www.leducation-musicale.com
septembre-octobre 2009
n° 562
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mai-juin 2009
n° 561
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Sommaire :
1. Editorial : Ach ! la crise...
2. Informations générales
3. Varia
4. Manifestations et Concerts
5. Echos d'Utrecht
6. Au Festival de Salzbourg
7. Prodigieux Orchestre de Chicago
8. Diverses annonces
9. L'Edition musicale
10. Bibliographie
11. CDs et DVDs
12. La vie de L’éducation musicale
Abonnez-vous à L'éducation musicale, et l'Encyclo de la musicienne est à vous !
Ach ! la crise…
« Invente ou je te dévore ! »
(le Sphinx)
C’est comme si nos gouvernants ne voyaient plus en notre
peuple - troupeau frivole - qu’incorrigibles fauteurs de dépenses inconsidérées !
Dans les domaines notamment de la médecine, de la justice et, bien sûr, de l’enseignement…
N’est-ce d’ailleurs pas là que s’appliquent aujourd’hui les plus drastiques
restrictions ?
Ainsi, pour nous en tenir au seul enseignement de la
musique, n’est-il plus désormais question, rue de Grenelle, que de suppressions
de postes, de réductions d’horaires et de crédits. Tout cela, bien
entendu, dans le secret espoir de voir bientôt disparaître, dans les marécages néo-malruciens
d’une chimérique Histoire des arts, une
discipline aussi « subversive » que la nôtre…
Nostalgique retour aux temps jolis où l’on « s’entretenait »
d’art avec de gentils labadens appartenant, mon Dieu, au meilleur monde (3 à
4 % d’une classe d’âge accédaient alors au baccalauréat)… Cette
belle jeunesse n’avait-elle d’ailleurs pas toute latitude pour s’adonner, auprès
de précepteurs choisis, aux plus délectables pratiques artistiques ?
Mais qu’apprends-je ? Le thème « Révolutions & musique » serait au
programme de l’agrégation ! Fasse le ciel...
Francis B. Cousté
Haut
« Une légende amérindienne raconte qu´il y eut
un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés et atterrés
observaient, impuissants, le désastre. Seul, un colibri s’activait et
allait chercher quelques gouttes d’eau dans son bec pour éteindre le feu.
Au bout d´un moment, le tatou, agacé par ses agissements dérisoires, lui
dit : - Colibri ! N’es-tu pas fou ? Tu crois que c´est avec ces
gouttes d´eau que tu vas éteindre le feu ? - Je le sais, répond le
colibri, mais je fais ma part... »
(Pierre Rabhi, La part du colibri)
Théâtre du Châtelet : deux « Flûte enchantée »…
www.chatelet-theatre.com/2009-2010/index.php#/la-flute-enchantee-1-359-fr
www.chatelet-theatre.com/2009-2010/index.php#/la-flute-enchantee-2-361-fr
Colloque sur l’Éducation musicale : « Articulations entre recherche, terrain,
formation professionnelle & institution ». Il se déroulera
les 27 et 28 novembre 2009, à l’IUFM d’Aix-Marseille (Université de Provence).
Avec le soutien des équipes de François Madurell (OMF, Paris IV-Sorbonne),
Mireille Besson (CNRS-INCM) et Gilles Boudinet (Paris VIII). En libre
accès. Sous forme d’un résumé de quelque 200 mots, tout projet de
communication devra être soumis par courriel (avant le 15 octobre) au Comité
organisateur (Jean-Luc Leroy, Pascal Terrien) : em.journe2009@orange.fr
Le Japonais Kazuki Yamada (°1979) [notre photo] a remporté le
51e Concours de jeunes chefs d’orchestre de Besançon (Grand Prix de
direction & Grand Prix du public). Renseignements : www.festival-besancon.com
©DR
Un « Atelier de composition pour les voix » est proposé à
Lille, les 16 et
17
novembre 2009
, 1er et
2 février, 29
et
30 mars 2010
. Principal
intervenant : le compositeur Thierry Machuel [notre photo]. Renseignements :
03 59 03 12 46
. http://crdp.ac-lille.fr/sceren/newartculture/spip.php?article358
©DR
Le Conservatoire national supérieur de Musique & de Danse de Paris nous informe de
la nomination - par décret du Président de la République (26 août 2009) - de
son nouveau directeur, Pascal Dumay,
jusqu’à présent délégué à la musique au ministère de la Culture. Renseignements : 04 72 19 26
61. www.cnsmdp.fr
©CNSMDP
Le Conservatoire national supérieur de Musique & de Danse de Lyon nous informe de
la nomination - par décret du Président de la République (26 août 2009) - de
son nouveau directeur, Géry Moutier [notre photo], pianiste et pédagogue. Renseignements : 04 72 19 26 61. www.cnsmd-lyon.fr
©DR
Congrès de la
Fameq : À
Montréal (Québec), du 19 au 21 novembre
2009. Renseignements : www.fameq.org
Marc-Olivier Dupin [notre
photo], déjà directeur
de France Musique, a été nommé directeur de la musique à Radio France.
©Radio France/Christophe
Abramowitz
Histoire
du Jazz en France - Journée d'étude 2.
Paris IV-Sorbonne, le 16 décembre 2009.
La première journée d’étude avait
lieu à Tours (avril 2009) ; deux autres sont prévues, à Paris (décembre
2009) et de nouveau à Tours (printemps 2010). Un colloque international
se tiendra à Dijon à l’automne 2010 et une journée de clôture à Paris en
septembre 2011. Coordination assurée par Vincent Cotro (Tours), Laurent
Cugny (Paris IV) et Philippe Gumplowicz (Université de Bourgogne). La
première journée avait porté sur « Le
jazz en France & les transferts culturels ». La deuxième,
qui se déroulera en Sorbonne le 16 décembre 2009, sera consacrée à « La musique & les musiciens qui l’ont
jouée ». Thèmes proposés : Musiciens, groupes,
collectifs / Musiciens étrangers en France / Musique et musiciens en
région / Musique et musiciens hors de la métropole / Musiciens de
jazz en France et autres musiques (variétés, classique, contemporain,
traditionnelles, film, studio…) / Les big bands en France / Les sections
rythmiques en France / La production discographique / Existe-t-il un
jazz français ? Adresser les résumés de contribution
à : Laurent Cugny (laurent.cugny@paris-sorbonne.fr).
Date limite d’envoi : 15 octobre 2009.
Le Centre de musique
médiévale de Paris propose : stages, ateliers
& concerts-rencontres (à Paris, Amsterdam, Poitiers, Blois, Strasbourg,
Baeza, Ourense, Lille, Pigna…). Renseignements :
01 45 80
74 49
. http://assoc.orange.fr/cmmp
©Discantus
« James Ensor
et la musique ». En liaison avec l’exposition consacrée à ce peintre, une série de
concerts sera donnée en l’auditorium du Musée d’Orsay, du 12 novembre 2009 au
28 janvier 2010. Renseignements : www.musee-orsay.fr/fr/manifestations/musique.html
Au conservatoire ©M’O’/P.Schmidt
Le chef d’orchestre britannique Sir Edward Downes
(85 ans) et
son épouse (84 ans) ont choisi - après 54 ans de vie commune - de
se donner la mort, en présence de leurs enfants, le 10 juillet 2009, dans
la clinique suisse Dignitas.
©Lebrecht
L’Ariam
Île-de-France enrichit son programme de formations : Accès aux diplômes et
concours / Direction de conservatoire / Direction de chœur /
Direction d’ensembles instrumentaux / Improvisation (Initiation &
pratique, Improvisation vocale, Jeux vocaux…). Renseignements : 9,
rue la Bruyère, Paris IXe. Tél. : 01 45 85 45 28. www.ariam-idf.com
©Lorenzo Brondetta
La musique développe
le cerveau ! « L’éducation
musicale a un effet sur la façon dont le cerveau développe des connexions et
sur les fonctions cognitives en général, en relation avec la mémoire et
l'attention » (Brain, revue de neurologie).
Sources : www.dcsf.gov.uk/tunein/music_the_universal_language.html
http://brain.oxfordjournals.org/cgi/reprint/awl247v1?maxtoshow=&HITS=10&hits=10&RESULTFORMAT=&fulltext=Trainor&searchid=1&FIRSTINDEX=0&resourcetype=HWCIT
Fort de ce constat, Ed Balls, secrétaire d’État pour
l’enseignement, en Grande-Bretagne, a lancé « The Year of Music » afin de
promouvoir la pratique musicale à l’école - et non l’histoire de la musique…
Pas moins de 330 millions de livres/an (soit 377 millions d’euros)
ont été ainsi dégagés : www.dcsf.gov.uk/pns/DisplayPN.cgi?pn_id=2009_0159
British Library. Les archives sonores de cette
prestigieuse bibliothèque [notre photo] sont désormais en libre accès sur le
Web.
Renseignements : www.guardian.co.uk/books/2009/sep/03/british-library-traditional-music
Jeunes Publics à
l’Orchestre philharmonique de Radio France : Ateliers de création & de
pratique musicale, séries « Les Clefs de l’orchestre » et « Si
l’Orchestre m’était conté ». Renseignements : 01 56 40 36 30 www.zikphil.fr ou : 01 56 40 15 16 www.concerts.radiofrance.fr
Le « Luxembourg
Festival 2009 » se déroule du 28 septembre au 25 novembre - ne proposant pas moins de trente
productions : opéra, danse, musique symphonique, musique de chambre,
musique du monde, jazz, théâtre musical - avec notamment, sur une idée d’Olga
Neuwirth, un « Hommage à Klaus Nomi » [notre photo].
Renseignements : www.luxembourgfestival.lu
©DR
***
Haut
Le Britannique Sir Simon Rattle
[notre photo] vient d'être reconduit à la tête du Berliner Philharmoniker.
Entendant bien continuer d’explorer le répertoire baroque, Simon Rattle a
précisé : « Il faudra que le Philharmonique de Berlin rejoue
Bach » (Le Monde,
22 août 2009
). Rappelons que les 128 membres de cette
prestigieuse phalange ont droit de veto sur la nomination de leur chef…
©DR
Woodstock’s
Top 10 Hits : With a little help from my friends (Joe Cocker), I want to take you higher (Sly & the Family Stone), Soul
Sacrifice (Santana), The Star-Spangled Banner (Jimi Hendrix), Suite :
Judy Blue Eyes (Crosby, Stills & Nash), Somebody to love (Jefferson Airplane), The Letter (The Incredible String Band), I put
a spell on you (Creedence Clearwater Revival), Simple song of freedom (Tim Hardin), Joe Hill (Joan Baez) [Time,
August 24, 2009].
©DR
Pentatonism, by Bobby McFerrin : www.youtube.com/watch?v=ne6tB2KiZuk
©Stephen Cohen
« Opéras russes à l’aube des Ballets russes », tel est le thème de l’exposition
qui se tiendra, du
12 décembre 2009
au
16
mai 2010
,
au Centre national du costume de scène & de la scénographie (quartier
Villars, route de Montilly,
03000
Moulins) [notre photo].
Seront présentés quelque 130 costumes de quatre productions : Boris Godounov (Moussorgski), Snegourotchka (Rimski-Korsakov), Siberia (Giordano) et Khovantchina (Moussorgski). Renseignements :
04 70 20 76 20
. www.cncs.fr ou pedagogie@cncs.fr
©Drac Auvergne/Jean-Gilbert
Sannajust
« Le Roi Lion » est –
avec ses quelque 50 millions de spectateurs à travers le monde – le plus
grand succès de l’histoire de la comédie musicale. Créé à Broadway en
1994, ce spectacle connaîtra sa 3e saison française : dès le 2
octobre 2009 au Théâtre Mogador - où il devrait franchir, cette année, le cap
du million de spectateurs. Renseignements : 23, rue de Mogador, Paris IXe. Tél. : 01 53 32 32
32. www.stage-entertainment.fr
Estampillé « de l’Opéra », le miel récolté sur les ruches
sises sur les toits du Palais Garnier aurait, nous dit-on, des « accents »
de citron-menthe... Préservé de tout pesticide, il serait bien supérieur
à celui des champs. Ses
récoltes peuvent atteindre, en moyenne, 100 kg par an et par ruche, contre
seulement une dizaine à la campagne. Distribué dans des
boutiques de luxe, il est, en tout cas, le plus cher. Le Grand Palais, l’Opéra
Bastille, le Centre Pompidou, le Château de Versailles et l’Opéra de Lille ont,
eux aussi, installé des ruches sur leurs toits…
©Paolo / fotolia.fr
« Grands Formats », fédération
d’orchestres fondée en 2003, a pour objectif de favoriser le rayonnement et le
développement des grandes formations de jazz & musiques à improviser.
Elle réunit, à ce jour, 26 ensembles professionnels, représentatifs de la
plupart des champs esthétiques. Renseignements : 8, rue Corot,
Paris XVIe. Tél. : 06 12 99 47 65. www.grandsformats.com
Le Sacre du tympan © Sylvain Gripoix
Somalia… Danses
& musiques (même traditionnelles) sont désormais interdites lors des
mariages. Des groupes religieux détruisent les instruments et tirent à
balles réelles sur les récalcitrants. Renseignements : www.freemuse.org/sw15074.asp
Non inintéressant… http://www.critique-musicale.com
University of London. Si l’on en croit une enquête menée par l’Institut
d’éducation de l’Université de Londres auprès de 20 000 enseignants &
assistants d’enseignement (Teachers & Teaching assistants), plus un
élève est aidé, moins il progresse ! Renseignements : www.ioe.ac.uk/newsEvents/31191.html
On line… De moins en moins de labels enregistrant des orchestres, les grandes
formations se tourneraient désormais vers le Web. Renseignements : The Globe and Mail (
Canada
) :
Chicago Symphony
Orchestra ©Todd
Rosenberg
« Traditions musicales françaises », orchestre parisien d’amateurs,
recrute des instrumentistes (tous pupitres). Renseignements : Jean-Marc Harari - 69, rue Haxo, Paris XXe. Tél. : 01 43
64 76 43 ou : 06 62 37 19 51.
Concert au Château de Breteuil ©DR
Swinging Monteverdi : www.youtube.com/watch?v=AJA2x_m0uy8&fmt=18
Philippe Jaroussky ©DR
Stradivarius enfin déconfit… Traité
aux champignons, un banal violon helvète aurait battu - lors d’un « test à
l’aveugle » - un Stradivarius de 1711. Sa sonorité a été jugée la
plus belle, rapporte le Laboratoire fédéral d’essais sur les matériaux
(EMPA). Source : www.bulletins-electroniques.com/actualites/59840.htm
©Keystone
Mario Hacquard & la Triumph
TR4 : www.youtube.com/watch?v=6ZX8APmY52E
…ici, avec Germaine Tailleferre ©DR
Le « Conservatoire à
rayonnement régional 93 » propose un parcours complet,
allant de la découverte de la musique & de la danse à une pratique confirmée. Renseignements :
01 48 11 04 60
. www.conservatoireregional93.fr
©Willy
Vainqueur
Formation continue pour
professeurs d’instruments : Une structure ad hoc ouvrira sur
Internet, dès janvier 2010, pour le piano & le violon. Renseignements :
03 83 96 76 15
. www.foremi.eu
« Unesco 2010 » est paru. Comme à
l’accoutumée, ce superbe agenda présente, sur papier glacé, un ensemble de
superbes photos couleurs - utilement légendées - des plus beaux sites naturels
& culturels de la planète. Ainsi que la Liste du patrimoine mondial, comprenant 890 biens (689 culturels,
176 naturels et 25 mixtes), situés dans 189 États. Publication
trilingue (anglais, français, espagnol). 23 x 22 cm,
19 €. Renseignements : http://publishing.unesco.org
Anthologique ! http://vimeo.com/moogaloop.swf?clip_id=2539741
B.E. King, composer of Stand by me ©DR
***
Haut
« Les Journées Ravel 2009 » se
dérouleront à Montfort-L’Amaury sur divers sites, les 3 & 4, 10 & 11
octobre. Renseignements :
01 34 86 96 10
. www.lesjourneesravel.com
Le Belvédère ©DR
À Versailles : La Maîtrise de Radio-France (dir.
Sofi Jeannin) se produira en l’église Sainte-Jeanne d’Arc, le
3 octobre 2009
, à 20h30. Régis Warnier, organiste.
Œuvres de Jean-Sébastien Bach, Jean Langlais, Francis Poulenc, Marcel Landowski
et Arne Mellnäs. Entrée libre. Renseignements : place
Élisabeth Brasseur. Tél. :
01 39
02 14 87
. http://jeannedarc-versailles.com/La-Maitrise-de-Radio-France-a,612.html
Église du Val-de-Grâce : Le
dimanche 4 octobre 2009, à 17h30, Caroline Lupovici, piano, et Hervé Désarbre,
orgue, donneront un récital d’œuvres de Loret, Philip, Vadon, Salomé, Bret et
Bizet. Entrée libre. Renseignements : www.valdegrace.org
©Val-de-Grâce
Jeune création musicale. Le samedi
10 octobre 2009
, à
21 heures
, Centre Pompidou [notre photo], seront
donnés : Otemo (Vassos Nicolaou), Quand tu étais comme avec moi… (Stefano Bulfon), Inner Line (Fabrizio Rat Ferrero), Sacred
river ALPH’s meanders (Martin Grütter) et Astral/Chromoprojection (Kenjii Sakai). Ensemble
intercontemporain, dir. Jean Deroyer. Renseignements :
01 44 78 12 40
. www.ircam.fr
©DR
Hommage au compositeur Bruno Ducol
[notre photo], du
jeudi 8 au samedi
10 octobre 2009
, à Paris, Maison des pratiques
artistiques amateurs. Le jeudi 8
octobre à 19h30 : portrait-dialogue avec Bruno Ducol (rencontre
animée par Daniel Durney). Vendredi
9 & samedi 10 octobre à 19h30 : concerts. Du 6 au
14 octobre 2009
: exposition. Renseignements : 4, rue Félibien, Paris VIe. Tél. :
01
46 34 68 58
.
www.mpaa.fr ou : www.cdmc.asso.fr/files/texte/pdf/programmes/hommage_brunoducol.pdf
©DR
Le Centre de la
chanson présente, le lundi
12
octobre 2009
, à
19h30,
à L’Entrepôt (7, rue
Francis-de-Pressensé, Paris XIVe/ M° Pernety), sept nouveaux
espoirs de la chanson française : Davy Kilembe, Lily Luca, Gatshen’s, François
Gaillard, Eskelina, Hervé Akrich et Alcaz. Entrée libre. Renseignements :
01 42 72 28 99
. www.centredelachanson.com
Au CNSMD de
Lyon : Les 14 et
15
octobre 2009
, à
20h30,
salle Varèse,
l’Orchestre du conservatoire, dir. Peter Csaba, avec Alexandra Roshchina (piano),
Chloé Chavanon & Solenn Le Trividic (chant), donneront : Chants d’Auvergne de Joseph Canteloube, Concerto pour la main gauche de Maurice
Ravel, Symphonie en ut majeur de Georges Bizet. Renseignements : 3, quai Chauveau,
69000
Lyon. Tél. :
04 72 19 26 61
. www.cnsmd-lyon.fr
CNSMD de Lyon ©DR
Hommage à Emmanuel de
Fonscolombe (1810-1875). Le dimanche
18 octobre 2009
, à
16h00,
seront données, en
l’église Saint-Augustin (Paris VIIIe), des œuvres de ce compositeur,
arrière-grand-père d’Antoine de Saint-Exupéry. Ensemble vocal &
instrumental À Rebours, dir. Mario Hacquard. Entrée libre. Renseignements : www.fonscolombe.populus.ch
L’Orchestre régional
de « Cannes Provence Alpes Côte d’Azur », dir. Philippe Bender, se produira à Cannes
les 11, 25 et 27 octobre, à Marseille, le 29 octobre. Renseignements : 04 93 48 61 10. www.orchestre-cannes.com
©DR
Thierry Escaich. De ce compositeur, le Concerto pour violon & orchestre sera
donné en création mondiale, à l’Auditorium de Lyon, les 8 et 10 octobre (David
Grimal, violon ; Orchestre national de Lyon, dir. Christian Arming) et à
l’Auditorium de Dijon, le 9 octobre (David Grimal, violon ; Orchestre
national de Lyon, dir. Jun Märkl [notre photo]). Au même programme : VIIIe Symphonie de
Schubert, Sinfonietta de Janáček. Renseignements : 04 78 95 95 95 (Lyon), 03 80 48 82 82 (Dijon).
©DR
« Buena Fe », célèbre
duo cubain, se produira : le 13 octobre à Biarritz (www.festivaldebiarritz.com), le 7
octobre à Tarbes (www.lagespe.com) et le
9 octobre à Paris (http://culturel.mal217.org/fr/Agenda-8.htm). Renseignements : Anne-Marie Chartier. Tél. : 06 63 64 74 41. www.buenafecuba.com
Franz Schreker (1878-1934), le
retour… Organisé par l’Institut Franz Schreker, le dimanche 11 octobre 2009, à 17
heures, au Théâtre des Champs-Élysées, sera donné un concert d’œuvres de ce
compositeur bien trop méconnu en France. Au programme : Ein
Tanzspiel ; suite de L’anniversaire de l’Infante ; Symphonie
de chambre ; extraits des opéras Die Gezeichneten et Der ferne
Klang. Jean-Philippe Lafont, baryton-basse. Orchestre
Pasdeloup, dir. Philippe Hui. Renseignements : 01 56 88
28 50. contact@institut-schrecker.fr
©DR
« Quatuor à toute vapeur… » Le vendredi 16 octobre 2009, à
14h30, en l’Amphithéâtre de l’Opéra Bastille : concert Jeune Public par
des musiciens de l’Orchestre de l’Opéra. Extraits de Different trains (Steve Reich), Quatuor
n°2, op. 92 (Serge Prokofiev), extraits du Quatuor n°10 (Dimitri Chostakovitch). Durée :
60’00. Renseignements : 01 40 01 19 88. www.operadeparis.fr
©Raqueleta
Pierre Boulez dirige l’Ensemble intercontemporain. Samedi 17 octobre 2009,
20h, Salle Pleyel. Karlheinz Stockhausen : Kreuzspiel (1951) pour 6 musiciens, Kontra-Punkte (1952) pour 10
instruments, Fünf Weitere Sternzeichen (2007) pour orchestre. György Ligeti : Concerto de chambre (1970) pour 13 instrumentistes, Aventures (1962) et Nouvelles Aventures (1965) pour 3 voix et ensemble. Renseignements : 01 42 56 13 13. www.sallepleyel.fr
©Patrick Berger
« Les Automnales du Palais impérial de Compiègne ». Le samedi 17 octobre 2009, à
17h30 : récital du baryton José van Dam, avec Maciej Pikulski,
piano. Schumann : Les Amours
du poète. Berlioz : extraits de La Damnation de Faust. Gounod : extraits de Faust. Renseignements : 03
44 38 47 00. www.musee-chateau-compiegne.fr
Château de Compiègne, par Siméon Fort
L’Ensemble Motus se produira le mercredi 21 octobre, à
19h30,
en la Mairie du IIe arrondissement
de Paris. Œuvres de Javier Álvarez, Denis Dufour, Christophe Ruetsch et
Elzbieta Sikora [notre photo]. Renseignements : www.motus.fr
©DR
Des chants du Kalevala aux rythmes du XXe siècle. Institut finlandais, le mercredi
28 octobre 2009, 20h, Eija Kankaanranta [notre photo], s’accompagnant au
kantele, interprétera des chants tirés du Kalevala (épopée nationale finlandaise). Le kantele était naguère utilisé, durant
des séances d’incantation, pour faciliter l’accès aux états de transe
chamanique. Le concert sera précédé d’un exposé d’Eija
Kankaanranta. Renseignements : 60, rue des Écoles, Paris Ve.
Tél. : 01 40 51 89 09. www.institut-finlandais.asso.fr
©Maarit
Kytöharju
« We want Miles ! » Cette exposition (commissaire : Vincent Bessières) se
tiendra à la Cité de la musique, du
16 octobre 2009
au
17 janvier 2010
. Y sera retracé le parcours musical &
personnel de Miles Davis - depuis East St-Louis, ville de son enfance, jusqu’au
concert rétrospectif qu’il donna sur le site même de La Villette à Paris,
quelques semaines avant sa mort. Renseignements : www.citedelamusique.fr
Miles Davis en 1958 ©Sony Music Entertainment
« In Cortezia », ensemble de musique médiévale
& renaissante, présente au Théâtre Essaïon jusqu’au 8 novembre 2009 : Arsène & la Corne magique (spectacle
musical, à partir de 4 ans). Renseignements : 6, rue
Pierre-au-Lard, Paris IVe. www.essaion-theatre.com/spectacle-arsene-et-la-corne-magique-214.html
Musée Claude Debussy. Le vendredi 16 octobre
2009, à 20h30 : « Les Goûts réunis » (François Gneri,
alto / Denis Pascal, piano). Œuvres d’Onslow, Coulais et
Takemitsu. Renseignements : 38, rue Au Pain, 78100
Saint-Germain-en-Laye. Tél. : 01 34 51 05 12. www.saintgermainenlaye.fr
« Nuovi Spazi
Musicali », festival de musique contemporaine, se déroulera à Rome
(Italie), les 5, 8, 12, 14 et 19 octobre 2009. Entrée libre. Renseignements : www.adagentile.it/festival.htm
« Musiques libres » : La IXe édition de ce festival se déroulera
à Besançon, les 30, 31 octobre et 1er novembre 2009. Renseignements : 03 81 83 39 09. www.aspro-impro.fr
Les grandes orgues Cavaillé-Coll
de Saint-Roch seront présentées au public lors de trois soirées
pédagogiques, les 3, 4 et 5 décembre 2009, à 20h30. Conférenciers :
Gonzague Saint-Bris & Isabelle Sebah. Partie musicale assurée par
Isabelle Sebah, à la console, et le quintette de cuivres Eterna. Renseignements : 296, rue Saint-Honoré, Paris Ier. Tél. : 06 07 44 44 04. www.concert-orgue.com
Orchestre national
d’Île-de-France. Particulièrement riche (concerts symphoniques, musique de chambre,
actions éducatives…) est le programme 2009/2010 de cette phalange qui, comme à
l’accoutumée, se produira dans Paris et nombre de cités de sa grande couronne. Renseignements : 01 43 68 76 00. www.orchestre-ile.com
Maison de l’Orchestre ©DR
L’Ensemble 2e2m – formation
dédiée à la musique contemporaine - donnera, en 2009-2010, 55 concerts,
dans lesquels figureront 17 créations mondiales et 7 créations
françaises. L’Ensemble se produira en France, au Brésil, au Mexique, en
Italie et en Allemagne - touchant quelque 18 500 spectateurs. Renseignements : 01 47 06 17 76. www.ens2e2m@wanadoo.fr
©DR
Les
Rencontres musicales de Puteaux se tiendront du 5 au 18 décembre 2009. Avec notamment : June
Anderson [notre photo], Jeff Cohen, sœur Marie Keyrouz, Marco Guidarini,
Roberto Alagna, Régis Pasquier, Mathilde Pasquier, Cyprien Katsaris, Juan José
Mosalini, le Quatuor Modigliani… Renseignements : 06 27 07 89
56. www.lesrencontresmusicalesdeputeaux.com
©DR
L’exposition
sonore « L’air du temps » est reconduite, au Musée d’ethnographie de Genève, jusqu’au 20 juin
2010. Renseignements : +41 (0)22 418 45 50. www.ville-ge.ch/meg
©MEG/Carl-Vogt
Francis Cousté
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Échos d’Utrecht
Jusqu’à présent célèbre pour les
deux traités qui mirent fin, en 1713, à la Guerre de Succession d’Espagne,
Utrecht vient de gagner des galons tout aussi importants : entre le 17 et
le 26 juillet 2009, cette pittoresque petite ville située entre Rotterdam et
Amsterdam a abrité la XVIIe édition d’Europa Cantat. Il s’agit d’un rassemblement, à l’origine
limité à l’Europe mais désormais mondial, de chœurs amateurs ainsi que, comme l’auteur
de ces lignes, de choristes ou chefs de chœur isolés venus des quatre coins de
la planète pour, en un laps de temps très court et avec des chefs de haute
volée, étudier des œuvres en général peu connues. Europa Cantat, qui se
tient tous les trois ans dans un pays différent, est en réalité le laboratoire mondial
du chant choral amateur : on y peut entendre et étudier des œuvres qui soit
n’ont jamais été chantées en dehors de leurs pays d’origine, soit demandent des
moyens - solistes et musiciens professionnels en grand nombre – dont peu de chœurs
amateurs peuvent se prévaloir.
La pluie et le vent (nous étions bien
en Hollande !) n’ayant jamais empêché personne de chanter, ces dix jours-là
furent aussi exaltants qu’exténuants : de 9h à 12h30, chaque atelier (il y
en avait 22 au total, en comptant les ateliers pour enfants et pour
adolescents) travaillait son programme spécifique. J’avais quant à moi
opté pour « Women in harmony », un atelier de « Barber Shop
Music » confié à un chef américain, spécialiste mondialement reconnu de ce
style de chant typique du sud des États-Unis : son oreille impitoyable nous
a permis de chanter juste et a cappella des accords savoureux, où des ré, mi et mib cohabitaient tant bien que
mal - en fait plutôt bien, si j’en juge par la réaction enthousiaste des
spectateurs à l’issu de notre concert final.
Nos après-midi n’étaient pas mal
non plus, avec un premier concert à 15h et un second à 17h : ces
« petits concerts », qui se donnaient simultanément dans toutes les
églises de la ville, furent l’occasion d’entendre des chœurs constitués du
monde entier, et en choisir deux fut un crève-cœur quotidien : en allant
écouter un extraordinaire chœur de jeunes filles de Tel-Aviv, j’ai ainsi raté
un autre chœur de femmes, d’Italie cette fois, paraît-il excellent.
À 19h15, après un repas avalé à la
hâte (la haute gastronomie n’ayant jamais été l’objectif prioritaire d’Europa
Cantat, ni d’aucun rassemblement de ce type), nous mettions le cap sur le « Chant
Commun », dans le grand amphithéâtre qui pouvait asseoir 4 000
personnes. Ce fut, pour moi, le temps fort de chaque journée : rien
n’égale le bonheur de déchiffrer pendant 45’ - avec 2 800 choristes
inconnus, lisant tous parfaitement la musique -, dans un recueil distribué à
notre arrivée, les somptueuses polyphonies que les responsables musicaux d’Utrecht
avaient mis trois ans à collecter : berceuse norvégienne, chant zoulou, mélopée
du pays Sioux, prière tchèque, samba, calypso, psaume en hébreu, pour ne citer
que les plus remarquables, me voilà - pour le plus grand bénéfice de mes
choristes - avec des années de répertoire à exploiter ! À Utrecht plus
que jamais, le Chant Commun aura été une véritable mine pour les nombreux chefs
de chœur ayant choisi, comme moi, d’y participer chaque soir.
Puis la soirée se poursuivait
après 20h dans le Grand Auditorium, avec les prestations de groupes
néerlandais, afro-américains, suédois, chinois, finlandais, les groupes amateurs
alternant avec quelques (rares) groupes professionnels. Tandis que
d’autres concerts se déroulaient parallèlement dans les diverses églises de la
ville, nous obligeant, là encore, à faire un choix entre trois ou quatre
programmes plus alléchants les uns que les autres. J’ai ainsi raté, la
rage au cœur, le concert de l’atelier « Bernstein on stage » et du Roi David d’Honegger, sans parler de la Messe a cappella en double chœur de Franck Martin,
qui affichait complet ! Peut-être le nombre d’ateliers (et donc de
concerts de fin de stage) était-il trop élevé, nous mettant dans
l’impossibilité d’assister à tous.
©Utrecht
J’ai malgré tout éprouvé, au cours
de cet Europa Cantat qui n’était pas, loin de là, le premier auquel
j’assistais, trois chocs esthétiques majeurs : d’abord une extraordinaire Messe en Si de Bach – excusez du peu –, donnée par le chœur et
l’orchestre universitaires d’Utrecht. Beaucoup de baroqueux auraient sans doute
toussé : les instruments étaient modernes et jouaient donc au
diapason 440, le latin était prononcé à l’italienne et le chœur comptait plus
de 90 membres. J’ai pourtant rarement été aussi émue à l’écoute de cette œuvre,
si difficile que peu de groupes – amateurs ou professionnels – s’y risquent en
public : la jeunesse des interprètes, leur joie de servir une partition
sublime qu’ils possédaient parfaitement, la précision et l’élégance de leur
chef ont fait que ce concert, le plus long de tous, a filé comme l’éclair.
Surprise supplémentaire : les étudiants en question se sont révélés, dans
leur grande majorité, étudiant en lettres, chimie, droit ou médecine. Seule une
petite minorité, parmi les instrumentistes et les solistes, se destinait à la
musique !
J’ai ensuite découvert la Misatango,
dite aussi « Messe de Buenos Aires », de Martin Palmeri, compositeur
argentin de 40 ans qui l’écrivit il y a dix ans, et qui dirigeait en personne
son atelier. Une messe en latin strictement fidèle à la liturgie, à la polyphonie
très savante, mais construite sur un sombre thème de tango, qui parcourt toute
l’œuvre avec des accents déchirants que l’instrumentation accentue encore. Œuvre
tragique donc, mais facile à monter : outre un chœur mixte de bon niveau,
elle n’exige en effet qu’un piano, un quatuor à cordes, un bandonéon, une
contrebasse solo et une mezzo-soprano solo. Je me suis fait tout bas la
promesse de diriger au plus tôt
la Première
française de cette messe. Mais le
nombre de chefs de chœur français ayant choisi cet atelier - s’étant fait le
même serment - risque de rendre la chose difficile !
Dernier choc esthétique, et non
des moindres : le Stabat Mater de Karl Jenkins (compositeur gallois
de 63 ans dont je n’avais jamais entendu parler). Il s’agit d’une œuvre
inclassable, composée en 2008, vaste fresque qui réussit la synthèse des trois
religions du Livre, en replaçant la mort du Christ dans son contexte historique
et géographique, à savoir
la Palestine
occupée par les Romains :
d’où une alternance d’harmonieuses polyphonies sur le texte latin de Todi, de lamenti en araméen évoquant les
pleureuses arabes, de psaumes en hébreu, de douces mélopées en anglais commentant
avec tendresse les larmes de Marie, d’épisodes guerriers où se déchaînent les cuivres
et où l’on voit véritablement défiler les légions romaines. Ô surprise,
le dixième numéro est un Ave Verum Corpus absolument sublime, tout en douceur, et qui, même s’il n’appartient pas au
texte du Stabat Mater, ne sort pas du
sujet puisqu’il évoque, lui aussi, la crucifixion.
Et que dire des darboukas et
autres percussions de l’Orient qui, discrètement présentes dès le début de l’œuvre,
prennent peu à peu le pouvoir au cours du douzième et dernier numéro, pour
exploser à partir des mots « Paradisi Gloria », suivis d’un
« Amen » de plus de 5’ : le « paradis » de Jenkins est
sans aucun doute celui des musulmans, avec la fête, la danse, les femmes, les
fleurs, le miel, le lait, des fruits à profusion, et des cordes frottées qui
semblent prises de folie. On imagine tout à fait des derviches tourner pendant
la fin de cet incroyable Stabat Mater,
qui s’achève dans une danse hypnotique et sacrée.
En dépit de tant de moments de
bonheur, je ramène d’Utrecht un gros regret et pas mal d’inquiétude :
l’absence quasi totale d’enfants français dans l’atelier qui leur était réservé,
et durant lequel a été montée, en répétant toute la journée, une mini-comédie
musicale à couper le souffle. Des petits Chinois, des petits Russes,
beaucoup de Néerlandais, d’Anglais, de Belges et d’Allemands, mais une seule
fillette française - dont la maman dirige la chorale de l’école primaire où
elle enseigne.
Autre constat accablant : si
les participants sont en général très jeunes à Europa Cantat, ce n’était pas le
cas, à de très rares exceptions près, des Français que j’ai pu croiser ça et là
– et qui, pour beaucoup, se sont révélés être, comme moi, des chefs de chœur
désireux de continuer à se former et d’engranger du répertoire. Que sera,
dans 20 ans, le chant choral amateur dans notre pays ? Ce chant choral
amateur qu’il est de si bon ton, aujourd’hui, de mépriser en haut lieu ? Ce
chant choral amateur qui est l’âme d’un pays, et à qui l’on supprime peu à peu
ses aides dans l’indifférence générale. Que nous réserve l’avenir ?
Michèle Lhopiteau-Dorfeuille
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Festival de Salzbourg 2009
L'édition 2009 du festival de
Salzbourg [notre photo] a offert une programmation peu commune dans le domaine
de l'opéra puisque, à part l'action scénique de Luigi Nono Al gran sole carico d'amore, toutes les pièces
présentées appartiennent à la période dite classique, de Haendel et Haydn à
Mozart et Rossini. Les productions soulèvent quelques interrogations
quant aux choix artistiques effectués. S'il est normal que des représentants de
la génération montante soient présents, il est regrettable que bien des
chanteurs et chefs de renom ne le soient plus. La direction actuelle de
Jürgen Flimm, un homme venu du théâtre et non du monde de l'opéra, ne fait pas
preuve à cet égard des qualités qui ont animé le mandat de ses prédécesseurs,
un Gérard Mortier - même si source de controverses - ou un Peter Ruzicka.
Il faudra attendre l'été 2012 pour que le flambeau soit de nouveau porté haut,
avec l'arrivée d’Alexander Pereira, actuel directeur de l'Opernhaus de Zürich.
Les concerts auront, par contre, assuré le niveau d'excellence dont une telle
manifestation de prestige se doit d'être le dépositaire.
©Tourismus Salzburg
De Rossini, Riccardo Muti a
choisi de diriger Moïse et
Pharaon ou le Passage la mer Rouge, plutôt que Mosé in Egitto,
préférant ce remake, conçu en 1827 pour l'Opéra de Paris, eu égard à sa valeur
musicale intrinsèque. Le caractère imposant de l'œuvre annonce les vastes
compositions du grand opéra français, de Saint-Saëns et de Meyerbeer. Le
style en est sévère, tournant résolument le dos à la virtuosité vocale
italienne, et la dimension symphonique est plus développée que dans la première
version. L'action, élargie à quatre actes, permet de mieux narrer une épopée
biblique, le destin du peuple hébreu captif des Égyptiens, conduit par Moïse,
dans laquelle est sertie une belle histoire d'amour impossible. Muti aime
visiblement cette musique dont les Wiener Philharmoniker épanchent les traits
originaux. La mise en scène de Jürgen Flimm laisse une impression
mitigée : régie d'acteurs paresseuse et grandes scènes chorales, pivot de
l'œuvre pourtant, fonctionnant a minima,
alors qu'on ne saisit pas un seul mot du texte chanté. Le décor unique,
vaste conque de bois, ferme l'action au lieu de la fluidifier. Le long ballet
que Muti a tenu à jouer dans son intégralité sera, en guise de chorégraphie,
prétexte à une succession d'images énigmatiques et de déroulé de textes saints
projetés sur le rideau de scène, et en allemand. Mais l'œil écoute-t-il
alors ? Il est dommage que n'aient pu être trouvées des voix emphatiques
capables de restituer le ton juste qui sied au grand opéra français. La plupart
d'entre elles souffrent d'un manque d'articulation et ne se projettent pas. Tel
est le cas du Moïse d’Ildar Abdrazakov, ce qui est bien dommage car le rôle,
privé d'aria significatif, assure une fonction de narrateur. Reste que Muti
reprend vite la main et que ce qui a l'allure d'un drame intra-familial de la
vie ordinaire prend à travers l'orchestre une dimension de légende.
Présenter l'oratorio Theodora de Haendel sur
le vaste plateau du Grosses Festspielhaus relève de la gageure. C'est pourtant
le pari que tente le régisseur Christof Loy qui explique vouloir privilégier
les grands espaces pour une quête illimitée de sens. Le sujet biblique du
double martyr de Theodora et de Didymus peut se laisser adapter à la scène car
il forme un drame musical où les passions s'expriment avec emphase. Comme
toujours chez le compositeur, la peinture des caractères est finement
pensée : la digne jeune femme qu'anime l'idée de renoncement et en proie à
l'amour, au sens chrétien du terme ; Didymus, un brave soldat romain,
converti par elle, placé devant un conflit de loyauté ; Septimius, cet
autre soldat confronté lui aussi au choix entre vie et mort ; le
tyrannique Valens. Mais ce sont sans doute les chœurs qui sont l'âme de
l'œuvre. Le Salzburger Bachchor est ici magistral, défendant avec une rare
présence et une extrême acuité ces couleurs variées, cette recherche du
pittoresque, cette modernité qui font tout le prix de la pièce. Si leur
nombre généreux s'accomode de l'immensité de la scène, il n'en va pas autant
des solistes, souvent dispersés et gênés par le fait de devoir évoluer sur un
espace sans fin : lieu ouvert que délimite à l'arrière plan un gigantesque
orgue à tuyaux, pour le symbole chrétien, et paré de deux lustres, façon
byzantine, manière de rappeler que l'action est située à Antioche. La régie est
d'une sobriété d'ascèse, n'était un immanquable ballet de chaises dont la
théorie est faite et défaite à satiété au fil de la soirée. Quelques beaux
arrêts sur image ne parviennent pas à taire le sentiment que décidément l'œuvre
est jouée dans un volume qui ne lui convient pas. La musique de Haendel,
combien intense, en même temps pure et tendre, est défendue avec conviction par
Ivor Bolton et surtout par le merveilleux Freiburger Barockorchester qui offre
une fête permanente de sonorités envoûtantes. Le chef favorise un débit lent,
en accord avec la présentation scénique empreinte d'affliction. Le contre-ténor
Bejun Metha, Didymus, est sans nul doute le héros de la distribution qui offre
encore le beau ténor de Joseph Kaiser, l'intense Irène de Bernarda Fink et la
touchante Theodora de Christine Schäfer ; même si ces deux dernières
doivent lutter contre la configuration des lieux.
La reprise de Armida de Haydn confirme que Christof Loy est autrement
inspiré dans ce lieu unique qu'est la Felsenreitschule (salle dite du
« manège des rochers »). La proximité du plateau qu'aucune
ouverture de scène ne délimite et son espace naturel offrent de multiples
possibilités au metteur en scène. L'endroit idéal, comme il le reconnaît
lui-même, pour monter l'ultime opéra de Haydn et créer des ambiances
attractives. La relation à la fois d'amour et de défiance qui se tisse entre la
reine et sorcière Armida et le preux chevalier Rinaldo, sur fond de deux mondes
qui s'opposent, les chrétiens et les habitants de Damas, révèlent des figures
mythiques. La régie se coule sans heurt dans le moule de l'opera seria et livre en des dialogues
animés un tourbillon de sentiments contradictoires et exacerbés jusqu'à la rage
et la frustration, la violence même. L'utilisation de l'entier plateau ménage
aussi bien l'intimité des échanges que les visions guerrières. Ces dernières,
autant de courses poursuites effrénées, ne manquent pas leur effet épique.
L'aspect minimaliste de la décoration a une fonction de catharsis, telle la
vision de ciel d'azur qui émerge des loges creusées à même la pierre, pour
symboliser la forêt enchantée. La prestation vocale est excellente.
Michael Schade, dont le timbre prend ces temps-ci une belle couleur héroïque,
est un Rinaldo de classe. Annette Dasch donne au personnage titre une vraie
force tragique. La diction exemplaire de Richard Croft pare la partie de Idreno
d'une aura de distinction. La basse Vito Priante, la soprano léger Mojca
Erdmann et le jeune ténor Bernard Richter complètent une distribution sans
faille. Ivor Bolton s'empare avec fièvre du discours orchestral, comme de
la prolixité des récitatifs secco qu'il
accompagne du clavecin. Il est aussi à l'aise que dans l'oratorio de Haendel, quoique
son orchestre du Mozarteum ne puisse rivaliser, question raffinement, avec
l'orchestre de Fribourg.
La reprise des Nozze di Figaro renouvelle
la réussite de 2006, avec une exécution musicale et une distribution en partie
nouvelles. La régie de Claus Guth apporte au chef-d'œuvre de Mozart un nouvel
éclairage : une lecture intelligente et combien pénétrante qui ne sombre
pas dans l'effet facile. Car elle met à nu le trouble qui agite les esprits, ce
libertinage qui règne sans partage chez la plupart des personnages, du maître
des lieux, le Comte, à l'aspirant en amour, Chérubin. Rarement ce dernier
a si bien été placé au cœur de l'action et saisi d'une manière aussi
vraie : étonné de sa propre audace, déjà conquérant au point de déchaîner
chez celles qu'il côtoie des réactions presque incontrôlées. Ainsi de
Suzanne et de la Comtesse succombant plus qu'en pâmoison lors de l'arietta Voi
che sapete ou de la courte scène de l'habillage. Ce qui est plus fascinant
encore, ce sont les sous-entendus que révèlent d'habiles jeux de scène :
la relation ambiguë entre Suzanne et le Comte, ce dernier presque interdit
devant sa hardiesse, la camériste tout sauf innocente ; celle tumultueuse
entre les nobles époux, en particulier la Comtesse victime de sa propension à
épier les faits et gestes de son insatiable époux, mais elle-même à l'occasion
bien imprudente dans l'expression de ses inclinations. Et que dire des
émois de Chérubin et de Barbarina, qui dépassent la simple camaraderie
potache ! Et puis l'intervention d'un personnage muet, Cherubim,
incarnation de l'âme des protagonistes, qui exprime leurs conflits intérieurs,
leurs aspirations et déchirements, n'ajoute-t-il pas à l'action comme une
troisième dimension ! Le rythme est, semble-t-il, plus allant que naguère,
dû sans doute à la direction musclée de Daniel Harding - en comparaison de
celle moirée de Harnoncourt. Encore que le bouillant maestro ait mis de
l'eau dans son vin et abandonné les excès qui affectaient son Cosi fan tutte aixois. Les tempos sont plus mesurés, presque lents parfois,
paradoxalement dans les ensembles. Et comment résister aux sonorités
ductiles et transparentes des Viennois qui, plus que toute autre formation,
méritent à Mozart son nom de divin. Du plateau vocal prestigieux, on détachera
Gerald Finley, un Comte d'une formidable autorité et d'une vocalité somptueuse.
Côté concerts, le festival
proposait la résidence du West Eastern Divan Orchestra - sa deuxième ici - dirigé par son
mentor Daniel Barenboim. L'un d'eux, à ranger dans la catégorie chambriste, réunissait autour de
l'Octuor pour
cordes de Mendelssohn, des pièces pour formation réduite de Berg et
Schoenberg. De ce dernier la Kammersymphonie op.9
pour quinze instruments solo apporte de forts contrastes tout au long de ses cinq
parties. Ce qui déchaîna une mini-révolution lors de sa création à Vienne en
1906, apparaît d'une modernité toute acceptable aujourd'hui. Les solistes du
WEDO font montre, sous l'œil attentif du maître Barenboim, depuis la loge
d'avant-scène de la grande salle du Mozarteum, d'une vaillance peu commune. Le Kammerkonzert pour
piano, violon et 13 vents d'Alban Berg, créé en 1927 à Berlin, bénéficie d'une
exécution tout aussi inspirée avec Barenboim fils au violon et un jeune
pianiste prodige Karim Said. Au milieu de ces épisodes modernistes, l'Octuor de Mendelssohn fait figure de
havre de paix avec ses arabesques raffinées et sa texture légère. Là
encore les membres du WEDO prouvent leur extrême musicalité et un sens de
l'ensemble que bien d'autres formations chambristes peuvent leur envier.
Les Wiener Philharmoniker, piliers et
vedettes du festival, ouvrent les bras à la nouvelle génération des chefs
d'orchestre. L'association avec leur compatriote Franz Welser-Möst paraît déjà
fructueuse. Le courant passe assurément. Pour preuve, l'exécution immaculée de
la Symphonie n°9 de Bruckner. Le flair du chef pour trouver le ton jute, notamment dans
les transitions, l'art de bâtir un crescendo qui s'enfle au point
d'incandescence, et même d'imposer au public le silence après le dernier
accord, sont des signes qui ne trompent pas. Welser-Möst, en plus d'être
un chef de théâtre accompli - tant apprécié à l'Opernhaus de Zürich -, est un
musicien complet. Le premier mouvement possède la grandeur, la sobriété et tout
le mystère qui conviennent à une œuvre vouée au Créateur. Le scherzo a l'élan
implacable des chevauchées fantastiques qu'entrecoupe un trio relaxant. Tandis
que l'adagio fait entrer de plain pied dans l'univers grandiose de la foi.
Inachevée la Symphonie n°9 est à
la fois le chant du cygne et le testament musical du maître de Saint Florian.
Le concert débutait par le Concerto pour violoncelle de Schumann, dont la
partie médiane forme une belle méditation lyrique. Clemens Hagen,
celliste du célèbre quatuor, en offre une exécution recueillie, d'une belle
musicalité, ne cherchant pas à tirer la couverture à soi.
Jean-Pierre Robert
Prodigieux Orchestre de Chicago
Le Chicago Symphony Orchestra, prince des phalanges
nord-américaines, vient de gratifier l'auditoire de la salle Pleyel d'un
concert d'anthologie. La conjonction d'un chef de l'envergure de Bernard
Haitink, dépositaire de la grande tradition européenne, forgée au
Concertgebouw, est on ne peut plus fructueuse. Nulle brillance ostentatoire,
mais une plastique sonore d'une profondeur qu'on croyait seuls capables
d'atteindre des philharmonies telles que celles de Vienne et de Berlin.
L'exécution de la Symphonie n°101 de Haydn s'en ressent dès les premières
mesures : clarté et équilibre sont les maîtres mots. Le soyeux des
cordes, l'aérien des bois sont pur enchantement. Haitink joue le
classicisme à fond et confère à ce morceau un charme empreint de grandeur. On
savoure l'inventivité apparemment sans limite du compositeur - ce délicat
mouvement de balancier qui ouvre l'andante, en forme de tic-tac d'horloge - et
on retrouve avec joie ces effets de surprise qui lui sont chers, comme à
l'heure du trio central du 3e mouvement, les diverses entrées de la
flûte solo. Le travail d'orchestre est encore plus saisissant avec la Septième Symphonie de Bruckner. Là encore, la direction d'une extrême limpidité autorise un
agencement naturel des volumes et le discours laisse à voir ce que ces pages
doivent aux classiques allemands. La vision de Haitink est celle d'un esthète
qui prend le temps de construire des paysages choisis, de peaufiner chaque
nuance, sans jamais cependant rechercher l'effet et sombrer dans le déferlement
sonore massif. De cette vaste fresque où Bruckner a mis tant de lui-même,
hommage appuyé à Wagner aussi bien que marque de sa foi profonde, Haitink
déploie les climats en forme de nef sonore, les longues phrases des cordes
graves ouvrant quelque espace infini, les crescendos majestueux progressant
jusqu'à l'incandescence. La manière de contraster, autant de jeux entre
ombre et lumière, est ici toute intérieure. La noblesse de l'émotion qui émane
de l'adagio est vraiment poignante. Beau festin orchestral que magnifie
l'exceptionnel fini instrumental d'un orchestre d'élite.
Jean-Pierre Robert
Haut
Deux nouvelles œuvres de
Mozart authentifiées.
Pour étrange que cela puisse
paraître, deux manuscrits viennent d'être authentifiés comme étant de la main de
Mozart. Jusqu'alors considérés comme des compositions anonymes, ils ont été
identifiés par le Département musicologique de la Fondation Internationale
Mozarteum de Salzburg. Il s'agit de deux pièces pour piano : un Molto
Allegro très virtuose qui semble constituer le premier mouvement d'un Concerto
pour clavecin et orchestre en sol majeur, d'une
durée de cinq minutes, dont seules les parties de solo ont
été notées et, le précédant immédiatement, un Prélude fragmentaire qui ressemble dans sa facture pianistique au mouvement de concert. Ces
compositions datent des années 1763-1764, donc
bien avant le Premier
Concerto pour piano K.175 de 1773.
©Wolfgang Lienbacher
On peut les situer à la fin
des petites pièces miniatures qui composent le Livre de musique de Nannerl que
Léopold Mozart avait pogressivement constitué à partir de 1759 pour sa fille et
renfermant les premières compositions de Wolfgang Amadé Mozart. Si
l'écriture rapide signale celle de Léopold Mozart - comme il avait l'habitude
de le pratiquer lorsqu'il notait ses propres compostions et celles que son
jeune fils, qui ne savait pas encore écrire la musique, lui jouait - la paternité
ne peut lui être attribuée pour des raisons stylistiques. La grande antinomie
existant entre les hautes prétentions techniques et un certain manque
d'expérience dans le domaine de la composition - alors que Léopold était un
musicien averti - tendent à prouver de manière quasi certaine que le jeune
Mozart en est l'auteur.
La première exécution publique -
avec accompagnement d'orchestre, complété par le musicologue
Robert Levin - aura lieu à Salzburg, dans le cadre de la Semaine Mozart, fin janvier 2010 (Cf. : www.mozarteum.at).
©Erika Mayer
Le festival Présence 2009-2010 : Paris-Shangaï.
Pour sa vingtième édition, le
Festival de création musicale de Radio France se poursuivra à Paris, à la
Maison de Radio France, les 13, 14 et 15 novembre 2009, et à Shangaï, au Grand
Théâtre, du 30 avril au 4 mai 2010, dans le cadre de l'Exposition universelle
de 2010.
Le week end parisien proposera
un hommage à Frank Zappa à travers le regard porté par son collègue hongrois
Peter Eötvös qui l'a bien connu. Plusieurs créations de ce dernier alterneront avec des pièces de Zappa et de
son univers rock. La semaine à Shangaï sera
l'occasion de tracer un portrait du compositeur chinois Qigang Chen, dont la
création française de son Concerto
pour violoncelle « Reflet
d'un temps disparu », par
Gautier Capuçon, et la création chinoise de son Concerto pour piano, par Lang Lang et Myung-Whun
Chung à la tête du Philharmonique de Radio France. Plusieurs concerts
présenteront des créations d'autres musiciens chinois et français, notamment
des lauréats 2007, 2008 et 2009 du concours de composition Présence. Tous
les concerts sont gratuits.
Renseignements :
01 56 40 15 16
. www.concerts.radiofrance.fr
Exposition
Charles Gounod, Mireille et l'Opéra.
Une intéressante exposition
consacrée à Charles Gounod se tient actuellement à la
bibliothèque du Palais Garnier qui est une dépendance de la BnF. Organisée à l'occasion de la présentation en ce théâtre de Mireille, elle
présente des documents, portraits, partitions, maquettes de décors et de
costumes. Elle est divisée en trois parties : Gounod,
l'homme et le musicien / Mireille, de
la création à nos jours / les autres opéras du maître. Les pièces
proviennent, entre autres, de la BnF, de l'Opéra de Paris, mais
aussi du Musée Ingres de Montauban et du Musée Arlaten à Arles.
Bibliothèque du Palais Garnier,
place de l'Opéra, Paris Ier. De
10h à 16h30, jusqu'au 18 octobre 2009.
Premiers pas du Centre de formation d'apprentis des
métiers des arts de la scène.
Le Centre de formation
d'apprentis des métiers des arts de la scène, installé à l'Opéra de
Lorraine-Nancy (cf. notre Newsletter de septembre 2009), qui
dispense aux jeunes une formation générale associée à un enseignement
artistique et pratique de ces métiers, connaît sa première rentrée. Six jeunes
sous contrat d'apprentissage ont été retenus pour la saison 2009/2010, à savoir : deux chargées de production (l'une
sera affectée à l'Opéra de Nancy), un
artiste du chœur (il attend une réponse de
l'Opéra-Théâtre de Metz), deux régies plateau (l'une
est engagée par l'Opéra-Comique à Paris, l'autre
est en attente de réponse de l'Opéra national de Montpellier),
enfin une bibliothécaire de partothèque (elle pourrait
rejoindre le CNR de Nancy).
©Opéra national de
Lorraine
Jean-Pierre Robert
ORGUE
Guy MORANÇON : Transcriptions
d’orgue. Éditions du Chant du Monde (31-33, rue Vandrezanne, 75013 Paris. pianco@chantdumonde.com) : OR 46 38. 2009.
93 p. 27,50 €.
Les interprètes apprécieront
à leur juste valeur, tant musicale que pratique, ces remarquables
transcriptions pour orgue réalisées par Guy Morançon. Ils y trouveront,
d’une part, des chorals, des œuvres spécifiques : Les carillons de Paris de Louis Couperin ; L’air de la Pentecôte de la Cantate BWV 68…, d’autre part, la Marche d’Alceste de Chr. W. Gluck ;
la Sonatine en fa majeur (original pour mandoline &
piano) de L. van Beethoven ; un Chant populaire des Romances
sans paroles de F. Mendelssohn, ou encore la très belle Chaconne de Didon et Énée de H. Purcell et le Prélude et Fughette en sol majeur, peu connu, de Ch. Gounod. Les sources, des indications de
registration précises et d’interprétation (croches inégales, non legato) seront très utiles.
Cette édition présentée par Le Chant du Monde se doit de figurer dans toute
bibliothèque d’organiste.
Édith Weber
FORMATION MUSICALE
Iyad HAIMOUR, Naziba CHABANI, Alain CHALÉARD, Louis SOREL : Proche-Orient. « Rythmes en
stock ». Album + CD. Lugdivine.
La collection d’Olivier Noclin
n’est plus à présenter. Elle s’adresse aussi bien aux classes de formation
musicale des écoles de musique qu’aux classes de collège. Chaque volume
comporte partitions de chant, de percussions et tous éléments pour adapter ces
partitions aux différentes situations pédagogiques. Chaque pièce est présente
sur le CD en trois versions, ce qui permet une grande souplesse d’utilisation.
Les auteurs nous proposent ici de découvrir les principaux archétypes des
rythmes et chants des pays du Proche-Orient, région à la fois riche et
contrastée. On y découvre en particulier les modes caractéristiques de
ces musiques. On y trouve également une approche détaillée de tous les
instruments traditionnels. Il s’agit d’un travail remarquable, à la fois pleinement
sérieux dans son approche et pédagogique dans sa présentation et sa
réalisation.
Estaçao ESQUIROL : Brésil. « Rythmes en stock ». Album + CD. Lugdivine.
On se reportera à ce qui est écrit
ci-dessus à propos de cette remarquable collection. Toutes les caractéristiques
indiquées se retrouvent ici. Consacré à la samba et autres musiques
brésiliennes, ce volume comporte une découverte du pays et de sa culture ainsi
que de ses instruments traditionnels. Là aussi, trois versions des cinq
titres proposés permettent une adaptation pédagogique à chaque situation. Il
s’agit d’une approche d’une grande richesse. Les illustrations sont, en
particulier, utilisées avec beaucoup de soin.
Sylvie DÉBÉDA & Florence MARTIN : Hector, l’apprenti musicien. Vol. 5 – 2e cycle de FM.
1 volume textes – 1 volume activités. Van de Velde :
VV 282.
Voici le 5e volume de
la collection. Sa caractéristique est de s’appuyer essentiellement sur les
textes. Il a pour vocation de répondre à l’attente des instrumentistes du
second cycle. Cette cohérence se fait à partir de nombreuses œuvres vocales et
instrumentales du XIIIe au XXIe siècle. Une table
analytique permet de faire la synthèse des acquisitions, avec renvoi à la page
et l’œuvre où se trouve chacune d’elles. Cela va des intervalles à
l’harmonie, qui pousse assez loin les outils d’analyse - y compris basse
continue et notation anglo-saxonne. Un tableau chronologique des
compositeurs & un index de théorie complètent le tout. Le cahier
d’activités permet une utilisation méthodique des textes du cahier :
rythme, audition, intonation, analyse, etc. Il ne s’agit donc pas d’une méthode,
mais d’un remarquable et copieux instrument de travail.
Pierre CHÉPÉLOV & Benoît MENUT : La dictée en musique. Rythme, mélodie, harmonie,
timbre. Niveau : milieu de 2e cycle. Textes du
répertoire. 1 volume élève, 1 volume de corrigés,
1 CD. Lemoine : 28423 H.L.
Ces copieux exercices (pas moins
de 53 propositions) accompagnés d’un CD, non moins copieux et remarquablement
enregistré, forment un ensemble qui trouvera place aussi bien dans le cours de
Formation musicale que dans une formation pour enfant ou adulte désireux de se
perfectionner dans les domaines de l’écoute : les éléments énumérés dans
le titre sont présentés également mélangés et font l’objet de dépistage de
fautes. L’interversion, dans le CD, de deux plages des cantates de Bach ne
nuira en rien à l’utilisation féconde de ce recueil : c’est aussi un
dépistage de fautes !
FLÛTE TRAVERSIÈRE
Angelica CELEGHIN : Autori
italiani dell’Ottocento per flauto e pianoforte. Bärenreiter :
BA 8174.
Soigneusement édité, ce recueil
contient cinq pièces, à la fois brillantes et expressives, qui permettront
d’enrichir le répertoire de l’instrument avec des auteurs italiens qu’il est
agréable de redécouvrir : Emanuele Krakamp, Giulio Briccialdi, Raffaele
Galli et Giuseppe Gariboldi, maîtres italiens pour la flûte. Elles conviennent
aux niveaux élémentaire et moyen.
Jacques RIOU : Flamenco-Blues pour un prophète. Pour quatre flûtes, dont une en sol (alto).
Combre : C06598.
Jacques Riou a été l’élève de
Roger Bourdin, ce grand flûtiste souvent calomnié et trop tôt disparu. Il
en a toute la fantaisie et l’humour, sans négliger la perfection du style.
Cette pièce est un vrai poème symphonique en miniature - succession de seize
saynètes qui s’enchaînent sans interruption en 6’00 et 135 mesures. Musique
à déguster, sans bouder son plaisir !
CLARINETTE
Carl Maria von WEBER : Concertino
en mib majeur op.26. Original
pour clarinette & orchestre. Transcription pour clarinette solo &
quatuor de clarinettes, par Jérôme Julien-Laferrière. Billaudot :
G 7845 B.
Cette pièce est de degré difficile
pour la partie de soliste. Les parties d’accompagnement semblent plus
abordables. Notons que la quatrième clarinette doit être une clarinette
basse. Souhaitons beaucoup de plaisir à ces classes instrumentales.
SAXOPHONE
Christian LAUBA : « XYL » Balafon 2. 12e Étude pour saxophone alto. Album + CD. Leduc :
AL 29 817 (cahier) – AL 30 369 (CD).
On pourrait se borner à dire comme
le compositeur : « Étude sur la respiration continue, le registre
grave et aigu, les crescendo et decrescendo dynamiques, rythmiques et
mélodiques, les valeurs rationnelles et irrationnelles, le chromatisme et la
virtuosité digitale ». Cette pièce contient tout cela, certes, mais
elle est surtout de la très belle musique, pleine d’intérêt et de
lyrisme. Rien de mécanique ni de contraint dans ce flot ininterrompu où
la technique est au service de l’expression. Ajoutons que le CD, enregistré par
Richard Ducros, permet de se pénétrer pleinement des qualités de l’œuvre.
BASSON
Philippe RIO : Promenade à
Brionne, pour basson & piano. Lafitan : P.L. 1842.
Cette pièce de niveau débutant constitue
une bien agréable et paisible promenade normande. Des jeux intéressants
sur les tessitures des deux instruments permettent de piquants dialogues entre
piano & basson. On peut faire simple et… de l’excellente musique…
TROMPETTE
Michel PELLEGRINO : Initiation
au jazz pour trompette : jouez les grands thèmes du jazz ! St
James Infirmary, Jericho, Nobody knows, Let my people go, The house of the
rising sun, Joe Turner, Teacher’s Blues, Bucket’s got a hole in it. Album + CD. Lemoine : 28 564 HL.
L’ambition de l’auteur n’est pas
d’enseigner le jazz, mais de donner au trompettiste débutant un outil qui lui
permette de s’éveiller à l’écoute et l’interprétation de cette musique. Il ne
s’agit pas d’un enchaînement de pièces, mais d’une véritable initiation à
l’exécution et à l’improvisation. Une brève histoire du jazz précède
l’ensemble. Au fil du recueil, on trouve les accords, le tableau des
gammes pentatoniques et des gammes blues. Quant au CD, c’est un outil
fondamental : il présente non seulement les morceaux réalisés et le
play-back, mais aussi des exemples d’improvisation et les éléments fondamentaux
pour se lancer et faire les premiers pas.
TROMBONE
Gilles MILLIÈRE : 15 Études
divertissantes & progressives pour trombone (2e et 3e cycles). Combre : C06571.
Ces quinze études, en forme de
clin d’œil à quelques grands compositeurs - de Beethoven à Satie en passant par
Bizet, Kosma, Offenbach (par ordre alphabétique, rassurez-vous…) - devraient
procurer un réel plaisir à leurs exécutants. Mieux que des études, ce sont de
charmants tableautins à présenter en audition ou en concert…
Alexandre CARLIN : Le
Chevalier à la coulisse, pour trombone en ut & piano. Lafitan : P.L. 1885.
Voici une pièce sympathique qui
illustre bien son titre. Notre chevalier, d’abord triomphant, laisse
échapper – en mineur – quelques soupirs avant de repartir, triomphalement, à la
croisade… De niveau débutant, elle ne demande pas non plus au pianiste un
niveau trop élevé.
Max MÉREAUX : Comptine pour
trombone en ut & piano.
Lafitan : P.L. 1862.
Cette jolie pièce à l’allure
quelque peu nostalgique permettra au débutant de mettre en valeur son phrasé et
son sens musical, en même temps que - dans la partie centrale - une certaine
vélocité.
COR
Max MÉREAUX : Impromptu pour
cor & piano. Combre : C06630.
Conçue pour la fin du deuxième
cycle, cette pièce très lyrique mettra en valeur la musicalité de son
interprète. La partie de piano ne présente guère de difficultés et pourra être
également confiée à un élève.
Max MÉREAUX : Rivage pour
cor en fa (ou mib) & piano. Lafitan : P.L. 1867.
De niveau débutant, cette pièce
est d’une écriture classique et fort poétique. L’accompagnement de piano ne
présente pas de difficulté. Il offrira à deux élèves une bonne occasion
de s’initier à la musique de chambre.
BATTERIE
Bernard ZIELINKI & Michel NIERENBERGER : Hommage à Pei, pour caisse claire, cymbale, grosse caisse (un
exécutant) & piano. Leduc : AL 30 418.
Écrite pour les niveaux premier et
deuxième cycle, cette pièce est extrêmement variée et contrastée ; elle
n’est pas si facile à mettre en œuvre. Il n’empêche qu’elle est très
intéressante, par la vie qui l’anime et ses constants changements de rythme, de
tempo et de couleur.
ACCORDÉON
Jean-Michel TROTOUX : Petit
bonhomme, pour accordéon à basses
composées. Lafitan : P.L. 1903.
En lisant cette charmante et très
facile pièce (niveau débutant), on ne peut s’empêcher de se ressouvenir de
certaine chanson du folklore alsacien. De quoi donner envie de danser aux
auditeurs du jeune accordéoniste.
Daniel Blackstone
PIANO
Anne-Lise GASTALDI & Valérie
HALUK (Conçu et coordonné par) : Piano
Project. Onze pièces d’auteurs contemporains. Universal
Edition : UE 33662.
Cet
album regroupe onze pièces inédites (de niveau moyen à avancé) de neuf
compositeurs majeurs d’aujourd’hui. Pièces de concert certes, mais qui - n’en
doutons pas – feront l’objet de morceaux de concours : Pièce pour jeunes pianistes (G. Aperghis), Une page d’éphéméride (P. Boulez), Antipodes (I. Fedele), El juguete olvidado (Cr. Halffter), Stille (M. Jarrell),
…feuilles mortes…, Consolation sereine, Hommage à Jehuda Elkana (G. Kurtág), Un taxi t’attend, mais
Tchekhov préfère aller à pied (P. Eötvös), Acrobacias (L. de Pablo), Dita unite a quattro mani (S. Sciarino).
D’utiles
explications (en anglais, français et allemand) précèdent chaque pièce.
Les Éditions du Centre de musique baroque de Versailles (www.cmbv.fr), sises en l’Hôtel des
Menus-Plaisirs, enrichissent leurs collections :
« Instrument
seul »
Jean-Jacques
BEAUVARLET-CHARPENTIER (1734-1794) : Six fugues pour l’orgue ou le
clavecin, op. VI (1777). Habilement écrites sans pédalier
obligé, ces six fugues (La, ut, ut, la, Ré, ré)
sont aisément interprétables sur clavecin ou piano-forte.
« Musique de
chambre »
Jacques AUBERT le Vieux
(1689-1753) : Les Jolis Airs ajustez à deux violons,
op. XVII. Ces dix plaisantes Suites seront accessibles à tous duos
de violonistes - seraient-ils « verts »…
« Orchestre »
André-Joseph EXAUDET (1710-1763) : Concerto à cinq avec violon principal & orchestre (ca 1755).
« Maître de violon » de Louis-Joseph, prince de Condé, ce compositeur
nous a laissé bien d’autres partitions que celle d’un fameux Minuetto
gracioso - tant utilisé plus tard comme timbre (et jusqu’à Alexandre Dumas,
dans La comtesse de Charny). En témoigne - et de belle facture -
le présent concerto (Andante, Largo, Allegro ma non presto),
où le violon principal met en valeur tous les registres de l’instrument.
Henri-Joseph RIGEL (1741-1799) : Les 14 Symphonies imprimées. Préface d’Hervé Audéon,
éditeur scientifique. Éditées du vivant du compositeur, ces superbes
symphonies furent « arrangées » dans les années 1930. Voici
enfin rééditées - assorties de tout l’apparat critique souhaitable – les
partitions originelles.
Johann SCHOBERT (ca 1735-1767) : Concerto pour le clavecin n°4, en ut majeur,
op. XV.
Brève mais brillante fut la
carrière de ce compositeur, claveciniste du prince de Conti, auquel le jeune
Mozart prit plusieurs thèmes. Une vingtaine de ses œuvres nous sont
parvenues, dont cinq concertos pour clavecin bâtis sur le modèle du concerto
pour soliste (découpe en trois mouvements, alternant passages en solo et sections
en tutti). Ainsi ce 4e Concerto pour le clavecin constitue-t-il
un parangon du futur concerto classique.
« Chœur »
Annibal GANTEZ (1607-1668) : Missa
« Laetamini ». De ce compositeur marseillais ne nous
sont parvenus qu’un motet dédié à Louis XIII, deux messes et la chanson Patapatapan écrite à l’occasion de la naissance du dauphin. La présente messe, à 4
parties (superius, contra, tenor & bassus), parut en livre de chœur, avec
privilège royal, en 1641 chez Balland.
« Chœur & orchestre »
Nicolas
BERNIER (1665-1734) : Benedic anima mea Domino. Écrit d’après le psaume 103, voici
le deuxième des dix-huit grands motets du « maître de musique à la
Sainte-Chapelle de Paris ». Les parties orchestrales manquantes ont
été restituées par Gérard Geay : orchestre à 5 parties à la française
(flûtes, dessus de violon 1 & 2, hautes-contre, tailles, quintes
et basses de violon).
« Œuvre
lyrique »
André-Cardinal DESTOUCHES
(1672-1749) : Le Carnaval et la Folie. Livret d’Antoine
Houdar de La Motte. Partition disponible en format de poche.
Inspirée de l’Éloge de la Folie d’Érasme, cette comédie-ballet met en
scène, en un prologue & cinq actes, la ruse de Momus et les divins plaisirs
de l’Amour - dramaturgie mêlant plaisamment air, prélude, chaconne, passe-pied,
gigue, menuet, gavotte, symphonie…
Hôtel des
Menus-Plaisirs©DR
Francis Gérimont
Jean-Yves PATTE (textes) &
Yves HENRY (piano) : Les étés de
Frédéric Chopin à Nohant. Préface : Pierre Henry.
Introduction : Jean-Yves Clément. Éditions du Patrimoine (www.monuments-nationaux.fr).
Grand album relié : 24,5 x 28,5 cm. 116 p.,
fac-similés, 120 illustrations couleurs, 4CDs. 39 €.
Richement
illustré, ce magnifique album offre un portrait sensible du compositeur durant
les neuf années (1939-1847) que dura sa liaison avec George Sand. Lors
des séjours à Nohant, qui duraient presque six mois chaque année (« Il m’est impossible de composer pendant
l’hiver » disait-il), Chopin composa une partie essentielle de son
œuvre - ci-incluse dans les quatre CDs enregistrés par le pianiste Yves Henry (www.yveshenry.fr). Annexes :
Repères chronologiques / Petit bottin des amis de Nohant /
Bibliographie.
Misha ASTER : Sous la baguette du Reich. Le
Philharmonique de Berlin et le national-socialisme. Traduit de l’allemand
par Philippe Giraudon. Éditions Héloïse d’Ormesson (www.editions-heloisedormesson.com).
14 x 20,5 cm, 414 p., cahier de photos n&b. 25 €.
Quelque
70 ans plus tard, le Berliner Philharmoniker (fondé en 1882) nous ouvre ses
archives… L’orchestre ayant été acquis par le Reich en 1933, ses membres -
désormais fonctionnaires - passent sous l’autorité de Goebbels, ministre de
l’Éducation du peuple et de la Propagande. Étendard culturel de
l’Allemagne nazie, le Berliner Philharmoniker se produira désormais dans le
monde entier et lors des grandes manifestations du régime : Congrès de
Nuremberg, Jeux olympiques de 1936, anniversaires du Führer… Misha Aster
dresse un portrait minutieux des différents acteurs : musiciens (parmi
lesquels des partisans du régime et une poignée de juifs), dignitaires du IIIe Reich
(Goebbels, Göring, Hitler) et grands chefs d’orchestre (Furtwängler,
R. Strauss, Karajan).
Voir la musique. Revue Terrain n°53. 21 x 27 cm, 176 p., ill. n&b et couleurs (livraison
accompagnée d’extraits sonores à écouter sur : http://terrain.revues.org). 16 €.
Que
donne à voir la musique ? Que donne à entendre l’œil ? Représentations
de la musique par la peinture, systèmes de notation musicale, articulations
entre sons & mouvements, pouvoirs de la musique de déclencher couleurs,
images mentales ou paysages, synesthésie… S’inspirant du fameux L’œil écoute de Claudel, cette
magnifique « revue d’ethnologie de l’Europe » nous propose huit
articles de fonds : Voir la musique (Madeleine Leclair), Voir écouter (Philippe Junod), À l’écoute de Paul Klee (Annie Paradis), Sons & couleurs, des
noces inachevées (Patrick Crispini), L’improvisation
musicale et l’ordinateur (Marc Chemillier), Musique, mouvements, couleurs dans la performance musicale andine (Rosalía Martínez), Musique mécanique
& temple hindou (Christine Guillebaud), La montagne dans les chants des Itcha du Bénin (Madeleine
Leclair). Ou : comment s’interpénétrent nos catégories
perceptuelles…
Martin
ASHLEY : How high should boys
sing ? Ashgate
(www.ashgate.com). Relié toile sous
jaquette. 16 x 24 cm, 184 p., ill. n&b. £50.00
Il
s’agit là d’une étude circonstanciée sur le thème du genre (Gender study), de l’authenticité et de
la crédibilité des jeunes voix masculines. Sujet délicat qui n’aura,
jusqu’à présent, été guère abordé… Qui sont ces garçons ? quelles
musiques chantent-ils ? et pour quels publics ? Martin Ashley met en
lumière les problèmes historiques, culturels et psychologiques - généralement
insoupçonnés - que posent ces voix aiguës. Il considère que de nombreux
jeunes garçons désireraient chanter, mais en sont dissuadés par l’incompréhension
des adultes. À consulter : www.boychoirs.org & www.martin-ashley.com
Alan
SHOCKLEY : Music in the words. Musical form & counterpoint in
the twentieth-century novel. Ashgate (www.ashgate.com). Relié toile sous
jaquette. 16 x 24 cm, 194 p., tableaux, ex. mus.
£ 55.00 (on line : £ 49.50).
C’est sans précédent qu’un compositeur
& musicologue (enseignant à l’Université de l’État de Californie) s’intéresse
aux techniques utilisées par des romanciers pour construire telle de leurs œuvres
selon des procédures musicales. Un roman peut-il adopter la forme d’une
symphonie tout en restant un roman ? Un contrepoint musical peut-il être
transposé en mots ?
Prose fuguée d’un Douglas
Hofstadter dans son fameux essai Gödel, Escher, Bach : an Eternel
Golden Braid (1979)… Décalque de l’Héroïque de Beethoven dans
la Napoleon Symphony : a Novel in Four Movements (1974) d’Anthony
Burgess… Épisode « Sirens » dans l’Ulysses de Joyce,
construit comme une fugue, et Finnegans Wake, du même auteur, « an
Irish-American song of drink and resurrection »… Après l’analyse
approfondie de ces écrits, Alan Shockley nous entretient de deux ouvrages plus récents : Agapē Agape (2002), roman de William Gaddis, basé sur « The
history of player piano in America, and the effect of mechanization on the
arts » et This is not a novel (2001) de David Markson s’inspirant,
pour tracer le portrait de compositeurs, d’une fugue de Bach et, pour le titre,
du tableau de Magritte Ceci n’est pas une pipe.
Jérôme BLOCH : La cause des
musiciens. Préface de Paul Badura-Skoda. Éditions
Respublica. 13,5 x 21,5 cm, 390 p., 19 €.
« La musique pour tous ! » Tel est le vœu émis par Jérôme
Bloch tout au long des quatre mouvements de la sonate classique : I. Allegro ma non troppo (« Prima la
musica », des premières civilisations à Dandelot, Kodály, Suzuki, Abreu,
Dudamel…) ; II. Andante
con moto (« Dire, écouter et entendre : paroles de
musiciens », variations, par une cinquantaine d’artistes internationaux) ;
III. Scherzo / Trio con brio (« Lire, écrire, conter : les paradoxes du musicien », la « muzak »,
la musique & le temps, & la mort…) ; IV. Allegro vivace (« Voir la
musique : l’œil dans l’oreille », musiques à programme, Bayreuth, la « Sonate
de Vinteuil », Boucourechliev, Le cru et le cuit…). Originale
approche d’un sujet rebattu…
Pierre MIKAÏLOFF : Bashung. Vertige
de la vie. Avant-propos de Boris Bergman. Alphée/Jean-Paul
Bertrand (www.editions-alphee.com).
14 x 22 cm, 444 p., cahier de photos couleurs.
Discographie & filmographie. 21,90 €.
« Jouer avec mes blessures,
c’est la seule chose que je puisse faire » disait Bashung. Voici la
première biographie complète de l’inoubliable interprète de Madame rêve…
Artiste inclassable, brouillant sans cesse les pistes, il collabora avec les plus
grands noms de la chanson - dont plusieurs ici témoignent. Une opportune
monographie alors que sort, remixée, l’intégrale de l’œuvre.
Jean-Marie VILLEMOT & Yannis
PERRIN : Jazz Quiz. Livre
jeu. Les Beaux Jours, éditeur. 11 x 17 cm, 144 p., textes
en bichromie. 7,90 €.
Réparties
en 25 chapitres (Racines, Blues, La famille bop, (…) Petits pièges, Anecdotes
& petites phrases, Grands d’aujourd’hui), 300 questions/réponses nous
permettent de tester nos connaissances en jazz. Sous des aspects
ludiques, un petit bréviaire étonnamment bien documenté.
Elliot
TIBER (avec Tom Monte) : Hôtel Woodstock. Traduit de l’anglais (États-Unis)
par Christophe Magny. Alphée/Jean-Paul Bertrand (www.editions-alphee.com).
14 x 22 cm, 318 p. 22,90 €.
Avec l’indispensable distance et un
humour constant, le new-yorkais Elliot Tiber nous plonge dans les coulisses du
plus célèbre festival rock du XXe siècle. Depuis
« El Monaco », motel miteux tenu par ses parents sur le site ad
hoc, Elliot Tiber organise, pour quelque 100 000 hippies - et à l’extrême
fureur des « indigènes » -, des festivités plus ou moins licites
(drogue, libération (homo)sexuelle…). Où sont également évoquées quelques
personnalités sulfureuses : Marlon Brando, Tennessee Williams, Truman
Capote… De ces picaresques aventures, Ang Lee a tiré un film (sélectionné
à Cannes en 2009).
Luc BOLTANSKI : Déluge,
opéra parlé. Champ Vallon (www.champ-vallon.com).
12 x 19 cm, 120 p., ill. n&b, 13 €.
S’inspirant, dans son Prologue, du
Ier acte de La Flûte enchantée - « indépassable chef-d’œuvre de Mozart et de Schikaneder » écrit Luc
Boltanski -, ce livret d’opéra théologico-bouffe en 3 actes (dépourvu,
pour l’instant, de musique) fait appel à toutes les ressources du merveilleux –
éléments empruntés à la BD américaine des années 30 (Flash Gordon), au déluge biblique, à nos rapports à l’animalité, aux
biotechnologies… Suite à un atterrissage forcé dans la jungle, sur une
falaise située au bord d’un gouffre océanique dont les eaux ne cessent de
monter, un autocrate déchu, une pure jeune fille & sa nourrice, un
financier chinois & une ethnologue américaine, le pilote & son
co-pilote font l’expérience d’un monde inhospitalier où règne, sur un peuple de
singes, un nommé Drago, magicien de la nuit… Métaphore d’un monde - le nôtre -
au bord de l’abîme… Survivra-t-il ? Un deus
ex machina sauvera-t-il, en ballon dirigeable, le couple refondateur d’une
nouvelle humanité ? Comédie…
Gérard DENIZEAU : Larousse
des Cathédrales. Éditions Larousse (www.editions-larousse.fr).
Relié sous jaquette, 22,5 x 28,5 cm, 312 p., plus de 300 photos.
39,90 €.
Incroyable prolificité de notre
collaborateur Gérard Denizeau ! Et non moins admirable la qualité de ses
publications, alliant judicieux commentaires & splendeur iconographique.
Ainsi de ce Larousse des Cathédrales,
où sont retracées les grandes étapes de leur construction, restituées dans leur
contexte social, historique et culturel – et jusqu’à nos plus récents édifices.
Où est, en outre, proposée une vingtaine de doubles pages thématiques richement
illustrées : le monde des cloîtres, la fresque romane, le bestiaire, la
sculpture des portails, l’univers des gargouilles, les maîtres verriers, la
corporation des tailleurs de pierre, le mobilier liturgique, les cathédrales
coloniales, etc. Opportune publication à l’approche des Fêtes !
Murielle-Lucie CLÉMENT : Comment
devenir proustien sans lire Proust. Éditions Emelci
(BP 95 256, 1090 HG Amsterdam, Pays-Bas. Tél. : 00 312
04 68 31 06
. info@emelci.com ou www.mlclement.com/index.html). 155 p. 13,88 €.
« Du côté de chez… Si vous pensez que la madeleine est près du faubourg Saint-Honoré, que les pavés de Guermantes sont des bonbons
belges ou bien que La Recherche c’est le CNRS, alors ce livre fait
partie des indispensables de votre bibliothèque. De même, il l’est si,
par votre profession – universitaire par exemple –, il vous est impossible
d’avouer n’avoir jamais lu Proust et que, faute de temps, vous ne pourrez
jamais vous y mettre. Regrettable situation, mais fréquente malgré tout. »
Un joyeux délire de notre excellente collaboratrice !
Global
Education Digest 2009.
Unesco Institute for Statistics (publications@uis.unesco.org). 21,5 x
28 cm, 264 p. Également disponible sur CD-Rom.
Il s’agit là de pures « statistiques
comparatives sur l’éducation à travers le monde ». Divisé
en huit régions : Arab States (20 items) / Central & Eastern
Europe (21 items) / Central Asia (9 items) / East India
& the Pacific (34 items) / Latin America & the Caribbean
(41 items) / North America & Western Europe
(29 items) / South & West Asia (9 items) / Sub Saharan
Africa (45 items).
Librement téléchargeable
sur : www.uis.unesco.org/publications/GED2009
David MARGOLICK : Strange
Fruit. La biographie d’une chanson. Préface de Hilton
Als. Traduit de l’anglais par Michèle Valencia. Allia (www.alliaeditions.com). 11,5 x 18,5 cm,
128 p., ill. n&b. 9 €.
Des arbres du Sud portent un fruit étrange,
Du sang sur les feuilles et du sang aux racines,
Un corps noir oscillant à la brise du Sud,
Fruit étrange pendu dans les peupliers.
Unique dans le répertoire de
Billie Holiday, Strange Fruit –
ballade qu’elle créa en 1939 - a marqué plusieurs générations d’écrivains, de
musiciens et de publics du monde entier. « Protest Song » avant
l’heure - écrite par un New-yorkais blanc et juif, Abel Meeropol – elle a été
classée parmi les dix chansons qui ont changé la face du monde. Cet ouvrage
de David Margolick montre - à travers de nombreux témoignages - l’importance
historique et musicale de Strange Fruit.
En annexe : Orientation discographique (Jean-Claude Zylberstein).
Francis Cousté
Eero TARASTI : Fondements
de la sémiotique existentielle. L’Harmattan, 2009. 397 p,
35 €.
Dans une tentative de clarification
de la nébuleuse postmoderne, Eero Tarasti nous propose une relecture de la
sémiotique classique à la lumière des philosophies allemande et existentielle
de Kant à Heidegger et Sartre. Sont ainsi abordés, dans cette
néo-sémiotique, à partir de nouveaux signes, différents thèmes comme le Dasein, la transcendance, la
compréhension, l’angoisse, l’apparence, le sujet sémiotique reconsidéré entre
le Moi et le Soi, son application dans l’analyse de l’œuvre d’art à travers
plusieurs compositeurs, ainsi que le champ social (valeurs morales, résistance,
colonialisme), la nature, à partir de l’analyse biosémiotique de l’œuvre
symphonique de Sibelius et de la sémiosphère qui nous entoure, enfin l’esthétique
(liens avec l’éthique, style structural et existentiel). La sémiotique
existentielle constitue une nouvelle approche de la sémiotique où le caractère
existentiel du signe (ego, hic et nunc) est pris en compte ;
le signe est alors mis en situation ouvrant de nouvelles perspectives de
communication et de signification. Un livre riche et complexe qui fait appel à
de nombreuses notions philosophiques et musicologiques.
Jean-Paul OLIVE (dir.) : Présents
musicaux. « Arts 8 », L’Harmattan, 2009. 298 p., 28 €.
Ouvrage collectif publié sous la
direction de Jean-Paul Olive traitant des rapports entre temps et musique et
plus particulièrement du présent musical - évanescent entre passé et futur.
Le recueil est composé d’une succession d’articles présentés à l’occasion d’un
séminaire de recherche, ce qui explique probablement le manque d’unité de
l’ouvrage et l’aspect confus d’un texte où le lecteur se perd un peu…
Signalons les remarquables articles traitant de l’interprétation des musiques anciennes,
de l’immédiateté et de l’historicité de la pratique sonore expérimentale, de la
conception du présent et du sublime chez Adorno et Lyotard (qui, tous deux, mais
de manière bien différente, rompent avec le sublime kantien), de l’irruption du
présent dans la musique à travers les concepts de médiation et d’énigme dans
l’œuvre d’art, de la virtuosité à travers les œuvres de Berio et Ferneyhough,
du présent permanent chez Lachenmann. La dernière partie de l’ouvrage est
consacrée à l’opéra et notamment au présent éternel chez Berg, à propos de Lulu. Ouvrage riche et exigeant.
Giacinto SCELSI : Il sogno
101. Actes Sud. 320 p. 30 €.
Cet ouvrage correspond au
troisième volet d’une trilogie scelcienne parue chez Actes Sud, à l’occasion du
centenaire de la naissance du poète compositeur (1905-2008). Il comprend
deux parties. La première est une autobiographie « non
linéaire » où, sous forme de conversation, le compositeur évoque ses
souvenirs personnels, parfois drôles, ses rencontres, parfois décisives, ses
conceptions musicales et esthétiques, son penchant pour l’ésotérisme et les
philosophies orientales, ses voyages et ses œuvres, apportant ainsi un
témoignage original sur le XXe siècle artistique européen. La
seconde, Il Ritorno, est un poème
correspondant à l’autobiographie « onirique » de sa prochaine
incarnation, tout empreint de symbolisme, d’ésotérisme, de spiritualité et d’aspiration
à la lumière. Les notes de bas de page, nombreuses et bien documentées,
apportent au texte un éclairage indispensable sans en alourdir, toute fois, la
lecture.
Sylvie DOUCHE (dir.) : Maurice
Emmanuel. Compositeur français. Edition Bärenreiter Praha, en
collaboration avec l’Université Sorbonne-Paris IV. 287 p.
Ouvrage collectif, publié sous la
direction de Sylvie Douche, consacré à Maurice Emmanuel (1862-1938), personnage
pour le moins éclectique, helléniste et latiniste érudit, théoricien de la
musique, savant musicographe et compositeur. Décrit comme un caractère
entier, vif, un esprit libre de tout dogmatisme, d’une originalité
irréductible, il parvint à concilier enseignement (chaire d’Histoire générale
de la musique au Conservatoire de Paris) et composition. Ami de César
Franck, Jules Massenet, Olivier Messiaen, Henri Dutilleux et Charles Koechlin,
pour n’en citer que quelques uns. Le livre se compose de trois
parties : la première traite d’Emmanuel et ses contemporains (Claude
Debussy et Maurice Denis) ; la deuxième est consacrée à ses tragédies
lyriques d’inspiration hellénistique (Prométhée
enchaîné et Salamine) et à son
intérêt pour l’opéra naturaliste et le folklore bourguignon ; la troisième
analyse plus spécifiquement Emmanuel sous l’angle de la composition, mettant en
avant son originalité et ses talents d’orchestrateur. Une découverte pour
certains, un redécouverte pour d’autres…
Yannick SIMON : Composer sous Vichy. « Perpetuum
mobile », Symétrie. 424 p. 40 €.
Dans ce livre, Yannick Simon met
au jour la problématique posée aux compositeurs français sous le régime de
Vichy : promouvoir la musique française, occuper le terrain de la vie
musicale. Le respect de cette ligne de conduite impose des accommodements
avec l’État et les autorités allemandes ; les compositeurs restent pour la
plupart sur la réserve, évitant collaboration et maréchalisme. Marquant peu
d’empressement à s’engager, ils affirment la primauté corporative. Peu nombreux
sont les compositeurs, à l’exception de Poulenc, Auric et Durey, qui suivent
scrupuleusement la conduite édictée par le Front National de la Musique
(« Pas de collaboration ! Ni de participation aux
manifestations de trahison !») La plupart, comme Honegger, font preuve
d’un comportement plus opportuniste face à la nouvelle politique musicale en
essayant de garder un difficile équilibre entre idéologie, parts de marché et
nécessités pécuniaires immédiates. Le consensus se fait autour de la défense de
la musique française, symbolisée par Debussy s’opposant à Wagner et, par là,
s’opposant à l’Allemagne. Pour autant la musique qui se singularise par un
autre langage, éloigné du néo-classicisme, ne disparaît pas ; Messiaen se
présente comme le chef de file de cette nouvelle esthétique, bientôt relayé par
Boulez. Avec l’après-guerre commence le temps des ruptures mises en
sommeil pendant quatre ans. Un livre original par son sujet, parfaitement
documenté, qui saura intéresser, voire surprendre, tous les amateurs de musique
et d’histoire.
Patrice Imbaud
Christophe CASAGRANDE : L’Énergétique
musicale. Sept études à travers la création contemporaine [de Varèse à
Schaeffer]. L’Harmattan,
2009. 261 p. 24 €.
« Cet ouvrage nous invite à
comprendre la musique sous l’angle impensé,
écrit Christophe Casagrande, du concept d’énergie, de présence, de passage et
de travail de forces ». L’auteur se positionne résolument en tant que
musicologue. Pour autant, le concept employé brise les paramètres
traditionnels de la musicologie (« Espace, Matière, Temps »),
jugés à la fois primordiaux et insuffisants. Pour lui, la notion
d’énergie est « non englobante » et « non fourre-tout ».
C’est une différence d’intensité qui passe au travers de la matière, se situe
« entre » : ce n’est pas une synthèse résultante de
différentes forces. Il s’agit de la ressentir et de la penser en tant
qu’intervalle. Le cadre théorique est fondé sur des références
deleuziennes, chères à l’auteur. Christophe Casagrande invite le lecteur
- qui accepte de faire l’effort de rentrer dans sa pensée - à écouter à nouveau
les œuvres d’une manière différente. Sept études observent des « sensations »
des « affects », des « intuitions », « ce
qui créé la relation » dans des œuvres du XXe siècle, de Varèse,
Boulez et Stockhausen, Cage et Feldman, Xenakis, Ohana et Schaeffer. Elles
illustrent cette thèse et forgent salutairement de nouveaux fondements épistémologiques
aux savoirs musicaux. Cette démarche à une visée qui s’apparente, en
partie, aux travaux d’un chercheur tel que Jean-Luc Leroy. D’une certaine
manière, c’est aussi celle de nombreux pédagogues qui revisitent nécessairement
les classifications habituelles, parce que - dans la classe, avec des élèves,
quelque soit leur âge - la « tripartition sémiotique » (compositeur,
œuvre, auditeur/récepteur/interprète) vole en éclat : les acteurs sont
constamment en étroite synergie.
Odile Tripier-Mondancin
Philippe ANDRÉ : Années de
Pèlerinage de Franz Liszt. I : La Suisse. Aléas (www.aleas.fr). 190 p., ex. mus.
15 €.
Journal intime maintes fois
remanié, les trois Années de Pèlerinage jalonnent la vie de Fr. Liszt. Le 1er cahier
rappelle la « lune de miel » avec Marie d’Agoult en 1835-1836. Philippe
André nous en offre ici une belle lecture, croisant - comme il se doit -
biographie, littérature et philosophie mais aussi psychanalyse. Il révèle
ainsi des réseaux de signification féconds au sein d’un corpus pourtant déjà
abondamment commenté, développant des thèmes comme le kosmos illusionnant du monde maternel (ou de la Heimat, patrie, foyer). Liszt,
déraciné, prométhéen, visionnaire, « épris d’apeiron (l’Illimité) », nous est rendu plus proche
encore. Vivement le volume sur les années italiennes !
Dominique DUPUIS : Progressive
rock vynils. Histoire subjective du rock progressif à travers 40 ans de
vinyles. Éditions Ereme. 25,5 x 25,5 cm. Ill. couleurs.
Index. 192 p., 29,50 €.
Une renarde en robe rouge sur une
banquise (Genesis, Foxtrot, 1972) ou
les photos des Floyd emboîtées façon Vache qui rit (Umma Gumma, 1969), certaines pochettes du rock progressif sont
imprimées dans nos mémoires. Entre contes de fées et science-fiction, ce
sont souvent de flamboyantes créations, cohérentes avec les musiques
sophistiquées qu’elles accompagnent. Malgré un texte vague (lire, chez
Champion, l’étude de Christophe Pirenne), ce beau livre comblera les
nostalgiques des 70’s.
Paul Gontcharoff
Alexandre
DRATWICKI (Ouvrage coordonné par) : Hérold
en Italie. Éditions Symétrie, en collaboration avec le Palazetto Bru
Zane, Centre de musique romantique française. 2009. 438 p.
Cet
ouvrage fort documenté comble une injustice : l'oubli dans lequel on avait
enfermé Louis-Ferdinand Hérold (1791-1833), dont on ne se souvient pas toujours
qu'il est l'auteur de Zampa et du Pré aux clercs. Encore
que le comble serait de l'enfermer dans le répertoire de l'opéra-comique.
Car il fut beaucoup plus, un « espoir de l'école française à l'orée du
romantisme » (Patrick Taïeb). Son style brillant, fait de verve et de
pittoresque, est fondé sur « un équilibre raisonnable » qui
s'accompagne d'« une virtuosité bien tempérée » (Olivier Bara). Il
manifeste une imagination formelle qui le place plus dans le sillage de Méhul
et de Chérubini que dans le « rossinisme » ambiant. Le livre a
pour dessein d'investiguer un moment fort de la vie du musicien, relativement
peu connu : sa jeunesse, et plus particulièrement les deux voyages qu'il
fit en Italie, entre 1812 et 1815, puis en 1821. Diverses contributions
scientifiques comme de larges extraits de la correspondance qu'il entretient
alors avec sa mère éclairent l'influence que ces deux séjours dans la péninsule
auront sur l'homme et son œuvre. C'est aussi l'occasion de toucher du doigt la
richesse de la vie musicale au début du XIXe siècle et la prégnance
qu'exerce alors l'Italie sur les artistes, français notamment, grâce au Prix de
Rome. La pension à la Villa Médicis offre libertés et contraintes :
la vie mondaine de la capitale, le travail souvent fastidieux à rendre pour les
envois. Hérold s'adonne sans difficulté à l'une et à l'autre. Ne
sera-t-il pas un des premiers, en 1812, à se voir décerner le prix avec sa
cantate La Duchesse de La Vallière !
L.-F. Hérold ©DR
Robert
et Clara SCHUMANN : Journal intime.
Textes traduits, choisis & présentés par Yves Hucher. Préface de Brigitte
François-Sappey. Buchet/Chastel, 2009. 295 p.
Peu de
couples de compositeurs auront eu une telle aura que Robert et Clara Schumann,
forgée à l'aune de la complicité artistique. Leur journal intime, « Journal
à deux plumes » (Br. François-Sappey), qui est au centre du présent
ouvrage, offre ceci d'unique que, tenu tour à tour par chacun, il dévoile l'âme
de ses auteurs. Car « chacun est à la fois le double de l'autre et
son complément ». Une telle communion des êtres, pour romantique
qu'elle paraisse aujourd'hui, transcende l'attachement profond et se nourrit
elle-même. L'amour si indestructible de Clara pour son époux, la
personnalité tourmentée de celui-ci, apparaissent au fil de ces pages d'une
simplicité touchante. On suit aussi, pas à pas, un parcours artistique
peu commun qui englobe aussi bien le corpus de Robert que celui de son épouse,
par ailleurs pianiste renommée. Des figures comme le jeune Mendelssohn ou le
grandiose Liszt se profilent dans un récit qui, à travers le banal quotidien,
en apprend plus qu'une chronique historique. Le livre, organisé de manière
chronologique, est enrichi de courtes introductions sur les diverses périodes
de ces vies si riches et en même temps si précaires car rapidement menacées par
la terrible maladie du compositeur. Il comporte aussi de larges extraits de
journaux, de correspondance et de souvenirs. Une biographie écrite au jour le
jour, en somme, dévoilant aussi bien l'intime de deux personnalités d'exception
que la vie d'une époque foisonnante de création musicale.
Jean-Pierre Robert
Haut
Karl JENKINS : Stabat Mater. Royal Liverpool Philharmonic Chorus &
Royal Philharmonic Orchestra, sous la direction du compositeur.
EMI :
5 00583-2
.
Karl Jenkins est un compositeur gallois de
63 ans. Son Stabat Mater,
commandité en 2008 par le prince Charles d'Angleterre, est parfaitement
inclassable : il s'agit d’une vaste fresque d'un peu plus d'une heure qui
réussit la synthèse des trois religions du Livre, en replaçant la mort du
Christ dans son contexte historique et géographique, à savoir la Palestine
occupée par les Romains : d’où une alternance d’harmonieuses polyphonies
sur le texte latin de Todi, de lamenti en
araméen évoquant tout à fait les pleureuses arabes, de psaumes en hébreu, de
douce mélopées en anglais qui commentent avec tendresse les larmes de Marie,
d’épisodes guerriers où se déchaînent les cuivres et où l’on voit véritablement
défiler les légions romaines. Le dixième numéro est un sublime Ave Verum Corpus qui, même s’il
n’appartient pas au texte du Stabat Mater,
ne sort pas du sujet puisqu’il évoque lui aussi la crucifixion. De
nombreuses percussions de l’Orient, comme les darboukas, discrètement présentes
dès le début de l’œuvre, prennent le pouvoir au cours du douzième et dernier
numéro, pour exploser sur un Paradisi Gloria porté par des cordes prises de folie - paradis qui évoque bien plus celui
qui attend les guerriers musulmans que celui des chrétiens. Et c'est par cette
longue bacchanale sacrée que s'achève ce Stabat
Mater, à tous points de vue hors normes, mais à découvrir absolument.
Michèle Lhopiteau
Historia Sancti Eadmundi. De la liturgie dramatique au drame liturgique. Arcana : A 346
(Outhere S.A., rue du Chêne, 27. B-1000 Bruxelles. stephanie@outhere.com). TT : 62’00.
Cette Historia médiévale, annoncée par des cloches, demande une
participation vocale monodique et instrumentale : crwth, vielle ; citôle,
harpe, cithara teutonica ; orgue, organistrum ; percussions… « Archétype
paradigmatique du drame rituel » typique de l’École de Cambridge, elle est
divisée en 3 parties : La vie, La passion et Les miracles de St Edmond (Eadmund Wilfing, v. 844-870), dernier roi saxon
d’East-Anglia et martyr, premier saint protecteur de l’Anglia, « Pater
noster, & totius Anglie patronum ». Des commentaires parlés assurent la soudure entre
passages chantés, interludes instrumentaux et l’histoire proprement dite.
Les antiennes : Ave Rex gentis Anglorum et Exulta sancta
ecclesia l’honorent. Antiennes et répons alternent, avec interventions
de l’historicus relatant des événements de sa vie. Le narrateur -
d’après l’abbé de Fleury et St Aelfric - relate qu’« il fut assailli
par l’Ennemi de l’Humanité » qui, pour le mettre à l’épreuve, lui envoya
Yngvarr, roi cruel. Il proposa à Edmond l’exil ou le supplice. Ce dernier fut
soumis à d’horribles humiliations et à la flagellation, avec force détails très
réalistes. En conclusion, l’abbé de Fleury implora la protection du saint.
L’excellent livret quadrilingue et bien illustré est d’ordre hagiographique et
historique. L’Historia dramatique et liturgique révèle un « mélange
étonnant d’écritures continentale et insulaire, très expressif dans sa
souplesse et musicalement très versatile, en dépit d’un certain “décadentisme”
du chant grégorien », est fidèlement restituée par l’Ensemble La Reverdie.
Antonio BERTALI : Prothimia suavissima (parte
seconda). Arcana : A 340. TT : 68’15.
Antonio Bertali, né à Vérone, en mars 1605, est mort en 1669 à Vienne, où
il s’était fixé en 1623. En 1649, il fut maître de chapelle de la Cour
impériale. Il y importa le goût vénitien, mais, pour sa musique religieuse, il
préconisa la polyphonie et les effets de masse, alors que son œuvre
instrumentale marque la transition entre la canzone pour orchestre et la sonate en trio. Dans la seconde partie de son recueil Prothimia
suavissima (« Plaisir le plus doux ») imprimée en 1672 (et conservée à la BnF), comportant 12 Sonates
à 3 ou 4 instruments et basse, il spécule sur les contrastes de tempo.
L’instrumentarium est tributaire des instruments disponibles. Les concerts ont
lieu dans des églises, à cause de la présence de l’orgue (ce qui n’exclut pas,
dans quelques Sonates, des mouvements de caractère dansant, par
exemple : courante). À cette époque, le violon, instrument
monodique, convient aussi pour la polyphonie, et les techniques sont précisées
(col legno, glissando, pizzicato…). Le compositeur
privilégie la beauté mélodique et la suavité sonore (comme le titre l’indique),
ainsi que les répétitions de notes. Les motifs circulent d’une voix à
l’autre, entraînant des timbres différents et, pour les passages monodiques,
l’interprète était libre d’improviser. Ces 10 Sonates à 3
et 2 à 4 voix s’adressent à de fins connaisseurs. Un modèle du genre pour le
paysage sonore et les affects si bien rendus par l’Ensemble Ars Antiqua Austria,
placé sous la direction de Gunar Letzbor. Musicien à redécouvrir.
Dietrich BUXTEHUDE : Complete
Works for Organ. 6CDs Danacord : 381-386 (CD Diffusion : 28, route d'Eguisheim, BP 4,
68920
Wettolsheim. info@cddiffusion.fr).
Inge Bonnerup, organiste danoise, est née en 1940 ; depuis 1972,
organiste titulaire de l’église (kirke) de la Trinité, à Copenhague, où elle
enseigne aussi la technique organistique à l’Académie royale de Musique. Sa
carrière est marquée par de nombreux concerts au Danemark, dans les pays
scandinaves, en Angleterre, Allemagne, France, Italie et Australie. Elle assure,
en hiver, les Concerts du vendredi après-midi. Elle a enregistré cette Intégrale
Buxtehude en 6 disques principalement à l’orgue Marcussen & Son (1942)
de la Soro kirke, à 3 claviers et pédale. La registration est
précisée pour chacune des œuvres. Au programme, figurent des Préludes,
de nombreux Préludes de chorals (dont deux versions de Gelobet seist
du, Jesu Christ) et Variations chorales. Sont également
représentées des canzone, des canzonette, chaconne, toccate, fugue, Te Deum correspondant à l’éventail des formes
organistiques en usage à son époque et, pour les Préludes de choral,
dans les pays protestants : Danemark, Suède, Allemagne… avec, entre
autres, le chant de ralliement des Luthériens : Ein Feste Burg ist
unser Gott (C’est un rempart que notre Dieu). Cette éminente
organiste s’impose par ses registrations diversifiées et appropriées à
l’atmosphère des chorals, par sa technique solide, son sens de la construction
et sa musicalité.
Joseph HAYDN : Collection complète des quatuors sur
instruments d’époque. 2CDs Arcana : A 414. TT :
144’55.
En cette année Joseph Haydn, I. Kertész, E. Petöfi,
P. Ligeti, R. Pertorini interprètent, sur instruments d’époque,
6 Quatuors de l’op.33 et 1 de l’op.42, comptant parmi les plus
célèbres du compositeur, en raison de ses innovations (analyse thématique
motivique) non dénuées d’humour, de surprise et d’audace pour l’époque…
Il met l’accent sur les contrastes entre les mouvements, l’équilibre et
l’émotion ; il s’agit avant tout d’une musique de divertissement. Le Quatuor
en sol majeur, op.33
n°5 illustre le nouveau style classique, et se termine par un thème et 3 variations
débouchant sur un Presto varié. Le Quatuor en mib majeur, op.33 n°2 s’impose
par le premier thème cantabile de forme sonate et la notation de la
« glissade à la viennoise ». Le Largo se présente sous forme
de variations contrapuntiques, le Finale comme une plaisanterie, avec
une reprise du thème. Dans le Quatuor en si mineur, op.33 n°1, Haydn semble renoncer à indiquer la
tonalité, le Presto conclusif fait appel à la virtuosité et au caractère
passionné. Le Quatuor en ut majeur, op.33 n°3, se distingue avec ses formules « à la
turque » et « à la hongroise ». Le Quatuor en sib majeur, op.33 n°4 frappe
par son invention. Le Quatuor en ré mineur, op.33 n°6 tranche sur les autres par son caractère plus
léger, avec des formules romantiques. Il illustre les préoccupations de
Haydn concernant des séries de variations fondées sur l’alternance de thèmes
majeurs et mineurs. L’enregistrement se termine par l’étonnant Quatuor en ré mineur, op.42, miniature,
datant de 1785, « très bref » selon les termes de la commande.
Excellente contribution du Quatuor Festetics à l’année Haydn.
Ludwig van BEETHOVEN : Bläsermusik. 2CDs Ricercar : RIC 287. TT : 120’53.
Au XIXe siècle, les cuivres avec leur perception harmonique
sont très prisés en Allemagne. Ce CD en donne un bel échantillon avec 4 pièces
de Beethoven, notamment Trio, Sextuor et Quintette spéculant sur des associations timbriques variées (2 hautbois,
2 clarinettes, 2 cors, 2 bassons ; 2 hautbois et cor anglais ;
3 cors et basson…), sa Sonate, ainsi que celles de deux (toutes en
trois mouvements) de ses contemporains et compatriotes : Franz Danzi
(1763-1826), compositeur, chef d’orchestre, et Ferdinand Ries (1784-1838),
pianiste, compositeur dont le style se rapproche de celui de son professeur de
piano, Beethoven, également, en composition, élève de J. G. Albrechtsberger,
à Vienne. Le mérite de cette initiative originale revient à la Ricercar
Academy qui confère à ces réalisations tout leur caractère romantique, agréable
à entendre.
Charles-Marie WIDOR : Symphonies pour orgue, op.13. 2CDs Ricercar : RIC 286. TT :
90’04.
Charles-Marie Widor, grand représentant de l’école d’orgue symphonique
française, de 1869 à 1933, successeur de J. Fr. Lefébure-Wély aux orgues
de St-Sulpice. Il a été professeur d’orgue, de contrepoint, fugue et de
composition au Conservatoire. Ce créateur de la Symphonie pour orgue en a
composée 6, dont Joris Verdin, en interprète 4 à l’orgue Cavaillé-Coll de
l’Abbaye de Royaumont. Les 4 Symphonies pour orgue de l’op.13,
entre 5 et 7 parties, font alterner des mouvements rapides et des mouvements
lents. La première, en do mineur,
comporte également un Intermezzo avec un mouvement perpétuel et une
marche pontificale triomphante, assez proche de celle de Lemmens ; sa Méditation,
sur un rythme de barcarolle, compte parmi ses plus grands succès. Dans la
deuxième, en ré majeur,
après un Praeludium circulare, la Pastorale comporte également
des registres d’écho ; elle se termine par un Finale brillant, avec
une Toccata au grand orgue. La troisième, en mi mineur, comporte, entre autres, un Minuetto de style complexe avec double pédale (donc d’exécution difficile). La
quatrième, en fa mineur,
se souvient du passé et s’impose par une remarquable Toccata et Fugue ;
quant au Finale de caractère martial, il n’est pas sans rappeler une Marche de R. Schumann. Excellente illustration de l’école d’orgue symphonique
française de la fin du XIXe et du début XXe siècle.
Frank MARTIN : Werke mit
Gitarre. Musiques suisses (musiques-suisses@mgb.ch) : MGB 6264. TT : 43’37.
Voici, grâce au pourcentage culturel de la Migros, un nouveau disque
sortant des sentiers battus : des œuvres avec guitare du musicien suisse
Frank Martin (1890-1974). Pour commencer : 2 Poèmes de la
mort et la Ballade des Pendus (1969-1971) de François Villon chantés
avec gravité et réalisme, suivis de Quatre Pièces brèves pour guitare solo (1933), suggérées par Andrés Segovia, œuvre de caractère assez avant-gardiste
exploitant la technique dodécaphonique (le célèbre guitariste espagnol,
habitant Genève, se garda pourtant de les interpréter). Ce disque propose
encore 3 Minnelieder en leur version pour soprano, flûte et guitare
(1960). La première (anonyme, XIIIe s.) aborde l’amour, la
peine du cœur et la force de l’âme ; la deuxième, de Dietmar von Eist,
concerne une femme seule recherchant son bien-aimé, et qui a vu un faucon, elle
souhaite que son amant lui soit rendu ; la troisième chanson d’amour, de
Walther von der Vogelweide, évoque aussi le tilleul si cher aux Allemands, le
chant du rossignol, les roses… Le quatrième volet comprend d’abord
l’adaptation (par H. Stampa) pour deux guitares d’une Étude pour
orchestre à cordes de Fr. Martin. Et, pour terminer, un texte de
Charles d’Orléans : Quant n’ont assez fait dodo / Ces petits
enfançonnets…, pour guitare et clavier à 4 mains avec, en introduction
instrumentale puis en citation, le thème bien connu de Dodo, l’enfant do… Heureuse association de la tradition littéraire médiévale et du langage musical
du XXe siècle.
Antonio VIVALDI : La
Stravaganza. Ricercar : RIC 288. TT :
56’29.
Les perfectionnements
dans la facture du violon ont suscité de nombreuses compositions, de Concerti grossi et de Concerti da camera. L’opus
IV : La Stravaganza d’Antonio
Vivaldi (1678-1741) comprend douze concertos. Les musiciens en
interprètent sept transcriptions (Concerti
1, 3, 4, 5, 6, 9 et 11) du
meilleur effet ; elles frappent par leur diversité stylistique,
sollicitant souvent le violon et la flûte à bec, très volubile, associés aux
sonorités des hautbois, violoncelle, basson, orgue ou clavecin, guitare et
théorbe. En fin connaisseur, Frédéric de Roos (flûte à bec), à la tête de
ses excellents musiciens, dirige, avec légèreté et aisance, ces œuvres tout à
fait adaptées à l’Ensemble La Pastorella ; ils recréent l’atmosphère si
typique du XVIIIe siècle et rendent aussi un éblouissant hommage à
Vivaldi.
Nikolaï MIASKOVSKY : Sonates n°2, 3 et 4. Le Chant du Monde (31-33, rue
Vandrezanne, 75013 Paris. pianco@chantdumonde.com) :
AR RE SE 2009/2. TT : 47’16.
Après la publication
des Sonates 3 et 4 pour piano de Nikolaï Miaskovsky (cf. notre Lettre d’information,
mai 2009), ce CD comprenant, en outre, la deuxième, vient à point nommé, pour
permettre aux interprètes de bénéficier des critères d’interprétation retenus
par Lydia Jardon. Le compositeur, né en 1881 - l’année de la mort du tsar
Alexandre II -, mobilisé en 1914, sera, après la chute du tsar, au service de
l’état-major. Ce n’est qu’en 1921 qu’il sera professeur au Conservatoire du
Moscou ; en 1948, il subira les persécutions et les contraintes de l’Union
des compositeurs. Ses Sonates n°2, en fa# mineur (op.13) et n°3, en ut mineur (op.19), en un seul mouvement enchaîné, ne bénéficient
pas d’un mouvement lent central, exploitent des registres extrêmes et tournent
parfois à l’obsession, avec citations discrètes du thème du Dies irae (Sonate n°2), spéculant sur les contrastes de mouvements Lento et Allegro. Georges Hallfa les rattache à une « perspective
spiritualiste sur l’Homme nouveau, que l’idéologie communiste a considéré sous
l’angle matériel ». La Sonate
n°4, en ut mineur (op.27), est tripartite : Allegro…, Andante… et Allegro con
brio. L’éminente pianiste se joue de tous les traquenards de ces Sonates, grâce à une technique et une
énergie à toute épreuve.
Clasicos cubanos del siglo XIX. CD + DVD
Roldan : 117 (CD-Diffusion : 28, route d'Eguisheim, BP 4, F-68920 Wettolsheim. info@cddiffusion.fr). TT : 48’.
Les enregistrements de
musique cubaine sont assez rares. L’intérêt de cette production est encore
rehaussé par un DVD joint au CD. Les interprètes Niuris Narando Dorta
(violon), l’Orchestre de solistes de La Havane, des musiciens invités, tous
placés sous la direction précise de María Elena Mendiola, redonnent vie à des
œuvres de compositeurs du XIXe siècle : I. Cervantès,
H. de Blanck, J. White, L. Jiménez, peu connus en
France. Caractérisées par une nostalgie prenante, une recherche
d’expressivité, elles donnent cependant libre cours à quelques élans
romantiques et à un dynamisme généralement contenu. Le DVD permet aux
mélomanes notamment de voir et d’entendre l’orchestre en pleine action.
Excellente formule.
Ça se
fête ! Olivétan (olivetan@wanadoo.fr) : 9038-1.
69’32.
Cette réalisation est
exceptionnelle car elle propose, sur un même disque, une partie audio
comprenant 21 chansons de Daniel Priss, Frédéric Humber, Claude Fraysse,
Jean-Marc Meyer…, portant sur le lien entre les hommes, l’Hymne de Martin Luther King, l’espoir, la joie, la vie, la misère
des enfants, leurs rêves bizarres (loups, araignées, une histoire mal terminée
à la télé, troubles)… Le vocabulaire et les idées sont très proches
d’eux. Chaque chant est mis en valeur par un contexte sonore adéquat
(instrumentarium, bruitage, voix parlée, effectif variable). De plus, une
partie CD-Rom reproduit textes et partitions de « 12 célébrations pour
parents et enfants ». Le coffret comporte également une plaquette
avec les paroles des chansons. La visée pédagogique est évidente, et les
chants, très actuels, variés, rendent compte des problèmes de notre temps d’une
manière accessible aux enfants. Remarquable initiative des éditions Olivétan et
du studio Jazzophone.
Édith Weber
Felix MENDELSSOHN : Intégrale des sonates & autres pièces
pour orgue. Edouard Oganessian à l’orgue Walcker du Dôme de Riga.
2CDs Saphir (www.saphirproductions.net) : LVC 1094. TT : 70’45 +
75’16.
Sa découverte de J.-S. Bach est probablement à l’origine du l’intérêt
que porta Mendelssohn à l’orgue - instrument qui n’avait guère alors les
faveurs du public. En témoigne le présent enregistrement d’une intégrale
qui ne dure pas moins de 2h26’. Dans la superbe interprétation d’Edouard
Oganessian, officiant sur l’un des rares orgues romantiques ayant conservé leur
sonorité initiale.
Gabriel FAURÉ : Le Jardin clos, La Chanson d’Ève, Mélodies.
Karine Deshayes, mezzo-soprano. Hélène Lucas, piano. Avec la
participation du baryton Stéphane Degout, pour Pleurs d’or. Livret : Jean-Michel Nectoux. Zig-Zag
Territoires (www.zigzag-territoires.com) :
ZZT 090902.
Aigus splendides,
quelques inégalités dans les couleurs vocaliques du medium… La grande
mezzo nous offre ici des interprétations où affleure la plus vive émotion -
dans les six célèbres mélodies qui ouvrent l’album : Soir, Les roses d’Ispahan, La rose, Le parfum impérissable, Arpège et Pleurs d’or, aussi bien que dans
les luxuriances de La chanson d’Ève et, surtout, les admirables épures du Jardin
clos, cycle qui demeure inexplicablement négligé.
Claude DEBUSSY : La mer. Images. Orchestre
philharmonique du Luxembourg, dir. Emmanuel
Krivine. Livret : Harry Halbreich. Timpani (www.timpani-records.com) :
1C1165. TT :
58’26.
Visionnaire
est Emmanuel Krivine, chef de l’excellent OPL. Sachant admirablement dégager
les contours de ces paysages. Dans des tempi souvent inaccoutumés - fort
loin, en tout cas, des rêveuses sensualités d’un Désiré-Émile Ingelbrecht…
Claude DEBUSSY : Sonate
pour flûte, alto & harpe. Six épigraphes antiques, pour flûte,
alto & deux harpes (transcription : Fabrice Pierre).
Alain LOUVIER : Envols d’écailles, pour flûtes, alto & harpe (1986). Patrick Gallois (flûte), Pierre-Henri Xuereb (alto), Fabrice
Pierre, Francis Pierre (harpes). Saphir (www.saphirproductions.net) :
LVC 1104. TT : 57’00.
La réussite de la Sonate de
Debussy a opportunément inspiré Fabrice Pierre pour sa transcription pour flûte,
alto & deux harpes des diaphanes Six épigraphes antiques du même
compositeur, non moins qu’Alain Louvier pour la composition de ses délicats Envols
d’écailles, symboles de trois saisons : Envols légers d’un jour de
juin (flûte en ut, alto & harpe), Envols furtifs d’une nuit
d’été (piccolo, alto & harpe), Envols crépusculaires (flûte en sol,
alto & harpe). Dans l’interprétation d’artistes dont il n’est plus
nécessaire de vanter la maîtrise.
James DILLON : Philomela. Opéra en 5 actes.
Anu Komsi, soprano (Philomena), Susan Narucki, soprano (Procne), Lionel
Peintre, baryton (Tereus). Remix Ensemble, Porto, dir. Jurjen
Hempel. 2CDs Aeon : AECD 0986. TT : 91’25.
Voilà
assurément l’un des ouvrages majeurs de notre temps. De par, notamment,
la brutalité d’un lyrisme en parfaite adéquation avec la tragédie de
Sophocle. Afin de se venger du viol perpétré sur sa sœur Philomèle,
Procné fait manger à son époux Térée les chairs d’Itys, leur propre fils.
Tous trois étant, in fine,
métamorphosés en oiseaux… Interprétation au-dessus de tout éloge. À
quand, sur une scène française ?
Pierre WISSMER (1915-1992) : Le quatrième Mage. Oratorio.
Livret de William Aguet. Judith Gauthier (soprano), Michel Fockenoy
(ténor), Jean-Louis Serre (baryton). Récitant : Michael Lonsdale.
Chœur et orchestre de La Trinité, dir. Fabrice Gregorutti. 1CD + 1DVD Marcal
Classics : 09 04 01. TT : 52’25.
Suite à
la belle plaquette consacrée à ce compositeur par Pierrette Germain &
Philippe Rayer (éditions Billaudot), les disques Marcal publient Le quatrième Mage, oratorio en un
prologue & cinq chapitres - honoré en 1965 du Prix Paul Gilson -, juste
hommage à un musicien qu’il serait heureux de voir sortir de ce purgatoire où
l’avaient relégué les « Trente furieuses » (Cf. : www.pierrewissmer.com).
Gérard SIRACUSA : Drums Immersion. Collection
sonore : « Signature ». Radio France (www.kiosque.radiofrance.fr) :
SIG11065. Distr. Harmonia Mundi. TT : 50’18.
Il
s’agit là - en jeu direct - d’une suite de sept solos dédiés à la
batterie : Rouge/ Flagrance/
Monologue/ Immersion/ Émergence/ Illusion/ Hommage.
« Argumentée, enjouée aussi, une drumologie inventive est là,
flagrante » écrit fort justement Christian Tarting, auteur de la
notice. Pour tout percussionniste, ce disque sera une merveilleuse source
d’idées : « Selva chiara »
(Forêt claire).
Les Archives internationales de
musique populaire de Genève (www.adem.ch)
& les Disques VDE-Gallo (www.vdegallo.ch)
poursuivent leur heureuse collaboration. Ainsi de leurs récentes
publications en CD (assorties de livrets fort complets) :
- Bulgarie : L’art de la gadulka.
2008. VDE : CD-1278. TT : 69’36 (17 plages).
Textes : Jérôme Cler
- Pérou : Musique des Awajún et des Wampies - Amazonie, vallée du Cenepa. 2004-2006. VDE : CD-1279. TT : 62’19 (36 plages).
Textes : Raúl Riol et alii
- Grèce : Musiques pour flûte – O Skáros.
1966-2007. VDE : CD-1280. TT : 71’08 (40 plages).
Textes : Wolf Dietrich
- Swaziland : Chants des Swazi.
2005. VDE : CD-1283. TT : 64’04 (16 plages).
Textes : Mark Bradshaw
Invent’Airs. Les musiciens CMR du Val-de-Marne (Tél. : 06 63 38 03
15. www.lescmr.asso.fr).
Délicieux ensemble de chansons
imaginées & interprétées par une joyeuse équipe de CMRistes : Claire
Filliard (guitare, balafon, chant), Étienne Filliard (batterie), Agnès Friberg
(auteur, compositeur, flûtes, accordéon, guitare, chant), Dominique Grassart
(saxophone, chant), Thierry Guérin (auteur, compositeur, guitare, banjo,
percussions, chant), Dominique Jacques-Jean (auteur, compositeur), Aurélie
Pongnian (claviers, chant). Neuf titres qui feront la joie de tous
publics : Le Banjo, Quatre éléments (la bande des quatre), Le clown, Le club des cinq sens, Be Bop
Euloula, Le zoo music, Henri, Shéhérazade, Dis-moi Papa
Dembo.
Francis Gérimont
Airs de differens Autheurs donnés
à une Dame. Sébastien & Charles LE
CAMUS. Marc-Antoine CHARPENTIER. Ensemble Les Meslanges. Hortus :
062. TT : 58’30.
Composés à la manière d’une
conversation dans les salons féminins du Grand Siècle, ces airs sérieux mêlent expressivité
mélodique et déclamation théâtrale, le chanteur devient acteur à part entière,
voire danseur. Les « Le Camus », père et fils, étaient des maîtres du
genre comme en témoigne Madame de Sévigné dans sa correspondance. À la
qualité des instrumentistes (Emmanuelle Guigues, viole de gambe ; Manuel
de Grange, luth & théorbe), il convient d’adjoindre la performance de Thomas
Van Essen, baryton, dans son effort pour respecter la prononciation,
l’ornementation et autres artifices techniques vocaux, en accord avec le traité
de Bertrand de Bacilly L’art de bien
chanter (1668).
Peter ANDERS : Récital.
Œuvres de Lehar, Kalman, Smetana, Strauβ, Giordano, Strauss, Verdi.
Audite : 23.419. TT : 78’50 + 64’17.
Occasion de réécouter, sur ces
enregistrements radiophoniques de 1949-1951, le ténor allemand Peter Anders
(1908-1954) qui bénéficia d’une grande popularité dans les années 1930-1940.
Ces deux CDs permettent d’apprécier ses interprétations dans des répertoires
aussi différents que l’opérette, le lied, l’opéra. Volontiers comparé à Fritz
Wunderlich, dont il partagea la tessiture et le destin tragique, il s’en
distingue toutefois par l’évolution de sa carrière qui, les années passant, lui
permirent d’aborder non seulement les rôles de ténor lyrique mais également les
rôles de ténors dramatiques verdiens et wagnériens. Ce disque rejoint une
importante discographie menée sous la baguette des plus grands chefs,
notamment Willhem Furtwängler et Ferenc
Fricsay. Si la prise de son est un peu étriquée, la diction est
excellente, la voix est belle, chargée d’une émotion donnant tout son poids à
l’interprétation, ample dans l’aigu, quoiqu’un peu forcée parfois.
Mostly Villa-Lobos : 20th Century Piano Music from the
Americas. Œuvres de Nazareth, Souza Lima,
Barrozo Netto, Guarnieri, Cervantes, Cowell, Muczynski et Villa-Lobos.
Sergio Gallo, piano. Eroica Classical Recordings : JDT 3425.
TT : 54’44.
Florilège de pièces pianistiques
du XXe siècle nous permettant d’entendre différents compositeurs
pour la majorité sud-américains, sous les doigts de Sergio Gallo. Son interprétation
claire, parfois virtuose, s’adapte parfaitement à la variété du répertoire, aux
accents tantôt romantiques, tantôt folkloriques, parfois résolument modernes où
l’on sent poindre l’influence du vieux continent. Un disque qui montre - s’il
en était encore besoin - que la musique ne connaît pas de frontières.
Ludwig van BEETHOVEN : Bläsermusik.
Œuvres de Beethoven, Ferdinand Ries, Franz Danzi. Ricercar Academy, Claude
Maury (cor), Guy Penson (piano-forte). RIC : 287. TT : 66’08 +
54’39.
Ce coffret comporte deux disques :
le premier nous donne à entendre plusieurs œuvres de Beethoven pour instruments
à vent, le second, trois sonates pour cor naturel & piano-forte. Les œuvres
de Beethoven pour instruments à vent sont des compositions de jeunesse, apparentées
à la sérénade du XVIIIe siècle qui ne sont pas sans rappeler Mozart
et ses œuvres maçonniques, ces « musiques à jouer », terrain
d’expérimentation à de nouvelles formations instrumentales, parfois
surprenantes, dégageant un climat amical et fraternel où transparaît le plaisir
de jouer ensemble. Les trois sonates, de Ries, Beethoven et Danzi,
mettent en avant le thème romantique de la forêt (Waldhornsonaten), en même temps que les possibilités techniques et
expressives du cor naturel qui sera bientôt supplanté par le cor à piston.
L’ensemble bénéficie, par ailleurs, d’une technique instrumentale irréprochable
et d’une interprétation remarquable de justesse et de sensibilité.
Le Berger Poète. Suites &
Sonates pour flûte & musette. Les Musiciens de Saint-Julien.
François Lazarevitch. Alpha : 148. TT : 72’07.
Cet enregistrement prouve sans
conteste que la « musette » n’est pas seulement un instrument
pastoral réservé aux petits airs des fêtes galantes, mais également un instrument
« sérieux » associé à la flûte traversière et à la vielle à roue dans
ces compositions de Jacques Hotteterre et de ses contemporains. Un
enregistrement empreint de simplicité, de sérénité, de liberté et de joie.
Un beau disque pour les amateurs de musique baroque.
Récital au Japon : Christophe Boulier (violon) Sayat Zaman (piano).
Promusica, association artistique. Stick Music : P0902. TT
53’12.
Ce disque est le prolongement de
la tournée de concerts de ces deux artistes au Japon et particulièrement à
Osaka et Yokohama, à l’occasion du 150e anniversaire officiel des
relations franco-japonaises. L’occasion d’écouter Christophe Boulier dans une
interprétation remarquable du Poème de Chausson, de la Sonate de Ravel,
du 23e Caprice de
Locatelli, de la Polka guerrière de
Bull et de la Danse macabre de
Saint-Saëns. La virtuosité du violon est tempérée par l’intelligence de
l’interprétation et l’accompagnement clair et tout en sensibilité du piano. Des
applaudissements mérités puisqu’il s’agit d’un enregistrement live.
Joseph HAYDN : Sept « London » Symphonies. Chamber Orchestra of Europe, dir. Claudio Abbado. 4CDs DG : 4778117. TT : 48’59 +
42’55 + 55’35 + 53’48.
Ce coffret de quatre CDs présente
les sept symphonies dites « londoniennes » de Joseph Haydn, composées
lors de ses deux séjours à Londres en 1791-1792 (Symphonies n°93, 96, 98 et Symphonie
concertante) et 1794-1795 (Symphonies n°100, 101, 102 et 103). Superbe
interprétation de Claudio Abbado et de son Orchestre de chambre d’Europe,
solennelle, contrastée, énergique, expressive et fantaisiste qui redonne à
Haydn tout son entrain. On retrouve toute l’élégance du chef et le
plaisir de jouer de l’orchestre dans une symbiose jubilatoire.
Happy
Birthday, Elliott Carter ! New Chamber Works. Swiss Chamber Soloists. Neos (vol.2) :
10816
. TT : 63’28.
S’il fallait qualifier en quelques
mots la musique de chambre d’Elliott Carter telle qu’elle nous apparaît dans ce
disque, ce serait sans nul doute par les mots « élégance » et « profondeur ».
Élégance de la composition tout en scintillements, légèreté, mobilité, jeux et contrastes,
comme un mobile de Calder, mais aussi profondeur et mystère, comme un tableau
de Soulages, tant il est vrai que cette musique est chargée d’images. Se
succèdent dans cet enregistrement plusieurs compositions pour harpe, alto, flûte
et violoncelle, soprano, instruments à vent et quatuor à cordes - pour autant
d’émotions. Un grand disque qu’il faut écouter et réécouter, car, comme
le conseille Heinz Holliger, dédicataire de plusieurs pièces : « Ne
joue ou n’écoute jamais de la mauvaise musique, la vie est trop courte ».
Encore une fois : Happy Birthday,
Elliott Carter ! Et merci pour tout !
BACH, BIBER, PISENDEL, WESTHOFF : L’art du violon seul dans l’Allemagne baroque. Mira Glodeanu.
Disques Ambronay : AMY019 (Distrib. Harmonia Mundi). TT : 65’01.
Le violon seul de Mira Glodeanu
(Groblicz, 1604), pour nous guider dans ce voyage à travers l’Allemagne
baroque, de Bach, à Biber, Westhoff et Pisendel… Une indiscutable réussite qui
associe une interprétation grave et lumineuse - mêlant méditation, virtuosité,
élégance - à une sonorité sombre et profonde où les résonances occupent
l’espace sonore dans une véritable polyphonie. La communion entre
l’artiste, l’instrument et le répertoire apparaît, ici, comme une évidence.
Belle Virginie : Musique
pour la Nouvelle France. Le Concert de l’Hostel Dieu, Franck-Emmanuel
Comte. Ambronay : AMY021 (Distrib. Harmonia Mundi). TT : 50’54.
Chansons populaires et maritimes
de l’ancien et du nouveau monde dans une orchestration traditionnelle et
baroque... Malheureusement cette invitation au voyage reste le plus souvent
sans effet, nous laissant désespérément sur le quai, loin du grand vent du
large… Pour amateurs résolument optimistes, dépressifs s’abstenir !
Franz LISZT : « Un
portrait ». Guillaume Coppola, piano. Calliope :
CAL 9412. TT : 75’26.
Projet original et ambitieux de
consacrer son premier enregistrement à un portrait de Franz Liszt. Parmi les
multiples facettes du compositeur, Guillaume Coppola a choisi d’illustrer le
voyageur passionné de littérature et de poésie (Vallée d’Obermann), mais également l’ami (Consolations où plane, de façon prégnante, l’ombre de Chopin), ou
encore l’amoureux fervent (Rêve d’amour)
ou le patriote (Funérailles et Rhapsodies) et enfin l’homme de foi et
le mystique (Saint François et Méphisto). Un très beau disque où la
virtuosité certaine du jeu pianistique sait s’effacer devant la qualité de l’interprétation, inspirée,
toute en clarté, finesse et sensibilité.
La saveur des dissonances. Giovanni de MACQUE, Louis COUPERIN, Henry PURCELL, Georg MUFFAT,
Jean-Pierre ROLLAND… Jean-Pierre Rolland à l’orgue, Saint-Jean-de-Losne.
Hortus : 072. TT : 69’03.
L’art de la dissonance et celui de
l’ornementation constituent le dénominateur commun de ce programme, dont le but
est d’élargir le cadre du style classique français. Aux œuvres de Macque,
Cabezón, Roberday, Couperin, Cabanilles, Marchand, Purcell, Bach, Froberger et
Muffat, s’associent trois compositions de J.-P. Rolland, explorant la
dissonance dans les domaines du timbre (Diffraction),
du rythme (Polychronisme) et de la
mélodie (Fulminescences).
Enregistrement sur l’orgue Bénigne Boillot (1768) de l’église Saint
Jean-Baptiste, à Saint-Jean-de-Losne. Un disque original.
Edvard GRIEG (1843-1907) : Sonate
pour violon et piano n°3, en do mineur. Nicolaï MEDTNER
(1880-1951) : Sonate pour violon et
piano n°3, en mi mineur.
Svetlin Roussev (violon), Frédéric d’Oria-Nicolas (piano). Fondamenta :
FON-0902002. TT : 65’14.
Ce programme illustre deux univers
singuliers, inspirés des folklores norvégien et russe. La Sonate de Grieg, probablement la plus connue du compositeur, est un
modèle d’équilibre entre instruments, empreinte de lyrisme, de douceur, de
poésie et de volupté. Interprétation remarquable, tout en finesse,
chargée d’images et d’émotions, digne de celle, enregistrée en 1928, par
Kreisler & Rachmaninov. Bien différent est le climat de la sonate
monumentale « Epica » de
Nicolaï Medtner. Lyrico-épique, virtuose, poussant les deux instruments
aux limites de leurs capacités, mêlant thèmes religieux et populaires dans un parfait
équilibre, cette sonate et son compositeur méritent d’être redécouverts.
L’interprétation est, là encore, à la hauteur de la composition. Une
réussite.
Patrice Imbaud
Antonio
VIVALDI : Gloria RV 589, précédé du motet Ostro picta, armata spina RV 642. Gloria RV 588. Sara Mingardo, contralto. Concerto Italiano,
dir. Rinaldo Alessandrini. Naïve :
OP 30485. TT : 66'59.
Belle
idée que d'avoir, sur un même CD, réuni
les deux versions que Vivaldi a consacrées au Gloria. La facture des deux pièces présente des
différences notables, l'opus 589 étant,
selon le chef Alessandrini, « plus théâtral, plus
moderne ». Le geste est en effet
éclatant, presque grandiose à l'aune du premier mouvement tout d'envolée
allègre. Admirable encore que la vivacité joyeuse
du Laudamus te.
L'opus 588 est plus intérieur, tourné qu'il est vers un
récent passé polyphonique. Il est fascinant de comparer un même mouvement dans
chacune des deux versions, tel le Qui sedes ad dexteram Patris : ce
qui est marqué largo dans la première version devient allegro dans la seconde,
avec accompagnement de violon plaintif. La
fugue finale, rehaussée de trompette, ne manque pas
dans les deux cas d'impressionner par ses proportions. Alors que
l'opus 588 est doté d'une introduction en trois parties,
directement rattachée au Gloria
in excelsis Deo, le parti a été pris de faire précéder le Gloria RV 589
d'une entrée en matière empruntée à un motet dans la même tonalité. Rinaldo Alessandrini livre des interprétations fastueuses, amples, aux tempos
soutenus, dotés d'une grande vivacité d'accents. Son Concerto Italiano est
chatoyant par ses instrumentistes comme par ses chœurs,
d'effectifs réduits. Certains de ceux-ci deviennent solistes à l'occasion. Sara
Mingardo, de sa magnifique voix de contralto, ajoute à
la réussite de cet album.
« Il Pianto
di Maria ». Antonio
VIVALDI : Sonate
pour cordes & basse
continue « Al Santo Sepolcro », RV 130. Concerto pour cordes « Madrigalesco », KV 129. Sinfonia pour cordes « Al Santo Sepolcro », KV 169.
Giovanni Battista FERRANDINI : Il Pianto di Maria. Biaggio MARINI : Passacaille pour cordes & basse continue.
Claudio MONTEVERDI : Pianto della Madonna.
Francesco Bartolomeo CONTI : Il martirio di San Lorenzo.
Johann Georg PISENDEL : Sonate pour deux hautbois, cordes & basse continue. Il
Giardino Armonico, dir. Giovanni Antonini. L'Oiseau-Lyre : 4781466. TT : 60'54.
Le
thème de la Passion du Christ, évoquée à travers la parole éplorée de Marie, a
inspiré plus d'un compositeur de l'époque baroque. Monteverdi fut même un
précurseur, dans son Lamento
d'Arianna, puisqu'il y met en musique l'évocation de La plainte de la Madonne. Ferrandini,
musicien vénitien (1710-1791), presque deux siècles
plus tard, reprendra le thème pour en faire une cantate sacrée : Les pleurs de Marie, dont
il est précisé « à chanter devant le Saint Sépulcre ». Cette
pièce de belles proportions offre une déclamation souvent délivrée sur le ton
de la confidence, culminant sur la stance « Égale à
son immense amour, immense fut sa souffrance », enluminée ici
par le riche timbre de Bernarda Fink. Le
programme est complété par diverses compositions vocales et purement
instrumentales de Conti, dans un air avec chamuleau obligé (ancêtre de
la clarinette), de Marini et encore de Vivaldi :
l'étonnant concerto « Il Madrigalesco » - hommage à l'art de Monteverdi ? - qui s'inspire des œuvres de
caractère sacré de l'auteur, et la sonate titrée « Al Santo
Sepolcro ». C'est encore le cas d'une
sonate de Pisendel, élève et ami de Vivaldi. Toutes ces pièces sont jouées sans
solution de continuité, formant une vaste
et belle méditation.
Giovanni
Battista PERGOLESI : Stabat Mater. Concerto pour violon et
orchestre. Salve
Regina. Rachel Harnisch, soprano, Sara Mingardo, contralto,
Julia Kleiter, soprano. Giuliano Carmignola, violon. Orchestra Mozart, dir. Claudio Abbado. Archiv
Produktion : 477 8077. TT : 65'12.
La
courte carrière de Jean-Baptiste Pergolèse - quelque cinq
ans - aura été fructueuse, abordant tous les genres musicaux. Mais
c'est sans doute celui de la musique sacrée qui lui vaudra la célébrité, en
particulier son Stabat Mater. Il est intéressant d'en redécouvrir la richesse dans une interprétation
recueillie et d'une grande sensibilité. Claudio Abbado a réuni une quinzaine de
cordes auxquelles il a ajouté un lute. Le
caractère intimiste de la pièce en ressort d'autant, comme
son émouvante simplicité. L'invention mélodique constamment renouvelée, ces
accents qui frôlent le domaine de l'opéra, à l'occasion presque primesautiers -
si étonnants pour une Séquence de déploration – on les savoure dans cette
exécution marquée au coin de la grandeur dépouillée. Deux
voix d'une exceptionnelle pureté la distinguent encore, qui vocalisent avec
délicatesse, le chaud soprano de R. Harnisch
s'unissant à merveille avec le sombre timbre de contralto de S. Mingardo
dans les magnifiques duos. Le Salve
Regina, dont certaines tournures ne
sont pas sans rappeler celles du Stabat Mater,
forme un complément idéal, là où l'invocation se fait plus
extérieure ; non que l'expression ne célèbre encore une
tristesse contenue. Le Concerto
pour violon forme un contraste bienvenu, alors que joué avec
pudeur. Là encore, l'effectif réduit permet d'apporter au
discours une sensible articulation.
Gabriel
FAURÉ : Mélodies… Quatre mélodies op. 51, Deux mélodies op. 57, Cinq mélodies de Venise op. 58. Deux mélodies op. 76. Deux mélodies op. 83. Trois mélodies op. 85. Deux mélodies op. 87. Deux mélodies de 1906. Yann
Beuron, ténor. Billy Eidi, piano. Timpani :
1C1162. TT : 51'41.
Dans
la production de Fauré, les mélodies tiennent une place de choix, empruntant à
l'esthétique symboliste, puisant chez les meilleurs auteurs, Verlaine,
Baudelaire. Si l'on devait rechercher une correspondance en
peinture, c'est dans les pastels de Fantin-Latour qu'il faudrait se tourner,
estime Jean-Michel Nectoux qui définit ainsi l'esthétique
de l'auteur de Pénélope : « exprimer l'indicible, se libérer de la tyrannie du mot, bannir l'anecdote,
le convenu, le détail platement réaliste, mépriser l'effet, fuir la
couleur locale, la scène à faire, le cliché ». Tout
cela, on l'apprécie aussi bien dans ce cycle central que forment les Mélodies
de Venise, où affleure la quintessence de l'art fauréen,
qu'à travers la myriade de piéces réunies ici, couvrant la période 1888-1904. Douce
mélancolie y rime avec charme voluptueux. Le
timbre clair et rayonnant de Yann Beuron est une joie, comme son souci de
l'articulation souple et la maîtrise des inflexions typiques, sans jamais
verser dans la préciosité. Seuls, peut-être, quelques passages aigus le
trouvent moins à l'aise. Le pianiste Billy Eidi, détenteur du Prix Gerald
Moore, se montre plus qu'un accompagnateur. Les
harmonies raffinées du discours fauréen, souvent à travers une grande richesse
du jeu, enchâssent la ligne subtile de la voix, et font que paroles et musique participent du même élan.
Gabriel
PIERNÉ : Cydalise
et le chèvre-pied. Ballet en deux actes et trois tableaux. Collège vocal de la cathédrale de Metz. Orchestre philharmonique
du Luxembourg, dir. David Shallon. Timpani : 1C1174.
TT : 73'.
Le
ballet Cydalise et le chèvre-pied de Gabriel Pierné (1863-1937)
s'inscrit dans le sillage de Daphnis et Chloé de Ravel
- qu'il créa d'ailleurs -, de par le sujet, emprunté à quelque
antiquité idéalisée, mâtiné ici d'une action classique de ballet de cour,
puisque celle-ci, imaginée par les fameux duettistes de la scène théâtrale, de Flers
et Caillavet, se situe à Versailles ; un même sens de
l'évocation, notamment par l'intervention de chœurs murmurés ; un
art également raffiné de la fantaisie narrative alternant scènes à caractère
intimiste et grands ensembles. Les proportions de la pièce
de Pierné sont vastes et l'effectif requis impressionnant ; ce
qui lui permet d'enchâsser une action dans l'action, un ballet à l'intérieur du
ballet, confèrant au récit tout son piquant. Car
l'humour n'est pas la moindre originalité ici, à travers les tribulations du
faune Styrax. L'écriture orchestrale est
raffinée, tirant sur le mode ancien, dette à l'académisme fin de siècle, mais
aussi ouvert aux idées nouvelles en matière d'harmonie et de rythme. La mise
en valeur des bois est remarquable, les flûtes en particulier qui
se voient offrir des solos évocateurs. L'interprétation mise, à
juste raison, sur la clarté du discours, sa fraîcheur
première, son vrai charme gallique.
Serge
RACHMANINOV : La pudeur romantique… Sonate n°2, op.36. Six Moments musicaux, op.16. Trois Préludes,
op.23 n°5 et 6, et op.32 n°10. Études-tableaux,
op.33 n°3, et op.39 n°1 et
5. Mikhaïl Yurkov, piano. Hortus : 069.
TT : 63'05.
Le
titre du CD peut paraître excessif. Du moins cherche-t-il à atténuer cette idée
fort répandue selon laquelle Serge Rachmaninov est avant tout le compositeur
d'un romantisme exacerbé, d'une musique démonstrative à l'aune des dons
d'interprète qui étaient les siens. Son
piano est, certes, empreint de virtuosité ; en diable parfois,
exigeant beaucoup de ceux qui le pratiquent. Mais il serait réducteur de
s'arrêter là. La manière élégiaque
échevelée cache une recherche de plénitude mélodieuse. Car il y a chez ce
maître, qui a confié au clavier la profondeur de son être, quelque chose d'intensément lyrique. Le présent disque propose des pièces couvrant
la période 1896-1917. De riches harmonies, tout en rondeur, et des tonalités
recherchées distinguent des pièces comme les Moments musicaux -
discret hommage à Schubert - d'une fraîcheur et d'une spontanéité vraies. Ces
qualités parent certains des Préludes aussi, tel l'op.23 n°5 qui évolue dans le registre du nocturne
et du contemplatif. Bien sûr, le grand pianisme
est là, bien présent, en particulier dans la Sonate n°2 où
alternent traits martelés et réminiscences de sonnerie de cloches, mais aussi
tournures lyriques, climats tempétueux et assagis. Le
pianiste russe Mikhaïl Yurkov satisfait à tous ces défis avec un sens rare du
phrasé et une belle habileté à débrouiller une rythmique souvent changeante.
DVD
W.A. MOZART : Die
Zauberflöte. Ileana Cotrubas, Peter Schreier, Edita Gruberova,
Marti Talvela, Christian Boesch, Walter Berry. Wiener Philharmoniker, dir. James Levine.
Régie : Jean-Pierre Ponnelle. Salzburg 1982. 2DVDs
TDK : DVWW-CLOPMF. TT : 189'.
Le Festival
de Salzbourg a généré, au cours de son histoire récente, des
productions mythiques des opéras de Mozart, dont le
dénominateur commun reste la sonorité unique des Wiener Philharmoniker. Ainsi
en est-il de La Flûte enchantée, mise
en scène par Jean-Pierre Ponnelle qui, à
partir de 1978, fera les beaux soirs du Festival
des années durant, et captée en 1982 dans ce lieu unique
qu'est la Felsenreitschule (Salle du manège des rochers). Légendaire en effet que cette présentation qui réussit le tour de force
d'englober tous les aspects d'une œuvre protéiforme : sa
signification maçonnique, par des références suggestives dans la décoration et
les attitudes, son ancrage dans le siècle des Lumières, son caractère populaire
façon théâtre de tréteaux par la gouaille d'un Papageno qui aura rarement été
autant le Naturmensch voulu par ses auteurs, ou
encore l'opposition, non manichéenne cependant, entre monde de la nuit et
forces de la lumière. Avec tact et suprême
distinction sont dessinés des personnages qu'habitent autant la vérité que la
tendresse. On ne compte pas les morceaux d'anthologie dans
les échanges, les traits finement perçus, les ensembles magistralement
maîtrisés. Une vision à placer au rang de référence
stylistique, magnifiée par une exécution vocale prestigieuse comme savait alors
en afficher le festival.
W.A. MOZART : Così
fan tutte. Margret Marshall, Ann Murray, Katleen Battle,
Francesco Araiza, James Morris, Sesto Bruscantini. Wiener Philharmoniker, dir. Riccardo Muti. Régie :
Michael Hampe. Salzburg 1983. 2DVDs
TDK : DVWW-OPCFTSF. TT : 188'.
Così fan
tutte, saisi à l'été 1983, fait nul doute figure d'interprétation classique.
Michael Hampe y prône le souci de l'élégance. Un somptueux décor de palais en
bord de baie de Naples forme l'écrin d'une mise en scène qui, sous
une apparente sagesse, décrypte finement ce qui appartient, chez
Mozart, au théâtre d'amour. Si elle cultive avantageusement les effets de
symétrie, rien n'y est appuyé. Elle ne s'encombre pas de sous-entendus
et de réinterpretation, mais évoque le doute subtil, les hésitations, le
trouble. Les caractères sont plus suggérés que soulignés. Le cynique Alfonso
tire les ficelles mais sait ne pas sombrer dans l'excès. Despina lui donne une réplique alerte, sans
le côté forcé qui encombre bien des régies actuelles. Les quatre jeunes gens
amoureux seront manœuvrés, fragiles qu'ils sont dans
leur entreprise de coquetterie galante. L'exécution musicale d'une alacrité toute
italienne et un vrai sens de l'ensemble parachèvent un spectacle dont la
qualité résiste au passage du temps.
W.A. MOZART : La
Clemenza di Tito. Michael
Schade, Vesselina Kasarova, Dorothea Röschmann, Elina Garanca, Barbara Bonney,
Luca Pisaroni. Wiener Phillharmoniker,
dir. Nicolaus Harnoncourt. Régie : Martin Kusej. Salzburg
2003. 2DVDs TDK :
DVWW-OPCLETI. TT : 160'.
Filmée
en 2003, la production de La Clémence de Titus proclame l'audace de la régie de Martin Kusej. En
vingt ans les choses ont radicalement évolué en matière de
dramaturgie, comme de prise de vue. L'analyse
spectrale des idées sous-tendant l'opéra a fait son
apparition. Foin de premier degré, chaque nuance de l'action est passée au
crible. Les sentiments sont exacerbés, les affrontements
soulignés presque au point de rupture, et les visions souvent chaotiques, tel
l'incendie du Capitole. Les jeux de pouvoir sont
burinés au scalpel comme le conflit de conscience de l'empereur magnanime. Les
récitatifs prennent un relief d'une rare justesse et les arias font figure de
modèles de chant habité. L'immense décor de palais
délabré, sur plusieurs niveaux, emplit le plateau de la Felsenreitschule,
théâtre d'un drame intense. La caméra, qui
suit au plus près la régie d'acteurs, saisit des images d'une force
inouïe, gros plans expressifs, vues latérales, et d'une réelle beauté
suggestive. Un cast de rêve, choyé par un chef charismatique,
enlumine cette version radicale d'un drame accompli.
Nota : Les
trois opéras, disponibles séparément, sont aussi réunis en un coffret,
sous le titre : Mozart at the Salzburg
Festival (réf. : DVWW-GOLDBOX5).
Engelbert HUMPERDINCK : Hänsel und Gretel. J. Holloway, Adriana Kucerova, Wolfgang
Ablinger-Sperrhacke, I. Vilsmaier, Klaus Kuttler. London Philharmonic
Orchestra, dir. Kazushi Ono.
Régie : Laurent Pelly. Glyndebourne 2008. Decca : 074 3361.
TT : 108'.
Comme
tout conte de fées Hänsel et Gretel recèle une face cachée
sombre, voire tragique, que les mises en scènes modernes se
plaisent à mettre en évidence, tournant le dos aux clichés de l'opéra pour
enfants. La régie de Laurent Pelly, créée pour le festival
de Glyndebourne, renchérit sur cette tendance. L'atmosphère y est plus inquiétante
que réjouissante, et ce qui passe généralement pour
mauvaise farce prend ici un caractère effrayant. Dès le premier tableau, le
ton est donné : la maison des enfants sera
en carton mâché, rafistolé de papier collant, qu'habite une famille
désœuvrée. La forêt devient un lieu glauque d'après
tempête, jonché de détritus et autres sacs en plastique. Surtout, la cabane de la sorcière est un rayon de supermarché empli d'une
montagne de friandises qu'offre gratis une avantageuse mégère en tailleur rose
bonbon. Elle se transformera en un inquiétant sosie de Mime, prêt
à dévorer ses jeunes proies - clin d'oeil à Wagner dont les tournures sont si
présentes. La critique d'une société en mal d'éducation est
sans merci, qui au happy
end, alignera une ronde d'enfants obèses à force de
sucreries ; lecture sans pitié qu'animent des jeux de
physionomie plus vrais que nature, sur lesquels se complaît la
caméra. Un vision pessimiste servie par une direction musicale fort nuancée.
Jean-Pierre Robert
Ludwig van BEETHOVEN : VIIe Symphonie. Max BRUCH : 1er Concerto pour violon. Igor STRAVINSKY : Symphonie en trois mouvements. Berliner Philharmoniker, dir.
Sir Simon Rattle. Vadim Repin, violon. Medici Arts (www.medici.tv) : 2056978. TT :
92’00.
Merveilleux Simon Rattle qui a
réussi à débrider cette mécanique de haute précision qu’est le Berliner
Philharmoniker, en ouvrant notamment son répertoire aux musiques baroques et
contemporaines (depuis sa prise de fonctions, ont ainsi été interprétées des œuvres
de 63 compositeurs). Le 1er mai 2008 (date anniversaire de la
création de l’orchestre, le 1er mai 1882), il dirigeait à Moscou, en
la salle des concerts du Conservatoire Tchaïkovski - alliant souplesse et intensité
- la 7e Symphonie de
Beethoven, la Symphonie en trois
mouvements de Stravinsky et, avec en soliste le grand Vadim Repin, le 1er Concerto pour violon de Max Bruch.
Mémorable soirée, d’autant plus que le Berliner n’était pas retourné à Moscou
depuis ses concerts de 1969, lorsque Karajan dirigea - en présence du
compositeur ému aux larmes - la Xe Symphonie de Chostakovitch.
Alfred DELLER (1912-1979) : Portrait
d’une voix. Film de Benoît Jacquot. INA/Harmonia Mundi :
HMD 9909018. 1DVD (TT : 60’05) + 1CD (TT : 79’12).
Livret assorti de fervents
témoignages, signés Gustav Leonhardt, Bernard Coutaz, Nicolas Harnoncourt, René
Jacobs, Paul Elliott…, voilà certes un indispensable à votre DVDthèque.
L’entretien comporte – émaillé de pièces de Thomas Campion, Philip Rosseter,
Thomas Morley, Henry Purcell… – une interview de 60’05, dans laquelle Alfred
Deller nous entretient (excellents sous-titrages) de la voix de contre-ténor,
du parler-chanter, de son adolescence, de son travail et de ses publics, d’Henry
Purcell, du Deller Consort, de nature et d’artifice, de musique et de curiosité,
etc. Passionnant ! Quant au CD, il comporte 20 titres - dont
9 pièces sur des poèmes de Shakespeare, et quelques autres signées John
Blow, John Dowland, Giulio Caccini, Alessandro Scarlatti, Henry Purcell…
À également conseiller à tout psychiatre dont des patients auraient à se mettre
au clair avec… leur « masculinité ».
Jean GUILLOU (°1930) : La
Révolte des Orgues op.69, pour grand orgue, huit orgues positifs,
percussions & chef d’orchestre. Film de Tomasz Cichawa : L’Alchimie de la Révolte. Oko
Films (26, rue des Rigoles, Paris XXe. okofilms@free.fr). TT : 130’00
Du génial organiste, voilà
assurément le grand œuvre. À la console principale est, bien sûr, le
compositeur, entouré de Roberto Bonetto, Winfried Bönig, Bernhard Buttmann,
Silvio Celeghin, Jürgen Geiger, Franco Vito Gaiezza, Giampaolo Di Rosa &
Jürgen Wolf. Aux percussions : Hélène Colombotti.
Direction : Johannes Skudkik. La
Révolte des Orgues était enregistrée en concert, le 19 juin 2007, à
Saint-Eustache (durée de la vidéo : 30’04). Dans L’Alchimie de la Révolte, film
documentaire de Tomasz Cichawa, Jean Guillou nous dévoile les origines de
l’œuvre ainsi que les coulisses de l’installation du dispositif requis, puis
des répétitions. En bonus : l’Improvisation par Jean Guillou qui clôturait le concert (durée de la vidéo : 6’38) et le Concerto pour deux claviers en fa majeur de Wilhelm Friedemann Bach
(interprètes : Jean Guillou & Johannes Skudlik). Il s’agit là du
premier DVD de la série « Jean Guillou : Présence(s) » que
produit Oko Films. Voir aussi : www.jeanguillou-dvd.org
Francis
Gérimont
The
Metropolitan Opera Centennial Gala. Live from the Met,
22
October 1983
.
Met Opera Orchester, Chorus & Ballet. Music director : James
Levine. 2DVDs Deutsche Grammophon : 00440 073 4538. TT :
231’00.
Superbe coffret de deux DVDs,
enregistré en direct lors du gala du 22 octobre 1983, célébrant le centenaire
du Met (1883-1983). Ce « gala suprême » est l’occasion de voir
et d’écouter les plus belles voix du moment en duos (Catherine Malfitano &
Alfredo Kraus, Placido Domingo & Mirella Freni, Renato Bruson & Grace
Bumbry, José Carreras & Montserrat Caballé, Luciano Pavarotti &
Leontyne Price, pour n’en citer que quelques uns…) ou en solos (Kiri Te Kanawa,
Eva Marton, Ruggero Raimondi, Joan Sutherland, Nicola Gedda, Anna
Tomowa-Sintow, Ileana Cotrubas, Marilyn Horne, Birgit Nilsson…), et d’autres
ensembles encore, sous la baguette des plus grands chefs (James Levine, Leonard
Bernstein, Jeffrey Tate…), à la tête d’un orchestre à la hauteur de l’événement.
Il serait mesquin d’émettre la moindre critique… Tout simplement sublime…
et indispensable !
Patrice Imbaud
Haut
S’ouvrant sur un éditorial de l’Inspecteur général de
l’Éducation nationale, M. Vincent Maestracci, orientant de façon concise
l’élève dans son travail, le supplément Baccalauréat 2010 de L’éducation musicale est d’une rare densité :
pas moins de 148 pages d’analyses et références.
Indispensable
aux professeurs d’Éducation musicale et aux élèves de Terminale qui préparent
l’épreuve de spécialité « série L » ou l’épreuve facultative
« Toutes séries générales et technologiques du baccalauréat », cette
publication réunit les connaissances culturelles et techniques nécessaires à
une préparation réussie.
À commander aux Éditions Beauchesne : 7, cité du
Cardinal-Lemoine, 75005 Paris.
Tél : 01 53 10 08 18.
Fax : 01 53 10 85 19. s.desmoulins@leducation-musicale.com
Notre livraison de
septembre/octobre2009 est à découvrir sans attendre ! Au sommaire :
« Compositrices II »,
dossier consacré, notamment, à : Pauline Viardot, Elzbieta Sikora, Simone
Féjard, Linda Bouchard…, aux femmes dans la création musicale improvisée
(musique actuelle au Québec), à la musique de film au féminin (Germaine
Tailleferre, Jocelyn Pook, Rachel Portman, Émilie Simon…). Sans préjudice
d’une analyse de la Symphonie « Héroïque » de Beethoven, d’une interview de
Marc-Olivier Dupin (directeur de la musique à Radio France), du compte rendu de
la création du Temps l’horloge d’Henri Dutilleux, de propos sur « l’éveil musical » et sur « Éducation
musicale & imaginaire »… Non sans les habituelles recensions des
nouveautés (édition musicale, bibliographie, CDs et DVDs).
Dossiers déjà parus dans L'éducation musicale
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Laëtitia Girard
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