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Novembre-Décembre 2010 - n° 568

Supplément Bac 2011
|

septembre-octobre 2010
n° 567
|

mai-juin 2010
n° 566
|

Sommaire :
1. Editorial : A voix nue...
2. Sommaire du n° 568
3. Informations générales
4. Varia
5. Manifestations et concerts
6. Echos de jeunesse et de persévérance
7. Recensions de spectacles et concerts
8. L'édition musicale
9. Bibliographie
10. CDs et DVDs
11. La vie de L’éducation musicale
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À
voix nue…
Est-il
voix plus autorisée que celle de Pierre Boulez ?
D’autant qu’au fil des ans, les jugements du grand homme
n’auront eu de cesse de s’humaniser… En
témoigne éloquemment l’entretien qu’il
vient d’accorder à notre collaboratrice Sylviane
Falcinelli.
Dans
le présent numéro, vous trouverez aussi tout un dossier
consacré à « La voix », ses
joyeuses pratiques et avatars - paroles de chefs & de choristes,
diversité d’emplois dans l’art lyrique,
récurrences du cri dans la musique savante, problèmes
de justesse dans le chant, somatiques inhibitions (notamment chez les
enseignants), point de vue de psychanalystes, etc.
Sans
pour autant nous leurrer… Même si l’Ircam
synthétise aujourd’hui la voix chantée, comment
ne rejoindrions-nous pas le poète : « Ce
n’est pas en ouvrant la gorge d’un rossignol que l’on
découvrira le secret de son chant » !
Francis
B. Cousté.

Haut
Pierre Boulez ou le « vouloir »
mis en acte
Entretien
avec Sylviane Falcinelli
Dossier : « La voix »
Chanter dans un chœur
Marie-France
Castarède
Paroles de chef et de choristes
amateurs
Michèle
Lhopiteau-Dorfeuille
Le blocage en chant des enseignants
généralistes
Sylvain
Jaccard
Le retard d’acquisition de la
justesse chantée chez l’enfant
Charlotte
Vuilleumier
Le cri, manifeste récurrent de la
voix chantée dans la musique savante
Sylvain
P. Labartette
Le corps, architecte de la voix
chantante et résonante
Fabienne
Ramuscello
Tout chœur est bon à prendre…
Florence
Limonier
Les emplois dans l’art
lyrique : interprètes qui leur léguèrent leur nom
Pierre
Lagisquet
Carl Maria von Weber
Gérard
Denizeau
La
grille d’Hélène Jarry
***
©Adrien Vescoli
BOEN spécial
n°9 du 30 septembre 2010. Programme d'enseignement obligatoire au choix
d'arts en classe de première littéraire, d'enseignement de spécialité au choix
d'arts en classe terminale littéraire & d'enseignement facultatif d'arts au
cycle terminal des séries générales et technologiques.
Consulter : www.education.gouv.fr/cid53325/mene1019677a.html
BOEN n°37
du 14 octobre 2010. Concours général des lycées, session 2011. Éducation musicale,
classes de première et Terminales : jeudi 17 mars 2011, 9h00.
Consulter : www.education.gouv.fr/cid53536/mene1023956n.html
Le Bulletin officiel de l’Éducation nationale est librement consultable sur :
www.education.gouv.fr/pid285/le-bulletin-officiel.html
« Music
& You », Salon de la musique : Grande Halle de la
Villette (Paris XIXe), du vendredi 19 au dimanche 21
novembre (10h-19h), le lundi 22 novembre (10h-18h). Stand de L’éducation musicale : C 041. Renseignements : www.salon-musique.com
Les
Prix 2010 de la « Fondation Audiens Générations » ont été remis, le
6 octobre dernier, en l’Institut de France. Ont notamment reçu le Prix d’excellence, d’un montant de 30 000 € :
l’Atelier de Paris de Carolyn Carlson (au centre, présentant son diplôme)
et le Prix spécial du jury, d’un
montant de 20 000 € : le Créa, Centre d’éveil artistique, que
dirige Didier Grojsman (4e en partant de la droite).
« Transylvania,
au-delà des frontières » Du 10 novembre au 16 décembre 2010,
le Conservatoire national supérieur musique & danse de Lyon (CNSMDL)
présente divers programmes et créations inspirés des musiques de Roumanie et de
Hongrie. Avec le concours d’artistes venus d’Europe centrale mais aussi
de ses propres classes de musique de chambre, piano, chant, direction de chœur &
d’orchestre, de l’atelier XX-21 et du Collectif d’improvisation.
Ouverture le mercredi 10 novembre avec la « Nuit ciné-concert Dracula ». Renseignements : 04
72 19 26 61. www.cnsmd-lyon.fr
« Œuvre
chorale pour la Paix ». La Fédération internationale pour la
musique chorale (FIMC), en coopération avec Europa Cantat et
Jeunesses Musicales International, organise un Concours international
de composition de musique chorale, avec pour objectif la promotion de la
création, la diffusion d'un nouveau répertoire choral et surtout, grâce à la
musique, la promotion de la Paix parmi les hommes. Le concours récompensera
une œuvre chorale a cappella (pour 4 ou 8 voix mixtes), d’une durée maximale de 6 minutes.
Le texte, liturgique ou profane, écrit en n’importe quelle langue, devra avoir
trait au thème de la Paix. Participation ouverte aux compositeurs de
toutes nationalités, âgés de moins de 35 ans. Candidatures à adresser avant le 31 décembre
2010. Renseignements :+39
347 25 73 878 www.ifcm.net
©DR
« Musique
en Sorbonne », saison 2010-2011.
Renseignements : 01
42 62 71 71.
www.musique-en-sorbonne.org/calendrier/programme_Musique_en_Sorbonne_2010-2011_web-4.pdf
La 6e édition du « Festival international des musiques d’écran » se déroulera, à
Toulon, du 5 au 13 novembre 2010. Thématique 2010 : As-tu peur du noir ? Films de
frisson & d’angoisse, classiques de la littérature d’horreur,
expressionnisme allemand.
Rensaignements : 04 94 21 60
18. www.fimefestival.fr/vendredi_5.html
TM +,
« Ensemble orchestral de musique d’aujourd’hui », a établi le
programme de sa saison 2010-2011. Ainsi, après l’opéra Les 4 jumelles de Régis Campo,
le metteur en scène Jean-Christophe Saïs revient-il pour une Histoire du soldat dans une dramaturgie inédite… La mezzo-soprano Sylvia Vadimova - au
carrefour de la rencontre du compositeur Laurent Cuniot, directeur musical
de l’Ensemble [notre photo] et de l’écrivaine Maryline Desbiolles -
sera l’héroïne de l’opéra à une voix Des pétales dans la bouche, mis en
scène par Philippe Mercier. Quantité d’autres concerts. Renseignements : 8, rue des Anciennes-Mairies, 92000 Nanterre. Tél. : 01 41 37
52 18. www.tmplus.org
©DR
L’Association
française d’expansion musicale (A.F.E.M.), que préside Jean Leduc,
organise une Journée d’information, le 19 mars 2011, à la
Schola Cantorum de Paris. Avec le concours de Rita Goshn
(opéras pour enfants, travail pédagogique) & d’Yves Beaupérin (mimopédagogie).
Yves
Beaupérin ©DR
La 5e édition du Concours de piano-jazz Martial Solal s’est déroulée du
16 au 24 octobre 2010. Quadriennal, ce prestigieux concours a notamment
couronné, parmi 49 candidats :
- 1er Prix : Nikolas Anadolis (°1991), Grèce (Grand Prix de la Ville de Paris)
- 2e Prix : Vadim Neselovskyi (°1977), Allemagne (Fondation BNP-Paribas)
- 3e Prix : Thomas Enhco (1988),
France (Fonds pour la Création musicale)
Présentés par Claude Samuel et soutenus
par les frères François Moutin (contrebasse) & Louis Moutin
(batterie), ces trois merveilleux pianistes se produisirent lors du concert de
clôture (le dimanche 24 octobre, au Théâtre de l’Alhambra).
Renseignements : Concours internationaux de la Ville de Paris. Tél. : 01 40 33 45
35.
www.civp.com/solal/Solal2010
Nikolas
Anadolis © Éric de Gélis/CIVP
« Deleuze
et la musique », un séminaire nomade. Ce séminaire va se tenir
successivement au Centre de documentation de la musique contemporaine (16 novembre
2010), à l’Institut national de l’histoire des arts (18 et 19 janvier
2011), à l’Université Jean-Monnet de Saint-Étienne (7 et 8 février 2011),
à l’École normale supérieure (8 et 9 mars 2011), et à l’Université
Panthéon-Sorbonne Paris I (17 mai 2011). Renseignements : 01
47 15 49 86.
www.cdmc.asso.fr/fr/saison_cdmc/conferences_colloques/deleuze_musique_seminaire_nomade
***
Haut
©DR
Café Iruña, Pamplona, 2010 :
www.youtube.com/watch_popup?v=NLjuGPBusxs&vq=medium

Fondation « Prince Pierre de Monaco ». Présidée par SAR la
Princesse de Hanovre, cette Fondation a pour vocation de favoriser la création
contemporaine. Cette année, le Prix de Composition musicale a été décerné
à la compositrice sud-coréenne Unsuk Chin (Séoul, 1961), pour son
œuvre Gougalon (2009, scènes de
théâtre de rue pour ensemble). Prix doté d’un montant de
15 000 €.
Renseignements : 01 45 24 66 67. www.fondationprincepierre.mc
Unsuk Chin ©Weonki Kim
De nos cousins québécois, la revue ! Intégralement accessible sur
la Toile… Rêve ou cauchemar ? www.calameo.com/read/000252196a27082cd003a
Arseny AVRAAMOV : Symphony of Sirens. Cette œuvre a été réalisée en 1922, dans le
port de Baku, pour le 5e anniversaire de la Révolution, avec
des sirènes d’usines & de navires de la mer Caspienne, deux batteries
d'artillerie, sept régiments d'infanterie, des camions, des hydravions,
vingt-cinq locomotives à vapeur, des sifflets et des chœurs. Voilà qui risque
de quelque peu faire oublier City Life (1995) de Steve Reich… Grandiose !
Écouter : www.musiqueapproximative.net/post/arseny-avraamov-symphony-of-sirens
Arseny Avraamov, 1922 ©DR
Ensemble Télémaque, dir. Raoul Lay. À Marseille,
du 10 novembre au 7 décembre 2010 : « Le mois des compositeurs ».
Renseignements : Cité de la
musique - 4, rue Bernard-du-Bois, 13001 Marseille. Tél. : 04 91
39 29 13. www.ensemble-telemaque.com
Musique & Santé. Centre de
formation continue, lieu d’action, de recherche et d’informations, cette
association - que parraine Steve Waring [notre photo] – organisera 7 stages,
en 2011 : L’enfant & la musique à l’hôpital / Enfance, musique
& handicap / Musique en pédopsychiatrie / Environnement sonore en
néonatologie & réanimation néonatale / Musique & adolescence en
difficulté / Musique en gériatrie : lieu de mémoire, lien de vie /
Voix & chansons en gériatrie.
Renseignements : 4, passage
de la Main-d’Or, Paris XIe. Tél. : 01 55 28 81
00. www.musique-sante.org
Steve Waring ©DR
***
Haut
« Les Musicales de l’IMA ». L’Institut du monde arabe présente, Salle
du Haut-Conseil : Le Haouzi de
Tlemcen (5 novembre), Mawal, un
parfum de Tanger (6 novembre), Chants
lyriques andalous (12 novembre), Chants
citadins, chants ruraux : l’aroubi
d’Algérie (13 novembre), Le malouf
de Constantine (19 novembre), La sanaâ
d’Alger (26 novembre). Renseignements : 1, rue
des Fossés-Saint-Bernard, Paris Ve. Tél. : 01 40 51
38 38. www.imarabe.org/musique/prochainement
La
sanaâ d’Alger ©DR
Auditorium du Louvre. Mercredi 3 novembre, 20h00 :
Quatuor Pacifica (J. Haydn, Bartók, Janáček,
Schubert). Jeudi 4 novembre, 12h30 : Ji Liu, piano
(Mendelssohn, Scarlatti, Alkan, Chopin, Ligeti). Lundi 8 novembre,
20h00 : Membres du West Eastern Divan Orchestra (Stravinski,
Berg). Mardi 9 novembre, 19h00, 20h15 et 21h30 : récital
Waltraud Meier, mezzo-soprano (Wagner). Jeudi 18 novembre,
12h30 : Chun-Wen Huang, violon, & Andrius Zlabys, piano
(Schubert, Respighi, Ranjbaran, Tchaïkovski). Mercredi 24 novembre,
20h00 : Élisabeth Leonskaja, piano (Beethoven). Jeudi
25 novembre, 12h30 : Chœur Aedes (Janequin, Lassus, Debussy,
Costeley, Ravel, Ohana, Le Jeune, Poulenc). Renseignements : 01
40 20 55 00. www.louvre.fr/llv/auditorium/alaune.jsp
Auditorium
du Louvre ©RMN/ Arnaudet
« Les Heures musicales de Saint-Roch ». En hommage
au compositeur André David (1922-2007) [notre photo], le violoniste
Alexis Galpérine jouera, en l’église Saint-Roch, le dimanche
14 novembre 2010, à 16h00 : Monisme (fragment 1) d’André David, Chaconne de la 2e Partita de
Jean-Sébastien Bach, Autour d’une mélopée de Charles Chaynes (« pour André David »), Asclépios-Orphée d’Alain Margoni (« à la mémoire
d’André David ») et les Variations
sur l’air « Nel cor più non mi sento » (La Molinara, Paisiello) de Niccolò Paganini. Renseignements : Église Saint-Roch (296, rue Saint-Honoré, Paris Ier. Tél. :
01 42 44 13 20).
Xe Festival « Musique et essai » : Musiques libres à Besançon, du 4
au 7 novembre 2010. Renseignements : 2, place du Théâtre, 25000 Besançon.
Tél. : 03 81 83 39 09. www.aspro-impro.fr
.
Ensemble « Musicatreize » (dir. Roland Hayrabedian). Création de Antti Puuhaara, conte musical (pour
1 comédien, 8 chanteurs, violon, alto, violoncelle, harpe &
accordéon), du compositeur finlandais Tapio Tuomela (°1958,
Kuusamo). Les 4 novembre (Marseille, Théâtre du Gymnase) et
6 novembre (Kremlin-Bicêtre, Espace culturel André-Malraux), du 8 au
14 novembre (Nogent-sur-Marne, Scène Watteau), le 18 novembre
(Nice, église Saint-François-de-Paule). Renseignements : 04
91 00 91 31. www.musicatreize.org
©Hannu Väisänen Tapio Tuomela ©DR
Ensemble « L’Itinéraire ». Le
mardi 9 novembre 2010, à 19h30, en la Maison des pratiques artistiques amateurs
(MPAA – 4, rue Félibien, Paris VIe) : L’Île sonnante (pour guitare électrique & percussions)
d’Hugues Dufourt + Improvisations (figures libres &
imposées). Avec Christophe Bredeloup, Christelle Séry &
Gilbert Nouno.
Renseignements : 01 46 34 68 58. www.ensembleitineraire.org
Hugues
Dufourt ©Astrid Karger
Ensemble Contrechamps. Le mardi 9 novembre 2010, 19h30, à
Genève, Studio Ernest-Ansermet (passage de la Radio 2, 1205 Genève) :
« Les voies de Voi(Rex) ». De
la vitesse, pour six percussionnistes (2001), de Philippe Leroux. Epigram, cinq poèmes d’Emily Dickinson,
pour voix & ensemble instrumental (création mondiale) de Franck Bedrossian. Phonie douce, pour hautbois,
saxophone alto & violoncelle (1991) et Voi(Rex), pour voix,
six instruments & dispositif électronique (2002) de
Philippe Leroux. Renseignements : +41 (0)22 329
24 00. www.contrechamps.ch
Philippe
Leroux ©DR
« Les musiciens de Brecht » à la Cité de la musique. Vendredi
5 novembre (20h00) : Nada Strancar chante Dessau. Dimanche
7 novembre (16h30) : œuvres de Kurt Weill. Mercredi
10 novembre (20h00) : œuvres de Kurt Weill &
HK Gruber. Samedi 13 novembre (20h00) : œuvres de :
Paul Hindemith, Hanns Eisler, Heiner Goebbels. Dimanche
14 novembre (16h30) : œuvres de Mauricio Kagel.
Renseignements : 01 44 84 44
84. www.citedelamusique.fr
Bertolt
Brecht ©DR
« L’Ascension du Mont Ventoux ». Cet opéra de Betsy Jolas (sur un texte de
Pétrarque), pour soprano, récitant, flûte, clarinette, violon, violoncelle
& harpe, sera donné au Forum culturel de Blanc-Mesnil, les
vendredi 5 et samedi 6 novembre 2010, à 20h30. François Raffinot
(mise en scène & chorégraphie), Betsy Jolas (récitante),
Virginie Pochon (soprano), Claire Chancé (danseuse), Ensemble Erik Satie,
dir. Arnaud Petit.
Renseignements : 1, place de la Libération, 93150 Blanc-Mesnil. Tél. :
01 48 14 22 00. www.leforumbm.fr ou : http://betsyjolas.com
Betsy
Jolas ©DR
« JazzyColors », Festival international de jazz, se
déroulera, du jeudi 11 novembre au samedi 27 novembre 2010, à 20h00,
dans divers Instituts & Centres culturels étrangers à Paris (Allemagne,
Autriche, Corée, Estonie, Finlande, Hongrie, Japon, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Québec, Roumanie, Serbie, Slovaquie, Suède, Turquie).
Renseignements : www.jazzycolors.net
« 38e Rugissants », Festival des
nouvelles musiques, présentera à Grenoble (Isère), du 16 au 27 novembre
2010, sa 22e édition.
Renseignements : 04 76 89 07 16. www.38rugissants.com
Mémoires[s], tel est le thème de la 2e Biennale « Figures de l’interactivité » qui se
déroulera, à Poitiers, du 17 au 27 novembre 2010 (entrée libre et
gratuite). Art de la mémoire par excellence - puisque pendant longtemps
il ne fut pas possible de l’enregistrer et que son écriture sous forme de
partitions demeure le privilège de certains -, la musique se caractérise par sa
fugacité : elle est précisément ce qui résiste à la mémoire. La Biennale propose
d’approcher cette question sous deux angles :
- d’un côté la musique
minimaliste de Steve Reich, répétitive, donnant la sensation
d’être en boucle, tout en jouant sur d’infimes variations
- de l’autre, la performance de
Simon Laroche avec une poupée-robot qui assure le rôle de DJ pour
produire une musique enregistrée, électronique.
Renseignements : 05 49 50 33
00. www.figuresinteractives.com/2010/pages_fr/concert.html
« Corps à Cordes », tel est le titre du spectacle que donnera Le Quatuor, lundi
15 novembre, à 20h00, au Théâtre des Champs-Élysées. Musique
débridée, instrumentistes déjantés… Renseignements : TCE - 15,
avenue Montaigne, Paris VIIIe. Tél. : 01 49 52 50
50.
« Aulnay All Blues ». La 4e édition de ce festival se déroulera du dimanche 13 au dimanche
21 novembre 2010. Depuis un hommage à Howlin’ Wolf jusqu’au
blues africain, via Ronnie Baker Brooks et le
Chicago Blues…
Renseignements : Lucile Dressaire,
tél. : 06 62 98 48 21. ldressaire@aulnay-sous-bois.com
Rencontres avec le compositeur polonais Krzysztof Meyer. À
l’initiative de l’« Association internationale Dimitri Chostakovitch »,
elles se dérouleront en la Salle Adyar (4, square Rapp,
Paris VIIe), le lundi 22 novembre 2010 :
* à 19h00 :
œuvres de Krzysztof Meyer [notre photo]
* à 21h00 :
œuvres de Krzysztof Meyer, Dimitri Chostakovitch & Nadia Boulanger
Avec le concours de Marc Danel,
Muhiddin Dürrüoglu, Guigla Katsarava, Ashoy Khachatourian,
Gilles Millet et Ivan Monighetti.
Renseignements : 01 47 03 90
43. www.chostakovitch.org
©DR
« Il Seminario musicale » (dir. Gérard Lesne) fête ses 25 ans, du 21 au 28 novembre 2010, en l’Auditorium du Conservatoire à
rayonnement régional (CRR) de Rueil-Malmaison. Intitulée « Les Baroqueuses »,
cette semaine propose notamment : Le
mythe du Centaure (vendredi 26 novembre, à 20h30) et, à l’issue des
masterclasses des jours précédents, un concert-audition ouvert à tous (dimanche
28 novembre, à 18h30).
Renseignements : CRR –
182, avenue Paul-Doumer, 92500 Rueil-Malmaison. Tél. : 01
47 49 74 45. www.ilseminariomusicale.com
Gérard
Lesne ©DR
Festival Latino : « Journées
Colores », 10e édition : à Lille/Villeneuve d’Ascq,
du 23 novembre au 13 décembre 2010. Concerts, cinéma,
expositions, conférences.
Renseignements : 09 50 24 30
88. www.colores-latino.fr
Chapelle royale du Château de Versailles. Le dimanche 28 novembre, à 17h30, seront
donnés divers grands motets de Campra, Delalande, Bernier et
Gervais. Avec Caroline Weynants (soprano), François-Nicolas Geslot
(ténor) & Alain Buet (baryton). Chœur de chambre de Namur,
ensemble Les Agréments, dir. Guy Van Waas.
Renseignements : www.cmbv.fr/activites-artistiques/concerts-et-spectacles
©DR
Hommage au compositeur Jean-Marc Dehan (1929-2009) sera rendu, le
lundi 29 novembre à 20h30, en la Salle Cortot (78, rue Cardinet,
Paris XVIIe). Mélodies, pièces de musique de chambre
& d’orchestre.
Renseignements : 01 43 32 34
65. mflapierre@orange.fr
Théâtre de Sartrouville & des Yvelines.
Mardi 16 novembre, à 21h00 : le Kronos Quartet se produira dans des œuvres de Raz Mesinai
(Crossfader), Missy Mazzoli
(Harp and Altar), J. G. Thirlwell (Eremikophobia), Thierry Pécou (NewWork, première mondiale), Terry Riley (Good Medicine from Salome Dances for Peace) et John Zorn (selection from The Dead Man).
Mardi 23 novembre, à 21h00 : entourée
d’Andy Sheppard (saxophone ténor/soprano) et de Steve Swallow (basse), Carla Bley jouera ses propres compositions et arrangements.
Renseignements : place
Jacques-Brel, 78500 Sartrouville. Tél. : 01 30 86 77 79. www.theatre-sartrouville.com
©H. Olmgreen ©Rozanne Levine
« Cris des rues », à la Péniche Opéra. Le 20 novembre
2010, à 20h30, avec l’Ensemble Clément Janequin : du répertoire de la
Renaissance à Régis Campo (Les cris de Marseille),
Vincent Bouchot (Bonbons esquimaux),
Caroline Marçot (Rambleur)… Renseignements : 46, quai de la Loire, Paris XIXe. Tél. : 01 53
35 07 77. www.penicheopera.com
« Hommage à Marin Marais (1686-1728) ». Salle
Gaveau, le dimanche 5 décembre, 17h00, avec l’Ensemble baroque Marin Marais
(Jean-Louis Charbonnier, Paul Rousseau, Mauricio Buraglia,
Pierre Trocellier) & le concours des interprètes ayant participé à
l’enregistrement de l’intégrale des 584 pièces de violes
(23 CDs). Récitant : Jean-Pierre Marielle.
Programme : extraits des Cinq Livres
de pièces de viole (publiés entre 1686 et 1725).
Renseignements : 01 48 83 60
09. http://fmad.pagesperso-orange.fr/accueil.htm
Francis Cousté.
« La Folle Nuit » à Gaveau. Vous
connaissez la Folle Journée de
Nantes, c’est à une Folle nuit –
en fait un week-end fou – que vous êtes conviés à Paris : les mêmes
René Martin & François-René Martin investissent la Salle Gaveau
les samedi 20 et dimanche 21 novembre 2010 pour présenter, en douze
« heures musicales », dix des pianistes faisant l’honneur du
label Mirare. Pour le prix modique de 8 € par
« heure musicale », vous pourrez vous promener au gré du plus
large répertoire, de Bach à Scriabine, en passant par Mendelssohn ou Liszt,
vedette de l’année à venir. Ce serait une erreur de ne se concentrer que
sur quelques têtes d’affiche. Adam Laloum dans le dernier Brahms,
Luis Fernando Pérez dans un parcours Granados, Claire Désert
dans les trop rares Bunte Blätter et Novelettes de Schumann,
Emmanuel Strosser dans Chabrier vous réserveront des émotions aussi
délectables - quoique d’un autre ordre - que Brigitte Engerer associée à
Daniel Mesguich dans l’intégrale des Harmonies
poétiques et religieuses de Liszt & Lamartine, ou que Jean-Claude
Pennetier dans ses inoubliables Schubert.
Informations : 01 49 53 05
07. http://mirare.fr/Gaveau/NewsletterGaveau.html
Sylviane Falcinelli.
Mahagonny au Capitole de Toulouse.
Grandeur et décadence de la ville de
Mahagonny, fruit
de la collaboration entre Kurt Weill et Bertolt Brecht, est une œuvre
détonnante, satire grinçante de la société capitaliste : créée ex nihilo au milieu de nulle part,
une cité paradisiaque offre à ses visiteurs de vivre cet alléchant credo
« Tout est permis », et attire les requins de tout poil.
La musique en forme de songs, mêle
ballade, chanson de cabaret et complainte. La nouvelle production toulousaine
est confiée à Laurent Pelly dont l'irrépressible faconde devrait illustrer
la dimension parodique de cette fable divertissante et édifiante. Les 19,
23, 26 et 28 novembre 2010 (à 20h00) ; le 21 novembre (à 15h00).
Kurt Weill en 1932 ©DR
Renseignements : 1, place du
Capitole, 31000 Toulouse. Tél. : 05 61 63 13 13. www.theatre-du-capitole.fr
Jean-Pierre Robert.
***
Haut
Ce mois-ci, au fil de nos déambulations
concertistiques, la jeune génération d’interprètes comblait nos aspirations à
entendre un vrai travail d’approfondissement sur les musiques du XXe siècle,
de toutes les générations actives au XXe siècle.
Au Théâtre des Bouffes-du-Nord (4 octobre
2010), Jean-Guihen Queyras nous revenait en compagnie d’un ensemble sans
chef de Hambourg, l’Ensemble Resonanz auquel il associe son travail
sous diverses formes : soliste se détachant de la troupe dans Introduktion, Thema und Variationen de Hans-Werner Henze, une pièce d’une belle éloquence
expressive quoique d’une esthétique un peu composite, notre violoncelliste
retrouvait le jeu convenu de dialogues et répliques dans le Concerto en ré majeur de Haydn où il s’abstenait de grâces « poudrées » pour ne pas
accentuer le décalage entre la seule œuvre classique et le reste d’un programme
ancré dans le XXe siècle. L’Ensemble Resonanz
convainc par une homogénéité et une qualité d’étoffe sonore rares ;
l’implication manifeste de ces musiciens (et musiciennes, car l’effectif est
largement féminisé), affectés à des places tournantes dans la hiérarchie, se
traduit par une passion communicative dans le jeu. Certes, l’Adagietto de la 5e Symphonie de Mahler ne s’accommode guère d’être
joué par 19 musiciens, mais dans le sens opposé, l’amplification de
l’effectif dévolu à la Suite Lyrique de Berg permet de renforcer
l’ardent message de ce poème symphonique amoureux dont Jean-Guihen Queyras
[notre photo] a exposé les clés biographiques, exemples musicaux à l’appui.

©DR
Il était émouvant de le voir redevenir
alors un musicien du rang, pour partager une expérience d’interprétation
collective avec des compagnons de route soucieux de donner le plus chaleureux
relief aux « rôles » qu’ils endossent dans ce théâtre psychologique
évoluant avec les espérances et désespérances du compositeur. Berg avait
adapté pour orchestre à cordes les trois mouvements centraux de son quatuor, le
Hollandais Theo Verbey a complété l’arrangement en 2005 afin de permettre
une exécution intégrale de l’œuvre fortement structurée sans que se trouve
amputé le labyrinthe de références reconstituant une narration cryptée.
L’Orchestre de Paris accueillait pour la
première fois Jean-Frédéric Neuburger (6 octobre 2010) :
celui-ci s’empare toujours des œuvres selon un angle aussi original que très
construit (on reconnaît là le compositeur !) ; de la noirceur
troublante du Concerto pour la main gauche de Ravel, il
faisait ressortir l’inexorabilité, avec une dramatique opiniâtreté. Ce
n’est point là le Ravel au sourire voltairien des évocations classicisantes,
c’est l’homme percevant les tragédies d’un monde en décomposition fatale (comme
dans La Valse), « un univers calciné » – selon les mots
de Marguerite Long – dont J.-Fr. Neuburger [notre
photo] taillait les arêtes de basalte. Le chef japonais
Kazuki Yamada (remplaçant au pied levé Mikko Franck souffrant)
suivait assez bien le pianiste dans cette sombre ascension. Mais il avait
déçu par une absence de phrasé dans la Petite Suite de Debussy
(orchestrée par Büsser), menée ici à gros traits. L’élégance lui faisant
décidément défaut, Kazuki Yamada ne permit guère à Tchaïkovsky d’échapper
au péril dans lequel le plongent par inadvertance les chefs maladroits, à
savoir une certaine vulgarité bruyante (4e Symphonie).

©DR
L’Orchestre de Paris retrouvait toutes ses
nobles couleurs, encore une fois dans un programme franco-russe, sous la
baguette de son nouveau directeur Paavo Järvi (13 octobre).
Il y a, dans la direction du maestro estonien, une souplesse qui guide avec
autant d’instantanéité la modulation de l’agogique que le modelé des
timbres. L’onde vivante du tissu orchestral s’anime ainsi de cette touche
infinitésimale froissant à bon escient le drapé du son. Les malheurs
aquatiques de L’Apprenti sorcier s’y déversaient en une progression
irrésistible, où les pupitres de bois se taillèrent la vedette. Les
proportions tolstoïennes de la 2e Symphonie de
Rachmaninov bénéficiaient tout autant de ce lyrisme au flux généreusement
conduit.

Paavo Järvi ©P. Vahi
Pour des raisons de commodité personnelle, Vadim Repin préféra remplacer le Troisième Concerto de Saint-Saëns par le Premier de Chostakovitch qui l’accompagne depuis si longtemps. Le chant de son
archet, émanation de quelque horizon nostalgique, traduisait la poignante et
autobiographique mélancolie du Nocturne et du cheminement de la Passacaille,
mais des problèmes répétés de justesse et le basculement peu réussi de la
cadence vers la Burlesque laissaient souvent notre mémoire s’échapper
vers le souvenir inégalé du créateur de l’œuvre, le grand David Oïstrakh.
Si Saint-Saëns faisait les frais du
calendrier trop chargé de Vadim Repin, il retrouvait la dignité de son
rang grâce à David Bismuth. Ce pianiste a toujours préféré
une expression authentique de ses aspirations musicales aux effets de
manches ; le concert de lancement de son dernier
disque (lire notre recension en rubrique CDs) avait lieu au Théâtre de l’Athénée le 11 octobre
2010, et David Bismuth y mêlait des réminiscences de ses précédents
programmes discographiques, qu’il s’agisse de César Franck ou de
transcriptions de Bach. Sa gravité le met en communion avec la dimension
introspective de Rachmaninov, représenté ce soir-là par trois courtes pièces,
dont le célèbre Prélude en ut# mineur, auquel trop
d’interprètes se croient obligés de faire un sort… fort peu conforme à celui
que lui assignait le compositeur (!), alors que David Bismuth [notre
photo], avec une sobriété laissant porter l’essentiel, sait lui conférer son poids
d’émotion sans artifices.

©DR
Certes, Saint-Saëns paraît un
compositeur infiniment plus extérieur, moins impliqué dans sa propre création
pianistique qui vise à la démonstration parfois anecdotique, mais on apprécie
qu’un interprète si musicien, au répertoire mûrement pensé, le remette en
perspective et restaure ses valeurs de clarté ainsi que son pianisme très
exactement ciselé. David Bismuth redonnera un programme
Saint-Saëns/Rachmaninov le 5 février 2011 à la Fondation Dosne-Thiers,
dans le cadre de la saison « Autour du Piano » (www.autourdupiano.com).
À propos de jeunes et valeureux artistes,
en l’église Saint-François d’Assise dans le XIXe arrondissement
de Paris (qui devient décidément très « tendance » ces temps-ci), Marie Vermeulin [notre photo] jouait le 2 octobre 2010, avec sa finesse de coloriste
et son intime compréhension stylistique, les Petites Esquisses
d’Oiseaux ainsi que Le Merle noir en compagnie de
Vincent Lucas, flûte solo de l’Orchestre de Paris. Ces beaux moments
s’inséraient dans un week-end Messiaen médiocrement organisé où de talentueux
musiciens (nous pensons aussi à l’organiste Éric Lebrun) s’efforçaient
d’apporter « une certaine idée de l’art » au milieu de balbutiements
relevant plutôt d’un comité de patronage. La place d’une artiste telle
Marie Vermeulin, engagée con bravura dans un répertoire
exigeant, n’est pas dans de petits cercles pour collèges d’adeptes, mais
appelle les grandes estrades du circuit.

©Oxygenprod
Les amoureux de Fauré ne devaient à aucun
prix manquer le week-end que leur offraient Salle Pleyel Éric Le Sage et ses amis (les 16 et 17 octobre 2010). On sait à quel point le pianiste
aime accomplir une trajectoire au long cours en compagnie d’un
compositeur : ses intégrales Poulenc (RCA) et Schumann (Alpha) démontrent
son double amour de la pratique soliste et de la complicité chambriste.
Son actuelle exploration concerne la musique de chambre de Fauré ; ainsi
nous donnait-il la primeur de ce qui deviendra projet discographique. La
Salle Pleyel est-elle l’écrin rêvé pour l’intimité de l’échange
chambriste ? On peut en douter et préférer la Salle Gaveau, par
exemple, mais il faut avant tout se réjouir que trois concerts (pour ainsi dire
enchaînés) aient pu quasiment remplir une salle imposante autour d’un axe de
programme qui, il y a vingt ans, n’aurait probablement pas remporté une telle
victoire. D’autant qu’Éric Le Sage [notre photo] ne se départissait
point d’une approche feutrée du son pianistique, privilégiant l’intégration
fusionnelle au tissu déroulé par ses compagnons cordistes.

©DR
On lui saura gré de travailler les moindres
intentions expressives dans ce subtil apprivoisement d’un instrument dont
Debussy demandait que l’on fasse oublier qu’il a des marteaux ; mais
l’oblation du panache pianistique n’est guère aisée dans un décor conçu pour les
éclats orchestraux. À 46 ans, Éric Le Sage opère en
doyen (!) de l’équipe réunie par ses soins. Pour les deux Quintettes de Fauré et celui de Franck, il s’adjoignait le Quatuor Ébène, si vibrant
de sensibilité mais dont le seul maillon faible réside dans les attaques
d’archet souvent incertaines de son premier violon. Ceci dit, le Quatuor
Ébène donna une interprétation irréelle du Quatuor à cordes de Ravel,
comme suspendue dans le soyeux enveloppement de son extase onirique.
D’archet maîtrisé avec autorité, on ne déplorait guère la carence avec
Daishin Kashimoto, partenaire puissant de la 1re Sonate
op.13 ainsi que des Quatuors op.15 et 45 de Fauré pour
lesquels ils furent rejoints par l’altiste Lise Berthaud et le
violoncelliste François Salque. À l’alto, Fauré confia la conduite
d’importantes évolutions dans les développements de l’op.45, et le riche
velours du son de Lise Berthaud s’avéra un atout incontestable.
Quant au Trio op.120, il nous fut présenté dans la réalisation d’une
intention attestée par une lettre de Fauré à son épouse : c’est-à-dire
avec la clarinette en lieu et place du violon qui s’imposa (par
réalisme ?) dès la création. Paul Meyer a l’extraordinaire
capacité de gommer les attaques de son instrument, ce qui lui permit de se
fondre dans la sonorité de François Salque sans que son timbre paraisse se
superposer aux autres instruments. Cet effectif permettait en outre de
proposer au public, après ce Fauré tardif, le Debussy de l’ultime décennie,
avec la Rhapsodie pour clarinette et piano, et la Sonate pour
violoncelle et piano. On ne dira jamais assez combien ces programmes
furent harmonieusement agencés et bénéficièrent du jeune regard d’une théorie
de talents sincèrement immergés dans la défense de chefs-d’œuvre que la
génération précédant la leur avait eu tendance à considérer comme reliques d’un
monde révolu (fâcheuse erreur !... et quand on secoue la poussière, la
relique reprend chair !).
Au chapitre de la musique contemporaine, on
se réjouit de l’audience publique recueillie à Saint-Merry (15 octobre
2010) par un concert monographique Martín Matalon [notre photo].
Les solistes de l’Ensemble Sillages fondé par Philippe Arrii-Blachette
donnaient l’intégrale des sept Traces actuellement écrites par le
compositeur argentin (six d’entre elles figuraient
sur le CD du label Sismal, avec quelques interprètes différents) : le
principe s’en tient à un instrument – ou une voix – serti, environné de sa
transformation électronique en temps réel ou en temps différé.

©Patricia
Dietzi/Durand
Il en ressort un univers
poétique allant du râle au tellurique, mais toujours respectueux du potentiel
expressif de l’interprète impliqué ; il convient d’ailleurs de tous les
citer, tant ils donnèrent le meilleur de leur talent : Gilles Deliège
(alto), Sophie Deshayes (flûte), Jean-Marc Fessard (clarinette),
Hélène Colombotti (marimba), Donatienne Michel-Dansac (soprano),
Séverine Ballon (violoncelle), Pierre Rémondière (cor), ainsi que
l’informaticien Robin Meier et l’ingénieur du son de La Muse
en Circuit, Laurent Codoul. L’atmosphère surréaliste propre
à Matalon s’élevait à la magnificence d’une spatialisation de la diffusion
électronique portée par l’acoustique de cette église, juste assez réverbérante
sans que ses dimensions échappent au contrôle des techniciens. Notre
imagination baignait ainsi dans l’aura du phénomène sonore. Certes, la
fragilité de la musique électronique tient à la remise à jour technique
constante qu’impliquent les évolutions des logiciels et des procédés
informatiques (qu’adviendra-t-il de sa conservation et de sa diffusion à
travers les siècles, alors que l’on peut toujours jouer la musique écrite sur
des feuilles de papier du XVIIe siècle ?), mais combien
l’ingéniosité humaine, « radiographiant » les lois acoustiques de la
nature, parvient-elle à en tirer de beautés par l’artifice d’une
transmutation de processus mathématiques enclenchés en série pour les appliquer
à la recréation esthétique !
Sylviane
Falcinelli.
***
Passion, opéra de Pascal Dusapin. Livret de Pascal Dusapin avec la collaboration
de Rita de Letteriis. Création chorégraphique de Sasha Waltz.
Barbara Hannigan (Lei), Georg Nigl (Lui). Sasha Waltz
& Guests, Vocalconsort Berlin, Ensemble Modern, dir. Franck Ollu.
Pascal
Dusapin ©DR
Audacieuse reprise de la saison lyrique, au
Théâtre des Champs-Élysées, avec cette nouvelle production du sixième opéra de
Pascal Dusapin Passion créé en
2008 à Aix-en-Provence, dans une mise en scène assez controversée de
Giuseppe Frigeni. Pour cette nouvelle production, la mise en scène,
la chorégraphie et les décors ont été confiés, avec bonheur, à la talentueuse
chorégraphe berlinoise Sasha Waltz pour sa deuxième collaboration avec Dusapin,
le reste de la distribution demeurant identique en ce qui concerne la direction
musicale et les chanteurs. Pascal Dusapin fait indéniablement partie
des compositeurs contemporains les plus joués et les plus écoutés, chaque opéra
étant l’occasion d’une nouvelle aventure, d’une nouvelle surprise, toujours
différent du précédent, comme un genre à perpétuellement réinventer. Pour
l’occasion, en revenant aux sources mêmes de l’opéra, sous l’influence de
Monteverdi et en faisant une relecture personnelle du mythe d’Orphée et Eurydice,
Dusapin nous propose une véritable déconstruction du genre opératique dans une
vision plus globale se rapprochant de « l’œuvre d’art totale ».
©Jörg Jeshel
Deux personnages, Elle et Lui, entourés des
Autres, entreprennent de multiples variations chantées et dansées, sur le thème
de l’amour impossible, du couple, du désir, des pulsions, du ravissement, de la
séduction ou de l’effroi, un mythe d’Orphée envisagé à l’envers, où Eurydice
refuse de remonter vers la lumière - épreuve de la Terre, initiation qui ne
trouvera son aboutissement que dans la dissolution des personnages.
Dusapin souhaitait une théâtralisation de la musique, c’est à présent chose
faite, grâce à la magnifique et sensuelle chorégraphie de Sasha Waltz
& Guests qui pallie la faiblesse du livret en nous donnant à voir de
très belles images chargées d’émotion, des corps qui s’étreignent, se
repoussent, s’enlacent, au son de la musique parfaitement adaptée de
Pascal Dusapin. Une scénographie réduite au maximum, une nudité
d’outre-noir sur laquelle se déploient les corps des acteurs, dans un
gigantesque mobile, magnifié par les splendides éclairages de Thilo Reuther,
des voix somptueuses, puissantes et intériorisées, une direction d’orchestre
intelligente, claire et précise. Une totale réussite.
©Yanez
Otello (1887), drame lyrique de Giuseppe Verdi. Livret d’Arrigo Boito d’après
Shakespeare. Donné en version de concert au Théâtre des Champs-Élysées.
Mahler Chamber Orchestra, WDR Rundfunkchor Köln, Les Petits Chanteurs de
Strasbourg, Maîtrise de l’Opéra national du Rhin, dir. Daniel Harding.
Franco Farina (Otello), Anja Hartejos (Desdemona),
Franco Vassallo (Jago), Alexey Dolgov (Cassio),
Christina Daletska (Emilia), Emanuele Giannino (Rodrigo),
Stanislav Shvets (Lodovico), Giovanni Guagliardo (Montano).
Force est de reconnaitre qu’Otello avait
bien pâle figure sur la scène du Théâtre des Champs-Élysées, car cette version
de concert - dont on attendait beaucoup - a cruellement souffert de la
défection de Ben Heppner dans le rôle-titre, souffrant et remplacé en
dernière minute par Franco Farina. Une déception qui fut à la hauteur des
deux principales insuffisances de cette production. À commencer par
la direction de Daniel Harding [notre photo], pourtant à la tête de son
propre orchestre, le MCO, dont il n’a pas su mobiliser les magnifiques
sonorités, faisant preuve d’une direction terne, sans passion, voire absente,
se contentant d’accompagner les chanteurs, indifférent au drame.
©DR
S’y ajoute la contestable prestation du
ténor Franco Farina, qui n’a plus, à l’évidence, la stature vocale et la
crédibilité du rôle, insuffisance apparue dès l’inaugural « Esultate ! » avec un manque
d’ampleur dans la voix, des aigus serrés, un timbre agressif et criard, défaillances
que ne pourront compenser, par la suite, une endurance certaine dans le
registre médium et un beau legato dans le piano. Le véritable
triomphateur de cette soirée, incarnant à lui seul le drame, fut le magnifique
et sardonique Jago de Franco Vassallo, totalement convaincant, tant
vocalement que scéniquement, auquel il convient d’adjoindre l’émouvante et
compatissante Desdemona d’Anja Harteros et le remarquable Cassio
d’Alexey Dolgov. À mettre également au crédit de cette production
une mise en situation très réussie avec un jeu d’acteurs convaincant, un
éclairage de qualité et une scénographie bien sûr minimaliste mais parfaitement
adaptée à cette version de concert. Déception certes, mais pour l’essentiel
un moment musical de qualité.
Mahler
Chamber Orchestra ©DR
Rencontre au sommet, Salle Pleyel : Pauset, Beethoven, Berg. David Grimal (violon), Agneta Eichenholz
(soprano). Orchestre philharmonique de Radio France, dir. Peter
Eötvös.
Le « Philhar » semblait renouer
avec une de ses vocations premières en proposant, Salle Pleyel, la création
mondiale, commande de Radio France, de la Schlag-Kantilene de Brice Pauset, en prélude au Concerto pour violon de Beethoven, dans
lequel venait s’immiscer la cadence spécialement composée par le jeune compositeur.
Oscillant entre tradition et modernité, il s’agit ici de la troisième œuvre de
Brice Pauset, librement « inspirée » d’œuvres
préexistantes : après la Sonate en la mineur de Schubert et les Variations Goldberg de Bach, c’est
aujourd’hui le Concerto pour violon de Beethoven qui sert de support à cette nouvelle composition. Écriture
« extra réflexive », se situant entre les deux points de fuite que
constituent l’autoréférence ou la référence à l’autre, il s’agit d’une sorte de
chemin de l’Autre à Soi, fait de citations, d’emprunts, véritables monades
musicales impersonnelles qu’il convient de se réapproprier par le biais de la
composition. Sous la direction intelligente et précise de
Peter Eötvös, l’Orchestre philharmonique et le talentueux violoniste
David Grimal [notre photo], nous en donnèrent une interprétation
exceptionnelle, loin de toute virtuosité gratuite mais, au contraire, empreinte
d’une sincérité, d’une profondeur, d’une intériorité et d’un toucher sans
pareil.
©DR
En seconde partie, Peter Eötvös [notre
photo] dirigeait la très belle Lulu-Suite d’Alban Berg, occasion pour le chef hongrois de faire montre de sa compréhension
de la partition, associant inventions rythmiques, couleurs de jazz, chanson
populaire, lyrisme, occasion également pour l’orchestre de mettre en avant son
savoir-faire et ses magnifiques sonorités. Une remarquable interprétation
d’Agneta Eichenholz dans le lied de Lulu concluait cette très belle soirée.
©Klaus Rudolph
Sublime Claudio Abbado, Salle
Pleyel. Gustav MAHLER : Symphonie n°9. Lucerne Festival
Orchestra, dir. Claudio Abbado.
Moment musical d’une rare qualité que ce
concert, où Claudio Abbado, à la tête de son prestigieux orchestre du
Festival de Lucerne (créé en 2003, regroupant de talentueux instrumentistes des
plus grandes formations européennes de Vienne, de Berlin, d’Amsterdam)
proposait au public parisien la Neuvième Symphonie de Mahler. Œuvre emblématique dans la production mahlérienne, tant par sa
construction musicale atypique que par sa résonance et sa signification,
composée en 1909, créée à Vienne en 1912 par Bruno Walter. Elle
prolonge le murmure final du Chant de la
terre, symphonie d’adieu à la vie, à son œuvre, à la symphonie ;
récapitulative du monde mahlérien, sa structure est atypique, avec deux
mouvements lents encadrant un mouvement de danses et un rondo burlesque.
Les deux mouvements lents sont très spiritualisés. Plus qu’un très
romantique et prémonitoire sentiment d’une mort prochaine, il semble plutôt que
Mahler ait pris conscience et accepté la désaffection d’Alma. L’adieu est
ici plus métaphorique que réel : il s’agit d’une méditation sur le destin,
auquel nul homme n’échappe, en même temps que l’affirmation de la douleur de
perdre à jamais l’être aimé. Le premier mouvement, andante comodo,
affirme un intense amour de la vie, le scherzo sur des rythmes de danse évoque,
dans un cruel rictus, la vie terrestre et sa futile agitation, le rondo
burlesque confirme l’absurdité du monde, enfin, le dernier mouvement, adagio,
tente de réaliser une impossible union du micro- et du macrocosme, union de
l’homme et de la nature, union de la matière et de l’esprit : harmonie
définitive qui n’est atteinte qu’a la fin du Final dans l’acceptation, le
silence et la paix. Qu’on l’interprète comme un message d’espérance,
comme un adieu d’une douceur déchirante ou encore comme une acceptation sereine
du destin, cet adagio s’impose comme un accomplissement suprême.
Claudio Abbado sut parfaitement rendre compte de toutes les facettes de
cette œuvre, nous proposant une lecture à la fois engagée et lumineuse,
associant force et spiritualité, accentuant toutes les nuances, valorisant
toutes les couleurs de l’orchestre. Peut être aurait-on préféré une
vision moins brucknérienne, plus intimiste et méditative de l’adagio final,
avant que ne s’éteignent progressivement les lumières de la salle, pour laisser
place au silence, à l’inaudible qui devait amener public et musiciens au bord
des larmes… Un moment d’une rare intensité qui restera dans toutes les
mémoires.
©Fred Toulet/Salle
Pleyel-Festival de Lucerne
Patrice Imbaud.
Musique
en la Chapelle d’Henri IV. Pour commémorer, en 2010, l’assassinat du
roi Henri IV, les Chantres de Saint-Hilaire ont enregistré, en première
mondiale, des Motets extraits des Preces ecclesiasticae d’Eustache du Caurroy (1549-1609), maître de chapelle. Ils ont donné
un brillant concert à Paris, en l’Église allemande, le samedi 9 octobre
2010.
Fondé en 2000 par
François-Xavier Lacroux (basse-taille), ce chœur de solistes comprend
L. Fouquet (dessus), G. Figiel-Delpech (contre-ténor),
Ch. Maurel (haute-contre), D. Webb (taille), G. Martin et
M. Nègre (basses), ce dernier étant également un excellent joueur de
serpent.
La première partie,
sur le thème Pater et Filius et Spiritus Sanctus, comprenait des
pièces en plain-chant monodique ou harmonisées à 3 voix, et six Motets de Du Caurroy, dont le Veni Sancte Spiritus (soutenu par
le serpent) qui s’est imposé par son intense prière et sa prononciation du
latin d’époque. Le motet In monte Oliveti, très
dépouillé et saisissant, a constitué l’un des meilleurs moments du
concert. Dans le Veni Creator, œuvre typique du XVIe siècle,
avec cadence ornée, cantus firmus à découvert et doxologie, l’ensemble s’est
distingué par sa souplesse et sa plénitude vocales. Le serpent joue un
rôle important dans le motet O Crux ave spes unica, à
5 voix mixtes, avec son affirmation de la Trinité et du Salut.
©DR
La seconde
partie : Ave Maria et Conclusio comprenait d’abord un
plain-chant marial harmonisé à 3 voix, quelque peu archaïque, invoquant
Marie à la manière de Bernard de Clairvaux : Ô très bonne,
ô Reine… Il a
été suivi du motet Ave Maria à 4 voix mixtes avec lignes
mélodiques et des contre-chants souples. L’excellent ensemble a conclu
cette audition, comme il se doit, aux accents du Te Deum solennel à
6 voix mixtes & serpent, avec la triple invocation du Sanctus,
traduisant ensuite la louange et se terminant sur la gloire du Père.
Eustache du Caurroy fait preuve d’une science contrapuntique très dense,
très élaborée et pourtant expressive, avec quelques figuralismes, ornements et
notes de passage pour mettre en valeur des mots importants, par exemple : majesté.
Il exploite aussi le style plus déclamatoire, plus nettement perceptible,
contrastant avec la polyphonie et le soutien du serpent.
Ces sept chantres
solistes ont recréé ces pages si attachantes de Du Caurroy, surtout connu
par son Requiem. Ils ont révélé ce musicien français, mort un an
avant Henri IV, par leurs interprétations grâce à la haute technicité de
leur chef Fr.-X. Lacroux et à un travail extrêmement minutieux qui leur a
permis de présenter un programme si diversifié - suivi de nombreux rappels
suscités par l’enthousiasme de l’auditoire.
Musique
religieuse de la France romantique. Tel est le titre
d’un remarquable concert avec des œuvres rarement entendues, interprétées par
le Chœur de chambre Les Temperamens Variations, sous la direction
exemplaire de Thibault Lam Quang et avec le remarquable concours
d’Emmanuel Hocdé (orgue), le 2 octobre 2010, en l’Église Saint-Antoine
des Quinze-Vingt.
La très nombreuse
assistance a découvert avec plaisir un programme romantique sortant des sentiers
battus et conçu par Th. Lam Quang [notre photo]. Dès les
premières mesures, elle a apprécié la profonde intériorité de la Prière du
soir de Ch. Gounod, le fondu des voix et le romantisme contenu. Saint-Saëns
était représenté par son très prenant Tantum ergo, son Ave verum pour chœur a cappella, d’une grande intensité, et sa Bénédiction nuptiale pour orgue seul, particulièrement expressive. Après Les sept
Paroles de notre Seigneur Jésus-Christ de Ch. Gounod, si chargées
d’émotion, sa pièce : D’un cœur qui t’aime (extraite d’Athalie,
de J. Racine) - ayant conféré leur titre au disque[2] et au concert - a
été très vivement ressentie par tous, interprètes et auditeurs.
©DR
En seconde partie, l’Allegro de la 6e Symphonie pour orgue de Ch.-M. Widor, page de
virtuosité spéculant sur toutes les tessitures et possibilités dynamiques de
l’orgue, a été magistralement enlevé par l’excellent organiste. Dans le
Psaume 83/84 : Quam dilecta de C. Saint-Saëns,
soutenu discrètement à l’orgue, les voix ont été mises à rude épreuve. Après O salutaris hostia pour chœur a cappella, le concert
s’est terminé en apothéose avec le Stabat mater de Ch. Gounod
(paraphrasé en français), musique typiquement française, d’un drame contenu,
implacable, réaliste ou mystérieuse.
©DR
Des applaudissements
nourris ont incité le chef à donner plusieurs rappels, pour la plus grande joie
de tous. Le disque enregistré avec les mêmes interprètes permettra d’en
prolonger l’audition. Le souhait de Thibault Lam Quang :
« Que cette musique, faite de grandeur et de spontanéité, nourrie par une
vision confiante de la Foi, tour à tour passionnée et délicate, puisse vous
réjouir et vous faire passer une bonne soirée en notre compagnie » a été
pleinement réalisé.
Édith Weber.
Richard WAGNER : Der Fliegende Holländer. Opéra
romantique en trois actes. Livret du compositeur.
Matti Salminen, Adriane Pieczonka, James Morris, Klaus-Florian
Vogt, Marie-Ange Todorovitch, Bernard Richter. Orchestre & Chœur
de l'Opéra national de Paris, dir. Peter Schneider. Mise en
scène : Willy Decker.
©Frédérique Toulet/OnP
Le Vaisseau Fantôme, que reprend
l'Opéra Bastille, est plus que ne l'indique son sous-titre d’« opéra
romantique ». Wagner y trace déjà les principes du drame musical.
C'est le drame de l'errance, de l'impossible communication entre deux êtres, de
l'opposition entre rêve et réalité. « La tempête fait rage dans les
êtres » pour Willy Decker qui confine sa mise en scène dans un lieu
unique d’où se détachent deux éléments : une immense marine à l'arrière-plan,
que contemple inlassablement Senta, fascinée par le Hollandais avant même de
l'avoir vu ; une gigantesque porte ouvrant sur l'insondable, l'inconnu,
tel le Hollandais dont apparaît l'ombre saisissante, ou que l'on maintient
fermée comme pour fuir ce qu'elle révèle d'inquiétant. Tout se joue dans
l'intérieur des personnages : monde imaginaire dans lequel se réfugie
Senta, aspiration surhumaine du Hollandais, rivé à sa quête d'un bonheur inatteignable,
drame poignant d’Erik, particulièrement mis en relief ici. Ne joue-t-il
pas, au dernier acte, le rôle de trouble-fête lors des réjouissances du retour
des marins. Cette régie resserrée livre aussi d'impressionnantes images.
Ainsi du Chœur des fileuses auquel fait suite une judicieuse animation de la
ballade de Senta qu'entourent fébrilement ses consœurs. Le portrait
qu'elle chérit passera de mains en mains ; détaillé, plus tard, par
celui-là même qui y est figuré. Le jeu développé autour de ce portrait
occupe d'ailleurs une place déterminante dans l'illustration de l'action.
Le Chœur des matelots qui ouvre le IIIe acte est lui aussi
impressionnant, alors que, vêtus de noir, tous s'en prennent à Erik qu'ils
malmènent sérieusement. Et tant pis si la rédemption finale est éludée au
profit du banal suicide de Senta avec le poignard qu'Erik avait tenté de
retourner contre un rival aussi mystérieux qu'inaccessible.
©Frédérique Toulet/OnP
La direction musicale de Peter Schneider,
qui favorise de sombres accents, s'accorde avec l'atmosphère inquiétante de la
dramaturgie. Quoique un peu trop appuyée, elle est toujours respectueuse
du chant. C'est que ce Kapellmeister,
habitué de Bayreuth, sait le poids des mots, là où le déchaînement des éléments
marins de la musique de Wagner traduit le tumulte des esprits. Ses chœurs
ont de la vigueur et de la passion à revendre. Auprès d'une Senta
passionnée, Adriane Pieczonka, fièrement chantée, d'un Daland bonhomme et
bien sonore, l'immense Matti Salminen, d'un Erik sincère et flamboyant,
Klaus-Florian Vogt - un vrai luxe de distribution - le Hollandais de James Morris,
malgré de belles nuances, paraît terne et manque de projection.
Émouvante exécution de L'Enfance
du Christ, Salle Pleyel. Hector BERLIOZ : L'enfance
du Christ. Trilogie sacrée, op.25. Texte du compositeur.
Vesselina Kasarova, Paul Groves, Laurent Naouri,
Matthew Brook. Chœur Accentus, Maîtrise de Paris, Ensemble
orchestral de Paris, dir. Laurence Equilbey.
Laurence
Equilbey ©A. Solomoukha
Nul n'est prophète... On sait combien
la chose est vraie en ce qui concerne Berlioz. Pour n'être pas la plus
jouée de ses œuvres, L'Enfance du Christ mérite d'être réécoutée tant elle renferme de richesses : un texte dans le
style naïf narrant l'errance de la Sainte Famille de la Judée vers
l'Égypte jusqu'à la cité de Saïs ; encore que cette naïveté, transfigurée
par une vraie spontanéité, ne sombre jamais dans la sensiblerie, encore moins
le sentimentalisme. Une musique d'une constante inspiration mélodique,
aux climats tendres, d'une grande pureté, volontairement archaïque dans son
orchestration allégée. Car point de grands éclats ici, mais un travail de
miniaturiste, notamment à la petite harmonie ; tel ce trio pour deux
flûtes & harpe durant la troisième partie, en forme d'aubade gracile donné
par le bon patriarche ismaélite à ses hôtes sacrés. Le traitement de la
partie chorale n'est pas moins original, faisant appel à un double chœur
pour souligner les passages séraphiques. Non que les trois volets de
cette « trilogie sacrée » versent dans la monotonie d'un
angélisme béat. Les contrastes y sont accentués. Ainsi de la
véhémence qui suit, chez Hérode, le rêve « Ô misère des rois ! »,
alors qu'il s'apprête à ordonner le massacre des Innocents ; ou de la
douce quiétude qui s'empare du récit suite aux refus implacables opposés par
une foule sourde aux appels angoissés de Joseph et de Marie. Partie
médiane de la trilogie, La fuite en Égypte aura, elle aussi,
diversifié les climats, tour à tour de l'adieu de bergers, du voyage et du
repos de la Sainte Famille. La direction attendrie et fervente de
Laurence Equilbey le restitue tout en sobriété, conduisant son chœur
Accentus et un Ensemble orchestral de Paris aux sonorités moirées. De la
belle distribution vocale, on citera un récitant ému, Paul Groves, qui
apporte une poésie intense et diaphane à cet habile commentaire de l'action, et
les contributions de la mezzo-soprano Vesselina Kasarova, sincère et sobre
chez une artiste habituée à l'univers opératique, comme de la basse
Laurent Naouri dans la double incarnation de Hérode et du Père de famille,
singularisée par une diction exemplaire. Vraiment la « sublime douceur »
évoquée par le récitant dans sa péroraison, distingue-t-elle cette exécution.
Show Boat accoste au Châtelet. Jerome KERN & Oscar HAMMERSTEIN II : Show Boat. Musical en deux
actes inspiré du roman d'Edna Ferber. Janelle Visagie,
Blake Fischer, Malcolm Terrey, Diane Wilson, Angela Kerrison,
David Chevers, Otto Maidi, Miranda Tini, Dominique Paccaut,
Glenn Swart, Graham Clark. Orchestre Pasdeloup, dir. Albert Horne.
Mise en scène : Janis Honeyman.
©Malin Arnesson
Quelque quatre-vingts ans après sa création
française dans ce même théâtre, Show Boat revoit le jour au
Châtelet, dans la production de l'Opéra de Cape Town. Cette comédie
musicale, créée en 1927, marque un tournant dans l'histoire du genre.
Jusqu'alors essentiellement conçue comme pur divertissement, elle acquiert ici
la vraie dimension dramatique que permet une intrigue construite dans laquelle
s'imbriquent naturellement les numéros musicaux. La saga d'une famille
d'artistes jouant la comédie sur un bateau-théâtre sillonnant le fleuve
Mississipi, qui s'étend sur plusieurs décennies et embrasse trois générations,
n'hésite pas à aborder des thèmes d'actualité telles que la mixité raciale,
l'évolution des mœurs ou la déchéance de l'artiste. Et à travers une
galerie de portraits hauts en couleurs : Andy, capitaine & chef de troupe
omniprésent, sa pudibonde épouse Pathy, sa fille Magnolia, projetée malgré elle
sur les planches, qui s'amourache d'un flambeur, Reynald, un couple d'artistes
en butte aux caprices du succès, ou cette figure de chanteuse métisse, Julie,
bannie de la troupe pour n'être pas de sang pur ; sans oublier le vieux
Joe, sorte d'archétype du bon Noir, porte-drapeau de l'affliction de ses
pairs, et Quennie, l'imposante mama noire gouailleuse. La diversité des
caractères et des situations trouve écho dans la construction musicale qui voit
se mélanger les styles, témoin de la diversité des deux communautés, et se
succéder les modes, eu égard à l'évolution du goût au fil des époques : de
la chanson sentimentale et du blues bien sage au ragtime endiablé et
autres charlestons.
©Malin Arnesson
Le spectacle qui s'enhardit au fil des
numéros, se signale par sa fluidité, enchaînant, sans temps mort, scènes en
raccourci et vastes ensembles pétillants. La seconde partie, plus
resserrée, offre une dynamique encore plus maîtrisée. Menée tambour
battant, la troupe, choristes et danseurs, fait assaut d'énergie. Une
amusante naïveté flotte dans ces tableaux bien léchés, qui ne cherchent pas à
se départir du cliché couleur locale qu'offrent une décoration aérée et de
somptueux costumes, scellant dans leur diversité le passage du temps. La
trentaine de solistes n'est pas en reste, côtés vitalité et saveur vocale.
Le fait de disposer d'une formation symphonique - un Orchestre Pasdeloup
étincelant - est une chance que le jeune chef Albert Horne exploite au
maximum. On se délecte vite de la profusion mélodique qui irrigue la
pièce, de ces rythmes entrainants, de ces songs bien ficelés, telle la complainte du vieux nègre, Ol’ Man River, dont le thème revient en boucle. Car
c'est peut-être du fleuve Mississipi qui continue son cours imperturbable,
comme s'écoule le temps, que vient la sagesse des événements qui passent.
Musique de chambre française à l'honneur,
Salle Pleyel.
Éric
Le Sage ©DR
Le pianiste Éric Le Sage avait convoqué,
l'instant de trois concerts, quelques musiciens amis pour un « Week-end de
musique de chambre française ». À juste raison, à en juger par
l'assistance nourrie, jeune et enthousiaste investissant le vaste vaisseau de
la Salle Pleyel. Ils n'avaient, pour leur second concert, nullement
misé sur la facilité en programmant d'emblée le Premier quintette pour piano & cordes de Fauré (1906). Ne
vérifie-t-on pas dans cette œuvre de la maturité, ce mot de Vladimir Jankélévitch
pour lequel la musique de Fauré « parle tout bas à l'oreille de ceux qui méritent
d'entendre » (Fauré et
l'inexprimable, Plon). Langage secret en effet, fruit d'une extrême
économie de moyens, qui cultive l'art captivant de la modulation, ici porté à
son paroxysme. Tout y est de l'ordre de l'ineffable. Avec une
étonnante maturité, les quatre jeunes musiciens du Quatuor Ébène [notre
photo] nous font pénétrer dans les arcanes de ce morceau de musique pure ;
tandis qu’Éric Le Sage distille avec une infinie sensibilité les
arabesques liquides d'une partie de piano ingénieusement intégrée dans le tissu
des cordes. Dans le Premier Quatuor
pour piano & cordes, op.15, vraie carte de visite du style chambriste
de l'auteur, tout est séduction, verve mélodique, invention thématique
incessante, art de la modulation, et déjà ce « je-ne-sais-quoi » (ibid.) ou charme fauréen.
L'interprétation d’Éric Le Sage et compères, Daishin Kashimoto,
violon, Lise Berthaud, alto, et François Salque, violoncelle, est
frappée au coin de la perfection.
©Julien Mignot/Salle
Pleyel
Refusant l'effusion, mais chantant on ne
peut mieux, fuyant les couleurs insistantes sans pour autant tomber dans
l'elliptique, car tout doit être suggéré, non souligné, l'envoûtement fauréen
opère dès les premières mesures, qui ne se démentira pas un instant, comme au
scherzo sautillant qu'entrecoupe un bref trio presque fantomatique. Avec
le Quintette de Franck, de
l'année 1879, dédié à Saint-Saëns, changement d'univers : les vastes
proportions (près de 40'), une musique empreinte de tension quasi théâtrale par
endroits, et proche de l'orchestre, le recours au système cyclique. Car,
organiste, le musicien sait prendre son temps et concevoir des constructions
grandioses. On pense à sa Symphonie,
dont un des thèmes revient en boucle dès le premier mouvement. Là encore
les Ébène et Le Sage livrent une exécution immaculée, jouant parfaitement
des oppositions entre urgence dramatique et lyrisme intense.
Il Trittico, enfin à l'Opéra Bastille ! Giacomo
PUCCINI : Il Trittico. Trois opéras en un acte : Il Tabarro (livret de
Giuseppe Adami, d'après La Houppelande de Didier Gold). Suor Angelica (livret de
Giovacchino Forzano). Gianni Schicchi (livret de
Giocacchino Forzano). Juan Pons, Marco Berti,
Sylvie Valayre, Mario Luperi, Éric Huchet, Marta Moretto,
Tamar Iveri, Luciana D'Intino, Louise Callinan, Marie-Thérèse
Keller, Amel Brahim-Djelloul, Claudia Galli, Cornelia Onciou,
Ekaterina Siurina, Saimir Pirgu, Barbara Morihien,
Alain Vernhes, Yuri Kissin. Orchestre & Chœur de l'Opéra national
de Paris, dir. Philippe Jordan. Mise en scène : Luca Ronconi.
©OnP/Ian Patrick
Excellente initiative que de donner à
l'Opéra Bastille, enfin dans son intégralité, ce Trittico dont
Puccini était si fier. Car entendue dans la continuité, et non en morceaux
séparés comme trop souvent - une mise en pièces fustigée par l'auteur -,
l'entreprise se révèle d'un tout autre intérêt. Et on se prend à
découvrir que ces trois pièces, a priori disparates, n'ayant en commun que
d'être chacune une variation sur la mort, sont sans doute unies par un fil
conducteur. Puccini, qui vénérait le grand Dante et y fait expressément
référence à l'ultime scène de Gianni Schicchi, a-t-il voulu, au
long de ces trois épisodes, traiter successivement de l'Enfer, du Purgatoire et
du Paradis ? Ou des trois standards éprouvés de la scène
lyrique : le sombre drame sans issue, teinté d'horreur calculée ; le
tragique psychologique, non dénué de quelque sentimentalisme ; le comique
satirique qui voit triompher la jeunesse, et à travers elle, la
vie ? À moins encore que cette trilogie ne traduise un cheminement
de l'ombre vers la lumière qui, des bas-fonds d'un quai de Seine, mène à une
apothéose amoureuse dans la belle lumière florentine, en passant par les
tonalités irisées d'un soir de printemps dans un couvent de Toscane.
©OnP/Ian Patrick
La production, importée de la Scala,
cherche à établir cette unité dans son approche décorative qui fait de chacun
des opéras le panneau d'un triptyque : atmosphère lugubre, en gris et
noir, autour d'une péniche, alors que les personnages semblent lutter contre quelque
lassitude de l'existence ; climat de lumière où vit la communauté
religieuse, que meuble une immense statue de la Vierge gisant au sol ;
intérieur cramoisi d'une riche demeure florentine que des héritiers endeuillés
habitent de leurs cupides desseins. La régie de Luca Ronconi ne
cherche pas à tirer les pièces vers l'abstrait symbolique, non plus que vers
une imagerie ostentatoire. Sa direction sobre et resserrée dans la
première pièce travaille un trio infernal qui, froidement, se défait sur fond
de scénettes anecdotiques. Elle n'élude pas la monotonie qui fige la vie
ordinaire d'un couvent où la jeune Angélique, cloîtrée pour avoir eu un enfant
hors mariage, apprend la mort de celui-ci de la bouche d'une tante hautaine et
va, par son suicide, connaître la rédemption. Elle retient enfin, un peu
trop, le mouvement irrésistible qui conduit une famille à être doublement
bernée pour avoir parié sur la générosité d'un mourant. Si la caricature
de chacun est juste, la manigance de Schicchi reste dépourvue de son nécessaire
mélange de farce et de sadisme. D'ailleurs, l'interprète, Juan Pons
- moins à l'aise ici que dans le marinier Michele - manque de verve comme de
faconde. Des distributions - fort exigeantes en nombre et qui alignent un
brelan de voix jeunes - se détachent les prestations de Sylvie Valayre,
intense Giorgetta, de Tamar Iveri, sincère Angelica, et de Luciana D'Intino
qui prête à sa méchante tante une morgue dévastatrice.
©OnP/Ian Patrick
La plus belle réussite revient à
l'orchestre. Jamais Puccini n'est allé aussi loin dans la recherche
sonore. La nécessité de traiter chaque histoire en un seul acte l'a
conduit à la plus extrême concision. Ce ne sont que mosaïque de séquences
musicales, combinaisons instrumentales audacieuses, dissonances âpres, effets
de lointain. Philippe Jordan est à l'aise dans cet idiome resserré,
mouvant aussi. Sa direction intensément dramatique dans la première
pièce, mêlant harmonies inquiétantes et symbolisme poétique, est mesurée dans
la deuxième, où le discours procède par petites touches à la manière de
l'aquarelliste ; elle se fait enfin un festin des brillantes volutes de la
comédie finale où tout opère dans un continuum rapide, parfois hilarant.
L’Orchestre de l'Opéra brille de tous ses pupitres et le résultat sonore est
impressionnant de cohésion.
Jean-Pierre Robert.
L’Association « Femmes et Musique » présentait le
vendredi 15 octobre dernier, en l’Auditorium Debussy-Ravel de la Sacem,
un concert donné à l’occasion du centième anniversaire de la naissance
d’Elsa Barraine,
compositrice qui marqua le XXe siècle d’une forte empreinte -
tant par son originalité musicale que par son action militante en faveur de la
justice sociale et de la culture. Issue de la classe de Paul Dukas,
elle fut la quatrième femme - après Lili Boulanger, Marguerite Canal
et Jeanne Leleu - à obtenir le Premier Grand Prix de Rome
(1929). Dès 1933, elle traduisait ses angoisses devant la montée du
nazisme avec de grandes pages orchestrales comme Pogroms (1933) ou sa Seconde Symphonie « Voïna,
La guerre » (1938), avant de s’investir dans la Résistance. À
l’issue du conflit, elle fut nommée, au CNSM, professeur de Déchiffrage au
piano puis d’Analyse.
Elsa
Barraine, 1940 ©DR
Le concert permit d’entendre sa Suite Juive pour violon & piano, des mélodies – dont le dramatique Avis, sur un
poème de Paul Eluard (1944) – et Thème et variations pour
piano. À la compositrice, le programme associait son maître
Paul Dukas (avec Variations, interlude et finale sur un thème de Rameau), sa
condisciple Simone Féjard (admirables mélodies !) et l’une de ses
élèves, Graciane Finzi (avec Et si tout recommençait, pièce pleine
d’invention, pour violon & piano).
Les interprètes, Odette Chaynes &
Geneviève Ibanez (pianistes), Alexis Galpérine (violoniste) et
Jean-Jacques David (baryton), ont – avec une parfaite musicalité – témoigné de
leur ardent investissement en faveur d’une manifestation qui suscita
l’enthousiasme admiratif d’un public choisi.
Édith Allouard.
_________________
***
PIANO
Nikolaï
MIASKOVSKY : Sonate n°5, pour piano, op.64 n°1. Le Chant du Monde (pianco@chantdumonde.com). 35 p.
Cette Sonate est assez redoutable. Dans
le premier mouvement, Allegretto capriccioso,
la ligne chantante doit particulièrement être rendue par les 5e, 4e et 3e doigts de la main droite ; elle plane au-dessus d’un
mouvement de doubles croches, auquel vient s’ajouter une pédale à la main
gauche, et les changements de tempi doivent être observés. Le deuxième, Largo espressivo, plus méditatif,
comporte des passages en « 3 contre 2 » et quelques accords
délicats à déchiffrer. Le troisième, Vivo,
repose sur de nombreux traits de doubles croches, et exige une bonne
précision d’attaque. Enfin, le 4e, Allegro energico, nécessite la maîtrise des tierces
parallèles, des octaves à la main gauche. Elle est destinée à des
pianistes chevronnés.
Nikolaï MIASKOVSKY : Sonate n°6, pour
piano, op.64 n°2. Le Chant du Monde (pianco@chantdumonde.com). 39 p.
Poursuivant son
intéressante série sur l’œuvre de N. Miaskovsky (1908-1944), professeur de
composition au Conservatoire de Moscou & éminent pédagogue, Le Chant
du Monde vient d’éditer sa 6e Sonate pour piano, en
3 mouvements : Allegro ma non troppo (avec oppositions de
nuances et de tempi) ; Andante con sentimento (avec une écriture
très arpégée, pour mains alternées) ; Molto vivo (de facture plus
classique, avec des traits brillants). De déchiffrage assez difficile -
avec une excellente gravure, des nuances précises, mais sans aucune suggestion
de doigtés -, cette Sonate est destinée à des pianistes faisant preuve
de virtuosité, sachant surmonter les difficultés de lecture et rompus au jeu
polyphonique.
Édith Weber.
FORMATION MUSICALE
Sophie
JOUVE-GANVERT : Croq’Notes, vol.4.
Billaudot : G 8817 B.
Croq’Notes
ou comment apprendre à lire la musique, tel est le titre exact de cet excellent
ouvrage. Le sous-titre en décrit le contenu : « lecture
coordonnée de notes et de rythme, sur des textes musicaux, en clés de sol et de fa ». Présentée en deux volumes qui se complètent, cette
méthode ne contient pas moins de douze approches différentes permettant à
toutes les formes d’approche de la lecture d’être prises en compte. Une
indication fondamentale figure à la fin de l’avant-propos : « Tous
les extraits doivent être entendus, soit joués par l’élève si son instrument
s’y prête et si son niveau de technique instrumentale lui permet de jouer dans
le tempo « juste », soit à partir d’un CD. »
PIANO
Virginie
THARAUD : Haut les mains ! Méthode de piano. Lemoine : HL 28852.
Voici une méthode bien réjouissante.
Conviendra-t-elle à tous les élèves ? Toujours est-il qu’elle s’efforce de
mettre en œuvre de façon ludique l’ensemble des éléments dont a besoin le jeune
pianiste, sans oublier la créativité et le lien personnel avec le clavier.
Souhaitons qu’elle soit, comme le souhaite l’auteur, « le point de
rencontre enjoué et créatif de l’enthousiasme des élèves et de celui des
professeurs »…
Modest
MOUSSORGSKY : Tableaux d’une
exposition. Transcription pour piano à quatre mains par Bruno Rossignol.
Delatour : DLT1808.
Précisons tout de suite qu’il ne s’agit pas
d’une adaptation simplifiée, mais d’une véritable réécriture, à la fois fidèle
à l’original pour piano seul et prenant en compte toutes les possibilités
d’instrumentation offertes par cette formation. Il s’agit donc d’un
enrichissement du répertoire des pianistes duettistes.
Olivier,
Carole & Fabrice MAYRAN DE CHAMISSO : Le Piano à la carte. 32 pièces originales pour les
premières années. Volume 1. Avec CD. Delatour :
DLT1316.
Olivier & Carole Mayran de Chamisso,
accompagnés, pour les deux dernières pièces de leur fils Fabrice, nous présentent
un copieux album très progressif et plein de charme. Ils font ainsi
alterner pièces traditionnelles et musiques actuelles, mais toujours avec un
goût sans défaut. On ne peut donc que recommander ce volume.
Le CD comprend l’ensemble des pièces et est très bellement interprété et
réalisé.
ORGUE
Pascal
REBER : Œuvres pour orgue. Compositeurs
alsaciens. Volume 16. Delatour : DLT1513.
Trois pièces dans ce recueil : Chaconne sur le nom de Silbermann, Aria con moto et Cantilène. Ces trois pièces ont l’avantage de pouvoir être
interprétées sur un instrument à seulement deux claviers et pédalier. Elles
sont d’un caractère lyrique et écrites dans un langage résolument moderne.
GUITARE
Claude
WORMS : DUENDE FLAMENCO, anthologie
de la guitare flamenca. Volume 5C : Alegrias. Combre :
C06669.
Ce remarquable travail s’adresse à des
guitaristes déjà confirmés. Il contient la présentation de la collection,
ainsi qu’une présentation des bases de la guitare flamenca, et de la
technique spécifique de main droite et l’explication de la notation. Suivent
des pages sur la structure du flamenco et son lien avec la danse. Enfin, les
neufs morceaux du recueil sont présentés à la fois en écriture traditionnelle
et en tablature, avec des indications extrêmement précises d’interprétation et
de doigtés. Cette collection est à recommander absolument à tout
guitariste voulant aborder le flamenco.
Renaud
GILLET & Patrick GUILLEM : Méthode
de guitare (ré)créative). Avec CD. Lemoine :
38862 HL.
Cette méthode pour débutants est tout à
fait passionnante. Outre une présentation très attrayante, elle se distingue
surtout par son approche extrêmement détaillée et complète de
l’instrument : notes et tablatures, initiation immédiate à
l’improvisation, présentation des accords et des différentes manières d’aborder
l’instrument. Théorie et pratique sont constamment mêlées. Le répertoire
proposé aborde tous les genres de musique, de la plus classique au rock et au
reggae. Bref, nous sommes en face d’une méthode à la fois ludique et sans
concessions. Ajoutons que le CD sert à la fois de modèle, de play-back et
d’invitation à l’improvisation. Il est, par ailleurs remarquablement
réalisé et agréable à écouter.
HARPE
Lucie
ROBERT-DIESSEL : Boîtes à musique pour
harpe. Combre : C06657.
De niveau fin de deuxième cycle, ce recueil
contient trois pièces correspondant parfaitement au titre, et qui peuvent
s’enchaîner ou se jouer séparément. Au début de chaque pièce, une
introduction rapide simule le remontage du ressort, puis la musique s’égrène
fort joliment dans un tempo régulier. Un ralenti progressif à la fin de
chaque morceau imite l’arrêt progressif de la boîte lorsque le ressort est
détendu… Mais le charme de cette musique est bien loin d’être seulement
imitatif ! Charme et humour caractérisent ce recueil.
ACCORDÉON
Jean-Michel
TROTOUX : Écoute le coucou ! Pièce pour accordéon. Niveau débutant. Lafitan : P.L.2116.
Voici une charmante pièce champêtre qui
fera la joie du débutant.
MUSIQUE DE CHAMBRE
Gabriel
FAURÉ : Trio pour
piano, violon & violoncelle, op.120. Urtext. Bärenreiter :
BA7902.
Les éditions Bärenreiter ont entrepris une
édition magistrale des œuvres de Fauré. Dans ce cadre, voici l’avant
dernière œuvre du compositeur, écrite entre 1922 et 1923 et dont la première
exécution eut lieu le 12 mai 1923. Conçu primitivement pour clarinette,
alto & violoncelle, ce trio prit très vite sa forme définitive. On
lira avec profit la préface très documentée et en français qui se trouve dans
la partition. Le fait qu’il s’agisse d’une édition critique ne nuit en
rien à la clarté de la présentation, bien au contraire. On ne peut que se
réjouir de l’entreprise de Bärenreiter dont nous rendrons compte au fur et à
mesure des parutions.
Gabriel
FAURÉ : Quatuor à cordes op.121. Urtext. Bärenreiter, partition de poche : TP
412 ; parties séparées : BA7901.
On sait combien Fauré a hésité à se lancer
dans la composition d’un quatuor : l’ombre de Beethoven et de Haydn
planait sur lui… Entrepris dès septembre 1923, le quatuor ne sera achevé que
sur son lit de mort. Encore confiera-t-il à Roger-Ducasse le soin de
relire et d’ajouter de nombreuses indications de dynamique et de phrasé qu’il
n’avait pas eu le temps d’indiquer lui-même. Tout cela se trouve, avec
bien d’autres renseignements, dans la préface de l’édition de poche.
Précisons que le détail des indications d’édition (comme pour le Trio) ne se
trouve que dans le volume correspondant de l’édition intégrale. Inutile
d’insister une fois de plus sur la clarté et la lisibilité de cette remarquable
édition.
MUSIQUE CHORALE
Chor aktuell pour voix de femmes, rassemblés par Kurt Suttner,
Mas Frey, Stefan Kalmer, Katrin Ehmer. Bosseverlag (http://www.bosse-verlag.de) :
BE 2498.
Voici un très abondant recueil qui comblera
les ensembles vocaux féminins. Il explore les répertoires sacrés et
profanes de la Renaissance à nos jours, incluant, pour l’époque la plus
récente, gospel et pop. Mêlant avec bonheur arrangements et pièces originales,
il couvre l’ensemble du monde. La France y est représentée par Caplet,
Poulenc et Duruflé. Soixante-douze pièces, toutes de grand intérêt, et
dans des genres variés, sont donc présentées avec le sérieux de ces
éditions : tables alphabétique, thématique, par compositeur, tout est fait
pour en rendre l’utilisation aussi aisée qu’agréable.
Joseph-Ermend
BONNAL : Adon Olam. Prière
hébraïque pour basse solo, chœur, orgue & orchestre. Réduction
chœur-orgue. Delatour : DLT1229.
Cette prière hébraïque se déroule dans un
climat de recueillement. Rien de mièvre dans cette écriture relativement
classique. C’est avec bonheur que l’on découvre les œuvres de cet élève
de Fauré, Guilmant & Tournemire, mort en 1944, trop peu connu et trop peu
joué.
Joseph-Ermend
BONNAL : Verbum supernum pour
chœur mixte a cappella (SATB). Delatour : DLT1233.
Cette version chorale du cantique au Saint-Sacrement Verbum supernum est à la fois
simple et d’une grande beauté par sa simplicité même. Couplets en majeur
ou en mineur se succèdent, illustrant discrètement le texte. Une strophe
polyphonique, une autre en choral simplement orné, bref cette œuvre est à la
fois variée et d’une grande unité. Ajoutons qu’elle n’offre aucune
difficulté pour une chorale un peu exercée.
Dynam-Victor
FUMET : Messe en do mineur pour chœur mixte (STB) &
orgue. Delatour : DLT1835.
Voici une très belle œuvre de ce
compositeur élève de César Franck, au parcours chaotique mais à la musique
très intéressante. Cette messe de proportions relativement modestes est
d’un grand intérêt, sans être extrêmement difficile. Elle est à la fois
méditative et mystique, dépourvue de toute sentimentalité ou théâtralité.
Dynam-Victor
FUMET : Tu es Petrus, pour chœur
mixte SATB a cappella. Delatour : DLT1883.
Nous revenons, avec cette pièce, au Salut
du Saint-Sacrement. Ce court répons plein d’énergie est conforme au texte
qu’il illustre. Une notice très intéressante sur le compositeur a été
jointe à cette œuvre d’un musicien atypique et trop peu connu.
VIOLONCELLE
Guy
PRINTEMPS : Sonate pour violoncelle
& piano. Combre : C06646.
Destinée à une fin de second cycle ou à un
troisième cycle, cette sonate de forme traditionnelle comporte un Allegro non
troppo à la rythmique changeante, un Andante paisible et un troisième mouvement
qui, après une cadence a piacere du violoncelle s’élance dans un allegretto giusto redoutable. Ajoutons
que la partie de piano, véritable partie concertante, demande également un
pianiste chevronné.
FLÛTE
Guy
PRINTEMPS : Sonate « à la
princesse inconnue » pour flûte & piano. Combre :
C06611.
Cette sonate en trois mouvements concerne
plutôt la fin du second cycle. Il s’agit d’une véritable sonate où
pianiste et flûtiste dialoguent sans discontinuer. Elle comporte les
trois mouvements traditionnels. Le premier est très fluide et change
souvent de tempo, le deuxième un largo lyrique, et le troisième un tempo giusto
au rythme exigeant, comportant une cadence de flûte digne d’un concerto. Œuvre
difficile mais attachante.
HAUTBOIS
Pascal
REBER : Arioso mélismatique en 4
versets pour hautbois & orgue. Compositeurs alsaciens, vol. 5.
Delatour : DLT1515.
Voilà une pièce où orgue & hautbois
s’expriment dans quatre versets de caractères contrastés, dans une écriture
d’une grande poésie rappelant la structure des mélodies grégoriennes.
CLARINETTE
Alexandre
RYDIN : Fantasia pour clarinette sib & piano. Combre :
C06685.
Cette très jolie pièce d’un compositeur
finlandais né à Lisbonne et qui a exercé son activité musicale au Conservatoire
de Lausanne est destinée à la fin du premier cycle. Elle commence par un
Moderato cantabile un peu rêveur, se continue par un Poco piu mosso triomphal
et se termine par un Quasi allegretto où la clarinette joue souplement en
binaire sur les triolets du piano. Voici une Fantasia qui mérite bien son nom.
SAXOPHONE
Marco
PÜTZ : Waltz & ragtime pour
saxophone & piano. Combre : C06666.
Écrits pour le deuxième cycle, cette valse
et ce ragtime sont, l’un et l’autre, pleins de charme. Tandis que la valse
est un peu nonchalante et mélancolique, le ragtime est, comme il se doit,
endiablé à souhait, le tout dans un langage simple où la partie de piano sera
avantageusement tenue, elle aussi, par un élève. Voilà, pour les deux
exécutants, beaucoup de plaisir en perspective.
TROMBONE / EUPHONIUM
Pascal
PROUST : 25 Variétudes pour trombone.
Combre : C0668.
Ces charmantes pièces pour trombone seul
parcourent, du nocturne à la polka tous les styles de musique, avec ce qu’il
faut de poésie et d’humour pour en faire goûter le charme. Pièces assez
faciles destinées au premier cycle.
Marco
PÜTZ : Poids lourds pour
euphonium & piano. Combre : C0689.
Deux poids lourds sont proposés : l’« Hippopotame »,
et le « Petit éléphant ». Ces charmants mastodontes devraient faire
la joie des deux instrumentistes, unis dans des pièces pleines d’humour et de
poésie.
Max MÈREAUX : Escapade pour trombone & piano.
Lafitan : P.L.2081.
Cette pièce de niveau préparatoire possède
un charme certain. Elle évoque les romances début de siècle (le XXe !)
et comporte tous les éléments typiques de cette époque : la cadence de
trombone, suivie d’une fin en valeurs (sagement) dédoublées. Bref,
beaucoup de plaisir en perspective pour les deux interprètes : le piano
n’est pas oublié !
PERCUSSIONS
Jean-Maurice
LENNE : KALLIMA. Pièce
pour caisse claire & grosse caisse à pédale. Niveau 3e cycle.
Lafitan : P.L.2083.
Le titre fait allusion à la fois aux
racines nordiques du compositeur : le kali est une plante du littoral de
la mer du Nord et de la Manche… Mais il y a aussi une allusion à Kali,
déesse de la mort ! Loin d’être mortelle, cette pièce doit être
jouée avec précision et dans un grand respect des nuances.
Julien
PONDÉ : Il était une caisse, pour caisse claire
& piano. Niveau préparatoire. Lafitan : P.L.2085.
Cette
pièce pleine de dynamisme permet à un batteur & à un pianiste de niveau
moyen de jouer ensemble, ce qui n’est pas si fréquent ! Elle oblige
les deux instrumentistes à une rigueur rythmique de bon aloi. Ajoutons
que la partie de piano n’est pas un simple accompagnement mais joue un rôle
mélodique qui la rend particulièrement intéressante.
Bernard ZIELINSKI & Arletta ELSAYARY : Dracu Rythm’. Pièce pour
caisse claire & piano (dédiée à Stéphan Fougeroux, caisse claire
solo à l’Orchestre philharmonique de Strasbourg). Lafitan :
P.L.1952.
Les
auteurs précisent au batteur que « cette pièce a pour principal objet de [les] habituer à jouer avec un pianiste,
dès [leurs] premières années d’apprentissage ». À la fois test
technique et de musicalité pour les deux instrumentistes, elle est destinée au
niveau préparatoire.
Bernard
ZIELINSKI & Michel NIERENBERGER : Ô miroir,
mon beau miroir ! Pièce pour caisse claire & piano (dédiée
à la confrérie des batteurs des HSMA). Niveau premier cycle. Lafitan :
P.L.2020.
Pour comprendre la dédicace, il suffit
d’ouvrir la couverture ou de taper HSMA dans son moteur de recherche
favori… Par leur titre, les auteurs invitent les futurs interprètes à se
mirer dans leur pièce pour évaluer leurs acquis techniques… Mais pas
seulement : c’est un bien joli miroir que présentent les auteurs.
Aux exécutants de ne pas en faire… un miroir déformant !
Thierry
DELERUYELLE : Ohayô Clémence pour
xylophone & piano. Niveau 1er cycle, 3e année.
Lafitan : P.L.1949.
« Cette pièce est une ode à la
naissance d’une petite Clémence dont la mère est japonaise et le père
français ». On y trouve deux parties, la première à sonorités
japonisantes, la deuxième, plus lente, aux sonorités occidentales. Un
final dans un tempo rapide clôt le tout. La partie de piano n’offre guère
de difficulté et sera jouée avec profit par un élève.
Daniel Blackstone
Les éditions de l’Homme (www.editions-homme.com), distr. Interforum
Editis (tél. : 01 49 59 11 56. www.interforum.fr) publient - & pour la
guitare & pour le piano - pas moins de 360 accords, dans toutes leurs
possibles dispositions. Un accord par page. 17,8 x 12,7 cm,
384 p.
Pour
le piano :
tous types d’accords, s’appliquant à tous styles de musique : classique,
jazz, blues, rock, pop, country…
Pour
la guitare :
s’adresse tant au débutant qu’au guitariste chevronné. Concerne tous
styles de musique.
Les éditions François Dhalmann (10, rue de Bienne,
67000 Strasbourg. Tél. : 03 88 48 49 89. www.dhalmann.fr)
poursuivent, avec bonheur, leur politique de publication de compositeurs d’aujourd’hui.
Cinq parutions récentes :
- Jean-Jacques
FIMBEL : Ciné-club, 4 courtes
pièces pour la fin du 1er cycle de guitare (Facile)
- Éric
FISCHER : Cinq raccourcis vers
le lointain,
pour violoncelle & piano (Moyen/difficile)
- Thomas
HOLZINGER : HA ! Tsss, pour
ensemble de percussions à trois voix (Moyen)
- Bruno
GINER : Deux ou trois choses
d’elle… pour piano (Difficile)
- Bernard
ZIELINSKI : Effets spéciaux, pour
caisse-claire solo (Très difficile)
-
Francis Gérimont.
***
Laurent GUIRARD
(dir.) : 50 ans de psychologie de la musique. L’école de Robert
Francès. Montauban, AleXitere éditions (alexitere@medecine-des-arts.com),
2010, 206 p. 25 €.
Depuis près d’un
demi-siècle, la musicologie - en tant que discipline d’abord historique et
littéraire - s’est ouverte dans de nombreuses directions, d’abord vers la
psychologie de la musique dont le Professeur R. Francès a été l’instigateur,
bientôt suivi par M. Imberty, J.-P. Mialaret et A. Zenatti, alors
étudiants à l’Institut de musicologie de la Sorbonne. Après avoir défini
ses méthodes et concepts, cette tendance s’est rapidement élargie autour de la
perception de la musique et du jugement esthétique… jusqu’au « rapport
épistémique entre musique et neurosciences ». Les implications
didactiques et pédagogiques aboutissent à l’expertise musicale ou encore au
concept d’« affect de vitalité ». Cette nouvelle approche du
fait musical — lancée par R. Francès et son Laboratoire de psychologie de
la culture, à l’Université de Paris-X Nanterre qui ont largement fait école - a
suscité une riche bibliographie et s’est intégrée à la communauté scientifique
internationale.

Édith Weber.
Julien RIGAL : Mylène Farmer. La culture de l’inaccessibilité. Éditions Premium.
Discographie. 208 p. 18,90 €.
Peut-on analyser autrement qu’en termes
financiers les productions (par ailleurs malignes & agréablement ridicules)
de la « cultissime » star rousse ? Apparemment pas.
Réservé aux fans.

Paul Gontcharoff.
Gérard DENIZEAU : Gioacchino
Rossini. Bleu nuit éditeur. 176 p., ill. n&b,
ex.mus. 20 €.
Composé de sept chapitres,
allant des « années d’apprentissage » au « génie théâtral vu par
Annick Massis », en passant par « l’éclatante apothéose
napolitaine » ou encore la « consécration parisienne », ce petit
ouvrage, écrit sous la plume alerte de Gérard Denizeau, offre un panorama
vivant et coloré de la vie et de l’œuvre rossiniennes. De belles
iconographies en noir & blanc ainsi que quelques exemples musicaux viennent
enrichir les explications très claires de ces opéras pour certains si connus,
comme Le Barbier de Séville, L’Italienne à Alger ou encore La Pie voleuse. Gérard Denizeau, connu pour ses ouvrages sur la
musique et les arts visuels, explique fort bien l’évolution du style de Rossini,
comme par exemple dans La Cenerentola (Cendrillon) :
- « Au
service de ce livret, qui n’exclut ni la gravité ni la légèreté, Rossini
écrit une musique avant tout caractérisée par les complexités neuves d’une
ornementation vocale dont la grande virtuosité sert l’émotion sans altérer
la cohérence narrative. Par ailleurs, renouvelant le tour de force
de plusieurs partitions antérieures, il met en jeu un orchestre
étincelant, aussi expressif dans la variété des timbres qu’équilibré dans
la distribution des pupitres. » (p.72)
De même, le contexte
socio-historique est adroitement évoqué et la place de Rossini éloquemment
soulignée. Au total, moins développé que la Vi de Rossini de Stendhal et plus directement ciblé sur l’ensemble des œuvres, ce petit
ouvrage se révélera vraiment utile au lecteur curieux. Une bonne
collection que celle ici entamée par les éditions Bleu nuit.
À suivre...

Laurence
Le Diagon-Jacquin.
Christian
DUPAVILLON : Naissance de l’opéra en France. Orfeo, Paris,
2 mars 1647. « Les chemins de la musique »,
Fayard. 13,5 x 21,5 cm. 320 p., cahier d’illustrations
n&b et couleurs. 25 €.
À l’initiative du
cardinal Mazarin, l’Orfeo de Luigi Rossi aura été – dans la
représentation scénique de Torelli - le premier opéra représenté en France.
Troupe d’Italiens dans laquelle figuraient castrats (!) et savantes machineries…
Un formidable choc culturel qui sera aux sources de la Fronde. Christian
Dupavillon – qui, de 1990 à 1993, fut directeur du Patrimoine au ministère de
la Culture – mêle à l’histoire de l’opéra, celles du théâtre et de
l’architecture. À cette Journée « qui aura fait la
France » (2 mars 1647), il lie toute une postérité lyrique et
politique… En cinq parties : Oh ! noces funestes ! /
Theatrum machinarum / « Donzelle morte, à ce qu’on dit,
par un lézard qui la mordit » / Un affreux désert / L’apothéose.

Ruth
WRIGHT (Edited by) : Sociology and Music Education.
« Sempre : Studies in the psychology of music », Ashgate (www.ashgate.com). Hardback.
Relié sous jaquette, 16 x 24 cm, 322 p., tableaux. £55.00
(Website price : £49.50).
Ruth Wright (The University
of Western Ontario, Canada) a ici réuni les contributions de 15 éminents
chercheurs & praticiens, issus d’universités américaines ou européennes, afin
de donner, à l’Éducation musicale, un large socle sociologique. Vues
théoriques assorties de nombreux exemples tirés du vécu d’enseignants,
illustrant notamment les plus innovantes applications de la recherche. Postface
par Christopher Small.

Pierre-François PINAUD : « Un
havre maçonnique : la Chapelle impériale des Tuileries (1802-1815) », in Chroniques d’histoire maçonnique, n°66, 2010 (Iderm – 16, rue
Cadet, Paris IXe). 15 x 21 cm, 100 p., 10,00 €.
Dans cet article
fort circonstancié sur la Chapelle-Musique de l’empereur [s’inscrivant dans la
recherche que mène l’auteur sur « Les musiciens francs-maçons à Paris,
au temps de Napoléon »], sont relatés les débuts modestes de
l’institution (1802-1806), puis ses années de gloire (1806-1815) qui virent un
large recrutement de « frères à talents ». Sont enfin décrits public
& vie quotidienne de la Chapelle. Cette livraison comporte, en outre,
des articles sur : « Littérature & franc-maçonnerie », « Les
loges françaises à New York au XVIIIe siècle »,
« La guerre civile espagnole », ainsi que tout un dossier consacré au
pasteur, franc-maçon et homme politique Frédéric Desmons (1832-1910).

Thierry BENARDEAU
& Marcel PINEAU : L’opéra. « Repères pratiques »,
Nathan. 15 x 21 cm, 160 p., ill. couleurs.
11,60 €.
Des origines au XXe siècle, ce
petit guide présente l’opéra sous ses différents aspects. En
6 parties : Histoire, Tradition & renouveau, Modèles &
techniques (élaboration, terminologie, thèmes, livrets…), Univers lyrique, Formes,
Grandes œuvres du répertoire. (une quinzaine) Ouvrage sommaire, mais bien
documenté et accessible à tous publics.

« L’Avant-Scène Opéra » (www.asopera.com) n°257 : Dialogue
des Carmélites, de Francis Poulenc (1899-1963). 17 x
24,5 cm, 146 p., ill. n&b et couleurs, ex. mus.
25 €.
Outre l’intégralité du livret de
G. Bernanos et Fr. Poulenc, sont - comme à l’accoutumée dans cette
irremplaçable collection – proposés, suite à divers prolégomènes (signés Chantal Cazaux
& Jean de Solliers) : des « Regards sur l’œuvre »
(Pierre Enckell, Myriam Chimènes, Jean Roy, Claude Coste,
Denis Waleckx, Francis Poulenc & Claude Rostand,
Denise Duval, Régine Crespin) ; « Écouter, voir et lire »
(Discographie & vidéographie, par Didier van Moere / L’œuvre
à l’affiche dans le monde, par Elisabetta Soldini). Hors dossier :
Sélection de CDs, DVDs et livres / Glyndebourne 2010.
« L’Avant-Scène Opéra » (www.asopera.com), n°258 : Mathis le
peintre, de Paul Hindemith (1895-1963). 17 x 24,5 cm,
146 p., ill. n&b et couleurs, ex. mus. 25 €.
Sur Mathis le peintre, opéra
d’Hindemith créé à Zurich en 1938, bien des choses ont certes été
écrites. Mais rien de comparable avec cette fort érudite publication,
proposant : Livret intégral (bilingue) et Guide d’écoute / Hindemith,
un parcours singulier / Mathis Gothart Nithart, dit Matthias Grünewald /
De la symphonie à l’opéra / Mathis & la Guerre des paysans, Hindemith
& le IIIe Reich / Furtwängler & le cas
Hindemith / « L’opéra d’artiste » (Künstleoper) et
ses enjeux / Discographie comparée. Hors dossier :
Sélection de CDs et DVDs / En direct de… festivals 2010.

Jacques De DECKER. Wagner.
Inédit. « Folio Biographies n°70 », Gallimard. Format de poche,
288 p., cahier d’ill. n&b et couleurs. 7,70 €.
Nulle fracassante révélation dans cette
remarquable synthèse de la vie d’un géant dont l’œuvre, de dimensions
stupéfiantes, n’a certes pas fini de déclencher des passions
contradictoires. Ainsi à celui qui, un jour, déclara : « Je
détruirai l’ordre établi qui sépare le plaisir du travail, qui fait du travail
un fardeau et du plaisir un vice, qui rend un homme misérable par indigence,
l’autre par surabondance », Leonard Bernstein ne répondit-il pas :
« I hate you on my knees » (« Je vous hais en me prosternant »)…
Sous la plume alerte de Jacques De Decker – romancier, nouvelliste,
librettiste, auteur dramatique… - voici le vade-mecum biographique qui, jusqu’à
présent, faisait tant défaut. Repères chronologiques, références
bibliographiques, discographie sélective.

Sylvain FORT : Giacomo Puccini (1858-1924).
Préface de Roberto Alagna. Actes Sud/Classica (www.actes-sud.fr). 10 x
19 cm, 160 p. 16 €.
Bien moins connue est la vie du compositeur
que ses opéras. Aussi cette petite biographie (enrichie d’une
chronologie, d’index, de repères bibliographiques & d’une discographie sélective)
est-elle particulièrement bienvenue. Trois parties : Jalons/ Figures/
Pucciniana. Où il est heureusement fait bon marché de toutes les fielleuses
critiques dont ce compositeur fut naguère la cible. Quoi qu’en ait Schönberg,
qui disait : « J’ai toujours été fier de la présence de Puccini à la
création du Pierrot lunaire »…

Anne-Marie FAUCHER : La mélodie
française contemporaine : transmission ou transgression ? Préface
de Sylvie Douche. « Univers musical »,
L’Harmattan. 13,5 x 21,5 cm, 326 p. 29 €.
Fort d’une thèse soutenue en Sorbonne (2003),
ce remarquable ouvrage s’adresse à tout passionné de poésie et de musique
vocale. Après son âge d’or (seconde partie du XIXe siècle
& tout début du XXe), la mélodie française connut certes bien
des avatars - dérivant notamment vers le lied, la cantate, si ce n’est le
théâtre musical. À partir d’entretiens ou la lecture d’écrits de
compositeurs, Anne-Marie Faucher éclaire ce nouveau panorama. En cinq parties : L’écho du poème (Decoust, Guérinel, Casanova, Nigg, Condé, Bon), L’ouverture
du poème (Chaynes, Giraud, Bancquart, Manoury, Fénelon), La transmission
du poème (Mefano, Boulez, Miereanu, Amy), Le travail sur la langue (Boucourechliev, Bœuf, Reverdy, Dusapin), Les expressions de la théâtralité (émotions, théâtralité distanciée, geste musical).

Olivier LUSSAC : Fluxus et la
musique. Les Presses du réel (www.lespressesdureel.com).
13 x 17 cm, 334 p. 22 €.
Influencés par Dada, John Cage, Marcel
Duchamp mais aussi Satie & le bouddhisme zen, les membres du groupe
artistique Fluxus tentèrent, dans les années 60, d’abolir les frontières
qui séparaient leurs différentes disciplines. Citons George Maciunas
(1931-1978), galeriste & éditeur américain, gurû : « Les
objectifs de Fluxus sont sociaux (non esthétiques) […] Ils ont affaire avec
l’élimination progressive des beaux-arts. […] Fluxus est définitivement contre
l’objet-art en tant que commodité non fonctionnelle ». Parmi les
musiciens ayant dans ces eaux frayé, citons : Earle Brown,
Joseph Byrd, Yôko Ono, Terry Riley, George Brecht,
David Tudor, Walter Marchetti, La Monte Young…
Six chapitres : New York 1960/ Hommage à John Cage/
Originale/ Dissidences musicales/ Préludes à de nouvelles musiques/ Musique
pour une révolution.

Gérard DENIZEAU : Chefs-d’œuvre des
musées en province. Nouvelles éditions Scala (11, rue
Jean-de-Beauvais, Paris Ve). Grand album,
23,5 x 29,5 cm, 260 p. ill. couleurs. 39 €.
La prolificité de notre éminent collaborateur
Gérard Denizeau semble ne jamais devoir se tarir. Ce sont, cette fois, quelque
200 chefs-d’œuvre des musées en province – nouvel & virtuel
« musée imaginaire » - qu’il nous présente et analyse. Au
fil de 4 grands chapitres : Moyen Âge et Renaissance (La
première peinture européenne), Baroque et classicisme (L’univers
pictural des Temps modernes), Néoclassicisme, romantisme, réalisme (Autour de la Révolution), Symbolisme, impressionnisme, expressionnisme (Métamorphoses du XIXe siècle). Non
sans évoquer, dans « Un musée des musées » (propos liminaire), l’architecture
des 70 musées différents dont il a retenu les toiles. Éblouissant…
à l’ordinaire !

Réal LA ROCHELLE : Lenny Bernstein
au parc La Fontaine. Récit, quàsi une fantasia.
Triptyque (www.triptyque.qc.ca).
Distr. : 01 43 54 49 02. www.librairieduquebec.fr 13,5 x 21 cm, 100 p. 18 $.
Ce bref récit romancé relate les principaux
épisodes des visites de « Lenny » à Montréal (en 1944 et 1945), où
débuta sa fulgurante carrière internationale. Découverte du Québec, mais
aussi de la langue française et de personnalités qui le marqueront
profondément.

Jean-Sébastien MARSAN : Le Petit
Wazoo. Initiation rapide, efficace & sans douleur à l’œuvre de
Frank Zappa. Essai. Préface de Réjean Beaucage.
Triptyque (www.triptyque.qc.ca).
Distr. : 01 43 54 49 02. (www.librairieduquebec.fr).
15 x 23 cm, 172 p. 25,75 €.
La première moitié de l’ouvrage s’adresse
au néophyte désireux de découvrir qui furent Zappa & les mythiques Mothers of Invention.
La seconde moitié est une chronologie détaillée de la vie et de l’œuvre d’un
provocateur hors normes (qui aura séduit jusqu’à un Pierre Boulez),
synthétisant tout ce qui a pu être dit ou écrit sur lui. Bibliographie, index
rerum et nominum.

Marc ORY : Zanipolo.
Roman. Triptyque (www.triptyque.qc.ca).
Distr. : 01 43 54 49 02. (www.librairieduquebec.fr).
15 x 23 cm, 172 p. 20,15 €.
Splendeur de l’écriture ! Peu importe,
à la limite, ce que nous conte ici Marc Ory, d’emblée nous sommes embarqués !
Et pourtant rien de moins indifférent que cette sombre affaire dans la Venise
fastueuse du XVIIIe siècle, où un mystérieux personnage
bouleverse la scène musicale de la Cité des Doges. Au soir de sa vie, le
peintre Francesco Guardi se remémore divers cataclysmes et vit un rêve, le
temps d’un concert.

Anne-Marie GROSSER : Trésors
d’enfance. Anthologie thématique de la chanson d’enfants.
« Histoire de France : de l’homme de Cro-Magnon à la fin du XIXe siècle ».
Fuzeau Musique (www.musique-education.com).
17 x 24 cm, 208 p., ex. mus., dessins d’enfants en
couleurs, 2CDs. 38 €.
Cette anthologie thématique de la chanson
d’enfants regroupera, in fine, quelque 30 recueils répartis en
4 coffrets : Les animaux (paru en 2003) / La nature & les
plantes (paru en 2005) / Les hommes & les métiers (dont la présente Histoire
de France constitue le premier recueil) / Les saisons & les
fêtes. Sont évoqués les événements heureux ou dramatiques de notre pays -
à travers chansons de geste, complaintes, appels patriotiques ou chansons de
soldats, chansons des mœurs de Cour ou révolutionnaires, de
« lettrés » ou de « gens sans importance », chansons
d’enfants (comptines, jeux chantés et autres enfantines). Une superbe
compilation.

Michel TRIHOREAU : La chanson de
proximité. Caveaux, cabarets et autres petits lieux. Préface
d’Alain Leprest. « Cabaret », L’Harmattan. 13,5 x
21,5 cm, 188 p., 18 €.
Où Michel Trihoreau, journaliste spécialisé
dans la chanson, nous fait visiter caveaux, cabarets, goguettes, caf’con’, tous petits lieux de proximité qui virent naître ce genre si singulier qu’est
la chanson française - et ce, depuis l’historique « Caveau » des
Lumières jusqu’aux petites scènes conviviales d’aujourd’hui. En
neuf chapitres : Traces historiques/ Origines populaires/ Les
cabarets première génération/ D’une rive à l’autre/ L’âge d’or/
Le schisme (Mai 68 : et après ?)/ L’éternel retour/
Proximité & humanité/ La révolution tranquille. Avec, en guise de
conclusion : Chanson-produit ou chanson populaire ?

Rusty CUTCHIN (Consultant) : Légendes
de la guitare. Préface de Mick Taylor.
Hors Collection (www.horscollection.com).
17 x 16 cm, 352 p., ill. n&b et couleurs.
13,90 €.
Classés alphabétiquement, voici réunis quelque
160 guitaristes – icônes du rock & de la pop, interprètes classiques
ou musiciens latinos. Compact et maniable, cet album superbement illustré
présente, en vis-à-vis, photos des artistes et principaux éléments
biographiques. Pour fans de la « gratte », un vade-mecum !

Nombreuses paraissent les
monographies consacrées à des vedettes du show-business.
Amanda STHERS : Liberace (1919-1987).
Plon (www.plon.fr). 13 x
20 cm, 122 p., 16 €.
Pianiste virtuose des années 1960, Liberace
scandalisa l’Amérique puritaine en contraignant son amant à remodeler son
visage afin qu’il lui ressemblât trait pour trait. Il mourut du sida en
1987. Amanda Sthers a ici écrit une confession fictive.
. 
David FOENKINOS : Lennon.
Plon (www.plon.fr). 13 x
20 cm, 234 p., 18 €.
Imaginant les confessions du créateur des
Beatles, et s’emparant d’une période méconnue de sa vie (de 1975, date à laquelle
il décida d’interrompre sa carrière, jusqu’à son assassinat par un
déséquilibré, le 8 décembre 1980), David Foenkinos dresse ici son portrait
intime, auprès notamment de Yoko Ono.

Bruno LESPRIT & Olivier NUC : Bashung
l’imprudent (1947-2009). Don Quichotte (www.donquichotte-editions.com).
14 x 22,5 cm, 368 p. 19,90 €.
Sous la plume de deux éminents journalistes
spécialisés, cette biographie de l’interprète de Madame rêve propose le décryptage d’un personnage qui demeura longtemps énigmatique.

POUR LES PLUS JEUNES
Christian POCHÉ : Dix récits pour
découvrir la musique arabe. Institut du Monde arabe (tél. :
01 40 51 38 38. www.imarabe.org).
21 x 15 cm, 30 p., ill. couleurs. 6 €.
Par le réputé ethnomusicologue Christian
Poché, voici – destiné à de jeunes lecteurs - un charmant recueil de fables
empruntées à la littérature classique arabe - merveilleusement iconographiées.
Chaque récit illustre un aspect particulier de la musique arabe : L’apparition
du chant/ Le dromadaire & le mètre/ Le désespoir d’un père/ Le Prophète
& les deux chanteuses/ Le Prophète & la femme au tambourin/ Les
largesses de l’émir/ Les fourmis ravageuses/ Les récriminations d’un poète/ Le
rire, les larmes & le sommeil/ La fausse note.

FINZO : Ali Baba ou les Quarante
Voleurs. Album illustré par Lucie Balanca &
Virginie Bergeret. Opéra national du Rhin (www.operanationaldurhin.eu).
20 x 20 cm, 42 p., ill. couleurs. 5 €.
Inspiré de l’opéra pour enfants Ali Baba
ou les Quarante Voleurs d’après Luigi Cherubini (première mondiale
le 15 décembre 2010, à Colmar), ce joyeux petit album relate l’histoire de
Délia que son père Ali Baba veut marier au puissant Aboul-Hassan, alors qu’elle
a promis son cœur à Nadir, jeune homme sans fortune. Mais la découverte
d’un fabuleux trésor arrangera tout cela, bien entendu…

Sébastien ROST (textes & dessins) &
Nicolas PANTALACCI (musique & texte des chansons) : L’incroyable
histoire de Gaston et Lucie. Dès 4 ans. Enfance et musique
(www.enfancemusique.com). Un
album cartonné (20,5 x 21,5 cm, 52 pages couleurs) avec CD
(21 pistes). 19,90 €.
À Boville, tout le monde se trouve beau,
mais juge Gaston laid… Cependant qu’un matin le soleil refuse de se
lever, Gaston se chargera de tirer les choses… au clair ! Plaisante
défense et illustration de l’acceptation de l’autre, dans sa différence. Fort
joyeuses musiques signées Nicolas Pantalacci, alias
« Monsieur Lune ». Chanteurs : Gérard Genty,
Yves Jamait, Oldelav & monsieur D, Carmen Maria Vega,
Ben Ricour, Cécile Hercule. Récitant :
Pierre Santini. Consulter : www.gastonetlucie.fr

Rémi COURGEON (Auteur et illustrateur) : La harpe. « Les albums du Père Castor », Flammarion (www.editions.flammarion.com).
Album cartonné. 24,5 x 31 cm, 32 pages quadri.
13 €.
Du haut de ses 10 ans, Louise est très
complexée mais rêve de célébrité. Elle trouve une harpe dans le grenier
de sa nouvelle maison et décide d’apprendre à en jouer. Et de se
découvrir un talent insoupçonné… Héroïne attachante, aux prises avec la
difficulté de grandir. Délicieuses illustrations.

Agnès CHAUMIÉ & Isabelle
CAILLARD : C’est Noël ! Livre-disque.
Illustrations : Christine Thouzeau. Enfance et musique (www.enfancemusique.com). Distrib. :
Au Merle moqueur (01 48 10 30 31. b.caillard@aumerlemoqueur.com).
Album cartonné (17,5 x 17,5 cm, 36 pages couleurs) avec
CD. 15,00 €.
Ce bel album & l’enregistrement de neuf
célèbres chansons vous permettront de créer, dès le 24 décembre,
l’ambiance idoine : Mon beau sapin / C’est Noël, alléluia /
Chantons Nolet / Il est né, le divin enfant / Neige /
L’as-tu vu ? / Le cadeau / Michaud veillait / La hotte
du Père Noël.

Francis Cousté.
***
Haut
BEETHOVEN : Sonates pour violon & piano op.12
n°1, op.23, op.30 n°2 et 3. Alina Ibragimova (violon), Cédric Tiberghien
(piano). Wigmore Hall Live : WHLive0036 (distr. Codaex).
Captation d’un concert du 27 octobre 2009,
l’interprétation de ces duettistes révèle un fascinant travail sur les
dynamiques, les accents et le phrasé, tous éléments auxquels le compositeur
apportait un soin particulier, comme l’indique Misha Donat dans sa notice
où il décrit le manuscrit de la Sonate op.30 n°3 conservé à la British Library. Des œuvres pourtant si fréquentées
reçoivent une nouvelle jeunesse par le rebond, la vitalité qui animent de bout
en bout ce périple beethovenien. Le son un peu rêche d’Alina Ibragimova
n’a guère de séduction intrinsèque, au contraire de celui, lumineusement pur et
modulé avec précision, de Cédric Tiberghien, mais l’attentive
collaboration conduit d’un élan homogène les prestes évolutions des deux
musiciens. Un disque d’une sève tonifiante !
Hans-Werner
HENZE : Appassionatamente plus.
Alban BERG : Lulu-Suite.
Julia Bauer (soprano). Essener Philharmoniker, dir.
Stefan Soltesz. Cybele : SACD 860.801
(distr. Codaex).
Il est décidément dans l’air du temps de
rapprocher Henze et Berg, et ce couplage de deux suites symphoniques tirées par
les compositeurs de leurs opéras fonctionne bien. L’Orchestre
philharmonique d’Essen, conduit par son Generalmusikdirektor Stefan Soltesz avec un souci du beau son, enveloppe d’un riche velours
la musique crépusculaire de Berg, au lyrisme de fin d’un monde reflétant ce que
vivait Berg, à un an de sa mort, dans la dictature nazie triomphante.
L’opéra de Henze Das verratene Meer traite de la violence urbaine dans un Japon contemporain encore hanté
d’archétypes : en 2003, le compositeur donna une version augmentée de la
suite orchestrale qu’il en avait extraite en 1994. La vaste palette de
percussions suggère le cadre extrême-oriental en même temps que les ravages
émotionnels décrits dans le livret, mais l’expressivité favorisée par le
déroulement musical finit par laisser les épisodes de la romance amoureuse prendre le dessus par rapport à la crudité
nihiliste déchaînant l’engrenage de la violence.
Kopatchinskaja Rapsodia : Musique folklorique de Moldavie + œuvres d’Enesco,
Ravel, Ligeti, Kurtág, Dinicu, Sanchez-Chiong.
Patricia Kopatchinskaja (violon) en compagnie de ses parents
Viktor Kopatchinsky (cymbalum) et Emilia Kopatchinskaja (violon &
alto), Mihaela Ursuleasa (piano), Martin Gjakonovsky (contrebasse). Naïve :
V5193.
Virtuose inclassable, électron libre et
incontrôlable, la jeune violoniste moldave nous invite à feuilleter son album
(musical) de famille. Ainsi environnée de musique traditionnelle jouée
avec flamme par son père, virtuose du cymbalum, et sa mère, qui lui inculqua l’amour
du violon, Patricia Kopatchinskaja éclaire avec un son radieux les racines
d’œuvres du répertoire. La 3e Sonate d’Enesco est considérée comme un défi tant son auteur, lui-même virtuose
hors-pair, l’a parsemée de difficultés (et pas seulement de stratosphériques
harmoniques !) et d’indications destinées à guider l’interprète vers
l’évocation d’une atmosphère folklorique sublimée. Mais la Moldave et sa
partenaire roumaine Mihaela Ursuleasa chantent dans leur idiome, et la Sonate coule d’évidence, ainsi que le Ménestrel extrait des Impressions d’enfance du même.
À l’heure où paraît un livre sur György Ligeti et la musique populaire (Symétrie),
le Duo que PatKop a enregistré en
re-recording avec elle-même (sa collaboration la plus difficile,
dit-elle !) en fournit l’illustration. Quant aux miniatures
quintessenciées de Kurtág, elles présentent la caractéristique d’être
authentiquement écrites pour violon et cymbalum. Le défi plus improbable
consistait à ramener le folklore inventé de Ravel vers des sonorités authentiques :
on sait que Ravel avait écrit la partie de piano de Tzigane pour un éphémère instrument, le luthéal, dont le son
tendait à se rapprocher du cymbalum. Armé de cette certitude,
Viktor Kopatchinsky a réécrit l’accompagnement ravélien pour l’ambitus et
le mode de jeu du cymbalum ; certes il nous manque l’étendue du piano, et
l’étagement harmonique des basses, mais l’expérience valait d’être tentée, et
la virtuosité de la violoniste est sans faille. Si vous cherchez un
moment de dépaysement qui vous rappelle l’immarcescible sève à laquelle tout un
chacun est redevable, vous ne regretterez pas ce disque.
Vincent
PAULET : La Ballade des pendus,
Partita 2, Sonatine pour violon & piano, Sonate pour
violoncelle & piano, Nuit, Sur un nuage.
Jean-Michel Dayez (piano), Florent Héau (clarinette),
Marion Ralincourt (flûte), Xavier Gagnepain (violoncelle),
Arnaud Vallin (violon), Quatuor Parisii, Isabel Soccoja
(mezzo-soprano), dir. Nicolas Krüger. Hortus : 080 (http://shop.editionshortus.com).
Vincent Paulet possède l’art d’installer un
climat dès les premières notes : insérez La Ballade des pendus (1988) dans votre lecteur de CD, et vous vous
sentirez aussitôt sur une lande désolée où souffle un vent nocturne et où se
dresse le gibet menaçant François Villon. Chaque strophe du poème,
chantée avec une compassion concentrée par Isabel Soccoja, fait l’objet
d’un commentaire instrumental aux lignes pures et aux fusées s’inscrivant dans
une modernité pliée à l’expression la plus sentie. D’un seul souffle,
d’une seule âme, les admirables instrumentistes (Jean-Michel Dayez,
Florent Héau, le Quatuor Parisii) réunis sous la direction de
Nicolas Krüger, semblent exhaler une émotion miraculeusement fusionnelle,
toute intempérance susceptible de l’entamer étant soigneusement
proscrite. De la même période (1987), la Partita 2 installe dès le premier mouvement le pivot du do grave de la flûte comme pour poser
l’assise favorable à la réflexion ; alternent alors l’exubérance et la
méditation, menées avec une infinie délicatesse de touche par
Marion Ralincourt et Jean-Michel Dayez.
En 1995 et 1996, Paulet développa des
éléments issus d’une pièce de théâtre musical : en résultèrent Nuit pour piano, dont les
bouillonnements s’éveillent d’une ténébreuse rêverie, puis la Sonate pour violoncelle & piano,
jouant de réminiscences stylistiques éparses (dont La Valse de Ravel), mais d’une écriture moins convaincante
dans sa nudité. La micro-Sonatine pour violon & piano de 2003 (trois mouvements en trois minutes, qui dit
mieux, Webern excepté ?) semble d’abord transformer les instrumentistes en
derviches-tourneurs, avant un mouvement central aussi tragiquement désolé que La Ballade des pendus et un finale
incisif. La plus récente pièce, Sur
un nuage, qui fait tournoyer en moins de trois minutes des humeurs…
atmosphériques, précède juste Volcaniques qui sera créée le 19 novembre prochain à Pleyel par l’Orchestre
philharmonique de Radio France sous la direction de Lawrence Foster.
Après le poignant De profundis (Hortus : 036), la deuxième monographie consacrée
par le label Hortus à Vincent Paulet consacre un créateur mû par une
sensibilité soucieuse de sa seule vérité intérieure, indépendamment de tout
apparentement d’école.
RACHMANINOFF : Variations Corelli, Préludes en sol# mineur, ut# mineur, sol mineur,
Moments musicaux op.16 n°2, 3, 4. SAINT-SAËNS : Allegro appassionato op.70, Toccata
op.72, Études op.52 n°2, op.111 n°1 et 6, op.135 n°4. David Bismuth.
AmeSon : ASCP 1020 (distr. Codaex).
Un disque Franck-Fauré paru en 2004 sous le même label nous avait captivé par sa profondeur de
pensée ; aujourd’hui, David Bismuth associe deux fameux
virtuoses-compositeurs, Rachmaninov et Saint-Saëns, pour éclairer ces parcours
en « parallèles décalées » – oserions-nous écrire – par un choix
judicieux de pièces. Le rapprochement avec l’esprit français n’est pas
incongru si l’on écoute avec quel art David Bismuth tire les Variations Corelli de Rachmaninoff
vers une élocution claire et classicisante à l’intérieur de laquelle va
s’instiller progressivement le ton nostalgique du Russe exilé. On entend
se dessiner une interprétation très psychologique, à l’intériorité mûrement
méditée, qui acquiert ainsi une valeur peu commune. L’ensemble de ses lectures
de Rachmaninov s’interdit d’ailleurs tout brillant factice, nous menant à une
écoute « purifiée », en communion de cœur avec le dévoilement humain
de cette musique. Les Moments musicaux choisis apparaissent comme des moments de confession intime. L’entrée
dans la partie Saint-Saëns (Allegro
appassionato) se fait par trois octaves qui pourraient émaner de
Rachmaninoff, même si elles bifurquent ensuite vers de cristallines cascades
d’une élégance plus « objective », encore que de tendres échappées contournent
ce masque sommairement plaqué sur la figure de Saint-Saëns. Sachons gré à
David Bismuth de nous mettre en sympathie avec un Saint-Saëns moins
monolithique qu’on ne l’a prétendu, même à travers le filtre, pour le coup très
« objectif » et démonstratif, d’Études et de Toccatas. C’est
d’ailleurs par un moment de pur brio lisztien, l’adaptation de la Toccata
finale du Concerto « Égyptien » sous couvert d’Étude op.111 n°6, que se referme ce
programme sans faille.
Un Bösendorfer Imperial de
1980 a
généreusement été mis
à la disposition de l’artiste, offrant à la gravité de son propos les basses
exceptionnelles de ce modèle d’instrument, même si celui-ci présente un défaut
dans une zone précise du médium-aigu sonnant trop cru. Par ailleurs, la prise
de son ne rééquilibre pas tout à fait l’acoustique un peu sèche d’une pièce de
demeure privée, ou alors elle compense par des compromis, comme dans le Prélude en sol mineur, curieusement « flouté », ce qui nuit à la
cambrure pleine de panache qu’adopte ici Rachmaninoff, dans une manifestation
de grand pianisme qui se doit d’être éclatante, voire solaire. Si la
notice n’était émaillée de négligences de français et ne se contentait pas de
clichés sur Saint-Saëns, notre bonheur serait complet.
Marie-Nicole
LEMIEUX (contralto) : « Ne me
refuse pas ». Airs de Berlioz, Bizet, Cherubini, Halévy, Massenet,
Offenbach, Saint-Saëns, Thomas, Wormser. Orchestre
national de France, dir. Fabien Gabel. Naïve : V5201.
Intelligemment conçu, le programme nous
conduit à parcourir quasiment un siècle (de 1797 à 1892) d’évolution de la voix
de contralto à travers l’opéra français. Chaque grande décennie du genre
est représentée. Si quelques « incontournables » y figurent (la Habanera de Carmen dirigée avec une pulsation au rebond aussi précis
qu’élégant, « Connais-tu le pays » de Mignon, ou « Mon cœur s’ouvre à ta voix » de Samson et Dalila), quelle autre occasion
nous serait donnée d’entendre l’air de Néris dans la Médée de Cherubini (même s’il est bien faible dramatiquement et
n’échappe guère aux poncifs), ou de découvrir la grande scène dramatique
« Sous leur sceptre de fer » extraite du Charles VI de Fromental Halévy, dirigée avec fougue et
sens théâtral par un Fabien Gabel très à l’aise dans ce
répertoire ? Mais l’heureuse surprise vient de cette Clytemnestre d’André Wormser, née
la même année que Carmen, sur
laquelle il eût été opportun de mieux informer l’auditeur, puisqu’il s’agit là
de la cantate de Concours de Rome de l’impétrant, et non d’un opéra.
La voix de la cantatrice canadienne
témoigne certes d’une chaude présence s’impliquant dans les affetti de ses personnages, mais – comme
il advient si souvent à notre époque – elle n’est pas posée avec une absolue
sécurité, et – comme on le constate tout aussi souvent chez les chanteuses de
langue maternelle française – sans le secours du livret, on ne comprendrait
goutte aux textes déclamés.
Pour conclure en enfonçant des portes
ouvertes, le bilan de ce panoramique aboutit à reconnaître que le compositeur
le plus dénué de ressort dramatique s’avère décidément Berlioz (et les
vociférations de Didon n’y changeront rien, si l’on songe au bouleversant
dépouillement – renoncement – de la mort de Didon chez Purcell), tandis que le
plus inspiré dans l’art de faire vivre ses personnages étayés par un
orchestre-protagoniste demeure tout aussi décidément Massenet (ici représenté
par Hérodiade et Charlotte).
Frédéric
CHOPIN : 41 Mazurkas. Jean-Marc
Luisada. 2SACDs RCA Red Seal : 88697686922.
Un authentique artiste grandit en constante
évolution. Si la première intégrale des Mazurkas par Jean-Marc Luisada (DGG, enregistrée en 1990/91) fit
date, celui-ci la juge aujourd’hui avec une sévérité… dont nous lui laissons la
responsabilité. Le cycle enregistré au Japon en 2008, auquel il a
soustrait les Mazurkas posthumes,
franchit de nouveaux accomplissements dans le travail des sonorités – de l’élégance
parfois délicatement distante aux éclairages opalescents –, accentue les
contrastes rythmiques – quelque invisible talon de danseur frappant le sol –,
creuse les contours du dramatisme – à l’image de l’introduction à deux voix graves qui
conditionnera les ombrageuses insistances de l’op.7 n°3 puis les accès orageux. Il reprend
l’approche au plus juste des textes et des éditions, arrêtant de nouvelles
solutions aux énigmes posées par Chopin (la Mazurka senza fine op.7 n°5).
Dans des pages de journal intime telles les Mazurkas op.17, aux audaces
harmoniques inouïes et aux tournures obsessives, il se replie au plus profond
de la confidence inquiète. Un portrait psychologique peut alors s’esquisser, comme
dans l’op.56 n°1 dont la nostalgique mélancolie semble détachée de ce monde,
puis agitée de difficultés à y revenir avant de se déterminer à l’éloignement.
L’op.59 n°2 dresse un tableau plein de noblesse des complexes humeurs du Chopin
de la maturité, puis la sérénité semble affleurer de l’op.63 n°2. C’est
par l’intimité de toute une vie avec Chopin que Jean-Marc Luisada peut donner
ainsi le sentiment de nous livrer ses propres échanges avec le cœur du
compositeur transmis en musique.
Emmanuel
CHABRIER : Dix pièces pittoresques, Impromptu en ut majeur, Cinq pièces posthumes, Bourrée
fantasque. Maurice RAVEL : À
la manière de… Emmanuel Chabrier. Emmanuel Strosser (piano).
Mirare : MIR 116.
Emmanuel Strosser aborde Chabrier avec
l’allant et la grâce qu’il sait mettre à ses Schubert. N’en ressortent que
mieux les surprenants contrastes avec ces harmonies ou ces rythmes
« terriens » que l’on peut – au choix – qualifier de vulgaires,
d’incongrus, de décalés. Mais l’apport singulier de Strosser est
précisément d’éviter la vulgarité et de s’attacher à la sincérité sensible des
pièces les plus touchantes. Écoutez comme il fait flotter des halos de
brume dans les étonnants Sous-bois où
il réalise le précepte de Ricardo Viñes dépeint par
Francis Poulenc : « jouer clair dans un flot de
pédale ». Il y a d’ailleurs un passage d’Idylle qui a été « prélevé » par Poulenc qui admirait
tant Chabrier et lui a consacré un livre. On sera séduit par l’Impromptu qui rebondit de tournures
pleines de panache et de piquant en tendres suavités, avec ces beaux
enchaînements harmoniques qui semblent émerveiller l’auteur lui-même tant il
s’y attarde avec une insistance presque naïve. Et que dire de l’insolite
parcours dramatique du Caprice,
conduit en grand musicien par Emmanuel Strosser ! Les pages les
plus « accrocheuses » tourbillonnent avec verve, le Scherzo-valse et la Bourrée fantasque sont irrésistibles, le cheminement
harmonique de l’Improvisation sonne
romantique à souhait. Il est certain que l’Aubade de 1883 (consécutive au voyage de l’auteur en Espagne)
contient en germe beaucoup de la musique d’inspiration hispanique qui va suivre
chez les musiciens français, et chez les Espagnols venus à Paris recueillir
l’enseignement compositionnel qui leur faisait défaut chez eux. Mais ce
n’est pas le versant hispanique qu’a croqué Ravel dans son « à la manière
de… » : ainsi remise en situation, cette courte pièce révèle mieux
que jamais le talent de l’imitateur (encore que des signatures raveliennes
captent l’oreille, et que le côté aguichant lorgne du côté de Satie), et elle
est ici jouée avec un raffinement exquis, une délicatesse de toucher qui nous
enchantent. Emmanuel Strosser, si réputé dans la musique de chambre,
mérite aussi d’être admiré comme un très fin récitaliste, et il est ici servi
par une bonne prise de son.
Karol
SZYMANOWSKI : Concerto pour violon
n°1. Symphonie n°3. Christian Tetzlaff
(violon), Steve Davidslim (ténor). Singverein der Gesellschaft der
Musikfreunde Wien, Wiener Philharmoniker, dir. Pierre Boulez.
DGG : 477 8771 « Prestige-Edition » + Bonus (avec
interviews de Pierre Boulez).
Pour la première fois, Pierre Boulez
intègre le compositeur polonais à sa discographie, mais le choc d’une
découverte décisive remonte à ses années de formation, comme il le révèle dans
les interviews. Ici se trouvent réunies les deux partitions de 1916, que
bien des passerelles unissent, à commencer par le violon : saluons, dans
le Concerto n°1, la performance
de Christian Tetzlaff, qui, mettant ses pas dans ceux de
Paweł Kochański (ami, conseiller de Szymanowski, et auteur de la
cadence), nous transporte par un son diaphane, translucide, d’une pénétrante
émotion, doublé d’une étourdissante virtuosité. Mais le premier violon
solo de l’Orchestre philharmonique de Vienne, souvent protagoniste dans la 3e Symphonie, aurait
mérité d’être mentionné dans le livret.
La qualité de jeu des instrumentistes
viennois et la précision de Boulez se conjuguent pour délivrer une lecture à
laquelle aucun détail n’échappe. Interprétation bien boulezienne, donc,
où la sensuelle moirure impressionniste de Szymanowski ne doit tout de même pas
voiler l’irréprochable facture d’une orchestration fourmillante de
subtilités. Dans le Concerto passent fugitivement les denses ténèbres expressionnistes de quelque viennoise Nuit transfigurée, mais c’est dans
la 3e Symphonie qu’il
est question d’érotique et mystique Chant
de la Nuit, sous l’inspiration du poète soufi Rûmî. Là encore,
l’atmosphère nocturne passée au filtre boulezien reste plus schönbergienne que
debussyste, même si le répertoire du maestro transparaît en filigrane par la
manière de souligner certaines parentés ; Debussy et Ravel, certes, des
allusions wagnériennes aussi (les Chevaliers du Graal pressant Amfortas de
célébrer le rite dans Parsifal s’invitent au détour d’une page chorale du premier mouvement !), des
hallucinations bergiennes qui traversent le dernier mouvement chanté… Au
fait, l’Orient n’était pas très loin non plus du Concerto puisqu’y surgissait une quasi-citation de la Shéhérazade de
Rimsky-Korsakoff ! Le côté « carrefour des cultures » du
Polonais est ainsi mis en évidence, ce qui n’enlève rien à la prenante beauté
de ses fresques orchestrales.
Afin de marquer l’événement,
l’enregistrement de la Symphonie n°3 coïncidant, en mars dernier, avec l’anniversaire du maître, la firme allemande
a réalisé une belle édition en petit livre-disque et s’est associée à l’ORF
pour y inclure un disque d’interviews de Pierre Boulez réalisées à cette
occasion, l’une en anglais par Andrew Clements, la deuxième en allemand
par Albert Hosp, la troisième en français par Omer Corlaix. C’est
cette dernière qui s’avère la plus intéressante, la plus savoureuse (aisance
accrue dans sa langue maternelle ? Qualité de
l’interlocuteur ?). On notera avec amusement que, dans chacune des
interviews, Boulez dispense un coup de griffe à un compositeur russe, mais
différent selon la langue (Prokofiev d’un côté, Scriabine ensuite,
Chostakovitch en dernier ressort, sont ses cibles) ! Il y manifeste
aussi son envie de ne pas toujours diriger les mêmes œuvres et de renouveler
(à 85 ans !) son répertoire, ce qu’il fait d’ailleurs en
continuant à créer des pièces de jeunes compositeurs. Nous offrant, dans
cet esprit, une « nouveauté » pour son anniversaire, Pierre Boulez
enrichit la discographie d’un précieux joyau. Alors, nous souhaitons un
fécond avenir à ce jeune Maître épris de découvertes !
Sylviane Falcinelli.
Johann ROSENMÜLLER : Vox
dilecti mei. Ramée (stephanie@outhere.com) :
RAM 1009. TT : 66’05.
Johann Rosenmüller (ca 1617-1684), mort un an avant la naissance de
J. S. Bach, a été le suppléant du Cantor T. Michael à St-Thomas
de Leipzig et organiste à St-Nicolas, puis a réorganisé la musique à la
chapelle de la cour de Wolfenbüttel. Il est tout aussi populaire que
D. Buxtehude et J. Pachelbel. Ce disque contient 3 Sonates instrumentales, de caractère
grave et méditatif, ou bien enlevé et dynamique, spéculant sur la virtuosité
des violons. Parmi les pages vocales, figurent notamment le Psaume 70/71 : In te Domine speravi, très développé
et bien rendu par la voix lumineuse d’A. Potter (contre-ténor) soutenu par
l’Ensemble Chelycus, et le motet plus lyrique : Vox dilecti mei (extrait du Cantique
des Cantiques). À noter également : les motets O Salvator dilectissime (d’après le
manuscrit conservé à la Bibliothèque d’État de Berlin) et O anima mea suspira ardenter (Bibliothèque de l’Université
d’Uppsala) : bel exemple de musique du début du XVIIe siècle
en Allemagne.
Auguste FAUCHARD : Symphonie
eucharistique. Hortus (editionshortus@wanadoo.fr) : 078.
TT : 76’55.
Grâce aux éditions Hortus,
Emmanuel Hocdé, organiste de réputation internationale, a enregistré, en
première mondiale, la Symphonie eucharistique du chanoine A. Fauchard (1881-1957), « vicaire-organiste » à la
cathédrale N.-D. de Mayenne, auteur de nombreuses œuvres liturgiques et de Symphonies pour orgue, dont la 4e, Symphonie eucharistique, a été composée en 1944.
« Avec son âme de prêtre », A. Fauchard y a « traduit
musicalement le Traité de l’Eucharistie ».
L’œuvre repose sur 3 thèmes cycliques : Lauda Sion, Pange lingua et Adoro te, et donne lieu à 4 Méditations : Invitatoire, invitation à la louange eucharistique ; Sacrifice du Calvaire évoquant le glas
et la mort et Sacrifice de la Messe sur
un fond de carillon mystérieux aboutissant à l’adoration ; Communion symbolisant la doctrine
théologique de la communion, de caractère plus léger et orné, baignant dans
l’émotion ; Procession, avec un
exubérant carillon de cloches, la marche du cortège, la « cérémonie de
clôture » et la bénédiction, comportant un bref rappel des 3 thèmes
cycliques. L’ensemble se présente comme un « poème
symphonique » intensément vécu et magistralement interprété par
E. Hocdé, à l’orgue Cavaillé-Coll de l’église Saint-Sulpice (Paris).
Harald WEISS : Requiem. 2CDs Rondeau (mail@rondeau.de) :
ROP 7008/09. TT : 47’40 + 42’24.
Le Chœur de Garçons de Hanovre,
fondé par le regretté Heinz Hennig, repris par Jörg Breiding,
interprète avec ses hautes qualités proverbiales une œuvre contemporaine
émouvante, qui lui est dédiée. Sous-titrée : Schwarz vor Augen… und es ward Licht ! (Et la lumière fut…). Ce Requiem suscite une musique méditative, très prenante, intériorisée, dont les
parties chorales spéculent notamment sur les silences, alors que les
interventions de l’orchestre créent l’agitation. L’atmosphère parfois
terrifiante contraste avec les sonorités pures des voix. Le livret
reprend des textes liturgiques de la Messe
de Requiem (Requiem aeternam, Mors stupebit, Sanctus, Veni, Sancte Spiritus, Rex tremendae…),
associés à des extraits bibliques (Psaume : Apprends-nous à réaliser que nous devons mourir) et des poèmes
particulièrement significatifs de J. von Eichendorf, H. Hesse,
R. M. Rilke, R. Tagore. Harald Weiss (°1949) maîtrise
une synthèse d’esthétiques très différentes : musique romantique
allemande, impressionniste française, avec des rythmes dans le sillage de C. Orff...
La création a eu lieu le 31 octobre 2009. Voilà un Requiem sortant des sentiers battus, à
découvrir.
D’un cœur qui t’aime. Musique
religieuse de la France romantique. Emmanuel Hocdé (orgue) &
Chœur de chambre Les Temperamens Variations, dir. Thibault Lam Quang.
TT : 71’39.
Thibault Lam Quang s’est lancé dans un
programme romantique dominé par le sentiment de louange et traduisant la
sensibilité religieuse des XIXe et début XXe siècles.
Toujours interprétés avec infiniment de précision et de musicalité, et une
excellente diction, les Temperamens Variations proposent Les Sept dernières
Paroles du Christ (d’après Luc, Matthieu et Jean) de
Ch. Gounod, chantées par le chœur a cappella qui respecte la
prononciation gallicane, alors en usage, et fait preuve d’une rare plénitude
vocale et d’intériorité, notamment dans l’émouvant Tenebrae factae sunt.
Parmi les pièces pour chœur et orgue, figure sa Prière du soir et D’un cœur
qui t’aime. E. Hocdé, à l’orgue Cavaillé-Coll de l’abbaye
de Royaumont, réussit à conférer ce caractère romantique à la Bénédiction nuptiale de C. Saint-Saëns, et interprète avec énergie, force et vigueur, l’Allegro de la 6e Symphonie de Ch.-M. Widor.
G. Rossini est représenté par l’Ave Maria et O Salutaris
Hostia. Belle défense et illustration de la musique religieuse
romantique. À ne pas manquer.
Johann Sebastian BACH : Weihnachtsoratorium BWV 248. 2CDs Rondeau (mail@rondeau.de) : ROP 4034/35.
TT : 71’22 + 79’39.
Le 16e Thomaskantor après Jean-Sébastien Bach,
Georg Christoph Biller, le Thomanerchor & l’Orchestre du Gewandhaus de
Leipzig ont fortement marqué le 275e anniversaire de la
création, en l’église Saint-Thomas, de l’Oratorio de Noël. Des
interprètes de tout premier plan avec - entre autres, autour de l’évangéliste
M. Petzold (ténor), I. Danz (alto), G. Genz (ténor),
P. Iconomou (basse) - les garçons appartenant à ce remarquable
chœur : P. Bernewitz, Fr. Praetorius (sopranos) donnent
« la » version de référence des 6 Cantates - allant des fêtes
de Noël jusqu’à celle de l’Épiphanie - dans une interprétation extrêmement
sensible, fidèle à la tradition du Kantor et la réputation musicale de Leipzig.
Les discophiles ne pourront résister à l’intériorité des chorals luthériens, au
coloris orchestral, à l’authenticité de l’atmosphère de Noël, pleine de
jubilation (Cantate 1), au caractère narratif (2), à la joie de la
venue du Seigneur (3), à la louange et à la reconnaissance (4), à la
glorification de Dieu avant la menace du roi Hérode (5) exprimé dans
le beau choral de Paul Gerhardt : Ich steh an deiner Krippen hier, avec l’adoration du petit Jésus, et
à la confiance rétablie après l’effroi (6). Ce coffret, placé sous
le signe : Das ganze Glück der Christenheit,
représente une véritable recréation rappelant - in einem Klang –
« tout le bonheur de la chrétienté ».
MOZART / KODÁLY / LISZT. Chœur &
Orchestre de Paris-Sorbonne. Musique en Sorbonne (www.musiqueensorbonne.fr) :
MES 1002. TT : 60’42.
À la recherche de
répertoires originaux, « Musique en Sorbonne », avec le mécénat de
Mondial Assistance, a eu raison de programmer, notamment, deux Psaumes en langue vernaculaire. Le Psaume 13 : Herr, wie
lange… de Fr. Liszt, composé en 1855 dans la mouvance du cécilianisme, a joué un rôle
important dans le renouveau de la musique catholique en Allemagne. Les
choristes, si bien préparés par Denis Rouger (chef de chœur), l’orchestre
et le ténor solo O. Chung, tous dirigés avec tant d’aisance par
Johann Farjot (directeur artistique du Chœur & Orchestre de
Paris-Sorbonne), ont très bien rendu d’une part la plainte, d’autre part
l’espérance et, finalement, la joie et la jubilation émanant de ce Psaume de David. Les mêmes interprètes restituent au Psalmus Hungaricus,
op.13 (1923) de Z. Kodály, sur la paraphrase du Ps. 55, ses
différents états d’âme : inquiétude, confiance, espoir et louange, en
3 mouvements lents particulièrement expressifs. Deux Psaumes à redécouvrir et à réécouter.
Jan Václav Hugo VOŘIŠEK & Antonín
REJCHA : Symphonies. Arta : F 10185.
CD Diffusion (31, rue Herzog, 68920 Wettolsheim. info@cddiffusion.fr).
TT : 61’57.
Le tchèque J. V. H. Vořišek
(1791-1825), organiste de la Cour, est un compositeur d’œuvres religieuses, de
musique de chambre et pour piano qui - malgré sa brève existence - ont assuré
sa renommée. Son unique Symphonie (en ré majeur, op.24), n’est pas
sans rappeler indéniablement celles de Beethoven, par son énergie, les
contrastes de nuances, l’orchestration. Elle comprend 4 mouvements
traditionnels, dont le 3e est un Scherzo incisif. La Symphonie en mib majeur, op.41, d’A. Rejcha
(Prague 1770-Paris 1836), compatriote de Vořišek, commence par un
mouvement lent Largo-Allegro spirituoso, suivi - comme il se
doit - d’un Andante, le 3e mouvement
étant un Menuet et le Finale, Un poco vivo. L’orchestre Musica Florea, sous la
direction de Marek Štryncl confère à ces symphonies tout leur éclat et
leur dynamisme. Ces pages, ainsi que l’Ouverture en ré majeur
sont agréables à entendre.
Trois Trios russes. Triton (triton@disques-triton.com) :
TRI 331161.
Le Trio élégiaque justifie parfaitement
son qualificatif, avec ce CD consacré à des musiciens russes encore
romantiques. Tout d’abord : A. S. Arensky (1861-1906),
esthétiquement entre Tchaikovsky et Rimsky, dont le Trio en ré mineur,
op.32 (1894), bénéficie, dans l’Allegro moderato,
d’une ligne mélodique chantante soutenue au violon, à la manière des
romantiques allemands ; de l’intervention virtuose du pianiste dans le
deuxième mouvement ; de l’expressivité du violoncelle dans l’Élégie ; et des accords incisifs au
piano dans l’Allegro non troppo conclusif, bien enlevé. Ensuite, N. A. Rimsky-Korsakov
(1844-1908), dans son Trio en ut mineur (1897), propose une introduction (Allegro) très développée, un 2e Allegro toujours en mouvement contrastant avec le caractère plus
recueilli et statique de l’Adagio où
le piano crée l’atmosphère. Pour finir, dans l’Adagio Allegro : une fugue, de caractère rêveur et une fin
bien enlevée. Enfin, le Trio élégiaque
n°1 (1892) de S. V. Rachmaninov (1873-1943), d’un seul tenant,
très élaboré, s’impose. Ce CD - dans la mouvance de J. Brahms et
R. Schumann - souligne l’apport russe à la musique de chambre fin XIXe siècle.
Carlo MOSSO : Organ Works. Paul HINDEMITH : Sonate I. Tactus : TC 931301. CD Diffusion (31, rue
Herzog, 68920 Wettolsheim. info@cddiffusion.fr). TT :
58’12.
Letizia Romiti, à l’orgue du
Conservatoire A. Vivaldi d’Alessandria (Italie), a réalisé un premier
enregistrement mondial de trois œuvres de Carlo Mosso (1931-1995), dont la Suite pour orgue (1971) est d’abord
assez énigmatique et lointaine, puis une mélodie se dégage sur une pédale.
Le compositeur spécule sur l’extrême aigu et des fusées rythmiques, des accords
dissonants. Son Liber Organi (1975),
faisant appel à des titres traditionnels : Choral, Canzone, Fughetta…, s’appuie sur les modes, le
chant grégorien et l’ambiguïté tonale. L’excellente organiste interprète
encore Trois pièces pour harmonium (sur des thèmes de Hindemith) qui est
aussi représenté par la première de ses 3 Sonates
pour orgue composée en 1937, solidement charpentée et interprétée avec
maîtrise. Répertoire rare et quelque peu déroutant. À entendre.
Édith Weber.
Barbara
STROZZI, Francesca CACCINI, Catarina ASSANDRA,
Isabella LEONARDA : Il canto
delle dame. Concerto Soave,
dir. Jean-Marc Aymes. Maria Christina Kiehr (soprano).
Ambronay éditions : AMY025 . TT : 64’47.
Un disque qui regroupe diverses œuvres de
compositrices italiennes du Seicento italien,
siècle particulièrement favorable à la liberté créatrice féminine.
Élaboré autour d’inédits, il s’articule en deux parties : concerts da chiesa et da camera, reflétant l’alternative rencontrée par les
compositrices, se vouer à Dieu ou rester dans le monde. Cet
enregistrement se veut un hommage à cette rage créative qui bouscule les
carcans sociaux. Très belle réalisation, tant instrumentale que vocale.
Un indispensable.
Braining Storm. Jean-Louis Rassinfosse (contrebasse), Jean-Philippe
Collard-Neven (piano), Fabrice Alleman (clarinette), Xavier Desandre-Navarre
(percussions). Fuga Libera (www.fugalibera.com) :
FUG607. TT : 61’22.
Quand, pour la troisième fois, Jean-Louis
Rassinfosse et sa contrebasse rencontrent le pianiste classique Jean-Philippe
Collard-Neven, entourés de musiciens talentueux comme Fabrice Alleman et
Xavier Desandre-Navarre, alors, peut naître un album plein de charme et de
couleurs - voyage entre lumière & ténèbres, jazz de chambre & rythmes
tribaux. Un album qui ravira tout amateur de jazz avec, en prime, une
remarquable prise de son.
Robert SCHUMANN (1810-1856) : Sonatas for piano & violin.
Andreas Staier (piano), Daniel Sepec (violin). Harmonia Mundi : HMC 902048. TT :
78’12.
Un disque qui réunit des œuvres
« tardives » de Robert Schumann (composées entre 1851 et 1853) :
les deux Sonates pour violon & piano,
mais également une transcription de la Chaconne de Bach et des Chants de l’aube,
dernière œuvre pour le piano de Schumann. Un enregistrement qui permet de
juger de l’évolution de Schumann, laquelle a su préserver un même souffle, une
même magnifique intériorité - avec mention particulière pour les émouvants Chants de l’aube op. 133
et l’ambitieuse Grande sonate op. 121.
Une interprétation parfaite, empreinte d’une complicité - déjà affirmée dans de
précédents enregistrements - entre A. Staier (piano Érard de 1837) et
D. Sepec (violon Laurentius Storioni de 1780).
Patrice Imbaud.
Guillaume de MACHAUT (In memoriam) : Messe Notre Dame. Ensemble
Musica Nova, dir. Lucien Kandel. Aeon :
AECD 0993. TT : 75’34.
Outre la célèbre Messe en 8 parties (avec
alternance, dans les trois premières, de diminutions du Codex Faenza), sont ici regroupés ballades & motets de
Philippe de Vitry, Pierre de Bruges, Bernard de Cluny,
François Andrieu et de quelques anonymes. Enregistrement dans
lequel, s’inspirant des travaux de Gérard Geay, a été tentée une
restauration des partitions originelles. Sonorités proprement inouïes, parfaite
homogénéité du chœur. À l’orgue gothique : Joseph Rassam.
Gilles BINCHOIS (1400-1460) : L’Argument de beauté.
Ensemble Discantus, dir. Brigitte Lesne. Aeon :
AECD 1096. TT : 61’25.
Brigitte Lesne a ici
réuni polyphonies sacrées, plain-chant & carols anonymes. D’abord orienté
vers les musiques de l’Ars Antiqua,
son ensemble (9 voix de femmes & cloches à main) s’ouvre à des
répertoires plus tardifs, ceux notamment des prémisses de la Renaissance.
La musica ficta (altérations
accidentelles non notées sur les manuscrits) était alors laissée au
bon vouloir des interprètes. Avec comme mot d’ordre : Causa pulchritudinis (« L’argument
de beauté »)… Gageure tenue !
W. A. MOZART : Die Zauberflöte, singspiel en 2 actes. Livret Emanuel Schikaneder.
Rias Kammerchorn Akademie für alte Musik Berlin, dir. René Jacobs. Coffret
de 3CDs Harmonia Mundi : HMC 902068.70. TT : 2h47’.
Après sa
« réhabilitation » des opere
serie de Mozart (La Clemenza di Tito et Idomeneo, re di Creta),
René Jacobs a abordé la « trilogie Da Ponte » (Le Nozze di Figaro et Don Giovanni), concluant ici avec Die Zauberflöte. Singspiel
auquel il souhaite restituer ses couleurs originelles : choix
instrumentaux, qualité du récitatif, ornementations vocales (même si, vaillant
Papageno, Daniel Schmutzhard s’autorise quelques surprenantes libertés…) et
esprit de la « Maçonnerie scientifique », laquelle s’inspirait, au
XVIIIe siècle, des rites Illuministes (dans un premier temps,
Mozart n’avait-il pas envisagé d’intituler son opéra « Les Mystères égyptiens »).
Dans cette toute nouvelle perspective, l’ouvrage gagne certes en unité et
profondeur dramatique. Magnifique distribution : Daniel Behle
(Tamino), Marlis Petersen (Pamina), Daniel Schmutzhard (Papageno),
Sunhae Im (Papagena), Anna-Kristiina Kaapola (Reine de la nuit),
Marcos Fink (Sarastro), Kurt Azsberger (Monostatos)… Très
éclairantes notices signées Jan Assmann & René Jacobs.
Ludwig van BEETHOVEN : Concertos
pour piano. Paul Lewis, piano. BBC Symphony
Orchestra, dir. Jiří Bĕlohlávek. Coffret de 3 CDs
Harmonia Mundi : HMC 902053.55. TT : 2h56’.
Unanimement salué
a été l’enregistrement, par Paul Lewis, des Sonates pour piano de Beethoven (son 4e volume
n’a-t-il pas été couronné « Disque de l’année » par le prestigieux magazine Gramophone ?). Le pianiste
ne pouvait, dès lors, se dispenser d’enregistrer les cinq Concertos. Où, sans surjeu ni effet superflu de virtuosité,
tout est au service de l’intensité de la pensée. D’une parfaite justesse
sont les tempi. Notre adhésion est totale !
Frédéric CHOPIN (1810-1849) : Mazurkas & autres pièces pour le piano.
Cédric Tiberghien. Harmonia Mundi : HMC 902073.
TT : 70’18.
Tout de grâce
légère et d’élégance, le lumineux Cédric Tiberghien interprète ici 13 des
quelque 50 Mazurkas que Chopin aura
composées entre 1825 et 1849 – miniatures de « vingt pouces carrés »
où se condense le génie aphoristique du Polonais. Au sein desquelles
Cédric Tiberghien a judicieusement inséré trois « grandes
fresques » : le Scherzo op.20 (1935), le Nocturne op.48 n°1 (1841) et la Polonaise-Fantaisie op.61 (1846). Nouveau merveilleux florilège pour un bicentenaire.
Richard STRAUSS (1864-1949) : Sonate pour violoncelle & piano,
op.6 (1883) ; Romance (1883).
Édouard LALO (1823-1892) : Sonate
pour violoncelle & piano (1856). Geneviève Teulières-Sommer
(violoncelle), Daniel Adni (piano). Lyrinx (tél. : 04 91 54 81
41) : LYR 268.
Voici, de la
plume de jeunes compositeurs, trois œuvres pour violoncelle & piano – dont
deux d’un Richard Strauss non encore saisi par ce démon du pathos qui devrait
bientôt culminer dans sa Symphonie
alpestre. Œuvres ici interprétées, avec toute la conviction souhaitable,
par Geneviève Teulières-Sommer, réputée disciple d’André Navarra, et l’éminent
chambriste Daniel Adni.
Claude DEBUSSY (1862-1918), Henri DUTILLEUX
(°1916), Maurice RAVEL (1875-1937) : Quatuors
à cordes. Quatuor Arcanto. Harmonia Mundi :
HMC 902067. TT : 71’19.
Le quatuor à
cordes fut trop longtemps associé à la seule tradition germanique. Pour la
première fois réunis, voici trois incomparables chefs-d’œuvre de la musique
française. Et ce, par la grâce du Quatuor Arcanto :
Antje Weithaas & Daniel Sepec (violons), Tabea Zimmermann
(alto) et Jean-Guihen Queyras (violoncelle). Née en 2004, cette juvénile formation
a déjà acquis une enviable réputation internationale, que justifie amplement le
présent enregistrement (dans le droit fil de ceux déjà dédiés à Brahms et à Bartók).
Notamment bienvenu est le choix d’Ainsi
la nuit, du cher Henri Dutilleux, œuvre désormais popularisée par son
inscription, en 2003, au programme du baccalauréat.
Jean SIBELIUS (1865-1957) : Quatuor à cordes en ré mineur op.57 « Voces intimae »
(1909). Arnold SCHÖNBERG (1874-1951) : Quatuor à cordes en ré mineur,
op.7 (1905). (www.avi-music.de) :
8553202. TT : 75’31.
Voilà deux œuvres
peu rebattues. Intensément expressives, pourtant – ce qui ne surprendra
guère de la part de Sibelius (Voces intimae se situe stylistiquement entre ses 3e et 4e symphonies).
Quant à Schönberg, il est encore ici, semble-t-il, fortement influencé par le
Beethoven de l’opus 131. Bonheur de (re)découvrir pareilles œuvres
dans d’aussi véhémentes interprétations.
« Metamorphosis » Béla
BARTÓK (1881-1945) : 4e Quatuor
à cordes. György LIGETI (1923-2006) : 1er Quatuor à cordes « Métamorphoses nocturnes ». György KURTÁG
(°1926) : 12 Microludes op.13. Cuarteto Casals. Harmonia Mundi :
HMC 902062. TT : 54’13.
Après la rudesse
assumée du 4e Quatuor de Bartók, beaucoup plus délibérément séductrices, ludiques et fantasques sont
les Métamorphoses nocturnes de
Ligeti. Cependant que les 12 Microludes de Kurtág (pièces aphoristiques débutant, chacune, par une note différente de
la gamme chromatique) ne laissent pas d’évoquer les Mikrokosmos de Bartók - tout en étant, bien sûr, autrement
difficiles sur le plan technique. Merci au prestigieux
Cuarteto Casals de s’être ici penché sur les trois plus grands
compositeurs hongrois du siècle passé.
Robert PASCAL (°1952) : Monographie 1.
Résonance contemporaine (6 voix solistes), dir. Alain
Goudard. Ensemble orchestral contemporain, dir. Fabrice
Pierre. Benjamin Carat (violoncelle), Christophe Desjardins
(alto), Trish Hayward (mezzo), Anne Périssé (soprano), Michèle Scharapan
(piano). Disque Âme/Son (tél. : 01 40 30 93 61. info@ameson.fr) : ASCP 0916.
TT : 73’55.
Six pièces
composent cette Monographie I dédiée à l’un des plus importants musiciens de sa génération : e’l bianco more (ensemble
vocal + clarinette), Au front de la
lune (ensemble orchestral + soprano & mezzo), Chant d’aubes (violoncelle), sur Bleus (piano), Déchirure
d’un temps plissé (cinq altos, dont un soliste), Dulwan nimendi (ensemble orchestral + mezzo).
Jazz
aux Champs-Élysées. « Ina, mémoire vive » (www.ina.fr). TT : 75’51
Il s’agit là
d’enregistrements réalisés, de 1955 à 1959, lors de l’émission éponyme qu’animait
sur Paris-Inter le pianiste Jack Diéval. Après un indicatif qui
rappellera de joyeux souvenirs aux plus anciens, se succèdent vingt-deux
séquences qui firent la gloire de cette émission-culte. Avec
notamment : Lester Young, Guy Lafitte, Donald Byrd, Michel
de Villers, Chet Baker, Stéphane Grappelli, Michel Legrand,
Daniel Humair, Stan Getz…
Francis Gérimont.
George Frideric HANDEL : Water Music. Suites en fa majeur, sol majeur et ré majeur.
Ouverture de Rodrigo. Les Musiciens du Louvre-Grenoble, dir. Marc
Minkowski. Naïve : V 5234. TT : 67'30.
D'une fête nautique en forme de promenade - river party sur la Tamise
ordonnée, en 1717, par le roi George Ier - est née cette
pièce fameuse de Haendel, dénommée Water Music. Une série de
trois Suites qui participent, à n'en pas douter, d'un seul et même ensemble.
Caractéristique de sa musique conçue pour le plein air, elle se décline comme
une vaste sérénade qui fait alterner grande forme et climats plus intimes et
introspectifs. Si elles appellent le drame par certains aspects de la
construction, ces pages participent avant tout du divertissement.
Marc Minkowski et ses merveilleux Musiciens du Louvre - une des alliances
artistiques les plus inventives aujourd'hui - font assurément leur cette
remarque de Romain Rolland qui, à propos de l'équilibre des proportions de
l'orchestre, remarque que « le pire défaut serait de lui enlever, par une
surcharge inutile de couleurs, sa souplesse de nuances qui est son charme
principal ». La différence d'atmosphère est soulignée entre
l'orchestre chambriste et la vaste formation enrichie des cuivres, trompes de
chasse et trompettes, qui se plaisent à se répondre en écho. L'intuition
pour traduire le galbe des pièces qui ne répondent à aucune appellation
précise, ou forger les contrastes entre les divers morceaux, est exemplaire.
D'une articulation incisive sans être heurtée naît cette élasticité qui donne à
la musique de Haendel sa vraie valeur, allègre, jubilatoire même, ou encore
délicate et intériorisée, presque mélancolique. Le fini instrumental est
admirable et la plastique sonore mirifique dans les dialogues des bois avec les
cordes. Le choix, en complément, de l'ouverture de l'opéra Rodrigo est
judicieux, tant elle se conçoit comme une Suite en miniature avec ses huit
séquences empruntant à la danse. Elle s'achève en une passacaille que
Minkowski adorne d'une étourdissante fièvre en des tutti endiablés sertissant
de brillants passages concertants.
Ludwig van BEETHOVEN : Quatuors à cordes op.18/1 en fa majeur & op.127 en mib majeur. Artemis Quartet.
Virgin Classics : 628659 0 6. TT : 65'00.
Suite de l'intégrale des quatuors de
Beethoven par les Artemis, dont a déjà été dit ici tout le bien qu'on en
pensait. L'opus 127 qui ouvre la série des derniers quatuors,
proclame le style audacieux dans la conduite des voix, caractéristique de la
dernière période créatrice du maître, dont seule une écoute attentive peut
rendre accessible la force visionnaire. Car les repères classiques volent
en éclats au profit d'une libre combinaison des thèmes pourtant organiquement
structurés. La longue effusion que constitue le deuxième mouvement, chant
ininterrompu de musique pure, qui fait penser à l'adagio de la IXe Symphonie,
contemporaine, introduit ce mystère insondable du Beethoven tardif : une
série de variations à partir d'un thème lent, enchaînées les unes aux autres
que leur différence de climat permet de différencier. Les Artemis le
maîtrisent comme peu, laissant cette juste impression de vaste improvisation,
comme une longue confidence de l'âme. En contraste, le scherzo, enjoué en
apparence, si tendu dans sa scansion irrégulière, laisse un instant place à un
trio à l'allure fulgurante aussi original qu'inattendu. L'opus 18 n°1,
premier quatuor, mais non le premier composé, offre une vision brillante de la
forme classique ; quoique le discours frappe déjà par l'habileté à traiter
du motif qui se transforme à l'envi au premier mouvement, de même que les sombres
contrées abordées à l'adagio, lyrique comme un chant d'opéra, que traversent
des accents douloureux, ou encore le fantomatique scherzo aux rythmes syncopés
où s'insinue comme une interrogation. Le Quatuor Artemis fait montre d'un
brio instrumental distingué par la sensibilité de son premier violon et la
plénitude de la sonorité d'ensemble. L'énergie tout en souplesse, l'élan
rythmique sont souverainement contrôlés. On attend avec impatience les
ultimes volumes de cette formidable entreprise, qui se donne aussi cette saison live à Paris, aux Concerts du
dimanche matin.
Georges BIZET : Symphonie en ut. Petite
Suite d'Orchestre, op.22 (Jeux d'enfants). Roma,
Suite pour orchestre n°3. Orchestre de Paris,
dir. Paavo Järvi. Virgin : 50999 62861304.
TT : 75'52.
Pour son premier disque comme directeur
musical de l'Orchestre de Paris, Paavo Järvi a choisi un programme
réunissant les rares pages que Bizet a offertes à l'univers symphonique.
Œuvre d'un musicien de dix-sept ans qui ne la considérait pas plus qu'un
exercice d'école, la Symphonie en ut est, par sa limpidité et sa fraîcheur d'écriture, digne d'une pièce de
Mendelssohn. Elle reçoit ici une exécution d'une belle tonicité, mais un
peu courte d'imagination dans les enchaînements. L'allegro initial est
quelque peu brusqué ; ce que l'on ressent de nouveau au vivace conclusif,
fort articulé certes, mais qui n'a pas ce clin d'œil de pastiche de
quelque final classique. Avec Jeux d'enfants, on entre dans
l'univers de la miniature délicatement dessinée et délicieusement colorée.
Orchestrées à partir de l'original pour piano, ces pièces sont un manifeste de
la transparence et du raffinement français. Mais, là encore, vivacité ne
veut pas dire précipitation, notamment au Galop final. La Suite
d'orchestre Roma, une rareté, vaut le détour. Ses quatre
épisodes, écrits entre 1860 et 1868, plusieurs fois remaniés, ont bien des
attraits, à commencer par une habile orchestration et un élan mélodique
certain. Ces impressions d'Italie comportent des tableaux sonores fort
contrastés. La « Chasse dans la forêt d'Ostie » n'offre
peut-être pas le climat envoûtant de la Chasse royale que Berlioz a
intercalée dans Les Troyens, mais les senteurs nocturnes qui
la concluent sont d'un indéniable pittoresque. Comme est enjoué le
scherzo, censé illustrer la vie florentine. L'andante (Venise) penche du
côté du maître Gounod, par sa veine mélodique, proche du chant. Le Carnaval, napolitain, dans le style de la marche qu'affectionne l'auteur,
termine la suite en apothéose. Järvi, plus à l'aise ici, et ses musiciens
- n'était quelque acidité dans la cohorte des violons - en sont les défenseurs
enthousiastes.
Giuseppe VERDI : Otello. Opéra en quatre
actes. Livret d’Arrigo Boïto, d'après la tragédie de Shakespeare. Simon O'Neill, Gerald Finley,
Anne Schwanewilms, Allan Clayton, Ben Johnson,
Alexander Tsymbalyuk, Matthew Rose, Eufemia Tufano. London
Symphony Chorus (LSO), dir. Sir Colin Davis. 2CDs LSO Live : LSO 0700. TT : 64'27 +
66'54.
Après un Falstaff remarqué, Sir Colin Davis revient à Verdi ; un territoire
qu'on n'associe pas forcément au chef anglais. La surprise est de taille.
Sa vision d'Otello est tendue comme un arc, libérant une formidable
énergie de par sa suprême articulation et des tempos vifs, souvent fulgurants.
Surtout, elle révèle toute l'urgence du drame comme ses contrastes, de la
fresque grandiose (ouverture quasi explosive, vaste ensemble concertant du IIIe acte)
à la scène à faire (duo d'amour extatique, prélude du III, inquiétant,
atmosphère raréfiée prémonitoire du drame au début du dernier). Le LSO
répond par une extrême justesse d'intonation, digne d'une phalange habituée
d'opéra : cuivres expressifs, petite harmonie travaillée comme une
dentelle, douceur infinie des cordes, d'une plastique sonore envoûtante.
Ce sentiment d'excellence concerne également les chœurs, incisifs.
Dommage que la contribution vocale ne se situe pas sur le même braquet.
Le jeune ténor néo-zélandais Simon O'Neill possède, certes, un beau métal,
avantageusement clair, et de l'agilité à revendre. La quinte aiguë est
bien sonore, même si parfois sollicitée à ses limites. Mais le portrait
du Maure empêtré dans sa morbide jalousie, reste sommaire ; ce qui ne
surprendra pas à ce stade d'une carrière récente, et dans les conditions du
concert. La Desdémone d’Anne Schwanewilms déçoit par un timbre
ingrat et certaines intonations douteuses. Quelques belles notes filées
ne suffisent pas à masquer un vrai manque de legato. Le Iago de
Gerald Finley a par contre fière allure : évitant l'effet convenu du
mauvais bougre, la fourberie du personnage est intériorisée à un rare point de
crédibilité ; et le timbre de baryton clair fait merveille. Parmi
les autres rôles, on citera le Cassio tout en finesse d’Allan Clayton.
La captation en direct, lors de concerts au Barbican de Londres, ne cherche pas
à mettre les chanteur en évidence - le rôle-titre en pâtit - mais ménage un
savant équilibre orchestral entre les grands éclats et les passages plus
intimistes qui abondent dans la pièce. Au final, une exécution qui se
signale par sa prestation orchestrale plus que par sa distribution, comparée
aux versions existantes.
Leŏs JANÁČEK : Sonate pour violon & piano.
Edvard GRIEG : Sonate pour
violon & piano n°2, op.13. César FRANCK : Sonate pour violon & piano. Vadim Repin,
violon. Nikolai Lugansky, piano. Universal/DG : 477 8794.
TT : 63'37.
Un bien intéressant disque de musique de
chambre ! Pour leur premier disque, les duettistes Repin et Lugansky
livrent un programme peu convenu, ménageant des oppositions comme on le conçoit
dans un récital. La Sonate de
Janáček, écrite en 1915, mais créée en 1922, d'un climat intimiste, brûle
d'un feu intérieur ; témoins les traits abrupts en forme d'éclairs qui
traversent le 2e mouvement, « Ballada ».
Fulgurance que l'on retrouve ailleurs, en particulier dans les étranges
interjections de l'adagio final. La sonorité chaude et lumineuse de Repin
et son énergie débordante font ici florès. La deuxième Sonate de Grieg, préférée à la plus
jouée troisième, possède force brillance dans la partie violonistique, très
exigeante ; encore que le lyrisme naturel du discours pare ses trois parties
d'une franche aura romantique, tempérée seulement par quelque froideur
nordique. La flexibilité caractérise le dialogue des deux instruments.
Quant à la Sonate de Franck, on en
connaît le foisonnement mélodique. Nos deux amis abordent le moderato initial
avec retenue, le discours du violon s'imposant avec une lenteur mesurée, mais
combien inspirée ; et la modulation balancée qui revient en boucle
progresse irrésistiblement. Tout en contraste, l'allegro suivant est
comme un battement de vagues à l'assaut les unes des autres, et le formidable
trait virtuose qui le clôt est mené telle une course à l'abîme. Le
récitatif fantaisie qui reprend la course ondulée du premier mouvement,
s'épanche comme une rêverie. Le final fiévreux ne sombre pas dans l'ostentatoire.
Une interprétation marquée par la générosité de l'archet de Repin et le jeu
tout en souplesse de Lugansky, où recherche de la couleur et maîtrise de
l'intensité sonore contribuent à une indéniable réussite.
« Sospiri ».
Airs d'opéras de George Frideric HÄNDEL (Serse, Il Trionfo del Tempo e del Disinganno), Geminiano GIACOMELLI (Merope),
Antonio CALDARA (La morte d'Abel), Leonardo VINCI (Medo),
Antonio VIVALDI (Farnace), Wolfgang Amadeus MOZART (Le Nozze
di Figaro, Don Giovanni), Gioacchino ROSSINI (Il Barbiere
di Siviglia), Vincenzo BELLINI (La Sonnambula, Norma), Giuseppe PERSIANI (Ines de Castro),
Pietro MASCAGNI (L'Amico Fritz). Pièces sacrées de
Johann Sebastian BACH, Gabriel FAURÉ, César FRANCK,
Maurice DURUFLÉ. Cecilia Bartoli, mezzo-soprano. Avec
Bryn Terfel, basse, Juan Diego Flórez, Luciano Pavarotti,
ténors ; Maxim Vengerov, violon. Il Giardino Armonico,
dir. Giovanni Antonini. Orchestra La Scintilla, dir. Adam Fischer
& Alessandro de Marchi. Wiener Philharmoniker, dir.
Claudio Abbado & Myung-Whun Chung. Les Musiciens du Louvre Grenoble, dir. Marc Minkowski.
Orchestra Sinfonica di Milano, dir. Riccardo Chailly. Orchestra dell'Accademia
Nazionale di Santa Cecilia, dir. Myung-Whun Chung. 2CDs
Universal/Decca : 478 2249. TT : 77'46 + 30'16
(édition Prestige) ; ou 1CD : 478 2558. TT : 68'00
(édition standard).
Cecilia Bartoli dit avoir, dans cette
anthologie, « réuni les moments les plus sensuels et les plus lyriques de
mes enregistrements : airs favoris de Haendel et de Mozart, joyaux du
bel canto de Bellini et de Rossini, et trésors de mes 'projets de
redécouvertes' ». Entreprise séduisante en effet, même si un peu
frustrante lorsque sont abordées les grandes pages opératiques qu'on aimerait
écouter dans leur contexte. Mais n'est-ce pas la loi du
genre ? Un vrai régal en tout cas pour l'amateur, et tous les autres
qui peuvent découvrir ce qu'est l'art du chant lorsque porté par une voix
d'exception. Il est désormais vain de louer les qualités qui habitent
cette artiste d'exception : le legato inouï qu'autorise une fabuleuse maîtrise
du souffle, apparemment sans limite, surtout dans le registre ppp,
ces phrases caressées par une diction on ne peut mieux expressive, une présence
ensorcelante quel que soit le morceau. Ce qui fascine, en parcourant ces
enregistrements effectués entre 1994 et 2009, c'est combien la chanteuse a
évolué vers une technique vocale certainement unique aujourd'hui, qui fait
voler en éclat les cadres établis en matière de tessitures : nonobstant
une couleur qui l'assimile à celle de mezzo, l'élasticité comme la souplesse de
de la voix lui permettent tout autant d'aborder des parties dévolues à la
soprano. Et que dire aussi de cet art prodigieux de la colorature, si
bien mis en évidence dans le répertoire belcantiste. Une sélection de
chants sacrés où le Pie Jesu du Requiem de Fauré - et même celui de Duruflé - voisine avec les incontournables Ave Maria et Panis angelicus, la trouve tout autant à l'aise. La liste
des noms de ses partenaires, collègues ou chefs d'orchestre, est
impressionnante. On trouvera même, l'instant d'un air vériste, l’une des
rares occasions où le divo Pavarotti
donnait la réplique à la diva romaine.
L'anthologie comporte deux inédits au disque : une page de l'opéra Medo de Leonardo Vinci qui, dans l'esprit virtuose de Vivaldi, allie à la
trompette d'ébouriffants trilles balayant tout le registre ; et une
version miraculeuse de la fameuse aria « Una voce poco fa » tiré du Barbier de Séville, dont Cecilia Bartoli diversifie à l'extrême les diverses parties et
qu'elle fait briller d'appogiatures étincelantes.
« Verismo
Arias ». Airs pour ténor : Riccardo ZANDONAI (Giulietta e Romeo),
Umberto GIORDANO (Andrea Chénier, Fedora), Francesco CILEA (L'Arlesiana, Adriana Lecouvreur), Ruggero LEONCAVALLO (La Bohème, Pagliacci), Pietro MASCAGNI (Cavalleria Rusticana),
Amilcare PONCHIELLI (I Lituani, La Gioconda),
Arrigo BOÏTO (Mefistofele), Licinio REFICE : « Ombra di nube ».
Jonas Kaufmann, ténor. Anne-Maria Westbroek, soprano. Coro e
Orchestra dell'Accademia Nazionale di Santa Cecilia, dir.
Antonio Pappano. Universal/Decca : 478.2258. TT :
61'49.
Décidément Jonas Kaufmann n'aura pas tardé
à se tailler une posture enviable au firmament des ténors et dans le monde du
disque. Il s'attaque maintenant au répertoire vériste qui, semble-t-il,
l'enthousiasme car là « tout n'est qu'âme et passion ». Et de
mêler morceaux rabâchés et raretés, dénichées jusque dans la bibliothèque de la
Scala. Tel cet air de Roméo tiré de la pièce de Shakespeare mise en
musique par Riccardo Zandonai, un fin moment de lyrisme ardent porté par une
modulation non moins fiévreuse. De même les arias de l'Arlésienne de Cilea, de I Lituani de Ponchielli, bien peu connus ; ou
encore de La Bohème de Leoncavallo, cette autre Bohème que notre
interprète se plairait bien à porter sur scène. Là, comme dans les pièces
plus marquantes, Kaufmann pourvoit avec un égal bonheur phrasé exemplaire
qu'une réelle familiarité avec l'idiome italien rend plus flatteur encore,
ligne de chant immaculée dont l'art de faire vibrer la phrase n'est pas la
moindre vertu, et puissance inextinguible que la couleur barytonante du timbre
rend plus fébrile lorsque la voix se tend comme un arc (« Mamma » de Cavalleria Rusticana ou le duo final d’Andrea Chénier). L'art de créer
l'atmosphère juste, comme de distiller ces pianissimos éthérés qu'il
affectionne - son Lohengrin à Bayreuth en était empli - marquent encore
cette fine anthologie, que la direction intense d’Antonio Pappano enrichit
d'une aura d'authenticité. Si l'extrême tension vocale de ces pièces ne
lui pose bien évidemment pas le moindre problème au disque, il reste que ce
type de répertoire à la scène - on l'annonce dans Adriana Lecouvreur, André Chénier, et même Cav & Pag - peut se
révéler éprouvant ; surtout pour un chanteur qui a, par ailleurs, à son
tableau de chasse Werther aussi bien que Lohengrin... À consommer
donc avec modération, cher ténor !
Love Songs. Chansons
& songs de Léo Ferré, Barbara,
Joni Mitchell, Richard Rodgers, Michel Legrand, Jacques Brel,
Fred E. Ahlert, Lars Färnlöf, Bob Telson, John Lennon
& Paul McCartney, Leonard Bernstein. Anne Sofie von Otter, mezzo-soprano.
Brad Mehldau, piano. 2CDs Naïve : V 5241. TT : 30'48 +
48'26.
D'une rencontre improbable à une vraie
affinité élective, voilà le fil rouge de ce CD : deux artistes évoluant
dans des domaines éloignés l'un de l'autre se rejoignent pour un récital de songs et de chansons, autant de
variations sur la passion amoureuse. On savait Anne Sofie von Otter
curieuse d'autres routes que celle du répertoire classique. On l'avait
déjà entendue avec Elvis Costello. La flexibilité quant aux styles
musicaux rejoint celle d'une voix qui conserve ses immenses prestiges.
Elle dit avoir ardemment voulu travailler avec Brad Mehldau, dont la
musique est « très brillante et très inventive ». Lui confesse
être ému par « l'importance qu'elle donne au sens », ce qui
« augmente les enjeux pour l'instrumentiste ». Ses sept Love Songs,
créés en 2009 et 2010, magnifiquement écrits pour la voix, alignent aussi bien
rythmes balancés que subtile déclamation lyrique. La sensualité du timbre
de la chanteuse, son art de caresser les mots s'y épanouissent naturellement,
qui fait son miel du style jazzy soft du pianiste-compositeur. De fait, la ligne vocale surfe sur la partie
pianistique qui se réapproprie l'original des textes en en gardant l'esprit.
Cette autre facette de l'art de la chanteuse se fait encore un festin d'un
bouquet de chansons de Ferré, Barbara (les délices presque voluptueux de
« Dis, quand reviendras-tu ? ),
Legrand et Brel. Elle apporte sans doute une touche « grande musique »
à ce qui ressortit au registre populaire et retient l'épanchement. La
nostalgie voilée des songs de Rodgers
ou de Bernstein (« Some Other Time » tiré de On the Town), autorise une plus grande liberté quant
aux sortilèges de pièces qui lui sont plus familières. C'est sans doute
dans « Calling You »
de Bob Telson (Bagdad Café) qu'elle est à son meilleur ;
ou dans le swing qui anime les deux songs suédois. Le pianiste-jazzman, qui dit être ravi de son rôle
d'accompagnateur, apporte ce supplément de vie et surtout cette aisance proche
de l'improvisation qui rendent ces pièces si séduisantes.
Jean-Pierre Robert.
POUR
LES PLUS JEUNES
Sophie
FORTE : Chou-fleur.
Victorie Music (www.club-tralalere.com) :
274 858.2. Distr. Universal.
Voici, par la très espiègle Sophie Forte (www.sophieforte.com), au fil de 12 chansons
de son cru (avec leurs versions instrumentales) : « Tout ce que vos enfants ont toujours voulu
savoir et que vous n’avez jamais osé leur dire ». À partir
de 4 ans.
THE FANTASTIKIDS : I have a dream. Chansons
adaptées & interprétées en anglais. « Les
Enfantastiques » (www.lesenfantastiques.fr).
Bizou Muzic : 011. Distr. : Autre Distribution.
Voici une sélection de 16 chansons (en
anglais), écrites & chantées par 20 enfants anglophones (élèves de
l’Ermitage, école internationale sise à Maisons-Laffitte, Yvelines) pour
d’autres enfants. Adaptations anglaises réalisées, sous la houlette
experte de Jean Nô, par Barbara Scaff, Liza Michael et Christine Khandjian.
Un excellent support pédagogique.
Francis Gérimont.
DVD
Georges BIZET : Carmen. Opéra
en quatre actes. Livret d'Henri Meilhac & Ludovic Halévy,
d'après la nouvelle de Prosper Mérimée. Anna Caterina
Antonacci, Andrew Richards, Anne-Catherine Gillet, Nicolas Cavailler,
Virginie Pochon, Annie Gill, Riccardo Novaro, Vincent Ordonneau.
The Monteverdi Choir, Maîtrise des Hauts-de-Seine, Orchestre
révolutionnaire et romantique, dir. John Eliot Gardiner. Mise
en scène : Adrian Noble. 2DVDs Fra Musica : FRA 004.
TT : 2h29'.
On ne saurait imaginer différence plus
marquée entre la présente exécution du chef-d'œuvre de Bizet et la version filmée,
il y a peu, au Met de New York. Tout ce qui sépare une version qui
se rapproche sans doute de l'esthétique de la création sur la même scène de
l'Opéra Comique en 1875, et la machine à grand spectacle qu'est souvent
devenu l'opéra le plus joué au monde. La mise en scène frappe par sa
justesse de ton dans le chant et les dialogues, et une pénétrante peinture des
caractères. Un dispositif décoratif ingénieux qui semble démultiplier
l'espace en se déployant sur deux niveaux, découvre d'intéressantes
perspectives (la pseudo-fuite de Carmen, l'arrivée d'Escamillo, la relève des
contrebandiers). La dramaturgie, fluide, conte une histoire sans faux-semblant
que des arrêts sur images rendent palpable à l'heure de quelques moments-clé
(ce premier regard que lance Carmen à José, leurs retrouvailles chez
Lillas Pastia). La captation filmée le restitue avec emphase, bien
que n'abusant pas des gros plans. Si, mis à part le rôle titre, elle
n'aligne pas un catalogue de vedettes, la distribution est d'une rare
crédibilité : un José sincère, bouleversant à l'heure de l'ultime
tentative de reconquête de la femme adorée, une Micaëla vraie dans sa croisade
du bien, un toréador, figure à la Delon, qui ne booste pas le rôle vers le
bellâtre. Bien sûr, Anna Caterina Antonacci - pour sa seconde Carmen
à l'écran - capte le regard. Comme bien peu, elle fait sien ce personnage
aux multiples facettes, qu'elle pare d'un tragique fatalisme sans en grossir
l'effet. Un bravo aux chœurs anglais qui mènent le tour de force d'être
plus vrais que nature dans leurs accents et leur mouvement. Au plus près
de l'esprit de cette musique - donnée ici dans une version enrichie de passages
peu connus - la direction de John Eliot Gardiner, immensément dramatique,
ne se départit jamais de couleurs délicates que les instruments d'époque d'un
fabuleux orchestre rendent encore plus authentiques. Un captivant retour
aux sources.
Jean-Pierre Robert.
***
Haut
L’incroyable histoire de Gaston
et Lucie. Nicolas
Pantalacci, Sébastien Rost. Coffret 2CDs (CD1 : Une histoire. CD2 :
chansons + versions karaoké). Enfance et musique. 18 €.
À Boville, tout le monde se trouve beau.
Par contre, tout le monde trouve Gaston très moche, c’est en quelque sorte l’exception
qui confirme la règle. Un matin, le soleil refuse de se lever et laisse ainsi
les Bovillains dans le noir. Incapables de réagir ni de se coiffer, ils
permettent à Gaston de quitter la cage du cirque où il travaille pour partir
vers l’antre du soleil tirer cette histoire au clair…
La Flûte enchantée racontée aux enfants. Livre-disque.
Auteur : Jean-Pierre Kerloc’h. Illustrations : Nathalie Novi.
Musique : W. A. Mozart. Récitante : Valérie Karsenti.
Didier Jeunesse. 48 p. 23,50 €.
Un nouveau livre-disque pour lire et
écouter La Flûte enchantée comme un
conte merveilleux. Valérie Karsenti, talentueuse comédienne, raconte avec
vivacité, drôlerie et poésie le texte de Jean-Pierre Kerloc’h et fait de La Flûte enchantée une aventure
extraordinaire et passionnante, aux multiples rebondissements.
Tout au long du récit, retrouvez des
extraits des plus beaux airs de La Flûte
enchantée. La musique est extraite de la version d’orchestre de
référence de 1950 du Wiener Philharmoniker dirigé par Herbert Von Karajan qui a
obtenu un Diapason d’or et un Choc du Monde
de la Musique.
Laëtitia Girard.
S’ouvrant sur un éditorial de l’Inspecteur général de
l’Éducation nationale, M. Vincent Maestracci, orientant de façon concise
l’élève dans son travail, le supplément Baccalauréat 2011 de L’éducation musicale est d’une rare densité :
pas moins de 148 pages d’analyses et références.
Indispensable
aux professeurs d’Éducation musicale et aux élèves de Terminale qui préparent
l’épreuve de spécialité « série L » ou l’épreuve facultative
« Toutes séries générales et technologiques du baccalauréat », cette
publication réunit les connaissances culturelles et techniques nécessaires à
une préparation réussie.
À commander aux Éditions Beauchesne : 7, cité du
Cardinal-Lemoine, 75005 Paris.
Tél : 01 53 10 08 18.
Fax : 01 53 10 85 19. s.desmoulins@leducation-musicale.com

Le Disque du Bac est de retour !
Double CD à prix spécial. Sortie le 10 décembre 2010
Pour la première fois, l'album du baccalauréat propose les œuvres au programme de l’Option facultative (toutes séries) et de l’Enseignement de spécialité (série L). Disponible chez tous les disquaires et en téléchargement.
Après quelques années d'absence, durant lesquelles les musiques au programme du Bac avaient quitté le répertoire classique, Virgin Classics a le plaisir de reproposer le disque du Baccalauréat, qui est de nouveau entièrement consacré à la musique classique. Des fondamentaux (Bach, Schubert et Purcell) jusqu’à la musique du XXe siècle (Copland et Varèse) et même du XXIe (Dalbavie), le Disque du Bac est proposé pour la première fois en 2 CDs, et à un tout petit prix, à la portée des bourses des lycéens !

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Dossiers déjà parus dans L'éducation musicale
Dossiers à paraître :
* Programme de l'agrégation 2011
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