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www.leducation-musicale.com



janvier-février 2009
n° 559


novembre-décembre 2008
n° 557-558



BACCALAUREAT 2009
Supplément au n° 555-556

DELAMUSIC

OPERA COMIQUE



Sommaire :

1. L'éditorial de Francis Cousté : "Ballets & compagnie(s) "
2. Informations générales
3. Varia
4. Manifestations et Concerts
5. L'édition musicale
6. Bibliographie
7. CDs et DVDs
8. Saisons

9. Spectacles
10. La vie de L’éducation musicale


Ballets & compagnie(s)

 

De même que nous pleurons nos Trente Glorieuses, combien d’amères larmes ne furent jadis versées sur La Belle Époque (1870-1914) et sur Les Années folles (1919-1929) !  Décennies fabuleuses, durant lesquelles un tout-Paris, insoucieux à son ordinaire, dansait sur un volcan…

 

Consacré à « Paris et la musique à l’époque des Ballets russes, 1907-1929 » [thème au programme de l’agrégation 2009], notre dossier évoque bien entendu le grand Serge Diaghilev, mais aussi Rolf de Maré, créateur des Ballets suédois (1920-1925), aussi bien que les premières manifestations du groupe des Six - sans préjudice des joyeux tintamarres d’un certain « bad boy in Paris », l’Américain George Antheil (1900-1959).

 

À un autre musicien étasunien, l’époustouflant John Zorn (né en 1963), est notamment dédiée - hors dossier - une grande étude analytique.

 

Enfin, eu égard à la toujours croissante avalanche éditoriale de livres, méthodes, partitions, CDs et DVDs, les recensions absentes de nos colonnes peuvent être consultées sur : www.leducation-musicale.com/newsletters/breves1208.htm et sur : www.leducation-musicale.com/newsletters/breves0109.htm [chiffres indiquant mois et année].

 

Le dossier de notre prochaine livraison sera consacré à « Musique et cinéma ».  Sera également proposée une analyse du Concerto pour la main gauche de Maurice Ravel.

 

Bonne et heureuse année, chers lecteurs !  Les périodes difficiles ne furent-elles pas toujours propices à toutes les réjuvénations ?

 

Francis B. Cousté

 

 


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Maison de la culture du Japon : « Hommage à Messiaen ».  Vendredi 23 janvier, 20 h, par l’Ensemble Vecteur Ondes, œuvres de : Akira Tamba, Roger Tessier, Olivier Messiaen, Susumu Yoshida, Roland Creuze.  Samedi 24 janvier, 20 h : Vingt regards sur l’enfant Jésus, par Jun Kanno, piano.  Vendredi 23 janvier, 17 h : Table ronde : « À propos d’Olivier Messiaen ».  Réservations : MCJ – 101bis, quai Branly, Paris XVe. Tél. : 01 44 37 95 95 . www.mcjp.asso.fr

 

Grammy Nominations Announced in Los Angeles Best orchestral performance : Glazounov : 6e Symphonie « La Mer », Introduction & danse de Salomé par le Royal Scottish National Orchestra, dir. José Serebrier (Warner Classics).

 

Miles Davis : chassé-croisé imaginaire entre un fan & un biographe.  Feuilleton en 10 épisodes de Philippe Gumplowicz.  Disponible sur : www.franceculture.com

 

« La part sonore du cinéma » à la BPI. Sur ce thème, la Bibliothèque publique d’information du Centre Pompidou organise, durant tout le premier semestre 2009, un cycle de projections/conférences.  Sous la direction de Daniel Deshays, ingénieur du son…  Renseignements : 01 44 78 12 33 www.bpi.fr

 

À l’occasion de l’année Haydn (1732-1809), les Voyages Terrien organisent, du 15 au 19 mai 2009 - sous la direction de Mme Édith Weber, professeur émérite à la Sorbonne [notre photo], un circuit musical à Stuttgart, en Forêt-Noire, Alsace et Vosges.  Renseignements : 02 40 47 77 78 www.voyages-terrien.com

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Histoire du jazz en France.  Dans le cadre de cette recherche, sont organisées deux Journées d’étude à Tours (15 avril 2009) & à Paris (décembre 2009) ; elles seront suivies d’un Colloque international à Dijon (printemps 2010).  Coordination assurée par : Vincent Cotro (Université de Tours), Laurent Cugny (Paris IV) et Philippe Gumplowicz (Université de Bourgogne) [notre photo].  Adresser titres & résumés de contributions à : vincent.cotro@univ-tours.fr Date limite : 1er mars 2009.

© DR

 

Célébrations nationales : « Quand la nuit essaie de revenir, il faut allumer les grandes dates comme on allume des flambeaux » [Victor Hugo].  Nous célébrerons donc, en 2009, les anniversaires des compositeurs Henry Purcell (1659-1695), Georg Friederich Haendel (1685-1759), François Devienne (1759-1803), Joseph Haydn (1732-1809), Nicolas Dalayrac (1753-1809), Felix Mendelssohn (1809-1847), Isaac Albéniz (1860-1909), Max d’Ollone (1875-1959), Ernest Bloch (1880-1959), Bohuslav Martinů (1890-1959), Heitor Villa-Lobos (1887-1959), de la création du premier piano-forte par Bartolomeo Cristofori (1709), de la première saison des Ballets russes de Serge Diaghilev (Paris, Théâtre du Châtelet, 18 mai 1909), de la création du Faust de Charles Gounod (Paris, Théâtre lyrique, 19 mars 1859), de la claveciniste Wanda Landowska (1879-1959), du « trompinettiste » Boris Vian (1920-1959)…

 

Légal & gratuit ! Plusieurs millions de titres disponibles sur : www.deezer.com

 

Blog de « Voces Intimae », remarquable ensemble vocal mixte, dir. Christian Pariot : http://vocesintimae.centerblog.net

En répétition à l’Académie de musique de Hanoi. ©DR

 

La pianiste Sarah Lavaud, 26 ans [notre photo], déjà lauréate de la Fondation Cziffra et de l’Académie Maurice Ravel, vient de remporter le Prix spécial de la Fondation Jean-Luc Lagardère.  Son projet : enregistrer des œuvres de musique de chambre de Charles Koechlin.

© Dahmane

 

Point d’orgue des manifestations de « Trinité 2008 », organisées pour célébrer la naissance d’Olivier Messiaen, une plaque commémorative a été dévoilée en l’église de la Trinité à Paris, le 10 décembre 2008 - jour même de son 100e anniversaire.  Réalisée par le sculpteur polonais Josef Pyrz, la plaque en marbre [notre photo] est apposée juste au-dessous du grand orgue dont Messiaen fut le titulaire durant quelque 60 ans.

©J.-P. Robert

 

Semaine du Son 2009 : Avec le concours d’éminents acousticiens, musiciens, compositeurs, réalisateurs, techniciens du son..., elle se déroulera sur divers sites parisiens, du 13 au 17 janvier, et en régions, du 19 au 25 janvier.  Renseignements : 01 42 78 10 15 . www.lasemaineduson.org

 

Le ministère de la Santé lance une campagne de « sensibilisation » auprès des jeunes qui écoutent la musique à des niveaux sonores trop élevés. Son slogan : « À force d’écouter la musique trop fort, on finit par l’entendre à moitié ».  Renseignements : www.ecoute-ton-oreille.com

      

©Eracom

 

L’installation du système de diffusion Wave Field Synthesis (WFS), dispositif permettant de synthétiser des « hologrammes sonores » (simulant la position de sources sonores pour tous les auditeurs d’un espace donné), était inauguré, le 20 novembre 2008 , en l’Espace de projection de l’Ircam [notre photo].  Composée de 128 haut-parleurs pilotés par un réseau de processeurs audio, la WFS permet aussi de créer, de toutes pièces, une source sonore rayonnant dans l’espace - offrant ainsi la « possibilité d’interagir avec la salle comme avec un instrument , en jouant, par exemple, avec son écho naturel ».  Le projet prévoit, à terme, la constitution d’un système de 512 transducteurs disposés autour de l’auditoire.  Renseignements : 01 44 78 48 16 . www.ircam.fr

 

Camille Saint-Saëns graphomane ! Saviez-vous que le Château-musée de Dieppe abrite quelque 20 000 lettres échangées par le compositeur avec les plus grands artistes de son temps ? Notamment Berlioz, Liszt, Wagner, Verdi, Massenet, Franck, Duparc, Fauré, Messager… Une exposition est organisée jusqu’au 9 mars 2009 Renseignements : www.mairie-dieppe.fr ou www.musees-haute-normandie.fr

 

Histoire d’une passion : le Bandonéon. Avec Solange Bazelli, le vendredi 23 janvier, de 21 h à 23h.  Maison de l’Amérique latine.  Entrée libre (sur réservation au : 01 42 38 23 99 ou : 06 86 76 19 28 ).  Renseignements : 217, bd Saint-Germain, Paris VIIehttp://culturel.mal217.org

©DR

 

 

 

 

 

 

 


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Concert littéraire : « Pauline Viardot, chanteuse lyrique, organiste, compositrice et son salon de la rue de Douai ».  Le samedi 10 janvier 2009 , 20h, en la salle Rossini (mairie du IXe arrondissement de Paris).  Pièces de Pauline Viardot, Donizetti, Saint-Saëns et Fauré.  Avec Michèle Friang (historienne), Sandrine Marchina-Koechlin (soprano), Pierre-Henri Ageorges (ténor), Grigori Abramiam (piano). Entrée libreRenseignements : 6, rue Drouot, Paris IXe. Tél. : 01 71 37 75 90 www.mairie9.paris.fr

© DR

 

Auditorium du musée Guimet.  Le vendredi 16 janvier, à 20h30, se produiront Sudheshna & Nabankur Bhattacharya, sarod & tabla.  Renseignements : 6, place d’Iéna, Paris XVIe. Tél. : 01 40 73 88 18 www.guimet.fr/-auditorium

 

Musique au Val-de-Grâce.  Le samedi 31 janvier, à 18h30 : La route de la soie, de Venise à Samarcande.  Œuvres d’Andrea Gabrieli, Alexandre Mossolov, Stephen Paulus, Dimitri & Felix Yanov-Yanovsky, Chants byzantins, Musique traditionnelle chinoise.  Hervé Désarbre, orgue [notre photo].  Georges Abdallah, chant traditionnel byzantin.  Ensemble vocal « La Chapelle-Musique du Val-de-Grâce », dir. Étienne Ferchaud.  Entrée gratuiteRenseignements : 1, place Alphonse-Laveran, Paris Vewww.desarbre.com/pages/page76.html

©Olivier Thépot

 

Piano Campus 2009.  À Pontoise, « cité de Pissarro » : Le mois du piano (8 janvier-8 février / Concours international (6-8 février), président du jury : Jacques Rouvier.  Compositeur invité : Richard Dubugnon.  Concerts, rencontres, masterclass, exposition, films, séances Jeune public…  Renseignements : 01 34 35 18 53 . www.piano-campus.com

© Piano Campus 2009

 

Tournée de « La Chambre Philharmonique », direction : Emmanuel Krivine [notre photo].  Haydn : Symphonie n°83, « La Poule » / Symphonie concertante op.84 / Symphonie n°104, « Londres ».  Aix-en-Provence ( 10 janvier, 20 h30).  Luxembourg ( 12 janvier, 20 h).  Villefontaine ( 14 janvier, 20 h30).  Échirolles ( 15 janvier, 20 h).  Renseignements : 01 48 00 81 02 www.lachambrephilharmonique.com

©Fabrice Dall' Anese

 

Le « Concert du Prix Nobel », donné le 8 décembre 2008 au Stockholm Concert Hall, dir. : Sir John Eliot Gardiner [notre photo] avec, au programme, la 7e Symphonie de Dvořák et la Messe en ut mineur de Mozart, est librement accessible, jusqu’au 8 février 2009 , sur www.medici.tv

© SheilaRock/Decca

 

Nicole Croisille [notre photo] : « Nougaro, le jazz et moi ».  Samedi 24 janvier 2009 , 20h30, Théâtre Montansier, Versailles.  Avec Aldo Franck (piano), Marc Chantereau (percussions) et Dominique Bertram (basse).  Renseignements : 01 39 20 16 16 www.theatremontansier.com

        

©Catherine Cabrol                                                                      ©Montansier

 

« Fra Diavolo » de Auber, sur un livret de Scribe.  Rarement joué, cet ouvrage sera donné à l’Opéra-Comique, sous la direction de Jérémie Rohrer, dans une mise en scène de Jérôme Deschamps [notre photo].  Encore une histoire de brigand - après Zampa de Herold - romantique en diable celui-là, grand séducteur devant l’Éternel, hors-la-loi au nom de la liberté.  Il s’inspire des faits d’armes d’un authentique bandit engagé aux côtés des insurgés napolitains contre les troupes de Napoléon.  En tout cas, voilà une œuvre-maîtresse du genre si typiquement français de l’opéra-comique.  Les 25 janvier à 16h, et 27, 29, 31 janvier et 2, 4 février à 20h30.  Renseignements : 1, place Boieldieu, Paris IIe. Tél. : 0 825 0101 23.  www.opera-comique.com

© Marc Enguerrand

 

« Yvonne, Princesse de Bourgogne ». L’Opéra de Paris créera au Palais Garnier ce nouvel opéra de Philippe Boesmans, sur un livret de Luc Bondy (le complice habituel, qui en signera également la mise en scène) d’après la pièce éponyme de Witold Gombrowicz. Le tragique des situations est, par paradoxe, tourné en ridicule alors que, comble de facétie, l’héroïne se voit offrir un rôle muet.  Après La Ronde, Le Conte d’hiver ou Julie, gageons que ce nouvel opus réservera d’intéressantes découvertes.  Les 24, 28, 30 janvier, 3, 5, 8 février à 19h30, le 1er février à 14h30.  Renseignements : rue Scribe, Paris Ier ou 130, rue de Lyon, Paris XIIe.  Tél. : 08 92 89 90 90 www.operadeparis.fr

 

Espace de projection de l’Ircam.  Le jeudi 5 février, à 20h, « Quatuor II : Incipit » : Here not there, a tribute to Barnett Newman (version longue) de Frédéric Durieux.  Sonatas (pour quatuor à cordes) de Brian Ferneyhough.  Quatuor Diotima [notre photo] / Informatique musicale : Serge Lemouton.  Renseignements : 1, place Igor-Stravinsky, Paris IVe.  Tél. : 01 44 78 48 16 www.ircam.fr

 

L’Ensemble Intercontemporain, dir. Susanna Mälkki [notre photo].  À Paris, Cité de la musique.  Mardi 20 janvier, 20 h : « La fin du temps », Seeds of Time, concerto pour piano & orchestre, de Veli-Matti Puumala / Lulu-Suite, pour soprano & orchestre, d’Alban Berg.  Vendredi 6 février, 20 h : « Le temps de la danse », Danses, pour harpe & cordes, de Claude Debussy / Fiktive Tänze, 2e cahier (création mondiale), de Unsuk Chin / Ragtime, pour 11 instruments, d’Igor Stravinsky.  Renseignements : 211, avenue Jean-Jaurès, Paris XIXe.  Tél. : 01 44 84 44 53 www.ensembleinter.com ou : www.cite-musique.fr

 

L’Orchestre symphonique des jeunes du collège Rameau de Versailles se produira, le 29 janvier 2009 , au théâtre Montansier de Versailles - avant une tournée en Suisse et en Italie.  Renseignements : www.123musique.ch

Francis B. Cousté

 

 

 

 

 

 


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FORMATION MUSICALE

Siegfried DRUMM et Jean-François ALEXANDRE : Symphonie FM, vol. 3 et 4.  Combre : C06590 & C06617.

J’ai déjà dit tout le bien que je pensais de cette nouvelle conception du cours de Formation musicale dans les Lettres 12 et 15. Voici donc les volumes 3 et 4 de cette collection.  Ces volumes sont destinés aux enfants ayant trois et quatre ans d’instrument. Rappelons l’existence d’un volume d’initiation. Bien qu’il soit possible de prendre le train en marche, il semble préférable de tenter cette nouvelle approche de la formation musicale à partir des instruments dès le début de celle-ci. Rappelons que pour chacun des niveaux existe un livre du professeur et des livres d’élèves pour chaque famille d’instrument. Rappelons également que cet ouvrage couvre l’ensemble des paramètres de la formation musicale : lecture, rythme, chant, audition… et que s’il part de la pratique instrumentale, il ne néglige aucun des autres éléments, en montrant d’ailleurs par la pratique qu’aucun de ceux-ci n’est inutile ou accessoire. On ne peut qu’espérer que cette approche, tentée par de nombreux professeurs, mais qui manquait jusqu’à présent d’un matériel adapté, soit adoptée par de nombreuses écoles et conservatoires.

 

PIANO

Jean SICHLER : L’Harmonie pratique. Méthode facile pour la réalisation à vue en style classique, jazz et variété.  Combre : C06582.

« Cet ouvrage se veut pratique. Il ignore superbement les rigueurs de l’harmonie d’école. Il est destiné à tous ceux qui désirent s’accompagner instantanément au clavier ». Comment mieux décrire que l’auteur le contenu de cet ouvrage ? Il n’est ni gros ni touffu, mais devrait apporter beaucoup de plaisir à tous ceux qui oseront le mettre en pratique. Nul besoin d’être virtuose. Mais il suffit de s’entrainer régulièrement, de mémoriser constamment pour arriver au résultat souhaité par l’auteur. Et au plaisir qu’il procure. L’ouvrage est émaillé de réflexions placées sous le titre « Grande et petite histoire ». Je retiendrai en particulier la page consacrée à Bach intitulée « Grandeur et limite de l’harmonie ». Elle résume tout ! Cet ouvrage est un « usuel » à mettre entre toutes les mains…

 

GUITARE

Olivier PAIN-HERMIER & Pascal ILLIDO : Guitar Playlist vol. 1 + CD. Hit-Diffusion.

Ce recueil contient 10 morceaux arrangés pour une ou deux guitares, solo et rythmique. Nirvana, Telephone, Radiohead, Indochine… Ce sont vraiment les incontournables qu’on trouve ici.  Le play-back, avec ses différentes possibilités, permet au guitariste solitaire de trouver son bonheur, même si le recueil est avant tout prévu pour deux guitares, acoustiques ou électriques. Pour chaque partie, on trouve, superposées, tablature et « solfège ». Chacun, lecteur traditionnel ou non, pourra donc utiliser facilement ce premier volume.

 

Dominique CHARPAGNE : Soirée d’avril. Pièce pour guitare.  Lafitan : P.L.1616.

Cette courte pièce, écrite à la fois en notes et en tablature, conviendra aux élèves de fin de premier cycle. L’ambiance de la pièce est tout à fait en adéquation avec son titre.

 

HARPE

ROSSINI : Andantino et Allegro brillante pour harpe.  Édité par Patricia B. Brauner. Urtext. Bärenreiter : BA10541.

Cette œuvre figure dans un manuscrit de Rossini, écrit à Bordeaux en 1832. Mais on ne sait rien de la date exacte de composition de cette pièce, fort brillante, comme l’indique son titre et qui met en valeur la virtuosité de l’interprète. On lira avec intérêt la présentation détaillée qui est faite de l’œuvre. L’édition est faite avec autant de soin que de sérieux dans l’exploitation de la source. On regrettera simplement que cette présentation ne soit faite qu’en allemand, anglais et italien… pour le plus français des compositeurs italiens !

 

FLÛTE TRAVERSIÈRE

Nicolas BACRI : Douze monologues pascaliens pour flûte (ou hautbois) solo, op. 92. Leduc : AL 29 838.

On reconnaîtra dans ces douze courtes pièces, écrites en 2004, l’inspiration, la charge affective et spirituelle des œuvres de l’auteur. Courts, certes, mais d’une grande densité, ces Douze monologues pascaliens sont d’un grand lyrisme et d’une beauté simple.

 

Pierre-Richard DESHAYS : Musiques sucrées, 6 pièces pour flûte & piano en deux volumes. Niveau : fin de Premier cycle. Combre : vol. 1 C06634 ; vol. 2 C06635.

Du « Bébé citron » au « Lait fraise », ces six charmantes pièces de caractère aussi varié que plaisant devraient faire le bonheur des jeunes flûtistes.  Sucrées certes, mais également épicées, elles se dégustent avec plaisir.

 

TROMPETTE

Émile LELOUCH : Le manège enchanté, pour trompette en sib ou ut (ou cornet) & piano. Lafitan : P.L.1576.

D’une durée de près de quatre minutes, ce manège nous entraîne dans un galop endiablé bien agréable, mais qui n’a qu’un lointain rapport avec le manège du Père Pivoine et de Pollux… Ne boudons pas notre plaisir et souhaitons qu’il soit partagé par de nombreux jeunes trompettistes !

 

Francis COITEUX : Aria Latina, pour trompette en sib ou ut (ou cornet) & piano. Lafitan : P.L.1688.

Ce charmant « tempo di boléro » (sic) devrait faire le bonheur des trompettistes un peu mélancoliques mais déjà assez aguerris. On est toujours heureux de retrouver les compositions sensibles de Francis Coiteux.

 

COR

Max MÉREAUX : Bluette, pour cor en fa ou mib & piano.  Lafitan : P.L.1747.

Charmante pièce, comme il se doit pour une bluette… mais qui mettra à l’épreuve le sens du phrasé et la musicalité de son jeune interprète. Cette pièce est écrite pour niveau élémentaire.

 

SAXHORN-EUPHONIUM-TUBA

Alexandre CARLIN : Premier hymne, pour saxhorn basse/euphonium/tuba & piano. Lafitan : P.L.1782.

Ce n’est pas Pump and circumstance, mais on ne peut s’empêcher d’y penser… ce qui n’est pas une critique, loin de là ! Voilà une pièce sans grande difficulté mais bien plaisante à jouer et à entendre.

 

Philippe OPRANDI : Chevauchée, pour saxhorn basse/euphonium/tuba & piano. Lafitan : P.L.0283.

Cette « chevauchée », pour n’être pas celle des Walkyries, n’en est pas moins pleine de dynamisme et évoque une cavalcade à travers les sombres forêts germaniques. Le cavalier risque d’être à rude épreuve. Mais la musique sera tout à fait plaisante pour l’auditeur… et l’instrumentiste lorsqu’il aura dompté son fougueux coursier.

 

BATTERIE

Jean-Philippe FANFANT : Je débute la batterie. 1vol. + 1CD.  Hit-Diffusion.

Cette méthode devrait permettre, en mêlant théorie et pratique, un apprentissage sérieux, permettant aussi de découvrir, à travers les morceaux proposés, les différents styles et les langages rythmiques propres à chacun. Le CD contient l’intégralité des morceaux et des accompagnements en play-back. Comme toujours dans ces collections, la présentation est très soignée. Chaque pièce est présentée et précédée d’exercices très progressifs de préparation à l’exécution. Certains des morceaux sont de véritables « tubes ». La méthode permet également d’exploiter les possibilités spécifiques à la batterie électronique. Bref, il s’agit d’un outil d’initiation très complet et très pédagogique.

 

Sébastien CALCOEN & Michel NIERENBERGER : Caiss’étude, pour caisse claire & piano. Lafitan : P.L.1735.

Cette pièce de niveau élémentaire permettra au jeune batteur de s’exprimer sur son instrument en employant les différentes techniques possibles. Le pianiste a un rôle important : il s’agit vraiment d’un dialogue entre batteur et pianiste.

 

Hervé DRUELLE : Quatre câpres et douze huîtres, pour batterie & piano. 1er cycle.  Leduc : AL30 417.

Invite au réveillon ? Je ne sais. Il s’agit en tout cas d’une œuvre courte, certes, mais d’un rythme endiablé qui convient bien à la fête. Non seulement batteur émérite, mais guitariste et chanteur, l’auteur montre ici toutes ses qualités de compositeur.

 

MUSIQUE DE CHAMBRE

BEETHOVEN : Quatuors à cordes op.74 et 95. Urtext. Bärenreiter. Partition de poche : TP 918.  Matériel : BA 9018.

Comme il est agréable de trouver ces deux quatuors de 1809, contemporains de « L’Empereur », et composé pendant une période particulièrement féconde de Beethoven. Les quatre parties sont d’une lisibilité exemplaire. La partition de poche (d’un format pour grande poche) est également extrêmement plaisante à suivre. C’est dans celle-ci qu’on trouve une introduction très dense comportant une brève analyse des œuvres, ainsi que la justification des choix éditoriaux. Ceux-ci ont été réalisés en collaboration avec le quatuor Endellion.  Bref, une édition exceptionnelle.

 

Michèle REVERDY : Trio nomade, pour alto, violoncelle & piano. Leduc : AL29 735.

Créé le 29 juillet 2006 au festival Messiaen de La Grave, en plein cœur du Haut-Oisans, par Marc Coppey, Christophe Desjardins et Peter Paul, ce trio composé en 2003 est une œuvre importante tant par son étendue que son contenu. D’une durée approximative de 12’, cette œuvre s’écoule d’une seule traite passant du « vif, sauvage » au « piu lento » chantant, mais toujours dans une urgence qui ne se dément pas jusqu’à une conclusion « molto staccato » et fortissimo, dans un paroxysme de sons et de couleurs instrumentales.

 

ŠKROUP : Trio en mib majeur, op. 27. Pour piano, clarinette (ou violon) & violoncelle. Urtext. Partition et parties séparées. Bärenreiter : BA 9521.

Compositeur et chef d’orchestre né à Osice, près de Pardubice, en Bohême centrale, et mort à Rotterdam, František Škroup (1801-1862) a fait ses études à Prague, puis l’essentiel de sa carrière. Il a également fait de courts séjours à Berlin et à Paris, où il fut particulièrement apprécié. Ce trio est manifestement influencé par Beethoven. Il date vraisemblablement des années 45-50. L’ensemble est très intéressant et de difficulté moyenne. On notera que la partie de violon a été réécrite spécialement pour l’instrument et diffère notamment par l’emploi des doubles cordes. Une fort belle musique à découvrir.

 

ŠKROUP : Trio facile en fa majeur, op. 28.  Pour piano, clarinette (ou violon) & violoncelle. Urtext. Partition et parties séparées. Bärenreiter : BA 9522.

Ce qui a été dit du trio précédent s’applique à celui-ci, non moins intéressant. On notera simplement que cette forme de trio avec clarinette est tout à fait exceptionnelle puisqu’après Beethoven, il faudra attendre Brahms pour en avoir un nouvel exemple. Inutile de préciser avec quel soin ces deux quatuors ont été édités. Et on lira avec profit les copieuses notices qui les accompagnent.

 

Jean-Marie LEMARCHAND : Duel, pour ensemble de guitares. Combre : C06605.

Cette œuvre, écrite pour un quintette de guitares, est destinée à des instrumentistes aguerris. Pleine de vigueur, d’une écriture à la fois contemporaine mais se mouvant dans une ambiance tonale, cette pièce est pleine d’intérêt.

Daniel Blackstone

 

Heureuse initiative des éditions L’Harmattan qui viennent de lancer la collection « Partitions du XXIe siècle ».  Sont notamment parus :

Virgine ASTER : Sous influences – sonate pour violon solo (fortement marquée de musiques populaires d’Europe de l’Est).  Michaël ANDRIEU : 54 fiches de théorie musicale – à l’usage des élèves d’écoles de musique, adultes autodidactes ou curieux du langage musical (Cycle I : débutant-préparatoire. Cycle II : élémentaire moyen. Cycle III : diplôme-supérieur).  Christian TEMPLET : Grooves créoles à la batterie – approche progressive des rythmes traditionnels antillais.

    

 

PIANO

Astor PIAZZOLLA : El Viaje, 15 tangos et autres pièces.  Schott/Boosey & Hawkes : BH 11962.

Tout à fait caractéristiques du style du maître du « tango nuevo », ces pièces sont pour la première fois publiées dans des arrangements pour piano seul.  Avec, notamment, la musique des spectacles : Songe d’une nuit d’été et Famille d’artistes, ainsi que les mélodies El Viaje, Duo d’amour, Pedro y Pedro.  Niveau facile ou de moyenne difficulté.

El viaje

 

PIANO & CHANT

Leonard BERNSTEIN : Bernstein on BroadwaySchott/Boosey & Hawkes : BHL 5001052.

Pas moins de 30 chansons tirés des plus grands spectacles de Broadway [West Side Story / Candide / On the Town / Peter Pan / Wonderful Town / 1600 Pennsylvania Avenue / The Madwoman of Central Park West] composent ce magnifique florilège.  Chiffrages anglo-saxons, indications de mise en scène.

Francis Gérimont

 

 

 

 



Francesco SPAMPINATO : Les métamorphoses du son. Matérialité imaginative de l’écoute musicale.  Préface de G. Stefani. « Sémiotique et philosophie de la musique », L’Harmattan.  Index, bibliographie. 204 p., 19 €.

Qu’est-ce qui est à l’œuvre quand, d’un commun accord, une pièce de Debussy stimule un imaginaire aquatique ?  Cet ouvrage de sémiotique traite des discours métaphoriques qui rendent compte de l’expérience musicale. Il sonde ainsi les racines corporelles de la métaphore avant d’en déchiffrer les productions comme expressions d’archétypes, tels les quatre éléments (Bachelard).  La convergence interdisciplinaire de théories de référence (« affects de vitalité » de Stern, Globalité des langages de Guerra Lisi & Stefani ou philosophie de Jankélévitch) rend la recherche de Fr. Spampinato aussi solide que stimulante, d’autant que la clarté de ses énoncés en autorise l’accès au non-spécialiste.

 

Denis COHEN : Le présent décomposé.  Entretien avec Michel Rigoni.  Préface de Pierre Albert Castanet.  « Univers musical », L’Harmattan.  230 p., ex. mus., glossaire, catalogue des œuvres, bibliographie.  21 €.

L’œuvre de D. Cohen, dans les sillages divergents de Zimmermann et Stockhausen, réfléchit ses désirs et moyens entre rigueur postsérielle et souci de la perception, se délectant du mixte et du multiple.  Mais, autour d’un long entretien, sont surtout ici approfondis les rapports problématiques du créateur aux institutions françaises de la création musicale qui, sans projet, multiplient les incohérences.  Le compositeur met par ailleurs cette compétence critique au service de vues historiques inédites, hors des taxinomies convenues et réductrices.  Et la réflexion de haut niveau se pimente de formules acérées comme ces « gentils paysagistes de la place du ‘‘Teurtre’’ » pour les anti avant-garde ou, moins acide, « l’art est le domaine de la pensée sensible et il a besoin de s’adosser à l’éducation ».

 

Louis CHRÉTIENNOT : Le chant des moteurs. Du bruit en musique.  L’Écarlate/L’Harmattan.  218 p., bibliographie.  17 €.

Contrairement à ce qu’annonce son titre, cet essai vulgarise d’un ton clair et spontané des données diverses sur le pythagorisme musicien ou sur certains courants de la musique récente. Mais ces généralités alignent les approximations (la forme-sonate comme cadre contraint dans lequel le compositeur « injecte » des contenus, etc.).  On regrette d’autant plus que l’ouvrage, sympathique par ailleurs et même s’il peine à définir son sujet, semble sous-tendu d’une idée prometteuse : réévaluer les musiques populaires modernes en les inscrivant dans l’histoire générale de la musique et relire celle-ci à l’écoute de celles-là.  Dommage.

Paul Gontcharoff

 

James LYON : Chantez au Seigneur un cantique nouveau.  Introduction à l’hymnologieÉditions Olivétan (20, rue Calliet BP 4464 - 69241 Lyon Cedex 04.  olivetan@wanadoo.fr), 2008, 176 p. (CD encarté).  29,50 €.

Plus qu’une « introduction à l’hymnologie », ce volume, très bien présenté et illustré, est, en fait, une introduction au répertoire de plus de dix siècles de chants religieux. Il prend pour modèles le dernier « recueil de chants au service des Églises francophones » : Alléluia (Olivétan, 2005).  Au fil des pages, J. Lyon révèle l’importance chronologique de ce fonds, de l’Antiquité vétérotestamentaire, à travers les Pères de l’Église, les Réformateurs, l’Orthodoxie et le siècle des Lumières… jusqu’au XXIe siècle, le XIXe siècle marquant un temps de renouveau.  Il précise les sources allant de la musique populaire à la musique sacrée, en passant par l’Allemagne, la Suisse, la France, la Scandinavie ainsi que l’Angleterre, et rappelle la diversité des sensibilités religieuses.  Cet ouvrage est étayé de nombreux exemples musicaux, notés toutefois sans les textes dont les symbolismes conditionnent pourtant la mélodie (du moins de la première strophe). Il est accompagné d’un CD de l’auteur à la basse de viole, avec 66 mélodies judicieusement sélectionnées (ne rendant évidemment pas compte des paroles) et soulignant les qualités expressives de cet excellent musicien auquel il tient à cœur de mettre en évidence l’importance du patrimoine et du chant d’Église.

Édith Weber

 

Michel TABACHNIK : De la musique avant toute chose.  Préface de Régis Debray.  Buchet/Chastel.  14 x 20,5 cm, 506 p., 24 €.

Manière de plaidoyer pour la musique contemporaine, cet ouvrage propose au lecteur le « concert idéal » de qui fut successivement le disciple de Markevitch, Karajan puis Boulez.  Ce dernier ne lui confia-t-il pas la création de l’Ensemble Intercontemporain ?  Concert virtuel certes, programmant : Terretektorh du « frère aîné » Xenakis, Les Noces de Stravinsky, Le Marteau sans maître du « père spirituel » Boulez, Musique pour instruments à cordes, percussion et célesta de Bartók et « œuvre absolue » : Vier letzte Lieder de Richard Strauss.  Livre également de souvenirs, où ne sont qu’en creux évoqués les médiatiques déboires dont une quête spirituelle ingénue aura été le catalyseur...  Éblouissante préface, à l’ordinaire du « médiologue » Régis Debray.

 

François NOUDELMANN : Le toucher des philosophes.  Sartre, Nietzsche et Barthes au piano.  Essai.  NRF/Gallimard.  180 p., 16 €.

Il y aurait certes eu bien d’autres pianistes-philosophes à citer (Rousseau, Wittgenstein, Adorno, Jankélévitch…), mais Sartre, Nietzsche et Barthes sont emblématiques d’intimes contradictions.  Si Sartre, par exemple, se plaisait à discourir sur Schönberg, Xenakis ou Stockhausen, c’est toujours vers Chopin ou Debussy – ses compositeurs de prédilection - que ses doigts l’entraînaient.  Anti-modernisme inavouable ?  Peut-être…  « L’unité du moi est une construction qui masque des dissonances et des rythmes intimes avec lesquels nous ne cessons de composer » note fort justement François Noudelmann, philosophe lui-même, enseignant à Paris VIII.  Et de développer la thèse selon laquelle les activités érotico-musicales intimes de Sartre, Nietzsche et Barthes contrevenaient étrangement à leurs préoccupations affichées.  Iconoclaste et passionnant !

 

Pierre BRÉVIGNON & Olivier PHILIPPONAT : Dictionnaire superflu de la musique classique.  Nouvelle édition augmentée.  Le Castor Astral (www.castorastral.com).  17 x 24 cm, 352 p., ill. n&b, 20 €.

En ces temps d’extrême morosité, est-il quelque chose de moins superflu que le sourire ?  Au hasard des quelque 900 entrées de ce célèbre dictionnaire (mis à jour), votre abattement ne tiendra pas la distance.  Où vous découvrirez, en outre, bien des épisodes méconnus de cet univers impitoyable qu’est la musique classique - avatars souvent fort pittoresques.  Une merveille de feuillettement - plaisamment émaillée de plus de 200 illustrations.  Bibliographie, index des noms.

 

Sylvie OUSSENKO : L’opéra tout simplement !  Préface de Michel Sénéchal.  16 x 22 cm, 210 p., 1CD, 20 €.  Chopin, vie et œuvre.  Préface de Dominique Fanal.  15 x 21 cm, 190 p., 1CD.  10 €.  Eyrolles (www.editions-eyrolles.com).

Que voilà de l’intelligente et plaisante vulgarisation !  Signées de la cantatrice et musicologue Sylvie Oussenko, ces deux publications permettront à tout néophyte peu versé en ces domaines d’en découvrir les principaux arcanes.  Pour l’opéra : de l’éclosion du genre aux ouvrages majeurs du XXe siècle (le disque comportant des extraits de Platée, Fidelio, der Freischütz, Le Barbier de Séville, Simone Boccanegra, Le Crépuscule des dieux, Boris Godounov).  De Chopin, le parcours intime et musical est situé dans le contexte historique et culturel (pièces interprétées par les pianistes Romain Hervé & Noël Lee).

              

 

Bernard MARCADÉ, Dominique DUPUIS, Cécile FEBVRE & Matthieu FLORY : Eros Vinyls.  Histoire de l’érotisme à travers 60 ans de vinyles.  Ereme (9, avenue de l’Observatoire, Paris VIe. www.ereme.monsite.wanadoo.fr).

Rien moins que 400 pochettes composent ce réjouissant kaléïdoscope qui, des nus artistiques de David Hamilton aux couvertures diversement gratinées de l’histoire du rock (Hendrix, Queen, le Velvet, les Scorpions, Clapton…), font voisiner, sans vergogne, bon et mauvais goût.  Où, de 1950 à nos jours, l’on croisera Marilyn, Bardot, Birkin… sans jamais donner toutefois dans le porno.  Après un « art poétique » introductif signé du critique d’art Bernard Marcadé, l’ensemble est regroupé sous deux rubriques : Mouvements musicaux (rock’n’roll, cabaret & french-cancan, jazz & blues, chanson française, soul, funk & r’n’b, rap & hip-hop…) et Thématiques (danse du ventre, de l’art de bien les allumer, musiques de film, Attache-moi, For men only, Le corps peint…).  Culs serrés & peine à jouir s’abstenir !

Francis Cousté

 

Diedrich DIEDERICHSEN : Argument son.  De Britney Spears à Helmut Lachenmann : critique électro-acoustique de la société.  Les Presses du réel/JRP/Ringier. 252 p. 15 €.

De lecture difficile, ce livre regroupe un ensemble de textes écrits entre 1998 et 2003, d’où son aspect un peu déroutant et complexe.  Il s’appuie sur la certitude de l’auteur : notre manière de recevoir la musique est une manière de recevoir le monde.  Diederichsen se met à l’écoute de toutes les musiques et, à travers ces musiques, c’est la société qu’il écoute, sous tous ses aspects, historiques, sociaux, économiques, religieux ou politiques.  L’erreur serait de croire qu’une théorie générale, une sociologie de la musique peuvent se dégager de la lecture de ce livre.  Diederichsen ne parle que de cas particuliers : une biographie, une chanson, un album, une interprétation… C’est du particulier que part la réflexion, ce qui en fait la richesse. Charge pour le lecteur de faire preuve d’une grande connaissance des musiques d’aujourd’hui - jazz, rock, pop, rap, techno, opéra… Telle est la condition nécessaire et suffisante pour tirer profit de cet ouvrage.

Diedrich Diederichsen Argument son De Britney Spears à Helmut Lachenmann : critique électro-acoustique de la société et autres essais sur la musique

 

Paloma OTAOLA GONZÁLEZ : La Pensée musicale espagnole à la Renaissance. Héritage antique et tradition médiévale.  L’Harmattan.  285 p.  27,50 €.

L’auteur étudie tout d’abord les sources de la pensée musicale dans le monde antique (Pythagore, Platon, Aristote), puis dans le Moyen Âge chrétien (saint Augustin, Boèce, Cassiodore) et enfin l’aboutissement de cette pensée dans la musique de la Renaissance espagnole.  La pensée humaniste de la Renaissance espagnole est caractérisée par son retour aux sources classiques et à l’imitation des Anciens. Juan Bermudo et Francisco Salinas en suivant la méthode aristotélicienne réaffirment la nécessité de l’union de la raison et des sens (l’oreille) dans la connaissance musicale. Le développement de la polyphonie et de la pratique instrumentale vont nécessiter d’importantes modifications dans la théorie musicale (gamme et division d’octave, naissance du système chromatique, transformation du système des modes). Parallèlement les rapports entre musique et parole seront réaffirmés par le biais de la grammaire, de la rhétorique, de la poésie mais également du rythme (métrique et rythmique) qui sous-tend l’harmonie de la composition musicale. Les humanistes de la Renaissance espagnole auront pour but de montrer combien la musique est nécessaire à la vie humaine : effets cathartiques, plaisir, valeur éthique et religieuse. Un livre qui montre la continuité entre les sources antiques, la tradition médiévale et la pensée musicale espagnole de la Renaissance, continuité centrée sur le pouvoir de transcendance de la musique.  Et si la musique pouvait réenchanter le monde ?

Patrice Imbaud

 

 

 

 

 



Haut

Chants de Pâques.  Schola des Moines de l’Abbaye de Saint Martin de Ligugé. DBA : 10/07 200. TT : 44’22.

Voici un enregistrement d'un grégorien véridique, sans artifice, tel que le chantent les moines de l’abbaye Saint-Martin de Ligugé dans leurs offices. L’abbaye, la plus ancienne implantation monastique connue, abrite une trentaine de moines selon la règle de Saint Benoît de Nurcie. La liturgie de Pâques, la plus importante de l'année chrétienne, abonde en pièces grégoriennes qui jalonnent les cérémonies. Parmi les chants choisis pour cet enregistrement figurent les célèbres Pange Lingua (procession de l'Eucharistie le Jeudi saint), Victimæ Pascali Laudes (séquence de la messe de Pâques), O Filli et Filliæ (hymne pour le Benedicamus Domino) et Veni Creator Spiritu (hymne pour les Vêpres entre l'Ascension et la Pentecôte ). L'intérêt particulier de cet album se situe dans une interprétation véritablement liturgique par un chœur à effectif réduit, avec ces quelques infimes imperfections qui rendent ces pièces plus vivantes encore dans l'expression de la foi chrétienne.

 

Sources : Monodies et polyphonies médiévales.  Mora Vocis : MOVO 1-2007. TT : 61’23.

Ces vingt pièces interprétées par l'ensemble vocal féminin Mora Vocis chantent l’eau et les sources dans le répertoire de la musique sacrée occidentale du XIe au XVe siècles.  Profondeur des eaux souterraines, fleuves débordants, force régénératrice ou purificatrice, la musique de l'eau parle en un langage universel qui convie l'auditeur à un rapport fluide avec le temps. La qualité vocale de Mora Vocis est remarquable de pureté et de limpidité. On peut également apprécier le choix des pièces issues de divers manuscrits (Bamberg, Hildegarde de Bingen, Burgos…), couvrant cinq siècles de musique monodique et polyphonique. L'album est accompagné d'un livret explicatif très complet tant au plan de l'interprétation que des principes fondamentaux de la musique médiévale et des sources d'inspiration.  À découvrir.

 

Musique francaise : œuvres de Ladmirault, Fauré, Cras, Ravel.  Piano à 4 mains : Laurent Boukobza & Jean-Pierre Ferey.  Skarbo : DSK 4073. TT : 58’37.

Laurent Boukobza et Jean-Pierre Ferey nous proposent ici un excellent enregistrement de musique française pour piano à quatre mains. Outre les plus que célèbres Dolly de Gabriel Fauré et Ma Mère l’Oye de Maurice Ravel, les pianistes se sont plu à inclure les Âmes d’enfant de Jean Cras (1918), charmantes pièces écrites à l’origine pour les six petites mains des filles du compositeur.  Avec la Rhapsodie gaélique du trop méconnu Paul Ladmirault (1909), les deux interprètes nous entraînent dans un univers musical dans lequel alternent rythmes populaires bretons et écriture éminemment fauréenne. Un vrai régal…

 

Antonio VIVALDI : L'Estro Armonico.  Bonus DVD : The Four Seasons MosaicTafelmusik Baroque Orchestra, dir. Jeanne Lamon.  Elisabeth Wallfisch, violon.  DHM : 88697190442. TT : 63’30 (CD) + 54'08 (DVD).

C’est avec L’Estro Armonico que Vivaldi, en 1711, a imposé la forme du concerto grosso initié par Corelli à la fin du XVIIe siècle.  L’Estro Armonico est un recueil de douze concertos comportant des formules rythmiques et mélodiques très audacieuses pour l’époque. L’écriture virtuose, cependant, ne nuit en aucune façon à la profondeur expressive soutenue par une forte tension intérieure. Si l’œuvre a été maintes et maintes fois enregistrée, ce nouvel album n’est en aucun cas un remake. Le Tafelmusik Baroque Orchestra fait preuve d’une énergie débordante dans un parcours à la fois volubile et empreint de sensibilité. En bonus, un DVD propose une expérience originale : The Four Seasons Mosaic. Les Quatre Saisons sont revisitées par l’ensemble baroque auquel sont ajoutés un pipa chinois (Wen Zhao), un sarangi indien (Aruna Narayan) et deux voix inuits (Sylvia Cloutier & June Shappa). Outre d’intéressantes explications sur ces différentes techniques musicales, le film, admirablement réalisé, montre à quel point la musique de Vivaldi s’intègre à toutes les époques et à toutes les cultures. Un vrai document.

Gérard Moindrot

 

Marin MARAIS : Pièces de viole, Sarabande à deux violes.  SAINTE-COLOMBE : Concert XLVIII.  Josh Cheatham, Julien Léonard, violes de gambe.  Skip Sempé, clavecin.  Paradizo : PA0006. TT : 65'46.

Ancêtre du violoncelle, la viole de gambe ou basse de viole est l’instrument par excellence du baroque français. Magnifiée par des luthiers célèbres, elle offre une résonance et une puissante sonorité, outre cette vibration particulière qui la rend proche de la voix humaine ; sans parler de sa propension à la mélodie et à l'ornementation. Grand maître de l'instrument, interprète et compositeur, Marin Marais cultive «  une alternance fascinante entre le populaire et le chic » souligne Skip Sempé. Ses Pièces de viole avec accompagement de clavecin renferment tous ces mouvements de danse qui font florès dans la musique française baroque, l'élégiaque Sarabande, la Gigue alerte, l'Allemande décidée et autres Courante labile. Certaines sont dénommées, comme chez Rameau : La Marianne, La Précieuse.  Sainte-Colombe, musicien énigmatique (on ne sait pas exactement ses dates), a été le professeur de Marais. Ses Concerts « à deux violes esgales » , pièces dites « de caractères », sont pleines d'ornementations, au comble de la « fantaisie purement musicale » (ibid.).  Le jeune violiste néerlandais Josh Cheatham fait sien cet idiome, le parant de couleurs et d'ornementations graciles, voire de trémolos originaux. Souplesse et raffinement se partagent son jeu tandis que Skip Sempé lui donne une réplique plus qu'attentionnée. Le rendu sonore est opulent dans une acoustique discrètement réverbérée.

 

Manuscrit de Bauyn : pièces de clavecin de Louis COUPERIN, Luigi ROSSI, Girolamo FRESCOBALDI, Johann Jakob FROBERGER.  Benjamin Allard, clavecin. Hortus : 035.  TT : 56'27.

La manuscrit de Bauyn, du nom d’un riche financier mélomane du XVIIe siècle, qui renferme quelque 350 pièces composées entre 1640 et 1650, fait figure de corpus de référence pour  la musique française de clavecin. Plusieurs compositeurs se partagent la vedette éditoriale. À commencer par Louis Couperin.  Les Pièces en la et en fa, qui se distinguent par leur imagination harmonique, sont bâties sur le triptyque allemande-courante-sarabande, suivi d'une ou plusieurs pièces conclusives, de danse aussi (La Piémontoise dans la premier cas, un Bransle de Basque et une Chaconne dans le second).  Froberger, musicien allemand (1616-1667), organiste de la chapelle impériale à Vienne, vécut aussi à Paris. Ses compositions savantes sont fort variées quant au style. On trouve encore sur le CD une Passacaille de Rossi, unique pièce instrumentale de ce compositeur qui dédia son art à la voix, et un Capriccio de Frescobaldi.  Benjamin Allard, claveciniste aussi bien qu'organiste (il est titulaire du grand orgue de l'église Saint-Louis-en-l’Île à Paris ) joue sur un instrument très intéresssant, copie par Humeau d'un clavecin de Rückers, facteur anversois célébre au siècle d'or. Ses sonorités sont très incisives avec une belle résonance dans les registres inférieurs.

 

Antonio VIVALDI : La Fida Ninfa.  Sandrine Piau, Veronica Cangemi, Marie-Nicole Lemieux, Sarah Mingardo, Philippe Jaroussky, Topi Lehtipuu, Lorenzo Ragazzo.  Ensemble Matheus, dir. Jean-Christophe Spinozi.  3CDs Naïve : OP30410.  TT : 59'33 + 66'15 + 63'51.

Autre merveille de la production opératique de Vivaldi que La Fida Ninfa, créée en 1732 à Vérone. L’offre dramatique limitée d'un sujet bucolique convenu, Vivaldi la transfigure par une musique infiniment inventive, sans cesse renouvelée : myriade d'arias da capo propres à peindre les affects, mais aussi ensembles, duetto – par exemple entre contralto et contre-ténor – trio et même quatuor vocal, récitatifs aussi intenses que vivants. L'écriture vocale fort complexe offre un redoutable challenge aux interprètes, tels ces arias di bravura où le mot virtuosité est peu dire devant la pyrotechnie étourdissante demandée, mais aussi ces cantilènes au débit alangui.  Partout ses talents de contrapuntiste sont en évidence, rythmes orchestraux sertissant de près le soliste, sinfonie originales dont une tempesta di mare. Le présent enregistrement est un vrai festin vocal. Les prestations s'énamourent d'expressions extrêmes et on se pâme devant un tel assortiment de timbres. Ainsi des deux prime donne, S.Piau, plus aérienne que jamais dans les colorature délicates, et V.Cangemi qui l'égale en expressivité ; des voix graves de dames aussi, M.-N.Lemieux qui imprime une joie communicative à tout ce qu'elle fait, et S.Mingardo dans la courte apparition finale de Junon.  Et que dire des messieurs : un contre-ténor élégiaque, Ph.Jaroussky, un ténor, T.Lehtipuu, dont les airs sont de purs joyaux baroques, enfin une basse, L.Ragazzo, à la verve irrésistible.  La fertilité de l'orchestre vivaldien n'a pas de secret pour J.-C. Spinozi, chez lui dans cette pulsation balancée ou convulsive, dans ces amples contrastes, du murmure au forte jubilatoire, poussant ses solistes dans leurs retranchements ; au final un soupçon moins exubérant qu'à son ordinaire.  Ce qui n'empêche pas l’Ensemble Matheus d'être égal à lui-même.

 

Vincenzo BELLINI : La Sonnambula.  Cecilia Bartoli, Juan Diego Florez, Ildebrando D'Arcangelo.  Orchestre La Scintilla Zürich, dir. Allesandro de Marchi.  2CDs Decca/L'Oiseau Lyre : 478 1087.  TT : 59'10 + 75'01.

Cette Sonnambula en CD signe plusieurs premières : l’interprétation du melodramma de Bellini sur instruments d'époque, dans sa version originale telle que créée par Giudita Pasta, mais immortalisée par Maria Malibran ; avant qu'il ne soit pris d'assaut moyennant quelques ajouts, par les sopranos colorature.  Cecilia Bartoli, qui s’est fait un devoir de ressusciter le répertoire de la Malibran, confie combien le rôle est en fait confortable pour une voix de mezzo-soprano. Première rencontre au disque aussi entre Bartoli et J.D.Florez, le tenorissimo belcantiste du moment. Le résultat est à la hauteur de l'annonce. Alors même que la direction d'orchestre est comme une révélation. Alessandro de Marchi qui dirige la Scintilla zurichoise, s'empare à bras le corps de l'originale instrumentation bellinienne, comme ces pizzicatos détachés des cordes. L'art de créer la juste atmosphère n'a d'égal que le soin apporté pour varier les climats. L'Amina de Bartoli appréhende de manière gourmande les mots, tel naguère un Fischer-Dieskau, comme le texte musical avec cette émotion à fleur de peau et un sens dramatique toujours vrai. Le travail sur l'ornementation est fascinant, comme sur la sonorité, du plus clair au plus sombre, et les inflexions infinitésimales.  Florez, Elvino, a ce timbre solaire, cette articulation claire du texte, cette plasticité vocale épanouie que couronne une quinte aiguë brillante.  Leurs duos, outre la combinaison inhabituelle de deux timbres non pareils, confinent au fusionnel, de par les nuances infinies qu'ils y forgent, passant de la douceur élégiaque à l'affirmation d'une vocalité éclatante. Leurs collègues sont à la hauteur de l'événement, notamment I.D'Arcangelo, le type même de la voix de basse chantante. Les chœurs de l’Opernhaus de Zürich connaissent à la perfection leurs cantilènes italiennes. Pour l’île déserte !

 

Wolfgang Amadeus MOZART : Sérénade KV 360 Gran Partita.  Alban BERG : Concerto de chambre pour 13 instruments à vent, piano et violon.  Mitsuko Uchida, piano, Christian Tetzlaff, violon. Ensemble Intercontemporain, dir. Pierre Boulez.  Decca : 478 0316. TT : 80’18.

Il peut paraître singulier de rapprocher la Sérénade Gran Partita de Mozart du Concerto de chambre de Berg ; encore que les deux pièces requièrent le même nombre d'instruments, treize, et à vent dans les deux cas, outre un piano et un violon chez Berg ; comme improbable de voir Pierre Boulez diriger Mozart – ce qu’il fit pourtant à Salzbourg, l’été 2006, dans cette même œuvre. Il y a selon lui, une même culture du chant et de la mélodie chez ces deux musiciens de théâtre, et dans les variations créées par l'un et l'autre « la même richesse, la même prolifération d'idées ». Dans la Sérénade l'accent est mis sur les contrastes de climat et les combinaisons de timbres. Voilà un Mozart en pleine lumière (menuetto décidé), sans afféterie (adagios au tempo proche d'un andante), d'une exubérance certaine au final. Avec le Kammerkonzert, Berg à la fois regarde vers un monde nouveau et jette un ultime regard en arrière. La composition savante qui fait intervenir le piano au 1er mouvement, le violon au deuxième, et les deux à parts égales au final, n'est pas si ésotérique qu'il y paraît. La matière du Thème et variations initial est riche mais claire. L'adagio offre des pages inspirées et un ample lyrisme malgré la densité de la texture. Le rondo ritmico qui voit enfin les deux solistes côte à côte, d'une redoutable complexité, évoque un continuum cinématographique, pour se résumer dans un pianissimo. Les vents de l'Ensemble Intercontemporain, la pianiste et le violoniste établissent ce délicat équilibre entre masses sonores pour en préserver la transparence, voire les effets théâtraux. La confrontation des deux pièces s'avère plus que judicieuse.

 

Johannes BRAHMS : Quatuors pour pianos et cordes n°1, 2, 3.  Renaud Capuçon, violon ; Gautier Capuçon, violoncelle ; Gérard Caussé, alto ; Nicholas Angelich, piano. 2CDs Virgin Classics : 50999 519310 2. TT : 76'03 + 51'59.

Brahms est souvent à son meilleur dans l’univers de la musique de chambre. Ses quatuors pour piano et cordes reflètent sa personnalité. Le Quatuor op.25, le plus joué des trois, a, lors de sa création en 1861, avec Clara Schumann au piano, pu déconcerter. Pourtant quelle richesse thématique, notamment dans l'introduction « ruisselante de musique » selon Claude Rostand. L'intermezzo qui tient lieu de scherzo, livre des clairs-obscurs subtils. Les « Capuçon and friends », s'ils font ressortir la liberté contrapuntique d'une œuvre aux multiples facettes, en proposent une exécution quelque peu détachée à force de vouloir allèger la texture. Le refus du rubato, de l'expansion romantique n'évite pas une certaine placidité ; encore que le final, rondo alla ungareze, empli de joie irrésitible et entrecoupé de séquences délicatement mélancoliques, soit très réussi.  Ils sont plus à l'aise dans le Quatuor op.60, qui par sa conception même, fruit de la passion inavouée du musicien pour Clara – qui créera la pièce en 1876 - offre un dramatisme presque outrancier au début puis un scherzo trépidant et un andante chantant, bref moment de détente. Il est certain que l'approche « gallique » qui cherche à débarrasser le discours de toute pesanteur germanique et à alléger les climats passionnés, se révèle payante ici. Le piano d’Angelich y est un modèle de fluidité et l'équilibre piano-cordes bien jaugé. Le Quatuor n°2, op.26, est resté dans l'ombre de l'opus 25, car moins directement séduisant. On aurait tort pourtant de le négliger, car sa facture est rigoureuse, condensé de la manière brahmsienne.

 

Gabriel FAURÉ : Requiem, op.48. Cantique de Jean Racine, op.11.  Sandrine Piau, soprano, Stéphane Degout, baryton.  Chœur Accentus, dir. Laurence Equilbey.  Naïve : V5137.  TT : 41'21.

Il était prévisible que Laurence Equilbey et Accentus abordent le Requiem de Fauré, une des pièces les plus emblématiques du répertoire choral - bien éloignée des Mozart, Brahms, sans parler de Verdi.  Fauré, qui disait avoir « voulu faire autre chose » y prend quelques libertés avec les textes liturgiques : omission du Dies irae dont n'est conservé que le Lux aeterna, modification de l'agencement des séquences, le Pie Jesu remplaçant le Benedictus.  On joue la version de 1873, pour formation de chambre sans violons.  Le sentiment d'intimité en sort renforcé, d'intériorité aussi. Comment ne pas s'arrêter sur ces instants magiques que sont l’Hostias, le Pie Jesu, la dernière partie du Lux aeterna, affirmation de vérité, et bien sûr le in Paradisium où l’art de la modulation confine au sublime. L'interprétation, abordée dans des tempos retenus, est sereine, d'une douce ferveur, les rares éclats, en cohérence avec le dépouillement extrême de l'ensemble. Rarement cette « berceuse de la mort » n'a paru si recueillie. La merveilleuse écriture chorale fauréenne ne saurait avoir meilleur défenseur qu’Accentus.  Les deux solistes (élégiaque St.Degout, séraphique S.Piau) savent ne pas attirer l’attention plus qu’il faut. L’enregistrement, effectué à la basilique Sainte-Clotilde de Paris, dont le grand Cavaillé-Coll eut pour titulaire Franck et Tournemire, est d'une chaude résonance.

 

« Amoureuses ». Mozart, Haydn, Gluck : airs extraits d’opéras.  Patricia Petibon, soprano.  Concerto Köln, dir. Daniel Harding. Universal/DG : 00289 477 468. TT : 68'39.

La femme amoureuse est au cœur de l’art opératique. Belle idée que d’avoir rapproché trois compositeurs de l’époque classique qui lui ont dédiée des pages mémorables. Elle est d’abord tragédienne : la désespérée Giunia de Lucio Silla, là où la vocalise est une composante de l'approche dramatique et non pure prouesse technique ; la tragique Iphigénie à laquelle Gluck prête les plus nobles accents ; la magicienne Armide de Gluck encore, froide et calculatrice - un festin de choix pour l'interprète, dévorée de passion comme la chanteuse ici, jusqu'à émettre un son presque vampirisé.  Les affects d'Armide sont aussi traités par Haydn dans une aria d'une grande agitation. On retrouve encore l’épouse éplorée chez Euridice (L'anima del filosofo), ou les émois de la première rencontre amoureuse de Silvia dans L’Isola Disabitata de Haydn.  Elle peut aussi revêtir des habits comiques, tel le travesti Volpino de Lo Speziale de Haydn, sorte de mamamouchi cocasse. Elle est encore douce ou rouée, chez Mozart, dans Les Noces, telle Barbarina et Susanna dont les deux airs du IIIe acte sont ici judicieusement rapprochés. Ce sont les diverses facettes d'un art vocal façonné à l’école de deux maîtres du style, Harnoncourt et Christie, que prodigue Patricia Petibon.  Outre des vocalises séraphiques, ce florilège d'airs montre une voix parée d'une nouvelle intensité, pour une « approche dramaturgique » dit-elle, et un chant tout sauf d’« une beauté lisse ». De fait, le deuxième air de la Reine de la Nuit est quasi un aria di furore.

 

« Un frisson francais » : un siècle de mélodies françaises.  Susan Graham, mezzo-soprano ; Malcom Martineau, piano. Onyx : 4030. TT :77'34.

Voici un disque qui sort vraiment de l'ordinaire : une anthologie de mélodies françaises présentant 22 compositeurs, dont quelques oubliés (Caplet, Bachelet, Paladilhe), représentés chacun par une seule pièce. Elle est conçue en cinq parties : les pères fondateurs cultivant la ligne musicale plus que le rythme (Au rossignol de Gounod) ; les postromantiques où priment la couleur vocale et le discours pianistique (Les cigales de Chabrier) au service d'atmosphères nocturnes parfumées, et qui n'évitent pas le caractère opératique (Duparc : Au pays où l'on fait la guerre) ; l'avènement du siècle nouveau, réaction contre la manière romantique, par le dépouillement du style (Le Paon de Ravel ) ou la modernité de l’harmonie (Messiaen : La fiançée perdue) ; le retour au passé, sur le thème de l'enfance, qui voit éclore les styles les plus divergents, diversement traités, du pastiche (À Chloris de Hahn) à la parodie (La souris d’Angleterre de Rosenthal). Le récital se conclut par le mélodrame de Poulenc, La Dame de Monte-Carlo, sur un texte de Cocteau, modèle de ce qu’est l'art de la mélodie française, une « fusion si agréable et séduisante de poésie et de musique » souligne le pianiste. Faculté d'adaptation à des compositions si diverses, intelligence du texte, goût sûr pour l’inflexion gallique, suprême distinction caractérisent l'approche de Susan Graham. Ces compliments, on peut aussi les adresser au pianiste. Un étonnant récital vraiment.

 

Hommage à MESSIAEN : Préludes pour piano. Catalogues d'oiseaux (deux extraits : La Bouscarde, L'Alouette Lulu ).  Quatre Études de rythme (deux extraits : Île de Feu, I et II).  Pierre-Laurent Aimard, piano.  Universal/DG : 00289 477 7452.  TT : 59'48.

Protégé du maître, élève de son épouse Yvonne Loriod, Pierre-Laurent Aimard rassemble un certain nombre de pièces pianistiques relativement négligées de Messiaen. « Écrites à des moments difficiles de son existence », ces compositions sont très contrastées.  Les Préludes (1928-1930), composés peu après la mort de sa mère, Claire Delbos, montrent déjà une totale maîtrise des possibilités de  l'instrument, dans la lignée de ses maîtres, Dukas et Debussy.  Une pièce comme Les sons impalpables du rêve... associe son et couleur, technique qui habitera bien des pages ultérieures.  Le sonorités sont cosmiques et l'harmonie des plus habiles, tels ce martèlement de sonorités, cette progression dynamique avec des effets de résonance comme lumineuse.  Tribut à la source d'inspiration majeure de Messiaen, les chants d'oiseaux, qui trouvera son glorieux aboutissement dans Saint-François d'Assise, P.-L.Aimard joue deux extraits du gigantesque Catalogue d'Oiseaux, ces « petites pièces de théâtre ornithologique », fidèles restitutions de ce que la Nature livre de plus beau.  Le récital se clôt par deux extraits des Études de rythme. Écrites pour Y.Loriod, la virtuose, elles exigent une formidable énergie. Elles sont dédiées à la Papouasie et à ses rythmes primitifs : martèlements incessants encore, de la main gauche notamment, et chapelets d'accords percussifs.  Partout P.-L.Aimard privilégie une approche pudique. Il est à l’aise autant dans les nuances de coloris - « cascades de pierreries », souligne-t-il - que dans les ruptures de rythme et les contrastes harmoniques qui exploitent l’entier registre du clavier.

 

Felix MENDELSSOHN : Prélude, op.104a n°2 ; Rondo Capriccioso, op.14 ; Romances sans paroles, op.38 n°2, op.19 n°2, op.102 n°5 ; Variations sérieuses, op.54 ; Caprices, op.33, n°2 et 3 ; Trois Études, op.104b ; Scherzo, op.16 ; Deux Lieder transcrits par Liszt ; Scherzo (extrait du Songe d'une nuit d’été), transcrit par Rachmaninov.  Bertrand Chamayou, piano.  Naïve : V5131.  TT : 65'.

Merveilleuse anthologie consacrée à Mendelssohn, en forme de « Liederabend sans paroles ». Ainsi du Rondo Capriccioso, plein d'esprit, d'un bouquet de Romances sans paroles qui comme les Mazurkas chez Chopin, fleurissent tout au long de sa vie créatrice, des Variations sérieuses dont Schumann soulignait « l'humeur farouche » et enfin des volubiles Études op.104.  Bertrand Chamayou y ajoute des transcriptions de Lieder où le génial Liszt enveloppe, dans un même geste, parties de piano et de chant, et du fameux Scherzo du Songe d’une nuit d’été, revu par Rachmaninov, délicat point d’orgue d’un captivant récital. Car, derrière ce jeune garçon sage, se cache une personnalité hors du commun.

 

Claude DEBUSSY : Sonate n°1 pour violoncelle et piano ; Valse « La plus que lente » ; Scherzo ; Intermezzo.  Francis POULENC : Sonate pour violoncelle et piano ; Suite française d’après Claude Gervaise ; Bagatelle, extrait du Bal Masqué ; Sérénade.  Jean-Guihen Queyras, violoncelle. Alexandre Tharaud, piano.  Harmonia Mundi : HMC902012.  TT : 62’47.

Rien a priori ne semble rapprocher la Sonate pour violoncelle et piano de Debussy de celle de Poulenc. Encore qu’à y regarder de près, comme le soulignent les deux interprètes, elles ont plus d’un élément en commun : la même admiration de la part de deux compositeurs pour les maîtres anciens, Couperin et Rameau chez le premier, la musique médiévale pour le second ; le même art de l’imprévisible ironique. Comment ne pas voir dans la Sonate de Debussy un chef-d’œuvre d’esprit.  La pièce de Poulenc offre un mélange de pofondeur et de style Dada, passant en un tour de main de l’humour au sérieux. La mise en perspective ne s’arrête pas là et nous vaut un florilège de courtes pièces empruntées à chacun des compositeurs.  Dans ce passionnant programme l’osmose entre les deux jeunes musiciens est totale, à l’aune de ce vrai esprit français fait d’élégance, de légèreté de ton et de délicatesse du jeu !

 

Claude DEBUSSY, Gabriel FAURÉ, Maurice RAVEL : Quatuor à cordes.  Quatuor Ébène.  Virgin Classics : 519045.  TT : 79’.

Quatre jeunes gens dans le vent qui engrangent les succès, jouent dans leur récent CD pas moins que les opus de Debussy et de Ravel auxquels ils ajoutent celui de Fauré.  L’empathie pour ces pièces est admirable, la façon de trouver le ton juste, la cohérence dans les fluctuations du tempo, l’art de souligner l’accent et de modeler la sonorité, l’extrême lisibilité du discours, même dans les passages les plus exposés.  Et tout cela sans jamais forcer le trait.  Il y a là un mélange de fougue juvénile et d’étonnante maturité.  La maîtrise instrumentale est tout aussi fascinante, d’une précision dans l’attaque qui sait ne pas être rude, apte par sa fluidité à abonder les couleurs irisées, les atmosphères joyeuses et mélancoliques.  Ils sont tout autant chez eux dans les fausses brumes debussystes que dans la virtuosité ravélienne.  Et combien à l’aise pour décrypter les mélismes fauréens, si épurés ici.

Jean-Pierre Robert

 

Chants sacrés géorgiens. Jade (43, rue de Rennes, Paris VIe. promotion@milanmusic.fr) : 699 670-2.  TT : 47’01.

La musique religieuse géorgienne est assez proche de l’esthétique de la musique byzantine. Ce chant, pratiqué en langue liturgique géorgienne en usage dès le IVe siècle dans les monastères de l’un des plus anciens pays chrétiens, atteint son point culminant entre le Xe et le XIIe siècle. Ce disque comprend une sélection de chants géorgiens pour les temps de Noël et de Pâques, et d’illustre des formes typiques : Tropaire (courte prière chantée après chaque verset de psaume), Trisagion (chant de l’ordinaire) et Kondakion (série de 20 à 30 strophes chantées sur la même mélodie), avec aussi l’incontournable Hymne des Chérubins.  Ce chant polyphonique est également cultivé en Bulgarie et même en Palestine, dans les monastères du désert du Sinaï. Ce répertoire est replacé dans ses divers contextes. Il est particulièrement mis en valeur par les voix lumineuses et prenantes du chœur Harmonie géorgienne placé sous la direction autorisée de Nana Peradze.

 

Philippe Rogier : Missa Domine Dominus noster.  Matheo ROMERO : Missa bonae voluntatis.  2CDs Ricercar (Outher S. A., rue du Chêne 27, B-1000 Bruxelles. stephanie.flament@alpha-prod.com) : RIC271. TT : 118’36.

Ce coffret présente d’abord un « Office de mariage à la Cour d’Espagne » interprété par quatre ensembles : le Chœur de chambre de Namur, La Fenice, Doulce mémoire et le Ricercar Consort, tous dirigés par Jean Tubéry.  Philippe Rogier (1560-1596) arrive en Espagne en 1572.  Il assumera ensuite la charge de maître de chapelle. Malgré sa brève existence, ce prêtre a laissé environ 240 œuvres polyphoniques (messes, motets…).  Sa Messe Domine Dominus noster est écrite à 12 voix qui dialoguent ; son écriture polychorale la situe à la charnière des XVIe et XVIIe siècles.

Matheo Romero (Matthieu Rosemarin, ca 1575-1647), chantre liégeois installé à Madrid, au service de Charles Quint, roi d’Espagne, profitera de l’enseignement de Ph. Rogier auquel il succédera sous Philippe III.  Sa Missa bonae voluntatis, « Office pour l’Ordre de la Toison d’or », est écrite pour 3 chœurs qui alternent, chacun ayant sa basse continue.  Le propre est celui de l’Office de saint André, conservé aux archives de la cathédrale de Salamanque. Le Chœur de chambre de Namur, La Fenice et l’ensemble Doulce mémoire, sous la direction de Jean Tubéry : tous les chanteurs et instrumentistes ont le mérite d’attirer l’attention sur ces deux compositeurs flamands installés en Espagne et de faire redécouvrir ces deux œuvres sortant des sentiers battus.

 

Manuscrit Bauyn.  Benjamin Alard, clavecin.  Hortus (2, rue Diderot, 92600 Asnières. editionshortus@wanadoo.fr) : 065.  TT : 56’27.

Comme l’Andreas-Bach-Buch pour le jeune Jean-Sébastien, le Manuscrit d’André Bauyn de Bersan, illustrant le répertoire de musique pour clavecin et s’imposant par sa diversité, regroupe non seulement des œuvres de jeunesse : Pièces en la et en fa de Louis Couperin (ca 1626-1661 : à ne pas confondre avec François), mais encore des pages recopiées par le jeune musicien, allant de la Passacaille de Luigi Rossi (1598-1653), aux Toccatas en ré et en fa, Allemande et Gigue de Johann Jakob Froberger (1616-1667) - que L. Couperin avait rencontré en 1652 -, en passant par le Capriccio en sol de Girolamo Frescobaldi (1583-1643).  Au total, 18 pièces reposant notamment sur des danses selon l’usage.  Benjamin Alard - élève de François Ménissier pour l’orgue et d’Élisabeth Joyé pour le clavecin, ainsi qu’à la Schola Cantorum basiliensis, titulaire du nouvel orgue de l’église Saint-Louis-en-l’Île (Paris) - réserve un sort royal à ces œuvres rarement enregistrées : judicieuse initiative (2008) des éditions Hortus.

 

Jean GILLES : Requiem et motet : Cantate Jordanis Incolae.  Ligia Digital (ligia-digital@orange.fr) : Lidi 0202196-8.  TT : 68’02.

Le Requiem de Jean Gilles (1668-1705) - maître de musique de Saint-Étienne de Toulouse - a été entendu, entre autres, lors d’un des services funèbres célébrés à la mémoire de Jean-Philippe Rameau en l’église de l’Oratoire du Louvre (Paris).  Cette œuvre, restituée par l’abbé Jean Prim, a été rééditée par Jean-Marc Andrieu qui la qualifie de « chef-d’œuvre au destin singulier » et qui - à la tête du chœur de chambre Les Éléments (Joël Suhubiette) et de l’orchestre Les Passions - ne ménage pas ses efforts pour conférer toute sa densité et sa luminosité à cette Messe des morts, assez majestueuse et n’échappant toutefois pas à la pompe de l’époque.  Cette œuvre - avec le rythme pointé à la manière française, si typique de son Ouverture en forme de marche - retiendra l’attention des mélomanes du XXIe siècle qui, comme ceux du XVIIIe siècle, l’entendront « toujours avec satisfaction, malgré son ancienneté… » (Le Mercure de France).

 

Duos for flute and oboe. Centaur (www.centaurrecords.com) : CRC 2775.  TT : 55’50.

Ce disque déjà un peu ancien révèle des Duos (ou arrangements) pour bois.  Ils sont interprétés par Claudia Anderson (flûte) - professeur invitée, très connue aux États-Unis - et William McMullen (hautbois) - professeur de hautbois, soliste du Lincoln Symphony Orchestra.  Ils forment une équipe bien soudée au service de ce répertoire allant de W. A. Mozart à José Serebrier (né en 1938) et présentant des formes traditionnelles (invention, petits préludes, impromptus, duos, canzone).  En revanche, certaines œuvres sont dotées de titres évocateurs : Calandres, Spipolettes, Alouettes… (G. Migot) ; Nuage, arbre… (J. Serebrier) ; d’autres encore indiquent les mouvements en italien (Allegro vivace, Moderato, Allegro…).  Cet enregistrement, réalisé à l’Université du Nebraska (à Lincoln), s’imposera par l’association des sonorités chantantes et particulièrement expressives, et par la diversité des pièces retenues et rendues avec brillance et musicalité.

 

Roger CALMEL : L’enfant-Roi.  Coda Musique (29, avenue Carnot, 33200 Bordeaux coda.musique@free.fr) : CM 241208.

L’enregistrement (2008) de la cantate (ou pastorale) : L’enfant-Roi de Roger Calmel, né en 1920 (et non 1921…), disparu en 1998, constitue l’un des hommages rendus à ce compositeur français si attachant, à l’occasion des dix ans de sa mort.  Il est réalisé par 4 solistes, le chœur Les Polysons et l’orchestre Les Cordes mêlées, tous placés sous la direction d’Élisabeth Trigo.  Cette pastorale - l’une de ses plus belles œuvres -, reposant sur le texte de Jean-Pierre Nortel (également le récitant), relate l’histoire d’un enfant qui, avec son tambour, ne veut pas laisser dormir les gens, la nuit de Noël.  Par la suite, deux bergers le poursuivent.  Finalement, il rencontre l’enfant Jésus.  Roger Calmel crée l’atmosphère, spéculant sur les sonorités lumineuses et brillantes. Œuvre à écouter d’un seul tenant.

Édith Weber

 

Jacques BOISGALLAIS (°1927) : Musique de chambre.  Le Chant du Monde : LDC 2781151.  TT : 68’.

Longtemps réputé pour ses seules mises en ondes radiophoniques & enregistrements de concerts, le compositeur Jacques Boisgallais connaît aujourd’hui une juste reconnaissance.  Déjà auteur d’une cinquantaine d’œuvres pour grand orchestre, ensemble instrumental ou musique de chambre - écrites dans une atonalité sans exclusive d’incursions modales -, il nous propose ici une superbe relecture d’œuvres chambristes plus ou moins récentes : 1re Sonate pour violon & piano (2000/2003), Toccata pour deux pianos (1957/2002), Trio-Passacaille pour piano, violon & violoncelle (2001), Divertimento pour clarinette, violon, violoncelle & piano (2002/2004), 1er Quatuor à cordes (1958/2001). « Works in progress… »  Une révélation !

 

Klaus HUBER (°1924) : Miserere Hominibus (pour 7 chanteurs & 7 instrumentistes).  Agnus Dei cum Recordatione (Hommage à Ockeghem, pour 4 chanteurs, luth & 2 vièles). Les Jeunes Solistes, dir. Rachid Safir.  Soupir éditions (www.les-jeunes-solistes.com) : S216. Distr. Nocturne. TT : 54’36.

Il s’agit là de commandes passées par Rachid Safir à son vieux complice, le Suisse Klaus Huber - dans la musique duquel sérialisme & polyphonies vocales inspirées de la Renaissance se compénétrent jusqu’à fusionner.  Ainsi dans Miserere hominibus (2007) - psaume de pénitence -, où le compositeur rassemble, outre le texte biblique, des textes de Jacques Derrida, Mahmoud Darvich, Octavio Paz et Carl Amery.  Fustigations de l’égoïsme et du culte que l’homme voue à l’argent… Tout en finesse, voix et instruments sont traités comme s’il s’agissait d’un seul et même ensemble chambriste.

 

Les éditions Audite (www.audite.de) rééditent leurs plus célèbres enregistrements d’Herbert von Karajan.  Volume I : Requiem de Verdi [2 CDs : 23.415.  Wiener Philharmoniker, Singverein der Musikfreunde Wien.  H. Zadek, M. Klose, H. Rosvaenge, B. Christoff. 1949].  Volume II : Symphonie n°41 « Jupiter » et Concerto pour piano n°20 de Mozart [CD : 95.602.  Berliner Philharmoniker. Wilhelm Kempff, piano. 1956].  Volume III : Symphonies n°3 et Symphonie n°9 de Beethoven [CD : 23.414.  Berliner Philharmoniker, Chor der St. Hedwigs-Kathedrale Berlin.  E. Grümmer, M. Höffgen, E. Haefliger, G. Frick.  1953/1957].

 

Henry PURCELL : Lover’s Roses.  Sébastien Fournier, contre-ténor (www.sebastienfournier.com).  Ensemble Sprezzatura : Sébastien Guillot, clavecin & orgue positif.  Anne-Marie Lasla, basse de viole.  Hybrid’Music (www.hybridmusic.com) : H1814.  TT : 51’31.

Formé aux meilleures écoles (Henry Ledroit à Lyon, Guild School of Music and Drama of London), le contre-ténor Sébastien Fournier fondait, en 1998, l’ensemble Sprezzatura, avec lequel il se produit aujourd’hui dans de nombreux festivals internationaux.  Il a ici enregistré quinze des mythiques Ayres and Songs d’Henry Purcell, naguère illustrés par le grand Alfred Deller - auprès duquel notre jeune Lyonnais ne démérite assurément pas.

 

Gabriel FAURÉ : Requiem.  Fauré/Messager : Messe des Pêcheurs de Villerville.  La Chapelle Royale, Les Petits Chanteurs de Saint-Louis & l’Ensemble Musique Oblique, dir. Philippe Herreweghe.  Agnès Mellon, soprano.  Peter Kooy, baryton.  Harmonia Mundi : HMG 501292.  TT : 56’15.

S’il est un chef à qui l’on peut faire confiance pour la fidélité d’une restitution, c’est bien Ph. Herreweghe.  Ainsi ce Requiem (1893) retrouve-t-il ici l’hédoniste sérénité de sa création en l’église de La Madeleine - sans les excès romantisants dont il fit si souvent l’objet en de plus vastes lieux.  Solistes, chœurs et orchestre méritent tous les éloges.  Moins connue est la Messe des Pêcheurs de Villerville (1881) pour voix de femmes, orchestre de chambre & harmonium, œuvre que deux compères en vacances s’étaient « amusés » à composer pour venir en aide à une association locale.  Heureuse conjonction, au demeurant, de deux grands mélodistes.

 

Manuel de FALLA : Siete canciones populares españolas (1914), Concerto per clavicembalo (1926), El gran teatro del mundo (1927), Psyché (1925).  Victoria de los Angeles, soprano.  Chœur Lieder Camera & Orchestre de chambre Teatre Lliure, dir. Josep Pons.  Harmonia Mundi : HMG 501432.  TT : 42’58.

À l’exemple de son maître Felipe Pedrell, Manuel de Falla s’inspire du folklore espagnol dans ses célèbres Sept chansons populaires aussi bien que dans Le grand théâtre du monde, musique de scène pour la pièce de Calderón, œuvres ici admirablement ciselées par Victoria de los Angeles.  La grande soprano interprète, en outre, Le Printemps de Psyché, exquise miniature sur un poème de Georges Jean-Aubry.  Œuvre la plus « avant-gardiste » du compositeur, le Concerto pour clavecin est interprété, en soliste, par Lluis Vidal.

 

Karol BEFFA (piano) : Improvisations.  Intrada (www.intrada.fr) : Intr 036.  TT : 79’38.

Rêveuses improvisations - d’inspiration le plus souvent debussyste - autour d’une vingtaine de thèmes suggérés, le 29 juillet 2007, par le public de l’Ircam…  Karol Beffa est aujourd’hui l’un des très rares musiciens - en dehors du monde de l’orgue, du jazz ou de l’accompagnement de films muets - à se hasarder à soutenir pareille gageure.  Et avec quel talent !...

 

Stéphane BLET (°1969) : Insomnies.  Première mondiale.  Natalia Sitolenko, piano.  Marcal Classics : 040901.  Distrib. Codaex France.  TT : 64’57.

Furieusement lisztienne est l’œuvre de Stéphane Blet.  Avec la pianiste russe Natalia Sitolenko (°1970), le compositeur a enfin trouvé une interprète à la démesure de ses élans romantiques.  Outre nombre de pièces déjà répertoriées, cet enregistrement présente des œuvres en Première mondiale, telles que : Microcosmes I op.17, Insomnies op.38b, Suite érotique op.110 et In memoriam Frida Kahlo op.141.

 

Saxhorn & piano.  David Maillot, saxhorn.  Géraldine Dutroncy, piano.  Hybrid’Music (www.hybridmusic.com) : H1813.  TT : 63’17.

Incontestables souplesse, vélocité et qualités mélodiques d’un instrument (créé en 1845 par Adolphe Sax) trop rarement utilisé en soliste.  Pour avoir été souvent destinées à un concours de conservatoire, ces différentes pièces n’ont pas moins été retenues, par l’excellent David Maillot (virtuose enseignant au Conservatoire de Cergy-Pontoise et membre de nombreuses formations de chambre), pour leur seule musicalité : Concertino d’Eugène Bozza, Sonate de Claude Pascal, Intermezzo de Marcel Bitsch, Humoresque d’Alain Bernaud, Fantaisie concertante de Jacques Castérède, Deux mouvements contrastés de Gérard Devos, Tubacchanale de Roger Boutry, Être ou ne pas être d’Henri Tomasi.  Bien plus qu’une curiosité !

 

Loreena McKENNITT : A Midwinter Night’s Dream.  Quinlan Road Music : QR 113.  Distr. Universal.  TT : 54’36.

Qui ne connaît la merveilleuse ductilité de la voix de Loreena McKennitt ?  Elle nous offre, cette fois, un florilège de treize carols et autres chants ou instrumentaux du temps de Noël - parmi lesquels The Holly & the Ivy, Noël nouvelet, Coventry Carol, Snow, Breton Carol, In the Bleak Midwinter, Un Flambeau, Seeds of Love

 

POUR LES PLUS JEUNES

Rudyard KIPLING raconté et chanté par Enzo Enzo & Brigitte Lecordier : Trois histoires comme ça.  1 livre (72 p.), 1 CD.  Traduction et adaptation : Yves Lecordier.  Musique : Romain Didier.  Illustrations Irène Schoch.  Naïve Jeunesse : U318168.

Dus au merveilleusement imaginatif auteur du Livre de la jungle (et remarquablement traduits par Yves Lecordier, par ailleurs auteur inspiré des paroles des chansons), ces 3 contes : Le chat qui faisait son chemin tout seul / Comment la baleine acquit ses fanons / L’enfant d’éléphant feront assurément le bonheur de tous, petits et grands.  Nous savions la délicatesse d’inspiration du compositeur Romain Didier ; nous sommes, une fois de plus, sous le charme ! D’autant qu’il est ici servi par Enzo Enzo et Brigitte Lecordier, interprètes d’une rare qualité.

Francis Gérimont

 

DVD

J.-S. BACH : Les 48 Préludes et Fugues.  Konstantin Lifschitz, piano.  VAI (www.vaimusic.com)  : DVD 4488.  TT : 4h25’

Incroyable défi sereinement relevé par le grand pianiste russe Konstantin Lifschitz d’interpréter – par cœur ! – cet opus magnum de la littérature musicale baroque et ce, en une seule journée (après-midi et soirée du 30 mars 2008), lors du Miami International Piano Festival.  Où, sans les ordinaires afféteries de tant d’illustres virtuoses, il met en lumière les polyphonies les plus complexes…  Notons que Konstantin Lifschitz a choisi de regrouper par paires les Préludes et Fugues de même tonalité des Livres 1 et 2.  Un « absolu » pour votre DVDthèque.

 

Dimitri CHOSTAKOVITCH : 2e Concerto pour violon, op.129 (1re audition mondiale, 1972).  David Oistrakh, violon.  Orchestre philharmonique de Moscou, dir. Kirill Kondrashin.  David Oistrakh en récital (1972) : pièces de Debussy, Dvořák, Schubert et Sibelius (au piano : Frida Bauer).  VAI : DVD 4473.  TT : 60’.

Quel que fût le répertoire, impérial était David Oistrakh (1908-1974).  Si besoin était encore de s’en convaincre, il ne serait que d’écouter et de voir cet admirable document dans lequel – outre la création mondiale du terrifiant 2e Concerto pour violon de Chostakovitch - il interprète la Sonate pour violon et La fille aux cheveux de lin de Debussy, une Mazurka de Dvořák, la 6e Valse-Caprice de Schubert et un Nocturne de Sibelius.

 

PUCCINI : La Bohème.  Production : Franco Zeffirelli.  Orchestre et chœurs du Metropolitan Opera, dir. Nicola Luisotti.  Angela Gheorghiu, Ramón Vargas, Ainhoa Arteta, Ludovic Tézier, Quinn Kelsey, Oren Gradus, Paul Plishka.  Enregistré en public, le 5 avril 2008.  EMI Classics : 2.17417.9. TT : 2h16’.

Sous la direction de Franco Zeffirelli, production, décors et costumes sont, comme de bien entendu, somptueux – et jusqu’aux façades joyeusement lépreuses d’un Paris populaire…  La distribution vocale n’est pas moins exceptionnelle, avec notamment Angela Gheorghiu (Mimi minaudant parfois à l’excès), Ramón Vargas (Rodolphe), Ludovic Tézier (Marcello) et, dans le rôle de Musette, la pétulante Ainhoa Arteta (pour nous, une révélation).  Durant les entractes, outre la visite des coulisses du théâtre, Renée Fleming (présentatrice du spectacle) interviewe Joe Clark (directeur technique du Met), A. Gheorghiu et R. Vargas.  En bonus : « Zeffirelli au Met ».

 

PUCCINI : Manon Lescaut.  Production : Peter Gelb.  Orchestre, chœurs et ballet du Metropolitan Opera, dir. James Levine.  Karita Mattila, Marcello Giordani, Dwayne Croft, Dale Travis.  Enregistré en public, le 16 février 2008.  EMI Classics : 2.17420.9.  TT : 2h17’.

Il fut longtemps de bon ton, en France notamment, de considérer Puccini avec une ironie condescendante – à la différence de ce qu’il en était aux États-Unis et en Allemagne (Berg ne se reconnaissait-il pas deux maîtres : Schoenberg et Puccini ; et Schoenberg, lui-même, ne déclarait-il pas : « J’ai toujours été fier de la présence de Puccini à la création du Pierrot lunaire » ?)… Mais ce snobisme fait heureusement long feu, et le grand Giacomo est désormais universellement célébré. Quant au présent enregistrement, il fera, n’en doutons pas, référence - de par, surtout, sa distribution : Karita Mattila (splendide Manon), Marcello Giordano (des Grieux), Dwayne Croft (Lescaut), Dale Travis (Géronte)… et la présence, au pupitre, du grand chef opératique James Levine.  Présentation de l’ouvrage par Renée Fleming qui interviewe aussi, lors des entractes, les principaux protagonistes de l’affaire.

Francis Gérimont

 

Gaetano DONIZETTI : L’Elisir d'amore.  Paul Groves, Heidi Grant Murphy, Laurent Naouri, Ambrogio Maestri, Aleksandra Zamojska.  Orchestre et chœurs de l'Opéra national de Paris, dir. Ewald Gardner.  DVD BelAir Classics : BAC034. TT : 133'.

Fière idée que de diffuser L’Elisir d’Amore dans la fameuse production de l’Opéra Bastille. Voilà bien un bijou de mise en scène qui tire son épingle du jeu d'une intrigue finalement pas si mal ficelée.  Car dans son melodramma giocoso Donizetti a mis bien plus que matière à briller. Laurent Pelly brosse des caractères vrais, d'une réelle consistance, avec ce brin d'exagération qui ne déforme pas le portrait. L'animation des ensembles ne le cède en rien côté imagination et une scène comme celle de Gianetta avec les filles du bourg trouve son sens réel, le moment où tout bascule pour le brave Nemorino devenu par quelque Deus ex machina, riche héritier.  Dès lors, peu importe que le philtre de Tristano e Isotta ne soit que du Bordeaux.  Le tout est d'y croire. La saisie filmée capte le piquant d'une régie incisive aux clins d’œil facétieux; à commencer par la transposition de l'action dans un village italien façon Fellini avec ses paysans vêtus de robes à fleurs, tabliers à carreaux, salopettes ; plus tard endimanchés pour les noces de la patronne et du sergent Belcore.  Dirigés de si perspicace manière, les interprètes donnent le meilleur. Un Nemorino qui, s'il n'a pas la quinte d'un Pavarotti, est d'une ardeur vocale à toute épreuve, et fin acteur : bon bougre, sympathique idiot du village.  Son Adina, plus mature que d'ordinaire, est tout sauf timide ; mordante plutôt. Les deux basses bouffes rivalisent de verve : un Belcore plus infatué on ne peut, génialement bellâtre, un Dulcamara plus grand que nature. La direction musicale distille l'énergie inépuisable d'une pièce tout sauf monotone.

 

Robert SCHUMANN : Genoveva. Juliane Banse, Shawn Mathey, Martin Gantner, Cornelia Kallisch, Alfred Muff.  Orchestre et chœurs de l'Opernhaus de Zürich, dir. Nicolaus Harnoncourt.  Arthaus Musik : 101 327. TT : 146’.

Dans son unique opéra, Genoveva, Schumann invite à pénétrer un drame profond. La mise en scène, signée de Martin Kusej, ne laisse pas de marbre. Alors que l’intrigue se concentre sur quelques personnages hyper-typés, il en fait une sorte de huis clos froid, espace intérieur cantonné, claquemuré, d'une blancheur aveuglante, qu'il oppose à un univers extérieur obscur et infini.  L'absence d'action dramatique, il la compensera en laissant sur scène, tels ds pions, les trois personnages principaux, même lorsqu'ils n'ont pas à intervenir directement. Les images sont fortes, souvent exacerbées, à la limite de l'expressionisme ; à l’aune du chemin de déchéance que vit Genoveva, humiliée publiquement ou maintenue plus morte que vive par deux geôliers patibulaires sous l’œil impassible de Siegfried, l’époux engoncé dans ses convictions de référence à la norme figée.  La figure centrale est finalement le traître Golo, chargé de veiller sur la femme de son ami, mais taraudé par les forces du mal. La force expressive des visages scrutés sans ménagement est décuplée par l’objectif. La prégnance dramatique est tout autant dans l'orchestre, vaste symphonie qui selon Harnoncourt, sonde « les abîmes de l'âme ». Les sombres harmonies qu'il tire de l'orchestre de l'Opernhaus, les rythmes haletants, le climat austère emprunté au choral allemand forment le génial écrin d'une déclamation vocale de style arioso. Les interprètes se plient avec une rare conviction aux immenses sollicitations du chef et du régisseur.

 

Richard WAGNER : Die Walküre.  Anna Maria Westbroek, Robert Gambill, Villard White, Eva Johansson, Lilla Paasikivi, Kirill Petrenko.  Berliner Philharmoniker, dir. Sir Simon Rattle. 2DVDs Belair Classics : BAC040. TT : 240’.

La captation vidéo de La Walkyrie du festival d’Aix-en-Provence magnifie la force intérieure qui anime la régie de Stéphane Braunschweig.  Rarement l'intime de ce drame familial a-t-il été rendu si lisible et la dramaturgie wagnérienne aussi simplement explicitée dans une fusion quasi idéale texte-musique. De saisissants plans intermédiaires décryptent les dialogues : échanges entre Siegmund et Sieglinde, deux êtres auxquels la destinée ne va laisser que peu de bonheur, confrontation de Wotan et Fricka, une scène qui retrouve sa juste signification, non pas querelle de ménage, mais efforts de l'épouse pour ramener le dieu à la réalité, ou encore récit introspectif de Wotan à sa fille Brünnhilde, instants de déchirantes confidences.  Laissant de côté le pathos – lequel est éludé aussi dans le chant – et dans un univers décoratif plus que dépouillé, la régie se concentre sur le destin inévitable de quelques figures archétypales. Tout cela est saisi en des images d'une grande beauté qui exhalent un parfum de jeunesse perdue ou livrent la marque de vaines luttes pour tenter d'enrayer l'inéluctable ; et libèrent partout l'immense émotion qui se lit sur des visages tourmentés ou inondés de joie. Dès lors, ces trois actes déroulés comme un vaste crescendo, deviennent une somme de moments de vrai théâtre. D'autant que servis par des interprètes hors pair, dont une incandescente Sieglinde et une direction musicale prestigieuse qui a peu d'équivalent aujourd'hui.

Jean-Pierre Robert

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41e Festival Heinrich Schütz & Colloque (2008)

Pour son Festival, son Colloque, son Assemblée Générale, sa célébration du Centenaire de la naissance de Hugo Distler (1908-1942) - dont le destin tragique est bien connu -, la Société Internationale Heinrich Schütz a sélectionné la Ville de La Haye, centre actif de pratique chorale. Lors de l’ouverture, Cornelis van Zwol, Vice-Président de la Société, a souhaité la bienvenue aux participants, et le Prof. Dr. Walter Werbeck, Président, a introduit ces manifestations.

Le Colloque a été inauguré par la communication du Prof. Dr. Stefan Hanheide sur « La composition dans les années particulièrement dangereuses », situant les deux musiciens Heinrich Schütz et Hugo Distler par rapport à l’histoire mouvementée de l’Allemagne. Pieter Dirksen, musicologue australien, spécialiste, entre autres, de J. P. Sweelinck, s’est tourné vers la musique spirituelle vocale de Nikolaus Adam Strunck. Rudolf Rasch, collaborateur de l’Institut de Musicologie d’Utrecht, a traité avec pertinence « La signification du Psautier genevois pour la musique hollandaise au XVIIe siècle ». Comme de juste, les théories compositionnelles de J. P. Sweelinck et H. Schütz au XVIIe siècle ont été abordées par Ulf Grapenthin, s’intéressant notamment aux organistes de Lubeck. La facture d’orgue selon l’esprit de Hugo Distler, annonçant de nouvelles exigences esthétiques, cultuelles et éthiques, a été présentée par Stephan A. Reinke, collaborateur scientifique d’un Centre de recherche liturgique de l’Église Évangélique d’Allemagne ; puis le Prof. Dr. Wolfgang Herbst a rappelé la naissance d’une légende autour de Hugo Distler.  Le sujet : « Diabolus in musica, textes non publiés d’Opéras et d’Oratorios de Hugo Distler » a été révélé par Winfried Lüdemann (Afrique du Sud). Par leur diversité et leur ouverture, ces communications ont été très enrichissantes.

Les Concerts ont eu lieu dans des Églises prestigieuses : le premier, spécialement dédié à Heinrich Schütz et Hugo Distler, à la Luthersee Kerk ; d’autres, à la Klosterkerk, à la Grotekerk, à la Paleiskerk ou encore à la Waalsekerk. Ils ont permis d’entendre une pléthore d’œuvres chorales et des récitals d’orgue, y compris un ensemble de cuivres et un concert de carillon. Ont prêté leur concours, avec ferveur, haute technicité et musicalité, les excellents Ensembles hollandais : Haags Kerkmuziek Ensemble ; le Vocaal Ensemble Quattro Stagioni ; le Haags Renaissance Kamerkoor ; le Kamerkoor Quod Libet, et le Gesualdo Consort Amsterdam... À noter en priorité le premier Concert qui a mis en parallèle de nombreuses œuvres de H. Schütz et de H. Distler, objet de cette manifestation, et notamment la comparaison entre leurs deux versions de Singet dem Herrn ein neues Lied, au début et à la fin du concert, a été très appréciée. Parmi les musiciens baroques allemands, figuraient : H. Schütz, H. Scheidemann, J. J. Froberger, J. P. Sweelinck ; pour l’Italie et la France : Cl. Monteverdi, J.-B. Lully, Cl. Janequin, Cl. Debussy… ; enfin, d’autres compositeurs du XXe siècle : Siegfried Reda, Paul Hindemith, Ernst Pepping, Hans Jansen, entre autres.

Cet événement scientifique et artistique d’un très haut niveau, placé sous le signe de la diversité, avec pour dénominateur commun la musique religieuse et la confrontation de deux grands musiciens luthériens, H. Schütz et Hugo Distler, était du plus haut intérêt (la place impartie ne nous permet pas de résumer les communications (les textes seront publiés) et de rendre compte de tous les concerts. Grâce au Président de la Société Schütz, le Prof. Dr. Walter Werbeck, au Vice-Président Cornelis van Zwol et ses collaborateurs qui nous recevaient dans leur pays, et à l’infatigable Secrétaire Générale, Sieglinde Fröhlich, ce Festival Schütz hors d’Allemagne fut une réussite.

Édith Weber

 

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La Folle Journée de Nantes 2009

« Tous les chemins mènent à Bach » tel est le motto de La Folle Journée de Nantes qui se déroulera du 28 janvier au 1er février 2009 à la Cité internationale des Congrès.  Retour à la musique baroque donc, qui fit le succès de plusieurs précédentes éditions.  Cette fois, « Aux sources de la musique de Jean-Sébastien Bach », Buxtehude et Schütz, entre autres, se verront à l’honneur pour un florilège de pièces célèbres et moins connues, empruntées à Böhm, Praetorius ou Froberger ; mélange fidèle à l'esprit de cette manifestation à nulle autre pareille qui ambitionne de susciter plus que de la curiosité : un véritable intérêt.  L'occasion d'entendre à côté des œuvres du Cantor, un corpus largement peu abordé au concert, qui recèle pourtant d'immenses richesses, dont celui de Schütz, grand maître de la musique sacrée.

La Folle Journée s'attachera aussi – comme ce fut le cas en 2008 avec Schubert - à présenter l’œuvre de Bach en perspective avec celle des compositeurs qui lui ont succédé, du XIXe siècle à nos jours.  Et ainsi à montrer comment elle a été perçue depuis, en résonance - en quelque sorte - chez d’autres compositeurs, mais aussi en écho chez des interprètes qui ont réalisé des transcriptions de certaines pièces, les Cortot et autres Kempff, ou des compositeurs modernes, Bruno Montovani ou le jazzman Uri Caine.

La moisson se promet d’être d'une extrême richesse, basée sur une formule qui a fait ses preuves, des concerts de 45, sans coupure. Mais, à la Folle Journée, on sait étonner en originalité. De même qu'on ne plaisante pas avec la qualité : des ensembles prestigieux s'y produiront, d’Accentus à l’Ensemble vocal de Lausanne, du Ricercar Consort à l’Ensemble Amarillis, de La Venexiana aux Tallis Scholars.  Comme des solistes de renom, au clavecin (Cochard, Koopman, Leohnardt, Sempé) au violon (Capuçon, Faust, Clamagirand), au piano (Aimard, Anderszewski, Engerer, Schlimé, Xiao Mei), au violoncelle (Queyras, Demarquette, Wispelwey) ; sans compter les chanteurs, Jaroussky et la grande Barbara Hendricks qui ne manque pas une édition de la manifestation nantaise. De quoi lever toute hésitation quant à une participation à cette grande fête d’hiver de la Musique.

Renseignements & location : Billetterie de la Cité internationale des Congrès, Nantes-Métropole.  Tél. : 0892 705 205. www.follejournee.fr  [Un week end « clés en main » (hôtel & places pour trois concerts) est proposé par l’Office du Tourisme de Nantes-Métropole (tél : 092 464 044.  www.resanantes.com)]

Jean-Pierre Robert

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Un événement : Œdipe, le Grand œuvre de Georges Enesco au Capitole

 

Quelque soixante-dix ans après sa création au Palais Garnier, l’unique opéra de Georges Enesco est enfin repris sur une scène française - au Capitole, grâce à l’audace de Nicolas Joel, son directeur, qui en signe la mise en scène.

 

Enfant prodige, virtuose du violon - mentor de Menuhin qui sera son ami – pianiste de talent, chef d’orchestre célébré, Enescu (1881-1955) a marqué d’une empreinte indélébile la vie musicale   parisienne. Le plus français des compositeurs roumains – au point de laisser franciser son nom - est en effet un musicien complet, proche de l'universel.  Trouvant sa veine compositionnelle dans la musique de chambre aussi bien que dans la symphonie, son langage musical multiforme, puisé à la tradition folklorique roumaine comme au néo classicisme, s’est vite émancipé vers un style novateur. Peuplé de grandes architectures sonores que tempère un profond lyrisme, il se distingue par une grande fluidité rythmique et un art étonnant de coloriste agissant en vrai alchimiste des timbres.

Son opéra célébrant le mythe de l'infortuné Œdipe se déroule comme un vaste poème symphonique en quatre parties, ramassant dans les deux dernières les drames de Sophocle, Œdipe roi et Œdipe à Colone.  La musique en est généreuse, puissamment architecturée, aux leitmotive en constante métamorphose, maniant des tonalités d'une inquiétante étrangeté, dont se détache çà et là le chant d'une flûte pastorale – celle de sa Roumanie natale – pour s'achever en des pages d'un lyrisme serein, hommage à son maître Fauré.  Il fallait de l'aplomb pour, d'une seule œuvre, embrasser l'entière destinée du héros grec : sa naissance fêtée par le peuple de Thèbes, vite assombrie par la terrible prédiction de l'Oracle, du parricide et de l'inceste ; sa traversée du désert, hanté par le poids du destin, bien qu'il n'hésite pas à affronter la Sphinge dans un duel verbal inouï et à résoudre l'énigme « Qui est plus fort que le Destin ? - L'Homme » ; sa gloire de sauveur de la cité, là encore troublée par la révélation de l'accomplissement de la fatale prédiction, qui le conduira à s'auto mutiler ; enfin sa transfiguration aux portes d'Athènes, lavé de toute culpabilité, vainqueur du Destin. S'incrivant dans le beau livret de Edmond Fleg, un des grands penseurs du judaïsme en France, tout cela Enesco l'habite singulièrement jusqu'à l'indicible, en des scènes d'une austère grandeur, au continuum musical grandiose qui, paradoxe, avive la beauté dépouillée du théâtre grec.

C'est ce que la régie de Nicolas Joel traduit fort bien, efficace dans les moments clés, le meurtre de Laios, ou l'apparition de la Sphinge à l'allure quasi expressionniste - « dans une pénombre fuligineuse, au son d'une musique lointaine de cauchemar » dira l'auteur – sobre dans la gestuelle des protagonistes ou la conduite de la foule composant de superbes tableaux vivants. L'action a pour écrin un immense amphithéâtre surmonté de hautes colonnes, décoration qui, à en croire les photos présentées dans le foyer du théâtre, n'est pas sans rappeler celle de la création. Un camaïeu de gris, de suggestives atmosphères nocturnes composent un spectacle d'un bel esthétisme qui sait s'effacer devant le flot musical pour lui laisser le dernier mot. Ainsi à l'heure de la péroraison symphonique où Œdipe disparaît dans le bois sacré de l'Attique. Une sûre perspicacité a permis de réunir une distribution à la hauteur des exigences de cette étonnante tragédie lyrique. On en détachera Frank Ferrari, Œdipe qui, pour sa prise de rôle, réussit un tour de force : éloquente voix de baryton basse dans les grands monologues qui parent cette partie, superbe diction s'emparant d'une déclamation chantée qui évolue sur le mode du récitatif. Les plus vifs éloges on les réservera aussi aux chœurs dont la précision des attaques doit être soulignée, et surtout à l'Orchestre du Capitole qui sous la conduite éminemment lisible de Pinchas Steinberg, fait montre de qualités instrumentales admirables quels que soient les pupitres, et distille les plus somptueux accents poétiques. Un remarquable achèvement ! À quand une reprise à l’Opéra de Paris ?

Franck Ferrari : Œdipe. © Patrice Nin

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Pour de plus amples informations sur le musicien, sa vie, son œuvre, on lira avec intérêt la monographie fort documentée que lui a consacré Alain Cophignon (Fayard, 2006).  Et pour réécouter l’œuvre, on se reportera au magnifique enregistrement de Laurence Foster, spécialiste d’Enesco (2 CDs EMI Classics, récemment réédités).

 

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Une Flûte Enchantée déjantée, à l'Opéra Bastille

 

Il est diverses manières d’aborder La Flûte Enchantée.  Pour le collectif de régisseurs catalans, « La Fura dels Baus », le caractère hybride de l’opéra de Mozart, voire l’ambiguïté de son message permettent de le relire autrement : une fable surréaliste, jouée dans «  un espace onirique totalement subjectif », liant la pièce de Mozart et de Schikaneder avec la suite imaginée par Goethe.  En tout cas, un concept de liberté autorisant la plus large fantaisie. L'imaginaire est ici roi. L'espace scénique créé par Jaume Plensa, « un espace cérébral, entre rêve et réalité, un lieu de rencontres et de confusions », devient à soi seul un protagoniste.  De fait, tout est ici en perpétuel mouvement et une animation constante envahit le plateau. Une nuée de machinistes s'affairent à construire ou déconstruire des éléments de décors, immenses panneaux gonflables chariés en tous sens et dans les trois dimensions, praticables véhiculés à tout va, pour laisser apparaître, qui la Reine de la Nuit, qui les trois enfants.  Les projections vidéo sont omniprésentes, souvent fort originales – ces rubans de textes virevoltant et s'enroulant sur eux-même, ces illustrations à la Jérôme Bosch.  Cela nous vaut quelques beaux coups : l’amoncellement de balles de mousse blanches et noires projetées des cintres dans un réceptacle, sorte de piscine d'eau sèche dans laquelle se vautreront Monostatos et Papageno.  À propos, celui-ci est un drag queen, vêtu moulant de rouge des pieds à la tête, démarche bien curieuse pour un individu censé courtiser une dame, sa Papagena.  Lors de son second air, Sarastro, engoncé dans une sorte de borne blanche, est l'objet d'une séance de prestidigitation : Pamina le transperce de plusieurs coups d’épée, alors que le sang macule peu à peu les murs, de bas en haut ! Les personnages sont très librement croqués : les trois Dames de la nuit en sirènes-vampires aux attributs phosphorescents, l’Orateur (le grand José van Dam) transformé en fakir, Monostatos en corsaire tatoué, tandis que Sarastro, en smoking et œillet rouge à la boutonnière, est affublé d'une longue chevelure grise. Il songe, dit-on, à passer la main et réfléchit à un possible successeur. Celui-ci est bien sûr Tamino qui se voit offrir une fort intelligente caractérisation.  Au final, il s’en ira main dans la main avec Pamina vers son Destin.

Le problème est que tout cela ne va pas sans prise de liberté avec la pièce au niveau des dialogues parlés, réécrits pour faire cadrer l'œuvre avec la signification qu'on veut en donner ; tel le long soliloque de Sarastro ouvrant le IIe acte et remplaçant la scène avec les Frères.  Non plus que moyennant quelque caviardage, comme l’omission d'une partie de la scène où Papageno voit exaucer son meilleur souhait ici bas, boire une bonne bouteille.  Pis encore, la rélégation du chœur dans la coulisse durant toute la deuxième partie est peu explicable ; ce qui atteint le contresens à la dernière scène où le peuple – qui doit bien évidemment être présent sur scène – voit triompher la Force qui « récompense la beauté et la sagesse ».

La direction musicale de Thomas Hengelbrock déçoit : manque de relief, défaut d'articulation, tempos arbitraires ; ce qui est curieux de la part de ce chef de qualité.  Sa distribution est fort inégale : une Reine de la nuit aux vocalises mécaniques et sans consistance dramatique, un Sarastro dont la voix de basse manque de creux, un Papapeno dont l'émission n'a pas assez de projection, un Monostatos falot vocalement. Et n’est-il pas possible de réunir trois voix audibles de sopranistes dans les jeunes Knaben ? Reste que la Pamina de Maria Bengtsson est, par son chant, émouvante et des plus crédibles dans ce rôle de femme sincère. Et que Shawn Mathey est un Tamino idéal, voix parfaitement placée, passant la rampe haut la main, jeu vrai, heureux mélange de naïveté et de résolution.  Comme quoi la symbolique sait prendre sa revanche puisque le personnage est ici au centre de l'action. Un spectacle onirique donc, qui fait résolument fi de bien des arrière-plans qui sous-tendent la pièce, et qui n’échappe pas au décalage entre l’imaginatif de laction vécue sur scène et la relative faiblesse de l’exécution musicale.

Shawn Mathey, Maria Bengtsson. ©Frédérique Toulet/Opéra national de Paris

 

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Didon et Énée à l’Opéra-Comique

 

On sait peu de choses sur les circonstances de la création de Didon et Énée. La tradition rapporte que l’opéra de Purcell l’aurait été dans un pensionnat de jeunes filles de Chelsea, alors banlieue de Londres.  Peut-être. En tout cas, de ce trait d’histoire supposée, Deborah Warner se souvient, qui fait intervenir une nuée d'enfants, blouses blanches et jupes bleues.  L’ossature de sa mise en scène réside dans la convergence de trois univers, celui des protagonistes, vêtus de costumes d'époque, celui du chœur, en habits d'aujourd'hui - mais sans jeans ni tee-shirt ! - et le monde des enfants qui, de leurs pirouettes endiablées, croisent les deux autres strates en un savoureux mélange. Cela apporte à une pièce pourtant sombre ce climat de légèreté qui renforce sa beauté tragique. Le fait d'avoir ajouté un prologue parlé, poèmes en relation avec la pièce, dits par l’excellente Fiona Shaw, loin d'alourdir le propos, fait office de mise en bouche à suspense.  La scène de la sorcière, introduite par de gigantesques jets de flammes, est jouée avec l’hyperbole qui prend les choses au deuxième degré, une façon d'exagération parodique toute britannique, si agréable finalement.  Surtout, il passe au travers de cette soirée – dont on est frustré de la voir si courte – un frisson de théâtre élisabéthain, où l'on passe sans transition du comique léger au registre tragique, alors que tous, solistes, choristes, figurants-enfants jouent, dansent et chantent en un continuum des plus naturels.  L'atmosphère est créée par trois fois rien, quelques arbres graciles pour planter le décor d'un pique-nique au bord d'un bassin, agréable moment de détente qui tourne court ; une voile blanche symbolisant le port d'où partira le bel Énée.  La régie retrouve aussi ce goût du détail subtil qui fait que « l'exquise douleur » de l'héroïne n'en est que plus profondement vraie.

William Christie, qui tient la partie de clavecin, aborde ce joyau de musique avec un orchestre relativement fourni, pour « une palette de timbres diversifiée ». Ses Arts Florissants sonnent pourtant on ne peut plus chambristes.  En idéale concordance avec l'action dramatique, il y a là un souci de la miniature, tels ces ppp mystérieux, un panel de sonorités envoûtantes, des cordes singulièrement - un brin volontairement - crues.  Le discours retrouve l'élégance de la musique française que Purcell connaissait bien, et une certaine virtuosité italienne en vogue, à l’époque, outre-Manche. La perfection musicale, on la trouve tout autant dans les chœurs aussi discrets qu'efficaces, et les solistes, Malena Ernman, justement royale et sobrement émouvante dans la belle déploration de deuil de Didon, Christopher Maltman, impérieux Énée, et Hilary Summers, sorcière plus vraie que nature.  Une immense réussite.

© Élisabeth Carecchio

Jean-Pierre Robert

 

 

 

 


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Dossiers déjà parus dans L'Éducation Musicale

  • Percussions, n°549/550
  • Le bruit, n°551/552
  • Activités vocales et instrumentales à l’école, n°553/554
  • Femmes compositrices (1), n° 555/556
Dossiers à paraître

  • Paris et la musique à l’époque des Ballets russes
  • Musique et cinéma (1)
  • Musique et cinéma (2)
  • Femmes compositrices (2)

 

Didier Jeunesse organise un grand jeu-concours autour de la musique classique !  Il s’agit d’initier les élèves en les incitant à créer eux-mêmes leurs propres productions comme :

  • Réécrire deux scènes de Roméo et Juliette* en transposant l’action dans le lieu et l’époque de leur choix.
  • Inventer une autre fin à La chèvre de Monsieur Seguin** et l’illustrer à la manière d’Éric Battut.
  • Imaginer un épisode de La petite sirène*** qui n’est pas présent dans la version d’origine.
  • Décrire une fête du Moyen Âge au château de Guingamor****.

 

Surtout que les prix sont très attractifs puisque le 1er Prix est une invitation, de toute la classe, au concert-conte de l’Orchestre philharmonique de Radio France donné dans le cadre de sa saison Jeune public : « La parole surgit des glaces » (le vendredi 15 mai 2009, à 14h30, salle Olivier Messiaen, avec Isabelle Autissier et Pascal Ducourtioux. Pour 7 musiciens et récitants).  Et recevez toute la collection des livres-disques classiques de la collection « Contes et Opéras » !

Du 2e au 5e prix : recevez cinq livres-disques classiques de la collection « Contes et Opéras » et gagnez un abonnement à la revue L’éducation musicale.  Du 6e au 50e prix : choisissez un livre-disque parmi les titres de la collection « Contes et Opéras ».

 

Pour participer, il suffit d’envoyer, sur papier libre, avant le 20 avril 2009 à Didier Jeunesse (Concours Musique - 8, rue d’Assas, 75006 Paris) les productions des élèves, un résumé de la démarche pédagogique adoptée par l’enseignant et les différentes étapes qui ont marqué l’élaboration du projet.

Vous pouvez librement agrémenter votre projet d’enregistrements sonores ou d’illustrations ! Toutes les initiatives créatives sont encouragées chez Didier Jeunesse !

 

Règlement complet de ce superbe jeu-concours disponible sur : www.didierjeunesse.com

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* Roméo et Juliette. Didier Jeunesse. Musique : Serge Prokofieff. D’après la pièce de Shakespeare avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France. Dirigé par Myung Whun-Chung. Texte écrit et conté par Valérie de la Rochefoucauld. Illustrations de Laurent Corvaisier. 48 pages/CD : 50 minutes.

 

** La chèvre de Monsieur Seguin. Didier Jeunesse. Musique originale : Olivier Penard. Sous la direction de Jean-Michel Despin. Récitant : Jacques Bonnaffé. Illustrations : Éric Battut.  36 pages/CD : 37 minutes.

 

*** La petite sirène.  Didier Jeunesse. Musique : Edvard Grieg. « Peer Gynt » par l’ensemble Agora. Texte : Andersen. Récitante : Natalie Dessay. Illustrations : Nathalie Novi. 48 pages/CD : 62 minutes.

 

**** Guingamor, le chevalier des sortilèges. Texte : Pierre Coran. Récitant : Denis Lavant. Direction musicale : Emmanuel Bonnardot. Illustrations : Judith Gueyfier. 46 pages/ CD : 53 minutes.

 

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Entrez dans la musique avec vos élèves !

 

Les concerts du mercredi. Marianne Vourch Production (marianne.vourch@wanadoo.fr). Réservation : 01 42 27 79 90 . www.lesconcertsdumercredi.com Durée : 1 heure. Tarif : 5  € par élève (gratuit pour les accompagnateurs).  Espace Léopold Bellan (64, rue du Rocher, 75008 Paris).

© DR

 

Ces concerts sont nées de l’initiative et de la ténacité de Marianne Vourch en 2001 afin de familiariser le jeune public à la musique classique. Elle prépare chaque concert minutieusement avec, en plus des anecdotes et éléments historiques, des dossiers pédagogiques mis à disposition.

 

Les concerts pour les primaires et les collèges ont lieu à 10h ou 15h :

  • 9 décembre 2008 Escales.  Bruno Desmouillières, percussions. Florent Héau, clarinette et scie musicale. Patrick Zigmanowski, piano.
  • 20 et 22 janvier 2009 Suivons la contrebasse ! Yann Dubost, contrebasse. Yannaël Quenel, piano
  • 10 et 12 février 2009 Jacques Prévert en musique. Véronique Fèvre, clarinette. Véronique Briel, piano
  • 10 mars 2009 Undine, sonate de Carl Reinecke. Yves Charpentier, flûte. Bruno Belthoise, piano
  • 7 avril 2009 Roméo et Juliette de Tchaïkovski. Tamayo Ikeda, piano. Patrick Zigmanowski, piano
  • 12 mai 2009 De Mozart à … Bruno Fontaine, piano

 

 

 

Le supplément Baccalauréat 2009. Comme chaque année, L’éducation musicale propose le supplément indispensable aux professeurs d’Éducation musicale et aux élèves de Terminale qui préparent l’épreuve de spécialité « série L » ou l’épreuve facultative « Toutes séries générales et technologiques du baccalauréat ».

Le supplément Baccalauréat 2009 réunit les connaissances culturelles et techniques nécessaires à une préparation réussie de l’épreuve ; il ouvre également sur tous les univers sonores qui nous entourent.

Il peut être commandé aux éditions Beauchesne : 7, cité du Cardinal-Lemoine, 75005 Paris.
Tél : 01 53 10 08 18. Fax : 01 53 10 85 19. heuresdefrance@wanadoo.fr


 

 

 

Notre numéro de janvier/février est à découvrir sans attendre! au sommaire de ce numéro vous trouverez un dossier spécial sur Paris et la musique à l'époque des Ballets russes" (programme de l’agrégation) et aussi un article sur John Zorn ou l'abolition des frontières musicales ainsi que toute l’actualité de l’édition, des CDs et DVDs.

 

 

 

Passer une publicité. Si vous souhaitez promouvoir votre activité, votre programme éditorial ou votre saison musicale dans L’éducation musicale, dans notre Lettre d’information ou sur notre site Internet, n’hésitez pas à me contacter au 01 53 10 08 18 pour connaître les tarifs publicitaires.





 

Laëtitia Girard