Un film délirant de près de trois heures dans des paysages extraordinaires avec des acteurs exceptionnels – Di Caprio aura-t-il enfin son Oscar ; Tom Hardy risque de lui voler la vedette -  et une mise en scène par un réalisateur dément (tout a été tourné en continuité dans des conditions climatiques épouvantables). Qui nous entraîne dans une histoire dont on perd vite le fil, qui s'embourbe dans la neige, la boue, le sang, mais avec des séquences époustouflantes - la première scène est impressionnante de réalisme. Face à cette entreprise hallucinante, il fallait trouver un compositeur qui n'en fasse pas des tonnes !

Alejandro G. Iñaritu a demandé au célébre musicien Ryuichi Sakamoto plusieurs fois recompensé de trouver un ton pour accompagner ses images. Sakamoto c'est le tube des BO Furyo, c'est le Dernier Empereur, Talons Aiguilles... Le réalisateur voulait une musique électronique et acoustique avec différentes couches de sons, plutôt que des mélodies. La musique composée est tout en retrait, pas redondante, discréte, sourde, qui se fond dans la nature et accompagne ce drame, ce western crépusculaire et sanglant. L'écoute du disque rappelle ces moments magiques du film. C'est une musique qui a besoin du support des images et risque de rebuter les simples auditeurs. C'est une musique pessimiste de belle facture. Elle va sûrement devenir un hit si le film ne s'effondre pas dans les neiges comme l'avait fait auparavant celui de Cimino Les Portes du Paradis qui lui ressemble à bien des égards.