www.leducation-musicale.com

novembre-décembre 2009
n° 563
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septembre-octobre 2009
n° 562
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Sommaire :
1. Edito
2. Informations générales
3. Varia
4. Manifestations et Concerts
5. Recensions de spectacles et concerts
6. Annonces de spectacles
7. L'Edition musicale
8. Bibliographie
9. CDs et DVDs
10. La vie de L’éducation musicale
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Pro
domo…
Le sage meurt de colère
(Confucius)
Quelle erreur n’est pas la tienne,
cher lecteur qui me soupçonnes de pessimisme, de cette « excuse des
salauds » selon Jean-Paul Sartre – ordinaire prétexte à tous les aquabonismes, à toutes les démissions !
Alors que je n’aurai eu de cesse de plaider en faveur de notre patrimoine
musical – seul possible tremplin vers l’avenir…
Comment être pour autant optimiste, dans un monde en proie
- chaque jour davantage – aux débordements des plus inimaginables vulgarités de
pensée et de comportements ? Optimisme qui ne serait d’ailleurs, si l’on
en croit le poète Heiner Müller, qu’« un manque
d’information » ; si ce n’est, pour Milan Kundera, « l’opium des
c…s »…
Une saine colère, voilà ce qu’il nous faut obstinément
cultiver ! Face à la florissante
démagogie de nos petits maîtres, aussi bien qu’à l’impuissance ricanante du
microcosme médiatique - servum pecus -, s’accommodant aujourd’hui des plus bouffonnes pasquinades…
Fût-ce contre toute vraisemblance, gardons foi en de
futurs égrégores, et persévérons ! L’espérance ne doit-elle pas rester
la plus forte ?
Francis B. Cousté

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BOEN n°41, du 5 novembre 2009. Concours général des
lycées, session 2010. Commune
aux classes de Première et aux Terminales, l’épreuve d’Éducation musicale se
déroulera le lundi 15 mars 2010.
Le Bulletin officiel de l’Éducation nationale est
librement consultable sur :
www.education.gouv.fr/pid285/le-bulletin-officiel.html
« Qu’est-ce que l’Histoire des arts ? » Document établi, pour l’académie
de Créteil, par Danielle Champigny, IA-IPR d’Histoire & géographie, et
Claude Desfray, IA-IPR d’Éducation musicale : http://hgc.ac-creteil.fr/spip/qu-est-ce-que-l-histoire-des-arts
Ingres : Le bain turc ©DR
Version
instrumentale officielle de l’Hymne européen. À découvrir sur le portail de
l’Union européenne : http://europa.eu/abc/symbols/anthem/index_fr.htm
©DR
« La voix dans la formation du musicien », Rencontres nationales de
Boulogne-sur-Mer (Université du Littoral), les 29, 30 et
31 janvier 2010
. Thématiques : La voix dans la construction
de la personnalité/ La voix dans la formation artistique/ La voix, quels
parcours de formation. Compositeur en résidence : Thierry Machuel
[notre photo]. Renseignements :
05 46 92
99 54
. www.artchoral.org
©DR
Le ministère de la
Culture et de la Communication nous ouvre enfin généreusement ses vantaux : www.histoiredesarts.culture.fr
… sur les jardins du
Palais Royal ©DR
« Figure
humaine »,
le très remarquable chœur que dirige Denis Rouger [notre photo] ouvre un nouveau
site : www.choeur-figure-humaine.com
©DR
2010 : Année
Chopin. Le
5 novembre 2009, une conférence de presse réunissait à Paris, rue de Valois,
Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication de la
République française, et son homologue polonais Bogdan Zdrojewski, ministre de
la Culture et du Patrimoine national. À la tribune, étaient également
présents : Alain Duault, commissaire général de l’Année Chopin en France,
et Waldemar Dąbrowski, président du Comité des célébrations Chopin 2010 en
Pologne. Outre d’innombrables concerts, devraient se succéder parutions
d’ouvrages, événements audiovisuels, expositions & colloques. Renseignements : www.chopin2010.pl
©Didier Plowy/MCC
Les cent musiciens [de
16 à 25 ans] de l’Orchestre français des jeunes se
réuniront, sous la direction de Kwamé Ryan, du 13 au
22
décembre 2009
,
au Grand Théâtre de Provence. Programme de travail : Metanoia (création) d’Oliver Rappoport,
Suite de West Side Story de Leonard
Bernstein, 2e Symphonie de
Sergei Rachmaninov. Renseignements :
01 56 40
49 45
. www.ofj.fr
« Une saison
russe » à l’Auditorium du Louvre. Du
5 décembre 2009
au
13
juin 2010
,
concerts & opéras filmés : Boris
Godounov de Moussorgski, Sadko de
Rimski-Korsakov, Rousslan et Lioudmila de Glinka, Prince Igor de Borodine, Le Coq d’or de Rimski-Korsakov, La Khovantchina de Moussorgski, Le vagabond enchanté de Chtchedrine, La Dame de pique de Tchaïkovski… Renseignements :
01 40 20 55 55
. www.louvre.fr/llv/auditorium/alaune.jsp?bmLocale=fr_FR
©Clive Barda
La XXIe saison du NEM (Nouvel Ensemble moderne), dir. Lorraine Vaillancourt [notre photo], propose en
2010, à Montréal (Canada), de tout nouveaux et riches programmes. Œuvres de :
György Kurtág (H), Philippe Leroux (F), Garant (Ca), Stockhausen (D), Harvey
(GB), Bouliane (Ca)… Renseignements : 200, avenue
Vincent-d’Indy, Montréal, QC H3C 3J7. www.lenem.ca
©Bertuch/Intrigmedia
La VIe édition du « Mondial Choral Loto-Québec » se déroulera du 17 au
27 juin 2010
, à Laval (Québec). Tous styles de répertoires
acceptés. Renseignements : www.mondialchoral.org
Chœur St-Onge ©Osa Image
« Avenue
Vincent-d’Indy »,
émission de la Faculté de musique de l’Université de Montréal, revient chaque
dimanche, à
13h30,
sur l’antenne de Radio Ville-Marie. Durée :
90’00. Écoutable en différé, sur : www.umontreal.ca (via « iTunes U »).
Université de
Montréal ©DR
Montréal : L’« Observatoire
international de la création & des cultures musicales », dir. Michel
Duchesneau, organise, le 12 février 2010, une Journée d’étude Peter Szendy [notre photo]. Renseignements : Faculté de musique, tél. : 514 343-6111. www.oiccm.umontreal.ca
©DR
Ensembles musicaux
de l’Université de Montréal : Orchestre (dir. Jean-François Rivest), Atelier
d’opéra (dir. Robin Wheeler), Chœur (dir. Raymond Perrin), Big Band (dir. Ron Di Lauro), Atelier de
musique contemporaine (dir. Lorraine Vaillancourt), Atelier de musique baroque (dir. Margaret Little). Renseignements : Faculté de
musique [notre photo] – 200, avenue Vincent-d’Indy, Montréal. Tél.
514 343-6427
. www.musique.umontreal.ca ou www.podioguide.umontreal.ca
©DR
Le Conseil européen
de la musique (EMC) a coordonné, de juillet 2006 à juin 2009, le projet ExTra ! (« Exchange Traditions »), en partenariat
avec l’Italie, la Belgique, la France, l’Autriche, l’Allemagne et la
Grèce. Son objectif était de favoriser l’échange des traditions musicales
européennes, en mettant l’accent sur les cultures minoritaires - notamment
celles issues des processus d’immigration. Documentation disponible sur : www.extra-project.eu
***
Haut
« Attachements », séminaire doctoral de recherche,
sera consacré, en 2010, à Claude
Lévi-Strauss & la tonalité, textes sur la méthode. Renseignements : Centre de sociologie de l’innovation – 60, bd Saint-Michel, Paris VIe.
Tél. :
01 40 51 91 91
. www.csi.ensmp.fr. antoine.hennion@ensmp.fr
Cl. Lévi-Strauss, 2005 ©DR
« Art de la scène, musiques
& danses actuelles », tel est le nom du département qui s’ouvrira, en
septembre 2010, au sein du Conservatoire à rayonnement régional (CRR) de
Paris. Coordination pédagogique : François Vion (francoisvion@gmail.com). Le
concours d’entrée se déroulera, du 14 au 18 décembre 2009, au « Centre
musical Fleury-Goutte d’Or/Barbara » (1, rue Fleury, Paris XVIIIe.
Tél. : 01 53 09 30 70). Renseignements : 14, rue de
Madrid, Paris VIIIe. Tél. : 01 44 70 64 23. www.crr-paris.fr
Bob Dylan : « If you think art has to have a
message to be good, you're getting it wrong » [Si vous pensez que l’art
doit être porteur d’un message, vous n’y comprenez rien].
Source : www.guardian.co.uk/artanddesign/jonathanjonesblog/2009/oct/29/art-meaning-bob-dylan
Bob Dylan, 1967 ©DR
François-Bernard Mâche : « Nous pourrions proposer
deux pôles pour définir la transversalité : le métissage, qui suppose
d’unir les disciplines de façon à définir un art nouveau (mais je n’y crois
guère, sauf peut-être dans le cas du cinéma), et - plus probante sans doute - la
métaphore, qui traite un ensemble de données comme si c’en était un
autre. » (Lettre de l’Académie des
Beaux-Arts, n°58, automne 2009)
En académicien ©DR
Musique &
Franc-maçonnerie.
Une visite virtuelle : www.museedelafrancmaconnerie.org
Tablier de
Voltaire, 1778
Guinness World
Record ! Le
25 octobre 2009
, pour fêter le 40e anniversaire de
Woodstock, quelque 3 000 guitaristes et autres ukulélistes auront joué, au
Sunday West Festival Concert du Golden Gate Park de San Francisco, Purple Haze de Jimi Hendrix. Source : San Francisco Chronicle
(www.sfgate.com/cgi-bin/article.cgi?f=/c/a/2009/10/26/BA371AAIPK.DTL).
©Brant Ward/The Chronicle
En Iran : réputés « satanistes »,
12 musiciens ont été arrêtés à Orumiyeh.
Source : www.freemuse.org/sw35761.asp
[Consulter également, en fin d’article, l’édifiant « Related reading ».]
©DR
Musical America 2010 Awards.
Musician of the year : Ricardo Muti.
Composer of the year : Louis
Andriessen. Instrumentalist of the year : Joshua Bell (violonist). Collaborative pianist of the
year : Warren Jones. Vocalist
of the year : Elīna Garanča [notre photo]. Renseignements : www.musicalamerica.com
©Felix Broede/DG
Michelle Obama organise, à la Maison Blanche,
des ateliers de musique classique. Ainsi, le premier week-end de novembre
2009, accueillait-elle le violoniste Joshua Bell, la guitariste Sharon Isbin
& 120 enfants venus de tous les États-Unis.
Renseignements : www.msnbc.msn.com/id/33628544/ns/entertainment-music
©Sean Gallup/Getty Images
Le grand organiste
André Marchal (1894-1980) aimait passer son temps libre au Pays basque. C’est son élève,
Denise Limonaire, organiste de Saint-Martin de Biarritz, qui créa à sa mémoire,
en 1991, le Concours international
d’orgue de la ville de Biarritz, lequel - tous les deux ans, durant une
semaine - se déroule sur les orgues de trois églises de la cité (Saint-Charles,
Sainte-Eugénie et Saint Martin). Organisé par Susan Landale, présidente
de l’Académie André-Marchal, assistée de Laurent Riboulet de Sabrac, organiste
titulaire des orgues de Biarritz, le IXe Concours se déroulait,
cette année, du 27 au 31 octobre 2009, avec 40 participants (dont
seulement 3 Français). Au jury, présidé par Gilbert Amy (F), se
trouvaient Michel Bourcier (F), André Isoir (F), Irena Chribkovà (CS) et Jack
Dmitchener (USA).
Miracle de la technique ! Sont
déjà en ligne les vidéos des lauréats :
http://www.youtube.com/watch?v=i3nUuYqckww
http://www.youtube.com/watch?v=BJohhtXo6pg
http://www.youtube.com/watch?v=IhfUdonvxGs
http://www.youtube.com/watch?v=cWKjdYqeIek
http://www.youtube.com/watch?v=gBoQb7MjBJ0
http://www.youtube.com/watch?v=ItsoLEyhDpA
http://www.youtube.com/watch?v=MO1RKfNkxr4
http://www.youtube.com/watch?v=4IUfjlDcymY
http://www.youtube.com/watch?v=cSgSuWkF5G4
http://www.youtube.com/watch?v=UdEVIQlvZng
http://www.youtube.com/watch?v=f8qu7gmxtPc
http://www.youtube.com/watch?v=fONr6q4XfB4
http://www.youtube.com/watch?v=6J6ENr3135w
http://www.youtube.com/watch?v=L0RN2FiXMRM
Orgue de
Saint-Martin,
Biarritz ©DR
Musique contemporaine
vietnamienne. Via Canal Académie, écoutez le très remarquable
trio Đai Lâm Linh : www.canalacademie.com/Dai-Lam-Linh-nouveau-chant-du.html
Linh Dung, Ngoc Đai, Than Lâm ©DR
Cami (1884-1958). « The greatest humorist in the world » disait Charlie Chaplin
de l’inoubliable auteur des Aventures de Loufock Holmès et d’À lire sous la douche…
À découvrir sur : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Henri_Cami
©éditions Kickshaws, Paris Cami (vers
1905)
La XXe édition de « Sons d’hiver », festival de musiques (réputées « actuelles ») se
déroulera, dans le Val-de-Marne, du 29 janvier au
20
février 2010
.
Renseignements :
01 46 87 31 31
. www.sonsdhiver.org
Mardi « Graves », XVIe Festival des
instruments graves, se déroulera, du
3 au 13 mars 2010, dans diverses villes du sud de la France (Agde, Montpellier,
Saint-Jean-de-Védas, Lavérune, Perpignan, Béziers, Carcassonne), aussi bien que
dans la province de Girona (Espagne). Concerts, classe de maître, stage.
Renseignements :
06 72 32
92 92
. http://mardigraves.free.fr/textes/2010/index.html
Carré de basses
devant l’octobasse de Nicola Moneta ©DR
***

Haut
Orchestre national
de Lille. Dans
le cadre de ses « Répétitions ouvertes au Jeune public », l’ONL donnera
- sous la direction de Michael Stern avec, en soliste, la violoniste japonaise Akiko
Suwanai [notre photo] - des œuvres de Debussy, Dutilleux et Rachmaninov. Mercredi
9 décembre,
9h15,
à Lille/Nouveau Siècle. Durée : 1h15’
environ. Entrée libre (sur inscriptions).
Renseignements :
03 20 12 82 40
. www.onlille.com
©ONB
« Diriger la
création ». Au cours de cette rencontre-débat
organisée, le
10 décembre 2009
, par le Centre de documentation
de la musique contemporaine (CDMC), seront abordés les thèmes suivants :
Comment enseigner la direction ? Spécificités des musiques d’hier &
d’aujourd’hui. Direction d’un ensemble, d’un orchestre. Quelle
notation pour une direction efficace. Gestique & geste musical.
Les musiciens face au chef. Avec notamment : Pierre-André Valade,
Jean Deroyer, Jean-Marie Cottet et Pierre Dutrieu. Modérateur : Philippe
Hurel. Entrée libre (sur réservations au :
01 47 15
49 86
).
Renseignements : 16, place de la Fontaine-aux-Lions, Paris XIXe. www.cdmc.asso.fr ou www.musiquecontemporaine.fr
« Cantabile »
au Ranelagh. Le
mardi
15 décembre 2009
, à
20h30,
dans le merveilleux écrin du
Théâtre du Ranelagh (originellement Salon de musique du fermier-général
Jean-Joseph Le Riche de La Pouplinière : « Mihi amicisque meis », 1755), sera une nouvelle fois commenté
un concert d’œuvres romantiques.
Renseignements : 5, rue des
Vignes, Paris XVIe. Tél. :
01 42 88 64 44
. www.theatre-ranelagh.com
« Glossopoeia » [spectacle pour 3 danseuses, 4
musiciens, vidéo & électronique, commande de l’Ircam au compositeur
espagnol Alberto Posadas et au chorégraphe & performer américain Richard
Siegal] sera créé les 16, 17 et
18 décembre 2009
, à
20h00,
à Paris, en la Grande salle du
Centre Pompidou. Solistes de l’Ensemble intercontemporain.
Renseignements :
01 44 78 12 33
. www.centrepompidou.fr
Le conte musical
« La Petite Sirène », d’après Peer Gynt (Heinrik Ibsen & Edvard Grieg), sera donné à l’Opéra national de Lyon, les
16, 17, 18 et
19 décembre 2009
. Transcription pour
quintette à vent avec harpe : Fabrice Pierre. Narratrice :
Natalie Dessay. Ensemble Agora / Compagnie des Lumas. À partir
de 5 ans (durée : 60’ environ).
Renseignements :
0826 305 325
. www.opera-lyon.com
« Tout Mahler
par Gatti ».
Le jeudi
17 décembre 2009
, à
20h,
l’Orchestre national de France,
dir. Daniele Gatti [notre photo], donnera, au Théâtre du Châtelet, à
Paris : Des Knaben Wunderhorn (extraits) et la 1re Symphonie dite « Titan ».
Avec le baryton Matthias Goerne.
Renseignements :
01 56 40
15 16
. www.concerts.radiofrance.fr
©DR
« Fortunio », comédie lyrique
d’André Messager, sur un livret de Gaston Arman de Caillavet & Robert de
Flers (d’après Le Chandelier d’Alfred
de Musset), sera donné à Paris, salle Favart, les 10, 12, 14, 16 et 18 décembre
(à 20h) et le 20 décembre (à 15h). Chœur Les Éléments, Orchestre de
Paris, dir. Louis Langrée. Mise en scène : Denis Podalydès.
Décors : Éric Ruf. Costumes : Christian Lacroix.
Renseignements : Opéra-Comique - place Boïeldieu, Paris IIe. Tél. :
01 42 44
45 47
. www.opera-comique.com
« Au Temps des
Croisades », opéra-bouffe
de Claude Terrasse [notre photo], livret de Franc-Nohain, sera donné à l’Athénée-Théâtre
Louis-Jouvet (square de l’Opéra / 7, rue Boudreau, Paris IXe), du
17 décembre 2009 au 3 janvier 2010. Compagnie Les
Brigands. Direction musicale : Philippe Grapperon.
Régie : Philippe Nicolle. Renseignements :
01 53 05
19 19
. www.athenee-theatre.com
©DR
« Julie », opéra de chambre en un acte, de
Philippe Boesmans, sur un livret de Luc Bondy & Marie-Louise Bischofberger
(d’après Mademoiselle Julie d’August
Strindberg) sera donné, du 8 au
13 janvier 2010
, à l’Athénée/Théâtre
Louis-Jouvet. Avec Carolina Bruck-Santos (Julie), Alexander Knop (Jean)
& Agnieszka Slawinska (Christine). Ensemble Musiques nouvelles,
dir. Jean-Paul Dessy. Régie : Matthew Jocelyn. Renseignements : square de l’Opéra Louis-Jouvet (7, rue Boudreau), Paris IXe.
Tél. :
01 53 05 19 19
. www.athenee-theatre.com
Luc Bondy & Philippe Boesmans ©Herman Ricour
L’exposition
« Chopin à Paris, l’atelier du compositeur » se tiendra, du 9 mars au
6 juin 2010
, à la Cité de la musique. Exploration de l’univers
artistique du musicien à partir de manuscrits & éditions rares conservés à
la BnF. Mise en regard d’estampes, tableaux, correspondances &
instruments, issus des collections du Musée de la musique, de prêteurs publics
& privés (Bibliothèque polonaise de Paris, musées Carnavalet & du
Louvre, château de Versailles, Royal Academy of Music de Londres, etc.).
Parcours jalonné d’enregistrements mémorables (Cortot, Horowitz, Lipati,
François, Pollini, Planès…). Extraits de films (Renoir, Bergman,
Zulawski…). Seront également donnés de nombreux concerts, le plus souvent
sur des pianos joués par Chopin. Renseignements :
01 44 84
44 84
. www.citedelamusique.fr
« Multiphonies
GRM 09/10 », 32e saison de création musicale. Pour le 100e anniversaire de la naissance de Pierre Schaeffer [notre photo], la série Akousma est programmée les 5 et
6 décembre 2009
, le
9 janvier 2010
, les 27 et
28 février 2010
, en la salle Olivier Messiaen de la Maison de la
Radio (116, avenue du Président-Kennedy, Paris XVIe). Est
ensuite programmée la série Présences/Électronique,
les 26, 27 et
28 mars 2010
, au Cent-Quatre (104, rue
d’Aubervilliers, Paris XIXe). Entrée libre. Renseignements :
01 56 40 29 88
. www.ina-grm.com
Service de la
Recherche, 1952 ©DR
Musique classique au
bordel… Dans un
louable effort pour amener la musique classique « hors des salles de concert, là où se trouvent les gens », six
musiciens & une cantatrice du Forum pour la musique contemporaine de
Leipzig [FZML] donnent, tous les vendredis, en l’Eros Center de leur bonne
ville, des concerts de « musique licencieuse & érotique ». Programme
du
20 novembre 2009
: Le flirt (Erik Satie), Seven
erotics songs, pour mezzo-soprano & piano (Dirk D’Ase), Rhythm Strip, pour deux petits tambours
(Askell Masson). Concerts auxquels sont naturellement conviés
professionnel(le)s du sexe et leur clientèle. Tout cela, en guise
d’heureux prolégomènes au Festival « Sex.Macht.Musik » (http://sexmachtmusik.de) qui se déroule
actuellement au Centraltheater & Skala de Leipzig.
Renseignements : www.mca.org.au/mwn_story_e.php?7278
Prostitute brothel ©Getty Images
Le 30e Festival « Jazz à Vienne » se déroulera du 25 juin au
9
juillet 2010
.
Renseignements : 21, rue des Célestes, F-38200 Vienne. Tél. :
04 74 78
87 87
. www.jazzavienne.com
Francis Cousté
Haut
Erich
Wolfgang KORNGOLD : Die tote Stadt [La Ville Morte]. Opéra en trois tableaux.
Livret de Paul Schott, d’après Le Mirage de Georges Rodenbach, pièce adaptée du roman Bruges-la-Morte du même auteur.
E.W. Korngold ©DR
Enfin ressuscitée par Nicolas Joel à l’Opéra Bastille, Die tote Stadt est une incontestable réussite, tant du point de vue musical que
théâtral. Opéra qui eut le privilège d’une double création, à Cologne, le
4 décembre 1920, sous la direction d’Otto Klemperer, et à Hambourg, sous celle
d’Egon Pollak, avant d’être donné à Vienne le 10 janvier 1921, puis à New York
au Met, la même année. Korngold (1897-1957), enfant prodige reconnu par
Mahler, élève de Zemlinsky, signe ici sa plus grande réussite opératique - dans
le contexte d’une Vienne finissante, apocalypse joyeuse des dernières années de
l’empire des Habsbourg - avant de s’exiler aux États-Unis, pour se consacrer, à
Hollywood, à la musique de film. En France, il fallut attendre 2001 pour
entendre l’œuvre, dans sa version scénique, à Strasbourg, puis au Châtelet à
Paris.
© Bern Uhlig/Opéra national de
Paris
Cette nouvelle production de l’Opéra de Paris associe avec
bonheur une musique aux accents wagnéro-straussiens, une interprétation
irréprochable, vocale et orchestrale, et une mise en scène expressionniste,
apportant un éclairage intelligent au service du livret. Bien que tournée
vers un post-romantisme qui sera bientôt passé de mode, la partition
instrumentale fait preuve d’originalité dans la virtuosité de l’orchestration,
un langage harmonique à la limite de la tonalité, une exubérance rythmique
faite d’impressionnantes ruptures, bien rendue par l’Orchestre de l’Opéra de
Paris sous la baguette exigeante de Pinchas Steinberg. L’interprétation
vocale est à la hauteur de la partition, Ricarda Merbeth, soprano puissante,
lumineuse, à la voix claire sans vibrato, aux aigus généreux, s’associe au
timbre sublime du ténor américain Robert Dean Smith et au merveilleux legato du
baryton Stéphane Degout.
©Bern Uhlig/Opéra national de
Paris
La mise en scène de Willy Decker met en relief le livret,
par le jeu de scènes multiples reflétant la dimension onirique de l’œuvre,
renforcée par un bel éclairage et une scénographie de qualité. Bref, une
indiscutable réussite qui signe probablement le début d’une nouvelle ère à l’Opéra
Bastille…
Gaetano
DONIZETTI : Don Pasquale. Orchestre Giovanile Luigi Cherubini, dir. Riccardo Muti. Nicola
Alaimo, Laura Giordano, Mario Cassi, Francisco Gatell,
Lucca
d’All Amico. Chœur du Theatro de Piacenza. Version de concert.
Riccardo Muti [notre photo], à la tête de son orchestre
des Jeunes Luigi Cherubini, fondé en 2004, était à l’affiche du Théâtre des
Champs-Élysées, le 9 novembre, pour une représentation en version de concert du
dernier opéra de Donizetti.
©Andrea Tamoni/Scala
Toute critique serait superflue, voire malveillante, concernant
la direction du maestro, dans cet opéra déjà enregistré par lui en 1988 pour le
label EMI, irréprochable d’élégance, prenant part au jeu des acteurs, dirigeant
avec précision ses jeunes musiciens talentueux. Bref, l’humeur était
joyeuse ce soir-là, d’autant que la prestation vocale et scénique était de
toute première qualité. Nicola Alaimo, irrésistible en mari bafoué, donnait
au rôle de Don Pasquale tout son relief, par la drôlerie de son jeu et la
beauté de son timbre ; Laura Giordano campait une Norina bien faite,
espiègle et moqueuse, sa voix remarquable de facilité semblait parfaitement
adaptée au répertoire belcantiste comme celle de Mario Cassi dans le rôle de
Malatesta. Seul le ténor, Francisco Gatell, ne prenait guère part à la
fête, par sa voix timide et son jeu étriqué. Mais, ne soyons pas
grincheux et ne boudons pas notre plaisir… Encore une fois, bravo !
Soirée russe à la Salle Pleyel. Russian National Orchestra, dir. Mikhail
Pletnev. Nicolaï Lugansky, piano.
Mikhail Pletnev [notre photo], pianiste, chef d’orchestre
et compositeur, à la tête de son Orchestre national de Russie, première
formation privée et indépendante en Russie, nous proposait le samedi 31
octobre, Salle Pleyel, un programme russe associant le Prélude de Glazounov, le 1er Concerto
pour piano de Rachmaninov et la 15e Symphonie de Chostakovitch.
©Roman Goncharov/RNO
Le Prélude de
Glazounov - partie initiale de la Suite
du Moyen Âge, œuvre à programme en quatre mouvements écrite en 1902 -
permettait à l’orchestre de faire montre de souplesse et d’expressivité, en
faisant alterner le déferlement inquiétant et impérieux des cordes simulant la
tempête et le lyrisme passionné d’un duo d’amour, dans une longue mélodie
éthérée. Le 1er Concerto de Rachmaninov - œuvre de jeunesse écrite en 1890, permettant d’apprécier les
qualités du jeune compositeur, associant don mélodique, équilibre et maîtrise
de l’écriture pour clavier - était ici l’occasion de mettre en avant toute la
complicité de l’orchestre et de son chef avec, en soliste, un Nicolaï Lugansky
[notre photo] au jeu brillant, virtuose, mais pas seulement :
interprétation toute de clarté, finesse et délié.
…à Moscou, le 7 mai 1986 ©DR
Enfin la 15e Symphonie,
chant d’adieu de Chostakovitch, écrite en 1971 - à la fois sereine et
méditative, presque joyeuse par instants, usant de leitmotive empruntés à
Rossini ou à Wagner - permettait d’apprécier la précision et l’intelligence de
la direction de Mikhail Pletnev, ainsi que la magnifique sonorité de son jeune
orchestre, fondé en 1990. Une bien belle soirée…
Un Tristan incandescent au Théâtre des
Champs-Élysées. Mahler Chamber Orchestra, dir. Daniel Harding. Version de concert (avec les préludes de l’Acte I et de
l’Acte II (en intégralité). Waltraud Meier, John Mac Master,
Michelle Breedt, Franz-Josef Selig, Michael Vier.
Daniel Harding, chef d’orchestre britannique [notre
photo], avait choisi de confronter son jeune orchestre, fondé en 1997, à l’un
des monuments de la musique lyrique occidentale Tristan und Isolde de Richard Wagner. Aidé par une
distribution de qualité, il a, avec brio, réussi son pari au cours de deux
soirées (5 et 7 novembre) au Théâtre des Champs-Élysées. Dès les
premières mesures du Prélude, le ton était donné, révélant la cohésion, la
magnifique sonorité et la charge expressive de l’orchestre, tout en nuances,
sous la baguette précise de son chef.
©Simon Fowler/Virgin
La prestation vocale était au niveau de l’interprétation
orchestrale, dominée par l’irremplaçable Waltraud Meier en Isolde, à la voix
irréprochable dans ce rôle, à la présence scénique affirmée. John Mac
Master, ténor canadien, peu habitué au rôle de Tristan, révélait ses limites
dans l’Hymne à la nuit, manquant de puissance pour faire face aux tutti de
l’orchestre, mais nous laissant apprécier la beauté de son timbre lors du duo
d’amour, notamment dans le registre médium. La basse, Franz-Josef Selig,
habitué de ce répertoire, donnait au roi Marke toute la franchise et la générosité
nécessaires, par la chaleur de sa voix et la douceur de son legato. Michelle
Breedt, en Brangäne, et Michael Vier, en Mélot, complétaient avec bonheur la
distribution. Une prestation parfaitement réussie.
Récital de
Waltraud Meier, Salle Pleyel.
Waltraud Meier [notre photo] est décidément
incontournable. Après avoir incarné Marie dans Wozzeck à l’Opéra Bastille, Isolde dans le deuxième acte de Tristan au Théâtre des Champs-Élysées,
la voici Salle Pleyel, dans le cycle « Grandes Voix », pour un
récital comportant des Lieder de Schubert, Wagner et R. Strauss. Ici
accompagnée par le jeune pianiste Joseph Breini, c’est une nouvelle occasion
d’apprécier sa voix d’exception, la beauté de son timbre, l’ampleur de sa voix,
l’étendue des différents registres, ses aigus limpides et puissants, la
profondeur de ses graves, sans oublier sa formidable présence scénique,
irradiant puissance et douceur. Dans Schubert, son interprétation
culminera avec une Marguerite au rouet envoûtante et un Roi des Aulnes d’une
grande tension dramatique ; suivaient les Wesendonk-Lieder de Wagner, dans la version originale avec piano,
où l’on reconnaît sans peine les accents de Tristan,
et les Quatre derniers Lieder de
Strauss, parfaitement adaptés à la tessiture étendue de la mezzo-soprano.
Seule ombre au tableau : des tempi parfois exagérément lents et le manque
d’ampleur du son d’un piano que l’on aurait parfois souhaité plus
« orchestral ».
©Wilfried Hösl
Salle
Pleyel : Orchestre de Paris, dir. Paavo Jarvi. Janine Jansen,
violon.
À la tête de l’Orchestre de Paris, dont il assurera la
direction dès septembre 2010, Paavo Järvi [notre photo] dirigeait, en première
partie, le Concerto pour violon de
Beethoven et, en seconde partie, les Jeux
d’enfants et la Symphonie en ut majeur de Bizet. Jouant le fameux
Stradivarius « Barrere » (de 1727), Janine Jansen nous a gratifié
d’une magnifique interprétation du Concerto,
toute en finesse de toucher, virtuosité, intuition et intelligence, associant technique
sans faille à la plus grande sensibilité, notamment dans le Larghetto central
au lyrisme poignant. Les Jeux
d’enfants, exercices de style pour orchestre, et la Symphonie en ut majeur,
œuvre de jeunesse, claire et expressive, ont permis à Paavo Jarvi et à
l’orchestre de faire montre d’une grande complicité et d’un évident plaisir de
jouer. De belles soirées en perspective !
©Sheila Rock
Patrice Imbaud
***
La Ville Morte à l'Opéra Bastille.
Ce qui passe pour le chef-d'œuvre d’Erich Korngold, La Ville Morte, entre au répertoire de l'Opéra de Paris ; de façon éclatante. Inspiré de la pièce du poète belge Georges Rodenbach, Le
Mirage, elle-même tirée de son roman Bruges-la-morte, l'opéra traite un sujet symboliste : un homme, Paul, enfermé dans le souvenir de son épouse disparue dont il
conserve la chevelure telle une relique et s'absorbe dans la contemplation du
portrait, est soudain confronté à l'irruption d'une inconnue, l'actrice
Marietta, d'une confondante ressemblance avec elle. Séduction-répulsion, Paul vit entre rêve et réalité, apparence et idée
fixe, dans le mirage de la réincarnation de la femme
défunte, l'image de Mariette et de Marie se confondant peu à peu, notamment
lors du rêve dans lequel l'épouse lui rappelle sa fidélité. Pour garder intact le souvenir de Marie, il étranglera finalement
l'intruse qui s'était emparée de la chevelure vénérée, et brisera là son rêve. Car Korngold, réinterprétant Rodenbach, ne voit dans ce meurtre
que le fruit d'une hallucination.
©Bernd Uhlig/Opéra national de
Paris
La mise en scène de Willy Decker insiste justement sur la fusion entre
rêve et réalité. Conçue à l'origine pour le Festival de Salzbourg,
puis présentée à l'Opéra de Vienne, elle a été retravaillée et trouve son vrai
aboutissement sur la vaste scène de l'Opéra Bastille. À mi-chemin entre transposition et illustration, elle décrypte le sens
profond d'une pièce où tout fonctionne à travers le prisme du symbole, jeu
d'acteurs allusif, décor se métamorphosant au fil de l'action, éclairages
suggestifs. Elle se focalise sur le conflit
intérieur d'un homme habité par la vision obsessionnelle du retour de l'aimée. Un habile dédoublement de l'espace permet l'illusion, par effet de miroir ou de théâtre sur le théâtre, alors que les comédiens de la troupe de Marietta vêtus de blanc
interprètent, façon revue, la scène de la résurrection de
l'opéra Robert le diable, ou que progresse une procession surréaliste,
évocation libre de la dévotion
du personnage de Paul. Omniprésent, le portrait de la femme aimée sera tour à tour démultiplié
ou figuré en gros plan,
barrant le fond de scène. Korngold a écrit une musique
d'une luxuriance toute straussienne. L'orchestration en est extrêmement diversifiée, contrastant l'opulence avec les passages intimistes, les textures compactes avec le lyrisme diaphane ; sans oublier les sonorités de
cloches, allusion à cette ville de Bruges imaginée. Le matériau sonore paraît hétérogène. Pourtant il règne, tout au long de l'opéra, une unité foncière de climat que souligne la direction très inspirée
de Pinchas Steinberg. L'Orchestre de l'Opéra se montre brillant, même
si par moment la générosité sonore en vient à concurrencer les chanteurs. Mais ceux-ci sont solides. Robert Dean Smith tire de ses capacités wagnériennes l'énergie requise pour le rôle
écrasant de Paul, bardé de quintes aiguës soutenues et exigeant des talents d'acteur certains. Ricarda Merbeth incarne le double personnage de Marietta/Marie avec un aplomb
dramatique et vocal qui s'enflamme au fil de la soirée et atteint
l'incandescence dans la scène qui oppose l'actrice à l'homme bafoué dans ce qui
lui est cher. Et que dire de Stéphane Degout dans le double
rôle de Frank/Fritz, si ce n'est qu'il est éclatant de vocalité et d'aisance.
©Bernd Uhlig/Opéra national de
Paris
La belle Susanna de Haendel revit grâce à William Christie.
Pour marquer le début des festivités destinées à commémorer le 30e anniversaire des Arts
Florissants, la salle Pleyel
a fait les choses en grand : présence du ministre de la Culture et de pas moins de deux
ambassadeurs, discours ému de son directeur en hommage au fondateur et âme de
l'ensemble, William Christie [notre photo]. Et surtout une exécution mémorable d'un des plus beaux oratorios de
Haendel, Susanna, enregistré live pour paraître prochainement en CD chez Virgin. Composé en 1748, juste après Solomon, Susanna en diffère sensiblement quant au climat et à l'agencement des arias. Toujours cet art du Saxon de contraster ses compositions : pas de grandiose ici, mais une peinture bucolique
et, à certains égards, frôlant la scène réaliste. Le
sujet traite du destin de la belle Suzanne qui, durant l'absence de son époux Joachim, se voit courtisée par deux
vieillards ridicules, puis accusée d'adultère par l'un eux et, enfin, rendue à son innocence. Le sujet de Suzanne au bain, épiée par les deux
vieillards, a inspiré les peintres - et on peut contempler la
toile de Véronèse dans l'exposition « Rivalités
à Venise » actuellement au Louvre. En maître de la peinture des sentiments et des situations, Haendel a écrit un drame musical très proche de l'opéra, en particulier lors
des tableaux de genre que constituent les interventions des vieillards, ou de
ceux évoquant les bruits de la
nature. Un sentiment d’intense poésie émane de l'effet imitatif. Tel
un des airs de Susanna qui évoque le murmure de l'onde s'écoulant de la
fontaine. Les chœurs assument un rôle important, en ce qu'ils commentent les événements à la manière d'un chœur antique, autant qu'ils agissent en protagonistes de l'action. L'admirable exécution de William Christie est dans
la lignée de ses succès opératiques haendéliens à Glyndebourne, dans Rodelinda ou Jules César. On
est, comme toujours, séduit par l'élégance du
geste musical qui s'exprime sur le podium par une direction svelte, quasi
dansante par instant, dessinant la phrase d'une main gauche combien expressive,
ou enveloppant tel trait d'un vaste mouvement chaloupé. La chaude sonorité des Arts Florissants, d'une extrême fluidité, est
tour à tour d'une infinie douceur ou d'une ferme articulation. Admirables aussi, les chœurs délivrent un chant à la fois vivace et d'une extrême clarté, comme dans la fin du Ier acte. Malgré deux défections de dernière minute, la distribution est digne
d'éloges. Si Sophie Karthäuser, Susanna, n'a pas une voix
large, du moins l'utilise-t-elle avec délicatesse et pour des nuances exquises. Son interprétation s'accorde parfaitement avec la vision chambriste
adoptée par le chef.
Le jeune contre-ténor
canadien David Dong
Qyu Lee se montre à la hauteur
du challenge et délivre des arias d'une grande intensité. Les deux vieillards, William Burden et Alan Ewing, sont des compères plus comiques que réellement dangereux. La soprano Emmanuelle de Negri, dans la double incarnation de la
servante et de Daniel, fait montre d'une belle vaillance. Le succès public est, à juste titre, considérable. Il sera prolongé par Christie qui, en guise de discours en réponse ou de bis, gratifie l'auditoire d'une deuxième « prise » du duo final. Où la réalité rejoint la fiction du disque.
©Julien
Mignot
Reprise de Salomé à l'Opéra Bastille.
Le premier intérêt de la reprise de Salomé réside dans la direction musicale. Alain Altinoglu [notre
photo] démontre avec sûreté ce que
l'orchestration complexe de Richard Strauss a de luxuriant mais aussi
d'opalescent. Un remarquable travail sur les instruments à
vents en souligne l'originalité, telle la transition entre la fin du premier
monologue de Salomé et l'arrivée du couple Hérode-Hérodias. Le registre pianissimo prend une force évocatrice vraie et les
déchaînements sonores ne sacrifient jamais à la brusquerie gratuite. Surtout, l'orchestre ne couvre pas les voix. L'Orchestre de l'Opéra se montre, dans ces conditions, particulièrement inspiré : cordes lustrées, bois raffinés, cuivres de belle
rondeur, percussions incisives.
©DR
La distribution réserve des bonheurs mélangés. Camilla Nylund possède le physique de la jeune et belle princesse de
Judée, et la voix claire et articulée de ce rôle éprouvant. La vaillance est au rendez-vous,
notamment lors de la scène finale, alors qu'elle a assuré elle-même la danse
des sept voiles - au demeurant plus mimée que réellement chorégraphiée. L'évolution psychologique est conçue avec doigté, même s'il manque
l'ultime frisson qui doit parcourir ce chemin d'audace non contenue. Vincent Le Texier a, certes, l'autorité qui sied à Jochanaan, alors que la régie ne l'autorise pas à quitter un enclos en
forme de cage. Et la voix peut se révéler impressionnante, dès
lors qu'il n'est plus confiné à chanter en coulisses, comme durant les
premières interventions. Mais l'émission est dangereusement gênée dans les
passages aigus et les puissants accords fortissimos dont Strauss ponctuent les
imprécations du personnage. Thomas Moser et Julia Juon, s'ils évitent de tirer vers
la parodie le couple
des parents de l'héroïne, pèchent par réserve. Leur caractérisation
s'en tient au sommaire (Hérode) et au convenu (Hérodias). Ce
manque d'impact, on le doit sans doute à la moindre acuité de la
mise en scène conçue par Lev Dodin, dont on a le sentiment que l'intensité
s'est émoussée au fil des diverses prises de rôle. Du moins
ne cherche-t-elle pas à réinterpréter ce qui est parfaitement clair dans le texte,
et ménage la progression d'une action en forme d'irrépressible crescendo. Elle réserve
plus d'un trait pénétrant : le frôlement par Salomé de la cage où est enfermé Jochanaan, devant laquelle elle se tapira ensuite ; le jeu en miroir des deux protagonistes : lui, ouvrant les bras pour accueillir une enfant qu'il
voudrait repentante, elle, tendant les mains en avant pour tenter de séduire
ce qui est désormais objet de
désir ; de
même, l'ultime séquence de la danse qui voit Salomé lâcher le dernier voile aux
pieds même du prophète. La discussion des cinq juifs évoque finement quelque chamaillerie hystérique ; elle est vocalement très au point. Même si le vaste plateau ne préserve pas toujours l'intimité qui
habite plus d'un moment clé, l'atmosphère nocturne procède d'une décoration
dépouillée et d'éclairages très étudiés (Jean Kalman),
comme l'évocation orientale d'une dominante jaune soutenu plastiquement réussie.
©Frédérique Toulet/Opéra national
de Paris
Medea à l'Opéra de Lorraine.
Alors que le mythe trouve son origine chez Euripide, mais
est traité aussi par Corneille, Médée (1797) a inspiré à Luigi Cherubini un opéra d'une force
tragique peu commune. Cet Italien qui se fixa à Paris et assimila adroitement le style
français, a créé un personnage qui, pour puiser à la tragédie grecque, n’en annonce pas moins les héroïnes du grand opéra du XIXe siècle. En particulier pour ce qui est du
gabarit vocal, d'une éprouvante tension, comme de la présence scénique, d'une
impressionnante grandeur. On comprend que Maria Callas s'en soit emparée naguère, qui
l'immortalisa à la scène pour, plus tard, aller jusqu'à l'incarner à l'écran. Même à l'opéra on rencontre rarement
une telle figure hors norme, à la fois humaine et inhumaine, imprévisible et
calculatrice. Intransigeance, ruse, séduction, puissance vengeresse, délire morbide, Médée use de
tous les affects et artifices. Meurtrière, elle en vient à transgresser jusqu'à son image
de mère. La production de Yannis Kokkos, qui signe mise en scène, décors et costumes, naguère
présentée au Capitole de Toulouse, n'a rien perdu de sa force [notre photo]. Le sens de la solennité, l'art de construire les groupes,
l'animation des affrontements sans merci jalonnant l'action distinguent une
régie d'un grand hiératisme qui joue les contrastes au cœur de cet épitomé de mythologie
grecque ; plus proche peut-être ici de la tragédie de Racine que de la
vision cornélienne. Une décoration dépouillée joue sur l'opposition du noir et du
blanc, rehaussée de la dorure de quelques éléments symboliques. De savants éclairages (Patrice
Trottier) en expriment
la métaphore dramatique. Chiara Taigi fait sien le rôle terriblement exigeant de Medea,
semé de vertigineux écarts entre un registre grave impressionnant et des aigus
puissants. L'expression tragique sait ne pas se
borner à la généralisation comme sombrer dans le grandiloquent. Pour monstrueux qu'il soit, le personnage garde le sens du beau car, malgré tout, cette femme conserve une part d'humanité. La dialectique entre passion et
raison, amour et cruauté transfigure ce qui est un immense face-à-face avec soi-même. Au dernier acte, alors que Medea est
seule à affronter les affres de la décision de sacrifier ses enfants,
l'interprète atteint la pure dimension de tragédienne. Un beau timbre grave bien conduit
signale la Néris de Svetlana Lifar, une des rares personnes à accompagner de
compassion le voyage vers l'enfer de l'héroïne. Même si on l'eût aimé plus inspiré,
Paolo Olmi dirige un orchestre souvent ardent, à la tonalité sombre. Et on admire la belle tenue des
préludes dont celui du IIIe acte qui, d'un climat de désolation, bascule en une tempétueuse coulée, à l'aune des sentiments
contradictoires qui agitent Médée.
©Patrice Nin
Pierre Boulez et Maurizio Pollini réunis à Pleyel.
Dans le cadre de la série Pollini Perspectives, le pianiste italien avait cette fois convoqué son ami Pierre Boulez
et l'Orchestra Filarmonica della Scala dans un programme Bartók. Conçu par le chef d'orchestre autour du 2e Concerto pour piano, celui-ci donne une idée assez juste de la pensée
musicale du compositeur hongrois. Ce concerto est peut-être le plus brillant des trois que Bartók ait écrit. On y admire une virtuosité étourdissante que
Pollini asservit avec son exigeance coutumière, cet airain infaillible dont il
livre la coulée rugissante. Le
thème déclamatoire qui ouvre le premier mouvement, sur une fanfare joyeuse, imprime à la pièce son climat car il revient en
boucle sous des formes variées, tant au piano qu'à l'orchestre, tout au long de ce mouvement et, en fin de morceau, par effet de miroir. L'adagio central dont le pianiste souligne le caractère génial, évoque une
atmosphère presque lunaire sur un lit
des cordes ppp ; alors qu'un trio central, marqué presto, forme une turbulente diversion. Le dialogue récurrent du clavier avec les percussions, un des traits
si originaux du musicien,
conjugué à une rythmique obsédante
contribue à maintenir une tension qui ne se relâche pas. Il est fascinant de voir à l'œuvre ces
deux géants que sont Pollini et Boulez, si concentrés, le chef apparemment
serein, le soliste taraudé par une sorte d'agitation intérieure qui semble même
ne pas s'estomper lors des saluts. Encadrant cette exécution mémorable, Boulez a réuni deux œuvres orchestrales de climats bien différents. Les Quatre Pièces op. 12,
qui appartiennent à la première manière du compositeur, réclament une formation
de vastes proportions. L'orchestration est somptueuse, créant
une alchimie sonore rutilante que Boulez déploie tour à tour mystérieuse ou incantatoire, lyrique ou
emportée, évoquant alors l'univers de Stravinsky. Avec lui, les accents incisifs n'ont rien d'agressif. Dans le ballet-pantomime Le Mandarin merveilleux joué dans sa version intégrale, le grotesque fait bon ménage avec le
tragique. La faconde rythmique y est on
ne peut plus tendue, et mille couleurs explosent d'un orchestre luxuriant. La vision qu'en donne Boulez atteint une sorte d'incandescence et les
grands climats prennent une dimension tellurique. L'extraordinaire économie de moyens dans la gestuelle du chef français
a quelque chose d'étonnant, puisant à une sorte d'évidence du texte. On admire aussi le formidable travail accompli par l'Orchestre de la
Scala. Fondé par Claudio Abbado en 1982, l'orchestre, outre sa participation à la saison d'opéra et de ballet du théâtre milanais, propose chaque année une série de concerts symphoniques
réunissant les grandes baguettes du moment, dont celle de Daniel Barenboim qui
fait figure de directeur musical. Le
niveau atteint est impressionnant quant à la clarté des attaques, la cohésion
d'ensemble et le
fini instrumental ; alors même que les difficultés techniques accumulées dans les compositions de Bartók sont tout simplement redoutables. Mais, peut-être, cette phalange tient-elle de sa longue pratique
de l'art vocal, une facilité à écouter l'autre, une souplesse et une malléabilité qui font florès ici. Glorieux moments de musique !
Jean-Pierre Robert
***
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Un nouveau Werther à l'Opéra de Paris
Un an à peine après celle de
Jürgen Rose, Werther revient dans une nouvelle
production à l'affiche de l'Opéra Bastille. C'est à Benoît Jacquot,
auteur d'un film remarqué sur Tosca, que la
mise en scène en a été confiée. Michel Plasson assurera la direction
musicale, un gage de réussite tant cet infatigable défenseur du répertoire
français connaît la sincérité de cette musique et son pouvoir émotionnel.
La distribution réunie s'approche de l'idéal avec, entre autres, Janos Kaufmann
dans le rôle éponyme et Sophie Koch dans celui de Charlotte. Alors
il ne faut pas manquer ce rendez-vous avec ce que Massenet a écrit de plus
profondément émouvant, où le romantisme épanoui de Goethe convoque ce que la
musique française a de plus cher, la transparence et la sensibilité. Opéra Bastille : les 14, 20, 23, 26 et 29
janvier, 1er et 4
février 2009, à 19h30 ; le 17
janvier, à 14h30.
Renseignements et location : 08 92 89 89 90. www.operadeparis.fr
©Catherine Ashmore/Covent Garden
La Sonnambula entre au répertoire de l'Opéra
Bastille...
Comment ne pas monter La
Sonnambula, un des sommets du répertoire belcantiste,
naguère ressuscité par Maria Callas, lorsqu'on a près de soi une artiste de la
trempe de Natalie Dessay [notre photo]. Notre
antidiva, immense actrice, musicienne hors pair, dévoilera à n'en pas douter
les trésors de l'œuvre la plus qu'attachante de
Bellini. La production, confiée à Marco Arturo Marelli,
nous vient de l'Opéra de Vienne. Et on
attend avec impatience les débuts parisiens de Javier Camerana, jeune ténor
lyrique découvert à l'Opernhaus de Zürich. Evelino Pido, un spécialiste de ce répertoire, et qui a déjà enregistré l'œuvre avec
la même Dessay, sera aux commandes musicales pour épancher les délicates mélodies
dont Bellini a le secret. Opéra
Bastille : les 25 et 28 janvier, 3, 6, 9, 12, 15, 18 et 23
février 2009, à 19h30 ; les 31 janvier et 21 février, à 14h30.
Renseignements et
location : 08 92 89 89 90. www.operadeparis.fr
©Simon
Fowler/EMI
...et Norma est fêtée au Châtelet
Décidément Bellini est à
l'honneur sur la scène parisienne, puisque sera encore donnée Norma, le
chef-d'œuvre assoluto et le rôle prestigieux entre tous. Admiré autant par Stravinsky que par Wagner qui louait dans la
prophétesse gauloise une « grande peinture d'âme »,
l'opéra fascine par sa beauté mélodique. Mais
Bellini se libère quelque peu du carcan belcantiste
pour délivrer un discours souvent proche de la mélodie continue. Sans
compter avec l'évocation de magistrales atmosphères nocturnes. La
nouvelle production, confiée à Peter Mussbach pour la mise en
scène et les décors, et à Jean-Christophe Spinozi [notre photo], à la direction musicale de son
ensemble Matheus, devrait apporter son lot de découvertes, car on nous promet une
intéressante relecture. Châtelet : les 18, 20, 22, 26 et 28 janvier
2010, à 20h ; le 24, à 16h.
Renseignements et location : place
du Châtelet, Paris Ier. Tél : 01 40 28 28 40. www.chatelet-theatre.com
©Derge Derossi/Naïve
Jean-Pierre Robert
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MESSES
Alexandre GRETCHANINOV : Messe
op.165 pour deux voix égales & accompagnement d’orgue. Arrangement pour trois voix mixtes :
Wolfgang Lindner. Éditions de la Schola Cantorum & de la
Procure générale de musique (rue du Sapin 2a, C.P. 156. CH-2114 Fleurier. schola@sysco.ch). 2009.
SC 5043 bis. 21 p.
Dans l’œuvre sacrée d’Alexandre
Gretchaninov (1864-1956), cette œuvre se rattache aux « Messes
symphoniques avec orgue ». Il s’était intéressé à l’orchestration de
chœurs liturgiques, tout en excluant la possibilité de les classer dans la
liturgie orthodoxe russe qui n’accepte que des cantiques a cappella.
Elle privilégie le style vertical avec imitations de la voix principale. Par
son langage plus raffiné, l’orgue assume davantage un rôle concertant et
contribue tour à tour au dynamisme, mais aussi au lyrisme et à l’extase. Le
musicien crée donc, selon W. Lindner, « une expression musicale
nouvelle et unique, tout en restant fidèle au langage de la fin du romantisme,
qui alliait dramatique et symphonique » ; « cette partition peut
être interprétée aussi bien dans un cadre liturgique qu’en concert. »
Emmanuel PITTET : Messe
pour les Temps nouveaux, pour 4 voix mixtes & orgue (partition de chœur).
Éditions Charles Huguenin (rue du Sapin 2a, C.P. 156. CH-2114 Fleurier. schola@sysco.ch). 2009.
CH 2205/03. 15 p.
En cette époque privilégiant le
chant en langue française, sans pour autant occulter les textes liturgiques
traditionnels en latin, les éditions Charles Huguenin ont retenu la Messe
pour les Temps nouveaux d’Emmanuel Pittet, pour 4 voix mixtes & orgue.
La partition comprend également les indications relatives au déroulement de la
célébration. Pour le Kyrie, après le célébrant, l’assemblée chante : Seigneur, prends pitié, et le chœur chante à 4 voix, note contre
note le Kyrie eleison, d’abord en style homosyllabique pour une
meilleure compréhension du texte, puis avec des entrées successives descendantes
pour la 2e invocation, la 3e reprenant le style
note contre note. Gloire à Dieu…, de facture plus libre, est
traité à 4 voix. Saint le Seigneur… l’est en contrepoint
simple, alors que Agneau de Dieu… est à 4 voix, introduit par
5 mesures à l’orgue. Entre tradition et modernité, cette Messe sera appréciée des chefs de chœur.
VIOLONCELLE
Pablo ORTIZ, Jean-Paul DESSY &
Max PINCHARD : Six Pièces pour violoncelle seul, Les Éditions du
Chant du Monde (31-33, rue Vandrezanne, 75013 Paris. pianco@chantdumonde.com) :
VC 4592. 29 p. 26 €.
Pablo Ortiz est l’auteur de Five
little Milonguitas reposant sur des tangos ou des milonguitas argentins traditionnels et de Manzi, proche de l’improvisation,
particulièrement expressive, en hommage à Homero Manzi, important poète de
l’histoire du tango.
Jean-Paul Dessy s’inspire de textes bibliques (Sophonie, Amos) ou
apocryphe (Baruch) exigeant une technique chevronnée avec notamment des
vibratos d’archets et des arpèges très distendus spéculant sur l’aigu, beaucoup
de souplesse et un phrasé très précis, ainsi que des rythmes subtils.
L’ouvrage se termine par L’eau blessée II de Max Pinchard,
exploitant les contrastes de nuances et de mouvements. Ces fascicules,
très bien gravés, permettront de renouveler le répertoire pour violoncelle.
Philippe RACINE & Pablo ORTIZ : Album pour 2 et 3 violoncelles. Les Éditions du Chant du Monde :
VC 4593. 31 p. (+ parties séparées).
Première exigence pour les interprètes :
se munir d’un chronomètre, d’un diapason à titre de repère, et d’un métronome,
car il est indispensable de respecter le mouvement pendant toute la pièce.
En effet, dans Volons le ciel (2005), Philippe Racine spécule sur les
nuances extrêmes (sfff ppp), la profusion d’altérations, les trilles
imposants, entres autres. Trois pièces de Pablo Ortiz : Monjeau, El Jefe (renan), Firpo, de facture plus classique
et d’accès plus facile, exigent notamment un jeu égal, des rythmes et une
certaine passion. Un répertoire à découvrir.
ORGUE
José LIDÓN : Obras
completas para órgano. Fasciculo 3 : Fugas (sobre Himnos).
Éditions de la Schola Cantorum & Procure générale de musique (rue du Sapin
2a, C.P. 156 CH-2114 Fleurier schola@sysco.ch).
2009. SC 8734. 47 p.
Le Fascicule 3 des Œuvres complètes pour orgue de José Lidón
(1748-1827) - premier organiste de la Chapelle royale de Madrid (1787), Maître
de chapelle et Recteur du Collège de la Chapelle royale (1805) - bénéficie
d’une édition très pratique, tenant compte de la spécificité de la facture
espagnole, précisant judicieusement la composition de l’orgue Jordi Bosch (1778)
à la Chapelle du Palais royal. Comme le relève l’éditeur, « tous les
registres demandés par Lidón se retrouvent dans cette composition. La
colonne de gauche donne les jeux de la main gauche, celle de droite, les jeux
de la main droite ». La Table des ornements sera très appréciée des
interprètes. La transcription, réalisée sous la responsabilité du professeur
Damaso Garcia Fraile, a été recontrôlée par Guy Bovet. Les pièces
reposent sur des hymnes : Ave Maris stella, Verbum supernum
prodiens, Pange lingua gloriosi corporis mysterium, Sacris
solemnis…, traitées dans les formes traditionnelles pour claviers : Entrada, Préludes, Fugues généralement à 4 voix, très bien
construites, d’une écriture assez clavecinistique. Pour tout organiste
soucieux de varier son répertoire.
Édith Weber
FORMATION MUSICALE
Chantal BOULAY &
Dominique MILLET : A Tempo, cours
complet de Formation musicale, 2e cycle, 2e année.
Écrit. Vol. 6. Billaudot : G 8367 B.
Cet excellent travail aborde maintenant, avec toutes les
qualités que nous avons déjà signalées, le cœur du deuxième cycle. Consacré
à l’écrit, ce volume comporte des commentaires d’écoute, des exercices
d’audition et ce qui concerne la théorie et l’analyse. Rappelons que le
grand intérêt de ces ouvrages est de laisser une grande liberté pour organiser
son cours, tout en fournissant des éléments riches et pertinents.
Jean-Marc
LESAGE : Pour une voix musicienne. Une formation musicale adaptée au chant. Billaudot :
G 8590 B.
Précisons-le d’emblée : il ne s’agit pas d’un ouvrage
pour débutant en Formation musicale mais d’une application au chant de
connaissances solfégiques préalablement acquises. Cela ne constitue en
rien une réserve par rapport à ce remarquable travail, dans lequel on sent une
pratique confirmée auprès de chanteurs. Partant de la constatation qu’un
chanteur déchiffre grâce à sa connaissance des intervalles et non des notes et
à son attention portée au climat harmonique, l’auteur développe une approche
sensorielle des intervalles. Pour autant, il ne néglige en rien l’aspect
rythmique, mais de façon toujours sensorielle.
Guillaume SAINT-JAMES : Pianot’. Méthode progressive pour débutants. 1vol. 1CD.
Fuzeau Musique : 9284.
Pourquoi avoir placé cet ouvrage dans la catégorie
« Formation musicale » plutôt que dans la catégorie « Percussions » ?
C’est qu’il s’agit d’un très utile complément à la Formation musicale par la
pratique des petits carillons. L’auteur pense à juste titre qu’il est
nécessaire de pratiquer pour comprendre. Et c’est à partir de dix petites
mélodies à jouer sur carillon qu’il met l’accent sur des spécificités du
langage musical comme la pulsation, la croche, le point d’orgue, mais aussi le
figuralisme musical, la transposition… bref, tout un panorama que l’élève peut
apprivoiser notamment grâce au CD et à son indispensable play-back.
Ajoutons que les styles vont de la valse à l’électro en passant par le blues,
le rock, le reggae… une manière de découvrir différents styles par - là aussi -
l’écoute et la pratique.
Claude
L’ÉPINGLE : ODI Rock. Audition
active avec percussions. 1vol. 1CD. Fuzeau Musique : 9281.
Destiné aux pédagogues non spécialisés en musique, cet
ouvrage aborde trois grands classiques du rock n’roll : Rock around the clock, Johny B. Goode et Choo Choo Ch’Boogie. Il utilise des partitions entièrement
codées. De quinze à vingt plages par titre permettent une exploitation
très détaillée, à la fois pour la compréhension, l’analyse et l’interprétation.
Cela permet un vrai travail d’orchestre : la classe est divisée en
« pupitres », chacun ayant sa (ou ses) phrase(s) rythmique(s).
La troisième partie du volume assure la transition vers le codage traditionnel.
L’orchestration met en œuvre des percussions simples : tambourins, guiro,
vibraslap, claves et toutes une gamme de percussions corporelles.
Marie-Hélène
SICILIANO : On aime la F.M. Volume
5. H.Cube (Lemoine) : H.C.42.
Destiné aux élèves du deuxième cycle, première et deuxième
année, ce volume comporte les mêmes qualités que les précédents. Outil de
travail beaucoup plus que « manuel », il comporte six parties
classées par type d’exercice. À l’intérieur de ces parties, et toujours à
partir d’œuvres variées de toutes époques, de nombreux exercices sont proposés.
Comme pour le précédent volume, un CD est disponible, ainsi que le livre du
maître - sur présentation d’un justificatif.
VIOLON
SMETANA : Z
domovini, Dvĕ dueta pro housle a klavir. Urtext. Bärenreiter : BA 9526.
Écrits pendant la dernière période de composition de
Smetana (1880), ces deux duos ont été publiés en 1881. Composés pour un
usage domestique - comme leur nom l’indique - plutôt que pour le concert, ils
ont été conçus dans l’esprit de la musique populaire tchèque, mais avec des
thèmes originaux. On appréciera, comme d’habitude, la clarté et le
sérieux de cette édition et l’intérêt de sa copieuse préface.
ALTO
René MAILLARD : Sonate n°1 pour alto & piano. Delatour : DLT0814.
René Maillard, compositeur trop peu connu, resté près de
quarante ans sans pouvoir se livrer à la composition, a écrit cet opus 5
en 1952, et l’a révisé en 2009 pour la présente édition. Il s’agit d’une
œuvre exigeante, tourmentée, lyrique, d’un grand intérêt et qui, espérons-le,
contribuera à la redécouverte de son auteur qui a, par ailleurs, au poste de
responsabilité qu’il a occupé dans l’industrie du disque, œuvré pour faire
découvrir de nombreux confrères.
CONTREBASSE
Éric SCREVE : Sweet bass ballad pour contrebasse &
piano. Combre : C06547.
En forme de valse allante, tantôt romantique, tantôt
chaloupée, cette ballade s’adresse à des contrebassistes de 2d cycle.
Il s’agit d’une commande pour le 4e Concours de mini-basses
d’Amiens.
Régis
FAMELART : Aurlen pour 2
contrebasses. Combre : C06530.
Une pièce amusante qui commence par une introduction en
jeu « digital » : frappés sur la table avec la paume de la main
et, sur le côté, avec le majeur. Suit alors un allegro très entraînant, rythmiquement
fort intéressant.
FLÛTE TRAVERSIÈRE
Jean SICHLER : Surprends-moi, pour flûte en ut & piano. Lafitan : P.L.1835.
Voilà une pièce qui porte bien son nom : pianiste et
flûtiste dialoguent en s’amusant dans une œuvre pleine de gaîté, avec partie
médiane faussement sentimentale… C’est plein d’humour et de malice, un vrai
régal ! Elle est écrite pour le niveau élémentaire.
Michel
CHEBROU : Serinette pour flûte
en ut & piano. Lafitan :
P.L.1858.
Nos élèves savent-ils encore ce qu’est une serinette ?
L’auteur prend soin d’en expliquer, en tête de son œuvre, la nature et
l’intérêt. Cette pièce pour débutant ne manque pas de charme et son caractère
joyeux devrait séduire tout jeune flûtiste.
Francis
COITEUX : Balade à petit poney pour
flûte en ut & piano.
Lafitan : P.L.1826.
Cette charmante balade commence par une promenade au pas
avant de passer au trot dans une seconde partie. On se laisse prendre par
l’air désinvolte de la première partie et l’aspect sautillant de la seconde.
Souhaitons au jeune flûtiste (niveau préparatoire) de parvenir sans encombre au
bout de sa promenade…
GUITARE
Romain MORLOT : Dico de gammes pour guitare. « Méthode
en poche ». Hit Diffusion (www.editions-hit-diffusion.fr).
Il est d’emblée précisé que ce Dico, au format (grande) poche, est fait « pour jouer,
improviser et composer sans solfège ! » Très clair, cet ouvrage
comporte le repérage sur le manche, le travail des gammes, la dextérité,
l’apprentissage des modes et l’improvisation. Il s’agit d’un aide-mémoire
certes, mais sérieux et sans concession, qui pourra rendre de grands services -
tant pour canaliser une approche solitaire de la guitare que pour se remémorer
les conseils d’un professeur.
Philippe HEUVELINNE : Je débute la guitare. Vol. 2.
1CD. Hit-Diffusion.
Après un premier volume consacré aux bases de
l’instrument, Philippe Heuvelinne aborde le répertoire. Il n’est pas
indispensable d’avoir pratiqué le premier volume pour utiliser celui-ci.
Au programme : technique musicale, rythme, accompagnement, morceaux
incontournables… sans oublier le travail technique de lecture de notes et de
tablatures. L’auteur a enregistré lui-même le CD qui comporte les
exercices, y compris solfégiques, les morceaux et les play-backs. Signalons
aussi le chapitre consacré à la découverte de nombreux styles
guitaristiques : picking, folk, jazz, classique, rock, blues…
CHANT
Peter WAGNER : Marianische Gesänge I. Salve Regina pour
voix & orgue. Bärenreiter : BA 9257.
Ce recueil est le premier de deux volumes consacrés à des
pièces originales ou à des transcriptions composées sur des textes d’hymnes à
la Vierge. Il regroupe différents Salve Regina, d’auteurs plus ou moins connus, du XVIIIe au XXe siècle. Le second volume sera consacré à d’autres hymnes à la Vierge (Regina coeli, Alma redemptoris, etc.). Au milieu de noms moins célèbres, on
trouve des œuvres de Schubert, Mendelssohn, Fauré… Voilà un très agréable recueil
qui permet de découvrir d’intéressantes œuvres.
PERCUSSIONS
Marc CHANTEREAU : Technique pianorimba, pour marimba ou vibraphone.
Vol. 2 : déplacements & écartements. Leduc : AL 29 787.
Ce cahier fait partie d’un ensemble de trois cahiers, dont
deux sont déjà parus. Le premier comporte une série d’exercices
journaliers. Daniel Ciampolini, soliste à l’Ensemble Intercontemporain,
fait remarquer que l’évolution de la technique de ces instruments a suscité, à
la fois, l’apparition de nouveaux maillets et profondément modifié les
techniques de jeu, rendant ainsi plus aisée l’approche de certaines œuvres.
Mais surtout, l’approche de Marc Chantereau amènera certainement une évolution
de la facture instrumentale. Outre les exercices, la méthode contient des
explications détaillées cette nouvelle technique.
MUSIQUE DE CHAMBRE
Naji HAKIM : Påskeblomst, pour quatuor à
cordes. UnitedMusic. Distrib. : Leduc.
Voilà une œuvre fort intéressante composée sur un célèbre
psaume danois, célébrant la fête de Pâques. Décliné sous la forme de dix
variations, ce psaume - sur lequel Carl Nielsen écrivit une mélodie en 1910 -
est ici abondamment développé. Le début de la mélodie évoque la prose de
Pâques Victimae paschali laudes. L’ensemble
- très contrasté, allant de « Recueilli » à « Dansant » - forme
une œuvre à la fois complexe et d’une grande beauté.
Daniel Blackstone.
VIOLONCELLE
Annick
CHARTREUX : Instants.
Éditions Henry Lemoine(28777 H.L.).
Il n’est certes plus besoin de vanter les éminentes qualités
qui caractérisent les œuvres de cette magnifique compositrice - qu’elles
fussent naguère inspirées par le jazz ou qu’elles soient aujourd’hui d’une
écriture résolument contemporaine. Cinq Instants de haut privilège…
Les éditions ZurfluH (www.zurfluh.com) fêtent, cette année,
le centenaire de leur fondation, en 1909, par Auguste Zurfluh. Placée
d’emblée sous le signe de l’enseignement de la musique, cette vénérable maison
aura, tout au long d’un siècle, multiplié les publications pédagogiques.
Vocation qui demeure. En témoignent ses plus récentes parutions :
Hatti au collège, cahier pour les classes de 6e (AZ 1831), a été conçu - en phase avec les nouveaux programmes - par
quatre professeurs d’Éducation musicale (Stéphanie Minier, Véronique Nicole,
Philippe Picone, Hélène Mirobent) & un professeur d’Arts plastiques (Benoît
Mirobent), tous enseignants dans les Hauts-de-Seine. Ludique, clair et
synthétique, alliant intelligemment musiques « actuelles » &
musique savante, cet ouvrage [articulé en 3 parties : Histoire de la
musique & histoire de l’art/ Pratiques vocales & instrumentales/ Jeux] devrait
aisément trouver son public-cible. Livret du professeur (AZ 1832).
Philippe
GOUDOUR : Bleu Soleil, 3 pièces pour flûte à bec
soprano (ou flûte traversière) & clavier. Vert Soleil, 14 pièces pour
flûtes à bec soprano, alto, ténor (ou flûtes traversières) & clavier. Soleil
Émeraude, pour flûtes alto, ténor & clavier (en annexe :
exercices pour l’alto). Collection « Soleil ». Parties
séparées & conducteur. À l’usage des élèves de 1er cycle
de conservatoire.
Guy PRINTEMPS : La maison des notes. Vol. 1 (AZ 1760). « Apprivoiser
la musique ». Formation musicale, 1er cycle. À
partir de 6 ans. Chaque chapitre correspond au travail d’une semaine.
Objectifs : lecture aisée des notes & des rythmes/
« photographie » des notes (en évitant les mouvements conjoints)/
travail sur le « système-piano » (portées en clés de sol et de fa)/ dissociation du rythme & de la pulsation/ découverte des principales
conventions d’écriture (altérations notamment).
Pierrette
MARI : Joutes saisonnières, 4
pièces pour flûte traversière & guitare (AZ 1827). Sous la plume de la chère
Pierrette Mari, voilà de bien récréatives pièces de concert. Pour musiciens
chevronnés, cependant…
Bernard de
VIENNE : e4-e5 (ca 2’00), cf6 (ca 2’05). En référence au jeu
d’échec, voilà deux pièces (faciles d’accès) pour piano seul. Blog (ca 4’30), pièce pour
saxophone alto (fin de cycle 2/ cycle 3), est constituée d’une mosaïque
de fragments qui - avec le recul nécessaire - doit apparaître dans son
unité. D’une intéressante gageure !
Bernard de Vienne ©DR
Francis Gérimont
***
Henri RABAUD : Correspondance et écrits de jeunesse
(1889-1907). Présentés et annotés par Michel Rabaud. « Perpetuum
mobile », éditions Symétrie, en collaboration avec le Centre de musique
romantique française Palazzetto Bru Zane, 2008. 490 p. 49
€.
Que connaît-on du compositeur
Henri Rabaud (1873-1949), si ce n'est peut-être son opéra Mârouf, savetier
du Caire (1914). Injuste oubli de la postérité. Car celui qui
reçut le Prix de Rome en 1894, fut un chef d'orchestre réputé et devint
directeur du Conservatoire à 47 ans seulement, aura marqué la vie musicale au
tournant du siècle, commme bien d'autres, tout encore méconnus. Sa
correspondance avec l'un deux, Max d'Ollone, comme avec Daniel Halévy, homme de
lettres, qui forme l'essentiel du présent ouvrage, est du plus haut intérêt. On
y vit, avec un grand luxe de détails, les heurs et malheurs de la vie musicale
du moment : l'ombre gigantesque de Wagner, la figure tutélaire de
Massenet ; mais aussi les débats passionnés sur l'avenir du paysage musical
français, alors en pleine mutation. Glorieuse époque où, par le
truchement épistolaire, on discutait âprement, dans le meilleur de la langue.
Ces deux ensembles de correspondance, écrits pour une large part lors du séjour
romain de Rabaud à la Villa Médicis, se succèdent dans le temps : de 1889
à 1896 pour celle avec Halévy, et de 1897 à 1907 pour les échanges avec
d'Ollone. Il est fascinant de constater comme ils se complètent, même
s'ils empruntent un ton différent. À celui, primesautier et libre, des
échanges avec Halévy, l'ami du lycée Condorcet et l'habitué de la Nouvelle
Athènes, fait contraste le ton plus insistant, doctoral même, adopté avec
d'Ollone, où l'on perçoit le ferment d'une amitié passionnée. À celui-ci,
il prodiguera conseils et mises en garde, en autant de débats de fond sur la
modernité en musique, à une époque marquée par une extrême diversité de
courants et où la révolution intellectuelle d'un Wagner, introduite plus par
ses théories que par sa musique, agite les esprits. Rabaud n'échappera
pas à l'attraction/répulsion pour le maître allemand, comme il subira la même
attirance/réticence envers le théâtre. D'autres documents, certains
inédits, complètent l'ouvrage, dont un vibrant portrait du musicien dressé par d'Ollone.
Jean-Pierre Robert
Christian BIET &
Marie-Madeleine FRAGONARD (dir.) : Tragédies
et récits de martyres en France (fin XVIe-début XVIIe siècle). « Bibliothèque du XVIe siècle »,
1. Classiques Garnier (contact@classiques-garnier.com).
2009. 1 403 p. 98 €.
Si le théâtre humaniste et scolaire,
protestant et jésuite, avec participation musicale, est généralement mieux
connu dans les Pays rhénans, son équivalent français comporte plus rarement une
participation musicale. En revanche, les formes : tragédies et
récits de martyres, à la même époque en France, sont bien plus importantes et
plus largement développées comme, par exemple, l’Abraham Sacrifiant (Théodore de Bèze, 1550), avec des allusions à
des interventions chantées et qui se situe à mi-chemin entre le théâtre réformé
et la future tragédie classique. Ces pièces évoquent les divers contextes
historiques de l’époque : Réforme, Guerres de Religion… associés à la
violence religieuse et politique. En Allemagne, le répertoire chanté de
1 à 4 voix avec des mélodies simples, a une finalité
pédagogique : exercices de prononciation, de scansion et de mémorisation.
Il n’en est pas de même en France où, entre autres, La Céciliade (ou Martyre
sanglant de Ste Cécile, patronne des musiciens (1606) de Nicolas
Soret, beaucoup plus élaborée, comprend un Prélude à 4 voix chantées, un Air en
faveur de Ste Cécile et - à l’instar de la tragédie grecque (principe
repris par les humanistes allemands) - un chœur à 4 voix à la fin de
chaque acte. Cette partition (p.389-419) est du plus haut intérêt.
C’est le grand mérite de quinze universitaires français et étrangers d’avoir -
sous la direction de Chr. Biet et M.-M. Fragonard - regroupé, revu et mis
à la disposition de la communauté scientifique (historiens, historiens de la
littérature, du théâtre, de la musique et des sensibilités religieuses) tous
ces textes reflétant deux siècles d’histoire mouvementée, avec tant de martyrs
et de héros, d’auteurs anonymes ou connus : Théodore de Bèze, Pierre
Corneille, Simon Goulard, Jean Crespin… Cette publication monumentale,
tout à l’honneur des Éditions Classiques Garnier, est un modèle du genre.
Cécile
SAUVAGE : Écrits d’amour. Édition établie, présentée & annotée par Béatrice Marchal. Paris. « Histoire », Cerf
(laurence.vandame@editionsducerf.fr). 2009. 191 p. 20 €.
Cécile Sauvage (1883-1927) - mère d’Olivier
Messiaen, auquel elle a dédié de nombreux poèmes - n’est pas que poète, elle
est aussi « amante » et chantre de l’amour. Spécialisée dans
son œuvre poétique, Béatrice Marchal, professeur de Lettres, a regroupé de
nombreux poèmes gravitant autour de divers thèmes : la femme, la
maternité, l’amour, le désir au féminin, comme il ressort de son excellente introduction.
À la recherche de son identité, l’auteur de L’âme
en bourgeon « apparaîtra, à côté de Louise Labbé, au premier rang des
grandes amoureuses de la littérature, amantes et poètes de leur amour. »
(p.21-22). Certaines strophes, notamment celles procédant par accumulation
d’idées et de questions - à la manière de Walt Whitman - ou d’autres, telles
que certains Feuillets (extraits de
brouillons), peuvent se prêter à une adaptation musicale. Malgré le
décalage de vocabulaire, de psychologie, de réactions de début de siècle par
rapport à la sensibilité actuelle, ces poésies s’imposent par leur lyrisme, leur
intériorité et leur mysticisme. Au fil des pages, émergent la passion de
C. Sauvage pour Jean de Gourmont, ou encore son amour admiratif pour son
fils, Olivier Messiaen.
Christian TOURNEL : Daniel-Lesur ou l’itinéraire
d’un musicien du XXe siècle (1908-2002). « Univers musical »,
L’Harmattan (5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris. diffusion.harmattan@wanadoo.fr),
2009. 210 p. 20 €.
Daniel-Lesur n’est pas à présenter au grand public :
sa forte personnalité a marqué la deuxième moitié du XXe siècle.
Il a largement influencé l’évolution de la musique de notre pays ; tout en
restant ancré dans la tradition, son œuvre demeure originale. Au fil des
pages, Chr. Tournel évoque son enfance ; sa formation musicale,
notamment au Conservatoire de Paris (piano : A. Ferté /
orgue : Ch. Tournemire), ses activités de musicien professionnel
(organiste, compositeur, critique musical, professeur et directeur de la Schola
Cantorum) ; la fondation (puis la dispersion) du Groupe Jeune France, puis
- après les années de guerre - ses efforts vers l’élargissement des formes et
sa recherche de l’exotisme, ainsi que son expérience lyrique. Grand
commis de l’État, il a aussi été conseiller musical à la télévision, ce qui lui
valut des récompenses officielles. La seconde partie est consacrée à
l’analyse de la personnalité et de l’œuvre de ce musicien si attachant, avide
de beauté, d’authenticité, préoccupé d’œcuménisme. Publiée avec sa
participation, voici une percutante « Défense et illustration » de
cet incontournable acteur français de l’aventure esthétique du XXe siècle.
Yves KÉLER : Un chantre de
la Réforme, Martin LUTHER. 42 chants. Texte original, traduction
française versifiée & chantable. Sources & commentaires,
Strasbourg, Europe Copy 67. 2009. 324 p. 29 €.
La Réforme et, plus récemment, le
Concile de Vatican II ont lancé la pratique du chant en langues
vernaculaires, accessible à tous. Les autorités religieuses se sont
intéressées, entre autres, aux cantiques de Martin Luther (1483-1546).
C’est le mérite d’Yves Kéler de proposer aux fidèles du XXIe siècle
une sélection de 42 chants du Réformateur de Wittenberg, en des
paraphrases françaises strophiques et rimées, parfaitement chantables sur des
mélodies traditionnelles et aussi proches que possible des textes originaux.
Cet ouvrage reproduit les nombreuses strophes avec le texte original, la
traduction littérale (non rimée) et la traduction rimée chantable. Avec
une expérience de plus de quarante ans, l’auteur propose l’analyse des textes,
les sources littéraires et mélodiques, l’histoire de son évolution et de la
mélodie, sans oublier l’usage liturgique selon les temps de l’Église. Les
mélodies liturgiques (en notation d’époque et en notation moderne), des
gravures judicieusement sélectionnées et une Bibliographie (Luther, recueils en usage, ouvrages
allemands et français) rehaussent encore l’intérêt de cette contribution à
l’hymnologie protestante qui rendra de nombreux services lors des cultes et des
principales Fêtes et, d’une manière générale, à ceux qui, au XXIe siècle, privilégient le chant d’assemblée. Ils y trouveront non seulement
les sources littéraires et mélodiques, mais encore les divers contextes, les
circonstances liturgiques et le mode d’emploi des cantiques, tout à l’honneur
d’Yves Kéler.
Philippe OLIVIER : Felix
Mendelssohn. Un intercesseur multiculturel ? Paris.
Hermann (daphnee.gravelat@editions-hermann.fr). 2009. 134 p. 22 €.
En cette année Mendelssohn, Ph.
Olivier a apporté une intéressante contribution dont le sous-titre
interrogateur : « un intercesseur multiculturel ? »
donne le ton. Cet ouvrage est un « essai » original et non pas une
biographie systématique et classique. Facile à lire, sa partie
descriptive mise sur les contextes familiaux et berlinois, évoque quatre
générations et rappelle que Hitler prendra le pouvoir, 86 ans après le
décès du musicien. L’histoire de l’antisémitisme outre-Rhin montre que,
bien après sa disparition, Mendelssohn en sera victime et qu’au XXe siècle, en France, par exemple, son œuvre sera parfois assez mal jugée. En
Allemagne, entre 1933 et 1945, sa production sera associée à la notion
d’« art dégénéré » (entartete Kunst) : sa situation reste
donc ambiguë. Les fanatiques n’en ont retenu qu’« infection et
désordre », ce qui d’emblée pourrait justifier la question : « ni
chair, ni poisson ? » L’auteur a le mérite de montrer que, de
son temps, Mendelssohn pianiste, organiste, compositeur, maître de chapelle,
chef d’orchestre et pédagogue, a attiré les foules. Ses « œuvres
phares » : Elias, Christus et Paulus révèlent
des symboles de la conception du monde à l’époque de Bismarck.
Multiculturel, son apport se présente comme une « symbiose judéo-allemande »,
sans oublier ses attaches avec le luthéranisme. En ce sens, cet essai se
différencie de la publication à dominante biographique de Br. François-Sappey.
Grâce à de nouvelles données, Ph. Olivier propose des éclairages neufs sur
Mendelssohn, « victime de la brutale répression culturelle » et, si
besoin était, le réhabilite.
____________
La collection « BD Classic » propose une formule
sortant des sentiers battus : livre attractif avec deux CDs encartés
réunissant des Interprétations légendaires ;
texte d’accompagnement présenté sous forme de bande dessinée, à la fois
accessible et instructive, concernant le compositeur et les œuvres, et des
commentaires bien structurés aux sous-titres évocateurs.
Silvestro
NICOLACI & Giancarlo DIMAGGIO : Bach. Éditions BDMusic (bdmusic@bdmusic.fr). Distrib. Harmonia
Mundi. 32 p. (+ 2CDs). TT : 66’13 + 77’19. 20 €.
Le volume consacré à J. S. Bach
commence par une bande dessinée, avec une réflexion sur le talent, puis les
principales étapes de la vie du futur Cantor de Leipzig, avec des allusions à
ses supérieurs, ses rencontres, aux instruments, à quelques œuvres marquantes (Concertos
brandebourgeois), à son succès à la cour de Frédéric II. Le
CD I comprend, entre autres, les Variations Goldberg dans
l’interprétation historique de Glenn Gould (1955) et, après le Concerto
brandebourgeois par Karl Richter et son orchestre (1958), l’Agnus Dei de la Messe en si mineur interprété par le regretté Alfred Deller (dir. G. Leonhardt). Le CD II,
tout aussi intéressant, propose une cantate, le Concerto pour violon n°1 (I. Stern) et, pour terminer,
la Chaconne de la 2e Partita en ré mineur (W. Schneiderhan,
violon).
José CORREA : Satie.
32 p. (+ 2CDs). TT : 59’27 + 55’36. 20 €.
Dans le volume consacré à Erik
Satie, la BD relate les principales étapes de sa vie, évoque non sans humour
son caractère, ses idées, regroupe des commentaires désopilants, sans parler de
la conclusion : « Bien que nos renseignements soient faux, nous ne
les garantissons pas. » Toutefois, les commentaires qui suivent sont plus
sérieux. Quant aux 2CDs, ils reproduisent des œuvres clés, interprétées dans
les meilleures conditions, par exemple Gymnopédies, Parade, Socrate,
sa moins connue Messe des pauvres pour orgue & chœur (enregistrée en
1951).
Alain GOUTAL & Joe G.
PINELLI : Bartók. 32 p. (+2CDs). TT :
74’01 + 74’41. 20 €.
La BD du volume consacré à Béla
Bartók est plus classique : larges paysages, dessins naïfs, scènes couleur
locale, coloris pastels. Le texte le situe « au carrefour des
cultures », « en quête de sons neufs », « du folklore à la
musique pure », « de la maturité à l’exil ». Enfin, les CDs
laissent une large part à son opéra Le Château de Barbe-Bleue (livret : B. Balazs), à sa Musique
pour cordes, percussions & célesta (Orchestre symphonique de Chicago,
dir. Fr. Reiner, 1958), entre autres.
Ces trois réalisations de BD Music
méritent de vifs éloges pour leur originalité, leur attrait, leur conception
originale, leur riche contenu, l’intérêt du commentaire de Fr. Hudry et leur
apport musical historique.
_________
Antonin
SCHERRER : Raffaele d’Alessandro ou L’urgence intérieure. « Mélophiles »
n°23. Papillon (www.editionspapillon.ch).
15 x 21 cm, 180 p., photos n&b, ex. mus.
La collection « Mélophiles » a le grand mérite
de présenter des compositeurs qui n’ont pas nécessairement la place qu’ils
méritent parmi les publications en langue française. C’est le cas de
Raffaele d’Alessandro que Dinu Lipatti considère comme l’« un des
musiciens les plus complets de notre génération… pianiste racé… organiste remarquable…
mais aussi - et surtout - un créateur d’une puissance et d’une richesse
d’inspiration indubitables. » A. Scherrer, chroniqueur musical
suisse, propose une monographie classique mettant l’accent sur le message de ce
compositeur suisse qui, né en 1911 à Saint-Gall, a connu une jeunesse
alémanique et, à 6 ans, improvisait déjà au piano, avant de découvrir l’orgue…
À l’âge de 13 ans, il compose déjà des Lieder, des chansons populaires, des mélodies… À Zurich,
élève de Willy Schuh, il enseigne le piano, puis étudie l’orgue en Allemagne et
en France, ou dans la classe de Nadia Boulanger. Ses premières
compositions se situent dans le sillage de Ch. Tournemire, L. Vierne
et M. Dupré. La Suisse le découvrira dans les années 1940, il sera
apprécié de Fr. Martin, d’E. Ansermet et de nombreux éditeurs de son
pays. Après 1949, c’est la conquête de l’Allemagne et des États-Unis.
Il poursuit toujours ses compositions, jusqu’à sa mort en 1959, non sans avoir
laissé un important catalogue (musique instrumentale, orchestrale, vocale,
chorale). Voici une excellente incursion dans la vie et l’œuvre d’un
musicien suisse toujours guidé par son cœur et son intuition - conforme aux
objectifs des éditions Papillon.
Édith Weber
Ermend BONNAL : Lettres et écrits, présentés et
annotés par Déborah Bonin & Laurie Marcoz. Delatour :
DLT1485. 255 p. 19 €.
On lira avec beaucoup d’intérêt cette correspondance d’un
compositeur & organiste français trop méconnu. Né en 1880, élève du
Conservatoire de Paris où il obtient les prix d’orgue et d’improvisation, il travaille
avec Alexandre Guilmant et suit les cours de composition de Gabriel Fauré en
compagnie de Florent Schmitt, Albert Roussel, Maurice Ravel… Pour mieux
découvrir ce magnifique compositeur, on ne peut que conseiller de se rendre sur
le site consacré à l’homme et à son œuvre : www.bonnal.org/Ermend_Bonnal/accueil_home.html.
L’ouvrage ne concerne que deux périodes de la vie d’Ermend Bonnal : celle
des études de ce Bordelais au Conservatoire de Paris, et la période des années
1935-1940 où Ermend Bonnal se lance, avec un « peintre-cinéaste »,
Ferdinand Earle, dans la conception d’un nouveau genre musical. La guerre
interrompra ce projet qui ne verra jamais le jour.
Daniel Blackstone
Jean-Philippe
RAMEAU : Traité de l’Harmonie,
précédé de Rameau, l’harmonie & les
méprises de la tradition, par Jean-François Kremer. ZurfluH (www.zurfluh.com). 16 x
24 cm, 434 p. ex. mus. 40 €.
Éminent spécialiste de Rameau, le musicologue
Jean-François Krémer offre ici au lecteur, outre le fac-similé du Traité originel (1722), tous
éclaircissements nécessaires (théoriques, historiques, esthétiques,
pédagogiques…). Où sont, en outre, évoquées les réactions positives à
l’ouvrage mais aussi les controverses animées qu’il suscita auprès de,
notamment, Rousseau et d’Alembert. Où sont également présentés « les
successeurs de Rameau », au nombre desquels Choron, Catel, Fétis, Savard,
Reber, Dubois, Koechlin, Bitsch… Une utile mise en perspective.
Jean DURON (Textes
réunis par) : Le Prince et la
musique. Les passions musicales de Louis XIV. CMBV /
Mardaga (www.mardaga.be). 17 x
24 cm, 320 p., ill. n&b et couleurs. 29,00 €.
En bâtissant Versailles, Louis XIV fut, sans doute, le
premier monarque du monde moderne à élever un temple à la musique. Chaque
espace du palais, chaque temps de la journée n’était-il pas, en effet, illustré
par une musique propre ? Fut-il jamais royaume d’Europe qui ait
consacré autant d’argent au plus impalpable de tous les arts ? Est
analysée - de divers points de vue littéraires, musicologiques et d’historiens
de l’art - la relation qui aura uni Louis XIV à l’art des sons.
Après quelques prolégomènes signés Béatrix Saule (conservateur en chef du
château de Versailles) & Jean Duron (maître d’œuvre du présent ouvrage),
les contributions apparaissent sous quatre rubriques : L’héritage et l’éducation du roi (Alexandre
Maral, Catherine Massip, Catherine Cessac, Emmanuel Bury, Philippe Vendrix), Le goût du roi (Anne-Madeleine Goulet,
Jérôme de La Gorce, Rebecca Harris-Warrick, Christian Biet), La mise en scène par l’objet et l’image (Alberto Ausoni, Florence Gétreau, Alain Mérot), La musique : une affaire d’État (Denis Herlin, Laurent Guillo,
Théodora Psychoyou).
Jean DURON (Textes
réunis par) : Grétry en société.
« Regards sur la musique », CMBV / Mardaga (www.mardaga.be). 14,5 x
22 cm, 256 p., ill. n&b et couleurs, ex. mus.
25,00 €.
Bien que sa gloire présente ne soit qu’un pâle reflet de
l’extraordinaire popularité qui fut jadis la sienne, nombreux sont les ouvrages
consacrés à André-Ernest-Modeste Grétry (1741-1813). Sous la houlette de
Jean Duron, directeur du Centre de musique baroque de Versailles (CMBV), cette
étude croise les regards d’historiens de l’art, de la littérature et de la
musique : Grétry, instaurateur de
l’opéra moderne (David Charlton), Compositeur
des portraitistes parisiens (Carole Blumenfeld), …et ses dédicataires, 1767-1789 (Thomas Vernet), Des salons à la Cour, avant la Révolution (David Hennebelle), Arrangements
instrumentaux de ses opéras, à la fin du XVIIIe siècle (Hervé
Audéon), Vers de Racine dans le livret de
l’Andromaque de Pitra (Buford
Norman), L’adresse aux jeunes
compositeurs (Jean Duron).
Françoise
RICO : Le Chant du roseau de
Provence. ZurfluH (AZ 1830). 21 x 21 cm,
170 p., ill. n&b et couleurs. 30 €.
Certes méconnue est l’histoire des anches, cordes vocales
- en quelque sorte - des saxophones, clarinettes, hautbois et autres bassons…
Arrière-petite-fille du compositeur Joseph Rico & fille de l’un des
premiers marchands de « cannes à musique » du Var, Françoise Rico
comble cette lacune. En quatre parties : L’anche du point de vue de… (Sonny Rollins, Benny Golson, Guy
Deplus, Michel Arrignon, etc.), Les
destins de la canne de Provence (traditions, marchands, concerts), L’anche, de l’agriculture à la culture (du roseau à musique à l’anche de roseau, « Arundo donax », plante
privilégiée), Le tour de l’anche en un
siècle (premières manufactures… montmartroises (!) & facteurs d’anches
en roseau du Var). Lexique & coordonnées des principaux facteurs
d’anches dans le monde.
Gérard DENIZEAU : Gioachino Rossini.
« Horizons », Bleu Nuit éditeur (www.bne.fr).
Couverture souple, 14 x 20 cm, 176 p., nombreuses illustrations,
ex. mus. 20 €.
Invraisemblable prolificité éditoriale de notre éminent collaborateur
Gérard Denizeau ! Après tant d’ouvrages consacrés aux liens des arts
visuels (peinture, sculpture, architecture, urbanisme) & de la musique, ne voilà-t-il
pas qu’il nous livre une biographie de musicien, illustre compositeur certes,
au demeurant mal connu. En sept parties : Les années
d’apprentissage/ Métamorphoses lyriques dans l’Italie de Rossini/ L’éclatante
apothéose napolitaine/ L’emprise sur toute l’Italie/ La consécration
parisienne/ L’inexplicable et glorieuse retraite/ Le génie théâtral de Rossini,
vu par Annick Massis [www.annickmassis.com]. Annexes : Tableau synoptique, Catalogue des œuvres, Bibliographie,
Discographie sélective, DVDthèque, Index.
Jean-Pierre
ARMENGAUD : Erik Satie.
Fayard. Relié (couverture souple), 14 x 22 cm, 790 p.,
ex. mus. 32 €.
Il s’agit là d’une synthèse des innombrables écrits publiés
sur le compositeur des Gymnopédies -
dont ceux notamment d’Ornella Volta, satique papesse. Où sont toutefois jetées
de nouvelles lumières sur les prétendues incohérences d’un homme qui reste, au
demeurant, fort mystérieux. Analyse de quelques partitions qui auront
radicalement réorienté notre écoute… La somme de référence, désormais.
Sylvain CARON,
Michel DUCHESNEAU et alii : Musique,
art et religion dans l’entre-deux-guerres. « Perpetuum
mobile », Symétrie (www.symetrie.com).
17 x 24 cm, 506 p., ill. n&b, ex.mus., cahier
d’illustrations couleurs. 60 €.
Sous la direction de deux éminents musicologues de
l’Université de Montréal, cette fresque historique met à jour les diverses articulations
- dans la musique & les arts d’une période charnière – de la religion, des courants néo et de la modernité. Après
« Musique et foi : vers un
nouvel humanisme ? » (Sylvain Caron, Michel Duchesneau), l’ouvrage
se divise en cinq parties : « Esthétique
et idéologie » (Anne-Marie Green, Valérie Dufour, Sylvain Caron,
Marie-Noëlle Lavoie, Marie-Thérèse Lefebvre), « La musique à l’église » (Gilles Routhier, Michel Steinmetz,
Mario Coutu, Martine & Jacques Rhéaume, Cécile Auzolle, Marie-Louise
Langlais), « Le ballet &
l’oratorio ou le drame humain » (Pascal Lecroart, Jon-Tomas Godin,
Jacinthe Harbec, Audrée Descheneaux, Barbara L. Kelly), « Beaux-arts, musique & religion »
(Delphine Grivel, Fabienne Stahl, Dominique Escande, Steven Huebner, Nicole
Dubreuil), « Le cas Olivier Messiaen »
(Robert Fallon, Radosveta Bruzaud, Yves Balmer, Jean Boivin).
Dorian ASTOR, Gérard
COURCHELLE & Patrick TAÏEB : Opéra-ci,
Opéra-là ou comment découvrir l’art lyrique. « Hors
série », Gallimard. 17,5 x 25 cm, 432 p., 60 ill. couleurs.
35 €.
Par trois spécialistes - et fort habiles vulgarisateurs -
du monde de l’opéra, sont ici présentés, non sans éclats de vie de leurs compositeurs,
vingt-cinq hits de la scène
opératique : Orfeo, Atys, King Arthur, Giulio Cesare, Orlando furioso, Platée, Armide, Les Noces de Figaro, Le Barbier de Séville, Der Freischütz, Norma, Les Troyens, La Belle Hélène, Tristan et Isolde, Boris
Godounov, Carmen, Eugène Onéguine, Rigoletto, Tosca, Pelléas et Mélisande, Jenufa, Salomé, Wozzeck, Billy Budd, West Side Story (avec Extraits du livret/ Guide pour une première
écoute/ Parcours historique et culturel autour du musicien & de son œuvre/
Mises en scènes historiques et modernes). Même si l’on peut regretter
l’omission de telle ou telle production contemporaine, quel meilleur choix
imaginer ?
Lyse RICHER et alii (Un parcours biographique
par) : André Prévost. La musique que
je suis. Préface d’Henri Dutilleux. Varia (www.varia.com). 14 x 22 cm,
416 p., cahier de photos n&b, ex. mus. 34,95 $.
Après de solides études au Conservatoire du Québec puis, à
Paris, au Conservatoire national et à l’École Normale de musique, André Prévost
(1934-2001) mena une brillante carrière internationale de compositeur et de
pédagogue. En témoignent ici cinq de ses amis : Jean LeTourneux
(temps des études), Lyse Richer (biographie), Jacques Hétu (analyse des
différents aspects de l’œuvre), James Dormeyer (réalisation d’émissions
télévisées), Jean Laurendeau (histoire d’une amitié). Émouvante préface
d’Henri Dutilleux qui l’eut comme élève, à l’École Normale de musique de Paris
(alors dirigée par Alfred Cortot). Un juste hommage.
Bernd CLAUSEN (Würzburg), Ursula HEMETEK (Vienna)
& Eva SÆTHER (Malmö) for the European Music Council (Edited by) : Music in Motion. Diversity and Dialogue in Europe. En anglais. Transcript (www.transcript-verlag.de). 14,5 x
22,5 cm, 438 p., ill. n&b. 34,80 €.
Sont ici décrites les activités musicales des minorités ethniques
en Europe et leur impact sur les traditions musicales locales. Comment s’intègrent-elles
dans l’éducation et la vie musicale de chaque pays ? La musique peut-elle
aider à un dialogue transculturel ? Comment les musiques de ces minorités
peuvent-elles s’épanouir dans un environnement étranger ? À ces
questions sont apportées diverses réponses. Après une préface intitulée
« Music in Motion - a European
project » (en France, Allemagne, Slovénie, Turquie, Italie), l’Introduction propose deux articles
fondamentaux « Europe & the potentials of music in motion »
(Svanibor Pettan) et « Is there such a thing as European
racism ? » (Étienne Balibar). Sujets ensuite développés dans
« Thematic Approches » et
« Model Projects ».
Voir le site : www.extra-project.eu
Laurent CUGNY : Analyser le jazz. Outre Mesure
(Tél. : 01 47 07 06 21. www.outre-mesure.net).
18 x 22 cm, 576 p., 96 figures musicales,
43 reproductions de documents & tableaux. Discographie &
bibliographie sélectives, index. 44,00 €.
Admirables éditions Outre Mesure qui, dans leur collection
« Contrepoints », auront davantage fait pour une véritable
musicologie du jazz qu’aucune autre maison - et ce, probablement dans le monde…
Ainsi le présent volume - signé d’un éminent professeur à
Paris IV-Sorbonne qui longtemps dirigea l’Orchestre national de jazz – fait-il
le point complet de nos connaissances historiques en la matière, et nous
propose-t-il un instrumentarium analytique : grammaire des progressions
tonales, système de repérage des polyrythmies, modes d’analyse des choruses,
protocole d’analyse des œuvres… Un socle théorique tout à fait convaincant.
Claude
NOUGARO : Nougaro par lui-même,
dessins & chansons. Avant-propos : Hélène Nougaro.
Préface & sélection des œuvres : Chantal Armagnac.
« Littérature illustrée », Luc Pire (www.lucpire.eu).
Grand album relié, 23 x 29,5 cm, 145 p. 29 €.
Textes de 53 chansons, illustrés de 80 admirables dessins en
couleurs (tels d’un Cocteau flamboyant), composent cet émouvant album (ô Le rocher de Biarritz, Sa majesté le jazz, Toulouse…)
Nicolas
JAUJOU : Accords mineurs. De l’usage
de catégories musicales. « Études culturelles », Presses
universitaires de Bordeaux (www.pub.u-bordeaux3.fr).
15 x 23 cm, 320 p. 32 €.
Où sont étudiées, par le menu, nos catégorisations
musicales & nos besoins d’y recourir dans tel ou tel contexte.
Passionnant travail d’anthropologue, issu d’une thèse de doctorat. Introduction :
« En parlant musique »
(Prises de parole/ Ce que l’écrit ne dit pas/ Investir le monde).
Première partie : « Des hommes
pour des catégories » (Le sociologue & les musiques amplifiées/ La
techno pure : du réel, de l’action et de l’ordinaire). Deuxième
partie : « Des vies pour des
recherches » (Se chercher en parlant/ Se vivre ensemble).
Troisième partie : « Des
histoires pour des accords » (Politique des lieux communs/ Histoires
de goûts). Conclusion : « En
projet » (Des lectures pour des projets/ Anthropologie scénographique/
Anthropolinguistique & innovation logicielle). Scrutateur en
diable !
Bernard VECCHIONE
& Christian HAUER (Sous la direction de) : Le sens langagier du musical. Sémiosis et hermenéia. Actes
du 1er Symposium d’Aix-en-Provence (15 et 16 mai 1998). Textes en
anglais ou en français. « Arts & Sciences de l’art »,
L’Harmattan. 13,5 x 21,5 cm, 290 p., tableaux,
ex. mus. 28 €.
Forme de « langagiarité » humaine, la musique
l’est assurément. Mais en quoi & comment ? Quelle est sa nature
exacte - sémiosis ou hermenéia ? Les deux à la fois
répondent de bons auteurs, cependant que d’autres plaident l’exclusivité.
Actes fort œcuméniques, au demeurant, où sont équitablement répartis les points
de vue de Eero Tarasti, Emmanuel Gorge, Raymond Monelle, Márta Grabócz, Robert
S. Hatten, Christine Esclapez, Michael Spitzer, Nicolas Meeùs, Fabio
Dasilva, Michela Garda, Christian Hauer, Bernard Vecchione.
Revue « Circuit », musiques contemporaines, vol. 19,
n°3 : Pionniers canadiens de la
lutherie électronique. Les Presses de l’Université de Montréal (www.revuecircuit.ca). 21 x
23 cm, 136 p., ill. n&b. 28 CA $.
Plutôt qu’aux musiques
électroacoustiques elles-mêmes, cette nouvelle livraison de Circuit, superbe publication québécoise,
s’intéresse aux institutions musicales qui auront permis la mise sur pied, puis
l’essor de tels répertoires. Principales contributions : « Paysage sonore électronique et canadien »
(Jonathan Goldman), « Entretien avec
Otto Joachim » (Gayle Young), « Entretien avec Barry Truax » (Sylvia L’Écuyer), « Dans le sillage de Nil Parent »
(Gisèle Ricard), « L’opéra
audiovisuel dans le cinéma québécois » (Réal La Rochelle), « István Anhalt on Electronic Music »
(Matt Rogalsky). Document :
« An Electronic Music Studio fort
the Independant Composer, 1964 » (Gordon Mumma). Cahier d’analyse : « Pensée sérielle, écriture postmoderne (ou l’inverse) dans Chute/Parachute de Michel Gonneville ». Plus
thèmes d’actualité.
Pierrette GERMAIN-DAVID : Lena
ou le destin d’un violon., nouvelle. ZurfluH (www.zurfluh.com). 14,5 x
20,5 cm, 40 p., 6,00 €.
Fort intrigante est cette nouvelle
que viennent de publier les éditions Zurfluh. Dans le style d’une rare
élégance que nous lui connaissons, Pierrette Germain-David - éminente
productrice d’émissions sur France Musique, ancienne présidente de
l’Association des femmes compositeurs - nous conte les rocambolesques aventures,
sous le Premier Empire, d’un Guarneri JHS, instrument qui - suite aux
passions amoureuses & musicales d’une certaine Lena, pianiste concertiste
de son état – connaîtra un destin hors du commun. Mais pourquoi donc laisser
présager, fin XVIIIe siècle, de nos - ô combien fâcheuses ! - « auteure »
et « professeure »…
Christian DUMAIS-LVOWSKI : Variations
sur L’après-midi d’un faune. « Pollen », Alternatives (www.editionsalternatives.com).
10 x 19 cm, 64 p, ill. n&b et couleurs. 12 €.
Après de nombreux articles,
conférences, émissions de radio & de télévision sur Nijinski, Christian
Dumais-Lvowski nous livre aujourd’hui une manière d’anthologie de ses poèmes autour
des « métamorphoses du Faune », admirable plaquette, émaillée de
citations et d’illustrations judicieusement choisies par le graveur québécois
Claire Lemay.
Daniel BECHET : Sidney
Bechet, mon père. Alphée/Jean-Paul Bertrand (www.gillesparis.com). 14 x
22 cm, 236 p., 2 cahiers de photos (pour la plupart inédites)
n&b. 21,00 €.
Rédigé en collaboration avec
l’historien du jazz Fabrice Zammarchi, cet émouvant hommage du fils unique du
grand saxophoniste (www.sidney-bechet-productions.com)
retrace les principales étapes de la vie du musicien, mais nous fait surtout
pénétrer dans l’intimité d’un homme qui fut - et demeure - tellement cher au
cœur des Français.
Véronique MORTAIGNE : Johnny
Hallyday, le Roi caché. Don Quichotte/Le Seuil. 14 x
20,5 cm, 274 p., bibliographie & discographie sélectives. 18 €.
Rien moins que people est cette biographie de
l’inaltérable vedette du rock français. Comment pourrait-il en aller
autrement sous la plume de l’excellente Véronique Mortaigne, critique avisée de
notre confrère Le Monde ?
Johnny, magnifique bête de scène auquel auront rendu hommage – outre son fidèle
public populaire – des personnalités aussi diverses que Sagan, Aragon,
Roda-Gil, Duras, Godard, Weyergans… Plus de 1 000 chansons à son
répertoire, près de 100 millions de disques vendus, participation à
36 films, 567 sites Web à lui consacrés (site officiel : www.johnnyhallyday.com). Total
respect !
Erwan CHUBERRE : Vanessa
Paradis. Éditions Alphée/Jean-Paul Bertrand. 14 x
22 cm, 256 p., cahier de photos couleurs. 19,90 €.
Élégante et délicieuse Vanessa
dont le glamour à la française aura,
peu à peu, gagné tous les cœurs. Sachant s’entourer des meilleurs auteurs
(Gainsbourg, Roda-Gil, Chédid, Kravitz…), la compagne de Johnny Deep a
désormais accédé – grâce aussi au cinéma (Becker, Leconte, Brisseau, Frydman,
Niclou, Chaumeil…) - au statut d’icône internationale.
Thierry DESAULES : Placebo :
Rock sur ordonnance. Éditions Alphée/ Jean-Paul Bertrand.
14 x 22 cm, 218 p., ill. n&b et couleurs. 19,90 €.
De nombreux témoignages et
extraits d’interviews - tels ceux de Virginie Despentes ou de Jane Birkin -
permettent de mieux analyser le phénomène Placebo,
groupe sulfureux dont Brian Molko est la figure emblématique (entouré désormais
du bassiste Stefan Olsdan & du percussionniste Steve Forrest). Pour amateurs
« éclairés ».
Stéphanie MOLINERO : Les
publics du rap. Enquête sociologique. « Musiques &
champ social », L’Harmattan. 15,5 x 24 cm, 354 p.,
32,50 €.
Depuis Le rap ou la fureur de dire (1990) du regretté Georges Lapassade, sont
parues de nombreuses biographies de rappeurs mais rien, en revanche, sur leurs
publics. C’est le propos de la présente publication. En 9
parties : Pratiques d’écoute & représentations sociales/ Musique
de masse ou musique d’initiés ?/ Appréhension & réception du rap en
tant que « création populaire »/ Pour une définition
« compréhensive » de l’amateur de rap/ Amateurs & consommateurs/
Réception du rap & appartenances de classe/ Musique populaire ?
Stan CUESTA (Textes de) : Une
histoire de la chanson française en vinyls. Ereme éditions (www.ereme.net). 25,5 x
25,5 cm, 240 p., ill. couleurs. 29,50 €.
Dans cette fort plaisante
collection (qui nous aura déjà donné Eros
vinyls, Rock vinyls, Progressive rock vinyls, Vinyls yéyé…), voilà que paraît, fort à
propos avant le solstice, une Histoire de
la chanson française en vinyls ! Où nous sommes conviés à redécouvrir
les couvertures « vinyle » de tant de voix chères qui - pour la
plupart, hélas ! - se sont tues... D’Édith Piaf à Bashung (ô Madame rêve), via quelques Bobby
Lapointe, Trenet, Rita Mitsuko, Brassens, Ferré, Hallyday, Gainsbard, Daho et
autres Noir Désir…
Francis Cousté
Alfonso SIGNORINI : Fière et fragile Maria Callas. Traduit
de l’italien par Raymond Voyat. Éditions du Rocher.
253 p. 19 €.
Les amateurs de biographies romancées, admirateurs de
Stefan Zweig, ne s’y retrouveront sans doute pas, non plus d’ailleurs qu’historiens
ou musicologues. Il s’agit là d’un livre directement issu de la presse people, plutôt mal écrit, parfois
vulgaire. Maria Callas méritait certes mieux que cela !
Patrice Imbaud
POUR LES PLUS JEUNES
Anne MONTANGE : Babik,
l’enfant du voyage. Illustrations d’Élise Mansot. CD
inclus. « Les contes du musée de la musique », Actes Sud
Junior/Cité de la musique. Dès 5 ans. Album relié, 21 x
21 cm, 40 p., ill. couleurs. 15 €.
Pour cette merveilleuse collection
du Musée de la musique, Anne Montange a écrit et nous conte les aventures de Babik, l’enfant du voyage. Réalisation :
Louis Dunoyer de Segonzac. Pour découvrir la guitare manouche avec, notamment,
David Reinhardt jouant la guitare de son grand-père Django… Album émaillé
de ravissantes illustrations signées Élise Mansot. À la bonne
hotte !
Francis Cousté
***
Haut
Ioannis KOUKOUZÈLIS, « Le maïstor
byzantin ». Mathimata : psaumes, stichère, kratima.
Disques Jade (43, rue de Rennes
75006
Paris. promotion@milanmusic.fr) : CD
399
299-2
.
TT : 73’03.
À la fois chanteur, compositeur de
mélodies byzantines, Ioannis Koukouzèlis, de son véritable patronyme
Papadopoulos (né à Dyrrachium, Albanie, ca 1280), est souvent appelé
« voix d’ange » (angelophonos), Maïstor (maître de
musique) et qualifié de « deuxième source de la musique grecque ». Il
peut être considéré comme le plus éminent compositeur de la musique d’Église
byzantine pendant la dynastie paléologale (1261-1453). À l’école
impériale de Constantinople, il est le protégé de l’empereur byzantin, puis,
attiré par la vie monastique, il se retire au monastère de la Grande Laure du
Mont Athos. Il est l’auteur de chants orthodoxes copiés en 1302 et 1309
et d’un manuel scolaire, avec un chant didactique dont les textes précisent les
noms grecs des neumes byzantins. Il pratique le nouveau style
kalophonique, mélismatique et complexe, faisant appel à la virtuosité vocale.
Ses mélodies sont particulièrement adroites, et son œuvre marque un pont de
l’ancienne tradition musicale du XIIIe siècle vers un nouveau
répertoire plus développé repris par ses contemporains et ses successeurs.
Le présent disque comprend une œuvre très développée : Kratima,
avec des syllabes vides de sens (au lieu du texte poétique) destinées à
susciter une certaine exultation intérieure. Il est complété par des
extraits de psaumes et un stichère. Le Chœur byzantin de Grèce, dirigé par
L. Angelopoulos, restitue ces pages avec toute la ferveur requise.
La Gloire de Byzance. Jade : CD 699 601-2. TT : 63’51.
Cette anthologie byzantine est
réalisée par des interprètes respectueux des traditions : le Chœur
byzantin de Grèce (dir. Lycourgos Angelopoulos) et le chœur Melodi (dir. Divna
Ljubojevic, remarquable chanteuse serbe). On retrouvera les formes
traditionnelles : stichères, tropes, hirmoi, kontakion... Ces
pièces se rattachent au Moyen Âge, au XVe siècle et - plus proche de
nous - au XXe siècle, avec le Credo, le Pater Noster de D. Ljubojevic, ou encore l’Hymne des Chérubins. Un cachet
d’authenticité esthétique et spirituelle marque cette réalisation. Ce CD et
celui concernant Ioannis Koukouzèlis viennent à point nommé, alors que
se déroule, au Grand Palais (Paris), l’exposition De Byzance à Istanbul (octobre2009-janvier 2010).
Georg Friedrich KAUFFMANN : La joie
des âmes par l’harmonie. Hortus (editionshortus@wanadoo.fr) :
019. TT : 57’19.
J. S. Bach destinait certaines de ses
œuvres : zur Ergötzung des Gemüths, au divertissement de l’âme (de
l’esprit), et son contemporain, G. Fr. Kauffmann (1679-1735) a
intitulé son recueil : « Harmonische Seelenlust »
(La joie des âmes par l’harmonie). Il a été composé en 1733 et
publié, en 1740, après sa mort. Jesus Martin Moro, à l’orgue de Baïgorry,
du facteur Rémy Mahler, propose une sélection de 13 chorals (parfois en
plusieurs versions, « alio modo »), par exemple, le choral
pour le temps de Pentecôte : Komm, heiliger Geist (Viens, Saint
Esprit) ; des cantiques luthériens bien connus, par exemple pour le
temps liturgique de l’Avent et de Noël : Gelobet seist du, Jesu Christ,
dass du Mensch geboren bist ; Gottes Sohn ist kommen ou encore Wie
schön leuchtet der Morgenstern (Brillante étoile du matin)… ainsi
qu’une sélection de préludes de J. L. Krebs (1713-1780) et de
G. A. Homilius (1714-1785), interprétés avec finesse, musicalité et
d’excellentes registrations pour la plus grande joie des discophiles.
Cette belle réalisation, en collaboration avec Marc Écochard (hautbois), se
doit de figurer dans toute discothèque d’organiste et de mélomane averti.
Guide des instruments anciens. Ricercar (Outhere
S.A., rue du Chêne 27, B-1000 Bruxelles. stephanie@outhere-music.com) :
RIC 100. 1livre, 8CDs. TT : 10h28’. 50 €.
Ce somptueux coffret retiendra d’emblée
l’attention des enseignants et des amateurs de musique ancienne. Il
comprend un remarquable Guide (200 p.) trilingue, très bien présenté,
abondamment illustré d’instruments anciens, de miniatures et de portraits, les
situant dans leur contexte d’époque ; des commentaires techniques précis,
allant droit à l’essentiel, ainsi que 8CDs classés dans l’ordre chronologique
et permettant d’entendre des sonorités exceptionnelles et une multitude de
pièces brèves, extraites de manuscrits célèbres (Cantigas de Santa Maria),
manuscrits de troubadours et de trouvères (anonymes ou non), de l’Ars Antiqua -
marquant les débuts de la polyphonie -, de l’Ars Nova, de la Renaissance
(danse, fantaisie, ricercar ; chanson, madrigal, Magnificat,
variations…) jusqu’à l’époque de J. S. Bach et du style concertant,
débouchant sur le « classicisme », le Concert spirituel, l’École de
Mannheim, et allant jusqu’à Mozart, Haydn et Beethoven. Ces nombreuses
pièces sont sélectionnées en fonction de leur sonorité et de la facture
instrumentale de tant d’instruments médiévaux à vent, à archet et à percussion,
révélées par cette habile compilation d’enregistrements discographiques.
Ce Guide mérite tous les éloges et se doit impérativement de figurer
dans toute discothèque pédagogique et, d’une manière générale, de mélomane
averti.
Neige sur les Orangers. Jade (43, rue de Rennes, 75006
Paris. promotion@milanmusic.fr) :
699 687-2. TT : 48’43.
Ce disque original, contient des noëls
de divers pays, interprétés par les voix très pures des Petits Chanteurs limousins.
Le programme, hors des sentiers battus, contient des noëls - catalan : El cant del ocells (Le chant des oiseaux), argentin : La
Estrella (L’Étoile), colombien : Hay auvid, très
« couleur locale »… À noter les noëls français : Il gèle à
pierre fendre harmonisé par Mgr J. Revert, regretté maître de
chapelle à Notre-Dame de Paris, et Nous te saluons, Notre-Dame, dans la
version d’A. Gouzès dont l’œuvre est marquée à la fois par l’influence du
chant grégorien et de la modalité byzantine. Des noëls allemand, anglais,
italien, hongrois, latin complètent cette sélection américaine et européenne
bien enlevée par ces Petits Chanteurs dirigés avec autorité par Cyprien Sadek.
À offrir sans hésitation.
« Stille Nacht… » Noëls
allemands. Harmonia Mundi (mbenoit@harmoniamundi.com) :
HMG 50 17 94. TT : 53’36.
Le célèbre RIAS Kammerchor, dirigé
par U. Gronostay, a réalisé un CD inattendu avec des chants de Noël mis en
musique par des compositeurs bien connus : M. Reger (1873-1916) -
auteur des Douze Chants spirituels allemands -, M. Bruch
(1838-1920) et F. Mendelssohn qui, dans l’esthétique de leur temps,
traitent des mélodies plus anciennes et des textes du mystique rhénan Jean
Tauler (ca 1308-1361), de M. Luther, de Paul Gerhardt
(1607-1676), l’un des meilleurs poètes du XVIIe siècle.
Figurent également les incontournables noëls : In dulci jubilo (bilingue), O du fröhliche (O nuit bienveillante) et, évidemment, le si
populaire Stille Nacht (Douce nuit, sainte nuit)… Les
mélomanes curieux découvriront aussi des arrangements de Carl Riedel
(1827-1888) et Wilhelm Kienzl (1857-1841), entre autres. Cette petite anthologie
de 23 noëls sera très appréciée.
Marcel FRÉMIOT : Messe
pour orgue « à l’usage des paroisses ». Coriolan
(gilles.perny@yahoo.fr) :
COR 318301. TT : 62’05.
Marcel Frémiot a été, entre
autres, l’élève d’O. Messiaen, de N. Gallon et R. Leibowitz.
Chantal de Zeeuw interprète d’abord, à l’orgue de l’église du Sacré-Cœur
du Prado (Marseille), sa Messe pour orgue « à l’usage des paroisses »
en 6 parties, reprenant un titre traditionnel. L’Entrée, assez
massive, avec de nombreux accords plaqués, l’Offertoire, de caractère
plus dépouillé, et la Sortie, de caractère incisif, plus
développée, contrastent avec l’atmosphère plus méditative des trois autres
brefs mouvements. L’ensemble se rattache au langage organistique
contemporain. J. Reveyron renoue avec l’esthétique
grégorienne ; A. Lejeune s’inspire du Veni Creator dans sa
pièce intitulée Clarté ; P. Thibaud exploite le thème du Te
lucis ante terminum. L’Ave Maria d’E. Lejet spécule sur le
principe mélodique et sur les registres aigus, et s’inscrit davantage dans la
tradition française que le Christus factus est nobis de P. Geel. Ce
CD ravira les discophiles curieux.
Édith Weber
Sacred Music. Les chefs-d’œuvre de la
musique sacrée. Coffret Harmonia Mundi (29CDs audio + 1CD-Rom PDF,
comportant les textes chantés) : HMX 2908304.33.
Sont ici regroupés 70 des plus hauts chefs-d’œuvre de la
musique sacrée occidentale – des premiers chants chrétiens aux messes de
Poulenc et Bernstein. Intégralement enregistrés : Oratorio de
Noël de Bach (René Jacobs), Le Messie de Haendel (William Christie), Vêpres de la Vierge de Monteverdi (Philippe Herreweghe), Le premier
homicide de A. Scarlatti (René Jacobs), Paulus de Mendelssohn
(Philippe Herreweghe), Messe de Bernstein (Kent Nagano). Le CD-Rom
comportant les textes chantés peut être lu sur ordinateur. Un
incontournable monument discographique !
Le tout nouveau label, « Hérisson Production »
(www.label-herisson.com) publie des œuvres certes peu ressassées :
- Jean-Marie
LECLAIR (1697-1764) : 2e Récréation musicale op.8. Sonates op.4 (n°1, 2, 3 et 4). Ensemble Pasticcio Barroco (2
hautbois, basson, contrebasse & clavecin).
- Carl
Philipp Emanuel BACH (1714-1788) : « Pensées
nocturnes ». Fantaisies (fa majeur, do majeur, fa# mineur). Sonates (mi mineur, sol mineur, mi mineur). Rondo (mi mineur). Mathieu Dupouy,
clavicorde. TT : 60’23.
- Georg Philipp TELEMANN
(1681-1767) : « Lust und Vergnügen ». Trio n°11. Partita n°4. Sonates pour basson (fa mineur, mi mineur), pour hautbois (sib majeur, mi mineur). Formation
comprenant : hautbois, basson, clavecin, théorbe &
violoncelle. TT : 62’23.
Merci aux talentueux directeurs artistiques d’un
label prometteur : Mathieu Dupouy, Denis Vautrin & David Walter.
Wolfgang Amadeus MOZART : 22e Concerto
pour piano en mib majeur K.482. 18e Concerto
pour piano en sib majeur K.456. Prague Chamber
Orchestra. Paul Badura-Skoda, piano & direction. Transart (www.cdpresto.com) : TR 166.
Distrib. : Naïve. TT : 75’11.
Art suprême de l’élégante simplicité, telle est certes la
qualité que tout mélomane se plaît à reconnaître en Paul Badura-Skoda,
incomparable mozartien. Qualité que l’on retrouve, bien entendu, dans ce
5e volume qu’il consacre à Mozart, de même que dans les cadences
qu’il a écrites pour le 22e Concerto. Interprète
en parfaite intelligence avec les musiciens du Prague Chamber Orchestra - avec
lesquels il se produit depuis 1970... Il signe également le livret du CD.
Joseph HAYDN
(1732-1809) : Die Schöpfung (« La Création »),
oratorio. Julia Kleiter, soprano. Maximilien Schmitt, ténor.
Johannes Weisser, basse. Rias Kammerchor & Freiburger
Barockorchester, dir. René Jacobs. Coffret de 2CDs + 1DVD Harmonia
Mundi (www.harmoniamundi.com) :
HMC 902 039.40. TT : 101’00.
Pour ce chef-d’œuvre
d’inspiration maçonnique, René Jacobs - éminent contre-ténor, chef d’orchestre,
chercheur & pédagogue - a ici réuni les meilleurs interprètes qui se
puissent imaginer. Outre l’œuvre intégrale & une notice
circonstanciée, le coffret propose un admirable documentaire signé Nayo Titzin, Creating The Creation, making-of de l’enregistrement. Hors du commun !
Franz SCHUBERT : Quatuor n°13 « Rosamunde » +
deux Lieder. Alban BERG : Suite lyrique, pour quatuor à
cordes & soprano + deux Lieder. Quatuor
Thymos. Salomé Haller, soprano. Christoph Eschenbach, piano.
Calliope (www.calliope.tm.fr) :
CAL 9410. TT : 77’03.
Composé de membres de l’Orchestre de Paris - adoubés par
Christoph Eschenbach, chef de cette prestigieuse phalange -, le Quatuor Thymos
(mot qui, en grec, signifie « souffle de vie ») a eu ici l’heureuse
idée de faire précéder les quatuors de Schubert et de Berg des Lieder qui les
ont inspirés. Pour « Rosamunde » : Marguerite au
rouet D.118 et Les dieux de la Grèce D.677. Pour la
« Suite lyrique » : Ferme-moi les yeux (versions de 1900
& de 1925). Découverte sur la scène baroque, la belle Salomé Haller
fait ici une entrée remarquée dans un répertoire plus récent, en parfaite
complicité avec Christoph Eschenbach, au piano.
Niccolò PAGANINI : 1er et 2e Concertos pour violon. Gioacchino ROSSINI : Ouverture de Matilde
di Shabran. Rudolf Koelman, violon. The
Netherlands Symphony Orchestra, dir. Jan Willem de Vriend. SA-CD Challenge Classics (www.challengerecords.com) :
CC 72343. TT : 71’50.
Avec, en soliste, l’un des plus brillants disciples de
Jasha Heifetz, voici – enregistrés live en octobre 2009 – les Concertos
en ré majeur et si mineur (« La Campanella »)
de celui que ses contemporains qualifiaient de « diabolique Rossini du
violon ». Rudolf Koelman (www.koelman.ch)
fait ici preuve de toute la virtuosité requise mais aussi, et surtout, d’un jeu
d’une souveraine clarté. Idéale prise de son.
Niccolò PAGANINI : 24 Caprices. Tedi
Papavrami, violon. 2CDs Aeon (www.aeon.fr) :
AECD 0985. TT : 2h26’53.
Passionnante confrontation de l’interprétation, sur deux
CDs, par le grand violoniste albanais, d’une version live, enregistrée à
Tokyo en 2001 & d’une version enregistrée dans un studio français en 1997
(celle-ci sur 7 jours, avec quelques points de montage ; cependant que la
version live ne comporte, bien sûr, aucun raccord).
Frédéric CHOPIN : 24 Préludes, op.28. Polonaises n°1 et 2, op.26. Laure Favre-Kahn,
piano. Transart (www.cdpresto.com) :
TR 150. TT : 58’45.
La délicieuse Laure Favre-Khan (www.laurefavrekhan.com) privilégie
les aspects élégiaques de ces Préludes - pièces sans doute les plus
formellement libres & harmoniquement avant-gardistes du plus élégant des
musiciens romantiques – au détriment, bien sûr, de leurs caractères proprement
virils. Voilà, en tout cas, une fort heureuse introduction aux célébrations, en
2010, du bicentenaire de la naissance du compositeur.
Charles-Marie WIDOR (1844-1937) : Symphonies pour
orgue n°2 et 4. Frédéric Ledroit aux grandes orgues Clicquot/ Cavaillé-Coll
de la cathédrale Saint-Louis de Versailles. Skarbo (www.skarbo.fr) : DSK 1091.
TT : 63’55.
Pour enregistrer les deux Symphonies ici retenues
(sur les dix composées par Widor), Frédéric Ledroit a judicieusement choisi le
grand orgue de Saint-Louis de Versailles - à la double prestigieuse
facture : celle des Frères Clicquot, lors de sa construction (1761), et
celle d’Aristide Cavaillé-Coll (1863). La 2e Symphonie en ré majeur, op.13 n°2, utilise une forme proche de la suite instrumentale
(Praeludium Circulare, Pastorale, Andante, Salve Regina, Adagio, Finale),
cependant que la 4e Symphonie en fa mineur, op.13 n°4,
ouvre sur une somptueuse Toccata & fugue (suivie d’un Andante cantabile,
d’un Scherzo et du Finale). Supplément : Fugue en mi mineur, fort prometteuse œuvre de jeunesse.
« Œuvres pour violon & orgue ».
Anne Robert, violon. Jacques Boucher, orgue. Disques XXI (www.XXI-21.com) :
XXI-CD 2 1626. Distr. Universal. TT : 61’13.
Après avoir longtemps présidé aux destinées des Jeunesses
musicales du Canada, Jacques Boucher est aujourd’hui titulaire du grand orgue
de l’église Saint-Jean-Baptiste de Montréal (orgue Casavant Frères,
op.615). Il assume en outre les fonctions de Doyen de la Faculté de
musique de l’Université de Montréal, tout en animant - infatigable réalisateur
- diverses émissions sur Radio-Canada. Il dialogue ici avec la grande
violoniste Anne Robert (elle joue un merveilleux Guarnerius « del
Gesù » de 1735, prêt de la Fondation Canimex du Canada), dans un ensemble
de pièces proprement admirables – rien moins que rebattues cependant.
Jugez-en : Adagio op.34 de Gustav Hägg
(1867-1925), Abendlied et Gigue de Joseph Rheinberger
(1839-1901), Adagio op.80 de Albert Becker (1834-1899), Romanze de Max Reger (1873-1916), Funf Stücke de Hermann Schroeder (1904-1984), Tröstung de Paul Gläser (1871-1937), Andante cantabile de Camillo Schumann
(1872-1946), Variations éclectiques de John Burge (1961-). Par
deux artistes majeurs, que des révélations… Si m’en croyez, chers
lecteurs, voilà un CD qu’il vous faut acquérir - de toute urgence !
Erik SATIE
(1866-1925) : Intégrale des œuvres pour piano, par Jean-Pierre
Armengaud (avec la participation de Dominique Merlet pour les pièces à quatre
mains). 5CDs Bayard Musique (www.editions-bayard.com).
Distrib. Sofédis.
Après ses intégrales de l’œuvre
pour piano de Debussy, Roussel, Poulenc & Boulez, comment le cher
Jean-Pierre Armengaud n’aurait-il pas enregistré celle d’Erik Satie – dont il
fut toujours l’attentionné et joyeux interprète, et dont il publie une superbe
biographie, Erik Satie, chez Fayard (voir notre rubrique
Bibliographie). Les pièces se présentent ici dans l’ordre de composition
– depuis le premier CD (1887-1891) comportant : 3 Sarabandes, Ogives, 3 Gymnopédies, 6 Gnossiennes, Le Fils des Étoiles, Sonneries de la Rose-Croix, jusqu’au cinquième CD (1919-1924) : 3 Petites
pièces montées, 6 Nocturnes, La Belle excentrique, Cinéma (entr’acte de Relâche), plus quelques autres pièces à la datation
incertaine. Vaste fresque composée d’une multitude de pièces parfois brévissimes
– « pensée obsessionnelle tendue, comme le tireur zen, vers un but unique
mais exprimée par des moyens variés » écrit Jean-Pierre Armengaud. [Les
textes d’accompagnement d’Erik Satie sont inclus, dans le 5e CD,
sur piste CD-Rom].
George
GERSHWIN : Rhapsody in Blue. Concerto pour piano, en fa majeur. Porgy
and Bess, a symphonic picture (arrangement :
Robert Russell Bennett). Bruno Fontaine, piano. Orchestre national de Lille,
dir. David Wroe. Transart (www.cdpresto.com) :
TR 155. Distrib. : Naïve. TT : 77’16.
D’un réjouissant éclectisme est la carrière internationale
du pianiste & arrangeur français Bruno Fontaine. Aussi est-il ici
dans son élément, notamment accompagné par David Wroe, chef étasunien souventes
fois invité à diriger la grande phalange lilloise.
Renée
FLEMING : Verismo. Coro e orchestra di Milano GiuseppeVerdi, dir. Marco Armiliato. Decca (www.deccaclassics.com) :
478 1533. TT : 72’20.
Voix somptueuse & poignante expressivité sont ici au
service d’une anthologie de pages plus ou moins célèbres du répertoire vériste
pour soprano. Extraits d’ouvrages de Puccini (La Bohème, Suor
Angelica, Turandot, La Rondine, Manon Lescaut),
Catalani (La Wally), Cilea (Gloria), Giordano (Fedora, Siberia),
Leoncavallo (La Bohème, Zazà), Mascagni (Iris, Lodoletta),
Zandonai (Conchita). Tout un répertoire dont la France découvre,
enfin ! les splendeurs lyriques. Textes quadrilingues inclus dans la
notice.
Chants sacrés. Carlo Ciabrini (ténor),
Thierry Delaroche (baryton), Ann Dominique Merlet (aux grandes orgues de
Saint-Eustache). Saphir (www.saphirproductions.net) :
LVC 1115. TT : 54’17.
Heureuse réédition, à l’approche des fêtes de Noël, d’un
ensemble de chants judicieusement ciblés, parmi lesquels de grands
« tubes » (plus ou moins liturgiques) signés Gounod, Rossini, Bizet,
Adam, Verdi, Bellini, Franck, Stradella, Boëly… Où l’on peut regretter
que soit privilégié un certain matamorisme belcantiste sur une plus modeste
intériorité.
Désiré-Émile INGHELBRECHT (1880-1965) : La Nursery,
36 pièces pour piano à 4-mains. Brigitte Gonin Chanut & Paul Crapie,
piano. Disque LN 0806/1 (folic@orange.fr Tél. : 06 62 00 59 12). Distr. : Musicast. TT :
49’42.
Scandaleusement méconnues sont ces pièces pour piano à
4-mains du célèbre chef d’orchestre, admirable interprète de la musique
française – singulièrement de son ami Debussy. D’un humour délicieux sont
ces 36 miniatures, sur de célèbres thèmes de notre enfance. Au bonheur
communicatif des deux pianistes !
Cantigas y Otras Canciones. Trio Fanal :
Françoise Atlan (chant & percussions), Pascal Ducourtioux (derbouka,
bodhran, percussions & guitare), Anas Cherkaoui (oud). Cristal (www.cristalrecordsclassic.com) :
CDC 904. TT : 49’18.
Florilège de « Chants et musique de la
Méditerrannée », ce superbe CD réunit des cantigas judéo-berbères,
judéo espagnoles, judéo-arabes, des pièces d’Alphonse le Sage, mais aussi des
« traditionnels » sépharades et de toutes nouvelles compositions de
Pascal Ducourtioux. « Musiques du monde » en majesté !
Kaija SAARIAHO : L’amour de loin. Opéra
sur un livret d’Amin Maalouf. Daniel Belcher, ténor (Jaufré Rudel).
Ekaterina Lekhina, soprano (Clémence). Marie-Ange Todorovitch,
mezzo-soprano (le Pèlerin). Rundfunkchor
Berlin, Deutsches Symphonie-Orchester Berlin, dir. Kent Nagano. 2SACDs
Harmonia Mundi : HMC 801937.38. TT : 2h01’.
S’inspirant de l’amour fantasmé par le troubadour Jaufré
Rudel, prince de Blaye, pour Clémence, comtesse tripolitaine (qu’il lui aurait
été certes plus sage de ne pas vouloir rejoindre en sa lointaine tour -
« fuite dans le réel »), Amin Maalouf a ici écrit un superbe livret
dont la grande Kaija Saariaho a tiré, pour son premier opéra, des accents d’une
rare puissance avec des moyens, pourtant, d’une grande sobriété. « Être
une femme compositeur est presque impossible, dit-elle. Pour
écrire de la musique, il faut de la concentration, une écoute intérieure.
Pour être femme, pour être une mère, il faut être toujours disponible et
efficace. Difficile d’avoir à la fois les pieds sur la terre et la tête
dans le ciel… ». Gageure tenue !
Kris
DEFOORT (°1959) : House of the sleeping beauties. Opera in
three nights, d’après Yasunari Kawabata. En anglais. Enregistrement live au Théâtre de La Monnaie de Bruxelles. Barbara
Hannigan (soprano) : the Woman. Omar Ebrahim (baryton) : the
Old Man / Deux acteurs, chœur et Ensemble Schönberg, dir. Patrick
Davin. 2CDs Fuga Libera (www.fugalibera.com) :
FUG 708. TT : 89’56.
D’après le célèbre roman de Yasunari Kawabata, composé de
dialogues entre un vieil homme et « Madame ». Celle-ci dirige
une manière d’hôtel où, endormies, de belles jeunes filles dénudées sont
nostalgiquement contemplées, nuit après nuit, par de très vieux
messieurs. Rien toutefois de dégradant, dans l’affaire. La musique
de Kris Defoort (www.aubergine-am.com)
est profondément imprégnée des harmonies du jazz (après une formation initiale
à la musique ancienne, le compositeur fut pianiste dans un cabaret
new-yorkais). Dialogues accompagnés au piano, sans pulsation
apparente. Solistes et chœur décrivent, quant à eux, la disposition des
corps, les situations, les intimes pensées des protagonistes. D’une
grande puissance tragique est cette musique, singulièrement lors des
interventions des chœurs et de l’orchestre – déchirants lambeaux sonores.
Extrême dépouillement des dialogues (en anglais) - donc aisés à suivre dans la
notice. Laquelle inclut aussi : « Kris Defoort vu par Philippe
Boesmans, propos recueillis (en français) par Serge Martin ». Un ouvrage
d’un lyrisme novateur, fascinant.
« Turbulent Heart ». Ernest
CHAUSSON : Poème de l’amour et de la mer, op.19. Louis
VIERNE : Les Djinns, op.35, Éros, op.37, Ballade du
désespéré, op.61, Psyché, op.33. Steve
Davislim, ténor. The Queensland Orchestra, dir. Guillaume Tourniaire.
Super Audio CD Melba (www.melbarecordings.com) :
MR 301123. TT : 76’32.
Merci à la firme australienne Melba d’avoir enregistré
pareils chefs-d’œuvre. Rien moins pourtant que galvaudés… tout au moins dans
l’hexagone ! Merci également au provençal Guillaume Tourniaire, jeune chef
à la carrière fulgurante, aujourd’hui directeur musical de l’Opéra de
Prague. Superbe enregistrement, somptueux digipack.
« Lettres du front », mélodies de la
Grande Guerre, par Laure Crumière (soprano) Guillaume Palissy (baryton),
Gérard-Marie Fallour (piano), Alexis Galpérine (violon) et Michel Glasko
(accordéon). TT : 48’25. « Mémorial », la
Grande Guerre en musique, par Éric Ampeau (orgue de Saint-Louis des Invalides)
et la Musique principale de l’Armée de Terre, dir. Jean-Michel
Sorlin. TT : 67’02. Un coffret Corélia (www.corelia-musique.com) :
CC874708 + 874709.
Dans « Lettres du front », sont réunies des
œuvres de Cl. Debussy, R. Hahn, P. Vellones, H. Büsser,
A. Fleury, P. de Bréville, Ch. Sablon… plus Ta-pum (chant populaire italien) & Lily Marlene (R. Schultze).
Dans « Mémorial », des œuvres de Fl. Schmitt, A. Caplet,
F. Halphen, C. Saint-Saëns, L. Ganne, R. Hahn,
J. Ibert, P.-E. Sagnol… Compilation d’œuvres de grande qualité
(pour la plupart) – fort bien interprétées.
« A
Mediterranean Odyssey ». Loreena McKENNITT : From Istanbul
to Athens / The Olive and the Cedar. Coffret de deux albums Quinlan
Road (www.quinlanroad.com) :
QRCD 113 + QRCDC-OC09.
Toujours aussi fascinante est la voix de la merveilleuse
Loreena McKennitt, qui nous offre - cette fois en deux albums – un large
panorama des musiques que lui auront inspirées le bassin méditerranéen. From
Istanbul to Athens comporte 10 chansons enregistrées live durant sa
tournée 2009 (Turquie, Chypre, Liban, Hongrie, Italie, Grèce). The
Olive and the Cedar nous propose une compilation de 11 succès antérieurs
(enregistrés en studio).
« Encores ». Les Cris de Paris,
dir. Geoffroy Jourdain. Alpha (www.alpha-prod.com) :
888. Présentation en boîtier métallique rond.
Fantastique idée que d’avoir ici réuni les encores (autrement dit les « bis ») que « Les Cris de Paris » (http://lescrisdeparis.free.fr) offrent
à leurs fans, a cappella, en fin de concert. Ahurissantes
gageures, pour la plupart… Soit dix-huit pièces, de notamment :
Fr. Zappa, Br. Spears, E. Medeiros, S. Gainsbourg, Madonna,
J. Mathis, J. Dutronc, les Beatles, J. Brel…, ont été ainsi
adaptées par David Colosio, Morgan Jourdain & Vincent Manac’h. Que du
bonheur !
« UdeM », vol. 1. Big Band de
l’Université de Montréal, dir. Ron Di Lauro. Disques XXI (www.XXI-21.com) :
XXI-CD 2 1655. Distr. Universal. TT : 61’13.
Impressionnantes sont la cohérence & la compacité des
sections d’anches & de cuivres de cet extraordinaire Big Band [ô
merveilleux enfants de Count Basie !], composé d’une trentaine d’étudiants
de la section Jazz de la Faculté de musique de Montréal. Dont - sans
vouloir peiner qui que ce soit - nombre de nos formations
hexagono-professionnelles ne feraient pas mal de s’inspirer… Pièces
composées et/ou arrangées par notamment : Sammy Nestico, Leonard
Bernstein, Sydney Bechet, Thad Jones, Paul Lopez, Rémi Boduc, Fred
Stride… Un perceptible – et communicatif - bonheur de jouer !
Francis Gérimont
Les Saisons : l’harmonie du temps. Coffret de 4 CDs
« Cristal Records Classic » : CRCC 908.
Une compilation de quatre CDs autour du thème des
saisons : Printemps, Été, Automne et Hiver, regroupant des œuvres de
divers compositeurs, certains très connus, d’autres moins, sous la baguette de
différents chefs à la tête de différents orchestres, là encore, certains très
connus et d’autres moins… Une publication originale et agréable… avec de très
heureux moments.
Wolfgang Amadeus MOZART : Gran Partita K.361.
Transcription pour orgue de & par Vincent Genvrin, avec le concours de
Yoann Tardivel Erchoff. Orgue François Henri Clicquot de l’église
Saint-Nicolas-des-Champs, à Paris. Hortus : 071. TT :
59’34.
Démarche, certes originale, mais peu convaincante que
cette transcription, pour orgue, de la Gran Partita de Mozart pour
treize instruments. Toute la finesse et l’intérêt de l’œuvre originale,
liés à la virtuosité instrumentale, les effets de fusion et de contraste des
différents timbres disparaissent dans une lourdeur sonore confinant bientôt à
l’ennui, voire à l’exaspération, tant la partition mozartienne est ici
méconnaissable. Une initiative que la volonté d’accroître le répertoire de
l’orgue ne saurait justifier.
Viennoiseries musicales (1806-1826). La Simphonie du Marais,
dir. Hugo Reyne. Musique pour Csakan (flûte-canne). Musique à la
Chabotterie (http://chabotterie.vendee.fr/label_discographique) :
605.007. TT : 77’52.
Un disque qui nous propose ces viennoiseries musicales,
attablés dans un salon XIXe siècle, devant un chocolat viennois ou
une Sacher-Torte. Occasion de faire connaissance avec cet instrument peu connu,
au son délicat, qu’est le Csakan ou flûte-canne, dans un répertoire également
peu connu (500 œuvres, essentiellement concentrées entre 1807 et 1849) en solo
ou associé à un trio ou quatuor à cordes et piano-forte. Il suffit de fermer
les yeux et d’écouter pour s’y croire. Original et plaisant. En
prime : recette du chocolat viennois…
Jonction, etc. Duo Portejoie-Lagarde. Corelia
(www.corelia-musique.com) :
CC874707. TT :
63’38.
Philippe Portejoie au saxophone & Frédérique Lagarde
au piano, pour un disque comprenant six compositions originales, spécialement
écrites pour ce duo. Superbes pièces signées Timothy Hayward, Roger
Boutry, Richard Phillips, Joe Makholm, Lucie Robert et François Rossé,
remarquablement interprétées. Entre jazz & musique contemporaine.
Divin. Guy Touvron (trompette), Carine
Clément (orgue). Corelia (www.corelia-musique.com) :
CC874705. TT :
61’11.
Ce beau disque séduira tous ceux qui s’interrogent sur la
signification de la musique mais peut-être les autres, également. Guy
Touvron & Carine Clément nous proposent cinq compositions contemporaines -
de Graciane Finzi -, enregistrées ici pour la première fois, dont quatre
dédiées au trompettiste, autour du thème de la voix des dieux. Ces diverses
pièces prouvent que l’écriture contemporaine offre une grande richesse qui va
d’une mélodie plutôt tonale à des trajets plus atypiques. Habitée d’une
certaine transcendance, l’interprétation est sans faille…
Les 3 Cuivres. Trio Caens-Cazalet-Becquet, avec
la participation de Laëtitia Bougnol, piano. Corelia (www.corelia-musique.com) :
CC874721. TT : 53’14.
Trois musiciens renommés, Thierry Caens à la trompette,
André Cazalet au cor et Michel Becquet au trombone, sont réunis sur ce
disque-patchwork, composé de diverses transcriptions - plus ou moins réussies -
à partir des répertoires classique, lyrique, de la chanson populaire et du
tango. Qualité musicale indiscutable, tout est ensuite affaire de goût.
Pour amateurs, bien sûr, de cuivres et de fanfares. On regrettera
toutefois quelques erreurs dans la numérotation des plages…
Nikolaï RIMSKY-KORSAKOV & Modeste MOUSSORGSKI : Carpe
Diem. Orchestre russe, dir. Jean-Pierre Arnaud. Hortus :
070. TT : 54’29.
Initiative originale que de transcrire, pour petite
formation (l’ensemble Carpe Diem se compose de 9 musiciens), les grandes pages
de la musique symphonique. Jean-Pierre Arnaud & Marine Perez nous
proposent ici des transcriptions et réorchestrations de Sadko et de la Danse
des bouffons de Rimski-Korsakov, ainsi que des Tableaux d’une exposition et d’Une Nuit sur le Mont Chauve de Moussorgski. Une approche
probablement nouvelle, plus essentielle, de l’œuvre pour les musiciens.
Une nouvelle écoute plus intimiste parfois plus déroutante mais qui n’est pas
sans charme, pour les auditeurs. Un disque-surprise - de circonstance en
cette fin d’année…
« À la venue de Noël ». Maîtrise &
Grandes Orgues de Notre-Dame de Paris. Hortus : 963. TT :
67’46.
Un disque de circonstance… Œuvres de Claude
Balbastre, Louis Daquin, Marcel Dupré. Direction de la maîtrise :
Lionel Sow. Aux grandes orgues : Yves Castagnet, Olivier Latry,
Philippe Lefebvre, Jean-Pierre Legay. Dans la grande tradition musicale
de Notre-Dame de Paris. Pour amateurs.
Patrice Imbaud
L'art des castrats ressuscité. La fascination pour les
voix hors normes, celle des castrats en particulier, dont il est pourtant
difficile d'imaginer ce qu'elles furent, est plus que jamais vivace et suscite
des entreprises aussi audacieuses que passionnantes. Ne permet-elle pas
la redécouverte de compositions méconnues ou tout simplement inédites,
notamment au disque. Coup sur coup, deux des plus grands chanteurs du
moment, Cecilia Bartoli et Philippe Jaroussky, se penchent sur ce répertoire et
se livrent à des exercices de haute voltige musicale. Avec l'immense
talent qu'on leur connaît, ils restaurent des trésors cachés.
« Sacrificium » : Cecilia Bartoli chante
les castrats. Nicola PORPORA : extraits de Sifare, Germanico
in Germania, Semiramide riconosciuta, Adelaide, La morte
d'Abel. Antonio CALDARA : Sedicia.
Carl Heinrich GRAUN : Demofoonte, Adriano in Siria. Leonardo
LEO : Zenobia in Palmira. Leonardo VINCI : Farnace.
En bonus : arias de Riccardo Broschi, George Frideric Händel, Geminiano
Giacomelli. Cecilia
Bartoli, mezzo-soprano. Il Giardino Armonico, dir. Giovanni
Antonini. 2CDs Universal/Decca : 478 1523. TT : 78'
+ 21'12.
Dans son nouveau projet, Cecilia Bartoli, que décidément
rien n'arrête quant au défi vocal, célèbre l'âge des castrats. Pour
appeler l'attention sur un phénomène ambivalent de l'histoire de la
musique : la beauté exceptionnelle de ces voix au timbre céleste devant la
performance desquelles le public se prenait d'hypnose au point de doter leur
possesseur du statut de « star » ; mais aussi le sacrifice
humain peu louable qui la permettait, la mutilation de milliers de jeunes gens
appartenant aux milieux défavorisés. C'était le prix à payer pour garder
intacte la voix avant la mue et en disposer rapidement, bien plus tôt que celle
des femmes, de surcroît interdites de scène. La tradition connut ses
heures de gloire au XVIIIe siècle avec les Farinelli, Senesino,
Caffarelli et autres Porporino. Nombre de compositeurs ont écrit, pour
ces voix mirifiques, des musiques d'une étonnante virtuosité. Dont Nicola
Porpora qui fonda la Scuola dei castrati, à propos de laquelle on a parlé
de « fabrique napolitaine ». Le récital saisit par son opulence
presque envoûtante. La voix défie les catégorisations, tant est
stupéfiant l'art de varier en intensité les trilles, de les enchaîner dans un
seul souffle. Tels les arias « di furore » où le passage d'un
registre à l'autre se fait sans hiatus, malgré des sauts de notes vertigineux,
des montées vers l'aigu acrobatiques ou des plongées somptueuses dans le
grave. Les airs de lyrisme sont peut-être plus remarquables encore car
plus exigeants - longues phrases coulées sans une respiration, vocalises
bravant les écarts de dynamique. Plus originaux encore, les airs dits
« de comparaison » où la musique se mesure aux bruits de la nature,
tel le dialogue de la voix avec la flûte pour imiter le gazouillement de
l'oiseau. À la splendeur vocale répond une maîtrise peu commune de
l'expression : exacerbation du discours, emphase portée sur le mot.
Un rare achèvement auquel l'ensemble Il Giardino Armonico et son bouillant
chef Giovanni Antonini apportent plus qu'un accompagnement. Le travail
instrumental est aussi brillant qu'est insolente la vocalité dont fait montre
la soliste.
Johann
Christian BACH : La dolce fiamma. « Forgotten castrato
arias ». Philippe Jaroussky chante des airs de La clemenza di
Scipione, Artaserse, Orfeo ed Euridice, Adriano in Siria, Carattaco, Temistocle. Airs de concert. Philippe
Jaroussky, contre-ténor. Le Cercle de l'Harmonie, dir. Jérémie
Rhorer. Virgin Classics :
685 726 00
. TT : 63'10.
Tout aussi infatigable dénicheur
de trésors enfouis, Philippe Jaroussky réhabilite Jean-Chrétien Bach
(1735-1782). Dernier fils du Cantor, celui qu'on a appelé « le Bach
de Londres », parce qu'il s'y tailla une solide réputation, au point
d'être considéré comme le digne successeur de Haendel, tranche avec le reste de
la fratrie, en ce qu'il écrivit essentiellement pour l'opéra italien. Et
de penser qu'il est peut-être le trait d'union entre Haendel et Mozart.
Son écriture offre une réelle grâce mélodique et une frémissante harmonie.
L'orchestration riche, parfois luxuriante, fait la part belle aux instruments à
vent auxquels la voix s'unit tendrement. Le florilège d'arias proposé
permet de se faire une idée juste, à travers une belle variété d'affects, de
l'impact dramatique d'une musique annonçant plus Mozart qu'elle ne s'attarde
sur une ère baroque révolue. Composées entre 1750 et 1770, ces pièces
l'ont été à l'intention de castrats, dont le règne tirait pourtant à sa
fin. Le festin vocal est splendide car la pureté exceptionnelle du timbre
de soprano de Jaroussky a quelque chose de sensuel. Avec sa simplicité
coutumière, il allie un sens sûr de la déclamation à un legato d'une extrême
douceur, comme caressant la phrase musicale. Le souffle inépuisable et
l'absence de vibrato parent d'une aura magique plus d'une page dont celles
initiales de l'aria « Cara, la dolce fiamma », alors que le premier
mot émerge ppp pour s'enfler peu à peu. Et quel art de la
vocalise, combien nuancée, jamais froide. Comme le souligne le chanteur,
le Cercle de l'Harmonie qui joue sur instruments anciens, est une sorte d'idéal
pour donner vie à cette musique ; et entourer pareille voix.
Johann Sebastian BACH : Le Clavier bien tempéré,
livre Ier. Maurizio Pollini, piano. 2CDs
Universal/DG : 477 8078. TT : 53'24 + 57'01.
Maurizio Pollini se tourne vers Bach et aborde ce monument
qu'est le Premier Livre du Clavier bien tempéré. Composée en 1722,
cette série d'œuvres couronne les riches années passées à Coethen, apogée de la
musique instrumentale du Cantor. Comment ne pas citer Adolphe Boschot
qui, dans son ouvrage Musiciens-poètes, souligne que « rythmes,
mouvements, dessins mélodiques, style libre ou en imitations, développements,
épisodes dans une page vive, cadences soudaines – vraiment tout jaillit de la
pensée. Partout, la forme subit une poussée intérieure qui la commande et lui
donne vie ». Aucune de ces 24 compositions binaires, prélude &
fugue, ne se ressemble. Chacune développe un climat particulier. Le
rapport entre les deux morceaux connaît une infinie diversité du point de vue
formel, soit que le prélude annonce la fugue, soit que cette dernière s'oppose
au prélude introductif ; sans parler des modes d'écriture de l'un et de
l'autre, qui n'ont rien de systématique : inventions, mouvements
perpétuels, toccatas, fugues de deux à cinq voix. L'approche sobre de
Pollini, qui ne se prend pas pour cérébrale ou abstraite, laisse s'épanouir la
variété inépuisable d’harmonies et de couleurs. Bien sûr, c'est du piano,
et du jeu sur un instrument moderne. Les puristes pourront regretter le
clavecin. Mais comment résister à la vitalité saisissante des contrastes
de dynamique et à ce toucher merveilleusement délié. L'indispensable
rigueur n'est en rien fastidieuse, et cet exercice à vocation d'apprentissage
devient un passionnant voyage musical dont se dégage un sentiment d'unité.
« To Saint Cecilia ». Henry PURCELL : Hail ! Bright Cecilia. George Frideric HÄNDEL : A
song for Saint Cecilia's day. Joseph HAYDN : Messe de sainte-Cécile.
Lucy Crowe (soprano), Nathalie Stutzmann (contralto), Anders J. Dahlin (ténor),
Richard Croft (ténor), Luca Tittolo (basse), David Bates (contre-ténor), Neil
Baker (baryton). Chœur des Musiciens du Louvre, Les Musiciens du
Louvre-Grenoble, dir. Marc Minkowski. 2CDs Naïve :
V 5183. TT : 78'50 + 74'.
Ce qui fut un mémorable concert à la Salle Pleyel devient
un disque d'anthologie. En un passionnant projet, Marc Minkowski
rapproche, sous le thème des musiques écrites pour sainte-Cécile, trois
compositeurs emblématiques. Que la pièce de Purcell et celle de Haendel -
deux musiciens anglais, de naissance et d'adoption - aient en commun leur
contenu d'Ode vénérant la patronne des musiciens, la chose n'est pas
douteuse. Mais que dire de la messe de Haydn ? Le chef s'en explique
en soulignant que celle-ci « présente, par sa structure liturgique et son
texte latin, un faux contraste avec les titres de Purcell et de Handel car elle
ressortit au même théâtre spirituel baroque dans une forme tardive ».
Et d'ajouter que tous trois nous convient à « une fête des timbres »
célébrant la musique. Chez Purcell, le plus original, la composition fait
alterner vivacité et contemplatif. L'ode de Händel, grandiose, par
moments jubilatoire, est une sorte d'hymne à la Création. La messe de
Haydn renferme une douce harmonie et une grande ferveur. En tout cas, ces
œuvres ont en commun la magistrale prestation de Marc Minkowski et de ses
Musiciens du Louvre-Grenoble. Tout autant chez eux dans le discours
fluide de Händel que dans l'admirable classicisme de Haydn, ou l'élan qui
distingue la pièce de Purcell. Et partout d'éminentes qualités
instrumentales et un luxe inouï de détails… Les chœurs ne sont pas en reste,
que ce soit dans les effets en répons ou dans les passages fugués. Un
soin particulier a été apporté au travail sur l'intonation. C'est aussi
le cas pour les solistes, tous émérites, en particulier la soprano Lucy Crowe,
dont le timbre n'a rien de désincarné, et le ténor Richard Croft, un modèle de
chant stylé. Une entreprise où la sagacité musicologique rencontre le
bonheur de l'écoute.
Joseph HAYDN : Quatuors op. 33, n°1 à
6. Cuarteto Casals. 2CDs Harmonia Mundi : HMX 2962022/23.
TT : 58'24 + 48'55.
De ses six Quatuors op. 33 (1781), dédiés au
grand-duc de Russie, futur tsar Paul Ier, Haydn dira qu'ils
sont écrits « dans un style tout à fait nouveau et
particulier ». Ils se distinguent, en effet, de la précédente série
de l’op. 20 par leur extrême concision et leur climat enjoué. Surtout, le
compositeur y distille un humour délicat qu'il niche dans tel trait ou
idée. Par exemple, au finale du Deuxième quatuor, alors que la
même phrase revient après un point d'orgue, par effet de surprise. On
disait, à l'époque, ces quatuors appréciés autant des amateurs que des
connaisseurs, au nombre desquels figurait Mozart. La forme en quatre
parties, laisse apparaître, pour les quatre premiers, un agencement plaçant un
mouvement modéré en ouverture suivi d'un scherzo en deuxième position.
Tandis que les deux derniers débutent par un morceau vif auquel fait suite le
mouvement lent. Ils se signalent tous par l'art souverain avec lequel
Haydn s'ingénie à travailler un sujet qu'il transforme de multiples
façons. L'invention thématique, bien que pas aussi développée qu'elle le
sera dans les quatuors ultérieurs, est déjà riche : ainsi, au milieu d'un
scherzo, le trio, empruntant au mode de la chanson villageoise, module-t-il un
solo du premier violon, comme produit par joueur éméché ; ou tel effet de
pépiements d'oiseau dans le n°3. Le jeune ensemble espagnol, Cuarteto
Casals, fondé en 1997, s'est déjà taillé une solide réputation, notamment dans
la création contemporaine. Se réclamant du Quatuor Alban Berg, ils
abordent ces pages classiques avec goût et un grand soin de la forme.
Empreinte d'objectivité, leur approche ne laisse cependant pas place à la
froideur. Le respect scrupuleux des indications rythmiques et l'admirable
qualité instrumentale distinguent leurs interprétations.
« Une jeunesse intrépide ». Johannes BRAHMS : Ballades op. 10. Thème & variations en ré mineur. Sonate op. 5. Nicolas Stavy, piano.
Hortus : 068. TT : 80'54.
Ce généreux CD propose des œuvres appartenant à la
première manière de Brahms. Les Ballades op. 10 offrent des
paysages intimes et fantastiques, sur le mode andante pour trois d'entre
elles. Elles mêlent le style du chant populaire qu'affectionnait l'auteur
et la gravité du Lied germanique hérité de Schubert. « Musique
d'illustration poétique » selon Claude Rostand, de par l'idée qui vint à
Brahms d'une vieille ballade écossaise. La Sonate op. 5 -
déjà la troisième qu'il ait écrite - se signale par ses vastes proportions,
près de 42'00 et pas moins de cinq mouvements. Une de ses particularités
est d'utiliser des thèmes repris sous forme cyclique. L'atmosphère y est d'un
romantisme souvent exacerbé, fougueux, d'une forte expressivité (mouvement
lent), où voisinent des visions passionnées (scherzo) ou mélancoliques
(intermezzo). Le finale fait penser à Schumann, mais avec l'intrépidité d'un
jeune musicien auquel rien ne semble résister. On a pu dire que le
foisonnement d'idées qui règne dans cette œuvre l'égale à un autre sommet du
genre : la Sonate de Liszt. Du même élan procède Thème et
variations, écrit par Brahms à la demande de Clara Schumann, transcription
du mouvement lent du Premier Sextuor à cordes op. 18. Nicolas
Stavy est une sorte d'antivirtuose. Son jeu affirmé délaisse l'emphase.
La matière sonore est cependant tout sauf désincarnée. Il est servi par
un instrument fort intéressant, un piano du facteur Steingraeber und Söhne qui tient boutique à Bayreuth, depuis 1852. Ses caractéristiques sont une
résonance plus présente, notamment dans le pianissimo, que par exemple un
Steinway, un registre de basse affirmé, et sans doute une moindre brillance que
son confrère de Hambourg. Il favorise une sonorité profonde, d'autant plus que
saisi dans l'acoustique un peu mate des salons de la manufacture.
Sergei RACHMANINOV : Trio élégiaque n°1.
Peter TCHAIKOVSKI : Trio pour piano op. 50. Lang Lang
(piano), Vadim Repin (violon), Mischa Maisky (violoncelle).
Universal/DG : 477 8099. TT : 64'15.
Trois stars du classique, trois générations aussi, sont
réunies pour un disque- événement de musique de chambre. Enregistrées
dans le foulée d'exécutions au Festival de Verbier, en août 2009, voilà des
exécutions grande manière où le pianiste déploie sa faconde habituelle, mais
sait aussi modérer ses ardeurs conquérantes pour habilement s'intégrer au chant
des cordes. Il faut dire que Mischa Maisky - qui connaît bien ce
répertoire, pour l'avoir naguère servi avec Kremer et Argerich - tout comme
Vadim Repin, fin musicien, savent ce que faire de la musique entre amis veut
dire. L'imposant Trio de Tchaïkovski, écrit en hommage à Anton
Rubinstein, déborde souvent le cadre intimiste associé à ce genre. Les
grands éclats déclamatoires du Pezzo elegiaco initial regorgent de
traits paroxystiques au piano, qu'entrecoupe une stance mélancolique. Le Thème
et variations, introduit par le piano, fait se succèder des figures fort
variées dont un tempo de valse, une mazurka ou une fugue ; tandis que la
variation finale, dans sa grande forme, permet au piano de se montrer
tempétueux, presque trop peut-être ici. La pièce se termine cependant en
forme de marche funèbre et dans un souffle. Le Trio élégiaque de
Rachmaninov ne prétend pas à cette force démonstrative. En un seul
mouvement, il fait la part belle au violoncelle ; non que le piano,
instrument de prédilection du compositeur, ne se signale pas par quelques
brillants éclats. Là encore le morceau se conclut par une marche funèbre.
Jean
SIBELIUS : Symphonies n°1 à 7. Kullervo op. 7.
Monica Groop (mezzo-soprano), Peter Mattei (baryton). London Symphony
Chorus and Orchestra, dir. Sir Colin Davis. 4CDs LSO Live : LSO
0191. TT : 78'20 + 75'34 + 79'13 + 72'12.
Peu de chefs mieux que Colin Davis possèdent l'idiome de
Sibelius. Pour sa troisième intégrale des symphonies au disque, de
nouveau avec le LSO, mais capté cette fois live, au Barbican de Londres,
entre 2002 et 2008, le grand chef anglais remet sur le métier cette somme de
musique atypique qui n'a pas toujours fait l'unanimité - au pays de Claude de
France du moins. Musique pittoresque, pis folklorique, a-t-on
décrété. Que des chefs de la stature de Beecham et Karajan naguère,
Rattle ou Davis aujourd'hui, l'inscrivent à leurs programmes veut pourtant bien
dire quelque chose. Musiques d'atmosphère, les sept symphonies
illustrent, certes, les vastes paysages finlandais où se livre un combat entre
ombre et lumière, sourdent les forces élémentaires de la nature. Mais il
y a plus que cela : un sentiment d'improvisation, un discours en
développement perpétuel, une forme d'étrangeté dans le cheminement de la pensée
qui entraîne l'auditeur vers l'inattendu. Colin Davis le démontre
péremptoirement, de manière plus évidente encore que dans ses précédentes
lectures. La tension est souvent palpable, renforcée par la captation en
direct. Les contrastes ppp sont soulignés et les accords forte dépourvus
de toute emphase romantique. Il dénoue l'écheveau de cette thématique
erratique, à la dynamique changeante, où les sujets se métamorphosent parfois
de manière singulière. Et puis il y a ces tournures typiques : les
phrases mélodieuses des violons, au large ambitus, sur pédale grave, ou ces
envolées en forme de tourbillon. Toute l'originalité de l'orchestration
sibélienne est là, de la veine tourmentée des premiers opus, au caractère
héroïque de la Cinquième, à la sérénité de la Septième. La belle
plasticité du LSO y est pour beaucoup, que ce soit dans les passages
intrumentaux exposés ou les grands climats, jamais clinquants, alors que les
cuivres sont volontairement retenus. Une rareté complète cet
ensemble : la symphonie Kullervo, essai de jeunesse (1892).
Quelque peu hybride dans sa construction et ses idées, à mi-chemin entre poème
symphonique et symphonie chorale, puisant son inspiration dans la saga finnoise
du Kalevala, elle culmine dans son vaste troisième mouvement qui n'est
pas loin, sur sa fin, d'une scène d'opéra.
Jean-Pierre Robert
POUR LES PLUS JEUNES
En ces périodes… de rouges houppelandes,
de hottes et/ou bottes à garnir, rien que de prévisible dans ce déferlement
d’albums destinés à nos chers petits :
Mironton,
mirontaine. Chansons de toujours et
danses traditionnelles (de 3 à 9 ans). Chœur & Musiciens de Mlle de Guise, dir. Laurence Pottier, Aline Behar. Coffret de 2CDs Bayard
Musique. Distr. Sofédis. TT : 40’22 + 64’32. Fort plaisante compilation de célèbres
« tubes » de l’enfance. Depuis la Renaissance ou le Baroque
(39 titres)... « Mironton, mirontaine » & « Gai
luron, lurette ».
Dominique
DIMEY (Textes & chant) : Enfances. Le droit des enfants
en chansons. 2CDs Victorie Music (www.club-tralalere.com) :
301 809.2. Distr. Universal. Qui ne reconnaît désormais le talent de la fille du grand
poète que fut Bernard Dimey (ô Syracuse !)... Sur des
musiques composées & arrangées par Pierre Bluteau, elle ne nous propose pas
moins de 33 nouvelles chansons avec, en sus, 5 versions
instrumentales sur lesquelles chanter. À consulter : www.dominiquedimey.com
Albums
d’enfants. Pièces de compositeurs
russes. Elena Filonova, piano. 3CDs Calliope (www.calliope.tm.fr) : CAL 9421.3.
TT : 3h55’. Il fallait certes une
artiste du cru - et de la qualité d’Elena Filonova - pour restituer toute leur saveur
originelle à ces délicieuses pièces de Tchaikovsky, Prokofiev, Shostakovich,
Shchedrin, Kabalevsky, Maikapar, Gretchaninov, Lyapunov, Sviridov,
Khachaturian, Slonimsky & Myaskovsky. Que de charmantes découvertes !
Y’en
a assez pour tout le monde !
Ensemble « Les Enfantastiques » (www.lesenfantastiques.fr),
dir. Jean Nô. « L’Autre Distribution ». TT :
39’13. Onze chansons - écrites avec
des enfants, chantées par des enfants, pour d’autres enfants - composent cet
album destiné à soutenir les mouvements ATD Quart Monde &
France-Tapori. Le livret comporte le texte intégral des chansons (dont on
peut commander les partition : lesenfantastiques@wanadoo.fr).
Le plaisir ne peut-il s’allier à la générosité ?
Carlo BONDI
(Auteur) & Xavier MICHEL (Compositeur) : Le Voyage de l’Ange.
Victorie Music (www.club-tralalere.com) :
301 802.0. Distr. Universal. Destination
Cianciana : en 9 chansons poétiques, l’affaire est bouclée ! Jolies
chansons poétiques dans un emballage percussif (fort « actuel », mon
Dieu), émaillé de claviers, basse, guitare, vagissements et chœurs d’enfants.
Fawzy AL-AIEDY : Noces-Bayna. Chansons traditionnelles de France & miroir
d’Arabie. Victorie Music (www.club-tralalere.com) :
301 801.5. Distr. Universal.
Il s’agit
là de la captation d’un spectacle musical créé en 2006 lors du Festi’Val de
Marne. Où sont tissés des liens entre cultures a priori fort distantes.
Ainsi, après chaque chanson (interprétée par Évelyne Girardon), Fawzy Al-Aiedy
(chant, oud, hautbois, cor anglais) fait-il miroir avec l’une de ses propres
compositions. Nombreux intervenants (chœurs & instruments
traditionnels).
Riquet
à la Houppe de Charles Perrault, conté par
Coline Serreau. L’imparfait, conte musical d’Edwige Cabélo
(librement inspiré du texte de Perrault) pour chœur d’enfants.
Musiques : Bruno Garlej & Patrick Zygmanowski. Tamayo Ikeda
(piano), Andreï Iarca (violon), David Zambon (tuba). Chœur d’enfants du
Conservatoire de Suresnes, dir. Marie-Liesse Guyard. L’Algarade (www.algarade-musique.com) :
CC 874706. TT : 47’21. De bien belles histoires, superbement
réalisées !
Pascal
AYERBE : DCDP90. Distr. Harmonia Mundi.
« Recette
de cuisine sonore, temps de préparation : 3 ans », nous assure
d’emblée le chef (www.pascalayerbe.com).
Voilà, en effet, 18 musiques pour jouets, objets, choses à bruit, voix
& quelques instruments. « Intéressant » aurait sans doute
proféré Pierre Schaeffer. Furieusement imaginatif, en tout cas !
Les
Zim’s s’envolent. Les Z’Imbert
& Moreau. L’Autre Distribution : AD 1548C.
Après 40
ans de « chansons pour les enfants » (9 CDs et 2 DVDs), ces
deux joyeux Tourangeaux (www.les-zims.com)
nous délivrent 14 tout nouveaux titres. Avec le concours apprécié de
Pierre Richard pour la chanson Tête en l’air.
Sergueï
PROKOFIEV : Pierre et le loup.
Texte français : Renaud de Jouvenel. Récitante :
Marie-Christine Barrault. Orchestre du festival ArtenetrA,
dir. Fabrice Gregorutti. ArtenetrA : MWARTE 001.
Sans vouloir, à toute force, plaider la nouveauté, sachez
que dans le présent CD (enregistré live,
le 1er août 2009, en l’Abbaye royale de Celles-sur-Belle) les
instruments sont intelligemment présentés, et qu’opère tout naturellement le
charme de Marie-Christine Barrault. CD réalisé au profit de l’association
« Vol de Nuit » (www.voldenuit-vuelonocturno.org)
qui vient en aide aux enfants d’Argentine.
Francis Gérimont
DVD
Ode to Freedom. BEETHOVEN : IXe Symphonie. Direction : Leonard Bernstein.
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks (+ membres des Sächsische
Staatskapelle Dresden/ Orchestre du Théâtre Kirov, Leningrad/ London Symphony
Orchestra/ Orchestre de Paris). Chor des Bayerischen Rundfunks, Membres
du Rundfunkchor Berlin, Kinderchor der Philharmonie Dresden. June
Anderson (soprano), Sarah Walker (mezzo-soprano), Klaus König (ténor),
Jan-Hendrik Rootering (basse). Medici Arts (www.medici.tv). TT : 94’00.
En ce 20e anniversaire de la chute du Mur de
Berlin, Medici Arts se devait de publier le DVD du concert historique dirigé
par L. Bernstein, le 25 décembre 1989, dans la liesse générale qui suivit
la destruction de la sinistre frontière entre les deux Allemagnes.
Symboliquement, l’orchestre regroupait des musiciens venus d’Allemagne, de
France, de Russie, de Grande-Bretagne et des États-Unis. Seule œuvre au
programme, la IXe de Beethoven (mais quelle Neuvième !)
dont l’Ode à la Joie du final devenait, ce jour-là – selon le désir de
Bernstein –, une Ode à la Liberté retrouvée, à la fraternité universelle,
répondant ainsi, dans une interprétation vibrante, au vœu du « grand sourd ».
Si l’enregistrement live n’est pas exempt de
défauts (soli un peu lointains parfois, manque de relief dans certains
passages), l’interprétation tellement habitée que nous livre ici Bernstein
donne de l’œuvre une image à laquelle on ne saurait résister, tant on sent
grande l’adhésion des exécutants à la vision de leur chef.
Après un 1er mouvement d’une grande densité, où
la progression dramatique et la dynamique sont savamment conduites, qui ne
serait frappé, dans le très ludique Scherzo qui suit, par la parfaite
connivence entre le chef et les musiciens (coups d’œil complices au timbalier
lors d’interventions surprenantes), entraînés par Bernstein, à la fin du
mouvement, dans une véritable frénésie orchestrale.
Par contraste, après un très long silence, l’adagio (dont
le tempo est un des plus lents jamais adoptés) est si admirablement nourri par
un Bernstein transfiguré que l’on est saisi d’une irrésistible émotion, tant le
chef et ses musiciens nous donnent, en cette page, l’image d’une véritable
communion humaine. Le chef porte littéralement son orchestre vers un tel
sommet de spiritualité que ce mouvement constitue, selon nous, le plus grand
moment du concert.
Dans le final, enchaîné sans pause après l’adagio, le
récitatif très vigoureux des violoncelles et contrebasses introduit le thème de
l’Ode à la Liberté qui apparaît en un lent crescendo soutenu, dont la montée
est superbement dosée par Bernstein, depuis le sombre murmure des basses
jusqu’à la pleine et puissante lumière du tutti orchestral, face à un chef
rayonnant.
Chœurs et solistes se joignent à la fête – un moment
interrompue par le recueillement que réclame l’adagio central (il nous révèle
un Bernstein profondement ému) - jusqu’à l’apothéose conclusive que prolonge
l’ovation sans fin d’un public en délire. Nombreux rappels et autant de
bouquets de fleurs. Le concert fut retransmis dans plus de 20 pays à
travers le monde. La captation inégale du final n’enlève rien à
l’importance de l’événement qui fait de ce DVD un document historique à se
procurer absolument.
Pierre Loupias
Giacomo PUCCINI : Il Trittico (Il Tabarro, Suor Angelica, Gianni Schicchi) + Backstage. Orchestra e
Coro del Teatro alla Scala, dir. Riccardo Chailly. Régie :
Luca Ronconi. 2DVDs Hardy Classic Video : HCV 4041.
TT : 206’00.
Le Triptyque puccinien - comportant trois opéras en
un acte : La Houppelande, sombre mélo (Juan Pons, Miroslav Dvorsky,
Paoletta Marrocu), Sœur Angelica, drame édifiant (Barbara Frittoli,
Mariana Lipovšek), et Gianni Schicchi, farce d’une douteuse moralité
(Leo Nucci, Nino Machaidze, Cinzia De Mola) - est ici idéalement distribué,
dirigé et mis en scène. On n’en attendait certes pas moins d’une
production du mythique Teatro alla Scala. Consulter : www.hardyclassic.it
Paul SMACZNY & Maria STODTMEIER (Un film de) : El
Sistema. « Music to change life ». José Antoni
Abreu. Simón Bolívar Youth Orchestra, dir. Gustavo Dudamel. EuroArts :
2056958. TT : 100’00 + 9’00 (bonus).
Comment ne pas s’enthousiasmer à la vision de cet émouvant
film-documentaire autour d’un système d’Éducation musicale conçu et mis en
œuvre, au Venezuela, par José Antonio Abreu (www.el-sistema-film.com) ! Où
quelque 265 000 enfants et adolescents font aujourd’hui partie de chœurs
et d’orchestres, dont sont déjà issus quelques grands musiciens de ce temps –
dont, bien sûr, Gustavo Dudamel. « L’avenir de la musique
classique est au Venezuela » a écrit Sir Simon Rattle. Naguère
utopique dans un pays où la guerre des gangs faisait (et fait encore) rage, le
propos pourrait se révéler prémonitoire… En bonus : The National
Children’s Orchestra of Venezuela (8’18).
Helma SANDERS-BRAHMS (Un film de) : Clara.
Avec Martina Gedeck (Clara Schumann), Pascal Greggory (Robert Schumann), Malik
Zidi (Johannes Brahms). Bodega Films (Tél. : 01 42 24 06 49) /
Carlotta Films : Clara 769181. Durée du film : 104’00.
Düsseldorf, septembre 1850… Sans vous laisser
rebuter par les premières séquences, d’un symbolisme un peu trop appuyé
(récupération par Johannes de l’anneau perdu par Robert), ne manquez pas ce grand
film, interprété par trois comédiens remarquables, où les dialogues, certes
imaginés, sont d’une parfaite crédibilité. Au-delà de tout pieux cliché...
Et cela, dans des scènes admirables d’élégance et de pudeur – jusque dans
l’extrême violence. Générique final d’anthologie… En
supplément : bande-annonce, making-off (32’) & entretien avec Martina
Gedeck (10’).
POUR LES PLUS JEUNES
Henri DÈS (Paroles & musiques de) : Olympia
2009. Production Marie-Josée/Universal :
1DVD (301 802-1) + 1CD (301 801-9).
Merveilleux Henri Dès (www.henrides.net)
qui réunissait dans un même enthousiasme, à l’Olympia en janvier 2009, ses
premiers fans et leurs enfants. Le CD comporte 17 nouveaux titres,
plus un pot-pourri de 6 anciennes chansons que toute la salle reprenait de
bon cœur. Quant au DVD, il comporte - outre le même pot-pourri -
28 titres (dont 6 sketches). Avec de plaisants bonus : un
clip de la chanson L’eau, c’est de l’or, ainsi qu’un joyeux making-off
intitulé Derrière le rideau.
Francis Gérimont
Haut
S’ouvrant sur un éditorial de l’Inspecteur général de
l’Éducation nationale, M. Vincent Maestracci, orientant de façon concise
l’élève dans son travail, le supplément Baccalauréat 2010 de L’éducation musicale est d’une rare densité :
pas moins de 148 pages d’analyses et références.
Indispensable
aux professeurs d’Éducation musicale et aux élèves de Terminale qui préparent
l’épreuve de spécialité « série L » ou l’épreuve facultative
« Toutes séries générales et technologiques du baccalauréat », cette
publication réunit les connaissances culturelles et techniques nécessaires à
une préparation réussie.
À commander aux Éditions Beauchesne : 7, cité du
Cardinal-Lemoine, 75005 Paris.
Tél : 01 53 10 08 18.
Fax : 01 53 10 85 19. s.desmoulins@leducation-musicale.com

Au Sommaire de notre n°563
(novembre/décembre 2009) :
Dossier « Révolutions et
musique » : Problématiques/ Beethoven & le style classique/ Charles
Koechlin, compositeur engagé/ L’espace musical chez Stockhausen & Xenakis/
Chansons de la Révolution, révolutions de la chanson.
Analyses : Apothéose de Lully de François Couperin/ Le Merle noir d’Olivier Messiaen.
Divers : CFMI de Lyon/ Allons danser/ La
grille d’Hélène Jarry.
Dossiers déjà parus dans L'éducation musicale

Femmes compositrices (2)
n° 562 |

Musique et cinéma (2)
n° 561 |

Musique et cinéma (1)
n° 560 |

Paris et la musique
à l’époque des Ballets russes
n° 559
|

La chanson
n° 557/558 |

Femmes compositrices (1)
n° 555/556 |

Activités vocales et instrumentales à l’école
n° 553/554 |

Le bruit
n° 551/552
|

Percussions
n° 549/550 |
Dossiers à paraître :
- Révolutions et musique
- Opéra, miroir d'avenir
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une publicité.
Si vous souhaitez promouvoir votre activité, votre programme éditorial
ou votre saison musicale dans L’éducation
musicale, dans notre Lettre d’information ou sur notre site
Internet, n’hésitez pas à me contacter au 01 53 10 08 18 pour connaître les tarifs publicitaires.
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Ecla-Théâtre présente
Le médecin malgré lui
De
Molière
Précédé
d’un lever de rideau avec Jean-Baptiste
Un
prologue de Christian Grau-Stef
Mise en
scène de Sylvain Lemarié
Du 27
octobre au 30 décembre 2009 au Théâtre du Gymnase
Crédit photo Philippe
Rocher
Le
spectacle se compose en 3 parties :
1ere
partie : Prologue « Avant le lever »
2ème partie : « Lever de rideau avec Jean-Baptiste »
3ème partie : « Le médecin malgré lui »
Les deux
premières parties du spectacle : « avant le lever » et « lever
de rideau avec Jean-Baptiste » sont en réalité la mise en scène des
préparatifs des comédiens …Nous assistons à leurs habillages, maquillages,
leurs tracs, à tout ce qui précède la vie d’un comédien avant d’entrer en
scène.
Immersion
totale dans le monde du théâtre, fascinant donc ! les enfants observent, un peu surpris, à ces scènes ludiques et joyeuses !
Puis,
nous découvrons les inquiétudes du metteur en scène associées à celles de ses comédiens.
Coup de
théâtre ! Molière, lui-même, fait irruption, entraînant le spectateur dans
un lointain passé, et Le médecin malgré
lui peut commencer.
Nous
découvrons une pièce menée avec talent par un Sganarelle endiablé, personnage
créé pour railler les médecins de cette époque. Il est vrai que ceux-ci
n’avaient pour remèdes que des saignées et des lavements !
Si vous
souhaitez assister à cette représentation, vous pouvez adhérer à la compagnie Ecla-Théâtre* afin de pouvoir bénéficier
de tarifs réduits.
La
diversité des spectacles proposés est assez inédite : Molière, Goldoni, La
Fontaine, Andersen et Grimm, Hoffmann sans oublier Prokofiev, Tchaïkovsky, Saint-Saëns et Lully !
*Comment
adhérer à Ecla-Théâtre ?
En
téléchargeant le bulletin d’adhésion sur Internet
: www.ecla-theatre.com
Pour plus
de renseignements, téléphonez au 01 42 72 00 33 ou 01 40 27 82 06.
Par
mail : ecla.resa@orange.fr
Laëtitia Girard
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