrage comporte le repérage sur le manche, le travail des gammes, la dextérité, l’apprentissage des modes et l’improvisation.  Il s’agit d’un aide-mémoire certes, mais sérieux et sans concession, qui pourra rendre de grands services - tant pour canaliser une approche solitaire de la guitare que pour se remémorer les conseils d’un professeur.

 

 

Philippe HEUVELINNE : Je débute la guitare. Vol. 2.  1CD.  Hit-Diffusion.

Après un premier volume consacré aux bases de l’instrument, Philippe Heuvelinne aborde le répertoire. Il n’est pas indispensable d’avoir pratiqué le premier volume pour utiliser celui-ci.  Au programme : technique musicale, rythme, accompagnement, morceaux incontournables… sans oublier le travail technique de lecture de notes et de tablatures.  L’auteur a enregistré lui-même le CD qui comporte les exercices, y compris solfégiques, les morceaux et les play-backs.  Signalons aussi le chapitre consacré à la découverte de nombreux styles guitaristiques : picking, folk, jazz, classique, rock, blues…

 

 

CHANT

 

Peter WAGNER : Marianische Gesänge I.  Salve Regina pour voix & orgue.  Bärenreiter : BA 9257.

Ce recueil est le premier de deux volumes consacrés à des pièces originales ou à des transcriptions composées sur des textes d’hymnes à la Vierge.  Il regroupe différents Salve Regina, d’auteurs plus ou moins connus, du XVIIIe au XXe siècle.  Le second volume sera consacré à d’autres hymnes à la Vierge (Regina coeli, Alma redemptoris, etc.).  Au milieu de noms moins célèbres, on trouve des œuvres de Schubert, Mendelssohn, Fauré… Voilà un très agréable recueil qui permet de découvrir d’intéressantes œuvres.

 

 

PERCUSSIONS

 

Marc CHANTEREAU : Technique pianorimba, pour marimba ou vibraphone.  Vol. 2 : déplacements & écartements.  Leduc : AL 29 787.

Ce cahier fait partie d’un ensemble de trois cahiers, dont deux sont déjà parus.  Le premier comporte une série d’exercices journaliers.  Daniel Ciampolini, soliste à l’Ensemble Intercontemporain, fait remarquer que l’évolution de la technique de ces instruments a suscité, à la fois, l’apparition de nouveaux maillets et profondément modifié les techniques de jeu, rendant ainsi plus aisée l’approche de certaines œuvres.  Mais surtout, l’approche de Marc Chantereau amènera certainement une évolution de la facture instrumentale.  Outre les exercices, la méthode contient des explications détaillées cette nouvelle technique.

 

 

MUSIQUE DE CHAMBRE

 

Naji HAKIM : Påskeblomst, pour quatuor à cordes.  UnitedMusic.  Distrib. : Leduc.

Voilà une œuvre fort intéressante composée sur un célèbre psaume danois, célébrant la fête de Pâques.  Décliné sous la forme de dix variations, ce psaume - sur lequel Carl Nielsen écrivit une mélodie en 1910 - est ici abondamment développé.  Le début de la mélodie évoque la prose de Pâques Victimae paschali laudes.  L’ensemble - très contrasté, allant de « Recueilli » à « Dansant » - forme une œuvre à la fois complexe et d’une grande beauté.

 

Daniel Blackstone.

 

VIOLONCELLE

 

Annick CHARTREUX : Instants.  Éditions Henry Lemoine(28777 H.L.).

Il n’est certes plus besoin de vanter les éminentes qualités qui caractérisent les œuvres de cette magnifique compositrice - qu’elles fussent naguère inspirées par le jazz ou qu’elles soient aujourd’hui d’une écriture résolument contemporaine.  Cinq Instants de haut privilège…

 

 

Les éditions ZurfluH (www.zurfluh.com) fêtent, cette année, le centenaire de leur fondation, en 1909, par Auguste Zurfluh.  Placée d’emblée sous le signe de l’enseignement de la musique, cette vénérable maison aura, tout au long d’un siècle, multiplié les publications pédagogiques.  Vocation qui demeure.  En témoignent ses plus récentes parutions :

Hatti au collège, cahier pour les classes de 6e (AZ 1831), a été conçu - en phase avec les nouveaux programmes - par quatre professeurs d’Éducation musicale (Stéphanie Minier, Véronique Nicole, Philippe Picone, Hélène Mirobent) & un professeur d’Arts plastiques (Benoît Mirobent), tous enseignants dans les Hauts-de-Seine.  Ludique, clair et synthétique, alliant intelligemment musiques « actuelles » & musique savante, cet ouvrage [articulé en 3 parties : Histoire de la musique & histoire de l’art/ Pratiques vocales & instrumentales/ Jeux] devrait aisément trouver son public-cible.  Livret du professeur (AZ 1832).

 

 

Philippe GOUDOUR : Bleu Soleil, 3 pièces pour flûte à bec soprano (ou flûte traversière) & clavier.  Vert Soleil, 14 pièces pour flûtes à bec soprano, alto, ténor (ou flûtes traversières) & clavier.  Soleil Émeraude, pour flûtes alto, ténor & clavier (en annexe : exercices pour l’alto).  Collection « Soleil ».  Parties séparées & conducteur.  À l’usage des élèves de 1er cycle de conservatoire. 

 

 

Guy PRINTEMPS : La maison des notes Vol. 1 (AZ 1760). « Apprivoiser la musique ».  Formation musicale, 1er cycle.  À partir de 6 ans.  Chaque chapitre correspond au travail d’une semaine.  Objectifs : lecture aisée des notes & des rythmes/ « photographie » des notes (en évitant les mouvements conjoints)/ travail sur le « système-piano » (portées en clés de sol et de fa)/ dissociation du rythme & de la pulsation/ découverte des principales conventions d’écriture (altérations notamment).

 

 

Pierrette MARI : Joutes saisonnières, 4 pièces pour flûte traversière & guitare (AZ 1827).  Sous la plume de la chère Pierrette Mari, voilà de bien récréatives pièces de concert.  Pour musiciens chevronnés, cependant…

 

 

Bernard de VIENNE : e4-e5 (ca 2’00), cf6 (ca 2’05).  En référence au jeu d’échec, voilà deux pièces (faciles d’accès) pour piano seul.  Blog (ca 4’30), pièce pour saxophone alto (fin de cycle 2/ cycle 3), est constituée d’une mosaïque de fragments qui - avec le recul nécessaire - doit apparaître dans son unité.  D’une intéressante gageure !

 

Bernard de Vienne ©DR

Francis Gérimont

 

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Henri RABAUD : Correspondance et écrits de jeunesse (1889-1907).  Présentés et annotés par Michel Rabaud.  « Perpetuum mobile », éditions Symétrie, en collaboration avec le Centre de musique romantique française Palazzetto Bru Zane, 2008.  490 p.  49 €.

Que connaît-on du compositeur Henri Rabaud (1873-1949), si ce n'est peut-être son opéra Mârouf, savetier du Caire (1914).  Injuste oubli de la postérité.  Car celui qui reçut le Prix de Rome en 1894, fut un chef d'orchestre réputé et devint directeur du Conservatoire à 47 ans seulement, aura marqué la vie musicale au tournant du siècle, commme bien d'autres, tout encore méconnus.  Sa correspondance avec l'un deux, Max d'Ollone, comme avec Daniel Halévy, homme de lettres, qui forme l'essentiel du présent ouvrage, est du plus haut intérêt. On y vit, avec un grand luxe de détails, les heurs et malheurs de la vie musicale du moment : l'ombre gigantesque de Wagner, la figure tutélaire de Massenet ; mais aussi les débats passionnés sur l'avenir du paysage musical français, alors en pleine mutation.  Glorieuse époque où, par le truchement épistolaire, on discutait âprement, dans le meilleur de la langue.  Ces deux ensembles de correspondance, écrits pour une large part lors du séjour romain de Rabaud à la Villa Médicis, se succèdent dans le temps : de 1889 à 1896 pour celle avec Halévy, et de 1897 à 1907 pour les échanges avec d'Ollone.  Il est fascinant de constater comme ils se complètent, même s'ils empruntent un ton différent.  À celui, primesautier et libre, des échanges avec Halévy, l'ami du lycée Condorcet et l'habitué de la Nouvelle Athènes, fait contraste le ton plus insistant, doctoral même, adopté avec d'Ollone, où l'on perçoit le ferment d'une amitié passionnée.  À celui-ci, il prodiguera conseils et mises en garde, en autant de débats de fond sur la modernité en musique, à une époque marquée par une extrême diversité de courants et où la révolution intellectuelle d'un Wagner, introduite plus par ses théories que par sa musique, agite les esprits.  Rabaud n'échappera pas à l'attraction/répulsion pour le maître allemand, comme il subira la même attirance/réticence envers le théâtre.  D'autres documents, certains inédits, complètent l'ouvrage, dont un vibrant portrait du musicien dressé par d'Ollone.

 

Jean-Pierre Robert

 

Christian BIET & Marie-Madeleine FRAGONARD (dir.) : Tragédies et récits de martyres en France (fin XVIe-début XVIIe siècle).  « Bibliothèque du XVIe siècle », 1.  Classiques Garnier (contact@classiques-garnier.com).  2009.  1 403 p.  98 €.

Si le théâtre humaniste et scolaire, protestant et jésuite, avec participation musicale, est généralement mieux connu dans les Pays rhénans, son équivalent français comporte plus rarement une participation musicale.  En revanche, les formes : tragédies et récits de martyres, à la même époque en France, sont bien plus importantes et plus largement développées comme, par exemple, l’Abraham Sacrifiant (Théodore de Bèze, 1550), avec des allusions à des interventions chantées et qui se situe à mi-chemin entre le théâtre réformé et la future tragédie classique.  Ces pièces évoquent les divers contextes historiques de l’époque : Réforme, Guerres de Religion… associés à la violence religieuse et politique.  En Allemagne, le répertoire chanté de 1 à 4 voix avec des mélodies simples, a une finalité pédagogique : exercices de prononciation, de scansion et de mémorisation.  Il n’en est pas de même en France où, entre autres, La Céciliade (ou Martyre sanglant de Ste Cécile, patronne des musiciens (1606) de Nicolas Soret, beaucoup plus élaborée, comprend un Prélude à 4 voix chantées, un Air en faveur de Ste Cécile et - à l’instar de la tragédie grecque (principe repris par les humanistes allemands) - un chœur à 4 voix à la fin de chaque acte.  Cette partition (p.389-419) est du plus haut intérêt.  C’est le grand mérite de quinze universitaires français et étrangers d’avoir - sous la direction de Chr. Biet et M.-M. Fragonard - regroupé, revu et mis à la disposition de la communauté scientifique (historiens, historiens de la littérature, du théâtre, de la musique et des sensibilités religieuses) tous ces textes reflétant deux siècles d’histoire mouvementée, avec tant de martyrs et de héros, d’auteurs anonymes ou connus : Théodore de Bèze, Pierre Corneille, Simon Goulard, Jean Crespin…  Cette publication monumentale, tout à l’honneur des Éditions Classiques Garnier, est un modèle du genre.

 

 

Cécile SAUVAGE : Écrits d’amour Édition établie, présentée & annotée par Béatrice Marchal.  Paris.  « Histoire », Cerf (laurence.vandame@editionsducerf.fr).  2009.  191 p. 20 €.

Cécile Sauvage (1883-1927) - mère d’Olivier Messiaen, auquel elle a dédié de nombreux poèmes - n’est pas que poète, elle est aussi « amante » et chantre de l’amour.  Spécialisée dans son œuvre poétique, Béatrice Marchal, professeur de Lettres, a regroupé de nombreux poèmes gravitant autour de divers thèmes : la femme, la maternité, l’amour, le désir au féminin, comme il ressort de son excellente introduction.  À la recherche de son identité, l’auteur de L’âme en bourgeon « apparaîtra, à côté de Louise Labbé, au premier rang des grandes amoureuses de la littérature, amantes et poètes de leur amour. » (p.21-22).  Certaines strophes, notamment celles procédant par accumulation d’idées et de questions - à la manière de Walt Whitman - ou d’autres, telles que certains Feuillets (extraits de brouillons), peuvent se prêter à une adaptation musicale.  Malgré le décalage de vocabulaire, de psychologie, de réactions de début de siècle par rapport à la sensibilité actuelle, ces poésies s’imposent par leur lyrisme, leur intériorité et leur mysticisme.  Au fil des pages, émergent la passion de C. Sauvage pour Jean de Gourmont, ou encore son amour admiratif pour son fils, Olivier Messiaen.

 

 

Christian TOURNEL : Daniel-Lesur ou l’itinéraire d’un musicien du XXe siècle (1908-2002). « Univers musical », L’Harmattan (5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris.  diffusion.harmattan@wanadoo.fr), 2009.  210 p.  20 €.

Daniel-Lesur n’est pas à présenter au grand public : sa forte personnalité a marqué la deuxième moitié du XXe siècle.  Il a largement influencé l’évolution de la musique de notre pays ; tout en restant ancré dans la tradition, son œuvre demeure originale.  Au fil des pages, Chr. Tournel évoque son enfance ; sa formation musicale, notamment au Conservatoire de Paris (piano : A. Ferté / orgue : Ch. Tournemire), ses activités de musicien professionnel (organiste, compositeur, critique musical, professeur et directeur de la Schola Cantorum) ; la fondation (puis la dispersion) du Groupe Jeune France, puis - après les années de guerre - ses efforts vers l’élargissement des formes et sa recherche de l’exotisme, ainsi que son expérience lyrique.  Grand commis de l’État, il a aussi été conseiller musical à la télévision, ce qui lui valut des récompenses officielles.  La seconde partie est consacrée à l’analyse de la personnalité et de l’œuvre de ce musicien si attachant, avide de beauté, d’authenticité, préoccupé d’œcuménisme.  Publiée avec sa participation, voici une percutante « Défense et illustration » de cet incontournable acteur français de l’aventure esthétique du XXe siècle.

 

 

Yves KÉLER : Un chantre de la Réforme, Martin LUTHER.  42 chants.  Texte original, traduction française versifiée & chantable.  Sources & commentaires, Strasbourg, Europe Copy 67.  2009. 324 p.  29 €.

La Réforme et, plus récemment, le Concile de Vatican II ont lancé la pratique du chant en langues vernaculaires, accessible à tous.  Les autorités religieuses se sont intéressées, entre autres, aux cantiques de Martin Luther (1483-1546).  C’est le mérite d’Yves Kéler de proposer aux fidèles du XXIe siècle une sélection de 42 chants du Réformateur de Wittenberg, en des paraphrases françaises strophiques et rimées, parfaitement chantables sur des mélodies traditionnelles et aussi proches que possible des textes originaux.  Cet ouvrage reproduit les nombreuses strophes avec le texte original, la traduction littérale (non rimée) et la traduction rimée chantable.  Avec une expérience de plus de quarante ans, l’auteur propose l’analyse des textes, les sources littéraires et mélodiques, l’histoire de son évolution et de la mélodie, sans oublier l’usage liturgique selon les temps de l’Église.  Les mélodies liturgiques (en notation d’époque et en notation moderne), des gravures judicieusement sélectionnées et une Bibliographie (Luther, recueils en usage, ouvrages allemands et français) rehaussent encore l’intérêt de cette contribution à l’hymnologie protestante qui rendra de nombreux services lors des cultes et des principales Fêtes et, d’une manière générale, à ceux qui, au XXIe siècle, privilégient le chant d’assemblée.  Ils y trouveront non seulement les sources littéraires et mélodiques, mais encore les divers contextes, les circonstances liturgiques et le mode d’emploi des cantiques, tout à l’honneur d’Yves Kéler.

 

 

Philippe OLIVIER : Felix Mendelssohn. Un intercesseur multiculturel ?  Paris.  Hermann (daphnee.gravelat@editions-hermann.fr).  2009.  134 p.  22 €.

En cette année Mendelssohn, Ph. Olivier a apporté une intéressante contribution dont le sous-titre interrogateur : « un intercesseur multiculturel ? » donne le ton. Cet ouvrage est un « essai » original et non pas une biographie systématique et classique.  Facile à lire, sa partie descriptive mise sur les contextes familiaux et berlinois, évoque quatre générations et rappelle que Hitler prendra le pouvoir, 86 ans après le décès du musicien.  L’histoire de l’antisémitisme outre-Rhin montre que, bien après sa disparition, Mendelssohn en sera victime et qu’au XXe siècle, en France, par exemple, son œuvre sera parfois assez mal jugée. En Allemagne, entre 1933 et 1945, sa production sera associée à la notion d’« art dégénéré » (entartete Kunst) : sa situation reste donc ambiguë.  Les fanatiques n’en ont retenu qu’« infection et désordre », ce qui d’emblée pourrait justifier la question : « ni chair, ni poisson ? »  L’auteur a le mérite de montrer que, de son temps, Mendelssohn pianiste, organiste, compositeur, maître de chapelle, chef d’orchestre et pédagogue, a attiré les foules.  Ses « œuvres phares » : Elias, Christus et Paulus révèlent des symboles de la conception du monde à l’époque de Bismarck.  Multiculturel, son apport se présente comme une « symbiose judéo-allemande », sans oublier ses attaches avec le luthéranisme.  En ce sens, cet essai se différencie de la publication à dominante biographique de Br. François-Sappey.  Grâce à de nouvelles données, Ph. Olivier propose des éclairages neufs sur Mendelssohn, « victime de la brutale répression culturelle » et, si besoin était, le réhabilite.

 

 

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La collection « BD Classic » propose une formule sortant des sentiers battus : livre attractif avec deux CDs encartés réunissant des Interprétations légendaires ; texte d’accompagnement présenté sous forme de bande dessinée, à la fois accessible et instructive, concernant le compositeur et les œuvres, et des commentaires bien structurés aux sous-titres évocateurs.

 

Silvestro NICOLACI & Giancarlo DIMAGGIO : Bach. Éditions BDMusic (bdmusic@bdmusic.fr). Distrib. Harmonia Mundi.  32 p. (+ 2CDs). TT : 66’13 + 77’19. 20 €.

Le volume consacré à J. S. Bach commence par une bande dessinée, avec une réflexion sur le talent, puis les principales étapes de la vie du futur Cantor de Leipzig, avec des allusions à ses supérieurs, ses rencontres, aux instruments, à quelques œuvres marquantes (Concertos brandebourgeois), à son succès à la cour de Frédéric II.  Le CD I comprend, entre autres, les Variations Goldberg dans l’interprétation historique de Glenn Gould (1955) et, après le Concerto brandebourgeois par Karl Richter et son orchestre (1958), l’Agnus Dei de la Messe en si mineur interprété par le regretté Alfred Deller (dir. G. Leonhardt).  Le CD II, tout aussi intéressant, propose une cantate, le Concerto pour violon n°1 (I. Stern) et, pour terminer, la Chaconne de la 2e Partita en mineur (W. Schneiderhan, violon).

 

 

José CORREA : Satie.  32 p. (+ 2CDs).  TT : 59’27 + 55’36.  20 €.

Dans le volume consacré à Erik Satie, la BD relate les principales étapes de sa vie, évoque non sans humour son caractère, ses idées, regroupe des commentaires désopilants, sans parler de la conclusion : « Bien que nos renseignements soient faux, nous ne les garantissons pas. » Toutefois, les commentaires qui suivent sont plus sérieux.  Quant aux 2CDs, ils reproduisent des œuvres clés, interprétées dans les meilleures conditions, par exemple Gymnopédies, Parade, Socrate, sa moins connue Messe des pauvres pour orgue & chœur (enregistrée en 1951).

 

 

Alain GOUTAL & Joe G. PINELLI : Bartók.  32 p. (+2CDs).  TT : 74’01 + 74’41.  20 €.

La BD du volume consacré à Béla Bartók est plus classique : larges paysages, dessins naïfs, scènes couleur locale, coloris pastels.  Le texte le situe « au carrefour des cultures », « en quête de sons neufs », « du folklore à la musique pure », « de la maturité à l’exil ».  Enfin, les CDs laissent une large part à son opéra Le Château de Barbe-Bleue (livret : B. Balazs), à sa Musique pour cordes, percussions & célesta (Orchestre symphonique de Chicago, dir. Fr. Reiner, 1958), entre autres.

Ces trois réalisations de BD Music méritent de vifs éloges pour leur originalité, leur attrait, leur conception originale, leur riche contenu, l’intérêt du commentaire de Fr. Hudry et leur apport musical historique.

 

 

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Antonin SCHERRER : Raffaele d’Alessandro ou L’urgence intérieure.  « Mélophiles » n°23.  Papillon (www.editionspapillon.ch).  15 x 21 cm, 180 p., photos n&b, ex. mus.

La collection « Mélophiles » a le grand mérite de présenter des compositeurs qui n’ont pas nécessairement la place qu’ils méritent parmi les publications en langue française.  C’est le cas de Raffaele d’Alessandro que Dinu Lipatti considère comme l’« un des musiciens les plus complets de notre génération… pianiste racé… organiste remarquable… mais aussi - et surtout - un créateur d’une puissance et d’une richesse d’inspiration indubitables. »  A. Scherrer, chroniqueur musical suisse, propose une monographie classique mettant l’accent sur le message de ce compositeur suisse qui, né en 1911 à Saint-Gall, a connu une jeunesse alémanique et, à 6 ans, improvisait déjà au piano, avant de découvrir l’orgue…  À l’âge de 13 ans, il compose déjà des Lieder, des chansons populaires, des mélodies…  À Zurich, élève de Willy Schuh, il enseigne le piano, puis étudie l’orgue en Allemagne et en France, ou dans la classe de Nadia Boulanger.   Ses premières compositions se situent dans le sillage de Ch. Tournemire, L. Vierne et M. Dupré.  La Suisse le découvrira dans les années 1940, il sera apprécié de Fr. Martin, d’E. Ansermet et de nombreux éditeurs de son pays.  Après 1949, c’est la conquête de l’Allemagne et des États-Unis.  Il poursuit toujours ses compositions, jusqu’à sa mort en 1959, non sans avoir laissé un important catalogue (musique instrumentale, orchestrale, vocale, chorale).  Voici une excellente incursion dans la vie et l’œuvre d’un musicien suisse toujours guidé par son cœur et son intuition - conforme aux objectifs des éditions Papillon.

 

Édith Weber

 

Ermend BONNAL : Lettres et écrits, présentés et annotés par Déborah Bonin & Laurie Marcoz.  Delatour : DLT1485.  255 p. 19 €.

On lira avec beaucoup d’intérêt cette correspondance d’un compositeur & organiste français trop méconnu.  Né en 1880, élève du Conservatoire de Paris où il obtient les prix d’orgue et d’improvisation, il travaille avec Alexandre Guilmant et suit les cours de composition de Gabriel Fauré en compagnie de Florent Schmitt, Albert Roussel, Maurice Ravel…  Pour mieux découvrir ce magnifique compositeur, on ne peut que conseiller de se rendre sur le site consacré à l’homme et à son œuvre : www.bonnal.org/Ermend_Bonnal/accueil_home.html. L’ouvrage ne concerne que deux périodes de la vie d’Ermend Bonnal : celle des études de ce Bordelais au Conservatoire de Paris, et la période des années 1935-1940 où Ermend Bonnal se lance, avec un « peintre-cinéaste », Ferdinand Earle, dans la conception d’un nouveau genre musical.  La guerre interrompra ce projet qui ne verra jamais le jour.

Daniel Blackstone

 

Jean-Philippe RAMEAU : Traité de l’Harmonie, précédé de Rameau, l’harmonie & les méprises de la tradition, par Jean-François Kremer.  ZurfluH (www.zurfluh.com).  16 x 24 cm, 434 p. ex. mus. 40 €.

Éminent spécialiste de Rameau, le musicologue Jean-François Krémer offre ici au lecteur, outre le fac-similé du Traité originel (1722), tous éclaircissements nécessaires (théoriques, historiques, esthétiques, pédagogiques…).  Où sont, en outre, évoquées les réactions positives à l’ouvrage mais aussi les controverses animées qu’il suscita auprès de, notamment, Rousseau et d’Alembert.  Où sont également présentés « les successeurs de Rameau », au nombre desquels Choron, Catel, Fétis, Savard, Reber, Dubois, Koechlin, Bitsch… Une utile mise en perspective.

 

Jean DURON (Textes réunis par) : Le Prince et la musique.  Les passions musicales de Louis XIV.  CMBV / Mardaga (www.mardaga.be).  17 x 24 cm, 320 p., ill. n&b et couleurs.  29,00 €.

En bâtissant Versailles, Louis XIV fut, sans doute, le premier monarque du monde moderne à élever un temple à la musique.  Chaque espace du palais, chaque temps de la journée n’était-il pas, en effet, illustré par une musique propre ?  Fut-il jamais royaume d’Europe qui ait consacré autant d’argent au plus impalpable de tous les arts ? Est analysée - de divers points de vue littéraires, musicologiques et d’historiens de l’art - la relation qui aura uni Louis XIV à l’art des sons.  Après quelques prolégomènes signés Béatrix Saule (conservateur en chef du château de Versailles) & Jean Duron (maître d’œuvre du présent ouvrage), les contributions apparaissent sous quatre rubriques : L’héritage et l’éducation du roi (Alexandre Maral, Catherine Massip, Catherine Cessac, Emmanuel Bury, Philippe Vendrix), Le goût du roi (Anne-Madeleine Goulet, Jérôme de La Gorce, Rebecca Harris-Warrick, Christian Biet), La mise en scène par l’objet et l’image (Alberto Ausoni, Florence Gétreau, Alain Mérot), La musique : une affaire d’État (Denis Herlin, Laurent Guillo, Théodora Psychoyou).

 

 

Jean DURON (Textes réunis par) : Grétry en société.  « Regards sur la musique », CMBV / Mardaga (www.mardaga.be).  14,5 x 22 cm, 256 p., ill. n&b et couleurs, ex. mus.  25,00 €.

Bien que sa gloire présente ne soit qu’un pâle reflet de l’extraordinaire popularité qui fut jadis la sienne, nombreux sont les ouvrages consacrés à André-Ernest-Modeste Grétry (1741-1813).  Sous la houlette de Jean Duron, directeur du Centre de musique baroque de Versailles (CMBV), cette étude croise les regards d’historiens de l’art, de la littérature et de la musique : Grétry, instaurateur de l’opéra moderne (David Charlton), Compositeur des portraitistes parisiens (Carole Blumenfeld), …et ses dédicataires, 1767-1789 (Thomas Vernet), Des salons à la Cour, avant la Révolution (David Hennebelle), Arrangements instrumentaux de ses opéras, à la fin du XVIIIe siècle (Hervé Audéon), Vers de Racine dans le livret de l’Andromaque de Pitra (Buford Norman), L’adresse aux jeunes compositeurs (Jean Duron).

 

 

Françoise RICO : Le Chant du roseau de Provence.  ZurfluH (AZ 1830).  21 x 21 cm, 170 p., ill. n&b et couleurs.  30 €. 

Certes méconnue est l’histoire des anches, cordes vocales - en quelque sorte - des saxophones, clarinettes, hautbois et autres bassons…  Arrière-petite-fille du compositeur Joseph Rico & fille de l’un des premiers marchands de « cannes à musique » du Var, Françoise Rico comble cette lacune.  En quatre parties : L’anche du point de vue de… (Sonny Rollins, Benny Golson, Guy Deplus, Michel Arrignon, etc.), Les destins de la canne de Provence (traditions, marchands, concerts), L’anche, de l’agriculture à la culture (du roseau à musique à l’anche de roseau, « Arundo donax », plante privilégiée), Le tour de l’anche en un siècle (premières manufactures… montmartroises (!) & facteurs d’anches en roseau du Var).  Lexique & coordonnées des principaux facteurs d’anches dans le monde.

 

 

Gérard DENIZEAU : Gioachino Rossini.  « Horizons », Bleu Nuit éditeur (www.bne.fr).  Couverture souple, 14 x 20 cm, 176 p., nombreuses illustrations, ex. mus.  20 €.

Invraisemblable prolificité éditoriale de notre éminent collaborateur Gérard Denizeau ! Après tant d’ouvrages consacrés aux liens des arts visuels (peinture, sculpture, architecture, urbanisme) & de la musique, ne voilà-t-il pas qu’il nous livre une biographie de musicien, illustre compositeur certes, au demeurant mal connu.  En sept parties : Les années d’apprentissage/ Métamorphoses lyriques dans l’Italie de Rossini/ L’éclatante apothéose napolitaine/ L’emprise sur toute l’Italie/ La consécration parisienne/ L’inexplicable et glorieuse retraite/ Le génie théâtral de Rossini, vu par Annick Massis [www.annickmassis.com].  Annexes : Tableau synoptique, Catalogue des œuvres, Bibliographie, Discographie sélective, DVDthèque, Index.

 

 

Jean-Pierre ARMENGAUD : Erik Satie.  Fayard.  Relié (couverture souple), 14 x 22 cm, 790 p., ex. mus.  32 €.

Il s’agit là d’une synthèse des innombrables écrits publiés sur le compositeur des Gymnopédies - dont ceux notamment d’Ornella Volta, satique papesse.  Où sont toutefois jetées de nouvelles lumières sur les prétendues incohérences d’un homme qui reste, au demeurant, fort mystérieux.  Analyse de quelques partitions qui auront radicalement réorienté notre écoute…  La somme de référence, désormais.

 

 

 

Sylvain CARON, Michel DUCHESNEAU et alii : Musique, art et religion dans l’entre-deux-guerres.  « Perpetuum mobile », Symétrie (www.symetrie.com).  17 x 24 cm, 506 p., ill. n&b, ex.mus., cahier d’illustrations couleurs.  60 €.

Sous la direction de deux éminents musicologues de l’Université de Montréal, cette fresque historique met à jour les diverses articulations - dans la musique & les arts d’une période charnière – de la religion, des courants néo et de la modernité.  Après « Musique et foi : vers un nouvel humanisme ? » (Sylvain Caron, Michel Duchesneau), l’ouvrage se divise en cinq parties : « Esthétique et idéologie » (Anne-Marie Green, Valérie Dufour, Sylvain Caron, Marie-Noëlle Lavoie, Marie-Thérèse Lefebvre), « La musique à l’église » (Gilles Routhier, Michel Steinmetz, Mario Coutu, Martine & Jacques Rhéaume, Cécile Auzolle, Marie-Louise Langlais), « Le ballet & l’oratorio ou le drame humain » (Pascal Lecroart, Jon-Tomas Godin, Jacinthe Harbec, Audrée Descheneaux, Barbara L. Kelly), « Beaux-arts, musique & religion » (Delphine Grivel, Fabienne Stahl, Dominique Escande, Steven Huebner, Nicole Dubreuil), « Le cas Olivier Messiaen » (Robert Fallon, Radosveta Bruzaud, Yves Balmer, Jean Boivin).

 

 

Dorian ASTOR, Gérard COURCHELLE & Patrick TAÏEB : Opéra-ci, Opéra-là ou comment découvrir l’art lyrique.  « Hors série », Gallimard.  17,5 x 25 cm, 432 p., 60 ill. couleurs.  35 €.

Par trois spécialistes - et fort habiles vulgarisateurs - du monde de l’opéra, sont ici présentés, non sans éclats de vie de leurs compositeurs, vingt-cinq hits de la scène opératique : Orfeo, Atys, King Arthur, Giulio Cesare, Orlando furioso, Platée, Armide, Les Noces de Figaro, Le Barbier de Séville, Der Freischütz, Norma, Les Troyens, La Belle Hélène, Tristan et Isolde, Boris Godounov, Carmen, Eugène Onéguine, Rigoletto, Tosca, Pelléas et Mélisande, Jenufa, Salomé, Wozzeck, Billy Budd, West Side Story (avec Extraits du livret/ Guide pour une première écoute/ Parcours historique et culturel autour du musicien & de son œuvre/ Mises en scènes historiques et modernes).  Même si l’on peut regretter l’omission de telle ou telle production contemporaine, quel meilleur choix imaginer ?

 

 

Lyse RICHER et alii (Un parcours biographique par) : André Prévost. La musique que je suis.  Préface d’Henri Dutilleux.  Varia (www.varia.com).  14 x 22 cm, 416 p., cahier de photos n&b, ex. mus. 34,95 $.

Après de solides études au Conservatoire du Québec puis, à Paris, au Conservatoire national et à l’École Normale de musique, André Prévost (1934-2001) mena une brillante carrière internationale de compositeur et de pédagogue.  En témoignent ici cinq de ses amis : Jean LeTourneux (temps des études), Lyse Richer (biographie), Jacques Hétu (analyse des différents aspects de l’œuvre), James Dormeyer (réalisation d’émissions télévisées), Jean Laurendeau (histoire d’une amitié).  Émouvante préface d’Henri Dutilleux qui l’eut comme élève, à l’École Normale de musique de Paris (alors dirigée par Alfred Cortot).  Un juste hommage.

 

 

Bernd CLAUSEN (Würzburg), Ursula HEMETEK (Vienna) & Eva SÆTHER (Malmö) for the European Music Council (Edited by) : Music in Motion.  Diversity and Dialogue in Europe.  En anglais.  Transcript (www.transcript-verlag.de).  14,5 x 22,5 cm, 438 p., ill. n&b. 34,80 €.

Sont ici décrites les activités musicales des minorités ethniques en Europe et leur impact sur les traditions musicales locales.  Comment s’intègrent-elles dans l’éducation et la vie musicale de chaque pays ? La musique peut-elle aider à un dialogue transculturel ? Comment les musiques de ces minorités peuvent-elles s’épanouir dans un environnement étranger ?  À ces questions sont apportées diverses réponses.  Après une préface intitulée « Music in Motion - a European project » (en France, Allemagne, Slovénie, Turquie, Italie), l’Introduction propose deux articles fondamentaux « Europe & the potentials of music in motion » (Svanibor Pettan) et « Is there such a thing as European racism ? » (Étienne Balibar).  Sujets ensuite développés dans « Thematic Approches » et « Model Projects ». 

Voir le site : www.extra-project.eu

 

 

Laurent CUGNY : Analyser le jazz.  Outre Mesure (Tél. : 01 47 07 06 21.  www.outre-mesure.net).  18 x 22 cm, 576 p., 96 figures musicales, 43 reproductions de documents & tableaux.  Discographie & bibliographie sélectives, index.  44,00 €.

Admirables éditions Outre Mesure qui, dans leur collection « Contrepoints », auront davantage fait pour une véritable musicologie du jazz qu’aucune autre maison - et ce, probablement dans le monde… Ainsi le présent volume - signé d’un éminent professeur à Paris IV-Sorbonne qui longtemps dirigea l’Orchestre national de jazz – fait-il le point complet de nos connaissances historiques en la matière, et nous propose-t-il un instrumentarium analytique : grammaire des progressions tonales, système de repérage des polyrythmies, modes d’analyse des choruses, protocole d’analyse des œuvres…  Un socle théorique tout à fait convaincant.

 

 

Claude NOUGARO : Nougaro par lui-même, dessins & chansons.  Avant-propos : Hélène Nougaro.  Préface & sélection des œuvres : Chantal Armagnac.  « Littérature illustrée », Luc Pire (www.lucpire.eu).  Grand album relié, 23 x 29,5 cm, 145 p.  29 €.

Textes de 53 chansons, illustrés de 80 admirables dessins en couleurs (tels d’un Cocteau flamboyant), composent cet émouvant album (ô Le rocher de Biarritz, Sa majesté le jazz, Toulouse…)

 

 

Nicolas JAUJOU : Accords mineurs. De l’usage de catégories musicales.  « Études culturelles », Presses universitaires de Bordeaux (www.pub.u-bordeaux3.fr).  15 x 23 cm, 320 p.  32 €.

Où sont étudiées, par le menu, nos catégorisations musicales & nos besoins d’y recourir dans tel ou tel contexte.  Passionnant travail d’anthropologue, issu d’une thèse de doctorat.  Introduction : « En parlant musique » (Prises de parole/ Ce que l’écrit ne dit pas/ Investir le monde).  Première partie : « Des hommes pour des catégories » (Le sociologue & les musiques amplifiées/ La techno pure : du réel, de l’action et de l’ordinaire).  Deuxième partie : « Des vies pour des recherches » (Se chercher en parlant/ Se vivre ensemble).  Troisième partie : « Des histoires pour des accords » (Politique des lieux communs/ Histoires de goûts).  Conclusion : « En projet » (Des lectures pour des projets/ Anthropologie scénographique/ Anthropolinguistique & innovation logicielle).  Scrutateur en diable !

 

 

Bernard VECCHIONE & Christian HAUER (Sous la direction de) : Le sens langagier du musical.  Sémiosis et hermenéia.  Actes du 1er Symposium d’Aix-en-Provence (15 et 16 mai 1998). Textes en anglais ou en français.  « Arts & Sciences de l’art », L’Harmattan.  13,5 x 21,5 cm, 290 p., tableaux, ex. mus.  28 €.

Forme de « langagiarité » humaine, la musique l’est assurément.  Mais en quoi & comment ? Quelle est sa nature exacte - sémiosis ou hermenéia ? Les deux à la fois répondent de bons auteurs, cependant que d’autres plaident l’exclusivité.  Actes fort œcuméniques, au demeurant, où sont équitablement répartis les points de vue de Eero Tarasti, Emmanuel Gorge, Raymond Monelle, Márta Grabócz, Robert S. Hatten, Christine Esclapez, Michael Spitzer, Nicolas Meeùs, Fabio Dasilva, Michela Garda, Christian Hauer, Bernard Vecchione.

 

 

Revue « Circuit », musiques contemporaines, vol. 19, n°3 : Pionniers canadiens de la lutherie électronique.  Les Presses de l’Université de Montréal (www.revuecircuit.ca).  21 x 23 cm, 136 p., ill. n&b.  28 CA $.

Plutôt qu’aux musiques électroacoustiques elles-mêmes, cette nouvelle livraison de Circuit, superbe publication québécoise, s’intéresse aux institutions musicales qui auront permis la mise sur pied, puis l’essor de tels répertoires.  Principales contributions : « Paysage sonore électronique et canadien » (Jonathan Goldman), « Entretien avec Otto Joachim » (Gayle Young), « Entretien avec Barry Truax » (Sylvia L’Écuyer), « Dans le sillage de Nil Parent » (Gisèle Ricard), « L’opéra audiovisuel dans le cinéma québécois » (Réal La Rochelle), « István Anhalt on Electronic Music » (Matt Rogalsky).  Document : « An Electronic Music Studio fort the Independant Composer, 1964 » (Gordon Mumma).  Cahier d’analyse : « Pensée sérielle, écriture postmoderne (ou l’inverse) dans Chute/Parachute de Michel Gonneville ».  Plus thèmes d’actualité.

 

 

Pierrette GERMAIN-DAVID : Lena ou le destin d’un violon., nouvelle.  ZurfluH (www.zurfluh.com).  14,5 x 20,5 cm, 40 p., 6,00 €.

Fort intrigante est cette nouvelle que viennent de publier les éditions Zurfluh.  Dans le style d’une rare élégance que nous lui connaissons, Pierrette Germain-David - éminente productrice d’émissions sur France Musique, ancienne présidente de l’Association des femmes compositeurs - nous conte les rocambolesques aventures, sous le Premier Empire, d’un Guarneri JHS, instrument qui - suite aux passions amoureuses & musicales d’une certaine Lena, pianiste concertiste de son état – connaîtra un destin hors du commun.  Mais pourquoi donc laisser présager, fin XVIIIe siècle, de nos - ô combien fâcheuses ! - « auteure » et « professeure »…

 

 

Christian DUMAIS-LVOWSKI : Variations sur L’après-midi d’un faune.  « Pollen », Alternatives (www.editionsalternatives.com).  10 x 19 cm, 64 p, ill. n&b et couleurs.  12 €.

Après de nombreux articles, conférences, émissions de radio & de télévision sur Nijinski, Christian Dumais-Lvowski nous livre aujourd’hui une manière d’anthologie de ses poèmes autour des « métamorphoses du Faune », admirable plaquette, émaillée de citations et d’illustrations judicieusement choisies par le graveur québécois Claire Lemay.

 

 

Daniel BECHET : Sidney Bechet, mon père.  Alphée/Jean-Paul Bertrand (www.gillesparis.com).  14 x 22 cm, 236 p., 2 cahiers de photos (pour la plupart inédites) n&b.  21,00 €.

Rédigé en collaboration avec l’historien du jazz Fabrice Zammarchi, cet émouvant hommage du fils unique du grand saxophoniste (www.sidney-bechet-productions.com) retrace les principales étapes de la vie du musicien, mais nous fait surtout pénétrer dans l’intimité d’un homme qui fut - et demeure - tellement cher au cœur des Français.

 

 

Véronique MORTAIGNE : Johnny Hallyday, le Roi caché.  Don Quichotte/Le Seuil.  14 x 20,5 cm, 274 p., bibliographie & discographie sélectives. 18 €.

Rien moins que people est cette biographie de l’inaltérable vedette du rock français.  Comment pourrait-il en aller autrement sous la plume de l’excellente Véronique Mortaigne, critique avisée de notre confrère Le Monde ?  Johnny, magnifique bête de scène auquel auront rendu hommage – outre son fidèle public populaire – des personnalités aussi diverses que Sagan, Aragon, Roda-Gil, Duras, Godard, Weyergans…  Plus de 1 000 chansons à son répertoire, près de 100 millions de disques vendus, participation à 36 films, 567 sites Web à lui consacrés (site officiel : www.johnnyhallyday.com).  Total respect !

 

 

Erwan CHUBERRE : Vanessa Paradis.  Éditions Alphée/Jean-Paul Bertrand.  14 x 22 cm, 256 p., cahier de photos couleurs.  19,90 €.

Élégante et délicieuse Vanessa dont le glamour à la française aura, peu à peu, gagné tous les cœurs.  Sachant s’entourer des meilleurs auteurs (Gainsbourg, Roda-Gil, Chédid, Kravitz…), la compagne de Johnny Deep a désormais accédé – grâce aussi au cinéma (Becker, Leconte, Brisseau, Frydman, Niclou, Chaumeil…) - au statut d’icône internationale. 

 

 

Thierry DESAULES : Placebo : Rock sur ordonnance.  Éditions Alphée/ Jean-Paul Bertrand.  14 x 22 cm, 218 p., ill. n&b et couleurs.  19,90 €.

De nombreux témoignages et extraits d’interviews - tels ceux de Virginie Despentes ou de Jane Birkin - permettent de mieux analyser le phénomène Placebo, groupe sulfureux dont Brian Molko est la figure emblématique (entouré désormais du bassiste Stefan Olsdan & du percussionniste Steve Forrest).  Pour amateurs « éclairés ».

 

 

Stéphanie MOLINERO : Les publics du rap.  Enquête sociologique.  « Musiques & champ social », L’Harmattan.  15,5 x 24 cm, 354 p., 32,50 €.

Depuis Le rap ou la fureur de dire (1990) du regretté Georges Lapassade, sont parues de nombreuses biographies de rappeurs mais rien, en revanche, sur leurs publics.  C’est le propos de la présente publication.  En 9 parties : Pratiques d’écoute & représentations sociales/ Musique de masse ou musique d’initiés ?/ Appréhension & réception du rap en tant que « création populaire »/ Pour une définition « compréhensive » de l’amateur de rap/ Amateurs & consommateurs/ Réception du rap & appartenances de classe/ Musique populaire ?

 

 

Stan CUESTA (Textes de) : Une histoire de la chanson française en vinyls.  Ereme éditions (www.ereme.net).  25,5 x 25,5 cm, 240 p., ill. couleurs.  29,50 €.

Dans cette fort plaisante collection (qui nous aura déjà donné Eros vinyls, Rock vinyls, Progressive rock vinyls, Vinyls yéyé…), voilà que paraît, fort à propos avant le solstice, une Histoire de la chanson française en vinyls !  Où nous sommes conviés à redécouvrir les couvertures « vinyle » de tant de voix chères qui - pour la plupart, hélas ! - se sont tues...  D’Édith Piaf à Bashung (ô Madame rêve), via quelques Bobby Lapointe, Trenet, Rita Mitsuko, Brassens, Ferré, Hallyday, Gainsbard, Daho et autres Noir Désir…

 

Une histoire de la chanson française en vinyls

Francis Cousté

 

Alfonso SIGNORINI : Fière et fragile Maria Callas.  Traduit de l’italien par Raymond Voyat.  Éditions du Rocher.  253 p.  19 €.

Les amateurs de biographies romancées, admirateurs de Stefan Zweig, ne s’y retrouveront sans doute pas, non plus d’ailleurs qu’historiens ou musicologues.  Il s’agit là d’un livre directement issu de la presse people, plutôt mal écrit, parfois vulgaire.  Maria Callas méritait certes mieux que cela !

 

Patrice Imbaud

 

POUR LES PLUS JEUNES

 

Anne MONTANGE : Babik, l’enfant du voyage.  Illustrations d’Élise Mansot.  CD inclus.  « Les contes du musée de la musique », Actes Sud Junior/Cité de la musique.  Dès 5 ans.  Album relié, 21 x 21 cm, 40 p., ill. couleurs.  15 €.

Pour cette merveilleuse collection du Musée de la musique, Anne Montange a écrit et nous conte les aventures de Babik, l’enfant du voyage.  Réalisation : Louis Dunoyer de Segonzac.  Pour découvrir la guitare manouche avec, notamment, David Reinhardt jouant la guitare de son grand-père Django…  Album émaillé de ravissantes illustrations signées Élise Mansot.  À la bonne hotte !

 

Francis Cousté

 

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Haut

Ioannis KOUKOUZÈLIS, « Le maïstor byzantin ».  Mathimata : psaumes, stichère, kratima.  Disques Jade (43, rue de Rennes 75006 Paris. promotion@milanmusic.fr) : CD 399 299-2 .  TT : 73’03.

À la fois chanteur, compositeur de mélodies byzantines, Ioannis Koukouzèlis, de son véritable patronyme Papadopoulos (né à Dyrrachium, Albanie, ca 1280), est souvent appelé « voix d’ange » (angelophonos), Maïstor (maître de musique) et qualifié de « deuxième source de la musique grecque ». Il peut être considéré comme le plus éminent compositeur de la musique d’Église byzantine pendant la dynastie paléologale (1261-1453).  À l’école impériale de Constantinople, il est le protégé de l’empereur byzantin, puis, attiré par la vie monastique, il se retire au monastère de la Grande Laure du Mont Athos.  Il est l’auteur de chants orthodoxes copiés en 1302 et 1309 et d’un manuel scolaire, avec un chant didactique dont les textes précisent les noms grecs des neumes byzantins.  Il pratique le nouveau style kalophonique, mélismatique et complexe, faisant appel à la virtuosité vocale.  Ses mélodies sont particulièrement adroites, et son œuvre marque un pont de l’ancienne tradition musicale du XIIIe siècle vers un nouveau répertoire plus développé repris par ses contemporains et ses successeurs.  Le présent disque comprend une œuvre très développée : Kratima, avec des syllabes vides de sens (au lieu du texte poétique) destinées à susciter une certaine exultation intérieure.  Il est complété par des extraits de psaumes et un stichère. Le Chœur byzantin de Grèce, dirigé par L. Angelopoulos, restitue ces pages avec toute la ferveur requise.

 

Koukouzelis

 

La Gloire de Byzance.  Jade : CD 699 601-2. TT : 63’51.

Cette anthologie byzantine est réalisée par des interprètes respectueux des traditions : le Chœur byzantin de Grèce (dir. Lycourgos Angelopoulos) et le chœur Melodi (dir. Divna Ljubojevic, remarquable chanteuse serbe).  On retrouvera les formes traditionnelles : stichères, tropes, hirmoi, kontakion...  Ces pièces se rattachent au Moyen Âge, au XVe siècle et - plus proche de nous - au XXe siècle, avec le Credo, le Pater Noster de D. Ljubojevic, ou encore l’Hymne des Chérubins.  Un cachet d’authenticité esthétique et spirituelle marque cette réalisation. Ce CD et celui concernant Ioannis Koukouzèlis viennent à point nommé, alors que se déroule, au Grand Palais (Paris), l’exposition De Byzance à Istanbul (octobre2009-janvier 2010).

 

 

Georg Friedrich KAUFFMANN : La joie des âmes par l’harmonie.  Hortus (editionshortus@wanadoo.fr) : 019.  TT : 57’19.

J. S. Bach destinait certaines de ses œuvres : zur Ergötzung des Gemüths, au divertissement de l’âme (de l’esprit), et son contemporain, G. Fr. Kauffmann (1679-1735) a intitulé son recueil : « Harmonische Seelenlust » (La joie des âmes par l’harmonie).  Il a été composé en 1733 et publié, en 1740, après sa mort.  Jesus Martin Moro, à l’orgue de Baïgorry, du facteur Rémy Mahler, propose une sélection de 13 chorals (parfois en plusieurs versions, « alio modo »), par exemple, le choral pour le temps de Pentecôte : Komm, heiliger Geist (Viens, Saint Esprit) ; des cantiques luthériens bien connus, par exemple pour le temps liturgique de l’Avent et de Noël : Gelobet seist du, Jesu Christ, dass du Mensch geboren bist ; Gottes Sohn ist kommen ou encore Wie schön leuchtet der Morgenstern (Brillante étoile du matin)… ainsi qu’une sélection de préludes de J. L. Krebs (1713-1780) et de G. A. Homilius (1714-1785), interprétés avec finesse, musicalité et d’excellentes registrations pour la plus grande joie des discophiles.  Cette belle réalisation, en collaboration avec Marc Écochard (hautbois), se doit de figurer dans toute discothèque d’organiste et de mélomane averti.

 

 

Guide des instruments anciensRicercar (Outhere S.A., rue du Chêne 27, B-1000 Bruxelles. stephanie@outhere-music.com) : RIC 100.  1livre, 8CDs.  TT : 10h28’.  50 €.

Ce somptueux coffret retiendra d’emblée l’attention des enseignants et des amateurs de musique ancienne.  Il comprend un remarquable Guide (200 p.) trilingue, très bien présenté, abondamment illustré d’instruments anciens, de miniatures et de portraits, les situant dans leur contexte d’époque ; des commentaires techniques précis, allant droit à l’essentiel, ainsi que 8CDs classés dans l’ordre chronologique et permettant d’entendre des sonorités exceptionnelles et une multitude de pièces brèves, extraites de manuscrits célèbres (Cantigas de Santa Maria), manuscrits de troubadours et de trouvères (anonymes ou non), de l’Ars Antiqua - marquant les débuts de la polyphonie -, de l’Ars Nova, de la Renaissance (danse, fantaisie, ricercar ; chanson, madrigal, Magnificat, variations…) jusqu’à l’époque de J. S. Bach et du style concertant, débouchant sur le « classicisme », le Concert spirituel, l’École de Mannheim, et allant jusqu’à Mozart, Haydn et Beethoven.  Ces nombreuses pièces sont sélectionnées en fonction de leur sonorité et de la facture instrumentale de tant d’instruments médiévaux à vent, à archet et à percussion, révélées par cette habile compilation d’enregistrements discographiques.  Ce Guide mérite tous les éloges et se doit impérativement de figurer dans toute discothèque pédagogique et, d’une manière générale, de mélomane averti.

 

 

Neige sur les Orangers.  Jade (43, rue de Rennes, 75006 Paris. promotion@milanmusic.fr) : 699 687-2. TT : 48’43.

Ce disque original, contient des noëls de divers pays, interprétés par les voix très pures des Petits Chanteurs limousins.  Le programme, hors des sentiers battus, contient des noëls - catalan : El cant del ocells (Le chant des oiseaux), argentin : La Estrella (L’Étoile), colombien : Hay auvid, très « couleur locale »… À noter les noëls français : Il gèle à pierre fendre harmonisé par Mgr J. Revert, regretté maître de chapelle à Notre-Dame de Paris, et Nous te saluons, Notre-Dame, dans la version d’A. Gouzès dont l’œuvre est marquée à la fois par l’influence du chant grégorien et de la modalité byzantine.  Des noëls allemand, anglais, italien, hongrois, latin complètent cette sélection américaine et européenne bien enlevée par ces Petits Chanteurs dirigés avec autorité par Cyprien Sadek.  À offrir sans hésitation.

 

 

« Stille Nacht… » Noëls allemands.  Harmonia Mundi (mbenoit@harmoniamundi.com) : HMG 50 17 94.  TT : 53’36.

Le célèbre RIAS Kammerchor, dirigé par U. Gronostay, a réalisé un CD inattendu avec des chants de Noël mis en musique par des compositeurs bien connus : M. Reger (1873-1916) - auteur des Douze Chants spirituels allemands -, M. Bruch (1838-1920) et F. Mendelssohn qui, dans l’esthétique de leur temps, traitent des mélodies plus anciennes et des textes du mystique rhénan Jean Tauler (ca 1308-1361), de M. Luther, de Paul Gerhardt (1607-1676), l’un des meilleurs poètes du XVIIe siècle.  Figurent également les incontournables noëls : In dulci jubilo (bilingue), O du fröhliche (O nuit bienveillante) et, évidemment, le si populaire Stille Nacht (Douce nuit, sainte nuit)…  Les mélomanes curieux découvriront aussi des arrangements de Carl Riedel (1827-1888) et Wilhelm Kienzl (1857-1841), entre autres.  Cette petite anthologie de 23 noëls sera très appréciée.

 

 

Marcel FRÉMIOT : Messe pour orgue « à l’usage des paroisses ».  Coriolan (gilles.perny@yahoo.fr) : COR 318301.  TT : 62’05.

Marcel Frémiot a été, entre autres, l’élève d’O. Messiaen, de N. Gallon et R. Leibowitz. Chantal de Zeeuw interprète d’abord, à l’orgue de l’église du Sacré-Cœur du Prado (Marseille), sa Messe pour orgue « à l’usage des paroisses » en 6 parties, reprenant un titre traditionnel.  L’Entrée, assez massive, avec de nombreux accords plaqués, l’Offertoire, de caractère plus dépouillé, et la Sortie, de caractère incisif, plus développée, contrastent avec l’atmosphère plus méditative des trois autres brefs mouvements.  L’ensemble se rattache au langage organistique contemporain.  J. Reveyron renoue avec l’esthétique grégorienne ; A. Lejeune s’inspire du Veni Creator dans sa pièce intitulée Clarté ; P. Thibaud exploite le thème du Te lucis ante terminum.  L’Ave Maria d’E. Lejet spécule sur le principe mélodique et sur les registres aigus, et s’inscrit davantage dans la tradition française que le Christus factus est nobis de P. Geel. Ce CD ravira les discophiles curieux.

 

Édith Weber

 

Sacred Music.  Les chefs-d’œuvre de la musique sacrée.  Coffret Harmonia Mundi (29CDs audio + 1CD-Rom PDF, comportant les textes chantés) : HMX 2908304.33.

Sont ici regroupés 70 des plus hauts chefs-d’œuvre de la musique sacrée occidentale – des premiers chants chrétiens aux messes de Poulenc et Bernstein.  Intégralement enregistrés : Oratorio de Noël de Bach (René Jacobs), Le Messie de Haendel (William Christie), Vêpres de la Vierge de Monteverdi (Philippe Herreweghe), Le premier homicide de A. Scarlatti (René Jacobs), Paulus de Mendelssohn (Philippe Herreweghe), Messe de Bernstein (Kent Nagano).  Le CD-Rom comportant les textes chantés peut être lu sur ordinateur.  Un incontournable monument discographique !

 

 

Le tout nouveau label, « Hérisson Production » (www.label-herisson.com) publie des œuvres certes peu ressassées :

  • Jean-Marie LECLAIR (1697-1764) : 2e Récréation musicale op.8Sonates op.4 (n°1, 2, 3 et 4).  Ensemble Pasticcio Barroco (2 hautbois, basson, contrebasse & clavecin).
  • Carl Philipp Emanuel BACH (1714-1788) : « Pensées nocturnes ».  Fantaisies (fa majeur, do majeur, fa# mineur).  Sonates (mi mineur, sol mineur, mi mineur).  Rondo (mi mineur).  Mathieu Dupouy, clavicorde.  TT : 60’23.
  • Georg Philipp TELEMANN (1681-1767) : « Lust und Vergnügen ».  Trio n°11Partita n°4Sonates pour basson (fa mineur, mi mineur), pour hautbois (sib majeur, mi mineur).  Formation comprenant : hautbois, basson, clavecin, théorbe & violoncelle.  TT : 62’23.

Merci aux talentueux directeurs artistiques d’un label prometteur : Mathieu Dupouy, Denis Vautrin & David Walter.

 

    

 

Wolfgang Amadeus MOZART : 22e Concerto pour piano en mib majeur K.482.  18e Concerto pour piano en sib majeur K.456.  Prague Chamber Orchestra.  Paul Badura-Skoda, piano & direction.  Transart (www.cdpresto.com) : TR 166.  Distrib. : Naïve.  TT : 75’11.

Art suprême de l’élégante simplicité, telle est certes la qualité que tout mélomane se plaît à reconnaître en Paul Badura-Skoda, incomparable mozartien.  Qualité que l’on retrouve, bien entendu, dans ce 5e volume qu’il consacre à Mozart, de même que dans les cadences qu’il a écrites pour le 22e Concerto.  Interprète en parfaite intelligence avec les musiciens du Prague Chamber Orchestra - avec lesquels il se produit depuis 1970...  Il signe également le livret du CD.

 

 

Joseph HAYDN (1732-1809) : Die Schöpfung (« La Création »), oratorio.  Julia Kleiter, soprano.  Maximilien Schmitt, ténor.  Johannes Weisser, basse.  Rias Kammerchor & Freiburger Barockorchester, dir. René Jacobs.  Coffret de 2CDs + 1DVD Harmonia Mundi (www.harmoniamundi.com) : HMC 902 039.40.  TT : 101’00.

Pour ce chef-d’œuvre d’inspiration maçonnique, René Jacobs - éminent contre-ténor, chef d’orchestre, chercheur & pédagogue - a ici réuni les meilleurs interprètes qui se puissent imaginer.  Outre l’œuvre intégrale & une notice circonstanciée, le coffret propose un admirable documentaire signé Nayo Titzin, Creating The Creation, making-of de l’enregistrement.  Hors du commun !

 

 

Franz SCHUBERT : Quatuor n°13 « Rosamunde » + deux Lieder.  Alban BERG : Suite lyrique, pour quatuor à cordes & soprano + deux Lieder.  Quatuor Thymos.  Salomé Haller, soprano.  Christoph Eschenbach, piano.  Calliope (www.calliope.tm.fr) : CAL 9410.  TT : 77’03.

Composé de membres de l’Orchestre de Paris - adoubés par Christoph Eschenbach, chef de cette prestigieuse phalange -, le Quatuor Thymos (mot qui, en grec, signifie « souffle de vie ») a eu ici l’heureuse idée de faire précéder les quatuors de Schubert et de Berg des Lieder qui les ont inspirés.  Pour « Rosamunde » : Marguerite au rouet D.118 et Les dieux de la Grèce D.677.  Pour la « Suite lyrique » : Ferme-moi les yeux (versions de 1900 & de 1925).  Découverte sur la scène baroque, la belle Salomé Haller fait ici une entrée remarquée dans un répertoire plus récent, en parfaite complicité avec Christoph Eschenbach, au piano.

 

 

Niccolò PAGANINI : 1er et 2e Concertos pour violon.  Gioacchino ROSSINI : Ouverture de Matilde di ShabranRudolf Koelman, violon.  The Netherlands Symphony Orchestra, dir. Jan Willem de Vriend.  SA-CD Challenge Classics (www.challengerecords.com) : CC 72343.  TT : 71’50.

Avec, en soliste, l’un des plus brillants disciples de Jasha Heifetz, voici – enregistrés live en octobre 2009 – les Concertos en majeur et si mineur (« La Campanella ») de celui que ses contemporains qualifiaient de « diabolique Rossini du violon ».  Rudolf Koelman (www.koelman.ch) fait ici preuve de toute la virtuosité requise mais aussi, et surtout, d’un jeu d’une souveraine clarté.  Idéale prise de son.

 

 

Niccolò PAGANINI : 24 Caprices.  Tedi Papavrami, violon.  2CDs Aeon (www.aeon.fr) : AECD 0985.  TT : 2h26’53.

Passionnante confrontation de l’interprétation, sur deux CDs, par le grand violoniste albanais, d’une version live, enregistrée à Tokyo en 2001 & d’une version enregistrée dans un studio français en 1997 (celle-ci sur 7 jours, avec quelques points de montage ; cependant que la version live ne comporte, bien sûr, aucun raccord).

 

 

Frédéric CHOPIN : 24 Préludes, op.28.  Polonaises n°1 et 2, op.26.  Laure Favre-Kahn, piano.  Transart (www.cdpresto.com) : TR 150.  TT : 58’45.

La délicieuse Laure Favre-Khan (www.laurefavrekhan.com) privilégie les aspects élégiaques de ces Préludes - pièces sans doute les plus formellement libres & harmoniquement avant-gardistes du plus élégant des musiciens romantiques – au détriment, bien sûr, de leurs caractères proprement virils. Voilà, en tout cas, une fort heureuse introduction aux célébrations, en 2010, du bicentenaire de la naissance du compositeur.

 

 

Charles-Marie WIDOR (1844-1937) : Symphonies pour orgue n°2 et 4.  Frédéric Ledroit aux grandes orgues Clicquot/ Cavaillé-Coll de la cathédrale Saint-Louis de Versailles.  Skarbo (www.skarbo.fr) : DSK 1091.  TT : 63’55.

Pour enregistrer les deux Symphonies ici retenues (sur les dix composées par Widor), Frédéric Ledroit a judicieusement choisi le grand orgue de Saint-Louis de Versailles - à la double prestigieuse facture : celle des Frères Clicquot, lors de sa construction (1761), et celle d’Aristide Cavaillé-Coll (1863).  La 2e Symphonie en majeur, op.13 n°2, utilise une forme proche de la suite instrumentale (Praeludium Circulare, Pastorale, Andante, Salve Regina, Adagio, Finale), cependant que la 4e Symphonie en fa mineur, op.13 n°4, ouvre sur une somptueuse Toccata & fugue (suivie d’un Andante cantabile, d’un Scherzo et du Finale).  Supplément : Fugue en mi mineur, fort prometteuse œuvre de jeunesse.

 

 

« Œuvres pour violon & orgue ».  Anne Robert, violon.  Jacques Boucher, orgue.  Disques XXI (www.XXI-21.com) : XXI-CD 2 1626.  Distr. Universal.  TT : 61’13.

Après avoir longtemps présidé aux destinées des Jeunesses musicales du Canada, Jacques Boucher est aujourd’hui titulaire du grand orgue de l’église Saint-Jean-Baptiste de Montréal (orgue Casavant Frères, op.615).  Il assume en outre les fonctions de Doyen de la Faculté de musique de l’Université de Montréal, tout en animant - infatigable réalisateur - diverses émissions sur Radio-Canada.  Il dialogue ici avec la grande violoniste Anne Robert (elle joue un merveilleux Guarnerius « del Gesù » de 1735, prêt de la Fondation Canimex du Canada), dans un ensemble de pièces proprement admirables – rien moins que rebattues cependant.

Jugez-en : Adagio op.34 de Gustav Hägg (1867-1925), Abendlied et Gigue de Joseph Rheinberger (1839-1901), Adagio op.80 de Albert Becker (1834-1899), Romanze de Max Reger (1873-1916), Funf Stücke de Hermann Schroeder (1904-1984), Tröstung de Paul Gläser (1871-1937), Andante cantabile de Camillo Schumann (1872-1946), Variations éclectiques de John Burge (1961-).  Par deux artistes majeurs, que des révélations…  Si m’en croyez, chers lecteurs, voilà un CD qu’il vous faut acquérir - de toute urgence !

 

      

 

Erik SATIE (1866-1925) : Intégrale des œuvres pour piano, par Jean-Pierre Armengaud (avec la participation de Dominique Merlet pour les pièces à quatre mains).  5CDs Bayard Musique (www.editions-bayard.com).  Distrib. Sofédis.

Après ses intégrales de l’œuvre pour piano de Debussy, Roussel, Poulenc & Boulez, comment le cher Jean-Pierre Armengaud n’aurait-il pas enregistré celle d’Erik Satie – dont il fut toujours l’attentionné et joyeux interprète, et dont il publie une superbe biographie, Erik Satie, chez Fayard (voir notre rubrique Bibliographie).  Les pièces se présentent ici dans l’ordre de composition – depuis le premier CD (1887-1891) comportant : 3 Sarabandes, Ogives, 3 Gymnopédies, 6 Gnossiennes, Le Fils des Étoiles, Sonneries de la Rose-Croix, jusqu’au cinquième CD (1919-1924) : 3 Petites pièces montées, 6 Nocturnes, La Belle excentrique, Cinéma (entr’acte de Relâche), plus quelques autres pièces à la datation incertaine.  Vaste fresque composée d’une multitude de pièces parfois brévissimes – « pensée obsessionnelle tendue, comme le tireur zen, vers un but unique mais exprimée par des moyens variés » écrit Jean-Pierre Armengaud. [Les textes d’accompagnement d’Erik Satie sont inclus, dans le 5e CD, sur piste CD-Rom].

 

    

 

George GERSHWIN : Rhapsody in BlueConcerto pour piano, en fa majeur.  Porgy and Bess, a symphonic picture (arrangement : Robert Russell Bennett).  Bruno Fontaine, piano.  Orchestre national de Lille, dir. David Wroe.  Transart (www.cdpresto.com) : TR 155.  Distrib. : Naïve.  TT : 77’16.

D’un réjouissant éclectisme est la carrière internationale du pianiste & arrangeur français Bruno Fontaine.  Aussi est-il ici dans son élément, notamment accompagné par David Wroe, chef étasunien souventes fois invité à diriger la grande phalange lilloise.

 

 

Renée FLEMING : Verismo. Coro e orchestra di Milano GiuseppeVerdi, dir. Marco Armiliato.  Decca (www.deccaclassics.com) : 478 1533.  TT : 72’20.

Voix somptueuse & poignante expressivité sont ici au service d’une anthologie de pages plus ou moins célèbres du répertoire vériste pour soprano.  Extraits d’ouvrages de Puccini (La Bohème, Suor Angelica, Turandot, La Rondine, Manon Lescaut), Catalani (La Wally), Cilea (Gloria), Giordano (Fedora, Siberia), Leoncavallo (La Bohème, Zazà), Mascagni (Iris, Lodoletta), Zandonai (Conchita).  Tout un répertoire dont la France découvre, enfin ! les splendeurs lyriques.  Textes quadrilingues inclus dans la notice.

 

 

Chants sacrés.  Carlo Ciabrini (ténor), Thierry Delaroche (baryton), Ann Dominique Merlet (aux grandes orgues de Saint-Eustache).  Saphir (www.saphirproductions.net) : LVC 1115.  TT : 54’17.

Heureuse réédition, à l’approche des fêtes de Noël, d’un ensemble de chants judicieusement ciblés, parmi lesquels de grands « tubes » (plus ou moins liturgiques) signés Gounod, Rossini, Bizet, Adam, Verdi, Bellini, Franck, Stradella, Boëly…  Où l’on peut regretter que soit privilégié un certain matamorisme belcantiste sur une plus modeste intériorité.

 

 

Désiré-Émile INGHELBRECHT (1880-1965) : La Nursery, 36 pièces pour piano à 4-mains.  Brigitte Gonin Chanut & Paul Crapie, piano.  Disque LN 0806/1 (folic@orange.fr Tél. : 06 62 00 59 12).  Distr. : Musicast.  TT : 49’42.

Scandaleusement méconnues sont ces pièces pour piano à 4-mains du célèbre chef d’orchestre, admirable interprète de la musique française – singulièrement de son ami Debussy.  D’un humour délicieux sont ces 36 miniatures, sur de célèbres thèmes de notre enfance.  Au bonheur communicatif des deux pianistes !

 

 

Cantigas y Otras Canciones.  Trio Fanal : Françoise Atlan (chant & percussions), Pascal Ducourtioux (derbouka, bodhran, percussions & guitare), Anas Cherkaoui (oud).  Cristal (www.cristalrecordsclassic.com) : CDC 904.  TT : 49’18.

Florilège de « Chants et musique de la Méditerrannée », ce superbe CD réunit des cantigas judéo-berbères, judéo espagnoles, judéo-arabes, des pièces d’Alphonse le Sage, mais aussi des « traditionnels » sépharades et de toutes nouvelles compositions de Pascal Ducourtioux.  « Musiques du monde » en majesté !

 

 

Kaija SAARIAHO : L’amour de loin.  Opéra sur un livret d’Amin Maalouf.  Daniel Belcher, ténor (Jaufré Rudel).  Ekaterina Lekhina, soprano (Clémence).  Marie-Ange Todorovitch, mezzo-soprano (le Pèlerin).  Rundfunkchor Berlin, Deutsches Symphonie-Orchester Berlin, dir. Kent Nagano.  2SACDs Harmonia Mundi : HMC 801937.38.  TT : 2h01’.

S’inspirant de l’amour fantasmé par le troubadour Jaufré Rudel, prince de Blaye, pour Clémence, comtesse tripolitaine (qu’il lui aurait été certes plus sage de ne pas vouloir rejoindre en sa lointaine tour - « fuite dans le réel »), Amin Maalouf a ici écrit un superbe livret dont la grande Kaija Saariaho a tiré, pour son premier opéra, des accents d’une rare puissance avec des moyens, pourtant, d’une grande sobriété.  « Être une femme compositeur est presque impossible, dit-elle.  Pour écrire de la musique, il faut de la concentration, une écoute intérieure.  Pour être femme, pour être une mère, il faut être toujours disponible et efficace.  Difficile d’avoir à la fois les pieds sur la terre et la tête dans le ciel… ».  Gageure tenue !

 

 

Kris DEFOORT (°1959) : House of the sleeping beauties. Opera in three nights, d’après Yasunari Kawabata.  En anglais.  Enregistrement live au Théâtre de La Monnaie de Bruxelles.  Barbara Hannigan (soprano) : the Woman.  Omar Ebrahim (baryton) : the Old Man /  Deux acteurs, chœur et Ensemble Schönberg, dir. Patrick Davin.  2CDs Fuga Libera (www.fugalibera.com) : FUG 708.  TT : 89’56.

D’après le célèbre roman de Yasunari Kawabata, composé de dialogues entre un vieil homme et « Madame ».  Celle-ci dirige une manière d’hôtel où, endormies, de belles jeunes filles dénudées sont nostalgiquement contemplées, nuit après nuit, par de très vieux messieurs.  Rien toutefois de dégradant, dans l’affaire.  La musique de Kris Defoort (www.aubergine-am.com) est profondément imprégnée des harmonies du jazz (après une formation initiale à la musique ancienne, le compositeur fut pianiste dans un cabaret new-yorkais).  Dialogues accompagnés au piano, sans pulsation apparente.  Solistes et chœur décrivent, quant à eux, la disposition des corps, les situations, les intimes pensées des protagonistes.  D’une grande puissance tragique est cette musique, singulièrement lors des interventions des chœurs et de l’orchestre – déchirants lambeaux sonores.  Extrême dépouillement des dialogues (en anglais) - donc aisés à suivre dans la notice.  Laquelle inclut aussi : « Kris Defoort vu par Philippe Boesmans, propos recueillis (en français) par Serge Martin ».  Un ouvrage d’un lyrisme novateur, fascinant.

 

 

« Turbulent Heart ».  Ernest CHAUSSON : Poème de l’amour et de la mer, op.19.  Louis VIERNE : Les Djinns, op.35, Éros, op.37, Ballade du désespéré, op.61, Psyché, op.33.  Steve Davislim, ténor.  The Queensland Orchestra, dir.  Guillaume Tourniaire.  Super Audio CD Melba (www.melbarecordings.com) : MR 301123.  TT : 76’32.

Merci à la firme australienne Melba d’avoir enregistré pareils chefs-d’œuvre. Rien moins pourtant que galvaudés… tout au moins dans l’hexagone ! Merci également au provençal Guillaume Tourniaire, jeune chef à la carrière fulgurante, aujourd’hui directeur musical de l’Opéra de Prague.  Superbe enregistrement, somptueux digipack.

 

 

« Lettres du front », mélodies de la Grande Guerre, par Laure Crumière (soprano) Guillaume Palissy (baryton), Gérard-Marie Fallour (piano), Alexis Galpérine (violon) et Michel Glasko (accordéon).  TT : 48’25.  « Mémorial », la Grande Guerre en musique, par Éric Ampeau (orgue de Saint-Louis des Invalides) et la Musique principale de l’Armée de Terre, dir. Jean-Michel Sorlin.  TT : 67’02.  Un coffret Corélia (www.corelia-musique.com) : CC874708 + 874709. 

Dans « Lettres du front », sont réunies des œuvres de Cl. Debussy, R. Hahn, P. Vellones, H. Büsser, A. Fleury, P. de Bréville, Ch. Sablon… plus Ta-pum (chant populaire italien) & Lily Marlene (R. Schultze).  Dans « Mémorial », des œuvres de Fl. Schmitt, A. Caplet, F. Halphen, C. Saint-Saëns, L. Ganne, R. Hahn, J. Ibert, P.-E. Sagnol…  Compilation d’œuvres de grande qualité (pour la plupart) – fort bien interprétées.

 

   

 

« A Mediterranean Odyssey ».  Loreena McKENNITT : From Istanbul to Athens / The Olive and the CedarCoffret de deux albums Quinlan Road (www.quinlanroad.com) : QRCD 113 + QRCDC-OC09.

Toujours aussi fascinante est la voix de la merveilleuse Loreena McKennitt, qui nous offre - cette fois en deux albums – un large panorama des musiques que lui auront inspirées le bassin méditerranéen.  From Istanbul to Athens comporte 10 chansons enregistrées live durant sa tournée 2009 (Turquie, Chypre, Liban, Hongrie, Italie, Grèce).  The Olive and the Cedar nous propose une compilation de 11 succès antérieurs (enregistrés en studio).

 

« Encores ».  Les Cris de Paris, dir. Geoffroy Jourdain.  Alpha (www.alpha-prod.com) : 888. Présentation en boîtier métallique rond.

Fantastique idée que d’avoir ici réuni les encores (autrement dit les « bis ») que « Les Cris de Paris » (http://lescrisdeparis.free.fr) offrent à leurs fans, a cappella, en fin de concert.  Ahurissantes gageures, pour la plupart… Soit dix-huit pièces, de notamment : Fr. Zappa, Br. Spears, E. Medeiros, S. Gainsbourg, Madonna, J. Mathis, J. Dutronc, les Beatles, J. Brel…, ont été ainsi adaptées par David Colosio, Morgan Jourdain & Vincent Manac’h.  Que du bonheur !

 

 

« UdeM », vol. 1.  Big Band de l’Université de Montréal, dir. Ron Di Lauro.  Disques XXI (www.XXI-21.com) : XXI-CD 2 1655.  Distr. Universal.  TT : 61’13.

Impressionnantes sont la cohérence & la compacité des sections d’anches & de cuivres de cet extraordinaire Big Band [ô merveilleux enfants de Count Basie !], composé d’une trentaine d’étudiants de la section Jazz de la Faculté de musique de Montréal.  Dont - sans vouloir peiner qui que ce soit - nombre de nos formations hexagono-professionnelles ne feraient pas mal de s’inspirer…  Pièces composées et/ou arrangées par notamment : Sammy Nestico, Leonard Bernstein, Sydney Bechet, Thad Jones, Paul Lopez, Rémi Boduc, Fred Stride…  Un perceptible – et communicatif - bonheur de jouer !

 

 

Francis Gérimont

 

Les Saisons : l’harmonie du temps.  Coffret de 4 CDs « Cristal Records Classic » : CRCC 908. 

Une compilation de quatre CDs autour du thème des saisons : Printemps, Été, Automne et Hiver, regroupant des œuvres de divers compositeurs, certains très connus, d’autres moins, sous la baguette de différents chefs à la tête de différents orchestres, là encore, certains très connus et d’autres moins… Une publication originale et agréable… avec de très heureux moments.

 

 

Wolfgang Amadeus MOZART : Gran Partita K.361.  Transcription pour orgue de & par Vincent Genvrin, avec le concours de Yoann Tardivel Erchoff.  Orgue François Henri Clicquot de l’église Saint-Nicolas-des-Champs, à Paris.  Hortus : 071.  TT : 59’34.

Démarche, certes originale, mais peu convaincante que cette transcription, pour orgue, de la Gran Partita de Mozart pour treize instruments.  Toute la finesse et l’intérêt de l’œuvre originale, liés à la virtuosité instrumentale, les effets de fusion et de contraste des différents timbres disparaissent dans une lourdeur sonore confinant bientôt à l’ennui, voire à l’exaspération, tant la partition mozartienne est ici méconnaissable. Une initiative que la volonté d’accroître le répertoire de l’orgue ne saurait justifier.

 

 

Viennoiseries musicales (1806-1826).  La Simphonie du Marais, dir. Hugo Reyne.  Musique pour Csakan (flûte-canne).  Musique à la Chabotterie (http://chabotterie.vendee.fr/label_discographique) : 605.007.  TT : 77’52.

Un disque qui nous propose ces viennoiseries musicales, attablés dans un salon XIXe siècle, devant un chocolat viennois ou une Sacher-Torte. Occasion de faire connaissance avec cet instrument peu connu, au son délicat, qu’est le Csakan ou flûte-canne, dans un répertoire également peu connu (500 œuvres, essentiellement concentrées entre 1807 et 1849) en solo ou associé à un trio ou quatuor à cordes et piano-forte. Il suffit de fermer les yeux et d’écouter pour s’y croire. Original et plaisant.  En prime : recette du chocolat viennois…

 

 

Jonction, etc.  Duo Portejoie-Lagarde.  Corelia (www.corelia-musique.com) : CC874707. TT : 63’38.

Philippe Portejoie au saxophone & Frédérique Lagarde au piano, pour un disque comprenant six compositions originales, spécialement écrites pour ce duo.  Superbes pièces signées Timothy Hayward, Roger Boutry, Richard Phillips, Joe Makholm, Lucie Robert et François Rossé, remarquablement interprétées.  Entre jazz & musique contemporaine.

 

 

Divin.  Guy Touvron (trompette), Carine Clément (orgue).  Corelia (www.corelia-musique.com) : CC874705.  TT : 61’11.

Ce beau disque séduira tous ceux qui s’interrogent sur la signification de la musique mais peut-être les autres, également.  Guy Touvron & Carine Clément nous proposent cinq compositions contemporaines - de Graciane Finzi -, enregistrées ici pour la première fois, dont quatre dédiées au trompettiste, autour du thème de la voix des dieux.  Ces diverses pièces prouvent que l’écriture contemporaine offre une grande richesse qui va d’une mélodie plutôt tonale à des trajets plus atypiques.  Habitée d’une certaine transcendance, l’interprétation est sans faille…

 

Les 3 Cuivres.  Trio Caens-Cazalet-Becquet, avec la participation de Laëtitia Bougnol, piano.  Corelia (www.corelia-musique.com) : CC874721.  TT : 53’14.

Trois musiciens renommés, Thierry Caens à la trompette, André Cazalet au cor et Michel Becquet au trombone, sont réunis sur ce disque-patchwork, composé de diverses transcriptions - plus ou moins réussies - à partir des répertoires classique, lyrique, de la chanson populaire et du tango.  Qualité musicale indiscutable, tout est ensuite affaire de goût. Pour amateurs, bien sûr, de cuivres et de fanfares.  On regrettera toutefois quelques erreurs dans la numérotation des plages…

 

 

Nikolaï RIMSKY-KORSAKOV & Modeste MOUSSORGSKI : Carpe Diem.  Orchestre russe, dir. Jean-Pierre Arnaud.  Hortus : 070.  TT : 54’29.

Initiative originale que de transcrire, pour petite formation (l’ensemble Carpe Diem se compose de 9 musiciens), les grandes pages de la musique symphonique.  Jean-Pierre Arnaud & Marine Perez nous proposent ici des transcriptions et réorchestrations de Sadko et de la Danse des bouffons de Rimski-Korsakov, ainsi que des Tableaux d’une exposition et d’Une Nuit sur le Mont Chauve de Moussorgski.  Une approche probablement nouvelle, plus essentielle, de l’œuvre pour les musiciens.  Une nouvelle écoute plus intimiste parfois plus déroutante mais qui n’est pas sans charme, pour les auditeurs.  Un disque-surprise - de circonstance en cette fin d’année…

 

 

« À la venue de Noël ».  Maîtrise & Grandes Orgues de Notre-Dame de Paris.  Hortus : 963.  TT : 67’46.

Un disque de circonstance…  Œuvres de Claude Balbastre, Louis Daquin, Marcel Dupré.  Direction de la maîtrise : Lionel Sow.  Aux grandes orgues : Yves Castagnet, Olivier Latry, Philippe Lefebvre, Jean-Pierre Legay.  Dans la grande tradition musicale de Notre-Dame de Paris.  Pour amateurs.

 

A la venue de Noël

Patrice Imbaud

 

L'art des castrats ressuscité.  La fascination pour les voix hors normes, celle des castrats en particulier, dont il est pourtant difficile d'imaginer ce qu'elles furent, est plus que jamais vivace et suscite des entreprises aussi audacieuses que passionnantes.  Ne permet-elle pas la redécouverte de compositions méconnues ou tout simplement inédites, notamment au disque.  Coup sur coup, deux des plus grands chanteurs du moment, Cecilia Bartoli et Philippe Jaroussky, se penchent sur ce répertoire et se livrent à des exercices de haute voltige musicale.  Avec l'immense talent qu'on leur connaît, ils restaurent des trésors cachés.

 

« Sacrificium » : Cecilia Bartoli chante les castrats.  Nicola PORPORA : extraits de Sifare, Germanico in Germania, Semiramide riconosciuta, Adelaide, La morte d'AbelAntonio CALDARA : Sedicia.  Carl Heinrich GRAUN : Demofoonte, Adriano in Siria.  Leonardo LEO : Zenobia in Palmira.  Leonardo VINCI : Farnace.  En bonus : arias de Riccardo Broschi, George Frideric Händel, Geminiano Giacomelli.  Cecilia Bartoli, mezzo-soprano.  Il Giardino Armonico, dir. Giovanni Antonini.  2CDs Universal/Decca : 478 1523.  TT : 78' + 21'12.

Dans son nouveau projet, Cecilia Bartoli, que décidément rien n'arrête quant au défi vocal, célèbre l'âge des castrats.  Pour appeler l'attention sur un phénomène ambivalent de l'histoire de la musique : la beauté exceptionnelle de ces voix au timbre céleste devant la performance desquelles le public se prenait d'hypnose au point de doter leur possesseur du statut de « star » ; mais aussi le sacrifice humain peu louable qui la permettait, la mutilation de milliers de jeunes gens appartenant aux milieux défavorisés.  C'était le prix à payer pour garder intacte la voix avant la mue et en disposer rapidement, bien plus tôt que celle des femmes, de surcroît interdites de scène.  La tradition connut ses heures de gloire au XVIIIe siècle avec les Farinelli, Senesino, Caffarelli et autres Porporino.  Nombre de compositeurs ont écrit, pour ces voix mirifiques, des musiques d'une étonnante virtuosité.  Dont Nicola Porpora qui fonda la Scuola dei castrati, à propos de laquelle on a parlé de « fabrique napolitaine ».  Le récital saisit par son opulence presque envoûtante.  La voix défie les catégorisations, tant est stupéfiant l'art de varier en intensité les trilles, de les enchaîner dans un seul souffle.  Tels les arias « di furore » où le passage d'un registre à l'autre se fait sans hiatus, malgré des sauts de notes vertigineux, des montées vers l'aigu acrobatiques ou des plongées somptueuses dans le grave.  Les airs de lyrisme sont peut-être plus remarquables encore car plus exigeants - longues phrases coulées sans une respiration, vocalises bravant les écarts de dynamique.  Plus originaux encore, les airs dits « de comparaison » où la musique se mesure aux bruits de la nature, tel le dialogue de la voix avec la flûte pour imiter le gazouillement de l'oiseau.  À la splendeur vocale répond une maîtrise peu commune de l'expression : exacerbation du discours, emphase portée sur le mot.  Un rare achèvement auquel l'ensemble Il Giardino Armonico et son bouillant chef Giovanni Antonini apportent plus qu'un accompagnement.  Le travail instrumental est aussi brillant qu'est insolente la vocalité dont fait montre la soliste.

 

Johann Christian BACH : La dolce fiamma.  « Forgotten castrato arias ».  Philippe Jaroussky chante des airs de La clemenza di Scipione, Artaserse, Orfeo ed Euridice, Adriano in Siria, Carattaco, TemistocleAirs de concert.  Philippe Jaroussky, contre-ténor.  Le Cercle de l'Harmonie, dir. Jérémie Rhorer.  Virgin Classics : 685 726 00 .  TT : 63'10.

Tout aussi infatigable dénicheur de trésors enfouis, Philippe Jaroussky réhabilite Jean-Chrétien Bach (1735-1782).  Dernier fils du Cantor, celui qu'on a appelé « le Bach de Londres », parce qu'il s'y tailla une solide réputation, au point d'être considéré comme le digne successeur de Haendel, tranche avec le reste de la fratrie, en ce qu'il écrivit essentiellement pour l'opéra italien.  Et de penser qu'il est peut-être le trait d'union entre Haendel et Mozart.  Son écriture offre une réelle grâce mélodique et une frémissante harmonie.  L'orchestration riche, parfois luxuriante, fait la part belle aux instruments à vent auxquels la voix s'unit tendrement.  Le florilège d'arias proposé permet de se faire une idée juste, à travers une belle variété d'affects, de l'impact dramatique d'une musique annonçant plus Mozart qu'elle ne s'attarde sur une ère baroque révolue.  Composées entre 1750 et 1770, ces pièces l'ont été à l'intention de castrats, dont le règne tirait pourtant à sa fin.  Le festin vocal est splendide car la pureté exceptionnelle du timbre de soprano de Jaroussky a quelque chose de sensuel.  Avec sa simplicité coutumière, il allie un sens sûr de la déclamation à un legato d'une extrême douceur, comme caressant la phrase musicale.  Le souffle inépuisable et l'absence de vibrato parent d'une aura magique plus d'une page dont celles initiales de l'aria « Cara, la dolce fiamma », alors que le premier mot émerge ppp pour s'enfler peu à peu.  Et quel art de la vocalise, combien nuancée, jamais froide.  Comme le souligne le chanteur, le Cercle de l'Harmonie qui joue sur instruments anciens, est une sorte d'idéal pour donner vie à cette musique ; et entourer pareille voix.

 

 

Johann Sebastian BACH : Le Clavier bien tempéré, livre Ier.  Maurizio Pollini, piano.  2CDs Universal/DG : 477 8078. TT : 53'24 + 57'01.

Maurizio Pollini se tourne vers Bach et aborde ce monument qu'est le Premier Livre du Clavier bien tempéré.  Composée en 1722, cette série d'œuvres couronne les riches années passées à Coethen, apogée de la musique instrumentale du Cantor.  Comment ne pas citer Adolphe Boschot qui, dans son ouvrage Musiciens-poètes, souligne que « rythmes, mouvements, dessins mélodiques, style libre ou en imitations, développements, épisodes dans une page vive, cadences soudaines – vraiment tout jaillit de la pensée. Partout, la forme subit une poussée intérieure qui la commande et lui donne vie ».  Aucune de ces 24 compositions binaires, prélude & fugue, ne se ressemble.  Chacune développe un climat particulier.  Le rapport entre les deux morceaux connaît une infinie diversité du point de vue formel, soit que le prélude annonce la fugue, soit que cette dernière s'oppose au prélude introductif ; sans parler des modes d'écriture de l'un et de l'autre, qui n'ont rien de systématique : inventions, mouvements perpétuels, toccatas, fugues de deux à cinq voix.  L'approche sobre de Pollini, qui ne se prend pas pour cérébrale ou abstraite, laisse s'épanouir la variété inépuisable d’harmonies et de couleurs.  Bien sûr, c'est du piano, et du jeu sur un instrument moderne.  Les puristes pourront regretter le clavecin.  Mais comment résister à la vitalité saisissante des contrastes de dynamique et à ce toucher merveilleusement délié.  L'indispensable rigueur n'est en rien fastidieuse, et cet exercice à vocation d'apprentissage devient un passionnant voyage musical dont se dégage un sentiment d'unité.

 

 

 

« To Saint Cecilia ».  Henry PURCELL : Hail ! Bright Cecilia.  George Frideric HÄNDEL : A song for Saint Cecilia's day.  Joseph HAYDN : Messe de sainte-Cécile.  Lucy Crowe (soprano), Nathalie Stutzmann (contralto), Anders J. Dahlin (ténor), Richard Croft (ténor), Luca Tittolo (basse), David Bates (contre-ténor), Neil Baker (baryton).  Chœur des Musiciens du Louvre, Les Musiciens du Louvre-Grenoble, dir. Marc Minkowski.  2CDs Naïve : V 5183.  TT : 78'50 + 74'.

Ce qui fut un mémorable concert à la Salle Pleyel devient un disque d'anthologie.  En un passionnant projet, Marc Minkowski rapproche, sous le thème des musiques écrites pour sainte-Cécile, trois compositeurs emblématiques.  Que la pièce de Purcell et celle de Haendel - deux musiciens anglais, de naissance et d'adoption - aient en commun leur contenu d'Ode vénérant la patronne des musiciens, la chose n'est pas douteuse.  Mais que dire de la messe de Haydn ? Le chef s'en explique en soulignant que celle-ci « présente, par sa structure liturgique et son texte latin, un faux contraste avec les titres de Purcell et de Handel car elle ressortit au même théâtre spirituel baroque dans une forme tardive ».  Et d'ajouter que tous trois nous convient à « une fête des timbres » célébrant la musique.  Chez Purcell, le plus original, la composition fait alterner vivacité et contemplatif.  L'ode de Händel, grandiose, par moments jubilatoire, est une sorte d'hymne à la Création.  La messe de Haydn renferme une douce harmonie et une grande ferveur. En tout cas, ces œuvres ont en commun la magistrale prestation de Marc Minkowski et de ses Musiciens du Louvre-Grenoble.  Tout autant chez eux dans le discours fluide de Händel que dans l'admirable classicisme de Haydn, ou l'élan qui distingue la pièce de Purcell.  Et partout d'éminentes qualités instrumentales et un luxe inouï de détails… Les chœurs ne sont pas en reste, que ce soit dans les effets en répons ou dans les passages fugués.  Un soin particulier a été apporté au travail sur l'intonation.  C'est aussi le cas pour les solistes, tous émérites, en particulier la soprano Lucy Crowe, dont le timbre n'a rien de désincarné, et le ténor Richard Croft, un modèle de chant stylé.  Une entreprise où la sagacité musicologique rencontre le bonheur de l'écoute.

 

 

Joseph HAYDN : Quatuors op. 33, n°1 à 6.  Cuarteto Casals.  2CDs Harmonia Mundi : HMX 2962022/23. TT : 58'24 + 48'55.

De ses six Quatuors op. 33 (1781), dédiés au grand-duc de Russie, futur tsar Paul Ier, Haydn dira qu'ils sont écrits « dans un style tout à fait nouveau et particulier ».  Ils se distinguent, en effet, de la précédente série de l’op. 20 par leur extrême concision et leur climat enjoué. Surtout, le compositeur y distille un humour délicat qu'il niche dans tel trait ou idée.  Par exemple, au finale du Deuxième quatuor, alors que la même phrase revient après un point d'orgue, par effet de surprise.  On disait, à l'époque, ces quatuors appréciés autant des amateurs que des connaisseurs, au nombre desquels figurait Mozart.  La forme en quatre parties, laisse apparaître, pour les quatre premiers, un agencement plaçant un mouvement modéré en ouverture suivi d'un scherzo en deuxième position.  Tandis que les deux derniers débutent par un morceau vif auquel fait suite le mouvement lent.  Ils se signalent tous par l'art souverain avec lequel Haydn s'ingénie à travailler un sujet qu'il transforme de multiples façons.  L'invention thématique, bien que pas aussi développée qu'elle le sera dans les quatuors ultérieurs, est déjà riche : ainsi, au milieu d'un scherzo, le trio, empruntant au mode de la chanson villageoise, module-t-il un solo du premier violon, comme produit par joueur éméché ; ou tel effet de pépiements d'oiseau dans le n°3.  Le jeune ensemble espagnol, Cuarteto Casals, fondé en 1997, s'est déjà taillé une solide réputation, notamment dans la création contemporaine.  Se réclamant du Quatuor Alban Berg, ils abordent ces pages classiques avec goût et un grand soin de la forme.  Empreinte d'objectivité, leur approche ne laisse cependant pas place à la froideur.  Le respect scrupuleux des indications rythmiques et l'admirable qualité instrumentale distinguent leurs interprétations.

 

 

« Une jeunesse intrépide ».  Johannes BRAHMS : Ballades op. 10Thème & variations en mineurSonate op. 5.  Nicolas Stavy, piano.  Hortus : 068.  TT : 80'54.

Ce généreux CD propose des œuvres appartenant à la première manière de Brahms.  Les Ballades op. 10 offrent des paysages intimes et fantastiques, sur le mode andante pour trois d'entre elles.  Elles mêlent le style du chant populaire qu'affectionnait l'auteur et la gravité du Lied germanique hérité de Schubert. « Musique d'illustration poétique » selon Claude Rostand, de par l'idée qui vint à Brahms d'une vieille ballade écossaise.  La Sonate op. 5 - déjà la troisième qu'il ait écrite - se signale par ses vastes proportions, près de 42'00 et pas moins de cinq mouvements.  Une de ses particularités est d'utiliser des thèmes repris sous forme cyclique. L'atmosphère y est d'un romantisme souvent exacerbé, fougueux, d'une forte expressivité (mouvement lent), où voisinent des visions passionnées (scherzo) ou mélancoliques (intermezzo). Le finale fait penser à Schumann, mais avec l'intrépidité d'un jeune musicien auquel rien ne semble résister.  On a pu dire que le foisonnement d'idées qui règne dans cette œuvre l'égale à un autre sommet du genre : la Sonate de Liszt.  Du même élan procède Thème et variations, écrit par Brahms à la demande de Clara Schumann, transcription du mouvement lent du Premier Sextuor à cordes op. 18.  Nicolas Stavy est une sorte d'antivirtuose.  Son jeu affirmé délaisse l'emphase. La matière sonore est cependant tout sauf désincarnée.  Il est servi par un instrument fort intéressant, un piano du facteur Steingraeber und Söhne qui tient boutique à Bayreuth, depuis 1852.  Ses caractéristiques sont une résonance plus présente, notamment dans le pianissimo, que par exemple un Steinway, un registre de basse affirmé, et sans doute une moindre brillance que son confrère de Hambourg. Il favorise une sonorité profonde, d'autant plus que saisi dans l'acoustique un peu mate des salons de la manufacture.

 

 

Sergei RACHMANINOV : Trio élégiaque n°1.  Peter TCHAIKOVSKI : Trio pour piano op. 50.  Lang Lang (piano), Vadim Repin (violon), Mischa Maisky (violoncelle).  Universal/DG : 477 8099.  TT : 64'15.

Trois stars du classique, trois générations aussi, sont réunies pour un disque- événement de musique de chambre.  Enregistrées dans le foulée d'exécutions au Festival de Verbier, en août 2009, voilà des exécutions grande manière où le pianiste déploie sa faconde habituelle, mais sait aussi modérer ses ardeurs conquérantes pour habilement s'intégrer au chant des cordes.  Il faut dire que Mischa Maisky - qui connaît bien ce répertoire, pour l'avoir naguère servi avec Kremer et Argerich - tout comme Vadim Repin, fin musicien, savent ce que faire de la musique entre amis veut dire.  L'imposant Trio de Tchaïkovski, écrit en hommage à Anton Rubinstein, déborde souvent le cadre intimiste associé à ce genre.  Les grands éclats déclamatoires du Pezzo elegiaco initial regorgent de traits paroxystiques au piano, qu'entrecoupe une stance mélancolique. Le Thème et variations, introduit par le piano, fait se succèder des figures fort variées dont un tempo de valse, une mazurka ou une fugue ; tandis que la variation finale, dans sa grande forme, permet au piano de se montrer tempétueux, presque trop peut-être ici.  La pièce se termine cependant en forme de marche funèbre et dans un souffle. Le Trio élégiaque de Rachmaninov ne prétend pas à cette force démonstrative.  En un seul mouvement, il fait la part belle au violoncelle ; non que le piano, instrument de prédilection du compositeur, ne se signale pas par quelques brillants éclats.  Là encore le morceau se conclut par une marche funèbre.

 

 

Jean SIBELIUS : Symphonies n°1 à 7Kullervo op. 7.  Monica Groop (mezzo-soprano), Peter Mattei (baryton).  London Symphony Chorus and Orchestra, dir. Sir Colin Davis.  4CDs LSO Live : LSO 0191.  TT : 78'20 + 75'34 + 79'13 + 72'12.

Peu de chefs mieux que Colin Davis possèdent l'idiome de Sibelius.  Pour sa troisième intégrale des symphonies au disque, de nouveau avec le LSO, mais capté cette fois live, au Barbican de Londres, entre 2002 et 2008, le grand chef anglais remet sur le métier cette somme de musique atypique qui n'a pas toujours fait l'unanimité - au pays de Claude de France du moins.  Musique pittoresque, pis folklorique, a-t-on décrété.  Que des chefs de la stature de Beecham et Karajan naguère, Rattle ou Davis aujourd'hui, l'inscrivent à leurs programmes veut pourtant bien dire quelque chose.  Musiques d'atmosphère, les sept symphonies illustrent, certes, les vastes paysages finlandais où se livre un combat entre ombre et lumière, sourdent les forces élémentaires de la nature.  Mais il y a plus que cela : un sentiment d'improvisation, un discours en développement perpétuel, une forme d'étrangeté dans le cheminement de la pensée qui entraîne l'auditeur vers l'inattendu.  Colin Davis le démontre péremptoirement, de manière plus évidente encore que dans ses précédentes lectures.  La tension est souvent palpable, renforcée par la captation en direct.  Les contrastes ppp sont soulignés et les accords forte dépourvus de toute emphase romantique.  Il dénoue l'écheveau de cette thématique erratique, à la dynamique changeante, où les sujets se métamorphosent parfois de manière singulière.  Et puis il y a ces tournures typiques : les phrases mélodieuses des violons, au large ambitus, sur pédale grave, ou ces envolées en forme de tourbillon.  Toute l'originalité de l'orchestration sibélienne est là, de la veine tourmentée des premiers opus, au caractère héroïque de la Cinquième, à la sérénité de la Septième.  La belle plasticité du LSO y est pour beaucoup, que ce soit dans les passages intrumentaux exposés ou les grands climats, jamais clinquants, alors que les cuivres sont volontairement retenus.  Une rareté complète cet ensemble : la symphonie Kullervo, essai de jeunesse (1892).  Quelque peu hybride dans sa construction et ses idées, à mi-chemin entre poème symphonique et symphonie chorale, puisant son inspiration dans la saga finnoise du Kalevala, elle culmine dans son vaste troisième mouvement qui n'est pas loin, sur sa fin, d'une scène d'opéra.

 

Jean-Pierre Robert

 

POUR LES PLUS JEUNES

 

En ces périodes… de rouges houppelandes, de hottes et/ou bottes à garnir, rien que de prévisible dans ce déferlement d’albums destinés à nos chers petits :

 

Mironton, mirontaine.  Chansons de toujours et danses traditionnelles (de 3 à 9 ans).  Chœur & Musiciens de Mlle de Guise, dir. Laurence Pottier, Aline Behar.  Coffret de 2CDs Bayard Musique.  Distr. Sofédis.  TT : 40’22 + 64’32.  Fort plaisante compilation de célèbres « tubes » de l’enfance.  Depuis la Renaissance ou le Baroque (39 titres)...  « Mironton, mirontaine » & « Gai luron, lurette ».

 

Dominique DIMEY (Textes & chant) : Enfances.  Le droit des enfants en chansons.  2CDs Victorie Music (www.club-tralalere.com) : 301 809.2.  Distr. Universal.  Qui ne reconnaît désormais le talent de la fille du grand poète que fut Bernard Dimey (ô Syracuse !)...  Sur des musiques composées & arrangées par Pierre Bluteau, elle ne nous propose pas moins de 33 nouvelles chansons avec, en sus, 5 versions instrumentales sur lesquelles chanter.  À consulter : www.dominiquedimey.com

 

 

 

Albums d’enfants.  Pièces de compositeurs russes.  Elena Filonova, piano.  3CDs Calliope (www.calliope.tm.fr) : CAL 9421.3.  TT : 3h55’.  Il fallait certes une artiste du cru - et de la qualité d’Elena Filonova - pour restituer toute leur saveur originelle à ces délicieuses pièces de Tchaikovsky, Prokofiev, Shostakovich, Shchedrin, Kabalevsky, Maikapar, Gretchaninov, Lyapunov, Sviridov, Khachaturian, Slonimsky & Myaskovsky.  Que de charmantes découvertes !

 

 

Y’en a assez pour tout le monde !  Ensemble « Les Enfantastiques » (www.lesenfantastiques.fr), dir. Jean Nô.  « L’Autre Distribution ».  TT : 39’13.  Onze chansons - écrites avec des enfants, chantées par des enfants, pour d’autres enfants - composent cet album destiné à soutenir les mouvements ATD Quart Monde & France-Tapori.  Le livret comporte le texte intégral des chansons (dont on peut commander les partition : lesenfantastiques@wanadoo.fr).  Le plaisir ne peut-il s’allier à la générosité ?

 

 

Carlo BONDI (Auteur) & Xavier MICHEL (Compositeur) : Le Voyage de l’Ange.  Victorie Music (www.club-tralalere.com) : 301 802.0.  Distr. Universal.  Destination Cianciana : en 9 chansons poétiques, l’affaire est bouclée ! Jolies chansons poétiques dans un emballage percussif (fort « actuel », mon Dieu), émaillé de claviers, basse, guitare, vagissements et chœurs d’enfants.

 

 

Fawzy AL-AIEDY : Noces-BaynaChansons traditionnelles de France & miroir d’Arabie.  Victorie Music (www.club-tralalere.com) : 301 801.5.  Distr. Universal. 

Il s’agit là de la captation d’un spectacle musical créé en 2006 lors du Festi’Val de Marne.  Où sont tissés des liens entre cultures a priori fort distantes.  Ainsi, après chaque chanson (interprétée par Évelyne Girardon), Fawzy Al-Aiedy (chant, oud, hautbois, cor anglais) fait-il miroir avec l’une de ses propres compositions.  Nombreux intervenants (chœurs & instruments traditionnels).

 

 

Riquet à la Houppe de Charles Perrault, conté par Coline Serreau.  L’imparfait, conte musical d’Edwige Cabélo (librement inspiré du texte de Perrault) pour chœur d’enfants.  Musiques : Bruno Garlej & Patrick Zygmanowski.  Tamayo Ikeda (piano), Andreï Iarca (violon), David Zambon (tuba).  Chœur d’enfants du Conservatoire de Suresnes, dir.  Marie-Liesse Guyard.  L’Algarade (www.algarade-musique.com) : CC 874706.  TT : 47’21.  De bien belles histoires, superbement réalisées !

 

 

Pascal AYERBE : DCDP90.  Distr. Harmonia Mundi.

« Recette de cuisine sonore, temps de préparation : 3 ans », nous assure d’emblée le chef (www.pascalayerbe.com).  Voilà, en effet, 18 musiques pour jouets, objets, choses à bruit, voix & quelques instruments.  « Intéressant » aurait sans doute proféré Pierre Schaeffer.  Furieusement imaginatif, en tout cas !

 

Les Zim’s s’envolent.  Les Z’Imbert & Moreau.  L’Autre Distribution : AD 1548C.

Après 40 ans de « chansons pour les enfants » (9 CDs et 2 DVDs), ces deux joyeux Tourangeaux (www.les-zims.com) nous délivrent 14 tout nouveaux titres.  Avec le concours apprécié de Pierre Richard pour la chanson Tête en l’air.

 

 

Sergueï PROKOFIEV : Pierre et le loup.  Texte français : Renaud de Jouvenel.  Récitante : Marie-Christine Barrault.  Orchestre du festival ArtenetrA, dir. Fabrice Gregorutti.  ArtenetrA : MWARTE 001. 

Sans vouloir, à toute force, plaider la nouveauté, sachez que dans le présent CD (enregistré live, le 1er août 2009, en l’Abbaye royale de Celles-sur-Belle) les instruments sont intelligemment présentés, et qu’opère tout naturellement le charme de Marie-Christine Barrault.  CD réalisé au profit de l’association « Vol de Nuit » (www.voldenuit-vuelonocturno.org) qui vient en aide aux enfants d’Argentine.

 

 

Francis Gérimont

 

DVD

Ode to Freedom.  BEETHOVEN : IXe Symphonie.  Direction : Leonard Bernstein.  Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks (+ membres des Sächsische Staatskapelle Dresden/ Orchestre du Théâtre Kirov, Leningrad/ London Symphony Orchestra/ Orchestre de Paris).  Chor des Bayerischen Rundfunks, Membres du Rundfunkchor Berlin, Kinderchor der Philharmonie Dresden.  June Anderson (soprano), Sarah Walker (mezzo-soprano), Klaus König (ténor), Jan-Hendrik Rootering (basse).  Medici Arts (www.medici.tv).  TT : 94’00.

En ce 20e anniversaire de la chute du Mur de Berlin, Medici Arts se devait de publier le DVD du concert historique dirigé par L. Bernstein, le 25 décembre 1989, dans la liesse générale qui suivit la destruction de la sinistre frontière entre les deux Allemagnes.  Symboliquement, l’orchestre regroupait des musiciens venus d’Allemagne, de France, de Russie, de Grande-Bretagne et des États-Unis.  Seule œuvre au programme, la IXe de Beethoven (mais quelle Neuvième !) dont l’Ode à la Joie du final devenait, ce jour-là – selon le désir de Bernstein –, une Ode à la Liberté retrouvée, à la fraternité universelle, répondant ainsi, dans une interprétation vibrante, au vœu du « grand sourd ».

Si l’enregistrement live n’est pas exempt de défauts (soli un peu lointains parfois, manque de relief dans certains passages), l’interprétation tellement habitée que nous livre ici Bernstein donne de l’œuvre une image à laquelle on ne saurait résister, tant on sent grande l’adhésion des exécutants à la vision de leur chef.

Après un 1er mouvement d’une grande densité, où la progression dramatique et la dynamique sont savamment conduites, qui ne serait frappé, dans le très ludique Scherzo qui suit, par la parfaite connivence entre le chef et les musiciens (coups d’œil complices au timbalier lors d’interventions surprenantes), entraînés par Bernstein, à la fin du mouvement, dans une véritable frénésie orchestrale.

Par contraste, après un très long silence, l’adagio (dont le tempo est un des plus lents jamais adoptés) est si admirablement nourri par un Bernstein transfiguré que l’on est saisi d’une irrésistible émotion, tant le chef et ses musiciens nous donnent, en cette page, l’image d’une véritable communion humaine.  Le chef porte littéralement son orchestre vers un tel sommet de spiritualité que ce mouvement constitue, selon nous, le plus grand moment du concert.

Dans le final, enchaîné sans pause après l’adagio, le récitatif très vigoureux des violoncelles et contrebasses introduit le thème de l’Ode à la Liberté qui apparaît en un lent crescendo soutenu, dont la montée est superbement dosée par Bernstein, depuis le sombre murmure des basses jusqu’à la pleine et puissante lumière du tutti orchestral, face à un chef rayonnant.

Chœurs et solistes se joignent à la fête – un moment interrompue par le recueillement que réclame l’adagio central (il nous révèle un Bernstein profondement ému) - jusqu’à l’apothéose conclusive que prolonge l’ovation sans fin d’un public en délire.  Nombreux rappels et autant de bouquets de fleurs.  Le concert fut retransmis dans plus de 20 pays à travers le monde.  La captation inégale du final n’enlève rien à l’importance de l’événement qui fait de ce DVD un document historique à se procurer absolument.

 

Pierre Loupias

 

Giacomo PUCCINI : Il Trittico (Il Tabarro, Suor Angelica, Gianni Schicchi) + Backstage.  Orchestra e Coro del Teatro alla Scala, dir.  Riccardo Chailly.  Régie : Luca Ronconi.  2DVDs Hardy Classic Video : HCV 4041.  TT : 206’00.

Le Triptyque puccinien - comportant trois opéras en un acte : La Houppelande, sombre mélo (Juan Pons, Miroslav Dvorsky, Paoletta Marrocu), Sœur Angelica, drame édifiant (Barbara Frittoli, Mariana Lipovšek), et Gianni Schicchi, farce d’une douteuse moralité (Leo Nucci, Nino Machaidze, Cinzia De Mola) - est ici idéalement distribué, dirigé et mis en scène.  On n’en attendait certes pas moins d’une production du mythique Teatro alla Scala.  Consulter : www.hardyclassic.it

 

 

Paul SMACZNY & Maria STODTMEIER (Un film de) : El Sistema.  « Music to change life ».  José Antoni Abreu.  Simón Bolívar Youth Orchestra, dir. Gustavo Dudamel.  EuroArts : 2056958.  TT : 100’00 + 9’00 (bonus).

Comment ne pas s’enthousiasmer à la vision de cet émouvant film-documentaire autour d’un système d’Éducation musicale conçu et mis en œuvre, au Venezuela, par José Antonio Abreu (www.el-sistema-film.com) ! Où quelque 265 000 enfants et adolescents font aujourd’hui partie de chœurs et d’orchestres, dont sont déjà issus quelques grands musiciens de ce temps – dont, bien sûr, Gustavo Dudamel.  « L’avenir de la musique classique est au Venezuela » a écrit Sir Simon Rattle.  Naguère utopique dans un pays où la guerre des gangs faisait (et fait encore) rage, le propos pourrait se révéler prémonitoire…  En bonus : The National Children’s Orchestra of Venezuela (8’18).

 

 

Helma SANDERS-BRAHMS (Un film de) : Clara.  Avec Martina Gedeck (Clara Schumann), Pascal Greggory (Robert Schumann), Malik Zidi (Johannes Brahms).  Bodega Films (Tél. : 01 42 24 06 49) / Carlotta Films : Clara 769181.  Durée du film : 104’00.

Düsseldorf, septembre 1850…  Sans vous laisser rebuter par les premières séquences, d’un symbolisme un peu trop appuyé (récupération par Johannes de l’anneau perdu par Robert), ne manquez pas ce grand film, interprété par trois comédiens remarquables, où les dialogues, certes imaginés, sont d’une parfaite crédibilité.  Au-delà de tout pieux cliché...  Et cela, dans des scènes admirables d’élégance et de pudeur – jusque dans l’extrême violence.  Générique final d’anthologie…  En supplément : bande-annonce, making-off (32’) & entretien avec Martina Gedeck (10’).

 

 

POUR LES PLUS JEUNES

Henri DÈS (Paroles & musiques de) : Olympia 2009.  Production Marie-Josée/Universal : 1DVD (301 802-1) + 1CD (301 801-9).

Merveilleux Henri Dès (www.henrides.net) qui réunissait dans un même enthousiasme, à l’Olympia en janvier 2009, ses premiers fans et leurs enfants.  Le CD comporte 17 nouveaux titres, plus un pot-pourri de 6 anciennes chansons que toute la salle reprenait de bon cœur.  Quant au DVD, il comporte - outre le même pot-pourri - 28 titres (dont 6 sketches).  Avec de plaisants bonus : un clip de la chanson L’eau, c’est de l’or, ainsi qu’un joyeux making-off intitulé Derrière le rideau.

 

Francis Gérimont

 

 

 


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S’ouvrant sur un éditorial de l’Inspecteur général de l’Éducation nationale, M. Vincent Maestracci, orientant de façon concise l’élève dans son travail, le supplément Baccalauréat 2010 de L’éducation musicale est d’une rare densité : pas moins de 148 pages d’analyses et références.

 

Indispensable aux professeurs d’Éducation musicale et aux élèves de Terminale qui préparent l’épreuve de spécialité « série L » ou l’épreuve facultative « Toutes séries générales et technologiques du baccalauréat », cette publication réunit les connaissances culturelles et techniques nécessaires à une préparation réussie.

 

À commander aux Éditions Beauchesne : 7, cité du Cardinal-Lemoine, 75005 Paris. Tél : 01 53 10 08 18.  Fax : 01 53 10 85 19.  s.desmoulins@leducation-musicale.com

 

 

Au Sommaire de notre n°563 (novembre/décembre 2009) :

Dossier « Révolutions et musique » : Problématiques/ Beethoven & le style classique/ Charles Koechlin, compositeur engagé/ L’espace musical chez Stockhausen & Xenakis/ Chansons de la Révolution, révolutions de la chanson.

Analyses : Apothéose de Lully de François Couperin/ Le Merle noir d’Olivier Messiaen.

Divers : CFMI de Lyon/ Allons danser/ La grille d’Hélène Jarry.

 

Dossiers déjà parus dans L'éducation musicale


Femmes compositrices (2)
n° 562

Musique et cinéma (2)
n° 561

Musique et cinéma (1)
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n° 557/558

Femmes compositrices (1)
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n° 553/554

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n° 551/552


Percussions
n° 549/550

Dossiers à paraître :

  • Révolutions et musique
  • Opéra, miroir d'avenir

 

 

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Si vous souhaitez promouvoir votre activité, votre programme éditorial ou votre saison musicale dans L’éducation musicale, dans notre Lettre d’information ou sur notre site Internet, n’hésitez pas à me contacter au 01 53 10 08 18 pour connaître les tarifs publicitaires.



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Ecla-Théâtre présente

Le médecin malgré lui

De Molière

Précédé d’un lever de rideau avec Jean-Baptiste

Un prologue de Christian Grau-Stef

Mise en scène de Sylvain Lemarié

Du 27 octobre au 30 décembre 2009 au Théâtre du Gymnase

 

 

 

 

 

Crédit photo Philippe Rocher

 

 

 

 

 

Le spectacle se compose en 3 parties :

1ere partie : Prologue  « Avant le lever »

2ème partie : « Lever de rideau avec Jean-Baptiste »

3ème partie : «  Le médecin malgré lui »

 

Les deux premières parties du spectacle : « avant le lever » et « lever de rideau avec Jean-Baptiste » sont en réalité la mise en scène des préparatifs des comédiens …Nous assistons à leurs habillages, maquillages, leurs tracs, à tout ce qui précède la vie d’un comédien avant d’entrer en scène.

Immersion totale dans le monde du théâtre, fascinant donc ! les enfants observent, un peu surpris, à ces scènes ludiques et joyeuses !

Puis, nous découvrons les inquiétudes du metteur en scène associées à celles de  ses comédiens.

Coup de théâtre ! Molière, lui-même, fait irruption, entraînant le spectateur dans un lointain passé, et Le médecin malgré lui peut commencer.

Nous découvrons une pièce menée avec talent par un Sganarelle endiablé, personnage créé pour railler les médecins de cette époque. Il est vrai que ceux-ci n’avaient pour remèdes que des saignées et des lavements !

 

Si vous souhaitez assister à cette représentation, vous pouvez adhérer à la compagnie Ecla-Théâtre* afin de pouvoir bénéficier de tarifs réduits.

La diversité des spectacles proposés est assez inédite : Molière, Goldoni, La Fontaine, Andersen et Grimm, Hoffmann sans oublier Prokofiev, Tchaïkovsky, Saint-Saëns et Lully !

 

*Comment adhérer à Ecla-Théâtre ?

En téléchargeant le bulletin d’adhésion sur Internet : www.ecla-theatre.com

Pour plus de renseignements, téléphonez au 01 42 72 00 33 ou 01 40 27 82 06.

Par mail : ecla.resa@orange.fr

 

 

 



Laëtitia Girard