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Novembre-Décembre 2010 - n° 568



Supplément Bac 2011



septembre-octobre 2010
n° 567



mai-juin 2010
n° 566

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Sommaire :

1. Editorial : A voix nue...
2. Sommaire du n° 568
3. Informations générales
4. Varia
5. Manifestations et concerts
6. Echos de jeunesse et de persévérance
7. Recensions de spectacles et concerts
8. L'édition musicale

9. Bibliographie
10. CDs et DVDs

11. La vie de L’éducation musicale


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À voix nue…

Est-il voix plus autorisée que celle de Pierre Boulez ?  D’autant qu’au fil des ans, les jugements du grand homme n’auront eu de cesse de s’humaniser…  En témoigne éloquemment l’entretien qu’il vient d’accorder à notre collaboratrice Sylviane Falcinelli.

Dans le présent numéro, vous trouverez aussi tout un dossier consacré à « La voix », ses joyeuses pratiques et avatars - paroles de chefs & de choristes, diversité d’emplois dans l’art lyrique, récurrences du cri dans la musique savante, problèmes de justesse dans le chant, somatiques inhibitions (notamment chez les enseignants), point de vue de psychanalystes, etc.

Sans pour autant nous leurrer…  Même si l’Ircam synthétise aujourd’hui la voix chantée, comment ne rejoindrions-nous pas le poète : « Ce n’est pas en ouvrant la gorge d’un rossignol que l’on découvrira le secret de son chant » !

Francis B. Cousté.


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Pierre Boulez ou le « vouloir » mis en acte

Entretien avec Sylviane Falcinelli

 

Dossier : « La voix »

 

Chanter dans un chœur

Marie-France Castarède

 

Paroles de chef et de choristes amateurs

Michèle Lhopiteau-Dorfeuille

 

Le blocage en chant des enseignants généralistes

Sylvain Jaccard

 

Le retard d’acquisition de la justesse chantée chez l’enfant

Charlotte Vuilleumier

 

Le cri, manifeste récurrent de la voix chantée dans la musique savante

Sylvain P. Labartette

 

Le corps, architecte de la voix chantante et résonante

Fabienne Ramuscello

 

Tout chœur est bon à prendre…

Florence Limonier

 

Les emplois dans l’art lyrique : interprètes qui leur léguèrent leur nom

Pierre Lagisquet

 

Carl Maria von Weber

Gérard Denizeau

 

La grille d’Hélène Jarry

 

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©Adrien Vescoli

 

BOEN spécial n°9 du 30 septembre 2010.  Programme d'enseignement obligatoire au choix d'arts en classe de première littéraire, d'enseignement de spécialité au choix d'arts en classe terminale littéraire & d'enseignement facultatif d'arts au cycle terminal des séries générales et technologiques.

  Consulter : www.education.gouv.fr/cid53325/mene1019677a.html

 

BOEN n°37 du 14 octobre 2010.  Concours général des lycées, session 2011.  Éducation musicale, classes de première et Terminales : jeudi 17 mars 2011, 9h00.

Consulter : www.education.gouv.fr/cid53536/mene1023956n.html

 

Le Bulletin officiel de l’Éducation nationale est librement consultable sur :

www.education.gouv.fr/pid285/le-bulletin-officiel.html

 

« Music & You », Salon de la musique :  Grande Halle de la Villette (Paris XIXe), du vendredi 19 au dimanche 21 novembre (10h-19h), le lundi 22 novembre (10h-18h).  Stand de L’éducation musicale : C 041Renseignements : www.salon-musique.com

 

 

Les Prix 2010 de la « Fondation Audiens Générations » ont été remis, le 6 octobre dernier, en l’Institut de France.  Ont notamment reçu le Prix d’excellence, d’un montant de 30 000 € : l’Atelier de Paris de Carolyn Carlson (au centre, présentant son diplôme) et le Prix spécial du jury, d’un montant de 20 000 € : le Créa, Centre d’éveil artistique, que dirige Didier Grojsman (4e en partant de la droite).

 

 

« Transylvania, au-delà des frontières »  Du 10 novembre au 16 décembre 2010, le Conservatoire national supérieur musique & danse de Lyon (CNSMDL) présente divers programmes et créations inspirés des musiques de Roumanie et de Hongrie.  Avec le concours d’artistes venus d’Europe centrale mais aussi de ses propres classes de musique de chambre, piano, chant, direction de chœur & d’orchestre, de l’atelier XX-21 et du Collectif d’improvisation.  Ouverture le mercredi 10 novembre avec la « Nuit ciné-concert Dracula ».  Renseignements : 04 72 19 26 61.  www.cnsmd-lyon.fr

 

 

« Œuvre chorale pour la Paix ».  La Fédération internationale pour la musique chorale (FIMC), en coopération avec Europa Cantat et Jeunesses Musicales International, organise un Concours international de composition de musique chorale, avec pour objectif la promotion de la création, la diffusion d'un nouveau répertoire choral et surtout, grâce à la musique, la promotion de la Paix parmi les hommes.  Le concours récompensera une œuvre chorale a cappella (pour 4 ou 8 voix mixtes), d’une durée maximale de 6 minutes.  Le texte, liturgique ou profane, écrit en n’importe quelle langue, devra avoir trait au thème de la Paix.  Participation ouverte aux compositeurs de toutes nationalités, âgés de moins de 35 ans.  Candidatures à adresser avant le 31 décembre 2010.  Renseignements :+39 347 25 73 878 www.ifcm.net

 

©DR

 

« Musique en Sorbonne », saison 2010-2011. 
Renseignements  :
01 42 62 71 71.
 
www.musique-en-sorbonne.org/calendrier/programme_Musique_en_Sorbonne_2010-2011_web-4.pdf

 

    

 

La 6e édition du « Festival international des musiques d’écran » se déroulera, à Toulon, du 5 au 13 novembre 2010.  Thématique 2010 : As-tu peur du noir ?  Films de frisson & d’angoisse, classiques de la littérature d’horreur, expressionnisme allemand. 

Rensaignements : 04 94 21 60 18.  www.fimefestival.fr/vendredi_5.html

 

        

 

TM +, « Ensemble orchestral de musique d’aujourd’hui », a établi le programme de sa saison 2010-2011.  Ainsi, après l’opéra Les 4 jumelles de Régis Campo, le metteur en scène Jean-Christophe Saïs revient-il pour une Histoire du soldat dans une dramaturgie inédite…  La mezzo-soprano Sylvia Vadimova - au carrefour de la rencontre du compositeur Laurent Cuniot, directeur musical de l’Ensemble [notre photo] et de l’écrivaine Maryline Desbiolles - sera l’héroïne de l’opéra à une voix Des pétales dans la bouche, mis en scène par Philippe Mercier.  Quantité d’autres concerts.  Renseignements : 8, rue des Anciennes-Mairies, 92000 Nanterre.  Tél. : 01 41 37 52 18.  www.tmplus.org

 

©DR

 

L’Association française d’expansion musicale (A.F.E.M.), que préside Jean Leduc, organise une Journée d’information, le 19 mars 2011, à la Schola Cantorum de Paris.  Avec le concours de Rita Goshn (opéras pour enfants, travail pédagogique) & d’Yves Beaupérin (mimopédagogie).

 

Yves Beaupérin ©DR

 

La 5e édition du Concours de piano-jazz Martial Solal s’est déroulée du 16 au 24 octobre 2010.  Quadriennal, ce prestigieux concours a notamment couronné, parmi 49 candidats :

  • 1er Prix : Nikolas Anadolis (°1991), Grèce (Grand Prix de la Ville de Paris)
  • 2e Prix : Vadim Neselovskyi (°1977), Allemagne (Fondation BNP-Paribas)
  • 3e Prix : Thomas Enhco (1988), France (Fonds pour la Création musicale)

 

Présentés par Claude Samuel et soutenus par les frères François Moutin (contrebasse) & Louis Moutin (batterie), ces trois merveilleux pianistes se produisirent lors du concert de clôture (le dimanche 24 octobre, au Théâtre de l’Alhambra). 

 Renseignements : Concours internationaux de la Ville de Paris.  Tél. : 01 40 33 45 35.
  www.civp.com/solal/Solal2010

 

Nikolas Anadolis © Éric de Gélis/CIVP

 

« Deleuze et la musique », un séminaire nomade.  Ce séminaire va se tenir successivement au Centre de documentation de la musique contemporaine (16 novembre 2010), à l’Institut national de l’histoire des arts (18 et 19 janvier 2011), à l’Université Jean-Monnet de Saint-Étienne (7 et 8 février 2011), à l’École normale supérieure (8 et 9 mars 2011), et à l’Université Panthéon-Sorbonne Paris I (17 mai 2011).  Renseignements : 01 47 15 49 86.

www.cdmc.asso.fr/fr/saison_cdmc/conferences_colloques/deleuze_musique_seminaire_nomade

 

Gilles Deleuze : les enjeux d'une pensée-musique

 

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©DR

 

Café Iruña, Pamplona, 2010 : www.youtube.com/watch_popup?v=NLjuGPBusxs&vq=medium

 

Fondation « Prince Pierre de Monaco ».  Présidée par SAR la Princesse de Hanovre, cette Fondation a pour vocation de favoriser la création contemporaine.  Cette année, le Prix de Composition musicale a été décerné à la compositrice sud-coréenne Unsuk Chin (Séoul, 1961), pour son œuvre Gougalon (2009, scènes de théâtre de rue pour ensemble).  Prix doté d’un montant de 15 000 €. 

Renseignements : 01 45 24 66 67.  www.fondationprincepierre.mc

 

Unsuk Chin ©Weonki Kim

 

De nos cousins québécois, la revue !  Intégralement accessible sur la Toile…  Rêve ou cauchemar ? www.calameo.com/read/000252196a27082cd003a

 

 

Arseny AVRAAMOV : Symphony of Sirens.  Cette œuvre a été réalisée en 1922, dans le port de Baku, pour le 5e anniversaire de la Révolution, avec des sirènes d’usines & de navires de la mer Caspienne, deux batteries d'artillerie, sept régiments d'infanterie, des camions, des hydravions, vingt-cinq locomotives à vapeur, des sifflets et des chœurs.  Voilà qui risque de quelque peu faire oublier City Life (1995) de Steve Reich…  Grandiose !

Écouter : www.musiqueapproximative.net/post/arseny-avraamov-symphony-of-sirens

 

                

                                                             Arseny Avraamov, 1922 ©DR

 

Ensemble Télémaque, dir. Raoul Lay.  À Marseille, du 10 novembre au 7 décembre 2010 : « Le mois des compositeurs ». 

 Renseignements : Cité de la musique - 4, rue Bernard-du-Bois, 13001 Marseille.  Tél. : 04 91 39 29 13.  www.ensemble-telemaque.com

 

 

Musique & Santé.  Centre de formation continue, lieu d’action, de recherche et d’informations, cette association - que parraine Steve Waring [notre photo] – organisera 7 stages, en 2011 : L’enfant & la musique à l’hôpital / Enfance, musique & handicap / Musique en pédopsychiatrie / Environnement sonore en néonatologie & réanimation néonatale / Musique & adolescence en difficulté / Musique en gériatrie : lieu de mémoire, lien de vie / Voix & chansons en gériatrie. 

 Renseignements : 4, passage de la Main-d’Or, Paris XIe.  Tél. : 01 55 28 81 00.  www.musique-sante.org

 

Steve Waring ©DR

 

 

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 « Les Musicales de l’IMA ».  L’Institut du monde arabe présente, Salle du Haut-Conseil : Le Haouzi de Tlemcen (5 novembre), Mawal, un parfum de Tanger (6 novembre), Chants lyriques andalous (12 novembre), Chants citadins, chants ruraux : l’aroubi d’Algérie (13 novembre), Le malouf de Constantine (19 novembre), La sanaâ d’Alger (26 novembre).  Renseignements : 1, rue des Fossés-Saint-Bernard, Paris Ve.  Tél. : 01 40 51 38 38.  www.imarabe.org/musique/prochainement

 

La sanaâ d’Alger ©DR

 

Auditorium du Louvre.  Mercredi 3 novembre, 20h00 : Quatuor Pacifica (J. Haydn, Bartók, Janáček, Schubert). Jeudi 4 novembre, 12h30 : Ji Liu, piano (Mendelssohn, Scarlatti, Alkan, Chopin, Ligeti).  Lundi 8 novembre, 20h00 : Membres du West Eastern Divan Orchestra (Stravinski, Berg).  Mardi 9 novembre, 19h00, 20h15 et 21h30 : récital Waltraud Meier, mezzo-soprano (Wagner).  Jeudi 18 novembre, 12h30 : Chun-Wen Huang, violon, & Andrius Zlabys, piano (Schubert, Respighi, Ranjbaran, Tchaïkovski).  Mercredi 24 novembre, 20h00 : Élisabeth Leonskaja, piano (Beethoven).  Jeudi 25 novembre, 12h30 : Chœur Aedes (Janequin, Lassus, Debussy, Costeley, Ravel, Ohana, Le Jeune, Poulenc).  Renseignements : 01 40 20 55 00.  www.louvre.fr/llv/auditorium/alaune.jsp

 

La grande salle de l'Auditorium

Auditorium du Louvre ©RMN/ Arnaudet

 

« Les Heures musicales de Saint-Roch ».  En hommage au compositeur André David (1922-2007) [notre photo], le violoniste Alexis Galpérine jouera, en l’église Saint-Roch, le dimanche 14 novembre 2010, à 16h00 : Monisme (fragment 1) d’André David, Chaconne de la 2e Partita de Jean-Sébastien Bach, Autour d’une mélopée de Charles Chaynes (« pour André David »), Asclépios-Orphée d’Alain Margoni (« à la mémoire d’André David ») et les Variations sur l’air « Nel cor più non mi sento » (La Molinara, Paisiello) de Niccolò Paganini.  Renseignements : Église Saint-Roch (296, rue Saint-Honoré, Paris Ier.  Tél. : 01 42 44 13 20).

 

 

Xe Festival « Musique et essai » : Musiques libres à Besançon, du 4 au 7 novembre 2010.  Renseignements : 2, place du Théâtre, 25000 Besançon.  Tél. : 03 81 83 39 09.  www.aspro-impro.fr

 

 

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Ensemble « Musicatreize » (dir. Roland Hayrabedian).  Création de Antti Puuhaara, conte musical (pour 1 comédien, 8 chanteurs, violon, alto, violoncelle, harpe & accordéon), du compositeur finlandais Tapio Tuomela (°1958, Kuusamo).  Les 4 novembre (Marseille, Théâtre du Gymnase) et 6 novembre (Kremlin-Bicêtre, Espace culturel André-Malraux), du 8 au 14 novembre (Nogent-sur-Marne, Scène Watteau), le 18 novembre (Nice, église Saint-François-de-Paule).  Renseignements : 04 91 00 91 31. www.musicatreize.org

 

     

                           ©Hannu Väisänen                                Tapio Tuomela ©DR

 

Ensemble « L’Itinéraire ».  Le mardi 9 novembre 2010, à 19h30, en la Maison des pratiques artistiques amateurs (MPAA – 4, rue Félibien, Paris VIe) : L’Île sonnante (pour guitare électrique & percussions) d’Hugues Dufourt + Improvisations (figures libres & imposées).  Avec Christophe Bredeloup, Christelle Séry & Gilbert Nouno. 

Renseignements : 01 46 34 68 58.  www.ensembleitineraire.org

 

Hugues Dufourt ©Astrid Karger

 

Ensemble Contrechamps.  Le mardi 9 novembre 2010, 19h30, à Genève, Studio Ernest-Ansermet (passage de la Radio 2, 1205 Genève) : « Les voies de Voi(Rex) ».  De la vitesse, pour six percussionnistes (2001), de Philippe Leroux.  Epigram, cinq poèmes d’Emily Dickinson, pour voix & ensemble instrumental (création mondiale) de Franck Bedrossian.  Phonie douce, pour hautbois, saxophone alto & violoncelle (1991) et Voi(Rex), pour voix, six instruments & dispositif électronique (2002) de Philippe Leroux.  Renseignements : +41 (0)22 329 24 00.  www.contrechamps.ch

 

 

Philippe Leroux ©DR

 

« Les musiciens de Brecht » à la Cité de la musique.  Vendredi 5 novembre (20h00) : Nada Strancar chante Dessau.  Dimanche 7 novembre (16h30) : œuvres de Kurt Weill.  Mercredi 10 novembre (20h00) : œuvres de Kurt Weill & HK Gruber.  Samedi 13 novembre (20h00) : œuvres de : Paul Hindemith, Hanns Eisler, Heiner Goebbels.  Dimanche 14 novembre (16h30) : œuvres de Mauricio Kagel. 

Renseignements : 01 44 84 44 84.  www.citedelamusique.fr

 

bertolt-brecht.jpg

Bertolt Brecht ©DR

 

« L’Ascension du Mont Ventoux ».  Cet opéra de Betsy Jolas (sur un texte de Pétrarque), pour soprano, récitant, flûte, clarinette, violon, violoncelle & harpe, sera donné au Forum culturel de Blanc-Mesnil, les vendredi 5 et samedi 6 novembre 2010, à 20h30.  François Raffinot (mise en scène & chorégraphie), Betsy Jolas (récitante), Virginie Pochon (soprano), Claire Chancé (danseuse), Ensemble Erik Satie, dir.  Arnaud Petit. 

 Renseignements : 1, place de la Libération, 93150 Blanc-Mesnil.  Tél. : 01 48 14 22 00.  www.leforumbm.fr ou : http://betsyjolas.com

 

Betsy Jolas ©DR

 

« JazzyColors », Festival international de jazz, se déroulera, du jeudi 11 novembre au samedi 27 novembre 2010, à 20h00, dans divers Instituts & Centres culturels étrangers à Paris (Allemagne, Autriche, Corée, Estonie, Finlande, Hongrie, Japon, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Québec, Roumanie, Serbie, Slovaquie, Suède, Turquie). 

Renseignements : www.jazzycolors.net

 

 

« 38e Rugissants », Festival des nouvelles musiques, présentera à Grenoble (Isère), du 16 au 27 novembre 2010, sa 22e édition. 


Renseignements : 04 76 89 07 16.  www.38rugissants.com

 

 

 

Mémoires[s], tel est le thème de la 2e Biennale « Figures de l’interactivité » qui se déroulera, à Poitiers, du 17 au 27 novembre 2010 (entrée libre et gratuite).  Art de la mémoire par excellence - puisque pendant longtemps il ne fut pas possible de l’enregistrer et que son écriture sous forme de partitions demeure le privilège de certains -, la musique se caractérise par sa fugacité : elle est précisément ce qui résiste à la mémoire.  La Biennale propose d’approcher cette question sous deux angles :

  • d’un côté la musique minimaliste de Steve Reich, répétitive, donnant la sensation d’être en boucle, tout en jouant sur d’infimes variations
  • de l’autre, la performance de Simon Laroche avec une poupée-robot qui assure le rôle de DJ pour produire une musique enregistrée, électronique.

Renseignements : 05 49 50 33 00.  www.figuresinteractives.com/2010/pages_fr/concert.html

 

 

« Corps à Cordes », tel est le titre du spectacle que donnera Le Quatuor, lundi 15 novembre, à 20h00, au Théâtre des Champs-Élysées.  Musique débridée, instrumentistes déjantés…  Renseignements : TCE - 15, avenue Montaigne, Paris VIIIe.  Tél. : 01 49 52 50 50.

 

« Aulnay All Blues ».  La 4e édition de ce festival se déroulera du dimanche 13 au dimanche 21 novembre 2010.  Depuis un hommage à Howlin’ Wolf jusqu’au blues africain, via Ronnie Baker Brooks et le Chicago Blues… 

Renseignements : Lucile Dressaire, tél. : 06 62 98 48 21.  ldressaire@aulnay-sous-bois.com

 

 

 

Rencontres avec le compositeur polonais Krzysztof Meyer.  À l’initiative de l’« Association internationale Dimitri Chostakovitch », elles se dérouleront en la Salle Adyar (4, square Rapp, Paris VIIe), le lundi 22 novembre 2010 :

* à 19h00 : œuvres de Krzysztof Meyer [notre photo]

* à 21h00 : œuvres de Krzysztof Meyer, Dimitri Chostakovitch & Nadia Boulanger

Avec le concours de Marc Danel, Muhiddin Dürrüoglu, Guigla Katsarava, Ashoy Khachatourian, Gilles Millet et Ivan Monighetti. 

 

Renseignements : 01 47 03 90 43.  www.chostakovitch.org

 

©DR

 

« Il Seminario musicale » (dir. Gérard Lesne) fête ses 25 ans, du 21 au 28 novembre 2010, en l’Auditorium du Conservatoire à rayonnement régional (CRR) de Rueil-Malmaison.  Intitulée « Les Baroqueuses », cette semaine propose notamment : Le mythe du Centaure (vendredi 26 novembre, à 20h30) et, à l’issue des masterclasses des jours précédents, un concert-audition ouvert à tous (dimanche 28 novembre, à 18h30). 

Renseignements : CRR – 182, avenue Paul-Doumer, 92500 Rueil-Malmaison.  Tél. : 01 47 49 74 45.  www.ilseminariomusicale.com

 

Gérard Lesne ©DR

 

Festival Latino : « Journées Colores », 10e édition : à Lille/Villeneuve d’Ascq, du 23 novembre au 13 décembre 2010.  Concerts, cinéma, expositions, conférences. 

Renseignements : 09 50 24 30 88.  www.colores-latino.fr

 

         

 

Chapelle royale du Château de Versailles.  Le dimanche 28 novembre, à 17h30, seront donnés divers grands motets de Campra, Delalande, Bernier et Gervais.  Avec Caroline Weynants (soprano), François-Nicolas Geslot (ténor) & Alain Buet (baryton).  Chœur de chambre de Namur, ensemble Les Agréments, dir. Guy Van Waas. 

Renseignements : www.cmbv.fr/activites-artistiques/concerts-et-spectacles

 

©DR

 

Hommage au compositeur Jean-Marc Dehan (1929-2009) sera rendu, le lundi 29 novembre à 20h30, en la Salle Cortot (78, rue Cardinet, Paris XVIIe).  Mélodies, pièces de musique de chambre & d’orchestre. 

Renseignements : 01 43 32 34 65.  mflapierre@orange.fr

 

 

Théâtre de Sartrouville & des Yvelines.

Mardi 16 novembre, à 21h00 : le Kronos Quartet se produira dans des œuvres de Raz Mesinai (Crossfader), Missy Mazzoli (Harp and Altar), J. G. Thirlwell (Eremikophobia), Thierry Pécou (NewWork, première mondiale), Terry Riley (Good Medicine from Salome Dances for Peace) et John Zorn (selection from The Dead Man).

Mardi 23 novembre, à 21h00 : entourée d’Andy Sheppard (saxophone ténor/soprano) et de Steve Swallow (basse), Carla Bley jouera ses propres compositions et arrangements.

Renseignements : place Jacques-Brel, 78500 Sartrouville.  Tél. : 01 30 86 77 79.  www.theatre-sartrouville.com

 

                     

              ©H. Olmgreen                                                         ©Rozanne Levine

 

« Cris des rues », à la Péniche Opéra.  Le 20 novembre 2010, à 20h30, avec l’Ensemble Clément Janequin : du répertoire de la Renaissance à Régis Campo (Les cris de Marseille), Vincent Bouchot (Bonbons esquimaux), Caroline Marçot (Rambleur)…  Renseignements : 46, quai de la Loire, Paris XIXe.  Tél. : 01 53 35 07 77.  www.penicheopera.com

 

 

« Hommage à Marin Marais (1686-1728) ».  Salle Gaveau, le dimanche 5 décembre, 17h00, avec l’Ensemble baroque Marin Marais (Jean-Louis Charbonnier, Paul Rousseau, Mauricio Buraglia, Pierre Trocellier) & le concours des interprètes ayant participé à l’enregistrement de l’intégrale des 584 pièces de violes (23 CDs).  Récitant : Jean-Pierre Marielle.  Programme : extraits des Cinq Livres de pièces de viole (publiés entre 1686 et 1725). 

Renseignements : 01 48 83 60 09.  http://fmad.pagesperso-orange.fr/accueil.htm

 

Francis Cousté.

 

« La Folle Nuit » à Gaveau.  Vous connaissez la Folle Journée de Nantes, c’est à une Folle nuit – en fait un week-end fou – que vous êtes conviés à Paris : les mêmes René Martin & François-René Martin investissent la Salle Gaveau les samedi 20 et dimanche 21 novembre 2010 pour présenter, en douze « heures musicales », dix des pianistes faisant l’honneur du label Mirare.  Pour le prix modique de 8 € par « heure musicale », vous pourrez vous promener au gré du plus large répertoire, de Bach à Scriabine, en passant par Mendelssohn ou Liszt, vedette de l’année à venir.  Ce serait une erreur de ne se concentrer que sur quelques têtes d’affiche.  Adam Laloum dans le dernier Brahms, Luis Fernando Pérez dans un parcours Granados, Claire Désert dans les trop rares Bunte Blätter et Novelettes de Schumann, Emmanuel Strosser dans Chabrier vous réserveront des émotions aussi délectables - quoique d’un autre ordre - que Brigitte Engerer associée à Daniel Mesguich dans l’intégrale des Harmonies poétiques et religieuses de Liszt & Lamartine, ou que Jean-Claude Pennetier dans ses inoubliables Schubert.

Informations : 01 49 53 05 07.  http://mirare.fr/Gaveau/NewsletterGaveau.html

 

Sylviane Falcinelli.

 

Mahagonny au Capitole de Toulouse.

Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny, fruit de la collaboration entre Kurt Weill et Bertolt Brecht, est une œuvre détonnante, satire grinçante de la société capitaliste : créée ex nihilo au milieu de nulle part, une cité paradisiaque offre à ses visiteurs de vivre cet alléchant credo « Tout est permis », et attire les requins de tout poil.  La musique en forme de songs, mêle ballade, chanson de cabaret et complainte.  La nouvelle production toulousaine est confiée à Laurent Pelly dont l'irrépressible faconde devrait illustrer la dimension parodique de cette fable divertissante et édifiante.  Les 19, 23, 26 et 28 novembre 2010 (à 20h00) ; le 21 novembre (à 15h00).

 

Kurt Weill en 1932 ©DR

 

Renseignements : 1, place du Capitole, 31000 Toulouse.  Tél. : 05 61 63 13 13.  www.theatre-du-capitole.fr

 

Jean-Pierre Robert.

 

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Ce mois-ci, au fil de nos déambulations concertistiques, la jeune génération d’interprètes comblait nos aspirations à entendre un vrai travail d’approfondissement sur les musiques du XXe siècle, de toutes les générations actives au XXe siècle.

Au Théâtre des Bouffes-du-Nord (4 octobre 2010), Jean-Guihen Queyras nous revenait en compagnie d’un ensemble sans chef de Hambourg, l’Ensemble Resonanz auquel il associe son travail sous diverses formes : soliste se détachant de la troupe dans Introduktion, Thema und Variationen de Hans-Werner Henze, une pièce d’une belle éloquence expressive quoique d’une esthétique un peu composite, notre violoncelliste retrouvait le jeu convenu de dialogues et répliques dans le Concerto en  majeur de Haydn où il s’abstenait de grâces « poudrées » pour ne pas accentuer le décalage entre la seule œuvre classique et le reste d’un programme ancré dans le XXe siècle.  L’Ensemble Resonanz convainc par une homogénéité et une qualité d’étoffe sonore rares ; l’implication manifeste de ces musiciens (et musiciennes, car l’effectif est largement féminisé), affectés à des places tournantes dans la hiérarchie, se traduit par une passion communicative dans le jeu.  Certes, l’Adagietto de la 5e Symphonie de Mahler ne s’accommode guère d’être joué par 19 musiciens, mais dans le sens opposé, l’amplification de l’effectif dévolu à la Suite Lyrique de Berg permet de renforcer l’ardent message de ce poème symphonique amoureux dont Jean-Guihen Queyras [notre photo] a exposé les clés biographiques, exemples musicaux à l’appui.

 

©DR

 

Il était émouvant de le voir redevenir alors un musicien du rang, pour partager une expérience d’interprétation collective avec des compagnons de route soucieux de donner le plus chaleureux relief aux « rôles » qu’ils endossent dans ce théâtre psychologique évoluant avec les espérances et désespérances du compositeur.  Berg avait adapté pour orchestre à cordes les trois mouvements centraux de son quatuor, le Hollandais Theo Verbey a complété l’arrangement en 2005 afin de permettre une exécution intégrale de l’œuvre fortement structurée sans que se trouve amputé le labyrinthe de références reconstituant une narration cryptée.

 

L’Orchestre de Paris accueillait pour la première fois Jean-Frédéric Neuburger (6 octobre 2010) : celui-ci s’empare toujours des œuvres selon un angle aussi original que très construit (on reconnaît là le compositeur !) ; de la noirceur troublante du Concerto pour la main gauche de Ravel, il faisait ressortir l’inexorabilité, avec une dramatique opiniâtreté.  Ce n’est point là le Ravel au sourire voltairien des évocations classicisantes, c’est l’homme percevant les tragédies d’un monde en décomposition fatale (comme dans La Valse), « un univers calciné » – selon les mots de Marguerite Long – dont J.-Fr. Neuburger [notre photo] taillait les arêtes de basalte.  Le chef japonais Kazuki Yamada (remplaçant au pied levé Mikko Franck souffrant) suivait assez bien le pianiste dans cette sombre ascension.  Mais il avait déçu par une absence de phrasé dans la Petite Suite de Debussy (orchestrée par Büsser), menée ici à gros traits.  L’élégance lui faisant décidément défaut, Kazuki Yamada ne permit guère à Tchaïkovsky d’échapper au péril dans lequel le plongent par inadvertance les chefs maladroits, à savoir une certaine vulgarité bruyante (4e Symphonie).

 

©DR

 

L’Orchestre de Paris retrouvait toutes ses nobles couleurs, encore une fois dans un programme franco-russe, sous la baguette de son nouveau directeur Paavo Järvi (13 octobre).  Il y a, dans la direction du maestro estonien, une souplesse qui guide avec autant d’instantanéité la modulation de l’agogique que le modelé des timbres.  L’onde vivante du tissu orchestral s’anime ainsi de cette touche infinitésimale froissant à bon escient le drapé du son.  Les malheurs aquatiques de L’Apprenti sorcier s’y déversaient en une progression irrésistible, où les pupitres de bois se taillèrent la vedette.  Les proportions tolstoïennes de la 2e Symphonie de Rachmaninov bénéficiaient tout autant de ce lyrisme au flux généreusement conduit. 

 

Paavo Järvi ©P. Vahi

 

Pour des raisons de commodité personnelle, Vadim Repin préféra remplacer le Troisième Concerto de Saint-Saëns par le Premier de Chostakovitch qui l’accompagne depuis si longtemps.  Le chant de son archet, émanation de quelque horizon nostalgique, traduisait la poignante et autobiographique mélancolie du Nocturne et du cheminement de la Passacaille, mais des problèmes répétés de justesse et le basculement peu réussi de la cadence vers la Burlesque laissaient souvent notre mémoire s’échapper vers le souvenir inégalé du créateur de l’œuvre, le grand David Oïstrakh.

 

Si Saint-Saëns faisait les frais du calendrier trop chargé de Vadim Repin, il retrouvait la dignité de son rang grâce à David Bismuth.  Ce pianiste a toujours préféré une expression authentique de ses aspirations musicales aux effets de manches ; le concert de lancement de son dernier disque (lire notre recension en rubrique CDs) avait lieu au Théâtre de l’Athénée le 11 octobre 2010, et David Bismuth y mêlait des réminiscences de ses précédents programmes discographiques, qu’il s’agisse de César Franck ou de transcriptions de Bach.  Sa gravité le met en communion avec la dimension introspective de Rachmaninov, représenté ce soir-là par trois courtes pièces, dont le célèbre Prélude en ut# mineur, auquel trop d’interprètes se croient obligés de faire un sort… fort peu conforme à celui que lui assignait le compositeur (!), alors que David Bismuth [notre photo], avec une sobriété laissant porter l’essentiel, sait lui conférer son poids d’émotion sans artifices.

 

©DR

 

Certes, Saint-Saëns paraît un compositeur infiniment plus extérieur, moins impliqué dans sa propre création pianistique qui vise à la démonstration parfois anecdotique, mais on apprécie qu’un interprète si musicien, au répertoire mûrement pensé, le remette en perspective et restaure ses valeurs de clarté ainsi que son pianisme très exactement ciselé.  David Bismuth redonnera un programme Saint-Saëns/Rachmaninov le 5 février 2011 à la Fondation Dosne-Thiers, dans le cadre de la saison « Autour du Piano » (www.autourdupiano.com).

 

À propos de jeunes et valeureux artistes, en l’église Saint-François d’Assise dans le XIXe arrondissement de Paris (qui devient décidément très « tendance » ces temps-ci), Marie Vermeulin [notre photo] jouait le 2 octobre 2010, avec sa finesse de coloriste et son intime compréhension stylistique, les Petites Esquisses d’Oiseaux ainsi que Le Merle noir en compagnie de Vincent Lucas, flûte solo de l’Orchestre de Paris.  Ces beaux moments s’inséraient dans un week-end Messiaen médiocrement organisé où de talentueux musiciens (nous pensons aussi à l’organiste Éric Lebrun) s’efforçaient d’apporter « une certaine idée de l’art » au milieu de balbutiements relevant plutôt d’un comité de patronage.  La place d’une artiste telle Marie Vermeulin, engagée con bravura dans un répertoire exigeant, n’est pas dans de petits cercles pour collèges d’adeptes, mais appelle les grandes estrades du circuit.

 

©Oxygenprod

 

Les amoureux de Fauré ne devaient à aucun prix manquer le week-end que leur offraient Salle Pleyel Éric Le Sage et ses amis (les 16 et 17 octobre 2010).  On sait à quel point le pianiste aime accomplir une trajectoire au long cours en compagnie d’un compositeur : ses intégrales Poulenc (RCA) et Schumann (Alpha) démontrent son double amour de la pratique soliste et de la complicité chambriste.  Son actuelle exploration concerne la musique de chambre de Fauré ; ainsi nous donnait-il la primeur de ce qui deviendra projet discographique. La Salle Pleyel est-elle l’écrin rêvé pour l’intimité de l’échange chambriste ? On peut en douter et préférer la Salle Gaveau, par exemple, mais il faut avant tout se réjouir que trois concerts (pour ainsi dire enchaînés) aient pu quasiment remplir une salle imposante autour d’un axe de programme qui, il y a vingt ans, n’aurait probablement pas remporté une telle victoire.  D’autant qu’Éric Le Sage [notre photo] ne se départissait point d’une approche feutrée du son pianistique, privilégiant l’intégration fusionnelle au tissu déroulé par ses compagnons cordistes.

 

©DR

 

On lui saura gré de travailler les moindres intentions expressives dans ce subtil apprivoisement d’un instrument dont Debussy demandait que l’on fasse oublier qu’il a des marteaux ; mais l’oblation du panache pianistique n’est guère aisée dans un décor conçu pour les éclats orchestraux.  À 46 ans, Éric Le Sage opère en doyen (!) de l’équipe réunie par ses soins.  Pour les deux Quintettes de Fauré et celui de Franck, il s’adjoignait le Quatuor Ébène, si vibrant de sensibilité mais dont le seul maillon faible réside dans les attaques d’archet souvent incertaines de son premier violon.  Ceci dit, le Quatuor Ébène donna une interprétation irréelle du Quatuor à cordes de Ravel, comme suspendue dans le soyeux enveloppement de son extase onirique.  D’archet maîtrisé avec autorité, on ne déplorait guère la carence avec Daishin Kashimoto, partenaire puissant de la 1re Sonate op.13 ainsi que des Quatuors op.15 et 45 de Fauré pour lesquels ils furent rejoints par l’altiste Lise Berthaud et le violoncelliste François Salque.  À l’alto, Fauré confia la conduite d’importantes évolutions dans les développements de l’op.45, et le riche velours du son de Lise Berthaud s’avéra un atout incontestable.  Quant au Trio op.120, il nous fut présenté dans la réalisation d’une intention attestée par une lettre de Fauré à son épouse : c’est-à-dire avec la clarinette en lieu et place du violon qui s’imposa (par réalisme ?) dès la création.  Paul Meyer a l’extraordinaire capacité de gommer les attaques de son instrument, ce qui lui permit de se fondre dans la sonorité de François Salque sans que son timbre paraisse se superposer aux autres instruments.  Cet effectif permettait en outre de proposer au public, après ce Fauré tardif, le Debussy de l’ultime décennie, avec la Rhapsodie pour clarinette et piano, et la Sonate pour violoncelle et piano.  On ne dira jamais assez combien ces programmes furent harmonieusement agencés et bénéficièrent du jeune regard d’une théorie de talents sincèrement immergés dans la défense de chefs-d’œuvre que la génération précédant la leur avait eu tendance à considérer comme reliques d’un monde révolu (fâcheuse erreur !... et quand on secoue la poussière, la relique reprend chair !).

 

Au chapitre de la musique contemporaine, on se réjouit de l’audience publique recueillie à Saint-Merry (15 octobre 2010) par un concert monographique Martín Matalon [notre photo].  Les solistes de l’Ensemble Sillages fondé par Philippe Arrii-Blachette donnaient l’intégrale des sept Traces actuellement écrites par le compositeur argentin (six d’entre elles figuraient sur le CD du label Sismal, avec quelques interprètes différents) : le principe s’en tient à un instrument – ou une voix – serti, environné de sa transformation électronique en temps réel ou en temps différé.

 

©Patricia Dietzi/Durand

 

Il en ressort un univers poétique allant du râle au tellurique, mais toujours respectueux du potentiel expressif de l’interprète impliqué ; il convient d’ailleurs de tous les citer, tant ils donnèrent le meilleur de leur talent : Gilles Deliège (alto), Sophie Deshayes (flûte), Jean-Marc Fessard (clarinette), Hélène Colombotti (marimba), Donatienne Michel-Dansac (soprano), Séverine Ballon (violoncelle), Pierre Rémondière (cor), ainsi que l’informaticien Robin Meier et l’ingénieur du son de La Muse en Circuit, Laurent Codoul.  L’atmosphère surréaliste propre à Matalon s’élevait à la magnificence d’une spatialisation de la diffusion électronique portée par l’acoustique de cette église, juste assez réverbérante sans que ses dimensions échappent au contrôle des techniciens.  Notre imagination baignait ainsi dans l’aura du phénomène sonore.  Certes, la fragilité de la musique électronique tient à la remise à jour technique constante qu’impliquent les évolutions des logiciels et des procédés informatiques (qu’adviendra-t-il de sa conservation et de sa diffusion à travers les siècles, alors que l’on peut toujours jouer la musique écrite sur des feuilles de papier du XVIIe siècle ?), mais combien l’ingéniosité humaine, « radiographiant » les lois acoustiques de la nature, parvient-elle à en tirer de beautés par l’artifice d’une transmutation de processus mathématiques enclenchés en série pour les appliquer à la recréation esthétique !

Sylviane Falcinelli.

 

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Passion, opéra de Pascal Dusapin.  Livret de Pascal Dusapin avec la collaboration de Rita de Letteriis.  Création chorégraphique de Sasha Waltz.  Barbara Hannigan (Lei), Georg Nigl (Lui).  Sasha Waltz & Guests, Vocalconsort Berlin, Ensemble Modern, dir. Franck Ollu.

 

Pascal Dusapin ©DR

 

Audacieuse reprise de la saison lyrique, au Théâtre des Champs-Élysées, avec cette nouvelle production du sixième opéra de Pascal Dusapin Passion créé en 2008 à Aix-en-Provence, dans une mise en scène assez controversée de Giuseppe Frigeni.  Pour cette nouvelle production, la mise en scène, la chorégraphie et les décors ont été confiés, avec bonheur, à la talentueuse chorégraphe berlinoise Sasha Waltz pour sa deuxième collaboration avec Dusapin, le reste de la distribution demeurant identique en ce qui concerne la direction musicale et les chanteurs.  Pascal Dusapin fait indéniablement partie des compositeurs contemporains les plus joués et les plus écoutés, chaque opéra étant l’occasion d’une nouvelle aventure, d’une nouvelle surprise, toujours différent du précédent, comme un genre à perpétuellement réinventer.  Pour l’occasion, en revenant aux sources mêmes de l’opéra, sous l’influence de Monteverdi et en faisant une relecture personnelle du mythe d’Orphée et Eurydice, Dusapin nous propose une véritable déconstruction du genre opératique dans une vision plus globale se rapprochant de « l’œuvre d’art totale ».

 

©Jörg Jeshel

 

Deux personnages, Elle et Lui, entourés des Autres, entreprennent de multiples variations chantées et dansées, sur le thème de l’amour impossible, du couple, du désir, des pulsions, du ravissement, de la séduction ou de l’effroi, un mythe d’Orphée envisagé à l’envers, où Eurydice refuse de remonter vers la lumière - épreuve de la Terre, initiation qui ne trouvera son aboutissement que dans la dissolution des personnages.  Dusapin souhaitait une théâtralisation de la musique, c’est à présent chose faite, grâce à la magnifique et sensuelle chorégraphie de Sasha Waltz & Guests qui pallie la faiblesse du livret en nous donnant à voir de très belles images chargées d’émotion, des corps qui s’étreignent, se repoussent, s’enlacent, au son de la musique parfaitement adaptée de Pascal Dusapin.  Une scénographie réduite au maximum, une nudité d’outre-noir sur laquelle se déploient les corps des acteurs, dans un gigantesque mobile, magnifié par les splendides éclairages de Thilo Reuther, des voix somptueuses, puissantes et intériorisées, une direction d’orchestre intelligente, claire et précise.  Une totale réussite.

 

©Yanez

 

Otello (1887), drame lyrique de Giuseppe Verdi.  Livret d’Arrigo Boito d’après Shakespeare.  Donné en version de concert au Théâtre des Champs-Élysées.  Mahler Chamber Orchestra, WDR Rundfunkchor Köln, Les Petits Chanteurs de Strasbourg, Maîtrise de l’Opéra national du Rhin, dir. Daniel Harding.  Franco Farina (Otello), Anja Hartejos (Desdemona), Franco Vassallo (Jago), Alexey Dolgov (Cassio), Christina Daletska (Emilia), Emanuele Giannino (Rodrigo), Stanislav Shvets (Lodovico), Giovanni Guagliardo (Montano).

Force est de reconnaitre qu’Otello avait bien pâle figure sur la scène du Théâtre des Champs-Élysées, car cette version de concert - dont on attendait beaucoup - a cruellement souffert de la défection de Ben Heppner dans le rôle-titre, souffrant et remplacé en dernière minute par Franco Farina. Une déception qui fut à la hauteur des deux principales insuffisances de cette production.  À commencer par la direction de Daniel Harding [notre photo], pourtant à la tête de son propre orchestre, le MCO, dont il n’a pas su mobiliser les magnifiques sonorités, faisant preuve d’une direction terne, sans passion, voire absente, se contentant d’accompagner les chanteurs, indifférent au drame.

 

©DR

 

S’y ajoute la contestable prestation du ténor Franco Farina, qui n’a plus, à l’évidence, la stature vocale et la crédibilité du rôle, insuffisance apparue dès l’inaugural « Esultate ! » avec un manque d’ampleur dans la voix, des aigus serrés, un timbre agressif et criard, défaillances que ne pourront compenser, par la suite, une endurance certaine dans le registre médium et un beau legato dans le piano.  Le véritable triomphateur de cette soirée, incarnant à lui seul le drame, fut le magnifique et sardonique Jago de Franco Vassallo, totalement convaincant, tant vocalement que scéniquement, auquel il convient d’adjoindre l’émouvante et compatissante Desdemona d’Anja Harteros et le remarquable Cassio d’Alexey Dolgov.  À mettre également au crédit de cette production une mise en situation très réussie avec un jeu d’acteurs convaincant, un éclairage de qualité et une scénographie bien sûr minimaliste mais parfaitement adaptée à cette version de concert.  Déception certes, mais pour l’essentiel un moment musical de qualité.

 

Mahler Chamber Orchestra ©DR

 

Rencontre au sommet, Salle Pleyel : Pauset, Beethoven, Berg.  David Grimal (violon), Agneta Eichenholz (soprano).  Orchestre philharmonique de Radio France, dir. Peter Eötvös.

Le « Philhar » semblait renouer avec une de ses vocations premières en proposant, Salle Pleyel, la création mondiale, commande de Radio France, de la Schlag-Kantilene de Brice Pauset, en prélude au Concerto pour violon de Beethoven, dans lequel venait s’immiscer la cadence spécialement composée par le jeune compositeur.  Oscillant entre tradition et modernité, il s’agit ici de la troisième œuvre de Brice Pauset, librement « inspirée » d’œuvres préexistantes : après la Sonate en la mineur de Schubert et les Variations Goldberg de Bach, c’est aujourd’hui le Concerto pour violon de Beethoven qui sert de support à cette nouvelle composition.  Écriture « extra réflexive », se situant entre les deux points de fuite que constituent l’autoréférence ou la référence à l’autre, il s’agit d’une sorte de chemin de l’Autre à Soi, fait de citations, d’emprunts, véritables monades musicales impersonnelles qu’il convient de se réapproprier par le biais de la composition.  Sous la direction intelligente et précise de Peter Eötvös, l’Orchestre philharmonique et le talentueux violoniste David Grimal [notre photo], nous en donnèrent une interprétation exceptionnelle, loin de toute virtuosité gratuite mais, au contraire, empreinte d’une sincérité, d’une profondeur, d’une intériorité et d’un toucher sans pareil.

 

©DR

 

En seconde partie, Peter Eötvös [notre photo] dirigeait la très belle Lulu-Suite d’Alban Berg, occasion pour le chef hongrois de faire montre de sa compréhension de la partition, associant inventions rythmiques, couleurs de jazz, chanson populaire, lyrisme, occasion également pour l’orchestre de mettre en avant son savoir-faire et ses magnifiques sonorités.  Une remarquable interprétation d’Agneta Eichenholz dans le lied de Lulu concluait cette très belle soirée.

 

©Klaus Rudolph

 

Sublime Claudio Abbado, Salle Pleyel.  Gustav MAHLER : Symphonie n°9.  Lucerne Festival Orchestra, dir. Claudio Abbado.

Moment musical d’une rare qualité que ce concert, où Claudio Abbado, à la tête de son prestigieux orchestre du Festival de Lucerne (créé en 2003, regroupant de talentueux instrumentistes des plus grandes formations européennes de Vienne, de Berlin, d’Amsterdam) proposait au public parisien la Neuvième Symphonie de Mahler.  Œuvre emblématique dans la production mahlérienne, tant par sa construction musicale atypique que par sa résonance et sa signification, composée en 1909, créée à Vienne en 1912 par Bruno WalterElle prolonge le murmure final du Chant de la terre, symphonie d’adieu à la vie, à son œuvre, à la symphonie ; récapitulative du monde mahlérien, sa structure est atypique, avec deux mouvements lents encadrant un mouvement de danses et un rondo burlesque.  Les deux mouvements lents sont très spiritualisés.  Plus qu’un très romantique et prémonitoire sentiment d’une mort prochaine, il semble plutôt que Mahler ait pris conscience et accepté la désaffection d’Alma.  L’adieu est ici plus métaphorique que réel : il s’agit d’une méditation sur le destin, auquel nul homme n’échappe, en même temps que l’affirmation de la douleur de perdre à jamais l’être aimé.  Le premier mouvement, andante comodo, affirme un intense amour de la vie, le scherzo sur des rythmes de danse évoque, dans un cruel rictus, la vie terrestre et sa futile agitation, le rondo burlesque confirme l’absurdité du monde, enfin, le dernier mouvement, adagio, tente de réaliser une impossible union du micro- et du macrocosme, union de l’homme et de la nature, union de la matière et de l’esprit : harmonie définitive qui n’est atteinte qu’a la fin du Final dans l’acceptation, le silence et la paix.  Qu’on l’interprète comme un message d’espérance, comme un adieu d’une douceur déchirante ou encore comme une acceptation sereine du destin, cet adagio s’impose comme un accomplissement suprême.  Claudio Abbado sut parfaitement rendre compte de toutes les facettes de cette œuvre, nous proposant une lecture à la fois engagée et lumineuse, associant force et spiritualité, accentuant toutes les nuances, valorisant toutes les couleurs de l’orchestre.  Peut être aurait-on préféré une vision moins brucknérienne, plus intimiste et méditative de l’adagio final, avant que ne s’éteignent progressivement les lumières de la salle, pour laisser place au silence, à l’inaudible qui devait amener public et musiciens au bord des larmes…  Un moment d’une rare intensité qui restera dans toutes les mémoires.

 

©Fred Toulet/Salle Pleyel-Festival de Lucerne

Patrice Imbaud.

 

Musique en la Chapelle d’Henri IV.  Pour commémorer, en 2010, l’assassinat du roi Henri IV, les Chantres de Saint-Hilaire ont enregistré, en première mondiale, des Motets extraits des Preces ecclesiasticae d’Eustache du Caurroy (1549-1609), maître de chapelle.  Ils ont donné un brillant concert à Paris, en l’Église allemande, le samedi 9 octobre 2010.

 

 

Fondé en 2000 par François-Xavier Lacroux (basse-taille), ce chœur de solistes comprend L. Fouquet (dessus), G. Figiel-Delpech (contre-ténor), Ch. Maurel (haute-contre), D. Webb (taille), G. Martin et M. Nègre (basses), ce dernier étant également un excellent joueur de serpent.

La première partie, sur le thème Pater et Filius et Spiritus Sanctus, comprenait des pièces en plain-chant monodique ou harmonisées à 3 voix, et six Motets de Du Caurroy, dont le Veni Sancte Spiritus (soutenu par le serpent) qui s’est imposé par son intense prière et sa prononciation du latin d’époque.  Le motet In monte Oliveti, très dépouillé et saisissant, a constitué l’un des meilleurs moments du concert.  Dans le Veni Creator, œuvre typique du XVIe siècle, avec cadence ornée, cantus firmus à découvert et doxologie, l’ensemble s’est distingué par sa souplesse et sa plénitude vocales.  Le serpent joue un rôle important dans le motet O Crux ave spes unica, à 5 voix mixtes, avec son affirmation de la Trinité et du Salut.

 

©DR

 

La seconde partie : Ave Maria et Conclusio comprenait d’abord un plain-chant marial harmonisé à 3 voix, quelque peu archaïque, invoquant Marie à la manière de Bernard de Clairvaux : Ô très bonne, ô Reine…  Il a été suivi du motet Ave Maria à 4 voix mixtes avec lignes mélodiques et des contre-chants souples.  L’excellent ensemble a conclu cette audition, comme il se doit, aux accents du Te Deum solennel à 6 voix mixtes & serpent, avec la triple invocation du Sanctus, traduisant ensuite la louange et se terminant sur la gloire du Père.  Eustache du Caurroy fait preuve d’une science contrapuntique très dense, très élaborée et pourtant expressive, avec quelques figuralismes, ornements et notes de passage pour mettre en valeur des mots importants, par exemple : majesté.  Il exploite aussi le style plus déclamatoire, plus nettement perceptible, contrastant avec la polyphonie et le soutien du serpent.

Ces sept chantres solistes ont recréé ces pages si attachantes de Du Caurroy, surtout connu par son Requiem.  Ils ont révélé ce musicien français, mort un an avant Henri IV, par leurs interprétations grâce à la haute technicité de leur chef Fr.-X. Lacroux et à un travail extrêmement minutieux qui leur a permis de présenter un programme si diversifié - suivi de nombreux rappels suscités par l’enthousiasme de l’auditoire.

 

Musique religieuse de la France romantique.  Tel est le titre d’un remarquable concert avec des œuvres rarement entendues, interprétées par le Chœur de chambre Les Temperamens Variations, sous la direction exemplaire de Thibault Lam Quang et avec le remarquable concours d’Emmanuel Hocdé (orgue), le 2 octobre 2010, en l’Église Saint-Antoine des Quinze-Vingt.

La très nombreuse assistance a découvert avec plaisir un programme romantique sortant des sentiers battus et conçu par Th. Lam Quang [notre photo].  Dès les premières mesures, elle a apprécié la profonde intériorité de la Prière du soir de Ch. Gounod, le fondu des voix et le romantisme contenu.  Saint-Saëns était représenté par son très prenant Tantum ergo, son Ave verum pour chœur a cappella, d’une grande intensité, et sa Bénédiction nuptiale pour orgue seul, particulièrement expressive.  Après Les sept Paroles de notre Seigneur Jésus-Christ de Ch. Gounod, si chargées d’émotion, sa pièce : D’un cœur qui t’aime (extraite d’Athalie, de J. Racine) - ayant conféré leur titre au disque[2] et au concert - a été très vivement ressentie par tous, interprètes et auditeurs.

 

thibault Lam quang

©DR

 

En seconde partie, l’Allegro de la 6e Symphonie pour orgue de Ch.-M. Widor, page de virtuosité spéculant sur toutes les tessitures et possibilités dynamiques de l’orgue, a été magistralement enlevé par l’excellent organiste.  Dans le Psaume 83/84 : Quam dilecta de C. Saint-Saëns, soutenu discrètement à l’orgue, les voix ont été mises à rude épreuve.  Après O salutaris hostia pour chœur a cappella, le concert s’est terminé en apothéose avec le Stabat mater de Ch. Gounod (paraphrasé en français), musique typiquement française, d’un drame contenu, implacable, réaliste ou mystérieuse.

 

 

©DR

 

Des applaudissements nourris ont incité le chef à donner plusieurs rappels, pour la plus grande joie de tous.  Le disque enregistré avec les mêmes interprètes permettra d’en prolonger l’audition.  Le souhait de Thibault Lam Quang : « Que cette musique, faite de grandeur et de spontanéité, nourrie par une vision confiante de la Foi, tour à tour passionnée et délicate, puisse vous réjouir et vous faire passer une bonne soirée en notre compagnie » a été pleinement réalisé.

Édith Weber.

 

Richard WAGNER : Der Fliegende Holländer.  Opéra romantique en trois actes.  Livret du compositeur.  Matti Salminen, Adriane Pieczonka, James Morris, Klaus-Florian Vogt, Marie-Ange Todorovitch, Bernard Richter.  Orchestre & Chœur de l'Opéra national de Paris, dir. Peter Schneider.  Mise en scène : Willy Decker.

 

©Frédérique Toulet/OnP

 

Le Vaisseau Fantôme, que reprend l'Opéra Bastille, est plus que ne l'indique son sous-titre d’« opéra romantique ».  Wagner y trace déjà les principes du drame musical.  C'est le drame de l'errance, de l'impossible communication entre deux êtres, de l'opposition entre rêve et réalité.  « La tempête fait rage dans les êtres » pour Willy Decker qui confine sa mise en scène dans un lieu unique d’où se détachent deux éléments : une immense marine à l'arrière-plan, que contemple inlassablement Senta, fascinée par le Hollandais avant même de l'avoir vu ; une gigantesque porte ouvrant sur l'insondable, l'inconnu, tel le Hollandais dont apparaît l'ombre saisissante, ou que l'on maintient fermée comme pour fuir ce qu'elle révèle d'inquiétant.  Tout se joue dans l'intérieur des personnages : monde imaginaire dans lequel se réfugie Senta, aspiration surhumaine du Hollandais, rivé à sa quête d'un bonheur inatteignable, drame poignant d’Erik, particulièrement mis en relief ici.  Ne joue-t-il pas, au dernier acte, le rôle de trouble-fête lors des réjouissances du retour des marins.  Cette régie resserrée livre aussi d'impressionnantes images.  Ainsi du Chœur des fileuses auquel fait suite une judicieuse animation de la ballade de Senta qu'entourent fébrilement ses consœurs.  Le portrait qu'elle chérit passera de mains en mains ; détaillé, plus tard, par celui-là même qui y est figuré.  Le jeu développé autour de ce portrait occupe d'ailleurs une place déterminante dans l'illustration de l'action.  Le Chœur des matelots qui ouvre le IIIe acte est lui aussi impressionnant, alors que, vêtus de noir, tous s'en prennent à Erik qu'ils malmènent sérieusement.  Et tant pis si la rédemption finale est éludée au profit du banal suicide de Senta avec le poignard qu'Erik avait tenté de retourner contre un rival aussi mystérieux qu'inaccessible.

 

©Frédérique Toulet/OnP

 

La direction musicale de Peter Schneider, qui favorise de sombres accents, s'accorde avec l'atmosphère inquiétante de la dramaturgie.  Quoique un peu trop appuyée, elle est toujours respectueuse du chant.  C'est que ce Kapellmeister, habitué de Bayreuth, sait le poids des mots, là où le déchaînement des éléments marins de la musique de Wagner traduit le tumulte des esprits.  Ses chœurs ont de la vigueur et de la passion à revendre.  Auprès d'une Senta passionnée, Adriane Pieczonka, fièrement chantée, d'un Daland bonhomme et bien sonore, l'immense Matti Salminen, d'un Erik sincère et flamboyant, Klaus-Florian Vogt - un vrai luxe de distribution - le Hollandais de James Morris, malgré de belles nuances, paraît terne et manque de projection.

 

Émouvante exécution de L'Enfance du Christ, Salle Pleyel.  Hector BERLIOZ : L'enfance du Christ.  Trilogie sacrée, op.25.  Texte du compositeur.  Vesselina Kasarova, Paul Groves, Laurent Naouri, Matthew Brook.  Chœur Accentus, Maîtrise de Paris, Ensemble orchestral de Paris, dir. Laurence Equilbey.

 

Laurence Equilbey ©A. Solomoukha

 

Nul n'est prophète...  On sait combien la chose est vraie en ce qui concerne Berlioz.  Pour n'être pas la plus jouée de ses œuvres, L'Enfance du Christ mérite d'être réécoutée tant elle renferme de richesses : un texte dans le style naïf narrant l'errance de la Sainte Famille de la Judée vers l'Égypte jusqu'à la cité de Saïs ; encore que cette naïveté, transfigurée par une vraie spontanéité, ne sombre jamais dans la sensiblerie, encore moins le sentimentalisme.  Une musique d'une constante inspiration mélodique, aux climats tendres, d'une grande pureté, volontairement archaïque dans son orchestration allégée.  Car point de grands éclats ici, mais un travail de miniaturiste, notamment à la petite harmonie ; tel ce trio pour deux flûtes & harpe durant la troisième partie, en forme d'aubade gracile donné par le bon patriarche ismaélite à ses hôtes sacrés.  Le traitement de la partie chorale n'est pas moins original, faisant appel à un double chœur pour souligner les passages séraphiques.  Non que les trois volets de cette « trilogie sacrée » versent dans la monotonie d'un angélisme béat.  Les contrastes y sont accentués.  Ainsi de la véhémence qui suit, chez Hérode, le rêve « Ô misère des rois ! », alors qu'il s'apprête à ordonner le massacre des Innocents ; ou de la douce quiétude qui s'empare du récit suite aux refus implacables opposés par une foule sourde aux appels angoissés de Joseph et de Marie.  Partie médiane de la trilogie, La fuite en Égypte aura, elle aussi, diversifié les climats, tour à tour de l'adieu de bergers, du voyage et du repos de la Sainte Famille.  La direction attendrie et fervente de Laurence Equilbey le restitue tout en sobriété, conduisant son chœur Accentus et un Ensemble orchestral de Paris aux sonorités moirées.  De la belle distribution vocale, on citera un récitant ému, Paul Groves, qui apporte une poésie intense et diaphane à cet habile commentaire de l'action, et les contributions de la mezzo-soprano Vesselina Kasarova, sincère et sobre chez une artiste habituée à l'univers opératique, comme de la basse Laurent Naouri dans la double incarnation de Hérode et du Père de famille, singularisée par une diction exemplaire.  Vraiment la « sublime douceur » évoquée par le récitant dans sa péroraison, distingue-t-elle cette exécution.

 

Show Boat accoste au Châtelet.  Jerome KERN & Oscar HAMMERSTEIN II : Show Boat.  Musical en deux actes inspiré du roman d'Edna Ferber.  Janelle Visagie, Blake Fischer, Malcolm Terrey, Diane Wilson, Angela Kerrison, David Chevers, Otto Maidi, Miranda Tini, Dominique Paccaut, Glenn Swart, Graham Clark.  Orchestre Pasdeloup, dir. Albert Horne.  Mise en scène : Janis Honeyman.

 

©Malin Arnesson

 

Quelque quatre-vingts ans après sa création française dans ce même théâtre, Show Boat revoit le jour au Châtelet, dans la production de l'Opéra de Cape Town.  Cette comédie musicale, créée en 1927, marque un tournant dans l'histoire du genre.  Jusqu'alors essentiellement conçue comme pur divertissement, elle acquiert ici la vraie dimension dramatique que permet une intrigue construite dans laquelle s'imbriquent naturellement les numéros musicaux.  La saga d'une famille d'artistes jouant la comédie sur un bateau-théâtre sillonnant le fleuve Mississipi, qui s'étend sur plusieurs décennies et embrasse trois générations, n'hésite pas à aborder des thèmes d'actualité telles que la mixité raciale, l'évolution des mœurs ou la déchéance de l'artiste.  Et à travers une galerie de portraits hauts en couleurs : Andy, capitaine & chef de troupe omniprésent, sa pudibonde épouse Pathy, sa fille Magnolia, projetée malgré elle sur les planches, qui s'amourache d'un flambeur, Reynald, un couple d'artistes en butte aux caprices du succès, ou cette figure de chanteuse métisse, Julie, bannie de la troupe pour n'être pas de sang pur ; sans oublier le vieux Joe, sorte d'archétype du bon Noir, porte-drapeau de l'affliction de ses pairs, et Quennie, l'imposante mama noire gouailleuse.  La diversité des caractères et des situations trouve écho dans la construction musicale qui voit se mélanger les styles, témoin de la diversité des deux communautés, et se succéder les modes, eu égard à l'évolution du goût au fil des époques : de la chanson sentimentale et du blues bien sage au ragtime endiablé et autres charlestons.

 

©Malin Arnesson

 

Le spectacle qui s'enhardit au fil des numéros, se signale par sa fluidité, enchaînant, sans temps mort, scènes en raccourci et vastes ensembles pétillants.  La seconde partie, plus resserrée, offre une dynamique encore plus maîtrisée.  Menée tambour battant, la troupe, choristes et danseurs, fait assaut d'énergie.  Une amusante naïveté flotte dans ces tableaux bien léchés, qui ne cherchent pas à se départir du cliché couleur locale qu'offrent une décoration aérée et de somptueux costumes, scellant dans leur diversité le passage du temps.  La trentaine de solistes n'est pas en reste, côtés vitalité et saveur vocale.  Le fait de disposer d'une formation symphonique - un Orchestre Pasdeloup étincelant - est une chance que le jeune chef Albert Horne exploite au maximum.  On se délecte vite de la profusion mélodique qui irrigue la pièce, de ces rythmes entrainants, de ces songs bien ficelés, telle la complainte du vieux nègre, Ol’ Man River, dont le thème revient en boucle.  Car c'est peut-être du fleuve Mississipi qui continue son cours imperturbable, comme s'écoule le temps, que vient la sagesse des événements qui passent.

 

Musique de chambre française à l'honneur, Salle Pleyel.

 

Éric Le Sage ©DR

 

Le pianiste Éric Le Sage avait convoqué, l'instant de trois concerts, quelques musiciens amis pour un « Week-end de musique de chambre française ».  À juste raison, à en juger par l'assistance nourrie, jeune et enthousiaste investissant le vaste vaisseau de la Salle Pleyel.  Ils n'avaient, pour leur second concert, nullement misé sur la facilité en programmant d'emblée le Premier quintette pour piano & cordes de Fauré (1906).  Ne vérifie-t-on pas dans cette œuvre de la maturité, ce mot de Vladimir Jankélévitch pour lequel la musique de Fauré « parle tout bas à l'oreille de ceux qui méritent d'entendre » (Fauré et l'inexprimable, Plon).  Langage secret en effet, fruit d'une extrême économie de moyens, qui cultive l'art captivant de la modulation, ici porté à son paroxysme.  Tout y est de l'ordre de l'ineffable.  Avec une étonnante maturité, les quatre jeunes musiciens du Quatuor Ébène [notre photo] nous font pénétrer dans les arcanes de ce morceau de musique pure ; tandis qu’Éric Le Sage distille avec une infinie sensibilité les arabesques liquides d'une partie de piano ingénieusement intégrée dans le tissu des cordes.  Dans le Premier Quatuor pour piano & cordes, op.15, vraie carte de visite du style chambriste de l'auteur, tout est séduction, verve mélodique, invention thématique incessante, art de la modulation, et déjà ce « je-ne-sais-quoi » (ibid.) ou charme fauréen.  L'interprétation d’Éric Le Sage et compères, Daishin Kashimoto, violon, Lise Berthaud, alto, et François Salque, violoncelle, est frappée au coin de la perfection. 

 

©Julien Mignot/Salle Pleyel

 

Refusant l'effusion, mais chantant on ne peut mieux, fuyant les couleurs insistantes sans pour autant tomber dans l'elliptique, car tout doit être suggéré, non souligné, l'envoûtement fauréen opère dès les premières mesures, qui ne se démentira pas un instant, comme au scherzo sautillant qu'entrecoupe un bref trio presque fantomatique.  Avec le Quintette de Franck, de l'année 1879, dédié à Saint-Saëns, changement d'univers : les vastes proportions (près de 40'), une musique empreinte de tension quasi théâtrale par endroits, et proche de l'orchestre, le recours au système cyclique.  Car, organiste, le musicien sait prendre son temps et concevoir des constructions grandioses.  On pense à sa Symphonie, dont un des thèmes revient en boucle dès le premier mouvement.  Là encore les Ébène et Le Sage livrent une exécution immaculée, jouant parfaitement des oppositions entre urgence dramatique et lyrisme intense.

 

Il Trittico, enfin à l'Opéra Bastille !  Giacomo PUCCINI : Il Trittico.  Trois opéras en un acte : Il Tabarro (livret de Giuseppe Adami, d'après La Houppelande de Didier Gold).  Suor Angelica (livret de Giovacchino Forzano).  Gianni Schicchi (livret de Giocacchino Forzano).  Juan Pons, Marco Berti, Sylvie Valayre, Mario Luperi, Éric Huchet, Marta Moretto, Tamar Iveri, Luciana D'Intino, Louise Callinan, Marie-Thérèse Keller, Amel Brahim-Djelloul, Claudia Galli, Cornelia Onciou, Ekaterina Siurina, Saimir Pirgu, Barbara Morihien, Alain Vernhes, Yuri Kissin.  Orchestre & Chœur de l'Opéra national de Paris, dir. Philippe Jordan.  Mise en scène : Luca Ronconi.

 

©OnP/Ian Patrick

 

Excellente initiative que de donner à l'Opéra Bastille, enfin dans son intégralité, ce Trittico dont Puccini était si fier.  Car entendue dans la continuité, et non en morceaux séparés comme trop souvent - une mise en pièces fustigée par l'auteur -, l'entreprise se révèle d'un tout autre intérêt.  Et on se prend à découvrir que ces trois pièces, a priori disparates, n'ayant en commun que d'être chacune une variation sur la mort, sont sans doute unies par un fil conducteur.  Puccini, qui vénérait le grand Dante et y fait expressément référence à l'ultime scène de Gianni Schicchi, a-t-il voulu, au long de ces trois épisodes, traiter successivement de l'Enfer, du Purgatoire et du Paradis ?  Ou des trois standards éprouvés de la scène lyrique : le sombre drame sans issue, teinté d'horreur calculée ; le tragique psychologique, non dénué de quelque sentimentalisme ; le comique satirique qui voit triompher la jeunesse, et à travers elle, la vie ?  À moins encore que cette trilogie ne traduise un cheminement de l'ombre vers la lumière qui, des bas-fonds d'un quai de Seine, mène à une apothéose amoureuse dans la belle lumière florentine, en passant par les tonalités irisées d'un soir de printemps dans un couvent de Toscane.

 

©OnP/Ian Patrick

 

La production, importée de la Scala, cherche à établir cette unité dans son approche décorative qui fait de chacun des opéras le panneau d'un triptyque : atmosphère lugubre, en gris et noir, autour d'une péniche, alors que les personnages semblent lutter contre quelque lassitude de l'existence ; climat de lumière où vit la communauté religieuse, que meuble une immense statue de la Vierge gisant au sol ; intérieur cramoisi d'une riche demeure florentine que des héritiers endeuillés habitent de leurs cupides desseins.  La régie de Luca Ronconi ne cherche pas à tirer les pièces vers l'abstrait symbolique, non plus que vers une imagerie ostentatoire.  Sa direction sobre et resserrée dans la première pièce travaille un trio infernal qui, froidement, se défait sur fond de scénettes anecdotiques.  Elle n'élude pas la monotonie qui fige la vie ordinaire d'un couvent où la jeune Angélique, cloîtrée pour avoir eu un enfant hors mariage, apprend la mort de celui-ci de la bouche d'une tante hautaine et va, par son suicide, connaître la rédemption.  Elle retient enfin, un peu trop, le mouvement irrésistible qui conduit une famille à être doublement bernée pour avoir parié sur la générosité d'un mourant.  Si la caricature de chacun est juste, la manigance de Schicchi reste dépourvue de son nécessaire mélange de farce et de sadisme.  D'ailleurs, l'interprète, Juan Pons - moins à l'aise ici que dans le marinier Michele - manque de verve comme de faconde.  Des distributions - fort exigeantes en nombre et qui alignent un brelan de voix jeunes - se détachent les prestations de Sylvie Valayre, intense Giorgetta, de Tamar Iveri, sincère Angelica, et de Luciana D'Intino qui prête à sa méchante tante une morgue dévastatrice.

 

©OnP/Ian Patrick

 

La plus belle réussite revient à l'orchestre.  Jamais Puccini n'est allé aussi loin dans la recherche sonore.  La nécessité de traiter chaque histoire en un seul acte l'a conduit à la plus extrême concision.  Ce ne sont que mosaïque de séquences musicales, combinaisons instrumentales audacieuses, dissonances âpres, effets de lointain.  Philippe Jordan est à l'aise dans cet idiome resserré, mouvant aussi.  Sa direction intensément dramatique dans la première pièce, mêlant harmonies inquiétantes et symbolisme poétique, est mesurée dans la deuxième, où le discours procède par petites touches à la manière de l'aquarelliste ; elle se fait enfin un festin des brillantes volutes de la comédie finale où tout opère dans un continuum rapide, parfois hilarant.  L’Orchestre de l'Opéra brille de tous ses pupitres et le résultat sonore est impressionnant de cohésion.

Jean-Pierre Robert.

 

L’Association « Femmes et Musique » présentait le vendredi 15 octobre dernier, en l’Auditorium Debussy-Ravel de la Sacem, un concert donné à l’occasion du centième anniversaire de la naissance d’Elsa Barraine [1] , compositrice qui marqua le XXe siècle d’une forte empreinte - tant par son originalité musicale que par son action militante en faveur de la justice sociale et de la culture.  Issue de la classe de Paul Dukas, elle fut la quatrième femme - après Lili Boulanger, Marguerite Canal et Jeanne Leleu - à obtenir le Premier Grand Prix de Rome (1929).  Dès 1933, elle traduisait ses angoisses devant la montée du nazisme avec de grandes pages orchestrales comme Pogroms (1933) ou sa Seconde Symphonie « Voïna, La guerre » (1938), avant de s’investir dans la Résistance.  À l’issue du conflit, elle fut nommée, au CNSM, professeur de Déchiffrage au piano puis d’Analyse.

 

Elsa Barraine, 1940 ©DR

 

Le concert permit d’entendre sa Suite Juive pour violon & piano, des mélodies – dont le dramatique Avis, sur un poème de Paul Eluard (1944) – et Thème et variations pour piano.  À la compositrice, le programme associait son maître Paul Dukas (avec Variations, interlude et finale sur un thème de Rameau), sa condisciple Simone Féjard (admirables mélodies !) et l’une de ses élèves, Graciane Finzi (avec Et si tout recommençait, pièce pleine d’invention, pour violon & piano).

Les interprètes, Odette Chaynes & Geneviève Ibanez (pianistes), Alexis Galpérine (violoniste) et Jean-Jacques David (baryton), ont – avec une parfaite musicalité – témoigné de leur ardent investissement en faveur d’une manifestation qui suscita l’enthousiasme admiratif d’un public choisi.

Édith Allouard.

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[1] L’AFM publie Elsa Barraine (1910-1999) une compositrice au XXe siècle.  Éditions Delatour-France, Le Vallier, 07120 Sampzon (www.editions-delatour.com)

 

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PIANO

Nikolaï MIASKOVSKY : Sonate n°5, pour piano, op.64 n°1.  Le Chant du Monde (pianco@chantdumonde.com).  35 p.

Cette Sonate est assez redoutable.  Dans le premier mouvement, Allegretto capriccioso, la ligne chantante doit particulièrement être rendue par les 5e, 4e et 3e doigts de la main droite ; elle plane au-dessus d’un mouvement de doubles croches, auquel vient s’ajouter une pédale à la main gauche, et les changements de tempi doivent être observés.  Le deuxième, Largo espressivo, plus méditatif, comporte des passages en « 3 contre 2 » et quelques accords délicats à déchiffrer.  Le troisième, Vivo, repose sur de nombreux traits de doubles croches, et exige une bonne précision d’attaque.  Enfin, le 4e, Allegro energico, nécessite la maîtrise des tierces parallèles, des octaves à la main gauche.  Elle est destinée à des pianistes chevronnés.

 

 

Nikolaï MIASKOVSKY : Sonate n°6, pour piano, op.64 n°2.  Le Chant du Monde (pianco@chantdumonde.com).  39 p.

Poursuivant son intéressante série sur l’œuvre de N. Miaskovsky (1908-1944), professeur de composition au Conservatoire de Moscou & éminent pédagogue, Le Chant du Monde vient d’éditer sa 6Sonate pour piano, en 3 mouvements : Allegro ma non troppo (avec oppositions de nuances et de tempi) ; Andante con sentimento (avec une écriture très arpégée, pour mains alternées) ; Molto vivo (de facture plus classique, avec des traits brillants).  De déchiffrage assez difficile - avec une excellente gravure, des nuances précises, mais sans aucune suggestion de doigtés -, cette Sonate est destinée à des pianistes faisant preuve de virtuosité, sachant surmonter les difficultés de lecture et rompus au jeu polyphonique.

 

Édith Weber.

 

FORMATION MUSICALE

Sophie JOUVE-GANVERT : Croq’Notes, vol.4. Billaudot : G 8817 B.

Croq’Notes ou comment apprendre à lire la musique, tel est le titre exact de cet excellent ouvrage.  Le sous-titre en décrit le contenu : « lecture coordonnée de notes et de rythme, sur des textes musicaux, en clés de sol et de fa ».  Présentée en deux volumes qui se complètent, cette méthode ne contient pas moins de douze approches différentes permettant à toutes les formes d’approche de la lecture d’être prises en compte.  Une indication fondamentale figure à la fin de l’avant-propos : « Tous les extraits doivent être entendus, soit joués par l’élève si son instrument s’y prête et si son niveau de technique instrumentale lui permet de jouer dans le tempo « juste », soit à partir d’un CD. »

 

 

PIANO

Virginie THARAUD : Haut les mains !  Méthode de piano.  Lemoine : HL 28852.

Voici une méthode bien réjouissante.  Conviendra-t-elle à tous les élèves ? Toujours est-il qu’elle s’efforce de mettre en œuvre de façon ludique l’ensemble des éléments dont a besoin le jeune pianiste, sans oublier la créativité et le lien personnel avec le clavier.  Souhaitons qu’elle soit, comme le souhaite l’auteur, « le point de rencontre enjoué et créatif de l’enthousiasme des élèves et de celui des professeurs »…

 

 

Modest MOUSSORGSKY : Tableaux d’une exposition.  Transcription pour piano à quatre mains par Bruno Rossignol.  Delatour : DLT1808.

Précisons tout de suite qu’il ne s’agit pas d’une adaptation simplifiée, mais d’une véritable réécriture, à la fois fidèle à l’original pour piano seul et prenant en compte toutes les possibilités d’instrumentation offertes par cette formation. Il s’agit donc d’un enrichissement du répertoire des pianistes duettistes.

 

 

Olivier, Carole & Fabrice MAYRAN DE CHAMISSO : Le Piano à la carte.  32 pièces originales pour les premières années.  Volume 1.  Avec CD.  Delatour : DLT1316.

Olivier & Carole Mayran de Chamisso, accompagnés, pour les deux dernières pièces de leur fils Fabrice, nous présentent un copieux album très progressif et plein de charme.  Ils font ainsi alterner pièces traditionnelles et musiques actuelles, mais toujours avec un goût sans défaut.  On ne peut donc que recommander ce volume.  Le CD comprend l’ensemble des pièces et est très bellement interprété et réalisé.

 

 

ORGUE

Pascal REBER : Œuvres pour orgue.  Compositeurs alsaciens.  Volume 16.  Delatour : DLT1513.

Trois pièces dans ce recueil : Chaconne sur le nom de Silbermann, Aria con moto et Cantilène.  Ces trois pièces ont l’avantage de pouvoir être interprétées sur un instrument à seulement deux claviers et pédalier.  Elles sont d’un caractère lyrique et écrites dans un langage résolument moderne.

 

 

GUITARE

Claude WORMS : DUENDE FLAMENCO, anthologie de la guitare flamenca.  Volume 5C : Alegrias.  Combre : C06669.

Ce remarquable travail s’adresse à des guitaristes déjà confirmés.  Il contient la présentation de la collection, ainsi qu’une présentation des bases de la guitare flamenca, et de la technique spécifique de main droite et l’explication de la notation. Suivent des pages sur la structure du flamenco et son lien avec la danse. Enfin, les neufs morceaux du recueil sont présentés à la fois en écriture traditionnelle et en tablature, avec des indications extrêmement précises d’interprétation et de doigtés.  Cette collection est à recommander absolument à tout guitariste voulant aborder le flamenco.

 

 

Renaud GILLET & Patrick GUILLEM : Méthode de guitare (ré)créative).  Avec CD.  Lemoine : 38862 HL.

Cette méthode pour débutants est tout à fait passionnante. Outre une présentation très attrayante, elle se distingue surtout par son approche extrêmement détaillée et complète de l’instrument : notes et tablatures, initiation immédiate à l’improvisation, présentation des accords et des différentes manières d’aborder l’instrument.  Théorie et pratique sont constamment mêlées. Le répertoire proposé aborde tous les genres de musique, de la plus classique au rock et au reggae.  Bref, nous sommes en face d’une méthode à la fois ludique et sans concessions.  Ajoutons que le CD sert à la fois de modèle, de play-back et d’invitation à l’improvisation.  Il est, par ailleurs remarquablement réalisé et agréable à écouter.

 

 

HARPE

Lucie ROBERT-DIESSEL : Boîtes à musique pour harpe.  Combre : C06657.

De niveau fin de deuxième cycle, ce recueil contient trois pièces correspondant parfaitement au titre, et qui peuvent s’enchaîner ou se jouer séparément.  Au début de chaque pièce, une introduction rapide simule le remontage du ressort, puis la musique s’égrène fort joliment dans un tempo régulier.  Un ralenti progressif à la fin de chaque morceau imite l’arrêt progressif de la boîte lorsque le ressort est détendu… Mais le charme de cette musique est bien loin d’être seulement imitatif !  Charme et humour caractérisent ce recueil.

 

 

ACCORDÉON

Jean-Michel TROTOUX : Écoute le coucou !  Pièce pour accordéon.  Niveau débutant.  Lafitan : P.L.2116.

Voici une charmante pièce champêtre qui fera la joie du débutant.

 

 

MUSIQUE DE CHAMBRE

Gabriel FAURÉ : Trio pour piano, violon & violoncelle, op.120.  Urtext.  Bärenreiter : BA7902.

Les éditions Bärenreiter ont entrepris une édition magistrale des œuvres de Fauré.  Dans ce cadre, voici l’avant dernière œuvre du compositeur, écrite entre 1922 et 1923 et dont la première exécution eut lieu le 12 mai 1923.  Conçu primitivement pour clarinette, alto & violoncelle, ce trio prit très vite sa forme définitive.  On lira avec profit la préface très documentée et en français qui se trouve dans la partition.  Le fait qu’il s’agisse d’une édition critique ne nuit en rien à la clarté de la présentation, bien au contraire.  On ne peut que se réjouir de l’entreprise de Bärenreiter dont nous rendrons compte au fur et à mesure des parutions.

 

 

Gabriel FAURÉ : Quatuor à cordes op.121.  Urtext.  Bärenreiter, partition de poche : TP 412 ; parties séparées : BA7901.

On sait combien Fauré a hésité à se lancer dans la composition d’un quatuor : l’ombre de Beethoven et de Haydn planait sur lui… Entrepris dès septembre 1923, le quatuor ne sera achevé que sur son lit de mort.  Encore confiera-t-il à Roger-Ducasse le soin de relire et d’ajouter de nombreuses indications de dynamique et de phrasé qu’il n’avait pas eu le temps d’indiquer lui-même.  Tout cela se trouve, avec bien d’autres renseignements, dans la préface de l’édition de poche.  Précisons que le détail des indications d’édition (comme pour le Trio) ne se trouve que dans le volume correspondant de l’édition intégrale.  Inutile d’insister une fois de plus sur la clarté et la lisibilité de cette remarquable édition.

 

 

MUSIQUE CHORALE

Chor aktuell pour voix de femmes, rassemblés par Kurt Suttner, Mas Frey, Stefan Kalmer, Katrin Ehmer.  Bosseverlag (http://www.bosse-verlag.de) : BE 2498.

Voici un très abondant recueil qui comblera les ensembles vocaux féminins.  Il explore les répertoires sacrés et profanes de la Renaissance à nos jours, incluant, pour l’époque la plus récente, gospel et pop.  Mêlant avec bonheur arrangements et pièces originales, il couvre l’ensemble du monde.  La France y est représentée par Caplet, Poulenc et Duruflé.  Soixante-douze pièces, toutes de grand intérêt, et dans des genres variés, sont donc présentées avec le sérieux de ces éditions : tables alphabétique, thématique, par compositeur, tout est fait pour en rendre l’utilisation aussi aisée qu’agréable.

 

 

Joseph-Ermend BONNAL : Adon Olam.  Prière hébraïque pour basse solo, chœur, orgue & orchestre.  Réduction chœur-orgue.  Delatour : DLT1229.

Cette prière hébraïque se déroule dans un climat de recueillement.  Rien de mièvre dans cette écriture relativement classique.  C’est avec bonheur que l’on découvre les œuvres de cet élève de Fauré, Guilmant & Tournemire, mort en 1944, trop peu connu et trop peu joué.

 

 

Joseph-Ermend BONNAL : Verbum supernum pour chœur mixte a cappella (SATB). Delatour : DLT1233.

Cette version chorale du cantique au Saint-Sacrement Verbum supernum est à la fois simple et d’une grande beauté par sa simplicité même.  Couplets en majeur ou en mineur se succèdent, illustrant discrètement le texte.  Une strophe polyphonique, une autre en choral simplement orné, bref cette œuvre est à la fois variée et d’une grande unité.  Ajoutons qu’elle n’offre aucune difficulté pour une chorale un peu exercée.

 

 

Dynam-Victor FUMET : Messe en do mineur pour chœur mixte (STB) & orgue. Delatour : DLT1835.

Voici une très belle œuvre de ce compositeur élève de César Franck, au parcours chaotique mais à la musique très intéressante.  Cette messe de proportions relativement modestes est d’un grand intérêt, sans être extrêmement difficile.  Elle est à la fois méditative et mystique, dépourvue de toute sentimentalité ou théâtralité.

 

 

Dynam-Victor FUMET : Tu es Petrus, pour chœur mixte SATB a cappella.  Delatour : DLT1883.

Nous revenons, avec cette pièce, au Salut du Saint-Sacrement.  Ce court répons plein d’énergie est conforme au texte qu’il illustre.  Une notice très intéressante sur le compositeur a été jointe à cette œuvre d’un musicien atypique et trop peu connu.

 

 

VIOLONCELLE

Guy PRINTEMPS : Sonate pour violoncelle & piano.  Combre : C06646.

Destinée à une fin de second cycle ou à un troisième cycle, cette sonate de forme traditionnelle comporte un Allegro non troppo à la rythmique changeante, un Andante paisible et un troisième mouvement qui, après une cadence a piacere du violoncelle s’élance dans un allegretto giusto redoutable.  Ajoutons que la partie de piano, véritable partie concertante, demande également un pianiste chevronné.

 

 

FLÛTE

Guy PRINTEMPS : Sonate « à la princesse inconnue » pour flûte & piano.  Combre : C06611.

Cette sonate en trois mouvements concerne plutôt la fin du second cycle.  Il s’agit d’une véritable sonate où pianiste et flûtiste dialoguent sans discontinuer.  Elle comporte les trois mouvements traditionnels.  Le premier est très fluide et change souvent de tempo, le deuxième un largo lyrique, et le troisième un tempo giusto au rythme exigeant, comportant une cadence de flûte digne d’un concerto.  Œuvre difficile mais attachante.

 

 

HAUTBOIS

Pascal REBER : Arioso mélismatique en 4 versets pour hautbois & orgue.  Compositeurs alsaciens, vol. 5.  Delatour : DLT1515.

Voilà une pièce où orgue & hautbois s’expriment dans quatre versets de caractères contrastés, dans une écriture d’une grande poésie rappelant la structure des mélodies grégoriennes.

 

 

CLARINETTE

Alexandre RYDIN : Fantasia pour clarinette sib & piano.  Combre : C06685.

Cette très jolie pièce d’un compositeur finlandais né à Lisbonne et qui a exercé son activité musicale au Conservatoire de Lausanne est destinée à la fin du premier cycle.  Elle commence par un Moderato cantabile un peu rêveur, se continue par un Poco piu mosso triomphal et se termine par un Quasi allegretto où la clarinette joue souplement en binaire sur les triolets du piano.  Voici une Fantasia qui mérite bien son nom.

 

 

SAXOPHONE

Marco PÜTZ : Waltz & ragtime pour saxophone & piano.  Combre : C06666.

Écrits pour le deuxième cycle, cette valse et ce ragtime sont, l’un et l’autre, pleins de charme.  Tandis que la valse est un peu nonchalante et mélancolique, le ragtime est, comme il se doit, endiablé à souhait, le tout dans un langage simple où la partie de piano sera avantageusement tenue, elle aussi, par un élève.  Voilà, pour les deux exécutants, beaucoup de plaisir en perspective.

 

 

TROMBONE / EUPHONIUM

Pascal PROUST : 25 Variétudes pour trombone.  Combre : C0668.

Ces charmantes pièces pour trombone seul parcourent, du nocturne à la polka tous les styles de musique, avec ce qu’il faut de poésie et d’humour pour en faire goûter le charme.  Pièces assez faciles destinées au premier cycle.

 

 

Marco PÜTZ : Poids lourds pour euphonium & piano.  Combre : C0689.

Deux poids lourds sont proposés : l’« Hippopotame », et le « Petit éléphant ».  Ces charmants mastodontes devraient faire la joie des deux instrumentistes, unis dans des pièces pleines d’humour et de poésie.

 

 

Max MÈREAUX : Escapade pour trombone & piano.  Lafitan : P.L.2081.

Cette pièce de niveau préparatoire possède un charme certain.  Elle évoque les romances début de siècle (le XXe !) et comporte tous les éléments typiques de cette époque : la cadence de trombone, suivie d’une fin en valeurs (sagement) dédoublées.  Bref, beaucoup de plaisir en perspective pour les deux interprètes : le piano n’est pas oublié !

 

 

PERCUSSIONS

Jean-Maurice LENNE : KALLIMA.  Pièce pour caisse claire & grosse caisse à pédale. Niveau 3e cycle. Lafitan : P.L.2083.

Le titre fait allusion à la fois aux racines nordiques du compositeur : le kali est une plante du littoral de la mer du Nord et de la Manche…  Mais il y a aussi une allusion à Kali, déesse de la mort !  Loin d’être mortelle, cette pièce doit être jouée avec précision et dans un grand respect des nuances.

 

 

Julien PONDÉ : Il était une caisse, pour caisse claire & piano.  Niveau préparatoire.  Lafitan : P.L.2085.

Cette pièce pleine de dynamisme permet à un batteur & à un pianiste de niveau moyen de jouer ensemble, ce qui n’est pas si fréquent !  Elle oblige les deux instrumentistes à une rigueur rythmique de bon aloi.  Ajoutons que la partie de piano n’est pas un simple accompagnement mais joue un rôle mélodique qui la rend particulièrement intéressante.

 

 

Bernard ZIELINSKI & Arletta ELSAYARY : Dracu Rythm’.  Pièce pour caisse claire & piano (dédiée à Stéphan Fougeroux, caisse claire solo à l’Orchestre philharmonique de Strasbourg).  Lafitan : P.L.1952.

Les auteurs précisent au batteur que « cette pièce a pour principal objet de [les] habituer à jouer avec un pianiste, dès [leurs] premières années d’apprentissage ».  À la fois test technique et de musicalité pour les deux instrumentistes, elle est destinée au niveau préparatoire.

 

 

Bernard ZIELINSKI & Michel NIERENBERGER : Ô miroir, mon beau miroir !  Pièce pour caisse claire & piano (dédiée à la confrérie des batteurs des HSMA).  Niveau premier cycle.  Lafitan : P.L.2020.

Pour comprendre la dédicace, il suffit d’ouvrir la couverture ou de taper HSMA dans son moteur de recherche favori…  Par leur titre, les auteurs invitent les futurs interprètes à se mirer dans leur pièce pour évaluer leurs acquis techniques… Mais pas seulement : c’est un bien joli miroir que présentent les auteurs.  Aux exécutants de ne pas en faire… un miroir déformant !

 

 

Thierry DELERUYELLE : Ohayô Clémence pour xylophone & piano.  Niveau 1er cycle, 3e année.  Lafitan : P.L.1949.

« Cette pièce est une ode à la naissance d’une petite Clémence dont la mère est japonaise et le père français ».  On y trouve deux parties, la première à sonorités japonisantes, la deuxième, plus lente, aux sonorités occidentales.  Un final dans un tempo rapide clôt le tout.  La partie de piano n’offre guère de difficulté et sera jouée avec profit par un élève.

 

Daniel Blackstone

 

Les éditions de l’Homme (www.editions-homme.com), distr. Interforum Editis (tél. : 01 49 59 11 56.  www.interforum.fr) publient - & pour la guitare & pour le piano - pas moins de 360 accords, dans toutes leurs possibles dispositions.  Un accord par page.  17,8 x 12,7 cm, 384 p.

Pour le piano : tous types d’accords, s’appliquant à tous styles de musique : classique, jazz, blues, rock, pop, country…

Pour la guitare : s’adresse tant au débutant qu’au guitariste chevronné.  Concerne tous styles de musique.

 

                 

 

Les éditions François Dhalmann (10, rue de Bienne, 67000 Strasbourg.  Tél. : 03 88 48 49 89. www.dhalmann.fr) poursuivent, avec bonheur, leur politique de publication de compositeurs d’aujourd’hui.  Cinq parutions récentes :

  • Jean-Jacques FIMBEL : Ciné-club, 4 courtes pièces pour la fin du 1er cycle de guitare (Facile)
  • Éric FISCHER : Cinq raccourcis vers le lointain, pour violoncelle & piano (Moyen/difficile)
  • Thomas HOLZINGER : HA ! Tsss, pour ensemble de percussions à trois voix (Moyen)
  • Bruno GINER : Deux ou trois choses d’elle… pour piano (Difficile)
  • Bernard ZIELINSKI : Effets spéciaux, pour caisse-claire solo (Très difficile)
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Francis Gérimont.

 

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Laurent GUIRARD (dir.) : 50 ans de psychologie de la musique.  L’école de Robert Francès.  Montauban, AleXitere éditions (alexitere@medecine-des-arts.com), 2010, 206 p.  25 €.

Depuis près d’un demi-siècle, la musicologie - en tant que discipline d’abord historique et littéraire - s’est ouverte dans de nombreuses directions, d’abord vers la psychologie de la musique dont le Professeur R. Francès a été l’instigateur, bientôt suivi par M. Imberty, J.-P. Mialaret et A. Zenatti, alors étudiants à l’Institut de musicologie de la Sorbonne.  Après avoir défini ses méthodes et concepts, cette tendance s’est rapidement élargie autour de la perception de la musique et du jugement esthétique… jusqu’au « rapport épistémique entre musique et neurosciences ».  Les implications didactiques et pédagogiques aboutissent à l’expertise musicale ou encore au concept d’« affect de vitalité ».  Cette nouvelle approche du fait musical — lancée par R. Francès et son Laboratoire de psychologie de la culture, à l’Université de Paris-X Nanterre qui ont largement fait école - a suscité une riche bibliographie et s’est intégrée à la communauté scientifique internationale.

 

Édith Weber.

 

Julien RIGAL : Mylène Farmer.  La culture de l’inaccessibilitéÉditions Premium.  Discographie.  208 p.  18,90 €.

Peut-on analyser autrement qu’en termes financiers les productions (par ailleurs malignes & agréablement ridicules) de la « cultissime » star rousse ?  Apparemment pas.  Réservé aux fans.

 

Paul Gontcharoff.

 

Gérard DENIZEAU : Gioacchino Rossini.  Bleu nuit éditeur.  176 p., ill. n&b, ex.mus.  20 €.

Composé de sept chapitres, allant des « années d’apprentissage » au « génie théâtral vu par Annick Massis », en passant par « l’éclatante apothéose napolitaine » ou encore la « consécration parisienne », ce petit ouvrage, écrit sous la plume alerte de Gérard Denizeau, offre un panorama vivant et coloré de la vie et de l’œuvre rossiniennes.  De belles iconographies en noir & blanc ainsi que quelques exemples musicaux viennent enrichir les explications très claires de ces opéras pour certains si connus, comme Le Barbier de Séville, L’Italienne à Alger ou encore La Pie voleuse.  Gérard Denizeau, connu pour ses ouvrages sur la musique et les arts visuels, explique fort bien l’évolution du style de Rossini, comme par exemple dans La Cenerentola (Cendrillon) :

  • « Au service de ce livret, qui n’exclut ni la gravité ni la légèreté, Rossini écrit une musique avant tout caractérisée par les complexités neuves d’une ornementation vocale dont la grande virtuosité sert l’émotion sans altérer la cohérence narrative.  Par ailleurs, renouvelant le tour de force de plusieurs partitions antérieures, il met en jeu un orchestre étincelant, aussi expressif dans la variété des timbres qu’équilibré dans la distribution des pupitres. » (p.72)

De même, le contexte socio-historique est adroitement évoqué et la place de Rossini éloquemment soulignée.  Au total, moins développé que la Vi  de Rossini de Stendhal et plus directement ciblé sur l’ensemble des œuvres, ce petit ouvrage se révélera vraiment utile au lecteur curieux.  Une bonne collection que celle ici entamée par les éditions Bleu nuit.  À suivre...

 

 

Laurence Le Diagon-Jacquin.

 

Christian DUPAVILLON : Naissance de l’opéra en France.  Orfeo, Paris, 2 mars 1647.  « Les chemins de la musique », Fayard.  13,5 x 21,5 cm.  320 p., cahier d’illustrations n&b et couleurs.  25 €.

À l’initiative du cardinal Mazarin, l’Orfeo de Luigi Rossi aura été – dans la représentation scénique de Torelli - le premier opéra représenté en France.  Troupe d’Italiens dans laquelle figuraient castrats (!) et savantes machineries…  Un formidable choc culturel qui sera aux sources de la Fronde.  Christian Dupavillon – qui, de 1990 à 1993, fut directeur du Patrimoine au ministère de la Culture – mêle à l’histoire de l’opéra, celles du théâtre et de l’architecture.  À cette Journée « qui aura fait la France » (2 mars 1647), il lie toute une postérité lyrique et politique…  En cinq parties : Oh ! noces funestes ! /  Theatrum machinarum / « Donzelle morte, à ce qu’on dit, par un lézard qui la mordit » / Un affreux désert / L’apothéose.

 

 

Ruth WRIGHT (Edited by) : Sociology and Music Education.  « Sempre : Studies in the psychology of music », Ashgate (www.ashgate.com).  Hardback.  Relié sous jaquette, 16 x 24 cm, 322 p., tableaux.  £55.00 (Website price : £49.50).

Ruth Wright (The University of Western Ontario, Canada) a ici réuni les contributions de 15 éminents chercheurs & praticiens, issus d’universités américaines ou européennes, afin de donner, à l’Éducation musicale, un large socle sociologique.  Vues théoriques assorties de nombreux exemples tirés du vécu d’enseignants, illustrant notamment les plus innovantes applications de la recherche.  Postface par Christopher Small.

 

 

 

Pierre-François PINAUD : « Un havre maçonnique : la Chapelle impériale des Tuileries (1802-1815) », in Chroniques d’histoire maçonnique, n°66, 2010 (Iderm – 16, rue Cadet, Paris IXe).  15 x 21 cm, 100 p., 10,00 €.

Dans cet article fort circonstancié sur la Chapelle-Musique de l’empereur [s’inscrivant dans la recherche que mène l’auteur sur « Les musiciens francs-maçons à Paris, au temps de Napoléon »], sont relatés les débuts modestes de l’institution (1802-1806), puis ses années de gloire (1806-1815) qui virent un large recrutement de « frères à talents ».  Sont enfin décrits public & vie quotidienne de la Chapelle.  Cette livraison comporte, en outre, des articles sur : « Littérature & franc-maçonnerie », « Les loges françaises à New York au XVIIIe siècle », « La guerre civile espagnole », ainsi que tout un dossier consacré au pasteur, franc-maçon et homme politique Frédéric Desmons (1832-1910).

 

 

Thierry BENARDEAU & Marcel PINEAU : L’opéra.  « Repères pratiques », Nathan.  15 x 21 cm, 160 p., ill. couleurs.  11,60 €. 

Des origines au XXe siècle, ce petit guide présente l’opéra sous ses différents aspects.  En 6 parties : Histoire, Tradition & renouveau, Modèles & techniques (élaboration, terminologie, thèmes, livrets…), Univers lyrique, Formes, Grandes œuvres du répertoire. (une quinzaine)  Ouvrage sommaire, mais bien documenté et accessible à tous publics.

 

 

« L’Avant-Scène Opéra » (www.asopera.com) n°257 : Dialogue des Carmélites, de Francis Poulenc (1899-1963).  17 x 24,5 cm, 146 p., ill. n&b et couleurs, ex. mus.  25 €.

Outre l’intégralité du livret de G. Bernanos et Fr. Poulenc, sont - comme à l’accoutumée dans cette irremplaçable collection – proposés, suite à divers prolégomènes (signés Chantal Cazaux & Jean de Solliers) : des « Regards sur l’œuvre » (Pierre Enckell, Myriam Chimènes, Jean Roy, Claude Coste, Denis Waleckx, Francis Poulenc & Claude Rostand, Denise Duval, Régine Crespin) ; « Écouter, voir et lire » (Discographie & vidéographie, par Didier van Moere / L’œuvre à l’affiche dans le monde, par Elisabetta Soldini).  Hors dossier : Sélection de CDs, DVDs et livres / Glyndebourne 2010.

 

 

« L’Avant-Scène Opéra » (www.asopera.com), n°258 : Mathis le peintre, de Paul Hindemith (1895-1963).  17 x 24,5 cm, 146 p., ill. n&b et couleurs, ex. mus.  25 €.

Sur Mathis le peintre, opéra d’Hindemith créé à Zurich en 1938, bien des choses ont certes été écrites.  Mais rien de comparable avec cette fort érudite publication, proposant : Livret intégral (bilingue) et Guide d’écoute / Hindemith, un parcours singulier / Mathis Gothart Nithart, dit Matthias Grünewald / De la symphonie à l’opéra / Mathis & la Guerre des paysans, Hindemith & le IIIe Reich / Furtwängler & le cas Hindemith / « L’opéra d’artiste » (Künstleoper) et ses enjeux / Discographie comparée.  Hors dossier : Sélection de CDs et DVDs / En direct de… festivals 2010.

 

   

 

Jacques De DECKER.  Wagner.  Inédit. « Folio Biographies n°70 », Gallimard.  Format de poche, 288 p., cahier d’ill. n&b et couleurs.  7,70 €.

Nulle fracassante révélation dans cette remarquable synthèse de la vie d’un géant dont l’œuvre, de dimensions stupéfiantes, n’a certes pas fini de déclencher des passions contradictoires.  Ainsi à celui qui, un jour, déclara : « Je détruirai l’ordre établi qui sépare le plaisir du travail, qui fait du travail un fardeau et du plaisir un vice, qui rend un homme misérable par indigence, l’autre par surabondance », Leonard Bernstein ne répondit-il pas : « I hate you on my knees » (« Je vous hais en me prosternant »)…  Sous la plume alerte de Jacques De Decker – romancier, nouvelliste, librettiste, auteur dramatique… - voici le vade-mecum biographique qui, jusqu’à présent, faisait tant défaut.  Repères chronologiques, références bibliographiques, discographie sélective.

 

 

Sylvain FORT : Giacomo Puccini (1858-1924).  Préface de Roberto Alagna.  Actes Sud/Classica (www.actes-sud.fr).  10 x 19 cm, 160 p.  16 €.

Bien moins connue est la vie du compositeur que ses opéras.  Aussi cette petite biographie (enrichie d’une chronologie, d’index, de repères bibliographiques & d’une discographie sélective) est-elle particulièrement bienvenue.  Trois parties : Jalons/ Figures/ Pucciniana.  Où il est heureusement fait bon marché de toutes les fielleuses critiques dont ce compositeur fut naguère la cible.  Quoi qu’en ait Schönberg, qui disait : « J’ai toujours été fier de la présence de Puccini à la création du Pierrot lunaire »…

 

 

Anne-Marie FAUCHER : La mélodie française contemporaine : transmission ou transgression ?  Préface de Sylvie Douche.  « Univers musical », L’Harmattan.  13,5 x 21,5 cm, 326 p.  29 €.

Fort d’une thèse soutenue en Sorbonne (2003), ce remarquable ouvrage s’adresse à tout passionné de poésie et de musique vocale.  Après son âge d’or (seconde partie du XIXe siècle & tout début du XXe), la mélodie française connut certes bien des avatars - dérivant notamment vers le lied, la cantate, si ce n’est le théâtre musical.  À partir d’entretiens ou la lecture d’écrits de compositeurs, Anne-Marie Faucher éclaire ce nouveau panorama.  En cinq parties : L’écho du poème (Decoust, Guérinel, Casanova, Nigg, Condé, Bon), L’ouverture du poème (Chaynes, Giraud, Bancquart, Manoury, Fénelon), La transmission du poème (Mefano, Boulez, Miereanu, Amy), Le travail sur la langue (Boucourechliev, Bœuf, Reverdy, Dusapin), Les expressions de la théâtralité (émotions, théâtralité distanciée, geste musical).

 

 

Olivier LUSSAC : Fluxus et la musique.  Les Presses du réel (www.lespressesdureel.com).  13 x 17 cm, 334 p.  22 €.

Influencés par Dada, John Cage, Marcel Duchamp mais aussi Satie & le bouddhisme zen, les membres du groupe artistique Fluxus tentèrent, dans les années 60, d’abolir les frontières qui séparaient leurs différentes disciplines.  Citons George Maciunas (1931-1978), galeriste & éditeur américain, gurû : « Les objectifs de Fluxus sont sociaux (non esthétiques) […] Ils ont affaire avec l’élimination progressive des beaux-arts. […] Fluxus est définitivement contre l’objet-art en tant que commodité non fonctionnelle ».  Parmi les musiciens ayant dans ces eaux frayé, citons : Earle Brown, Joseph Byrd, Yôko Ono, Terry Riley, George Brecht, David Tudor, Walter Marchetti, La Monte Young…  Six chapitres : New York 1960/ Hommage à John Cage/ Originale/ Dissidences musicales/ Préludes à de nouvelles musiques/ Musique pour une révolution.

 

 

Gérard DENIZEAU : Chefs-d’œuvre des musées en province.  Nouvelles éditions Scala (11, rue Jean-de-Beauvais, Paris Ve).  Grand album, 23,5 x 29,5 cm, 260 p. ill. couleurs.  39 €.

La prolificité de notre éminent collaborateur Gérard Denizeau semble ne jamais devoir se tarir.  Ce sont, cette fois, quelque 200 chefs-d’œuvre des musées en province – nouvel & virtuel « musée imaginaire » - qu’il nous présente et analyse.  Au fil de 4 grands chapitres : Moyen Âge et Renaissance (La première peinture européenne), Baroque et classicisme (L’univers pictural des Temps modernes), Néoclassicisme, romantisme, réalisme (Autour de la Révolution), Symbolisme, impressionnisme, expressionnisme (Métamorphoses du XIXe siècle).  Non sans évoquer, dans « Un musée des musées » (propos liminaire), l’architecture des 70 musées différents dont il a retenu les toiles.  Éblouissant… à l’ordinaire !

 

 

Réal LA ROCHELLE : Lenny Bernstein au parc La Fontaine.  Récit, quàsi une fantasia.  Triptyque (www.triptyque.qc.ca).  Distr. : 01 43 54 49 02.  www.librairieduquebec.fr 13,5 x 21 cm, 100 p.  18 $.

Ce bref récit romancé relate les principaux épisodes des visites de « Lenny » à Montréal (en 1944 et 1945), où débuta sa fulgurante carrière internationale.  Découverte du Québec, mais aussi de la langue française et de personnalités qui le marqueront profondément.

 

 

Jean-Sébastien MARSAN : Le Petit Wazoo.  Initiation rapide, efficace & sans douleur à l’œuvre de Frank Zappa.  Essai.  Préface de Réjean Beaucage.  Triptyque (www.triptyque.qc.ca).  Distr. : 01 43 54 49 02.  (www.librairieduquebec.fr).  15 x 23 cm, 172 p.  25,75 €.

La première moitié de l’ouvrage s’adresse au néophyte désireux de découvrir qui furent Zappa & les mythiques Mothers of Invention.  La seconde moitié est une chronologie détaillée de la vie et de l’œuvre d’un provocateur hors normes (qui aura séduit jusqu’à un Pierre Boulez), synthétisant tout ce qui a pu être dit ou écrit sur lui.  Bibliographie, index rerum et nominum.

 

 

Marc ORY : Zanipolo.  Roman.  Triptyque (www.triptyque.qc.ca).  Distr. : 01 43 54 49 02.  (www.librairieduquebec.fr).  15 x 23 cm, 172 p.  20,15 €.

Splendeur de l’écriture ! Peu importe, à la limite, ce que nous conte ici Marc Ory, d’emblée nous sommes embarqués !  Et pourtant rien de moins indifférent que cette sombre affaire dans la Venise fastueuse du XVIIIe siècle, où un mystérieux personnage bouleverse la scène musicale de la Cité des Doges.  Au soir de sa vie, le peintre Francesco Guardi se remémore divers cataclysmes et vit un rêve, le temps d’un concert.

 

 

Anne-Marie GROSSER : Trésors d’enfance.  Anthologie thématique de la chanson d’enfants.  « Histoire de France : de l’homme de Cro-Magnon à la fin du XIXe siècle ».  Fuzeau Musique (www.musique-education.com).  17 x 24 cm, 208 p., ex. mus., dessins d’enfants en couleurs, 2CDs.  38 €.

Cette anthologie thématique de la chanson d’enfants regroupera, in fine, quelque 30 recueils répartis en 4 coffrets : Les animaux (paru en 2003) / La nature & les plantes (paru en 2005) / Les hommes & les métiers (dont la présente Histoire de France constitue le premier recueil) / Les saisons & les fêtes.  Sont évoqués les événements heureux ou dramatiques de notre pays - à travers chansons de geste, complaintes, appels patriotiques ou chansons de soldats, chansons des mœurs de Cour ou révolutionnaires, de « lettrés » ou de « gens sans importance », chansons d’enfants (comptines, jeux chantés et autres enfantines).  Une superbe compilation.

 

Michel TRIHOREAU : La chanson de proximité.  Caveaux, cabarets et autres petits lieux.  Préface d’Alain Leprest.  « Cabaret », L’Harmattan.  13,5 x 21,5 cm, 188 p., 18 €.

Où Michel Trihoreau, journaliste spécialisé dans la chanson, nous fait visiter caveaux, cabarets, goguettes, caf’con’, tous petits lieux de proximité qui virent naître ce genre si singulier qu’est la chanson française - et ce, depuis l’historique « Caveau » des Lumières jusqu’aux petites scènes conviviales d’aujourd’hui.  En neuf chapitres : Traces historiques/ Origines populaires/ Les cabarets première génération/ D’une rive à l’autre/ L’âge d’or/ Le schisme (Mai 68 : et après ?)/ L’éternel retour/ Proximité & humanité/ La révolution tranquille.  Avec, en guise de conclusion : Chanson-produit ou chanson populaire ?

 

 

Rusty CUTCHIN (Consultant) : Légendes de la guitare.  Préface de Mick Taylor.  Hors Collection (www.horscollection.com).  17 x 16 cm, 352 p., ill. n&b et couleurs.  13,90 €.

Classés alphabétiquement, voici réunis quelque 160 guitaristes – icônes du rock & de la pop, interprètes classiques ou musiciens latinos.  Compact et maniable, cet album superbement illustré présente, en vis-à-vis, photos des artistes et principaux éléments biographiques.  Pour fans de la « gratte », un vade-mecum !

 

 

Nombreuses paraissent les monographies consacrées à des vedettes du show-business.

Amanda STHERS : Liberace (1919-1987).  Plon (www.plon.fr).  13 x 20 cm, 122 p., 16 €.

Pianiste virtuose des années 1960, Liberace scandalisa l’Amérique puritaine en contraignant son amant à remodeler son visage afin qu’il lui ressemblât trait pour trait.  Il mourut du sida en 1987.  Amanda Sthers a ici écrit une confession fictive.

 

 

David FOENKINOS : Lennon.  Plon (www.plon.fr).  13 x 20 cm, 234 p., 18 €.

Imaginant les confessions du créateur des Beatles, et s’emparant d’une période méconnue de sa vie (de 1975, date à laquelle il décida d’interrompre sa carrière, jusqu’à son assassinat par un déséquilibré, le 8 décembre 1980), David Foenkinos dresse ici son portrait intime, auprès notamment de Yoko Ono.

 

 

Bruno LESPRIT & Olivier NUC : Bashung l’imprudent (1947-2009).  Don Quichotte (www.donquichotte-editions.com).  14 x 22,5 cm, 368 p.  19,90 €.

Sous la plume de deux éminents journalistes spécialisés, cette biographie de l’interprète de Madame rêve propose le décryptage d’un personnage qui demeura longtemps énigmatique. 

 

 

POUR LES PLUS JEUNES

Christian POCHÉ : Dix récits pour découvrir la musique arabe.  Institut du Monde arabe (tél. : 01 40 51 38 38.  www.imarabe.org).  21 x 15 cm, 30 p., ill. couleurs.  6 €.

Par le réputé ethnomusicologue Christian Poché, voici – destiné à de jeunes lecteurs - un charmant recueil de fables empruntées à la littérature classique arabe - merveilleusement iconographiées.  Chaque récit illustre un aspect particulier de la musique arabe : L’apparition du chant/ Le dromadaire & le mètre/ Le désespoir d’un père/ Le Prophète & les deux chanteuses/ Le Prophète & la femme au tambourin/ Les largesses de l’émir/ Les fourmis ravageuses/ Les récriminations d’un poète/ Le rire, les larmes & le sommeil/ La fausse note.

 

 

FINZO : Ali Baba ou les Quarante Voleurs.  Album illustré par Lucie Balanca & Virginie Bergeret.  Opéra national du Rhin (www.operanationaldurhin.eu).  20 x 20 cm, 42 p., ill. couleurs.  5 €.

Inspiré de l’opéra pour enfants Ali Baba ou les Quarante Voleurs d’après Luigi Cherubini (première mondiale le 15 décembre 2010, à Colmar), ce joyeux petit album relate l’histoire de Délia que son père Ali Baba veut marier au puissant Aboul-Hassan, alors qu’elle a promis son cœur à Nadir, jeune homme sans fortune.  Mais la découverte d’un fabuleux trésor arrangera tout cela, bien entendu…

 

 

Sébastien ROST (textes & dessins) & Nicolas PANTALACCI (musique & texte des chansons) : L’incroyable histoire de Gaston et Lucie.  Dès 4 ans.  Enfance et musique (www.enfancemusique.com).  Un album cartonné (20,5 x 21,5 cm, 52 pages couleurs) avec CD (21 pistes).  19,90 €.

À Boville, tout le monde se trouve beau, mais juge Gaston laid…  Cependant qu’un matin le soleil refuse de se lever, Gaston se chargera de tirer les choses… au clair !  Plaisante défense et illustration de l’acceptation de l’autre, dans sa différence.  Fort joyeuses musiques signées Nicolas Pantalacci, alias « Monsieur Lune ».  Chanteurs : Gérard Genty, Yves Jamait, Oldelav & monsieur D, Carmen Maria Vega, Ben Ricour, Cécile Hercule.  Récitant : Pierre Santini.  Consulter : www.gastonetlucie.fr

 

 

Rémi COURGEON (Auteur et illustrateur) : La harpe.  « Les albums du Père Castor », Flammarion (www.editions.flammarion.com).  Album cartonné.  24,5 x 31 cm, 32 pages quadri.  13 €.

Du haut de ses 10 ans, Louise est très complexée mais rêve de célébrité.  Elle trouve une harpe dans le grenier de sa nouvelle maison et décide d’apprendre à en jouer.  Et de se découvrir un talent insoupçonné…  Héroïne attachante, aux prises avec la difficulté de grandir.  Délicieuses illustrations.

 

 

Agnès CHAUMIÉ & Isabelle CAILLARD : C’est Noël !  Livre-disque.  Illustrations : Christine Thouzeau.  Enfance et musique (www.enfancemusique.com).  Distrib. : Au Merle moqueur (01 48 10 30 31. b.caillard@aumerlemoqueur.com).  Album cartonné (17,5 x 17,5 cm, 36 pages couleurs) avec CD.  15,00 €.

Ce bel album & l’enregistrement de neuf célèbres chansons vous permettront de créer, dès le 24 décembre, l’ambiance idoine : Mon beau sapin / C’est Noël, alléluia / Chantons Nolet / Il est né, le divin enfant / Neige / L’as-tu vu ? / Le cadeau / Michaud veillait / La hotte du Père Noël.

 

 

Francis Cousté.

 

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Haut

 

BEETHOVEN : Sonates pour violon & piano op.12 n°1, op.23, op.30 n°2 et 3Alina Ibragimova (violon), Cédric Tiberghien (piano).  Wigmore Hall Live : WHLive0036 (distr. Codaex).

Captation d’un concert du 27 octobre 2009, l’interprétation de ces duettistes révèle un fascinant travail sur les dynamiques, les accents et le phrasé, tous éléments auxquels le compositeur apportait un soin particulier, comme l’indique Misha Donat dans sa notice où il décrit le manuscrit de la Sonate op.30 n°3 conservé à la British Library.  Des œuvres pourtant si fréquentées reçoivent une nouvelle jeunesse par le rebond, la vitalité qui animent de bout en bout ce périple beethovenien.  Le son un peu rêche d’Alina Ibragimova n’a guère de séduction intrinsèque, au contraire de celui, lumineusement pur et modulé avec précision, de Cédric Tiberghien, mais l’attentive collaboration conduit d’un élan homogène les prestes évolutions des deux musiciens.  Un disque d’une sève tonifiante !

 

 

Hans-Werner HENZE : Appassionatamente plus.  Alban BERG : Lulu-Suite.  Julia Bauer (soprano).  Essener Philharmoniker, dir. Stefan Soltesz.  Cybele : SACD 860.801 (distr. Codaex).

Il est décidément dans l’air du temps de rapprocher Henze et Berg, et ce couplage de deux suites symphoniques tirées par les compositeurs de leurs opéras fonctionne bien.  L’Orchestre philharmonique d’Essen, conduit par son Generalmusikdirektor Stefan Soltesz avec un souci du beau son, enveloppe d’un riche velours la musique crépusculaire de Berg, au lyrisme de fin d’un monde reflétant ce que vivait Berg, à un an de sa mort, dans la dictature nazie triomphante.  L’opéra de Henze Das verratene Meer traite de la violence urbaine dans un Japon contemporain encore hanté d’archétypes : en 2003, le compositeur donna une version augmentée de la suite orchestrale qu’il en avait extraite en 1994.  La vaste palette de percussions suggère le cadre extrême-oriental en même temps que les ravages émotionnels décrits dans le livret, mais l’expressivité favorisée par le déroulement musical finit par laisser les épisodes de la romance amoureuse prendre le dessus par rapport à la crudité nihiliste déchaînant l’engrenage de la violence.

 

Kopatchinskaja Rapsodia : Musique folklorique de Moldavie + œuvres d’Enesco, Ravel, Ligeti, Kurtág, Dinicu, Sanchez-Chiong.  Patricia Kopatchinskaja (violon) en compagnie de ses parents Viktor Kopatchinsky (cymbalum) et Emilia Kopatchinskaja (violon & alto), Mihaela Ursuleasa (piano), Martin Gjakonovsky (contrebasse).  Naïve : V5193.

Virtuose inclassable, électron libre et incontrôlable, la jeune violoniste moldave nous invite à feuilleter son album (musical) de famille.  Ainsi environnée de musique traditionnelle jouée avec flamme par son père, virtuose du cymbalum, et sa mère, qui lui inculqua l’amour du violon, Patricia Kopatchinskaja éclaire avec un son radieux les racines d’œuvres du répertoire.  La 3e Sonate d’Enesco est considérée comme un défi tant son auteur, lui-même virtuose hors-pair, l’a parsemée de difficultés (et pas seulement de stratosphériques harmoniques !) et d’indications destinées à guider l’interprète vers l’évocation d’une atmosphère folklorique sublimée.  Mais la Moldave et sa partenaire roumaine Mihaela Ursuleasa chantent dans leur idiome, et la Sonate coule d’évidence, ainsi que le Ménestrel extrait des Impressions d’enfance du même.

À l’heure où paraît un livre sur György Ligeti et la musique populaire (Symétrie), le Duo que PatKop a enregistré en re-recording avec elle-même (sa collaboration la plus difficile, dit-elle !) en fournit l’illustration.  Quant aux miniatures quintessenciées de Kurtág, elles présentent la caractéristique d’être authentiquement écrites pour violon et cymbalum.  Le défi plus improbable consistait à ramener le folklore inventé de Ravel vers des sonorités authentiques : on sait que Ravel avait écrit la partie de piano de Tzigane pour un éphémère instrument, le luthéal, dont le son tendait à se rapprocher du cymbalum.  Armé de cette certitude, Viktor Kopatchinsky a réécrit l’accompagnement ravélien pour l’ambitus et le mode de jeu du cymbalum ; certes il nous manque l’étendue du piano, et l’étagement harmonique des basses, mais l’expérience valait d’être tentée, et la virtuosité de la violoniste est sans faille.  Si vous cherchez un moment de dépaysement qui vous rappelle l’immarcescible sève à laquelle tout un chacun est redevable, vous ne regretterez pas ce disque.

 

 

Vincent PAULET : La Ballade des pendus, Partita 2, Sonatine pour violon & piano, Sonate pour violoncelle & piano, Nuit, Sur un nuage.  Jean-Michel Dayez (piano), Florent Héau (clarinette), Marion Ralincourt (flûte), Xavier Gagnepain (violoncelle), Arnaud Vallin (violon), Quatuor Parisii, Isabel Soccoja (mezzo-soprano), dir. Nicolas Krüger.  Hortus : 080 (http://shop.editionshortus.com).

Vincent Paulet possède l’art d’installer un climat dès les premières notes : insérez La Ballade des pendus (1988) dans votre lecteur de CD, et vous vous sentirez aussitôt sur une lande désolée où souffle un vent nocturne et où se dresse le gibet menaçant François Villon.  Chaque strophe du poème, chantée avec une compassion concentrée par Isabel Soccoja, fait l’objet d’un commentaire instrumental aux lignes pures et aux fusées s’inscrivant dans une modernité pliée à l’expression la plus sentie.  D’un seul souffle, d’une seule âme, les admirables instrumentistes (Jean-Michel Dayez, Florent Héau, le Quatuor Parisii) réunis sous la direction de Nicolas Krüger, semblent exhaler une émotion miraculeusement fusionnelle, toute intempérance susceptible de l’entamer étant soigneusement proscrite.  De la même période (1987), la Partita 2 installe dès le premier mouvement le pivot du do grave de la flûte comme pour poser l’assise favorable à la réflexion ; alternent alors l’exubérance et la méditation, menées avec une infinie délicatesse de touche par Marion Ralincourt et Jean-Michel Dayez.

En 1995 et 1996, Paulet développa des éléments issus d’une pièce de théâtre musical : en résultèrent Nuit pour piano, dont les bouillonnements s’éveillent d’une ténébreuse rêverie, puis la Sonate pour violoncelle & piano, jouant de réminiscences stylistiques éparses (dont La Valse de Ravel), mais d’une écriture moins convaincante dans sa nudité.  La micro-Sonatine pour violon & piano de 2003 (trois mouvements en trois minutes, qui dit mieux, Webern excepté ?) semble d’abord transformer les instrumentistes en derviches-tourneurs, avant un mouvement central aussi tragiquement désolé que La Ballade des pendus et un finale incisif.  La plus récente pièce, Sur un nuage, qui fait tournoyer en moins de trois minutes des humeurs… atmosphériques, précède juste Volcaniques qui sera créée le 19 novembre prochain à Pleyel par l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Lawrence Foster.

Après le poignant De profundis (Hortus : 036), la deuxième monographie consacrée par le label Hortus à Vincent Paulet consacre un créateur mû par une sensibilité soucieuse de sa seule vérité intérieure, indépendamment de tout apparentement d’école.

 

 

RACHMANINOFF : Variations Corelli, Préludes en sol# mineur, ut# mineur, sol mineur, Moments musicaux op.16 n°2, 3, 4.  SAINT-SAËNS : Allegro appassionato op.70, Toccata op.72, Études op.52 n°2, op.111 n°1 et 6, op.135 n°4.  David Bismuth.  AmeSon : ASCP 1020 (distr. Codaex).

Un disque Franck-Fauré paru en 2004 sous le même label nous avait captivé par sa profondeur de pensée ; aujourd’hui, David Bismuth associe deux fameux virtuoses-compositeurs, Rachmaninov et Saint-Saëns, pour éclairer ces parcours en « parallèles décalées » – oserions-nous écrire – par un choix judicieux de pièces.  Le rapprochement avec l’esprit français n’est pas incongru si l’on écoute avec quel art David Bismuth tire les Variations Corelli de Rachmaninoff vers une élocution claire et classicisante à l’intérieur de laquelle va s’instiller progressivement le ton nostalgique du Russe exilé.  On entend se dessiner une interprétation très psychologique, à l’intériorité mûrement méditée, qui acquiert ainsi une valeur peu commune.  L’ensemble de ses lectures de Rachmaninov s’interdit d’ailleurs tout brillant factice, nous menant à une écoute « purifiée », en communion de cœur avec le dévoilement humain de cette musique.  Les Moments musicaux choisis apparaissent comme des moments de confession intime.  L’entrée dans la partie Saint-Saëns (Allegro appassionato) se fait par trois octaves qui pourraient émaner de Rachmaninoff, même si elles bifurquent ensuite vers de cristallines cascades d’une élégance plus « objective », encore que de tendres échappées contournent ce masque sommairement plaqué sur la figure de Saint-Saëns.  Sachons gré à David Bismuth de nous mettre en sympathie avec un Saint-Saëns moins monolithique qu’on ne l’a prétendu, même à travers le filtre, pour le coup très « objectif » et démonstratif, d’Études et de Toccatas.  C’est d’ailleurs par un moment de pur brio lisztien, l’adaptation de la Toccata finale du Concerto « Égyptien » sous couvert d’Étude op.111 n°6, que se referme ce programme sans faille.

Un Bösendorfer Imperial de 1980 a généreusement été mis à la disposition de l’artiste, offrant à la gravité de son propos les basses exceptionnelles de ce modèle d’instrument, même si celui-ci présente un défaut dans une zone précise du médium-aigu sonnant trop cru.  Par ailleurs, la prise de son ne rééquilibre pas tout à fait l’acoustique un peu sèche d’une pièce de demeure privée, ou alors elle compense par des compromis, comme dans le Prélude en sol mineur, curieusement « flouté », ce qui nuit à la cambrure pleine de panache qu’adopte ici Rachmaninoff, dans une manifestation de grand pianisme qui se doit d’être éclatante, voire solaire.  Si la notice n’était émaillée de négligences de français et ne se contentait pas de clichés sur Saint-Saëns, notre bonheur serait complet.

 

Marie-Nicole LEMIEUX (contralto) : « Ne me refuse pas ».  Airs de Berlioz, Bizet, Cherubini, Halévy, Massenet, Offenbach, Saint-Saëns, Thomas, Wormser.  Orchestre national de France, dir. Fabien Gabel.  Naïve : V5201.

Intelligemment conçu, le programme nous conduit à parcourir quasiment un siècle (de 1797 à 1892) d’évolution de la voix de contralto à travers l’opéra français.  Chaque grande décennie du genre est représentée.  Si quelques « incontournables » y figurent (la Habanera de Carmen dirigée avec une pulsation au rebond aussi précis qu’élégant, « Connais-tu le pays » de Mignon, ou « Mon cœur s’ouvre à ta voix » de Samson et Dalila), quelle autre occasion nous serait donnée d’entendre l’air de Néris dans la Médée de Cherubini (même s’il est bien faible dramatiquement et n’échappe guère aux poncifs), ou de découvrir la grande scène dramatique « Sous leur sceptre de fer » extraite du Charles VI de Fromental Halévy, dirigée avec fougue et sens théâtral par un Fabien Gabel très à l’aise dans ce répertoire ?  Mais l’heureuse surprise vient de cette Clytemnestre d’André Wormser, née la même année que Carmen, sur laquelle il eût été opportun de mieux informer l’auditeur, puisqu’il s’agit là de la cantate de Concours de Rome de l’impétrant, et non d’un opéra.

La voix de la cantatrice canadienne témoigne certes d’une chaude présence s’impliquant dans les affetti de ses personnages, mais – comme il advient si souvent à notre époque – elle n’est pas posée avec une absolue sécurité, et – comme on le constate tout aussi souvent chez les chanteuses de langue maternelle française – sans le secours du livret, on ne comprendrait goutte aux textes déclamés.

Pour conclure en enfonçant des portes ouvertes, le bilan de ce panoramique aboutit à reconnaître que le compositeur le plus dénué de ressort dramatique s’avère décidément Berlioz (et les vociférations de Didon n’y changeront rien, si l’on songe au bouleversant dépouillement – renoncement – de la mort de Didon chez Purcell), tandis que le plus inspiré dans l’art de faire vivre ses personnages étayés par un orchestre-protagoniste demeure tout aussi décidément Massenet (ici représenté par Hérodiade et Charlotte).

 

 

Frédéric CHOPIN : 41 Mazurkas.  Jean-Marc Luisada.  2SACDs RCA Red Seal : 88697686922.

Un authentique artiste grandit en constante évolution.  Si la première intégrale des Mazurkas par Jean-Marc Luisada (DGG, enregistrée en 1990/91) fit date, celui-ci la juge aujourd’hui avec une sévérité… dont nous lui laissons la responsabilité.  Le cycle enregistré au Japon en 2008, auquel il a soustrait les Mazurkas posthumes, franchit de nouveaux accomplissements dans le travail des sonorités – de l’élégance parfois délicatement distante aux éclairages opalescents –, accentue les contrastes rythmiques – quelque invisible talon de danseur frappant le sol –, creuse les contours du dramatisme – à l’image de l’introduction à deux voix graves qui conditionnera les ombrageuses insistances de l’op.7 n°3 puis les accès orageux.  Il reprend l’approche au plus juste des textes et des éditions, arrêtant de nouvelles solutions aux énigmes posées par Chopin (la Mazurka senza fine op.7 n°5).

Dans des pages de journal intime telles les Mazurkas op.17, aux audaces harmoniques inouïes et aux tournures obsessives, il se replie au plus profond de la confidence inquiète.  Un portrait psychologique peut alors s’esquisser, comme dans l’op.56 n°1 dont la nostalgique mélancolie semble détachée de ce monde, puis agitée de difficultés à y revenir avant de se déterminer à l’éloignement.  L’op.59 n°2 dresse un tableau plein de noblesse des complexes humeurs du Chopin de la maturité, puis la sérénité semble affleurer de l’op.63 n°2.  C’est par l’intimité de toute une vie avec Chopin que Jean-Marc Luisada peut donner ainsi le sentiment de nous livrer ses propres échanges avec le cœur du compositeur transmis en musique.

 

 

Emmanuel CHABRIER : Dix pièces pittoresques, Impromptu en ut majeur, Cinq pièces posthumes, Bourrée fantasque.  Maurice RAVEL : À la manière de… Emmanuel Chabrier.  Emmanuel Strosser (piano).  Mirare : MIR 116.

Emmanuel Strosser aborde Chabrier avec l’allant et la grâce qu’il sait mettre à ses Schubert.  N’en ressortent que mieux les surprenants contrastes avec ces harmonies ou ces rythmes « terriens » que l’on peut – au choix – qualifier de vulgaires, d’incongrus, de décalés.  Mais l’apport singulier de Strosser est précisément d’éviter la vulgarité et de s’attacher à la sincérité sensible des pièces les plus touchantes.  Écoutez comme il fait flotter des halos de brume dans les étonnants Sous-bois où il réalise le précepte de Ricardo Viñes dépeint par Francis Poulenc : « jouer clair dans un flot de pédale ».  Il y a d’ailleurs un passage d’Idylle qui a été « prélevé » par Poulenc qui admirait tant Chabrier et lui a consacré un livre.  On sera séduit par l’Impromptu qui rebondit de tournures pleines de panache et de piquant en tendres suavités, avec ces beaux enchaînements harmoniques qui semblent émerveiller l’auteur lui-même tant il s’y attarde avec une insistance presque naïve.  Et que dire de l’insolite parcours dramatique du Caprice, conduit en grand musicien par Emmanuel Strosser !  Les pages les plus « accrocheuses » tourbillonnent avec verve, le Scherzo-valse et la Bourrée fantasque sont irrésistibles, le cheminement harmonique de l’Improvisation sonne romantique à souhait.  Il est certain que l’Aubade de 1883 (consécutive au voyage de l’auteur en Espagne) contient en germe beaucoup de la musique d’inspiration hispanique qui va suivre chez les musiciens français, et chez les Espagnols venus à Paris recueillir l’enseignement compositionnel qui leur faisait défaut chez eux.  Mais ce n’est pas le versant hispanique qu’a croqué Ravel dans son « à la manière de… » : ainsi remise en situation, cette courte pièce révèle mieux que jamais le talent de l’imitateur (encore que des signatures raveliennes captent l’oreille, et que le côté aguichant lorgne du côté de Satie), et elle est ici jouée avec un raffinement exquis, une délicatesse de toucher qui nous enchantent.  Emmanuel Strosser, si réputé dans la musique de chambre, mérite aussi d’être admiré comme un très fin récitaliste, et il est ici servi par une bonne prise de son.

 

 

Karol SZYMANOWSKI : Concerto pour violon n°1Symphonie n°3.  Christian Tetzlaff (violon), Steve Davidslim (ténor).  Singverein der Gesellschaft der Musikfreunde Wien, Wiener Philharmoniker, dir. Pierre Boulez.  DGG : 477 8771 « Prestige-Edition » + Bonus (avec interviews de Pierre Boulez).

Pour la première fois, Pierre Boulez intègre le compositeur polonais à sa discographie, mais le choc d’une découverte décisive remonte à ses années de formation, comme il le révèle dans les interviews.  Ici se trouvent réunies les deux partitions de 1916, que bien des passerelles unissent, à commencer par le violon : saluons, dans le Concerto n°1, la performance de Christian Tetzlaff, qui, mettant ses pas dans ceux de Paweł Kochański (ami, conseiller de Szymanowski, et auteur de la cadence), nous transporte par un son diaphane, translucide, d’une pénétrante émotion, doublé d’une étourdissante virtuosité.  Mais le premier violon solo de l’Orchestre philharmonique de Vienne, souvent protagoniste dans la 3e Symphonie, aurait mérité d’être mentionné dans le livret.

La qualité de jeu des instrumentistes viennois et la précision de Boulez se conjuguent pour délivrer une lecture à laquelle aucun détail n’échappe.  Interprétation bien boulezienne, donc, où la sensuelle moirure impressionniste de Szymanowski ne doit tout de même pas voiler l’irréprochable facture d’une orchestration fourmillante de subtilités.  Dans le Concerto passent fugitivement les denses ténèbres expressionnistes de quelque viennoise Nuit transfigurée, mais c’est dans la 3e Symphonie qu’il est question d’érotique et mystique Chant de la Nuit, sous l’inspiration du poète soufi Rûmî.  Là encore, l’atmosphère nocturne passée au filtre boulezien reste plus schönbergienne que debussyste, même si le répertoire du maestro transparaît en filigrane par la manière de souligner certaines parentés ; Debussy et Ravel, certes, des allusions wagnériennes aussi (les Chevaliers du Graal pressant Amfortas de célébrer le rite dans Parsifal s’invitent au détour d’une page chorale du premier mouvement !), des hallucinations bergiennes qui traversent le dernier mouvement chanté…  Au fait, l’Orient n’était pas très loin non plus du Concerto puisqu’y surgissait une quasi-citation de la Shéhérazade de Rimsky-Korsakoff !  Le côté « carrefour des cultures » du Polonais est ainsi mis en évidence, ce qui n’enlève rien à la prenante beauté de ses fresques orchestrales.

Afin de marquer l’événement, l’enregistrement de la Symphonie n°3 coïncidant, en mars dernier, avec l’anniversaire du maître, la firme allemande a réalisé une belle édition en petit livre-disque et s’est associée à l’ORF pour y inclure un disque d’interviews de Pierre Boulez réalisées à cette occasion, l’une en anglais par Andrew Clements, la deuxième en allemand par Albert Hosp, la troisième en français par Omer Corlaix.  C’est cette dernière qui s’avère la plus intéressante, la plus savoureuse (aisance accrue dans sa langue maternelle ?  Qualité de l’interlocuteur ?).  On notera avec amusement que, dans chacune des interviews, Boulez dispense un coup de griffe à un compositeur russe, mais différent selon la langue (Prokofiev d’un côté, Scriabine ensuite, Chostakovitch en dernier ressort, sont ses cibles) !  Il y manifeste aussi son envie de ne pas toujours diriger les mêmes œuvres et de renouveler (à 85 ans !) son répertoire, ce qu’il fait d’ailleurs en continuant à créer des pièces de jeunes compositeurs.  Nous offrant, dans cet esprit, une « nouveauté » pour son anniversaire, Pierre Boulez enrichit la discographie d’un précieux joyau.  Alors, nous souhaitons un fécond avenir à ce jeune Maître épris de découvertes !

 

Sylviane Falcinelli.

 

Johann ROSENMÜLLER : Vox dilecti mei.  Ramée (stephanie@outhere.com) : RAM 1009.  TT : 66’05.

Johann Rosenmüller (ca 1617-1684), mort un an avant la naissance de J. S. Bach, a été le suppléant du Cantor T. Michael à St-Thomas de Leipzig et organiste à St-Nicolas, puis a réorganisé la musique à la chapelle de la cour de Wolfenbüttel.  Il est tout aussi populaire que D. Buxtehude et J. Pachelbel.  Ce disque contient 3 Sonates instrumentales, de caractère grave et méditatif, ou bien enlevé et dynamique, spéculant sur la virtuosité des violons.  Parmi les pages vocales, figurent notamment le Psaume 70/71 : In te Domine speravi, très développé et bien rendu par la voix lumineuse d’A. Potter (contre-ténor) soutenu par l’Ensemble Chelycus, et le motet plus lyrique : Vox dilecti mei (extrait du Cantique des Cantiques).  À noter également : les motets O Salvator dilectissime (d’après le manuscrit conservé à la Bibliothèque d’État de Berlin) et O anima mea suspira ardenter (Bibliothèque de l’Université d’Uppsala) : bel exemple de musique du début du XVIIe siècle en Allemagne.

 

 

Auguste FAUCHARD : Symphonie eucharistique.  Hortus (editionshortus@wanadoo.fr) : 078.  TT : 76’55.

Grâce aux éditions Hortus, Emmanuel Hocdé, organiste de réputation internationale, a enregistré, en première mondiale, la Symphonie eucharistique du chanoine A. Fauchard (1881-1957), « vicaire-organiste » à la cathédrale N.-D. de Mayenne, auteur de nombreuses œuvres liturgiques et de Symphonies pour orgue, dont la 4e, Symphonie eucharistique, a été composée en 1944.  « Avec son âme de prêtre », A. Fauchard y a « traduit musicalement le Traité de l’Eucharistie ».  L’œuvre repose sur 3 thèmes cycliques : Lauda Sion, Pange lingua et Adoro te, et donne lieu à 4 Méditations : Invitatoire, invitation à la louange eucharistique ; Sacrifice du Calvaire évoquant le glas et la mort et Sacrifice de la Messe sur un fond de carillon mystérieux aboutissant à l’adoration ; Communion symbolisant la doctrine théologique de la communion, de caractère plus léger et orné, baignant dans l’émotion ; Procession, avec un exubérant carillon de cloches, la marche du cortège, la « cérémonie de clôture » et la bénédiction, comportant un bref rappel des 3 thèmes cycliques.  L’ensemble se présente comme un « poème symphonique » intensément vécu et magistralement interprété par E. Hocdé, à l’orgue Cavaillé-Coll de l’église Saint-Sulpice (Paris).

 

 

Harald WEISS : Requiem.  2CDs Rondeau (mail@rondeau.de) : ROP 7008/09.  TT : 47’40 + 42’24.

Le Chœur de Garçons de Hanovre, fondé par le regretté Heinz Hennig, repris par Jörg Breiding, interprète avec ses hautes qualités proverbiales une œuvre contemporaine émouvante, qui lui est dédiée.  Sous-titrée : Schwarz vor Augen… und es ward Licht ! (Et la lumière fut…).  Ce Requiem suscite une musique méditative, très prenante, intériorisée, dont les parties chorales spéculent notamment sur les silences, alors que les interventions de l’orchestre créent l’agitation.  L’atmosphère parfois terrifiante contraste avec les sonorités pures des voix.  Le livret reprend des textes liturgiques de la Messe de Requiem (Requiem aeternam, Mors stupebit, Sanctus, Veni, Sancte Spiritus, Rex tremendae…), associés à des extraits bibliques (Psaume : Apprends-nous à réaliser que nous devons mourir) et des poèmes particulièrement significatifs de J. von Eichendorf, H. Hesse, R. M. Rilke, R. Tagore.  Harald Weiss (°1949) maîtrise une synthèse d’esthétiques très différentes : musique romantique allemande, impressionniste française, avec des rythmes dans le sillage de C. Orff...  La création a eu lieu le 31 octobre 2009.  Voilà un Requiem sortant des sentiers battus, à découvrir.

 

 

D’un cœur qui t’aime.  Musique religieuse de la France romantique.  Emmanuel Hocdé (orgue) & Chœur de chambre Les Temperamens Variations, dir. Thibault Lam Quang.  TT : 71’39.

Thibault Lam Quang s’est lancé dans un programme romantique dominé par le sentiment de louange et traduisant la sensibilité religieuse des XIXe et début XXe siècles.  Toujours interprétés avec infiniment de précision et de musicalité, et une excellente diction, les Temperamens Variations proposent Les Sept dernières Paroles du Christ (d’après Luc, Matthieu et Jean) de Ch. Gounod, chantées par le chœur a cappella qui respecte la prononciation gallicane, alors en usage, et fait preuve d’une rare plénitude vocale et d’intériorité, notamment dans l’émouvant Tenebrae factae sunt.  Parmi les pièces pour chœur et orgue, figure sa Prière du soir et D’un cœur qui t’aime.  E. Hocdé, à l’orgue Cavaillé-Coll de l’abbaye de Royaumont, réussit à conférer ce caractère romantique à la Bénédiction nuptiale de C. Saint-Saëns, et interprète avec énergie, force et vigueur, l’Allegro de la 6Symphonie de Ch.-M. Widor.  G. Rossini est représenté par l’Ave Maria et O Salutaris Hostia.  Belle défense et illustration de la musique religieuse romantique.  À ne pas manquer.

 

 

Johann Sebastian BACH : Weihnachtsoratorium BWV 2482CDs Rondeau (mail@rondeau.de) : ROP 4034/35.  TT : 71’22 + 79’39.

Le 16e Thomaskantor après Jean-Sébastien Bach, Georg Christoph Biller, le Thomanerchor & l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig ont fortement marqué le 275e anniversaire de la création, en l’église Saint-Thomas, de l’Oratorio de Noël.  Des interprètes de tout premier plan avec - entre autres, autour de l’évangéliste M. Petzold (ténor), I. Danz (alto), G. Genz (ténor), P. Iconomou (basse) - les garçons appartenant à ce remarquable chœur : P. Bernewitz, Fr. Praetorius (sopranos) donnent « la » version de référence des 6 Cantates - allant des fêtes de Noël jusqu’à celle de l’Épiphanie - dans une interprétation extrêmement sensible, fidèle à la tradition du Kantor et la réputation musicale de Leipzig.  Les discophiles ne pourront résister à l’intériorité des chorals luthériens, au coloris orchestral, à l’authenticité de l’atmosphère de Noël, pleine de jubilation (Cantate 1), au caractère narratif (2), à la joie de la venue du Seigneur (3), à la louange et à la reconnaissance (4), à la glorification de Dieu avant la menace du roi Hérode (5) exprimé dans le beau choral de Paul Gerhardt : Ich steh an deiner Krippen hier, avec l’adoration du petit Jésus, et à la confiance rétablie après l’effroi (6).  Ce coffret, placé sous le signe : Das ganze Glück der Christenheit, représente une véritable recréation rappelant -  in einem Klang – « tout le bonheur de la chrétienté ».

 

 

MOZART / KODÁLY / LISZT.  Chœur & Orchestre de Paris-Sorbonne.  Musique en Sorbonne (www.musiqueensorbonne.fr) : MES 1002.  TT : 60’42.

À la recherche de répertoires originaux, « Musique en Sorbonne », avec le mécénat de Mondial Assistance, a eu raison de programmer, notamment, deux Psaumes en langue vernaculaire.  Le Psaume 13 : Herr, wie lange… de Fr. Liszt, composé en 1855 dans la mouvance du cécilianisme, a joué un rôle important dans le renouveau de la musique catholique en Allemagne.  Les choristes, si bien préparés par Denis Rouger (chef de chœur), l’orchestre et le ténor solo O. Chung, tous dirigés avec tant d’aisance par Johann Farjot (directeur artistique du Chœur & Orchestre de Paris-Sorbonne), ont très bien rendu d’une part la plainte, d’autre part l’espérance et, finalement, la joie et la jubilation émanant de ce Psaume de David.  Les mêmes interprètes restituent au Psalmus Hungaricus, op.13 (1923) de Z. Kodály, sur la paraphrase du Ps. 55, ses différents états d’âme : inquiétude, confiance, espoir et louange, en 3 mouvements lents particulièrement expressifs.  Deux Psaumes à redécouvrir et à réécouter.

 

Jan Václav Hugo VOŘIŠEK & Antonín REJCHA : SymphoniesArta : F 10185.  CD Diffusion (31, rue Herzog, 68920 Wettolsheim.   info@cddiffusion.fr).  TT : 61’57.

Le tchèque J. V. H. Vořišek (1791-1825), organiste de la Cour, est un compositeur d’œuvres religieuses, de musique de chambre et pour piano qui - malgré sa brève existence - ont assuré sa renommée.  Son unique Symphonie (en ré majeur, op.24), n’est pas sans rappeler indéniablement celles de Beethoven, par son énergie, les contrastes de nuances, l’orchestration.  Elle comprend 4 mouvements traditionnels, dont le 3e est un Scherzo incisif.  La Symphonie en mib majeur, op.41, d’A. Rejcha (Prague 1770-Paris 1836), compatriote de Vořišek, commence par un mouvement lent Largo-Allegro spirituoso, suivi - comme il se doit - d’un Andante, le 3e mouvement étant un Menuet et le Finale, Un poco vivo.  L’orchestre Musica Florea, sous la direction de Marek Štryncl confère à ces symphonies tout leur éclat et leur dynamisme.  Ces pages, ainsi que l’Ouverture en majeur sont agréables à entendre.

 

 

Trois Trios russes.  Triton (triton@disques-triton.com) : TRI 331161.

Le Trio élégiaque justifie parfaitement son qualificatif, avec ce CD consacré à des musiciens russes encore romantiques.  Tout d’abord : A. S. Arensky (1861-1906), esthétiquement entre Tchaikovsky et Rimsky, dont le Trio en ré mineur, op.32 (1894), bénéficie, dans l’Allegro moderato, d’une ligne mélodique chantante soutenue au violon, à la manière des romantiques allemands ; de l’intervention virtuose du pianiste dans le deuxième mouvement ; de l’expressivité du violoncelle dans l’Élégie ; et des accords incisifs au piano dans l’Allegro non troppo conclusif, bien enlevé.  Ensuite, N. A. Rimsky-Korsakov (1844-1908), dans son Trio en ut mineur (1897), propose une introduction (Allegro) très développée, un 2e Allegro toujours en mouvement contrastant avec le caractère plus recueilli et statique de l’Adagio où le piano crée l’atmosphère.  Pour finir, dans l’Adagio Allegro : une fugue, de caractère rêveur et une fin bien enlevée.  Enfin, le Trio élégiaque n°1 (1892) de S. V. Rachmaninov (1873-1943), d’un seul tenant, très élaboré, s’impose.  Ce CD - dans la mouvance de J. Brahms et R. Schumann - souligne l’apport russe à la musique de chambre fin XIXe siècle.

 

 

Carlo MOSSO : Organ Works.  Paul HINDEMITH : Sonate ITactus : TC 931301.  CD Diffusion (31, rue Herzog, 68920 Wettolsheim.  info@cddiffusion.fr).  TT : 58’12.

Letizia Romiti, à l’orgue du Conservatoire A. Vivaldi d’Alessandria (Italie), a réalisé un premier enregistrement mondial de trois œuvres de Carlo Mosso (1931-1995), dont la Suite pour orgue (1971) est d’abord assez énigmatique et lointaine, puis une mélodie se dégage sur une pédale.  Le compositeur spécule sur l’extrême aigu et des fusées rythmiques, des accords dissonants.  Son Liber Organi (1975), faisant appel à des titres traditionnels : Choral, Canzone, Fughetta…, s’appuie sur les modes, le chant grégorien et l’ambiguïté tonale.  L’excellente organiste interprète encore Trois pièces pour harmonium (sur des thèmes de Hindemith) qui est aussi représenté par la première de ses 3 Sonates pour orgue composée en 1937, solidement charpentée et interprétée avec maîtrise.  Répertoire rare et quelque peu déroutant.  À entendre.

 

Édith Weber.

 

Barbara STROZZI, Francesca CACCINI, Catarina ASSANDRA, Isabella LEONARDA : Il canto delle dame.  Concerto Soave, dir. Jean-Marc Aymes.  Maria Christina Kiehr (soprano).  Ambronay éditions : AMY025 .  TT : 64’47.

Un disque qui regroupe diverses œuvres de compositrices italiennes du Seicento italien, siècle particulièrement favorable à la liberté créatrice féminine.  Élaboré autour d’inédits, il s’articule en deux parties : concerts da chiesa et da camera, reflétant l’alternative rencontrée par les compositrices, se vouer à Dieu ou rester dans le monde.  Cet enregistrement se veut un hommage à cette rage créative qui bouscule les carcans sociaux.  Très belle réalisation, tant instrumentale que vocale.  Un indispensable.

 

 

Braining Storm.  Jean-Louis Rassinfosse (contrebasse), Jean-Philippe Collard-Neven (piano), Fabrice Alleman (clarinette), Xavier Desandre-Navarre (percussions).  Fuga Libera (www.fugalibera.com) : FUG607.  TT : 61’22.

Quand, pour la troisième fois, Jean-Louis Rassinfosse et sa contrebasse rencontrent le pianiste classique Jean-Philippe Collard-Neven, entourés de musiciens talentueux comme Fabrice Alleman et Xavier Desandre-Navarre, alors, peut naître un album plein de charme et de couleurs - voyage entre lumière & ténèbres, jazz de chambre & rythmes tribaux.  Un album qui ravira tout amateur de jazz avec, en prime, une remarquable prise de son.

 

 

Robert SCHUMANN (1810-1856) : Sonatas for piano & violin.  Andreas Staier (piano), Daniel Sepec (violin).  Harmonia Mundi : HMC 902048.  TT : 78’12.

Un disque qui réunit des œuvres « tardives » de Robert Schumann (composées entre 1851 et 1853) : les deux Sonates pour violon & piano, mais également une transcription de la Chaconne de Bach et des Chants de l’aube, dernière œuvre pour le piano de Schumann.  Un enregistrement qui permet de juger de l’évolution de Schumann, laquelle a su préserver un même souffle, une même magnifique intériorité - avec mention particulière pour les émouvants Chants de l’aube op. 133 et l’ambitieuse Grande sonate op. 121.  Une interprétation parfaite, empreinte d’une complicité - déjà affirmée dans de précédents enregistrements - entre A. Staier (piano Érard de 1837) et D. Sepec (violon Laurentius Storioni de 1780).

 

Robert Schumann: Sonatas for Piano & Violin / Andreas Staier, piano; Daniel Sepec, violin

Patrice Imbaud.

 

Guillaume de MACHAUT (In memoriam) : Messe Notre Dame.  Ensemble Musica Nova, dir. Lucien Kandel.  Aeon : AECD 0993.  TT : 75’34.

Outre la célèbre Messe en 8 parties (avec alternance, dans les trois premières, de diminutions du Codex Faenza), sont ici regroupés ballades & motets de Philippe de Vitry, Pierre de Bruges, Bernard de Cluny, François Andrieu et de quelques anonymes.  Enregistrement dans lequel, s’inspirant des travaux de Gérard Geay, a été tentée une restauration des partitions originelles.  Sonorités proprement inouïes, parfaite homogénéité du chœur.  À l’orgue gothique : Joseph Rassam.

 

 

Gilles BINCHOIS (1400-1460) : L’Argument de beauté.  Ensemble Discantus, dir. Brigitte Lesne.  Aeon : AECD 1096.  TT : 61’25. 

Brigitte Lesne a ici réuni polyphonies sacrées, plain-chant & carols anonymes.  D’abord orienté vers les musiques de l’Ars Antiqua, son ensemble (9 voix de femmes & cloches à main) s’ouvre à des répertoires plus tardifs, ceux notamment des prémisses de la Renaissance.  La musica ficta (altérations accidentelles non notées sur les manuscrits) était alors laissée au bon vouloir des interprètes.  Avec comme mot d’ordre : Causa pulchritudinis (« L’argument de beauté »)… Gageure tenue !

 

 

W. A. MOZART : Die Zauberflöte, singspiel en 2 actes.  Livret Emanuel Schikaneder.  Rias Kammerchorn Akademie für alte Musik Berlin, dir. René Jacobs.  Coffret de 3CDs Harmonia Mundi : HMC 902068.70.  TT : 2h47’.

Après sa « réhabilitation » des opere serie de Mozart (La Clemenza di Tito et Idomeneo, re di Creta), René Jacobs a abordé la « trilogie Da Ponte » (Le Nozze di Figaro et Don Giovanni), concluant ici avec Die Zauberflöte.  Singspiel auquel il souhaite restituer ses couleurs originelles : choix instrumentaux, qualité du récitatif, ornementations vocales (même si, vaillant Papageno, Daniel Schmutzhard s’autorise quelques surprenantes libertés…) et esprit de la « Maçonnerie scientifique », laquelle s’inspirait, au XVIIIe siècle, des rites Illuministes (dans un premier temps, Mozart n’avait-il pas envisagé d’intituler son opéra « Les Mystères égyptiens »).  Dans cette toute nouvelle perspective, l’ouvrage gagne certes en unité et profondeur dramatique.  Magnifique distribution : Daniel Behle (Tamino), Marlis Petersen (Pamina), Daniel Schmutzhard (Papageno), Sunhae Im (Papagena), Anna-Kristiina Kaapola (Reine de la nuit), Marcos Fink (Sarastro), Kurt Azsberger (Monostatos)…  Très éclairantes notices signées Jan Assmann & René Jacobs.

 

 

Ludwig van BEETHOVEN : Concertos pour piano.  Paul Lewis, piano.  BBC Symphony Orchestra, dir. Jiří Bĕlohlávek.  Coffret de 3 CDs Harmonia Mundi : HMC 902053.55.  TT : 2h56’.

Unanimement salué a été l’enregistrement, par Paul Lewis, des Sonates pour piano de Beethoven (son 4e volume n’a-t-il pas été couronné « Disque de l’année » par le prestigieux magazine Gramophone ?).  Le pianiste ne pouvait, dès lors, se dispenser d’enregistrer les cinq Concertos.  Où, sans surjeu ni effet superflu de virtuosité, tout est au service de l’intensité de la pensée.  D’une parfaite justesse sont les tempi.  Notre adhésion est totale !

 

 

Frédéric CHOPIN (1810-1849) : Mazurkas & autres pièces pour le piano.  Cédric Tiberghien.  Harmonia Mundi : HMC 902073.  TT : 70’18.

Tout de grâce légère et d’élégance, le lumineux Cédric Tiberghien interprète ici 13 des quelque 50 Mazurkas que Chopin aura composées entre 1825 et 1849 – miniatures de « vingt pouces carrés » où se condense le génie aphoristique du Polonais.  Au sein desquelles Cédric Tiberghien a judicieusement inséré trois « grandes fresques » : le Scherzo op.20 (1935), le Nocturne op.48 n°1 (1841) et la Polonaise-Fantaisie op.61 (1846).  Nouveau merveilleux florilège pour un bicentenaire.

 

 

Richard STRAUSS (1864-1949) : Sonate pour violoncelle & piano, op.6 (1883) ; Romance (1883).  Édouard LALO (1823-1892) : Sonate pour violoncelle & piano (1856).  Geneviève Teulières-Sommer (violoncelle), Daniel Adni (piano).  Lyrinx (tél. : 04 91 54 81 41) : LYR 268. 

Voici, de la plume de jeunes compositeurs, trois œuvres pour violoncelle & piano – dont deux d’un Richard Strauss non encore saisi par ce démon du pathos qui devrait bientôt culminer dans sa Symphonie alpestre.  Œuvres ici interprétées, avec toute la conviction souhaitable, par Geneviève Teulières-Sommer, réputée disciple d’André Navarra, et l’éminent chambriste Daniel Adni.

 

 

Claude DEBUSSY (1862-1918), Henri DUTILLEUX (°1916), Maurice RAVEL (1875-1937) : Quatuors à cordes.  Quatuor Arcanto.  Harmonia Mundi : HMC 902067.  TT : 71’19.

Le quatuor à cordes fut trop longtemps associé à la seule tradition germanique.  Pour la première fois réunis, voici trois incomparables chefs-d’œuvre de la musique française.  Et ce, par la grâce du Quatuor Arcanto : Antje Weithaas & Daniel Sepec (violons), Tabea Zimmermann (alto) et Jean-Guihen Queyras (violoncelle).  Née en 2004, cette juvénile formation a déjà acquis une enviable réputation internationale, que justifie amplement le présent enregistrement (dans le droit fil de ceux déjà dédiés à Brahms et à Bartók).  Notamment bienvenu est le choix d’Ainsi la nuit, du cher Henri Dutilleux, œuvre désormais popularisée par son inscription, en 2003, au programme du baccalauréat.

 

 

Jean SIBELIUS (1865-1957) : Quatuor à cordes en  mineur op.57 « Voces intimae » (1909).  Arnold SCHÖNBERG (1874-1951) : Quatuor à cordes en  mineur, op.7 (1905).  (www.avi-music.de) : 8553202.  TT : 75’31.

Voilà deux œuvres peu rebattues.  Intensément expressives, pourtant – ce qui ne surprendra guère de la part de Sibelius (Voces intimae se situe stylistiquement entre ses 3e et 4e symphonies).  Quant à Schönberg, il est encore ici, semble-t-il, fortement influencé par le Beethoven de l’opus 131.  Bonheur de (re)découvrir pareilles œuvres dans d’aussi véhémentes interprétations.

 

 

« Metamorphosis »  Béla BARTÓK (1881-1945) : 4e Quatuor à cordes.  György LIGETI (1923-2006) : 1er Quatuor à cordes « Métamorphoses nocturnes ».  György KURTÁG (°1926) : 12 Microludes op.13.  Cuarteto Casals.  Harmonia Mundi : HMC 902062.  TT : 54’13. 

Après la rudesse assumée du 4e Quatuor de Bartók, beaucoup plus délibérément séductrices, ludiques et fantasques sont les Métamorphoses nocturnes de Ligeti.  Cependant que les 12 Microludes de Kurtág (pièces aphoristiques débutant, chacune, par une note différente de la gamme chromatique) ne laissent pas d’évoquer les Mikrokosmos de Bartók - tout en étant, bien sûr, autrement difficiles sur le plan technique.  Merci au prestigieux Cuarteto Casals de s’être ici penché sur les trois plus grands compositeurs hongrois du siècle passé.

 

 

Robert PASCAL (°1952) : Monographie 1.  Résonance contemporaine (6 voix solistes), dir. Alain Goudard.  Ensemble orchestral contemporain, dir. Fabrice Pierre.  Benjamin Carat (violoncelle), Christophe Desjardins (alto), Trish Hayward (mezzo), Anne Périssé (soprano), Michèle Scharapan (piano).  Disque Âme/Son (tél. : 01 40 30 93 61.  info@ameson.fr) : ASCP 0916.  TT : 73’55.

Six pièces composent cette Monographie I dédiée à l’un des plus importants musiciens de sa génération : e’l bianco more (ensemble vocal + clarinette), Au front de la lune (ensemble orchestral + soprano & mezzo), Chant d’aubes (violoncelle), sur Bleus (piano), Déchirure d’un temps plissé (cinq altos, dont un soliste), Dulwan nimendi (ensemble orchestral + mezzo).

 

             

 

Jazz aux Champs-Élysées.  « Ina, mémoire vive » (www.ina.fr).  TT : 75’51

Il s’agit là d’enregistrements réalisés, de 1955 à 1959, lors de l’émission éponyme qu’animait sur Paris-Inter le pianiste Jack Diéval.  Après un indicatif qui rappellera de joyeux souvenirs aux plus anciens, se succèdent vingt-deux séquences qui firent la gloire de cette émission-culte.  Avec notamment : Lester Young, Guy Lafitte, Donald Byrd, Michel de Villers, Chet Baker, Stéphane Grappelli, Michel Legrand, Daniel Humair, Stan Getz…

 

 

Francis Gérimont.

 

George Frideric HANDEL : Water MusicSuites en fa majeur, sol majeur et ré majeur.  Ouverture de Rodrigo.  Les Musiciens du Louvre-Grenoble, dir. Marc Minkowski.  Naïve : V 5234.  TT : 67'30.

D'une fête nautique en forme de promenade - river party sur la Tamise ordonnée, en 1717, par le roi George Ier - est née cette pièce fameuse de Haendel, dénommée Water Music.  Une série de trois Suites qui participent, à n'en pas douter, d'un seul et même ensemble.  Caractéristique de sa musique conçue pour le plein air, elle se décline comme une vaste sérénade qui fait alterner grande forme et climats plus intimes et introspectifs.  Si elles appellent le drame par certains aspects de la construction, ces pages participent avant tout du divertissement.  Marc Minkowski et ses merveilleux Musiciens du Louvre - une des alliances artistiques les plus inventives aujourd'hui - font assurément leur cette remarque de Romain Rolland qui, à propos de l'équilibre des proportions de l'orchestre, remarque que « le pire défaut serait de lui enlever, par une surcharge inutile de couleurs, sa souplesse de nuances qui est son charme principal ».  La différence d'atmosphère est soulignée entre l'orchestre chambriste et la vaste formation enrichie des cuivres, trompes de chasse et trompettes, qui se plaisent à se répondre en écho.  L'intuition pour traduire le galbe des pièces qui ne répondent à aucune appellation précise, ou forger les contrastes entre les divers morceaux, est exemplaire.  D'une articulation incisive sans être heurtée naît cette élasticité qui donne à la musique de Haendel sa vraie valeur, allègre, jubilatoire même, ou encore délicate et intériorisée, presque mélancolique.  Le fini instrumental est admirable et la plastique sonore mirifique dans les dialogues des bois avec les cordes.  Le choix, en complément, de l'ouverture de l'opéra Rodrigo est judicieux, tant elle se conçoit comme une Suite en miniature avec ses huit séquences empruntant à la danse.  Elle s'achève en une passacaille que Minkowski adorne d'une étourdissante fièvre en des tutti endiablés sertissant de brillants passages concertants.

 

Ludwig van BEETHOVEN : Quatuors à cordes op.18/1 en fa majeur & op.127 en mib majeur.  Artemis Quartet.  Virgin Classics : 628659 0 6. TT : 65'00.

Suite de l'intégrale des quatuors de Beethoven par les Artemis, dont a déjà été dit ici tout le bien qu'on en pensait.  L'opus 127 qui ouvre la série des derniers quatuors, proclame le style audacieux dans la conduite des voix, caractéristique de la dernière période créatrice du maître, dont seule une écoute attentive peut rendre accessible la force visionnaire.  Car les repères classiques volent en éclats au profit d'une libre combinaison des thèmes pourtant organiquement structurés.  La longue effusion que constitue le deuxième mouvement, chant ininterrompu de musique pure, qui fait penser à l'adagio de la IXe Symphonie, contemporaine, introduit ce mystère insondable du Beethoven tardif : une série de variations à partir d'un thème lent, enchaînées les unes aux autres que leur différence de climat permet de différencier.  Les Artemis le maîtrisent comme peu, laissant cette juste impression de vaste improvisation, comme une longue confidence de l'âme.  En contraste, le scherzo, enjoué en apparence, si tendu dans sa scansion irrégulière, laisse un instant place à un trio à l'allure fulgurante aussi original qu'inattendu.  L'opus 18 n°1, premier quatuor, mais non le premier composé, offre une vision brillante de la forme classique ; quoique le discours frappe déjà par l'habileté à traiter du motif qui se transforme à l'envi au premier mouvement, de même que les sombres contrées abordées à l'adagio, lyrique comme un chant d'opéra, que traversent des accents douloureux, ou encore le fantomatique scherzo aux rythmes syncopés où s'insinue comme une interrogation.  Le Quatuor Artemis fait montre d'un brio instrumental distingué par la sensibilité de son premier violon et la plénitude de la sonorité d'ensemble.  L'énergie tout en souplesse, l'élan rythmique sont souverainement contrôlés.  On attend avec impatience les ultimes volumes de cette formidable entreprise, qui se donne aussi cette saison live à Paris, aux Concerts du dimanche matin.

 

 

Georges BIZET : Symphonie en utPetite Suite d'Orchestre, op.22 (Jeux d'enfants).  Roma, Suite pour orchestre n°3.  Orchestre de Paris, dir. Paavo Järvi.  Virgin : 50999 62861304.  TT : 75'52.

Pour son premier disque comme directeur musical de l'Orchestre de Paris, Paavo Järvi a choisi un programme réunissant les rares pages que Bizet a offertes à l'univers symphonique.  Œuvre d'un musicien de dix-sept ans qui ne la considérait pas plus qu'un exercice d'école, la Symphonie en ut est, par sa limpidité et sa fraîcheur d'écriture, digne d'une pièce de Mendelssohn.  Elle reçoit ici une exécution d'une belle tonicité, mais un peu courte d'imagination dans les enchaînements.  L'allegro initial est quelque peu brusqué ; ce que l'on ressent de nouveau au vivace conclusif, fort articulé certes, mais qui n'a pas ce clin d'œil de pastiche de quelque final classique.  Avec Jeux d'enfants, on entre dans l'univers de la miniature délicatement dessinée et délicieusement colorée.  Orchestrées à partir de l'original pour piano, ces pièces sont un manifeste de la transparence et du raffinement français.  Mais, là encore, vivacité ne veut pas dire précipitation, notamment au Galop final.  La Suite d'orchestre Roma, une rareté, vaut le détour.  Ses quatre épisodes, écrits entre 1860 et 1868, plusieurs fois remaniés, ont bien des attraits, à commencer par une habile orchestration et un élan mélodique certain.  Ces impressions d'Italie comportent des tableaux sonores fort contrastés.  La « Chasse dans la forêt d'Ostie » n'offre peut-être pas le climat envoûtant de la Chasse royale que Berlioz a intercalée dans Les Troyens, mais les senteurs nocturnes qui la concluent sont d'un indéniable pittoresque.  Comme est enjoué le scherzo, censé illustrer la vie florentine.  L'andante (Venise) penche du côté du maître Gounod, par sa veine mélodique, proche du chant.  Le Carnaval, napolitain, dans le style de la marche qu'affectionne l'auteur, termine la suite en apothéose.  Järvi, plus à l'aise ici, et ses musiciens - n'était quelque acidité dans la cohorte des violons - en sont les défenseurs enthousiastes.

 

 

Giuseppe VERDI : Otello Opéra en quatre actes.  Livret d’Arrigo Boïto, d'après la tragédie de Shakespeare.  Simon O'Neill, Gerald Finley, Anne Schwanewilms, Allan Clayton, Ben Johnson, Alexander Tsymbalyuk, Matthew Rose, Eufemia Tufano.  London Symphony Chorus (LSO), dir. Sir Colin Davis.  2CDs LSO Live : LSO 0700.  TT : 64'27 + 66'54.

Après un Falstaff remarqué, Sir Colin Davis revient à Verdi ; un territoire qu'on n'associe pas forcément au chef anglais.  La surprise est de taille.  Sa vision d'Otello est tendue comme un arc, libérant une formidable énergie de par sa suprême articulation et des tempos vifs, souvent fulgurants.  Surtout, elle révèle toute l'urgence du drame comme ses contrastes, de la fresque grandiose (ouverture quasi explosive, vaste ensemble concertant du IIIe acte) à la scène à faire (duo d'amour extatique, prélude du III, inquiétant, atmosphère raréfiée prémonitoire du drame au début du dernier).  Le LSO répond par une extrême justesse d'intonation, digne d'une phalange habituée d'opéra : cuivres expressifs, petite harmonie travaillée comme une dentelle, douceur infinie des cordes, d'une plastique sonore envoûtante.  Ce sentiment d'excellence concerne également les chœurs, incisifs.  Dommage que la contribution vocale ne se situe pas sur le même braquet.  Le jeune ténor néo-zélandais Simon O'Neill possède, certes, un beau métal, avantageusement clair, et de l'agilité à revendre.  La quinte aiguë est bien sonore, même si parfois sollicitée à ses limites.  Mais le portrait du Maure empêtré dans sa morbide jalousie, reste sommaire ; ce qui ne surprendra pas à ce stade d'une carrière récente, et dans les conditions du concert.  La Desdémone d’Anne Schwanewilms déçoit par un timbre ingrat et certaines intonations douteuses.  Quelques belles notes filées ne suffisent pas à masquer un vrai manque de legato.  Le Iago de Gerald Finley a par contre fière allure : évitant l'effet convenu du mauvais bougre, la fourberie du personnage est intériorisée à un rare point de crédibilité ; et le timbre de baryton clair fait merveille.  Parmi les autres rôles, on citera le Cassio tout en finesse d’Allan Clayton.  La captation en direct, lors de concerts au Barbican de Londres, ne cherche pas à mettre les chanteur en évidence - le rôle-titre en pâtit - mais ménage un savant équilibre orchestral entre les grands éclats et les passages plus intimistes qui abondent dans la pièce.  Au final, une exécution qui se signale par sa prestation orchestrale plus que par sa distribution, comparée aux versions existantes.

 

 

Leŏs JANÁČEK : Sonate pour violon & piano.  Edvard GRIEG : Sonate pour violon & piano n°2, op.13.  César FRANCK : Sonate pour violon & piano.  Vadim Repin, violon.  Nikolai Lugansky, piano.  Universal/DG : 477 8794.  TT : 63'37.

Un bien intéressant disque de musique de chambre !  Pour leur premier disque, les duettistes Repin et Lugansky livrent un programme peu convenu, ménageant des oppositions comme on le conçoit dans un récital.  La Sonate de Janáček, écrite en 1915, mais créée en 1922, d'un climat intimiste, brûle d'un feu intérieur ; témoins les traits abrupts en forme d'éclairs qui traversent le 2e mouvement, « Ballada ».  Fulgurance que l'on retrouve ailleurs, en particulier dans les étranges interjections de l'adagio final.  La sonorité chaude et lumineuse de Repin et son énergie débordante font ici florès.  La deuxième Sonate de Grieg, préférée à la plus jouée troisième, possède force brillance dans la partie violonistique, très exigeante ; encore que le lyrisme naturel du discours pare ses trois parties d'une franche aura romantique, tempérée seulement par quelque froideur nordique.  La flexibilité caractérise le dialogue des deux instruments.  Quant à la Sonate de Franck, on en connaît le foisonnement mélodique.  Nos deux amis abordent le moderato initial avec retenue, le discours du violon s'imposant avec une lenteur mesurée, mais combien inspirée ; et la modulation balancée qui revient en boucle progresse irrésistiblement.  Tout en contraste, l'allegro suivant est comme un battement de vagues à l'assaut les unes des autres, et le formidable trait virtuose qui le clôt est mené telle une course à l'abîme.  Le récitatif fantaisie qui reprend la course ondulée du premier mouvement, s'épanche comme une rêverie.  Le final fiévreux ne sombre pas dans l'ostentatoire.  Une interprétation marquée par la générosité de l'archet de Repin et le jeu tout en souplesse de Lugansky, où recherche de la couleur et maîtrise de l'intensité sonore contribuent à une indéniable réussite.

 

 

« Sospiri ».  Airs d'opéras de George Frideric HÄNDEL (Serse, Il Trionfo del Tempo e del Disinganno), Geminiano GIACOMELLI (Merope), Antonio CALDARA (La morte d'Abel), Leonardo VINCI (Medo), Antonio VIVALDI (Farnace), Wolfgang Amadeus MOZART (Le Nozze di Figaro, Don Giovanni), Gioacchino ROSSINI (Il Barbiere di Siviglia), Vincenzo BELLINI (La Sonnambula, Norma), Giuseppe PERSIANI (Ines de Castro), Pietro MASCAGNI (L'Amico Fritz).  Pièces sacrées de Johann Sebastian BACH, Gabriel FAURÉ, César FRANCK, Maurice DURUFLÉ.  Cecilia Bartoli, mezzo-soprano.  Avec Bryn Terfel, basse, Juan Diego Flórez, Luciano Pavarotti, ténors ; Maxim Vengerov, violon.  Il Giardino Armonico, dir. Giovanni Antonini.  Orchestra La Scintilla, dir. Adam Fischer & Alessandro de Marchi.  Wiener Philharmoniker, dir. Claudio Abbado & Myung-Whun Chung.  Les Musiciens du Louvre Grenoble, dir. Marc Minkowski.  Orchestra Sinfonica di Milano, dir. Riccardo Chailly. Orchestra dell'Accademia Nazionale di Santa Cecilia, dir. Myung-Whun Chung.  2CDs Universal/Decca : 478 2249.  TT : 77'46 + 30'16 (édition Prestige) ; ou 1CD : 478 2558.  TT : 68'00 (édition standard).

Cecilia Bartoli dit avoir, dans cette anthologie, « réuni les moments les plus sensuels et les plus lyriques de mes enregistrements : airs favoris de Haendel et de Mozart, joyaux du bel canto de Bellini et de Rossini, et trésors de mes 'projets de redécouvertes' ».  Entreprise séduisante en effet, même si un peu frustrante lorsque sont abordées les grandes pages opératiques qu'on aimerait écouter dans leur contexte.  Mais n'est-ce pas la loi du genre ?  Un vrai régal en tout cas pour l'amateur, et tous les autres qui peuvent découvrir ce qu'est l'art du chant lorsque porté par une voix d'exception.  Il est désormais vain de louer les qualités qui habitent cette artiste d'exception : le legato inouï qu'autorise une fabuleuse maîtrise du souffle, apparemment sans limite, surtout dans le registre ppp, ces phrases caressées par une diction on ne peut mieux expressive, une présence ensorcelante quel que soit le morceau.  Ce qui fascine, en parcourant ces enregistrements effectués entre 1994 et 2009, c'est combien la chanteuse a évolué vers une technique vocale certainement unique aujourd'hui, qui fait voler en éclat les cadres établis en matière de tessitures : nonobstant une couleur qui l'assimile à celle de mezzo, l'élasticité comme la souplesse de de la voix lui permettent tout autant d'aborder des parties dévolues à la soprano.  Et que dire aussi de cet art prodigieux de la colorature, si bien mis en évidence dans le répertoire belcantiste.  Une sélection de chants sacrés où le Pie Jesu du Requiem de Fauré - et même celui de Duruflé - voisine avec les incontournables Ave Maria et Panis angelicus, la trouve tout autant à l'aise.  La liste des noms de ses partenaires, collègues ou chefs d'orchestre, est impressionnante.  On trouvera même, l'instant d'un air vériste, l’une des rares occasions où le divo Pavarotti donnait la réplique à la diva romaine.  L'anthologie comporte deux inédits au disque : une page de l'opéra Medo de Leonardo Vinci qui, dans l'esprit virtuose de Vivaldi, allie à la trompette d'ébouriffants trilles balayant tout le registre ; et une version miraculeuse de la fameuse aria « Una voce poco fa » tiré du Barbier de Séville, dont Cecilia Bartoli diversifie à l'extrême les diverses parties et qu'elle fait briller d'appogiatures étincelantes.

 

 

« Verismo Arias ». Airs pour ténor : Riccardo ZANDONAI (Giulietta e Romeo), Umberto GIORDANO (Andrea Chénier, Fedora), Francesco CILEA (L'Arlesiana, Adriana Lecouvreur), Ruggero LEONCAVALLO (La Bohème, Pagliacci), Pietro MASCAGNI (Cavalleria Rusticana), Amilcare PONCHIELLI (I Lituani, La Gioconda), Arrigo BOÏTO (Mefistofele), Licinio REFICE : « Ombra di nube ».  Jonas Kaufmann, ténor.  Anne-Maria Westbroek, soprano.  Coro e Orchestra dell'Accademia Nazionale di Santa Cecilia, dir. Antonio Pappano.  Universal/Decca : 478.2258.  TT : 61'49.

Décidément Jonas Kaufmann n'aura pas tardé à se tailler une posture enviable au firmament des ténors et dans le monde du disque.  Il s'attaque maintenant au répertoire vériste qui, semble-t-il, l'enthousiasme car là « tout n'est qu'âme et passion ».  Et de mêler morceaux rabâchés et raretés, dénichées jusque dans la bibliothèque de la Scala.  Tel cet air de Roméo tiré de la pièce de Shakespeare mise en musique par Riccardo Zandonai, un fin moment de lyrisme ardent porté par une modulation non moins fiévreuse.  De même les arias de l'Arlésienne de Cilea, de I Lituani de Ponchielli, bien peu connus ; ou encore de La Bohème de Leoncavallo, cette autre Bohème que notre interprète se plairait bien à porter sur scène.  Là, comme dans les pièces plus marquantes, Kaufmann pourvoit avec un égal bonheur phrasé exemplaire qu'une réelle familiarité avec l'idiome italien rend plus flatteur encore, ligne de chant immaculée dont l'art de faire vibrer la phrase n'est pas la moindre vertu, et puissance inextinguible que la couleur barytonante du timbre rend plus fébrile lorsque la voix se tend comme un arc (« Mamma » de Cavalleria Rusticana ou le duo final d’Andrea Chénier).  L'art de créer l'atmosphère juste, comme de distiller ces pianissimos éthérés qu'il affectionne - son Lohengrin à Bayreuth en était empli - marquent encore cette fine anthologie, que la direction intense d’Antonio Pappano enrichit d'une aura d'authenticité.  Si l'extrême tension vocale de ces pièces ne lui pose bien évidemment pas le moindre problème au disque, il reste que ce type de répertoire à la scène - on l'annonce dans Adriana Lecouvreur, André Chénier, et même Cav & Pag - peut se révéler éprouvant ; surtout pour un chanteur qui a, par ailleurs, à son tableau de chasse Werther aussi bien que Lohengrin... À consommer donc avec modération, cher ténor !

 

 

Love Songs.  Chansons & songs de Léo Ferré, Barbara, Joni Mitchell, Richard Rodgers, Michel Legrand, Jacques Brel, Fred E. Ahlert, Lars Färnlöf, Bob Telson, John Lennon & Paul McCartney, Leonard Bernstein.  Anne Sofie von Otter, mezzo-soprano.  Brad Mehldau, piano.  2CDs Naïve : V 5241.  TT : 30'48 + 48'26.

D'une rencontre improbable à une vraie affinité élective, voilà le fil rouge de ce CD : deux artistes évoluant dans des domaines éloignés l'un de l'autre se rejoignent pour un récital de songs et de chansons, autant de variations sur la passion amoureuse.  On savait Anne Sofie von Otter curieuse d'autres routes que celle du répertoire classique.  On l'avait déjà entendue avec Elvis Costello.  La flexibilité quant aux styles musicaux rejoint celle d'une voix qui conserve ses immenses prestiges.  Elle dit avoir ardemment voulu travailler avec Brad Mehldau, dont la musique est « très brillante et très inventive ».  Lui confesse être ému par « l'importance qu'elle donne au sens », ce qui « augmente les enjeux pour l'instrumentiste ».  Ses sept Love Songs, créés en 2009 et 2010, magnifiquement écrits pour la voix, alignent aussi bien rythmes balancés que subtile déclamation lyrique.  La sensualité du timbre de la chanteuse, son art de caresser les mots s'y épanouissent naturellement, qui fait son miel du style jazzy soft du pianiste-compositeur.  De fait, la ligne vocale surfe sur la partie pianistique qui se réapproprie l'original des textes en en gardant l'esprit.  Cette autre facette de l'art de la chanteuse se fait encore un festin d'un bouquet de chansons de Ferré, Barbara (les délices presque voluptueux de « Dis, quand reviendras-tu ? ), Legrand et Brel.  Elle apporte sans doute une touche « grande musique » à ce qui ressortit au registre populaire et retient l'épanchement.  La nostalgie voilée des songs de Rodgers ou de Bernstein (« Some Other Time » tiré de On the Town), autorise une plus grande liberté quant aux sortilèges de pièces qui lui sont plus familières.  C'est sans doute dans « Calling You » de Bob Telson (Bagdad Café) qu'elle est à son meilleur ; ou dans le swing qui anime les deux songs suédois.  Le pianiste-jazzman, qui dit être ravi de son rôle d'accompagnateur, apporte ce supplément de vie et surtout cette aisance proche de l'improvisation qui rendent ces pièces si séduisantes.

 

 

Jean-Pierre Robert.

 

POUR LES PLUS JEUNES

Sophie FORTE : Chou-fleur.  Victorie Music (www.club-tralalere.com) : 274 858.2.  Distr. Universal. 

Voici, par la très espiègle Sophie Forte (www.sophieforte.com), au fil de 12 chansons de son cru (avec leurs versions instrumentales) : « Tout ce que vos enfants ont toujours voulu savoir et que vous n’avez jamais osé leur dire ».  À partir de 4 ans.

 

 

THE FANTASTIKIDS : I have a dreamChansons adaptées & interprétées en anglais.  « Les Enfantastiques » (www.lesenfantastiques.fr).  Bizou Muzic : 011.  Distr. : Autre Distribution.

Voici une sélection de 16 chansons (en anglais), écrites & chantées par 20 enfants anglophones (élèves de l’Ermitage, école internationale sise à Maisons-Laffitte, Yvelines) pour d’autres enfants.  Adaptations anglaises réalisées, sous la houlette experte de Jean Nô, par Barbara Scaff, Liza Michael et Christine Khandjian.  Un excellent support pédagogique.

 

Francis Gérimont.

 

DVD

Georges BIZET : Carmen.  Opéra en quatre actes.  Livret d'Henri Meilhac & Ludovic Halévy, d'après la nouvelle de Prosper Mérimée.  Anna Caterina Antonacci, Andrew Richards, Anne-Catherine Gillet, Nicolas Cavailler, Virginie Pochon, Annie Gill, Riccardo Novaro, Vincent Ordonneau.  The Monteverdi Choir, Maîtrise des Hauts-de-Seine, Orchestre révolutionnaire et romantique, dir. John Eliot Gardiner.  Mise en scène : Adrian Noble.  2DVDs Fra Musica : FRA 004.  TT : 2h29'.

On ne saurait imaginer différence plus marquée entre la présente exécution du chef-d'œuvre de Bizet et la version filmée, il y a peu, au Met de New York.  Tout ce qui sépare une version qui se rapproche sans doute de l'esthétique de la création sur la même scène de l'Opéra Comique en 1875, et la machine à grand spectacle qu'est souvent devenu l'opéra le plus joué au monde.  La mise en scène frappe par sa justesse de ton dans le chant et les dialogues, et une pénétrante peinture des caractères.  Un dispositif décoratif ingénieux qui semble démultiplier l'espace en se déployant sur deux niveaux, découvre d'intéressantes perspectives (la pseudo-fuite de Carmen, l'arrivée d'Escamillo, la relève des contrebandiers).  La dramaturgie, fluide, conte une histoire sans faux-semblant que des arrêts sur images rendent palpable à l'heure de quelques moments-clé (ce premier regard que lance Carmen à José, leurs retrouvailles chez Lillas Pastia).  La captation filmée le restitue avec emphase, bien que n'abusant pas des gros plans.  Si, mis à part le rôle titre, elle n'aligne pas un catalogue de vedettes, la distribution est d'une rare crédibilité : un José sincère, bouleversant à l'heure de l'ultime tentative de reconquête de la femme adorée, une Micaëla vraie dans sa croisade du bien, un toréador, figure à la Delon, qui ne booste pas le rôle vers le bellâtre.  Bien sûr, Anna Caterina Antonacci - pour sa seconde Carmen à l'écran - capte le regard.  Comme bien peu, elle fait sien ce personnage aux multiples facettes, qu'elle pare d'un tragique fatalisme sans en grossir l'effet.  Un bravo aux chœurs anglais qui mènent le tour de force d'être plus vrais que nature dans leurs accents et leur mouvement.  Au plus près de l'esprit de cette musique - donnée ici dans une version enrichie de passages peu connus - la direction de John Eliot Gardiner, immensément dramatique, ne se départit jamais de couleurs délicates que les instruments d'époque d'un fabuleux orchestre rendent encore plus authentiques.  Un captivant retour aux sources.

 

Jean-Pierre Robert.

 

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Haut


L’incroyable histoire de Gaston et Lucie.  Nicolas Pantalacci, Sébastien Rost.  Coffret 2CDs (CD1 : Une histoire.  CD2 : chansons + versions karaoké).  Enfance et musique.  18 €.

À Boville, tout le monde se trouve beau. Par contre, tout le monde trouve Gaston très moche, c’est en quelque sorte l’exception qui confirme la règle. Un matin, le soleil refuse de se lever et laisse ainsi les Bovillains dans le noir. Incapables de réagir ni de se coiffer, ils permettent à Gaston de quitter la cage du cirque où il travaille pour partir vers l’antre du soleil tirer cette histoire au clair…

 

 

La Flûte enchantée racontée aux enfants.  Livre-disque.  Auteur : Jean-Pierre Kerloc’h.  Illustrations : Nathalie Novi.  Musique : W. A. Mozart.  Récitante : Valérie Karsenti.  Didier Jeunesse.  48 p.  23,50 €.

Un nouveau livre-disque pour lire et écouter La Flûte enchantée comme un conte merveilleux.  Valérie Karsenti, talentueuse comédienne, raconte avec vivacité, drôlerie et poésie le texte de Jean-Pierre Kerloc’h et fait de La Flûte enchantée une aventure extraordinaire et passionnante, aux multiples rebondissements. 

Tout au long du récit, retrouvez des extraits des plus beaux airs de La Flûte enchantée.  La musique est extraite de la version d’orchestre de référence de 1950 du Wiener Philharmoniker dirigé par Herbert Von Karajan qui a obtenu un Diapason d’or et un Choc du Monde de la Musique.

 

Laëtitia Girard.

 

 

 

S’ouvrant sur un éditorial de l’Inspecteur général de l’Éducation nationale, M. Vincent Maestracci, orientant de façon concise l’élève dans son travail, le supplément Baccalauréat 2011 de L’éducation musicale est d’une rare densité : pas moins de 148 pages d’analyses et références.

 

Indispensable aux professeurs d’Éducation musicale et aux élèves de Terminale qui préparent l’épreuve de spécialité « série L » ou l’épreuve facultative « Toutes séries générales et technologiques du baccalauréat », cette publication réunit les connaissances culturelles et techniques nécessaires à une préparation réussie.

 

À commander aux Éditions Beauchesne : 7, cité du Cardinal-Lemoine, 75005 Paris. Tél : 01 53 10 08 18.  Fax : 01 53 10 85 19.  s.desmoulins@leducation-musicale.com

 

Le Disque du Bac est de retour !
Double CD à prix spécial. Sortie le 10 décembre 2010

Pour la première fois, l'album du baccalauréat propose les œuvres au programme de l’Option facultative (toutes séries) et de l’Enseignement de spécialité (série L).  Disponible chez tous les disquaires et en téléchargement.

Après quelques années d'absence, durant lesquelles les musiques au programme du Bac avaient quitté le répertoire classique, Virgin Classics a le plaisir de reproposer le disque du Baccalauréat, qui est de nouveau entièrement consacré à la musique classique.  Des fondamentaux (Bach, Schubert et Purcell) jusqu’à la musique du XXe siècle (Copland et Varèse) et même du XXIe (Dalbavie), le Disque du Bac est proposé pour la première fois en 2 CDs, et à un tout petit prix, à la portée des bourses des lycéens !

 Virgin

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Dossiers déjà parus dans L'éducation musicale

























Dossiers à paraître :

* Programme de l'agrégation 2011

 

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