Ce triptyque associant Franz Liszt, Robert Schumann et Frédéric Chopin a été enregistré en direct, à la Salle Cortot (Paris) lors du Concert du 10 novembre 2016.
Véronique Bonnecaze, après ses études au Conservatoire de Bordeaux, puis avec Nadia Tagrine à paris, enfin au CNSMP dans la classe de Ventsislav Yankoff où il a obtenu un Premier Prix de piano et de musique de chambre, est lauréate de Concours internationaux. Elle se produit en France et dans de nombreux pays à l’étranger. Depuis 2010, elle enseigne le piano à l’École Normale de Musique de Paris et assure des masterclasses. Son texte de présentation propose des commentaires brefs mais pertinents. Son programme réunit des œuvres qu’elle « aime » et dans lesquelles elle « se sent à l’aise » selon ses propres termes.
Le premier volet concerne Franz Liszt avec Widmung (S. 566), première page du Cycle Myrthen (op. 25) de Schumann sur un poème de Friedrich Rückert. Après l’exposition du thème, il le traite en variations faisant appel à la virtuosité avec ornementation en arpèges. L’œuvre se termine par « une énonciation triomphale du même motif soutenu par de puissants accords ».
Le deuxième volet concerne l’op. 15 de Robert Schumann : Kreisleriana (d’après le patronyme du maître de chapelle Johannes Kreisler, personnage imaginé par E. T. A Hoffmann). Cette œuvre datant de 1838 est dédiée à Chopin mais composée pour Clara qui en a été émerveillée. Véronique Bonnecaze poursuit : « cette œuvre se structure en 8 pièces, alternant mouvements rapides et lents, entrecoupés d’intermèdes où l’on remarque que les numéros impairs nous emportent dans de vivaces et vertigineuses visions fantastiques et déchirantes alors que les numéros pairs nous plongent dans des sortes de rêves éveillés lunaires, d’une tendresse infinie mais questionnements incertains. Véritable miroir de l’âme tourmentée du compositeur, les Kreisleriana expriment les conflits intérieurs d’un Schumann âgé de 28 ans. » La pianiste ressent et traduit fidèlement tant d’atmosphères contrastées : force, douceur, mystère, excitation, instabilité, passion.
Le troisième volet est consacré à Frédéric Chopin, avec 4 pièces typiques : la Fantaisie op. 49 (1841), à l’humeur variée, quelque peu visionnaire, allant de l’obscurité vers la clarté. Dans la Ballade n°3 op. 47, avec de somptueux accords, des arabesques en doubles croches, Véronqiue Bonnecaze maîtrise la vitesse, alors que la Mazurka n°7 op. 13 en La b Majeur, très lumineuse, baigne dans la jeunesse et le mystère. Enfin, le Scherzo n°2 op. 31 (datant de 1837) — le plus joué des quatre —, est d’abord mélancolique, aboutissant à une Valse plus légère et revenant au début con fuoco puis marqué par un silence mystérieux, débouche sur une fin triomphante.
Véronique Bonnecaze, dont le rayonnement international dans une quinzaine de pays force l’admiration, transmet la musique avec assurance et enthousiasme. Elle a le don de faire partager la musique et de communiquer ses états d’âme. Une valeur sûre. Le courant passe.
Édith Weber