Cette édition Urtext est basée sur la première édition de Leipzig, en deux volumes, datée de1883, le manuscrit n’ayant pas été retrouvé. L’auteur (1819-1905) fut élève (tout comme Felix et Fanny Mendelssohn) de Ludwig Berger, l’un des plus remarquables professeurs de piano de Berlin dans les années 1815, puis de R. Killitschgy à qui il succèdera à l’Académie Royale de musique sacrée. Les quarante études pour débutants, écrites en grosses notes sur deux pages, proposent chacune un exercice technique précis, présenté par paire (une étude pour la main droite, l’autre pour la main gauche) : exercices avec les doigtés utiles pour deux doigts, pour trois, pour quatre puis cinq doigts, exercices en triolets, en notes répétées, en deux en deux, pour le travail du passage du pouce, de la vélocité, pour le travail d’accords et d’arpèges, pour la découverte du chromatisme et de la gamme. Ces études à l’ambitus restreint n’utilisent que les tonalités de Do, de Sol et de Fa majeur et de la, mi et do mineur. L’auteur n’indique aucun tempo ni nuance. On note seulement quelques accents. Il est dommage que cette édition ne reproduise pas les conseils donnés par l’auteur dans les préfaces de ses deux volumes, auxquels Ruth Taneda renvoie, mais que l’on ne peut pas consulter.
Sophie Jouve-Ganvert

Le titre complet de ce recueil est : 32 pièces faciles pour piano avec conseils pour l’exécution. Pièces choisies et commentées par Nils Franck. Le but de ce recueil est de fournir une transition entre les méthodes de piano traditionnelles et l’étude du répertoire. Ces trente-deux pièces assez courtes peuvent jouer parfaitement ce rôle. Si on y retrouve en n° 2 l’inusable – mais bien agréable – sonatine de Clémenti, les autres pièces sont en général peu connues et peu jouées. De Czerny et Cramer, ce ne sont pas, sauf exception, les études que l’on trouve ici mais des pièces moins connues et tout à fait intéressante. Le commentaire – en français – qui se trouve à la fin du volume comporte à la fois l’explication des buts de la collection Urtext Primo et de ses choix, une brève biographie (pas si brève que ça…) des compositeurs du volume, leur contribution à l’enseignement du piano, et de précieux conseils d’interprétation et d’exercices : toucher et articulation, qualité sonore, ornements, utilisation de la pédale ainsi que des conseils particuliers pour l’étude. Tout cela sera fort utile tant pour les élèves que pour les professeurs. Il s’agit donc d’une collection tout à fait intéressante et à conseiller vivement à tous.
Daniel Blackstone

Ces seize belles mélodies sont toutes connues et bien belles : de Heal The World à We shall overcome à What a wonderfull World en passant par Over the Rainbow, Amazing grace, Blow’in The Wind et toutes les autres, la nostalgie est au rendez-vous ! Les arrangements sont faits avec beaucoup de goût et de respect des originaux. Le CD, très joliment enregistré, comporte, en plus de la partie de piano, qui se suffit, de jolis agréments orchestraux qu’on pourra facilement introduire puisque la partition est entièrement chiffrée. Que l’on se contente de la partie de piano ou qu’on l’agrémente dans l’esprit du CD, on trouvera beaucoup de plaisir à interpréter ces mélodies porteuses de tant de souvenirs et de tant d’espoirs…
Daniel Blackstone

L’auteur n’est pas un inconnu : ce remarquable pédagogue né en 1955 est l’auteur de nombreuses méthodes de piano pour tous publics ainsi que d’œuvres pédagogiques et notamment de remarquables adaptations et transcriptions. Ces vingt pièces mystérieuses ont la qualité habituelle des compositions de l’auteur. Leur facilité technique n’ôte rien à leur charme musical. Elles nous promènent dans tous les recoins de la forêt de Brocéliande mais aussi de Stonehenge ou du Machu Picchu. Il s’agit, nous dit l’auteur, d’un « outil parfaitement adapté pour amener les débutants de tous âges à jouer des compositions modernes qui se prêtent également très bien aux premières auditions. » L’auteur appelle son recueil « un grand cinéma musical imaginaire ». On ne saurait mieux dire. Ajoutons que le CD joint, qui reprend toutes les pièces, a été enregistré avec beaucoup de goût et de sens musical par Samantha Ward, jeune pianiste anglaise de grand avenir.
Daniel Blackstone

Publié en 1841 à Vienne, joué en décembre 1859 par Carl Debrois van Bruyk, puis par Clara Schumann en mars 1860, le « Faschingsschwank est une pièce spirituelle et riche en détails émotionnels » (Schumann avait écrit à Clara : « il t’amusera sûrement beaucoup »), mais qui « n’apporta pas la satisfaction intérieure » au public viennois.
Ce Carnaval, désigné à Vienne par le mot « Fasching », grande « sonate romantique » pour Schumann, est composé de cinq mouvements. Le premier, Allegro, est un rondo où alternent un refrain énergique et cinq couplets parmi lesquels on reconnaît un hommage à Schubert, un autre à Beethoven après sept mesures de la Marseillaise (censurée par Metternich). Le deuxième mouvement est une Romanze au thème plaintif, le troisième un Sherzino espiègle au rythme pointé qui s’achève par une pirouette. L’Intermezzo passionné qui suit, noie sa mélodie dans des triolets de doubles croches, dans un esprit mendelssohnien. Un Finale volubile de forme sonate, dans un tempo extrêmement vif conclut ce Carnaval de Vienne.


Tout interprète scrupuleux aura la curiosité de jouer sur un instrument contemporain de cette œuvre. Il constatera que l’interprétation est plus aisée (différents registres et légèreté

P. Boesmans « intègre […] la référence aux musiques du passé à travers trois gestes compositionnels : l’écriture en palimpseste, les libres réminiscences et les citations assumées » écrit Cécile Auzolle dans un article de 2016 « Composer avec ce qui existe […]».

Cette nouvelle parution Tunes, pour piano, est en fait une reprise remaniée de son Love and Dance Tunes créée en 1993. Cette œuvre pour baryton et piano regroupe sept pièces, trois pour piano solo, quatre pour baryton elles-mêmes inspirées de quelques Sonnets de Shakespeare : « Round », « Sonnet XVII », « About Sonnet CLIII », « Short Dance », « Sonnet LIV », « Ornamented piece », « Sonnet LXII », « Round ». Chaque pièce « pour piano solo revêt la forme d’une danse de caractère différent : joyeuse, grave… ».


La présente édition de Tunes est un recueil de six courtes pièces (difficiles) numérotées, sans titre, composées entre 1994 et 2004. Cette œuvre s’est constituée en plusieurs étapes (création d’une première version en 2001, d’une version augmentée en 2004).

Cent soixante œuvres, dont vingt sonates pour piano, figurent au catalogue de N. Kapustin.
La sonate n° 8, datée de 1995, précédemment éditée par A-Ram Moscow, vient d’être publiée chez Schott, le nouvel éditeur du compositeur russe depuis 2013.
Cette sonate (d’une durée de treize minutes) n’a de sonate que le nom (« sonner »). Elle est formée d’un seul mouvement à trois séquences : une ouverture Allegro, tantôt agito, tantôt tranquillo en forme de rhapsodie aux accents scriabiniens, un sherzo « décalé et capricieux », très jazzy. Suit un largo, écrit comme un adagio varié de Bach, toujours jazzy., puis nous voilà entraînés dans trois mesures de valse à quatre temps (!). Nous plongeons ensuite dans une atmosphère ravélienne avec une agitation qui nous rappelle Laideronnette, Impératrice des pagodes. Un décalage des accents renvoie à Bartok sur une succession de mesures répétitives. Le retour à la première séquence, avec quelques variations dans ’accompagnement conclut cette pièce de niveau difficile.
Sophie Jouve-Ganvert

« Je n’ai jamais été un musicien de jazz. Je n’ai jamais essayé d’être un vrai pianiste de jazz, mais j’y ai été contraint pour mes compositions. L’improvisation ne m’intéresse pas […]. Toutes mes improvisations sont écrites […], cela les a améliorées ».
Cette ballade d’une durée de cinq minutes, composée en 1987, se déroule en trois sections : Lento, Tempo giusto et retour au lento en coda, Come prima. La structure et l’écriture en est classique, le langage harmonique et rythmique jazz.
On notera la précision de l’écriture rythmique et l’abondance des doigtés (pratiquement à chaque note) qui, non seulement guident l’interprète, mais déterminent l’articulation minutieuse voulue par le compositeur : répétition du cinquième doigt sur deux notes conjointes, passage du troisième doigt sur le quatrième doigt, du quatrième sur le cinquième en mouvement ascendant (comme chez les virginalistes du XVIe siècle). On pourrait reprocher la notation excessive des doigtés « évidents » (on pourrait croire qu’il suffit de lire les doigtés et non la musique) qui noie la vision des doigtés « intéressants ».
Sophie Jouve-Ganvert

Esquissée dès 1800, cette Grande Sonate en La b Majeur, dédiée au Prince Charles de Lichnowsky, mécène de Beethoven depuis 1792, est publiée en 1802, chez Cappi, à Vienne. Elle est la seule dont le premier mouvement s’ouvre par un thème varié (cinq variations) : Andante con Variazioni, rappelant ainsi par la forme la fameuse sonate « Alla Turca », K 331 de Mozart et annonçant le thème de l’Impromptu n° 2 D 935 de Schubert. Le Sherzo, au tempo très rapide (Allegro molto) à l’articulation détachée, joue dans un flou tonal avec un ré tantôt bécarre, tantôt bémol. Son Trio en Ré b M tranche par son sempre ligato et renvoie au début du sherzo par un jeu d’articulation et d’harmonies inversées judicieux. Le troisième mouvement Marcia funebre sulla morte d’un Eroe (Marche funèbre sur la mort d’un héros), qui a inspiré Chopin, fut jouée aux funérailles de Beethoven, dans la version qu’il avait lui-même orchestrée (dans cette unique orchestration de l’auteur, les tremolos imagés du piano sont facilement transposés en roulements de tambour). Le quatrième mouvement Allegro est un rondo en arpèges brisés de doubles croches continuelles. [Cette sonate porte le numéro 12 dans les catalogues].
La notation est dans son ensemble conservée. Quelques indications sont modernisées (cresc., soufflets, grupettos, abréviations) et signalées entre crochets. Des liaisons (évidentes)

La seule source de la présente parution, dénommée Grande Sonate par Beethoven lui-même, est la première édition, chez Artaria, à Vienne, en octobre 1797. L’œuvre, dédiée à la comtesse Anna-Luisa de Keglevics (dite Babette), élève talentueuse de Beethoven et dédicataire également du Concerto pour piano n° 1 en Do Majeur op. 15, fut publiée séparément, et non dans un recueil, fait rare à l’époque. Cette sonate [qui porte le numéro 4 dans les catalogues] comporte quatre mouvements :
1. Allegro molto e con brio
2. Largo, con gran espressione
3. Allegro
4. Rondo. Poco allegretto e grazioso

Le premier mouvement, ternaire, à deux thèmes, enchaîne différentes rythmiques, avec sauts d’intervalles redoublés, batteries, accents, interrompues par un bref passage en la