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www.leducation-musicale.com



septembre-octobre 2009
n° 562




mai-juin 2009
n° 561


Sommaire :

1. Editorial : Ach ! la crise...
2. Informations générales
3. Varia
4. Manifestations et Concerts
5. Echos d'Utrecht
6. Au Festival de Salzbourg
7. Prodigieux Orchestre de Chicago
8.
Diverses annonces

9. L'Edition musicale
10. Bibliographie
11. CDs et DVDs

12. La vie de L’éducation musicale


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Ach ! la crise…

 

« Invente ou je te dévore ! »

(le Sphinx)

 

C’est comme si nos gouvernants ne voyaient plus en notre peuple - troupeau frivole - qu’incorrigibles fauteurs de dépenses inconsidérées !  Dans les domaines notamment de la médecine, de la justice et, bien sûr, de l’enseignement…  N’est-ce d’ailleurs pas là que s’appliquent aujourd’hui les plus drastiques restrictions ?

 

Ainsi, pour nous en tenir au seul enseignement de la musique, n’est-il plus désormais question, rue de Grenelle, que de suppressions de postes, de réductions d’horaires et de crédits.  Tout cela, bien entendu, dans le secret espoir de voir bientôt disparaître, dans les marécages néo-malruciens d’une chimérique Histoire des arts, une discipline aussi « subversive » que la nôtre…

 

Nostalgique retour aux temps jolis où l’on « s’entretenait » d’art avec de gentils labadens appartenant, mon Dieu, au meilleur monde (3 à 4 % d’une classe d’âge accédaient alors au baccalauréat)…  Cette belle jeunesse n’avait-elle d’ailleurs pas toute latitude pour s’adonner, auprès de précepteurs choisis, aux plus délectables pratiques artistiques ?

 

Mais qu’apprends-je ? Le thème « Révolutions & musique » serait au programme de l’agrégation !  Fasse le ciel...

 

Francis B. Cousté

 

 

 


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« Une légende amérindienne raconte qu´il y eut un immense incendie de forêt.  Tous les animaux terrifiés et atterrés observaient, impuissants, le désastre.  Seul, un colibri s’activait et allait chercher quelques gouttes d’eau dans son bec pour éteindre le feu.  Au bout d´un moment, le tatou, agacé par ses agissements dérisoires, lui dit : - Colibri ! N’es-tu pas fou ? Tu crois que c´est avec ces gouttes d´eau que tu vas éteindre le feu ?  - Je le sais, répond le colibri, mais je fais ma part... »

(Pierre Rabhi, La part du colibri)

 

Théâtre du Châtelet : deux « Flûte enchantée »…

www.chatelet-theatre.com/2009-2010/index.php#/la-flute-enchantee-1-359-fr

www.chatelet-theatre.com/2009-2010/index.php#/la-flute-enchantee-2-361-fr

 

Colloque sur l’Éducation musicale : « Articulations entre recherche, terrain, formation professionnelle & institution ».  Il se déroulera les 27 et 28 novembre 2009, à l’IUFM d’Aix-Marseille (Université de Provence).  Avec le soutien des équipes de François Madurell (OMF, Paris IV-Sorbonne), Mireille Besson (CNRS-INCM) et Gilles Boudinet (Paris VIII).  En libre accès.  Sous forme d’un résumé de quelque 200 mots, tout projet de communication devra être soumis par courriel (avant le 15 octobre) au Comité organisateur (Jean-Luc Leroy, Pascal Terrien) : em.journe2009@orange.fr

    

 

Le Japonais Kazuki Yamada (°1979) [notre photo] a remporté le 51e Concours de jeunes chefs d’orchestre de Besançon (Grand Prix de direction & Grand Prix du public).  Renseignements : www.festival-besancon.com

Le Japonais Kazuki Yamada, chef d'orchestre de 30 ans, a remporté samedi soir le 51ème Concours international des jeunes chefs d'orchestre, dans le cadre du festival de musique de Besançon.  Photo:Jeff Pachoud/AFP

©DR

 

Un « Atelier de composition pour les voix » est proposé à Lille, les 16 et 17 novembre 2009 , 1er et 2 février, 29 et 30 mars 2010 Principal intervenant : le compositeur Thierry Machuel [notre photo].  Renseignements : 03 59 03 12 46 http://crdp.ac-lille.fr/sceren/newartculture/spip.php?article358

©DR

 

Le Conservatoire national supérieur de Musique & de Danse de Paris nous informe de la nomination - par décret du Président de la République (26 août 2009) - de son nouveau directeur, Pascal Dumay, jusqu’à présent délégué à la musique au ministère de la Culture.  Renseignements : 04 72 19 26 61.  www.cnsmdp.fr

©CNSMDP

 

Le Conservatoire national supérieur de Musique & de Danse de Lyon nous informe de la nomination - par décret du Président de la République (26 août 2009) - de son nouveau directeur, Géry Moutier [notre photo], pianiste et pédagogue.  Renseignements : 04 72 19 26 61.  www.cnsmd-lyon.fr

©DR

 

Congrès de la Fameq : À Montréal (Québec), du 19 au 21 novembre 2009.  Renseignements : www.fameq.org

 

 

Marc-Olivier Dupin [notre photo], déjà directeur de France Musique, a été nommé directeur de la musique à Radio France.

©Radio France/Christophe Abramowitz

 

Histoire du Jazz en France - Journée d'étude 2.  Paris IV-Sorbonne, le 16 décembre 2009.

La première journée d’étude avait lieu à Tours (avril 2009) ; deux autres sont prévues, à Paris (décembre 2009) et de nouveau à Tours (printemps 2010).  Un colloque international se tiendra à Dijon à l’automne 2010 et une journée de clôture à Paris en septembre 2011.  Coordination assurée par Vincent Cotro (Tours), Laurent Cugny (Paris IV) et Philippe Gumplowicz (Université de Bourgogne).  La première journée avait porté sur « Le jazz en France & les transferts culturels ».  La deuxième, qui se déroulera en Sorbonne le 16 décembre 2009, sera consacrée à « La musique & les musiciens qui l’ont jouée ».  Thèmes proposés : Musiciens, groupes, collectifs / Musiciens étrangers en France / Musique et musiciens en région / Musique et musiciens hors de la métropole / Musiciens de jazz en France et autres musiques (variétés, classique, contemporain, traditionnelles, film, studio…) / Les big bands en France / Les sections rythmiques en France / La production discographique / Existe-t-il un jazz français ?  Adresser les résumés de contribution à : Laurent Cugny (laurent.cugny@paris-sorbonne.fr).  Date limite d’envoi : 15 octobre 2009.

 

Le Centre de musique médiévale de Paris propose : stages, ateliers & concerts-rencontres (à Paris, Amsterdam, Poitiers, Blois, Strasbourg, Baeza, Ourense, Lille, Pigna…).  Renseignements : 01 45 80 74 49 . http://assoc.orange.fr/cmmp

©Discantus

 

« James Ensor et la musique ». En liaison avec l’exposition consacrée à ce peintre, une série de concerts sera donnée en l’auditorium du Musée d’Orsay, du 12 novembre 2009 au 28 janvier 2010.  Renseignements : www.musee-orsay.fr/fr/manifestations/musique.html

Au conservatoire ©M’O’/P.Schmidt

 

Le chef d’orchestre britannique Sir Edward Downes (85 ans) et son épouse (84 ans) ont choisi - après 54 ans de vie commune - de se donner la mort, en présence de leurs enfants, le 10 juillet 2009, dans la clinique suisse Dignitas.

©Lebrecht

 

L’Ariam Île-de-France enrichit son programme de formations : Accès aux diplômes et concours / Direction de conservatoire / Direction de chœur / Direction d’ensembles instrumentaux / Improvisation (Initiation & pratique, Improvisation vocale, Jeux vocaux…).  Renseignements : 9, rue la Bruyère, Paris IXe.  Tél. : 01 45 85 45 28.  www.ariam-idf.com

©Lorenzo Brondetta

 

La musique développe le cerveau « L’éducation musicale a un effet sur la façon dont le cerveau développe des connexions et sur les fonctions cognitives en général, en relation avec la mémoire et l'attention » (Brain, revue de neurologie).

Sources : www.dcsf.gov.uk/tunein/music_the_universal_language.html

http://brain.oxfordjournals.org/cgi/reprint/awl247v1?maxtoshow=&HITS=10&hits=10&RESULTFORMAT=&fulltext=Trainor&searchid=1&FIRSTINDEX=0&resourcetype=HWCIT

Fort de ce constat, Ed Balls, secrétaire d’État pour l’enseignement, en Grande-Bretagne, a lancé « The Year of Music » afin de promouvoir la pratique musicale à l’école - et non l’histoire de la musique…  Pas moins de 330 millions de livres/an (soit 377 millions d’euros) ont été ainsi dégagés : www.dcsf.gov.uk/pns/DisplayPN.cgi?pn_id=2009_0159

 

British Library.  Les archives sonores de cette prestigieuse bibliothèque [notre photo] sont désormais en libre accès sur le Web.

Renseignements : www.guardian.co.uk/books/2009/sep/03/british-library-traditional-music

 

Jeunes Publics à l’Orchestre philharmonique de Radio France : Ateliers de création & de pratique musicale, séries « Les Clefs de l’orchestre » et « Si l’Orchestre m’était conté ».  Renseignements : 01 56 40 36 30 www.zikphil.fr ou : 01 56 40 15 16 www.concerts.radiofrance.fr

 

Le « Luxembourg Festival 2009 » se déroule du 28 septembre au 25 novembre - ne proposant pas moins de trente productions : opéra, danse, musique symphonique, musique de chambre, musique du monde, jazz, théâtre musical - avec notamment, sur une idée d’Olga Neuwirth, un « Hommage à Klaus Nomi » [notre photo].

Renseignements : www.luxembourgfestival.lu

©DR

 

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Le Britannique Sir Simon Rattle [notre photo] vient d'être reconduit à la tête du Berliner Philharmoniker.  Entendant bien continuer d’explorer le répertoire baroque, Simon Rattle a précisé : « Il faudra que le Philharmonique de Berlin rejoue Bach » (Le Monde, 22 août 2009 ).   Rappelons que les 128 membres de cette prestigieuse phalange ont droit de veto sur la nomination de leur chef…

©DR

 

Woodstock’s Top 10 Hits : With a little help from my friends (Joe Cocker), I want to take you higher (Sly & the Family Stone), Soul Sacrifice (Santana), The Star-Spangled Banner (Jimi Hendrix), Suite : Judy Blue Eyes (Crosby, Stills & Nash), Somebody to love (Jefferson Airplane), The Letter (The Incredible String Band), I put a spell on you (Creedence Clearwater Revival), Simple song of freedom (Tim Hardin), Joe Hill (Joan Baez) [Time, August 24, 2009].

©DR

 

Pentatonism, by Bobby McFerrin : www.youtube.com/watch?v=ne6tB2KiZuk

©Stephen Cohen

 

« Opéras russes à l’aube des Ballets russes », tel est le thème de l’exposition qui se tiendra, du 12 décembre 2009 au 16 mai 2010 , au Centre national du costume de scène & de la scénographie (quartier Villars, route de Montilly, 03000 Moulins) [notre photo].  Seront présentés quelque 130 costumes de quatre productions : Boris Godounov (Moussorgski), Snegourotchka (Rimski-Korsakov), Siberia (Giordano) et Khovantchina (Moussorgski).  Renseignements : 04 70 20 76 20 www.cncs.fr ou pedagogie@cncs.fr

©Drac Auvergne/Jean-Gilbert Sannajust

 

« Le Roi Lion » est – avec ses quelque 50 millions de spectateurs à travers le monde – le plus grand succès de l’histoire de la comédie musicale.  Créé à Broadway en 1994, ce spectacle connaîtra sa 3e saison française : dès le 2 octobre 2009 au Théâtre Mogador - où il devrait franchir, cette année, le cap du million de spectateurs.  Renseignements : 23, rue de Mogador, Paris IXe.  Tél. : 01 53 32 32 32.  www.stage-entertainment.fr

 

Estampillé « de l’Opéra », le miel récolté sur les ruches sises sur les toits du Palais Garnier aurait, nous dit-on, des « accents » de citron-menthe...  Préservé de tout pesticide, il serait bien supérieur à celui des champs.  Ses récoltes peuvent atteindre, en moyenne, 100 kg par an et par ruche, contre seulement une dizaine à la campagne.  Distribué dans des boutiques de luxe, il est, en tout cas, le plus cher.  Le Grand Palais, l’Opéra Bastille, le Centre Pompidou, le Château de Versailles et l’Opéra de Lille ont, eux aussi, installé des ruches sur leurs toits…

©Paolo / fotolia.fr

 

« Grands Formats », fédération d’orchestres fondée en 2003, a pour objectif de favoriser le rayonnement et le développement des grandes formations de jazz & musiques à improviser.  Elle réunit, à ce jour, 26 ensembles professionnels, représentatifs de la plupart des champs esthétiques.  Renseignements : 8, rue Corot, Paris XVIe.  Tél. : 06 12 99 47 65.  www.grandsformats.com

Le Sacre du tympan © Sylvain Gripoix

 

Somalia… Danses & musiques (même traditionnelles) sont désormais interdites lors des mariages.  Des groupes religieux détruisent les instruments et tirent à balles réelles sur les récalcitrants.  Renseignements : www.freemuse.org/sw15074.asp

 

Non inintéressant… http://www.critique-musicale.com

 

University of London. Si l’on en croit une enquête menée par l’Institut d’éducation de l’Université de Londres auprès de 20 000 enseignants & assistants d’enseignement (Teachers & Teaching assistants), plus un élève est aidé, moins il progresse !  Renseignements : www.ioe.ac.uk/newsEvents/31191.html

 

On line… De moins en moins de labels enregistrant des orchestres, les grandes formations se tourneraient désormais vers le Web.  Renseignements : The Globe and Mail ( Canada ) :

www.theglobeandmail.com/news/arts/music/for-classical-recordings-the-future-is-online/article1261874

Chicago Symphony Orchestra ©Todd Rosenberg

 

« Traditions musicales françaises », orchestre parisien d’amateurs, recrute des instrumentistes (tous pupitres).  Renseignements : Jean-Marc Harari - 69, rue Haxo, Paris XXe.  Tél. : 01 43 64 76 43 ou : 06 62 37 19 51.

Concert au Château de Breteuil ©DR

 

Swinging Monteverdi : www.youtube.com/watch?v=AJA2x_m0uy8&fmt=18

Philippe Jaroussky ©DR

 

Stradivarius enfin déconfit… Traité aux champignons, un banal violon helvète aurait battu - lors d’un « test à l’aveugle » - un Stradivarius de 1711.  Sa sonorité a été jugée la plus belle, rapporte le Laboratoire fédéral d’essais sur les matériaux (EMPA).  Source : www.bulletins-electroniques.com/actualites/59840.htm

Violon

©Keystone

 

Mario Hacquard & la Triumph TR4 : www.youtube.com/watch?v=6ZX8APmY52E

File:Germaine Tailleferre et Mario Hacquard 1.jpg

…ici, avec Germaine Tailleferre ©DR

 

Le « Conservatoire à rayonnement régional 93 » propose un parcours complet, allant de la découverte de la musique & de la danse à une pratique confirmée.  Renseignements : 01 48 11 04 60 . www.conservatoireregional93.fr

©Willy Vainqueur

 

Formation continue pour professeurs d’instruments : Une structure ad hoc ouvrira sur Internet, dès janvier 2010, pour le piano & le violon.  Renseignements : 03 83 96 76 15 www.foremi.eu

 

« Unesco 2010 » est paru.  Comme à l’accoutumée, ce superbe agenda présente, sur papier glacé, un ensemble de superbes photos couleurs - utilement légendées - des plus beaux sites naturels & culturels de la planète.  Ainsi que la Liste du patrimoine mondial, comprenant 890 biens (689 culturels, 176 naturels et 25 mixtes), situés dans 189 États.  Publication trilingue (anglais, français, espagnol).  23 x 22 cm, 19 €.  Renseignements : http://publishing.unesco.org

 

Anthologique !  http://vimeo.com/moogaloop.swf?clip_id=2539741

B.E. King, composer of Stand by me ©DR

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 « Les Journées Ravel 2009 » se dérouleront à Montfort-L’Amaury sur divers sites, les 3 & 4, 10 & 11 octobre.  Renseignements : 01 34 86 96 10 www.lesjourneesravel.com

Le Belvédère ©DR

 

À Versailles : La Maîtrise de Radio-France (dir. Sofi Jeannin) se produira en l’église Sainte-Jeanne d’Arc, le 3 octobre 2009 , à 20h30.  Régis Warnier, organiste.  Œuvres de Jean-Sébastien Bach, Jean Langlais, Francis Poulenc, Marcel Landowski et Arne Mellnäs.  Entrée libreRenseignements : place Élisabeth Brasseur.  Tél. : 01 39 02 14 87 http://jeannedarc-versailles.com/La-Maitrise-de-Radio-France-a,612.html

 

Église du Val-de-Grâce : Le dimanche 4 octobre 2009, à 17h30, Caroline Lupovici, piano, et Hervé Désarbre, orgue, donneront un récital d’œuvres de Loret, Philip, Vadon, Salomé, Bret et Bizet.  Entrée libreRenseignements : www.valdegrace.org

©Val-de-Grâce

 

Jeune création musicale. Le samedi 10 octobre 2009 , à 21 heures , Centre Pompidou [notre photo], seront donnés : Otemo (Vassos Nicolaou), Quand tu étais comme avec moi(Stefano Bulfon), Inner Line (Fabrizio Rat Ferrero), Sacred river ALPH’s meanders (Martin Grütter) et Astral/Chromoprojection (Kenjii Sakai).  Ensemble intercontemporain, dir. Jean Deroyer.  Renseignements : 01 44 78 12 40 . www.ircam.fr

©DR

 

Hommage au compositeur Bruno Ducol [notre photo], du jeudi 8 au samedi 10 octobre 2009 , à Paris, Maison des pratiques artistiques amateurs.  Le jeudi 8 octobre à 19h30 : portrait-dialogue avec Bruno Ducol (rencontre animée par Daniel Durney).  Vendredi 9 & samedi 10 octobre à 19h30 : concerts.  Du 6 au 14 octobre 2009  : exposition.  Renseignements : 4, rue Félibien, Paris VIe.  Tél. : 01 46 34 68 58 .
www.mpaa.fr ou : www.cdmc.asso.fr/files/texte/pdf/programmes/hommage_brunoducol.pdf

©DR

 

Le Centre de la chanson présente, le lundi 12 octobre 2009 , à 19h30, à L’Entrepôt (7, rue Francis-de-Pressensé, Paris XIVe/ M° Pernety), sept nouveaux espoirs de la chanson française : Davy Kilembe, Lily Luca, Gatshen’s, François Gaillard, Eskelina, Hervé Akrich et Alcaz.  Entrée libreRenseignements : 01 42 72 28 99 www.centredelachanson.com

 

Au CNSMD de Lyon : Les 14 et 15 octobre 2009 , à 20h30, salle Varèse, l’Orchestre du conservatoire, dir. Peter Csaba, avec Alexandra Roshchina (piano), Chloé Chavanon & Solenn Le Trividic (chant), donneront : Chants d’Auvergne de Joseph Canteloube, Concerto pour la main gauche de Maurice Ravel, Symphonie en ut majeur de Georges Bizet.  Renseignements : 3, quai Chauveau, 69000 Lyon.  Tél. : 04 72 19 26 61 www.cnsmd-lyon.fr

CNSMD de Lyon ©DR

 

Hommage à Emmanuel de Fonscolombe (1810-1875).  Le dimanche 18 octobre 2009 , à 16h00, seront données, en l’église Saint-Augustin (Paris VIIIe), des œuvres de ce compositeur, arrière-grand-père d’Antoine de Saint-Exupéry.  Ensemble vocal & instrumental À Rebours, dir. Mario Hacquard.  Entrée libreRenseignements : www.fonscolombe.populus.ch

 

L’Orchestre régional de « Cannes Provence Alpes Côte d’Azur », dir. Philippe Bender, se produira à Cannes les 11, 25 et 27 octobre, à Marseille, le 29 octobre.  Renseignements : 04 93 48 61 10. www.orchestre-cannes.com

©DR

 

Thierry Escaich.  De ce compositeur, le Concerto pour violon & orchestre sera donné en création mondiale, à l’Auditorium de Lyon, les 8 et 10 octobre (David Grimal, violon ; Orchestre national de Lyon, dir. Christian Arming) et à l’Auditorium de Dijon, le 9 octobre (David Grimal, violon ; Orchestre national de Lyon, dir. Jun Märkl [notre photo]).  Au même programme : VIIIe Symphonie de Schubert, Sinfonietta de Janáček.  Renseignements : 04 78 95 95 95 (Lyon), 03 80 48 82 82 (Dijon).

jun

©DR

 

« Buena Fe », célèbre duo cubain, se produira : le 13 octobre à Biarritz (www.festivaldebiarritz.com), le 7 octobre à Tarbes (www.lagespe.com) et le 9 octobre à Paris (http://culturel.mal217.org/fr/Agenda-8.htm).  Renseignements : Anne-Marie Chartier.  Tél. : 06 63 64 74 41.  www.buenafecuba.com

 

Franz Schreker (1878-1934), le retour…  Organisé par l’Institut Franz Schreker, le dimanche 11 octobre 2009, à 17 heures, au Théâtre des Champs-Élysées, sera donné un concert d’œuvres de ce compositeur bien trop méconnu en France.  Au programme : Ein Tanzspiel ; suite de L’anniversaire de l’Infante ; Symphonie de chambre ; extraits des opéras Die Gezeichneten et Der ferne Klang.  Jean-Philippe Lafont, baryton-basse.  Orchestre Pasdeloup, dir. Philippe Hui.  Renseignements : 01 56 88 28 50.  contact@institut-schrecker.fr

©DR

 

« Quatuor à toute vapeur… » Le vendredi 16 octobre 2009, à 14h30, en l’Amphithéâtre de l’Opéra Bastille : concert Jeune Public par des musiciens de l’Orchestre de l’Opéra.  Extraits de Different trains (Steve Reich), Quatuor n°2, op. 92 (Serge Prokofiev), extraits du Quatuor n°10 (Dimitri Chostakovitch).  Durée : 60’00.  Renseignements : 01 40 01 19 88. www.operadeparis.fr

©Raqueleta

 

Pierre Boulez dirige l’Ensemble intercontemporain.  Samedi 17 octobre 2009, 20h, Salle Pleyel.  Karlheinz Stockhausen : Kreuzspiel (1951) pour 6 musiciens, Kontra-Punkte (1952) pour 10 instruments, Fünf Weitere Sternzeichen (2007) pour orchestre.  György Ligeti : Concerto de chambre (1970) pour 13 instrumentistes, Aventures (1962) et Nouvelles Aventures (1965) pour 3 voix et ensemble.  Renseignements : 01 42 56 13 13. www.sallepleyel.fr

©Patrick Berger

 

« Les Automnales du Palais impérial de Compiègne ». Le samedi 17 octobre 2009, à 17h30 : récital du baryton José van Dam, avec Maciej Pikulski, piano.  Schumann : Les Amours du poète.  Berlioz : extraits de La Damnation de Faust.  Gounod : extraits de Faust.  Renseignements : 03 44 38 47 00. www.musee-chateau-compiegne.fr

Château de Compiègne, par Siméon Fort

 

L’Ensemble Motus se produira le mercredi 21 octobre, à 19h30, en la Mairie du IIe arrondissement de Paris.  Œuvres de Javier Álvarez, Denis Dufour, Christophe Ruetsch et Elzbieta Sikora [notre photo].  Renseignements : www.motus.fr

©DR

 

Des chants du Kalevala aux rythmes du XXe siècle.  Institut finlandais, le mercredi 28 octobre 2009, 20h, Eija Kankaanranta [notre photo], s’accompagnant au kantele, interprétera des chants tirés du Kalevala (épopée nationale finlandaise).  Le kantele était naguère utilisé, durant des séances d’incantation, pour faciliter l’accès aux états de transe chamanique.  Le concert sera précédé d’un exposé d’Eija Kankaanranta.  Renseignements : 60, rue des Écoles, Paris Ve.  Tél. : 01 40 51 89 09.  www.institut-finlandais.asso.fr

©Maarit Kytöharju

 

« We want Miles ! » Cette exposition (commissaire : Vincent Bessières) se tiendra à la Cité de la musique, du 16 octobre 2009 au 17 janvier 2010 .  Y sera retracé le parcours musical & personnel de Miles Davis - depuis East St-Louis, ville de son enfance, jusqu’au concert rétrospectif qu’il donna sur le site même de La Villette à Paris, quelques semaines avant sa mort.  Renseignements : www.citedelamusique.fr

Miles Davis en 1958 ©Sony Music Entertainment

 

« In Cortezia », ensemble de musique médiévale & renaissante, présente au Théâtre Essaïon jusqu’au 8 novembre 2009 : Arsène & la Corne magique (spectacle musical, à partir de 4 ans). Renseignements : 6, rue Pierre-au-Lard, Paris IVe www.essaion-theatre.com/spectacle-arsene-et-la-corne-magique-214.html

 

Musée Claude Debussy.  Le vendredi 16 octobre 2009, à 20h30 : « Les Goûts réunis » (François Gneri, alto / Denis Pascal, piano).  Œuvres d’Onslow, Coulais et Takemitsu.  Renseignements : 38, rue Au Pain, 78100 Saint-Germain-en-Laye.  Tél. : 01 34 51 05 12.  www.saintgermainenlaye.fr

 

« Nuovi Spazi Musicali », festival de musique contemporaine, se déroulera à Rome (Italie), les 5, 8, 12, 14 et 19 octobre 2009.  Entrée libreRenseignements : www.adagentile.it/festival.htm

« Musiques libres » : La IXe édition de ce festival se déroulera à Besançon, les 30, 31 octobre et 1er novembre 2009.  Renseignements : 03 81 83 39 09.  www.aspro-impro.fr

 

Les grandes orgues Cavaillé-Coll de Saint-Roch seront présentées au public lors de trois soirées pédagogiques, les 3, 4 et 5 décembre 2009, à 20h30.  Conférenciers : Gonzague Saint-Bris & Isabelle Sebah.  Partie musicale assurée par Isabelle Sebah, à la console, et le quintette de cuivres Eterna.  Renseignements : 296, rue Saint-Honoré, Paris Ier.  Tél. : 06 07 44 44 04. www.concert-orgue.com

 

Orchestre national d’Île-de-France. Particulièrement riche (concerts symphoniques, musique de chambre, actions éducatives…) est le programme 2009/2010 de cette phalange qui, comme à l’accoutumée, se produira dans Paris et nombre de cités de sa grande couronne.  Renseignements : 01 43 68 76 00. www.orchestre-ile.com

Maison de l’Orchestre ©DR

 

L’Ensemble 2e2m – formation dédiée à la musique contemporaine - donnera, en 2009-2010, 55 concerts, dans lesquels figureront 17 créations mondiales et 7 créations françaises.  L’Ensemble se produira en France, au Brésil, au Mexique, en Italie et en Allemagne - touchant quelque 18 500 spectateurs.  Renseignements : 01 47 06 17 76. www.ens2e2m@wanadoo.fr

©DR

 

Les Rencontres musicales de Puteaux se tiendront du 5 au 18 décembre 2009.  Avec notamment : June Anderson [notre photo], Jeff Cohen, sœur Marie Keyrouz, Marco Guidarini, Roberto Alagna, Régis Pasquier, Mathilde Pasquier, Cyprien Katsaris, Juan José Mosalini, le Quatuor Modigliani…  Renseignements : 06 27 07 89 56. www.lesrencontresmusicalesdeputeaux.com

©DR

 

L’exposition sonore « L’air du temps » est reconduite, au Musée d’ethnographie de Genève, jusqu’au 20 juin 2010.  Renseignements : +41 (0)22 418 45 50.  www.ville-ge.ch/meg

©MEG/Carl-Vogt

Francis Cousté

 


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Échos d’Utrecht

 

Jusqu’à présent célèbre pour les deux traités qui mirent fin, en 1713, à la Guerre de Succession d’Espagne, Utrecht vient de gagner des galons tout aussi importants : entre le 17 et le 26 juillet 2009, cette pittoresque petite ville située entre Rotterdam et Amsterdam a abrité la XVIIe édition d’Europa Cantat.  Il s’agit d’un rassemblement, à l’origine limité à l’Europe mais désormais mondial, de chœurs amateurs ainsi que, comme l’auteur de ces lignes, de choristes ou chefs de chœur isolés venus des quatre coins de la planète pour, en un laps de temps très court et avec des chefs de haute volée, étudier des œuvres en général peu connues.  Europa Cantat, qui se tient tous les trois ans dans un pays différent, est en réalité le laboratoire mondial du chant choral amateur : on y peut entendre et étudier des œuvres qui soit n’ont jamais été chantées en dehors de leurs pays d’origine, soit demandent des moyens - solistes et musiciens professionnels en grand nombre – dont peu de chœurs amateurs peuvent se prévaloir.

La pluie et le vent (nous étions bien en Hollande !) n’ayant jamais empêché personne de chanter, ces dix jours-là furent aussi exaltants qu’exténuants : de 9h à 12h30, chaque atelier (il y en avait 22 au total, en comptant les ateliers pour enfants et pour adolescents) travaillait son programme spécifique.  J’avais quant à moi opté pour « Women in harmony », un atelier de « Barber Shop Music » confié à un chef américain, spécialiste mondialement reconnu de ce style de chant typique du sud des États-Unis : son oreille impitoyable nous a permis de chanter juste et a cappella des accords savoureux, où des , mi et mib cohabitaient tant bien que mal - en fait plutôt bien, si j’en juge par la réaction enthousiaste des spectateurs à l’issu de notre concert final.

Nos après-midi n’étaient pas mal non plus, avec un premier concert à 15h et un second à 17h : ces « petits concerts », qui se donnaient simultanément dans toutes les églises de la ville, furent l’occasion d’entendre des chœurs constitués du monde entier, et en choisir deux fut un crève-cœur quotidien : en allant écouter un extraordinaire chœur de jeunes filles de Tel-Aviv, j’ai ainsi raté un autre chœur de femmes, d’Italie cette fois, paraît-il excellent.

À 19h15, après un repas avalé à la hâte (la haute gastronomie n’ayant jamais été l’objectif prioritaire d’Europa Cantat, ni d’aucun rassemblement de ce type), nous mettions le cap sur le « Chant Commun », dans le grand amphithéâtre qui pouvait asseoir 4 000 personnes.  Ce fut, pour moi, le temps fort de chaque journée : rien n’égale le bonheur de déchiffrer pendant 45’ - avec 2 800 choristes inconnus, lisant tous parfaitement la musique -, dans un recueil distribué à notre arrivée, les somptueuses polyphonies que les responsables musicaux d’Utrecht avaient mis trois ans à collecter : berceuse norvégienne, chant zoulou, mélopée du pays Sioux, prière tchèque, samba, calypso, psaume en hébreu, pour ne citer que les plus remarquables, me voilà - pour le plus grand bénéfice de mes choristes - avec des années de répertoire à exploiter !  À Utrecht plus que jamais, le Chant Commun aura été une véritable mine pour les nombreux chefs de chœur ayant choisi, comme moi, d’y participer chaque soir.

Puis la soirée se poursuivait après 20h dans le Grand Auditorium, avec les prestations de groupes néerlandais, afro-américains, suédois, chinois, finlandais, les groupes amateurs alternant avec quelques (rares) groupes professionnels.  Tandis que d’autres concerts se déroulaient parallèlement dans les diverses églises de la ville, nous obligeant, là encore, à faire un choix entre trois ou quatre programmes plus alléchants les uns que les autres.  J’ai ainsi raté, la rage au cœur, le concert de l’atelier « Bernstein on stage » et du Roi David d’Honegger, sans parler de la Messe a cappella en double chœur de Franck Martin, qui affichait complet ! Peut-être le nombre d’ateliers (et donc de concerts de fin de stage) était-il trop élevé, nous mettant dans l’impossibilité d’assister à tous.

©Utrecht

 

J’ai malgré tout éprouvé, au cours de cet Europa Cantat qui n’était pas, loin de là, le premier auquel j’assistais, trois chocs esthétiques majeurs : d’abord une extraordinaire Messe en Si de Bach – excusez du peu –, donnée par le chœur et l’orchestre universitaires d’Utrecht. Beaucoup de baroqueux auraient sans doute toussé : les instruments étaient modernes et jouaient donc au diapason 440, le latin était prononcé à l’italienne et le chœur comptait plus de 90 membres. J’ai pourtant rarement été aussi émue à l’écoute de cette œuvre, si difficile que peu de groupes – amateurs ou professionnels – s’y risquent en public : la jeunesse des interprètes, leur joie de servir une partition sublime qu’ils possédaient parfaitement, la précision et l’élégance de leur chef ont fait que ce concert, le plus long de tous, a filé comme l’éclair. Surprise supplémentaire : les étudiants en question se sont révélés, dans leur grande majorité, étudiant en lettres, chimie, droit ou médecine. Seule une petite minorité, parmi les instrumentistes et les solistes, se destinait à la musique !

J’ai ensuite découvert la Misatango, dite aussi « Messe de Buenos Aires », de Martin Palmeri, compositeur argentin de 40 ans qui l’écrivit il y a dix ans, et qui dirigeait en personne son atelier. Une messe en latin strictement fidèle à la liturgie, à la polyphonie très savante, mais construite sur un sombre thème de tango, qui parcourt toute l’œuvre avec des accents déchirants que l’instrumentation accentue encore. Œuvre tragique donc, mais facile à monter : outre un chœur mixte de bon niveau, elle n’exige en effet qu’un piano, un quatuor à cordes, un bandonéon, une contrebasse solo et une mezzo-soprano solo. Je me suis fait tout bas la promesse de diriger au plus tôt la Première française de cette messe. Mais le nombre de chefs de chœur français ayant choisi cet atelier - s’étant fait le même serment - risque de rendre la chose difficile !

Dernier choc esthétique, et non des moindres : le Stabat Mater de Karl Jenkins (compositeur gallois de 63 ans dont je n’avais jamais entendu parler).  Il s’agit d’une œuvre inclassable, composée en 2008, vaste fresque qui réussit la synthèse des trois religions du Livre, en replaçant la mort du Christ dans son contexte historique et géographique, à savoir la Palestine occupée par les Romains : d’où une alternance d’harmonieuses polyphonies sur le texte latin de Todi, de lamenti en araméen évoquant les pleureuses arabes, de psaumes en hébreu, de douces mélopées en anglais commentant avec tendresse les larmes de Marie, d’épisodes guerriers où se déchaînent les cuivres et où l’on voit véritablement défiler les légions romaines.  Ô surprise, le dixième numéro est un Ave Verum Corpus absolument sublime, tout en douceur, et qui, même s’il n’appartient pas au texte du Stabat Mater, ne sort pas du sujet puisqu’il évoque, lui aussi, la crucifixion.

Et que dire des darboukas et autres percussions de l’Orient qui, discrètement présentes dès le début de l’œuvre, prennent peu à peu le pouvoir au cours du douzième et dernier numéro, pour exploser à partir des mots « Paradisi Gloria », suivis d’un « Amen » de plus de 5’ : le « paradis » de Jenkins est sans aucun doute celui des musulmans, avec la fête, la danse, les femmes, les fleurs, le miel, le lait, des fruits à profusion, et des cordes frottées qui semblent prises de folie. On imagine tout à fait des derviches tourner pendant la fin de cet incroyable Stabat Mater, qui s’achève dans une danse hypnotique et sacrée.

 

En dépit de tant de moments de bonheur, je ramène d’Utrecht un gros regret et pas mal d’inquiétude : l’absence quasi totale d’enfants français dans l’atelier qui leur était réservé, et durant lequel a été montée, en répétant toute la journée, une mini-comédie musicale à couper le souffle.  Des petits Chinois, des petits Russes, beaucoup de Néerlandais, d’Anglais, de Belges et d’Allemands, mais une seule fillette française - dont la maman dirige la chorale de l’école primaire où elle enseigne.

Autre constat accablant : si les participants sont en général très jeunes à Europa Cantat, ce n’était pas le cas, à de très rares exceptions près, des Français que j’ai pu croiser ça et là – et qui, pour beaucoup, se sont révélés être, comme moi, des chefs de chœur désireux de continuer à se former et d’engranger du répertoire.  Que sera, dans 20 ans, le chant choral amateur dans notre pays ? Ce chant choral amateur qu’il est de si bon ton, aujourd’hui, de mépriser en haut lieu ? Ce chant choral amateur qui est l’âme d’un pays, et à qui l’on supprime peu à peu ses aides dans l’indifférence générale.  Que nous réserve l’avenir ?

 

Michèle Lhopiteau-Dorfeuille

 

 

 


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Festival de Salzbourg 2009

 

L'édition 2009 du festival de Salzbourg [notre photo] a offert une programmation peu commune dans le domaine de l'opéra puisque, à part l'action scénique de Luigi Nono Al gran sole carico d'amore, toutes les pièces présentées appartiennent à la période dite classique, de Haendel et Haydn à Mozart et Rossini.  Les productions soulèvent quelques interrogations quant aux choix artistiques effectués. S'il est normal que des représentants de la génération montante soient présents, il est regrettable que bien des chanteurs et chefs de renom ne le soient plus.  La direction actuelle de Jürgen Flimm, un homme venu du théâtre et non du monde de l'opéra, ne fait pas preuve à cet égard des qualités qui ont animé le mandat de ses prédécesseurs, un Gérard Mortier - même si source de controverses - ou un Peter Ruzicka.  Il faudra attendre l'été 2012 pour que le flambeau soit de nouveau porté haut, avec l'arrivée d’Alexander Pereira, actuel directeur de l'Opernhaus de Zürich. Les concerts auront, par contre, assuré le niveau d'excellence dont une telle manifestation de prestige se doit d'être le dépositaire.

©Tourismus Salzburg

 

De Rossini, Riccardo Muti a choisi de diriger Moïse et Pharaon ou le Passage la mer Rouge, plutôt que Mosé in Egitto, préférant ce remake, conçu en 1827 pour l'Opéra de Paris, eu égard à sa valeur musicale intrinsèque. Le caractère imposant de l'œuvre annonce les vastes compositions du grand opéra français, de Saint-Saëns et de Meyerbeer.  Le style en est sévère, tournant résolument le dos à la virtuosité vocale italienne, et la dimension symphonique est plus développée que dans la première version. L'action, élargie à quatre actes, permet de mieux narrer une épopée biblique, le destin du peuple hébreu captif des Égyptiens, conduit par Moïse, dans laquelle est sertie une belle histoire d'amour impossible. Muti aime visiblement cette musique dont les Wiener Philharmoniker épanchent les traits originaux. La mise en scène de Jürgen Flimm laisse une impression mitigée : régie d'acteurs paresseuse et grandes scènes chorales, pivot de l'œuvre pourtant, fonctionnant a minima, alors qu'on ne saisit pas un seul mot du texte chanté.  Le décor unique, vaste conque de bois, ferme l'action au lieu de la fluidifier. Le long ballet que Muti a tenu à jouer dans son intégralité sera, en guise de chorégraphie, prétexte à une succession d'images énigmatiques et de déroulé de textes saints projetés sur le rideau de scène, et en allemand.  Mais l'œil écoute-t-il alors ? Il est dommage que n'aient pu être trouvées des voix emphatiques capables de restituer le ton juste qui sied au grand opéra français. La plupart d'entre elles souffrent d'un manque d'articulation et ne se projettent pas. Tel est le cas du Moïse d’Ildar Abdrazakov, ce qui est bien dommage car le rôle, privé d'aria significatif, assure une fonction de narrateur. Reste que Muti reprend vite la main et que ce qui a l'allure d'un drame intra-familial de la vie ordinaire prend à travers l'orchestre une dimension de légende.

 

Présenter l'oratorio Theodora de Haendel sur le vaste plateau du Grosses Festspielhaus relève de la gageure. C'est pourtant le pari que tente le régisseur Christof Loy qui explique vouloir privilégier les grands espaces pour une quête illimitée de sens. Le sujet biblique du double martyr de Theodora et de Didymus peut se laisser adapter à la scène car il forme un drame musical où les passions s'expriment avec emphase.  Comme toujours chez le compositeur, la peinture des caractères est finement pensée : la digne jeune femme qu'anime l'idée de renoncement et en proie à l'amour, au sens chrétien du terme ; Didymus, un brave soldat romain, converti par elle, placé devant un conflit de loyauté ; Septimius, cet autre soldat confronté lui aussi au choix entre vie et mort ; le tyrannique Valens.  Mais ce sont sans doute les chœurs qui sont l'âme de l'œuvre. Le Salzburger Bachchor est ici magistral, défendant avec une rare présence et une extrême acuité ces couleurs variées, cette recherche du pittoresque, cette modernité qui font tout le prix de la pièce.  Si leur nombre généreux s'accomode de l'immensité de la scène, il n'en va pas autant des solistes, souvent dispersés et gênés par le fait de devoir évoluer sur un espace sans fin : lieu ouvert que délimite à l'arrière plan un gigantesque orgue à tuyaux, pour le symbole chrétien, et paré de deux lustres, façon byzantine, manière de rappeler que l'action est située à Antioche. La régie est d'une sobriété d'ascèse, n'était un immanquable ballet de chaises dont la théorie est faite et défaite à satiété au fil de la soirée. Quelques beaux arrêts sur image ne parviennent pas à taire le sentiment que décidément l'œuvre est jouée dans un volume qui ne lui convient pas. La musique de Haendel, combien intense, en même temps pure et tendre, est défendue avec conviction par Ivor Bolton et surtout par le merveilleux Freiburger Barockorchester qui offre une fête permanente de sonorités envoûtantes. Le chef favorise un débit lent, en accord avec la présentation scénique empreinte d'affliction. Le contre-ténor Bejun Metha, Didymus, est sans nul doute le héros de la distribution qui offre encore le beau ténor de Joseph Kaiser, l'intense Irène de Bernarda Fink et la touchante Theodora de Christine Schäfer ; même si ces deux dernières doivent lutter contre la configuration des lieux.

 

La reprise de Armida de Haydn confirme que Christof Loy est autrement inspiré dans ce lieu unique qu'est la Felsenreitschule (salle dite du « manège des rochers »).  La proximité du plateau qu'aucune ouverture de scène ne délimite et son espace naturel offrent de multiples possibilités au metteur en scène. L'endroit idéal, comme il le reconnaît lui-même, pour monter l'ultime opéra de Haydn et créer des ambiances attractives. La relation à la fois d'amour et de défiance qui se tisse entre la reine et sorcière Armida et le preux chevalier Rinaldo, sur fond de deux mondes qui s'opposent, les chrétiens et les habitants de Damas, révèlent des figures mythiques.  La régie se coule sans heurt dans le moule de l'opera seria et livre en des dialogues animés un tourbillon de sentiments contradictoires et exacerbés jusqu'à la rage et la frustration, la violence même. L'utilisation de l'entier plateau ménage aussi bien l'intimité des échanges que les visions guerrières. Ces dernières, autant de courses poursuites effrénées, ne manquent pas leur effet épique. L'aspect minimaliste de la décoration a une fonction de catharsis, telle la vision de ciel d'azur qui émerge des loges creusées à même la pierre, pour symboliser la forêt enchantée.  La prestation vocale est excellente.  Michael Schade, dont le timbre prend ces temps-ci une belle couleur héroïque, est un Rinaldo de classe. Annette Dasch donne au personnage titre une vraie force tragique. La diction exemplaire de Richard Croft pare la partie de Idreno d'une aura de distinction. La basse Vito Priante, la soprano léger Mojca Erdmann et le jeune ténor Bernard Richter complètent une distribution sans faille.  Ivor Bolton s'empare avec fièvre du discours orchestral, comme de la prolixité des récitatifs secco qu'il accompagne du clavecin. Il est aussi à l'aise que dans l'oratorio de Haendel, quoique son orchestre du Mozarteum ne puisse rivaliser, question raffinement, avec l'orchestre de Fribourg.

 

La reprise des Nozze di Figaro renouvelle la réussite de 2006, avec une exécution musicale et une distribution en partie nouvelles. La régie de Claus Guth apporte au chef-d'œuvre de Mozart un nouvel éclairage : une lecture intelligente et combien pénétrante qui ne sombre pas dans l'effet facile. Car elle met à nu le trouble qui agite les esprits, ce libertinage qui règne sans partage chez la plupart des personnages, du maître des lieux, le Comte, à l'aspirant en amour, Chérubin.  Rarement ce dernier a si bien été placé au cœur de l'action et saisi d'une manière aussi vraie : étonné de sa propre audace, déjà conquérant au point de déchaîner chez celles qu'il côtoie des réactions presque incontrôlées.  Ainsi de Suzanne et de la Comtesse succombant plus qu'en pâmoison lors de l'arietta Voi che sapete ou de la courte scène de l'habillage. Ce qui est plus fascinant encore, ce sont les sous-entendus que révèlent d'habiles jeux de scène : la relation ambiguë entre Suzanne et le Comte, ce dernier presque interdit devant sa hardiesse, la camériste tout sauf innocente ; celle tumultueuse entre les nobles époux, en particulier la Comtesse victime de sa propension à épier les faits et gestes de son insatiable époux, mais elle-même à l'occasion bien imprudente dans l'expression de ses inclinations.  Et que dire des émois de Chérubin et de Barbarina, qui dépassent la simple camaraderie potache ! Et puis l'intervention d'un personnage muet, Cherubim, incarnation de l'âme des protagonistes, qui exprime leurs conflits intérieurs, leurs aspirations et déchirements, n'ajoute-t-il pas à l'action comme une troisième dimension ! Le rythme est, semble-t-il, plus allant que naguère, dû sans doute à la direction musclée de Daniel Harding - en comparaison de celle moirée de Harnoncourt.  Encore que le bouillant maestro ait mis de l'eau dans son vin et abandonné les excès qui affectaient son Cosi fan tutte aixois.  Les tempos sont plus mesurés, presque lents parfois, paradoxalement dans les ensembles.  Et comment résister aux sonorités ductiles et transparentes des Viennois qui, plus que toute autre formation, méritent à Mozart son nom de divin. Du plateau vocal prestigieux, on détachera Gerald Finley, un Comte d'une formidable autorité et d'une vocalité somptueuse.

 

Côté concerts, le festival proposait la résidence du West Eastern Divan Orchestra - sa deuxième ici - dirigé par son mentor Daniel Barenboim. L'un d'eux, à ranger dans  la catégorie chambriste, réunissait autour de l'Octuor pour cordes de Mendelssohn, des pièces pour formation réduite de Berg et Schoenberg. De ce dernier la Kammersymphonie op.9 pour quinze instruments solo apporte de forts contrastes tout au long de ses cinq parties. Ce qui déchaîna une mini-révolution lors de sa création à Vienne en 1906, apparaît d'une modernité toute acceptable aujourd'hui. Les solistes du WEDO font montre, sous l'œil attentif du maître Barenboim, depuis la loge d'avant-scène de la grande salle du Mozarteum, d'une vaillance peu commune. Le Kammerkonzert pour piano, violon et 13 vents d'Alban Berg, créé en 1927 à Berlin, bénéficie d'une exécution tout aussi inspirée avec Barenboim fils au violon et un jeune pianiste prodige Karim Said.  Au milieu de ces épisodes modernistes, l'Octuor de Mendelssohn fait figure de havre de paix avec ses arabesques raffinées et sa texture légère.  Là encore les membres du WEDO prouvent leur extrême musicalité et un sens de l'ensemble que bien d'autres formations chambristes peuvent leur envier.

 

Les Wiener Philharmoniker, piliers et vedettes du festival, ouvrent les bras à la nouvelle génération des chefs d'orchestre. L'association avec leur compatriote Franz Welser-Möst paraît déjà fructueuse. Le courant passe assurément. Pour preuve, l'exécution immaculée de la Symphonie n°9 de Bruckner.  Le flair du chef pour trouver le ton jute, notamment dans les transitions, l'art de bâtir un crescendo qui s'enfle au point d'incandescence, et même d'imposer au public le silence après le dernier accord, sont des signes qui ne trompent pas.  Welser-Möst, en plus d'être un chef de théâtre accompli - tant apprécié à l'Opernhaus de Zürich -, est un musicien complet. Le premier mouvement possède la grandeur, la sobriété et tout le mystère qui conviennent à une œuvre vouée au Créateur. Le scherzo a l'élan implacable des chevauchées fantastiques qu'entrecoupe un trio relaxant. Tandis que l'adagio fait entrer de plain pied dans l'univers grandiose de la foi. Inachevée la Symphonie n°9 est à la fois le chant du cygne et le testament musical du maître de Saint Florian. Le concert débutait par le Concerto pour violoncelle de Schumann, dont la partie médiane forme une belle méditation lyrique.  Clemens Hagen, celliste du célèbre quatuor, en offre une exécution recueillie, d'une belle musicalité, ne cherchant pas à tirer la couverture à soi.

Jean-Pierre Robert

 

 

 

 

 

 


Prodigieux Orchestre de Chicago

 

Le Chicago Symphony Orchestra, prince des phalanges nord-américaines, vient de gratifier l'auditoire de la salle Pleyel d'un concert d'anthologie.  La conjonction d'un chef de l'envergure de Bernard Haitink, dépositaire de la grande tradition européenne, forgée au Concertgebouw, est on ne peut plus fructueuse. Nulle brillance ostentatoire, mais une plastique sonore d'une profondeur qu'on croyait seuls capables d'atteindre des philharmonies telles que celles de Vienne et de Berlin. L'exécution de la Symphonie n°101 de Haydn s'en ressent dès les premières mesures : clarté et équilibre sont les maîtres mots.  Le soyeux des cordes, l'aérien des bois sont pur enchantement.  Haitink joue le classicisme à fond et confère à ce morceau un charme empreint de grandeur. On savoure l'inventivité apparemment sans limite du compositeur - ce délicat mouvement de balancier qui ouvre l'andante, en forme de tic-tac d'horloge - et on retrouve avec joie ces effets de surprise qui lui sont chers, comme à l'heure du trio central du 3e mouvement, les diverses entrées de la flûte solo.  Le travail d'orchestre est encore plus saisissant avec la Septième Symphonie de Bruckner.  Là encore, la direction d'une extrême limpidité autorise un agencement naturel des volumes et le discours laisse à voir ce que ces pages doivent aux classiques allemands. La vision de Haitink est celle d'un esthète qui prend le temps de construire des paysages choisis, de peaufiner chaque nuance, sans jamais cependant rechercher l'effet et sombrer dans le déferlement sonore massif.  De cette vaste fresque où Bruckner a mis tant de lui-même, hommage appuyé à Wagner aussi bien que marque de sa foi profonde, Haitink déploie les climats en forme de nef sonore, les longues phrases des cordes graves ouvrant quelque espace infini, les crescendos majestueux progressant jusqu'à l'incandescence.  La manière de contraster, autant de jeux entre ombre et lumière, est ici toute intérieure. La noblesse de l'émotion qui émane de l'adagio est vraiment poignante.  Beau festin orchestral que magnifie l'exceptionnel fini instrumental d'un orchestre d'élite.

Jean-Pierre Robert

 

 

 


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Deux nouvelles œuvres de Mozart authentifiées.

Pour étrange que cela puisse paraître, deux manuscrits viennent d'être authentifiés comme étant de la main de Mozart. Jusqu'alors considérés comme des compositions anonymes, ils ont été identifiés par le Département musicologique de la Fondation Internationale Mozarteum de Salzburg. Il s'agit de deux pièces pour piano : un Molto Allegro très virtuose qui semble constituer le premier mouvement d'un Concerto pour clavecin et orchestre en sol majeur, d'une durée de cinq minutes, dont seules les parties de solo ont été notées et, le précédant immédiatement, un Prélude fragmentaire qui ressemble dans sa facture pianistique au mouvement de concert.  Ces compositions datent des années 1763-1764, donc bien avant le Premier Concerto pour piano K.175 de 1773.

©Wolfgang Lienbacher

 

On peut les situer à la fin des petites pièces miniatures qui composent le Livre de musique de Nannerl que Léopold Mozart avait pogressivement constitué à partir de 1759 pour sa fille et renfermant les premières compositions de Wolfgang Amadé Mozart.  Si l'écriture rapide signale celle de Léopold Mozart - comme il avait l'habitude de le pratiquer lorsqu'il notait ses propres compostions et celles que son jeune fils, qui ne savait pas encore écrire la musique, lui jouait - la paternité ne peut lui être attribuée pour des raisons stylistiques. La grande antinomie existant entre les hautes prétentions techniques et un certain manque d'expérience dans le domaine de la composition - alors que Léopold était un musicien averti - tendent à prouver de manière quasi certaine que le jeune Mozart en est l'auteur.

La première exécution publique - avec accompagnement d'orchestre, complété par le musicologue Robert Levin - aura lieu à Salzburg, dans le cadre de la Semaine Mozart, fin janvier 2010 (Cf. : www.mozarteum.at).

©Erika Mayer

 

Le festival Présence 2009-2010 : Paris-Shangaï.

Pour sa vingtième édition, le Festival de création musicale de Radio France se poursuivra à Paris, à la Maison de Radio France, les 13, 14 et 15 novembre 2009, et à Shangaï, au Grand Théâtre, du 30 avril au 4 mai 2010, dans le cadre de l'Exposition universelle de 2010.

Le week end parisien proposera un hommage à Frank Zappa à travers le regard porté par son collègue hongrois Peter Eötvös qui l'a bien connu.  Plusieurs créations de ce dernier alterneront avec des pièces de Zappa et de son univers rock.  La semaine à Shangaï sera l'occasion de tracer un portrait du compositeur chinois Qigang Chen, dont la création française de son Concerto pour violoncelle « Reflet d'un temps disparu », par Gautier Capuçon, et la création chinoise de son Concerto pour piano, par Lang Lang et Myung-Whun Chung à la tête du Philharmonique de Radio France. Plusieurs concerts présenteront des créations d'autres musiciens chinois et français, notamment des lauréats 2007, 2008 et 2009 du concours de composition Présence. Tous les concerts sont gratuits.

Renseignements : 01 56 40 15 16 . www.concerts.radiofrance.fr

 

Exposition Charles Gounod, Mireille et l'Opéra.

Une intéressante exposition consacrée à Charles Gounod se tient actuellement à la bibliothèque du Palais Garnier qui est une dépendance de la BnF.  Organisée à l'occasion de la présentation en ce théâtre de Mireille, elle présente des documents, portraits, partitions, maquettes de décors et de costumes. Elle est divisée en trois parties : Gounod, l'homme et le musicien / Mireille, de la création à nos jours / les autres opéras du maître. Les pièces proviennent, entre autres, de la BnF, de l'Opéra de Paris, mais aussi du Musée Ingres de Montauban et du Musée Arlaten à Arles.

Bibliothèque du Palais Garnier, place de l'Opéra, Paris Ier.  De 10h à 16h30, jusqu'au 18 octobre 2009.

 

Premiers pas du Centre de formation d'apprentis des métiers des arts de la scène.

Le Centre de formation d'apprentis des métiers des arts de la scène, installé à l'Opéra de Lorraine-Nancy (cf. notre Newsletter de septembre 2009), qui dispense aux jeunes une formation générale associée à un enseignement artistique et pratique de ces métiers, connaît sa première rentrée. Six jeunes sous contrat d'apprentissage ont été retenus pour la saison 2009/2010, à savoir : deux chargées de production (l'une sera affectée à l'Opéra de Nancy), un artiste du chœur (il attend une réponse de l'Opéra-Théâtre de Metz), deux régies plateau (l'une est engagée par l'Opéra-Comique à Paris, l'autre est en attente de réponse de l'Opéra national de Montpellier), enfin une bibliothécaire de partothèque (elle pourrait rejoindre le CNR de Nancy).

©Opéra national de Lorraine

Jean-Pierre Robert

 

 

 

 

 



ORGUE

Guy MORANÇON : Transcriptions d’orgue. Éditions du Chant du Monde (31-33, rue Vandrezanne, 75013 Paris. pianco@chantdumonde.com) : OR 46 38.  2009. 93 p.  27,50 €.

Les interprètes apprécieront à leur juste valeur, tant musicale que pratique, ces remarquables transcriptions pour orgue réalisées par Guy Morançon.  Ils y trouveront, d’une part, des chorals, des œuvres spécifiques : Les carillons de Paris de Louis Couperin ; L’air de la Pentecôte de la Cantate BWV 68…, d’autre part, la Marche d’Alceste de Chr. W. Gluck ; la Sonatine en fa majeur (original pour mandoline & piano) de L. van Beethoven ; un Chant populaire des Romances sans paroles de F. Mendelssohn, ou encore la très belle Chaconne de Didon et Énée de H. Purcell et le Prélude et Fughette en sol majeur, peu connu, de Ch. Gounod.  Les sources, des indications de registration précises et d’interprétation (croches inégales, non legato) seront très utiles.  Cette édition présentée par Le Chant du Monde se doit de figurer dans toute bibliothèque d’organiste.

Édith Weber

 

FORMATION MUSICALE

Iyad HAIMOUR, Naziba CHABANI, Alain CHALÉARD, Louis SOREL : Proche-Orient.  « Rythmes en stock ».  Album + CD. Lugdivine.

La collection d’Olivier Noclin n’est plus à présenter. Elle s’adresse aussi bien aux classes de formation musicale des écoles de musique qu’aux classes de collège. Chaque volume comporte partitions de chant, de percussions et tous éléments pour adapter ces partitions aux différentes situations pédagogiques. Chaque pièce est présente sur le CD en trois versions, ce qui permet une grande souplesse d’utilisation. Les auteurs nous proposent ici de découvrir les principaux archétypes des rythmes et chants des pays du Proche-Orient, région à la fois riche et contrastée.  On y découvre en particulier les modes caractéristiques de ces musiques.  On y trouve également une approche détaillée de tous les instruments traditionnels. Il s’agit d’un travail remarquable, à la fois pleinement sérieux dans son approche et pédagogique dans sa présentation et sa réalisation.

 

Estaçao ESQUIROL : Brésil.  « Rythmes en stock ».  Album + CD. Lugdivine.

On se reportera à ce qui est écrit ci-dessus à propos de cette remarquable collection.  Toutes les caractéristiques indiquées se retrouvent ici.  Consacré à la samba et autres musiques brésiliennes, ce volume comporte une découverte du pays et de sa culture ainsi que de ses instruments traditionnels.  Là aussi, trois versions des cinq titres proposés permettent une adaptation pédagogique à chaque situation. Il s’agit d’une approche d’une grande richesse. Les illustrations sont, en particulier, utilisées avec beaucoup de soin.

 

Sylvie DÉBÉDA & Florence MARTIN : Hector, l’apprenti musicien. Vol. 5 – 2e cycle de FM. 1 volume textes – 1 volume activités.  Van de Velde : VV 282.

Voici le 5e volume de la collection. Sa caractéristique est de s’appuyer essentiellement sur les textes. Il a pour vocation de répondre à l’attente des instrumentistes du second cycle. Cette cohérence se fait à partir de nombreuses œuvres vocales et instrumentales du XIIIe au XXIe siècle. Une table analytique permet de faire la synthèse des acquisitions, avec renvoi à la page et l’œuvre où se trouve chacune d’elles.  Cela va des intervalles à l’harmonie, qui pousse assez loin les outils d’analyse - y compris basse continue et notation anglo-saxonne.  Un tableau chronologique des compositeurs & un index de théorie complètent le tout. Le cahier d’activités permet une utilisation méthodique des textes du cahier : rythme, audition, intonation, analyse, etc. Il ne s’agit donc pas d’une méthode, mais d’un remarquable et copieux instrument de travail.

 

Pierre CHÉPÉLOV & Benoît MENUT : La dictée en musique.  Rythme, mélodie, harmonie, timbre.  Niveau : milieu de 2e cycle.  Textes du répertoire.  1 volume élève, 1 volume de corrigés, 1 CD.  Lemoine : 28423 H.L.

Ces copieux exercices (pas moins de 53 propositions) accompagnés d’un CD, non moins copieux et remarquablement enregistré, forment un ensemble qui trouvera place aussi bien dans le cours de Formation musicale que dans une formation pour enfant ou adulte désireux de se perfectionner dans les domaines de l’écoute : les éléments énumérés dans le titre sont présentés également mélangés et font l’objet de dépistage de fautes.  L’interversion, dans le CD, de deux plages des cantates de Bach ne nuira en rien à l’utilisation féconde de ce recueil : c’est aussi un dépistage de fautes !

 

FLÛTE TRAVERSIÈRE

Angelica CELEGHIN : Autori italiani dell’Ottocento per flauto e pianoforte.  Bärenreiter : BA 8174.

Soigneusement édité, ce recueil contient cinq pièces, à la fois brillantes et expressives, qui permettront d’enrichir le répertoire de l’instrument avec des auteurs italiens qu’il est agréable de redécouvrir : Emanuele Krakamp, Giulio Briccialdi, Raffaele Galli et Giuseppe Gariboldi, maîtres italiens pour la flûte. Elles conviennent aux niveaux élémentaire et moyen.

 

Jacques RIOU : Flamenco-Blues pour un prophète.  Pour quatre flûtes, dont une en sol (alto).  Combre : C06598.

Jacques Riou a été l’élève de Roger Bourdin, ce grand flûtiste souvent calomnié et trop tôt disparu.  Il en a toute la fantaisie et l’humour, sans négliger la perfection du style. Cette pièce est un vrai poème symphonique en miniature - succession de seize saynètes qui s’enchaînent sans interruption en 6’00 et 135 mesures.  Musique à déguster, sans bouder son plaisir !

 

CLARINETTE

Carl Maria von WEBER : Concertino en mib majeur op.26.  Original pour clarinette & orchestre.  Transcription pour clarinette solo & quatuor de clarinettes, par Jérôme Julien-Laferrière.  Billaudot : G 7845 B.

Cette pièce est de degré difficile pour la partie de soliste. Les parties d’accompagnement semblent plus abordables. Notons que la quatrième clarinette doit être une clarinette basse.  Souhaitons beaucoup de plaisir à ces classes instrumentales.

 

SAXOPHONE

Christian LAUBA : « XYL » Balafon 2.  12e Étude pour saxophone alto.  Album + CD.  Leduc : AL 29 817 (cahier) – AL 30 369 (CD).

On pourrait se borner à dire comme le compositeur : « Étude sur la respiration continue, le registre grave et aigu, les crescendo et decrescendo dynamiques, rythmiques et mélodiques, les valeurs rationnelles et irrationnelles, le chromatisme et la virtuosité digitale ».  Cette pièce contient tout cela, certes, mais elle est surtout de la très belle musique, pleine d’intérêt et de lyrisme.  Rien de mécanique ni de contraint dans ce flot ininterrompu où la technique est au service de l’expression. Ajoutons que le CD, enregistré par Richard Ducros, permet de se pénétrer pleinement des qualités de l’œuvre.

 

BASSON

Philippe RIO : Promenade à Brionne, pour basson & piano. Lafitan : P.L. 1842.

Cette pièce de niveau débutant constitue une bien agréable et paisible promenade normande.  Des jeux intéressants sur les tessitures des deux instruments permettent de piquants dialogues entre piano & basson. On peut faire simple et… de l’excellente musique…

 

TROMPETTE

Michel PELLEGRINO : Initiation au jazz pour trompette : jouez les grands thèmes du jazz ! St James Infirmary, Jericho, Nobody knows, Let my people go, The house of the rising sun, Joe Turner, Teacher’s Blues, Bucket’s got a hole in it.  Album + CD.  Lemoine : 28 564 HL.

L’ambition de l’auteur n’est pas d’enseigner le jazz, mais de donner au trompettiste débutant un outil qui lui permette de s’éveiller à l’écoute et l’interprétation de cette musique. Il ne s’agit pas d’un enchaînement de pièces, mais d’une véritable initiation à l’exécution et à l’improvisation.  Une brève histoire du jazz précède l’ensemble.  Au fil du recueil, on trouve les accords, le tableau des gammes pentatoniques et des gammes blues.  Quant au CD, c’est un outil fondamental : il présente non seulement les morceaux réalisés et le play-back, mais aussi des exemples d’improvisation et les éléments fondamentaux pour se lancer et faire les premiers pas.

 

TROMBONE

Gilles MILLIÈRE : 15 Études divertissantes & progressives pour trombone (2e et 3e cycles).  Combre : C06571.

Ces quinze études, en forme de clin d’œil à quelques grands compositeurs - de Beethoven à Satie en passant par Bizet, Kosma, Offenbach (par ordre alphabétique, rassurez-vous…) - devraient procurer un réel plaisir à leurs exécutants. Mieux que des études, ce sont de charmants tableautins à présenter en audition ou en concert…

 

Alexandre CARLIN : Le Chevalier à la coulisse, pour trombone en ut & piano.  Lafitan : P.L. 1885.

Voici une pièce sympathique qui illustre bien son titre.  Notre chevalier, d’abord triomphant, laisse échapper – en mineur – quelques soupirs avant de repartir, triomphalement, à la croisade… De niveau débutant, elle ne demande pas non plus au pianiste un niveau trop élevé.

 

Max MÉREAUX : Comptine pour trombone en ut & piano.  Lafitan : P.L. 1862.

Cette jolie pièce à l’allure quelque peu nostalgique permettra au débutant de mettre en valeur son phrasé et son sens musical, en même temps que - dans la partie centrale - une certaine vélocité.

 

COR

Max MÉREAUX : Impromptu pour cor & piano.  Combre : C06630.

Conçue pour la fin du deuxième cycle, cette pièce très lyrique mettra en valeur la musicalité de son interprète. La partie de piano ne présente guère de difficultés et pourra être également confiée à un élève.

 

Max MÉREAUX : Rivage pour cor en fa (ou mib) & piano.  Lafitan : P.L. 1867.

De niveau débutant, cette pièce est d’une écriture classique et fort poétique. L’accompagnement de piano ne présente pas de difficulté.  Il offrira à deux élèves une bonne occasion de s’initier à la musique de chambre.

 

BATTERIE

Bernard ZIELINKI & Michel NIERENBERGER : Hommage à Pei, pour caisse claire, cymbale, grosse caisse (un exécutant) & piano.  Leduc : AL 30 418.

Écrite pour les niveaux premier et deuxième cycle, cette pièce est extrêmement variée et contrastée ; elle n’est pas si facile à mettre en œuvre. Il n’empêche qu’elle est très intéressante, par la vie qui l’anime et ses constants changements de rythme, de tempo et de couleur.

 

ACCORDÉON

Jean-Michel TROTOUX : Petit bonhomme, pour accordéon à basses composées.  Lafitan : P.L. 1903.

En lisant cette charmante et très facile pièce (niveau débutant), on ne peut s’empêcher de se ressouvenir de certaine chanson du folklore alsacien.  De quoi donner envie de danser aux auditeurs du jeune accordéoniste.

Daniel Blackstone

 

PIANO

Anne-Lise GASTALDI & Valérie HALUK (Conçu et coordonné par)  : Piano Project.  Onze pièces d’auteurs contemporains.  Universal Edition : UE 33662.

Cet album regroupe onze pièces inédites (de niveau moyen à avancé) de neuf compositeurs majeurs d’aujourd’hui.  Pièces de concert certes, mais qui - n’en doutons pas – feront l’objet de morceaux de concours : Pièce pour jeunes pianistes (G. Aperghis), Une page d’éphéméride (P. Boulez), Antipodes (I. Fedele), El juguete olvidado (Cr. Halffter), Stille (M. Jarrell), …feuilles mortes…, Consolation sereine, Hommage à Jehuda Elkana (G. Kurtág), Un taxi t’attend, mais Tchekhov préfère aller à pied (P. Eötvös), Acrobacias (L. de Pablo), Dita unite a quattro mani (S. Sciarino). 

D’utiles explications (en anglais, français et allemand) précèdent chaque pièce.

UE Piano Project

 

Les Éditions du Centre de musique baroque de Versailles (www.cmbv.fr), sises en l’Hôtel des Menus-Plaisirs, enrichissent leurs collections :

« Instrument seul »

Jean-Jacques BEAUVARLET-CHARPENTIER (1734-1794) : Six fugues pour l’orgue ou le clavecin, op. VI (1777).  Habilement écrites sans pédalier obligé, ces six fugues (La, ut, ut, la, , ) sont aisément interprétables sur clavecin ou piano-forte.

« Musique de chambre »

Jacques AUBERT le Vieux (1689-1753) : Les Jolis Airs ajustez à deux violons, op. XVII.  Ces dix plaisantes Suites seront accessibles à tous duos de violonistes - seraient-ils « verts »…

« Orchestre »

André-Joseph EXAUDET (1710-1763) : Concerto à cinq avec violon principal & orchestre (ca 1755).  « Maître de violon » de Louis-Joseph, prince de Condé, ce compositeur nous a laissé bien d’autres partitions que celle d’un fameux Minuetto gracioso - tant utilisé plus tard comme timbre (et jusqu’à Alexandre Dumas, dans La comtesse de Charny).  En témoigne - et de belle facture - le présent concerto (Andante, Largo, Allegro ma non presto), où le violon principal met en valeur tous les registres de l’instrument.

Henri-Joseph RIGEL (1741-1799) : Les 14 Symphonies imprimées.  Préface d’Hervé Audéon, éditeur scientifique.  Éditées du vivant du compositeur, ces superbes symphonies furent « arrangées » dans les années 1930.  Voici enfin rééditées - assorties de tout l’apparat critique souhaitable – les partitions originelles.

Johann SCHOBERT (ca 1735-1767) : Concerto pour le clavecin n°4, en ut majeur, op. XV. 

Brève mais brillante fut la carrière de ce compositeur, claveciniste du prince de Conti, auquel le jeune Mozart prit plusieurs thèmes.  Une vingtaine de ses œuvres nous sont parvenues, dont cinq concertos pour clavecin bâtis sur le modèle du concerto pour soliste (découpe en trois mouvements, alternant passages en solo et sections en tutti).  Ainsi ce 4e Concerto pour le clavecin constitue-t-il un parangon du futur concerto classique.

« Chœur »

Annibal GANTEZ (1607-1668) : Missa « Laetamini ».  De ce compositeur marseillais ne nous sont parvenus qu’un motet dédié à Louis XIII, deux messes et la chanson Patapatapan écrite à l’occasion de la naissance du dauphin.  La présente messe, à 4 parties (superius, contra, tenor & bassus), parut en livre de chœur, avec privilège royal, en 1641 chez Balland.

« Chœur & orchestre »

Nicolas BERNIER (1665-1734) : Benedic anima mea DominoÉcrit d’après le psaume 103, voici le deuxième des dix-huit grands motets du « maître de musique à la Sainte-Chapelle de Paris ».  Les parties orchestrales manquantes ont été restituées par Gérard Geay : orchestre à 5 parties à la française (flûtes, dessus de violon 1 & 2, hautes-contre, tailles, quintes et basses de violon).

« Œuvre lyrique »

André-Cardinal DESTOUCHES (1672-1749) : Le Carnaval et la Folie.  Livret d’Antoine Houdar de La Motte.  Partition disponible en format de poche.  Inspirée de l’Éloge de la Folie d’Érasme, cette comédie-ballet met en scène, en un prologue & cinq actes, la ruse de Momus et les divins plaisirs de l’Amour - dramaturgie mêlant plaisamment air, prélude, chaconne, passe-pied, gigue, menuet, gavotte, symphonie…

Hôtel des Menus-Plaisirs©DR

Francis Gérimont

 

 

 

 



Jean-Yves PATTE (textes) & Yves HENRY (piano) : Les étés de Frédéric Chopin à Nohant.  Préface : Pierre Henry.  Introduction : Jean-Yves Clément.  Éditions du Patrimoine (www.monuments-nationaux.fr).  Grand album relié : 24,5 x 28,5 cm.  116 p., fac-similés, 120 illustrations couleurs, 4CDs.  39 €.

Richement illustré, ce magnifique album offre un portrait sensible du compositeur durant les neuf années (1939-1847) que dura sa liaison avec George Sand.  Lors des séjours à Nohant, qui duraient presque six mois chaque année (« Il m’est impossible de composer pendant l’hiver » disait-il), Chopin composa une partie essentielle de son œuvre - ci-incluse dans les quatre CDs enregistrés par le pianiste Yves Henry (www.yveshenry.fr).  Annexes : Repères chronologiques / Petit bottin des amis de Nohant / Bibliographie.

 

Misha ASTER : Sous la baguette du Reich.  Le Philharmonique de Berlin et le national-socialisme.  Traduit de l’allemand par Philippe Giraudon.  Éditions Héloïse d’Ormesson (www.editions-heloisedormesson.com).  14 x 20,5 cm, 414 p., cahier de photos n&b.  25 €.

Quelque 70 ans plus tard, le Berliner Philharmoniker (fondé en 1882) nous ouvre ses archives… L’orchestre ayant été acquis par le Reich en 1933, ses membres - désormais fonctionnaires - passent sous l’autorité de Goebbels, ministre de l’Éducation du peuple et de la Propagande.  Étendard culturel de l’Allemagne nazie, le Berliner Philharmoniker se produira désormais dans le monde entier et lors des grandes manifestations du régime : Congrès de Nuremberg, Jeux olympiques de 1936, anniversaires du Führer…  Misha Aster dresse un portrait minutieux des différents acteurs : musiciens (parmi lesquels des partisans du régime et une poignée de juifs), dignitaires du IIIe Reich (Goebbels, Göring, Hitler) et grands chefs d’orchestre (Furtwängler, R. Strauss, Karajan).

 

Voir la musique.  Revue Terrain n°53.  21 x 27 cm, 176 p., ill. n&b et couleurs (livraison accompagnée d’extraits sonores à écouter sur : http://terrain.revues.org). 16 €.

Que donne à voir la musique ? Que donne à entendre l’œil ? Représentations de la musique par la peinture, systèmes de notation musicale, articulations entre sons & mouvements, pouvoirs de la musique de déclencher couleurs, images mentales ou paysages, synesthésie…  S’inspirant du fameux L’œil écoute de Claudel, cette magnifique « revue d’ethnologie de l’Europe » nous propose huit articles de fonds : Voir la musique (Madeleine Leclair), Voir écouter (Philippe Junod), À l’écoute de Paul Klee (Annie Paradis), Sons & couleurs, des noces inachevées (Patrick Crispini), L’improvisation musicale et l’ordinateur (Marc Chemillier), Musique, mouvements, couleurs dans la performance musicale andine (Rosalía Martínez), Musique mécanique & temple hindou (Christine Guillebaud), La montagne dans les chants des Itcha du Bénin (Madeleine Leclair).  Ou : comment s’interpénétrent nos catégories perceptuelles…

 

Martin ASHLEY : How high should boys sing ? Ashgate (www.ashgate.com).  Relié toile sous jaquette.  16 x 24 cm, 184 p., ill. n&b.  £50.00

Il s’agit là d’une étude circonstanciée sur le thème du genre (Gender study), de l’authenticité et de la crédibilité des jeunes voix masculines.  Sujet délicat qui n’aura, jusqu’à présent, été guère abordé…  Qui sont ces garçons ? quelles musiques chantent-ils ? et pour quels publics ? Martin Ashley met en lumière les problèmes historiques, culturels et psychologiques - généralement insoupçonnés - que posent ces voix aiguës.  Il considère que de nombreux jeunes garçons désireraient chanter, mais en sont dissuadés par l’incompréhension des adultes.  À consulter : www.boychoirs.org & www.martin-ashley.com

 

Alan SHOCKLEY : Music in the words.  Musical form & counterpoint in the twentieth-century novelAshgate (www.ashgate.com).  Relié toile sous jaquette.  16 x 24 cm, 194 p., tableaux, ex. mus.  £ 55.00 (on line : £ 49.50).

C’est sans précédent qu’un compositeur & musicologue (enseignant à l’Université de l’État de Californie) s’intéresse aux techniques utilisées par des romanciers pour construire telle de leurs œuvres selon des procédures musicales.  Un roman peut-il adopter la forme d’une symphonie tout en restant un roman ? Un contrepoint musical peut-il être transposé en mots ?

Prose fuguée d’un Douglas Hofstadter dans son fameux essai Gödel, Escher, Bach : an Eternel Golden Braid (1979)…  Décalque de l’Héroïque de Beethoven dans la Napoleon Symphony : a Novel in Four Movements (1974) d’Anthony Burgess…  Épisode « Sirens » dans l’Ulysses de Joyce, construit comme une fugue, et Finnegans Wake, du même auteur, « an Irish-American song of drink and resurrection »…  Après l’analyse approfondie de ces écrits, Alan Shockley nous entretient de deux ouvrages plus récents : Agapē Agape (2002), roman de William Gaddis, basé sur « The history of player piano in America, and the effect of mechanization on the arts » et This is not a novel (2001) de David Markson s’inspirant, pour tracer le portrait de compositeurs, d’une fugue de Bach et, pour le titre, du tableau de Magritte Ceci n’est pas une pipe.

 

Jérôme BLOCH : La cause des musiciens.  Préface de Paul Badura-Skoda.  Éditions Respublica.  13,5 x 21,5 cm, 390 p., 19 €.

« La musique pour tous ! » Tel est le vœu émis par Jérôme Bloch tout au long des quatre mouvements de la sonate classique : I.  Allegro ma non troppo (« Prima la musica », des premières civilisations à Dandelot, Kodály, Suzuki, Abreu, Dudamel…) ; II.  Andante con moto (« Dire, écouter et entendre : paroles de musiciens », variations, par une cinquantaine d’artistes internationaux) ; III.  Scherzo / Trio con brio (« Lire, écrire, conter : les paradoxes du musicien », la « muzak », la musique & le temps, & la mort…) ; IV.  Allegro vivace (« Voir la musique : l’œil dans l’oreille », musiques à programme, Bayreuth, la « Sonate de Vinteuil », Boucourechliev, Le cru et le cuit…).  Originale approche d’un sujet rebattu…

 

Pierre MIKAÏLOFF : Bashung. Vertige de la vie.  Avant-propos de Boris Bergman.  Alphée/Jean-Paul Bertrand (www.editions-alphee.com).  14 x 22 cm, 444 p., cahier de photos couleurs.  Discographie & filmographie.  21,90 €.

« Jouer avec mes blessures, c’est la seule chose que je puisse faire » disait Bashung.  Voici la première biographie complète de l’inoubliable interprète de Madame rêve…  Artiste inclassable, brouillant sans cesse les pistes, il collabora avec les plus grands noms de la chanson - dont plusieurs ici témoignent.  Une opportune monographie alors que sort, remixée, l’intégrale de l’œuvre.

 

Jean-Marie VILLEMOT & Yannis PERRIN : Jazz Quiz. Livre jeu.  Les Beaux Jours, éditeur.  11 x 17 cm, 144 p., textes en bichromie.  7,90 €.

Réparties en 25 chapitres (Racines, Blues, La famille bop, (…) Petits pièges, Anecdotes & petites phrases, Grands d’aujourd’hui), 300 questions/réponses nous permettent de tester nos connaissances en jazz.  Sous des aspects ludiques, un petit bréviaire étonnamment bien documenté.

 

Elliot TIBER (avec Tom Monte) : Hôtel WoodstockTraduit de l’anglais (États-Unis) par Christophe Magny.  Alphée/Jean-Paul Bertrand (www.editions-alphee.com).  14 x 22 cm, 318 p.  22,90 €.

Avec l’indispensable distance et un humour constant, le new-yorkais Elliot Tiber nous plonge dans les coulisses du plus célèbre festival rock du XXe siècle.  Depuis « El Monaco », motel miteux tenu par ses parents sur le site ad hoc, Elliot Tiber organise, pour quelque 100 000 hippies - et à l’extrême fureur des « indigènes » -, des festivités plus ou moins licites (drogue, libération (homo)sexuelle…).  Où sont également évoquées quelques personnalités sulfureuses : Marlon Brando, Tennessee Williams, Truman Capote…  De ces picaresques aventures, Ang Lee a tiré un film (sélectionné à Cannes en 2009).

 

Luc BOLTANSKI : Déluge, opéra parlé.  Champ Vallon (www.champ-vallon.com).  12 x 19 cm, 120 p., ill. n&b, 13 €.

S’inspirant, dans son Prologue, du Ier acte de La Flûte enchantée - « indépassable chef-d’œuvre de Mozart et de Schikaneder » écrit Luc Boltanski -, ce livret d’opéra théologico-bouffe en 3 actes (dépourvu, pour l’instant, de musique) fait appel à toutes les ressources du merveilleux – éléments empruntés à la BD américaine des années 30 (Flash Gordon), au déluge biblique, à nos rapports à l’animalité, aux biotechnologies…  Suite à un atterrissage forcé dans la jungle, sur une falaise située au bord d’un gouffre océanique dont les eaux ne cessent de monter, un autocrate déchu, une pure jeune fille & sa nourrice, un financier chinois & une ethnologue américaine, le pilote & son co-pilote font l’expérience d’un monde inhospitalier où règne, sur un peuple de singes, un nommé Drago, magicien de la nuit… Métaphore d’un monde - le nôtre - au bord de l’abîme… Survivra-t-il ? Un deus ex machina sauvera-t-il, en ballon dirigeable, le couple refondateur d’une nouvelle humanité ?  Comédie…

 

Gérard DENIZEAU : Larousse des Cathédrales.  Éditions Larousse (www.editions-larousse.fr).  Relié sous jaquette, 22,5 x 28,5 cm, 312 p., plus de 300 photos.  39,90 €.

Incroyable prolificité de notre collaborateur Gérard Denizeau ! Et non moins admirable la qualité de ses publications, alliant judicieux commentaires & splendeur iconographique.  Ainsi de ce Larousse des Cathédrales, où sont retracées les grandes étapes de leur construction, restituées dans leur contexte social, historique et culturel – et jusqu’à nos plus récents édifices.  Où est, en outre, proposée une vingtaine de doubles pages thématiques richement illustrées : le monde des cloîtres, la fresque romane, le bestiaire, la sculpture des portails, l’univers des gargouilles, les maîtres verriers, la corporation des tailleurs de pierre, le mobilier liturgique, les cathédrales coloniales, etc.  Opportune publication à l’approche des Fêtes !

 

Murielle-Lucie CLÉMENT : Comment devenir proustien sans lire Proust.  Éditions Emelci (BP 95 256, 1090 HG Amsterdam, Pays-Bas.  Tél. : 00 312 04 68 31 06 info@emelci.com ou www.mlclement.com/index.html).  155 p. 13,88 €.

« Du côté de chez…  Si vous pensez que la madeleine est près du faubourg Saint-Honoré, que les pavés de Guermantes sont des bonbons belges ou bien que La Recherche c’est le CNRS, alors ce livre fait partie des indispensables de votre bibliothèque.  De même, il l’est si, par votre profession – universitaire par exemple –, il vous est impossible d’avouer n’avoir jamais lu Proust et que, faute de temps, vous ne pourrez jamais vous y mettre.  Regrettable situation, mais fréquente malgré tout. »  Un joyeux délire de notre excellente collaboratrice !

 

Global Education Digest 2009.  Unesco Institute for Statistics (publications@uis.unesco.org).  21,5 x 28 cm, 264 p.  Également disponible sur CD-Rom.

Il s’agit là de pures « statistiques comparatives sur l’éducation à travers le monde ».  Divisé en huit régions : Arab States (20 items) / Central & Eastern Europe (21 items) / Central Asia (9 items) / East India & the Pacific (34 items) / Latin America & the Caribbean (41 items) / North America & Western Europe (29 items) / South & West Asia (9 items) / Sub Saharan Africa (45 items).

Librement téléchargeable sur : www.uis.unesco.org/publications/GED2009

 

David MARGOLICK : Strange Fruit.  La biographie d’une chanson.  Préface de Hilton Als.  Traduit de l’anglais par Michèle Valencia.  Allia (www.alliaeditions.com).  11,5 x 18,5 cm, 128 p., ill. n&b.  9 €.

 

Des arbres du Sud portent un fruit étrange,

Du sang sur les feuilles et du sang aux racines,

Un corps noir oscillant à la brise du Sud,

Fruit étrange pendu dans les peupliers.

 

Unique dans le répertoire de Billie Holiday, Strange Fruit – ballade qu’elle créa en 1939 - a marqué plusieurs générations d’écrivains, de musiciens et de publics du monde entier.  « Protest Song » avant l’heure - écrite par un New-yorkais blanc et juif, Abel Meeropol – elle a été classée parmi les dix chansons qui ont changé la face du monde.  Cet ouvrage de David Margolick montre - à travers de nombreux témoignages - l’importance historique et musicale de Strange Fruit.  En annexe : Orientation discographique (Jean-Claude Zylberstein).

Francis Cousté

 

Eero TARASTI : Fondements de la sémiotique existentielle.  L’Harmattan, 2009.  397 p, 35 €.

Dans une tentative de clarification de la nébuleuse postmoderne, Eero Tarasti nous propose une relecture de la sémiotique classique à la lumière des philosophies allemande et existentielle de Kant à Heidegger et Sartre.  Sont ainsi abordés, dans cette néo-sémiotique, à partir de nouveaux signes, différents thèmes comme le Dasein, la transcendance, la compréhension, l’angoisse, l’apparence, le sujet sémiotique reconsidéré entre le Moi et le Soi, son application dans l’analyse de l’œuvre d’art à travers plusieurs compositeurs, ainsi que le champ social (valeurs morales, résistance, colonialisme), la nature, à partir de l’analyse biosémiotique de l’œuvre symphonique de Sibelius et de la sémiosphère qui nous entoure, enfin l’esthétique (liens avec l’éthique, style structural et existentiel). La sémiotique existentielle constitue une nouvelle approche de la sémiotique où le caractère existentiel du signe (ego, hic et nunc) est pris en compte ; le signe est alors mis en situation ouvrant de nouvelles perspectives de communication et de signification. Un livre riche et complexe qui fait appel à de nombreuses notions philosophiques et musicologiques.

 

Jean-Paul OLIVE (dir.) : Présents musicaux. « Arts 8 », L’Harmattan, 2009.  298 p., 28 €.

Ouvrage collectif publié sous la direction de Jean-Paul Olive traitant des rapports entre temps et musique et plus particulièrement du présent musical - évanescent entre passé et futur.  Le recueil est composé d’une succession d’articles présentés à l’occasion d’un séminaire de recherche, ce qui explique probablement le manque d’unité de l’ouvrage et l’aspect confus d’un texte où le lecteur se perd un peu…  Signalons les remarquables articles traitant de l’interprétation des musiques anciennes, de l’immédiateté et de l’historicité de la pratique sonore expérimentale, de la conception du présent et du sublime chez Adorno et Lyotard (qui, tous deux, mais de manière bien différente, rompent avec le sublime kantien), de l’irruption du présent dans la musique à travers les concepts de médiation et d’énigme dans l’œuvre d’art, de la virtuosité à travers les œuvres de Berio et Ferneyhough, du présent permanent chez Lachenmann.  La dernière partie de l’ouvrage est consacrée à l’opéra et notamment au présent éternel chez Berg, à propos de Lulu.  Ouvrage riche et exigeant.

 

Giacinto SCELSI : Il sogno 101.  Actes Sud. 320 p. 30 €.

Cet ouvrage correspond au troisième volet d’une trilogie scelcienne parue chez Actes Sud, à l’occasion du centenaire de la naissance du poète compositeur (1905-2008).  Il comprend deux parties.  La première est une autobiographie « non linéaire » où, sous forme de conversation, le compositeur évoque ses souvenirs personnels, parfois drôles, ses rencontres, parfois décisives, ses conceptions musicales et esthétiques, son penchant pour l’ésotérisme et les philosophies orientales, ses voyages et ses œuvres, apportant ainsi un témoignage original sur le XXe siècle artistique européen.  La seconde, Il Ritorno, est un poème correspondant à l’autobiographie « onirique » de sa prochaine incarnation, tout empreint de symbolisme, d’ésotérisme, de spiritualité et d’aspiration à la lumière.  Les notes de bas de page, nombreuses et bien documentées, apportent au texte un éclairage indispensable sans en alourdir, toute fois, la lecture.

 

Sylvie DOUCHE (dir.) : Maurice Emmanuel. Compositeur français.  Edition Bärenreiter Praha, en collaboration avec l’Université Sorbonne-Paris IV. 287 p.

Ouvrage collectif, publié sous la direction de Sylvie Douche, consacré à Maurice Emmanuel (1862-1938), personnage pour le moins éclectique, helléniste et latiniste érudit, théoricien de la musique, savant musicographe et compositeur.  Décrit comme un caractère entier, vif, un esprit libre de tout dogmatisme, d’une originalité irréductible, il parvint à concilier enseignement (chaire d’Histoire générale de la musique au Conservatoire de Paris) et composition.  Ami de César Franck, Jules Massenet, Olivier Messiaen, Henri Dutilleux et Charles Koechlin, pour n’en citer que quelques uns.  Le livre se compose de trois parties : la première traite d’Emmanuel et ses contemporains (Claude Debussy et Maurice Denis) ; la deuxième est consacrée à ses tragédies lyriques d’inspiration hellénistique (Prométhée enchaîné et Salamine) et à son intérêt pour l’opéra naturaliste et le folklore bourguignon ; la troisième analyse plus spécifiquement Emmanuel sous l’angle de la composition, mettant en avant son originalité et ses talents d’orchestrateur.  Une découverte pour certains, un redécouverte pour d’autres…

 

Yannick SIMON : Composer sous Vichy.  « Perpetuum mobile », Symétrie.  424 p.  40 €.

Dans ce livre, Yannick Simon met au jour la problématique posée aux compositeurs français sous le régime de Vichy : promouvoir la musique française, occuper le terrain de la vie musicale.  Le respect de cette ligne de conduite impose des accommodements avec l’État et les autorités allemandes ; les compositeurs restent pour la plupart sur la réserve, évitant collaboration et maréchalisme. Marquant peu d’empressement à s’engager, ils affirment la primauté corporative. Peu nombreux sont les compositeurs, à l’exception de Poulenc, Auric et Durey, qui suivent scrupuleusement la conduite édictée par le Front National de la Musique (« Pas de collaboration !  Ni de participation aux manifestations de trahison !») La plupart, comme Honegger, font preuve d’un comportement plus opportuniste face à la nouvelle politique musicale en essayant de garder un difficile équilibre entre idéologie, parts de marché et nécessités pécuniaires immédiates. Le consensus se fait autour de la défense de la musique française, symbolisée par Debussy s’opposant à Wagner et, par là, s’opposant à l’Allemagne. Pour autant la musique qui se singularise par un autre langage, éloigné du néo-classicisme, ne disparaît pas ; Messiaen se présente comme le chef de file de cette nouvelle esthétique, bientôt relayé par Boulez.  Avec l’après-guerre commence le temps des ruptures mises en sommeil pendant quatre ans. Un livre original par son sujet, parfaitement documenté, qui saura intéresser, voire surprendre, tous les amateurs de musique et d’histoire.

(couverture Composer sous Vichy)

Patrice Imbaud

 

Christophe CASAGRANDE : L’Énergétique musicale. Sept études à travers la création contemporaine [de Varèse à Schaeffer]L’Harmattan, 2009.  261 p. 24 €.

« Cet ouvrage nous invite à comprendre la musique sous l’angle impensé, écrit Christophe Casagrande, du concept d’énergie, de présence, de passage et de travail de forces ».  L’auteur se positionne résolument en tant que musicologue.  Pour autant, le concept employé brise les paramètres traditionnels de la musicologie (« Espace, Matière, Temps »), jugés à la fois primordiaux et insuffisants.  Pour lui, la notion d’énergie est « non englobante » et « non fourre-tout ».  C’est une différence d’intensité qui passe au travers de la matière, se situe « entre » : ce n’est pas une synthèse résultante de différentes forces.  Il s’agit de la ressentir et de la penser en tant qu’intervalle.  Le cadre théorique est fondé sur des références deleuziennes, chères à l’auteur.  Christophe Casagrande invite le lecteur - qui accepte de faire l’effort de rentrer dans sa pensée - à écouter à nouveau les œuvres d’une manière différente.  Sept études observent des « sensations » des « affects », des « intuitions », « ce qui créé la relation » dans des œuvres du XXe siècle, de Varèse, Boulez et Stockhausen, Cage et Feldman, Xenakis, Ohana et Schaeffer. Elles illustrent cette thèse et forgent salutairement de nouveaux fondements épistémologiques aux savoirs musicaux.  Cette démarche à une visée qui s’apparente, en partie, aux travaux d’un chercheur tel que Jean-Luc Leroy.  D’une certaine manière, c’est aussi celle de nombreux pédagogues qui revisitent nécessairement les classifications habituelles, parce que - dans la classe, avec des élèves, quelque soit leur âge - la « tripartition sémiotique » (compositeur, œuvre, auditeur/récepteur/interprète) vole en éclat : les acteurs sont constamment en étroite synergie.

Odile Tripier-Mondancin

 

Philippe ANDRÉ : Années de Pèlerinage de Franz Liszt. I : La Suisse. Aléas (www.aleas.fr). 190 p., ex. mus.  15 €.

Journal intime maintes fois remanié, les trois Années de Pèlerinage jalonnent la vie de Fr. Liszt.  Le 1er cahier rappelle la « lune de miel » avec Marie d’Agoult en 1835-1836. Philippe André nous en offre ici une belle lecture, croisant - comme il se doit - biographie, littérature et philosophie mais aussi psychanalyse.  Il révèle ainsi des réseaux de signification féconds au sein d’un corpus pourtant déjà abondamment commenté, développant des thèmes comme le kosmos illusionnant du monde maternel (ou de la Heimat, patrie, foyer).  Liszt, déraciné, prométhéen, visionnaire, « épris d’apeiron (l’Illimité) », nous est rendu plus proche encore.  Vivement le volume sur les années italiennes !

 

Dominique DUPUIS : Progressive rock vynils. Histoire subjective du rock progressif à travers 40 ans de vinyles. Éditions Ereme. 25,5 x 25,5 cm.  Ill. couleurs. Index. 192 p., 29,50 €.

Une renarde en robe rouge sur une banquise (Genesis, Foxtrot, 1972) ou les photos des Floyd emboîtées façon Vache qui rit (Umma Gumma, 1969), certaines pochettes du rock progressif sont imprimées dans nos mémoires.  Entre contes de fées et science-fiction, ce sont souvent de flamboyantes créations, cohérentes avec les musiques sophistiquées qu’elles accompagnent. Malgré un texte vague (lire, chez Champion, l’étude de Christophe Pirenne), ce beau livre comblera les nostalgiques des 70’s.

Paul Gontcharoff

 

Alexandre DRATWICKI (Ouvrage coordonné par) : Hérold en Italie.  Éditions Symétrie, en collaboration avec le Palazetto Bru Zane, Centre de musique romantique française. 2009.  438 p.

Cet ouvrage fort documenté comble une injustice : l'oubli dans lequel on avait enfermé Louis-Ferdinand Hérold (1791-1833), dont on ne se souvient pas toujours qu'il est l'auteur de Zampa et du Pré aux clercs.  Encore que le comble serait de l'enfermer dans le répertoire de l'opéra-comique.  Car il fut beaucoup plus, un « espoir de l'école française à l'orée du romantisme » (Patrick Taïeb).  Son style brillant, fait de verve et de pittoresque, est fondé sur « un équilibre raisonnable » qui s'accompagne d'« une virtuosité bien tempérée » (Olivier Bara). Il manifeste une imagination formelle qui le place plus dans le sillage de Méhul et de Chérubini que dans le « rossinisme » ambiant.  Le livre a pour dessein d'investiguer un moment fort de la vie du musicien, relativement peu connu : sa jeunesse, et plus particulièrement les deux voyages qu'il fit en Italie, entre 1812 et 1815, puis en 1821.  Diverses contributions scientifiques comme de larges extraits de la correspondance qu'il entretient alors avec sa mère éclairent l'influence que ces deux séjours dans la péninsule auront sur l'homme et son œuvre. C'est aussi l'occasion de toucher du doigt la richesse de la vie musicale au début du XIXe siècle et la prégnance qu'exerce alors l'Italie sur les artistes, français notamment, grâce au Prix de Rome.  La pension à la Villa Médicis offre libertés et contraintes : la vie mondaine de la capitale, le travail souvent fastidieux à rendre pour les envois.  Hérold s'adonne sans difficulté à l'une et à l'autre. Ne sera-t-il pas un des premiers, en 1812, à se voir décerner le prix avec sa cantate La Duchesse de La Vallière !

L.-F. Hérold ©DR

 

Robert et Clara SCHUMANN : Journal intime. Textes traduits, choisis & présentés par Yves Hucher.  Préface de Brigitte François-Sappey.  Buchet/Chastel, 2009.  295 p.

Peu de couples de compositeurs auront eu une telle aura que Robert et Clara Schumann, forgée à l'aune de la complicité artistique. Leur journal intime, « Journal à deux plumes » (Br. François-Sappey), qui est au centre du présent ouvrage, offre ceci d'unique que, tenu tour à tour par chacun, il dévoile l'âme de ses auteurs.  Car « chacun est à la fois le double de l'autre et son complément ».  Une telle communion des êtres, pour romantique qu'elle paraisse aujourd'hui, transcende l'attachement profond et se nourrit elle-même.  L'amour si indestructible de Clara pour son époux, la personnalité tourmentée de celui-ci, apparaissent au fil de ces pages d'une simplicité touchante.  On suit aussi, pas à pas, un parcours artistique peu commun qui englobe aussi bien le corpus de Robert que celui de son épouse, par ailleurs pianiste renommée. Des figures comme le jeune Mendelssohn ou le grandiose Liszt se profilent dans un récit qui, à travers le banal quotidien, en apprend plus qu'une chronique historique. Le livre, organisé de manière chronologique, est enrichi de courtes introductions sur les diverses périodes de ces vies si riches et en même temps si précaires car rapidement menacées par la terrible maladie du compositeur. Il comporte aussi de larges extraits de journaux, de correspondance et de souvenirs. Une biographie écrite au jour le jour, en somme, dévoilant aussi bien l'intime de deux personnalités d'exception que la vie d'une époque foisonnante de création musicale.

Jean-Pierre Robert

 

 

 



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Karl JENKINS : Stabat Mater Royal Liverpool Philharmonic Chorus & Royal Philharmonic Orchestra, sous la direction du compositeur.  EMI : 5 00583-2 .

Karl Jenkins est un compositeur gallois de 63 ans.  Son Stabat Mater, commandité en 2008 par le prince Charles d'Angleterre, est parfaitement inclassable : il s'agit d’une vaste fresque d'un peu plus d'une heure qui réussit la synthèse des trois religions du Livre, en replaçant la mort du Christ dans son contexte historique et géographique, à savoir la Palestine occupée par les Romains : d’où une alternance d’harmonieuses polyphonies sur le texte latin de Todi, de lamenti en araméen évoquant tout à fait les pleureuses arabes, de psaumes en hébreu, de douce mélopées en anglais qui commentent avec tendresse les larmes de Marie, d’épisodes guerriers où se déchaînent les cuivres et où l’on voit véritablement défiler les légions romaines.  Le dixième numéro est un sublime Ave Verum Corpus qui, même s’il n’appartient pas au texte du Stabat Mater, ne sort pas du sujet puisqu’il évoque lui aussi la crucifixion.  De nombreuses percussions de l’Orient, comme les darboukas, discrètement présentes dès le début de l’œuvre, prennent le pouvoir au cours du douzième et dernier numéro, pour exploser sur un Paradisi Gloria porté par des cordes prises de folie - paradis qui évoque bien plus celui qui attend les guerriers musulmans que celui des chrétiens.  Et c'est par cette longue bacchanale sacrée que s'achève ce Stabat Mater, à tous points de vue hors normes, mais à découvrir absolument.

Michèle Lhopiteau

 

Historia Sancti Eadmundi.  De la liturgie dramatique au drame liturgique.  Arcana : A 346 (Outhere S.A., rue du Chêne, 27.  B-1000 Bruxelles.  stephanie@outhere.com). TT : 62’00.

Cette Historia médiévale, annoncée par des cloches, demande une participation vocale monodique et instrumentale : crwth, vielle ; citôle, harpe, cithara teutonica ; orgue, organistrum ; percussions… « Archétype paradigmatique du drame rituel » typique de l’École de Cambridge, elle est divisée en 3 parties : La vie, La passion et Les miracles de St Edmond (Eadmund Wilfing, v. 844-870), dernier roi saxon d’East-Anglia et martyr, premier saint protecteur de l’Anglia, « Pater noster, & totius Anglie patronum ».  Des commentaires parlés assurent la soudure entre passages chantés, interludes instrumentaux et l’histoire proprement dite.  Les antiennes : Ave Rex gentis Anglorum et Exulta sancta ecclesia l’honorent.  Antiennes et répons alternent, avec interventions de l’historicus relatant des événements de sa vie.  Le narrateur - d’après l’abbé de Fleury et St Aelfric - relate qu’« il fut assailli par l’Ennemi de l’Humanité » qui, pour le mettre à l’épreuve, lui envoya Yngvarr, roi cruel. Il proposa à Edmond l’exil ou le supplice. Ce dernier fut soumis à d’horribles humiliations et à la flagellation, avec force détails très réalistes. En conclusion, l’abbé de Fleury implora la protection du saint. L’excellent livret quadrilingue et bien illustré est d’ordre hagiographique et historique. L’Historia dramatique et liturgique révèle un « mélange étonnant d’écritures continentale et insulaire, très expressif dans sa souplesse et musicalement très versatile, en dépit d’un certain “décadentisme” du chant grégorien », est fidèlement restituée par l’Ensemble La Reverdie.

 

Antonio BERTALI : Prothimia suavissima (parte seconda).  Arcana : A 340.   TT : 68’15.

Antonio Bertali, né à Vérone, en mars 1605, est mort en 1669 à Vienne, où il s’était fixé en 1623. En 1649, il fut maître de chapelle de la Cour impériale. Il y importa le goût vénitien, mais, pour sa musique religieuse, il préconisa la polyphonie et les effets de masse, alors que son œuvre instrumentale marque la transition entre la canzone pour orchestre et la sonate en trio.  Dans la seconde partie de son recueil Prothimia suavissima (« Plaisir le plus doux ») imprimée en 1672 (et conservée à la BnF), comportant 12 Sonates à 3 ou 4 instruments et basse, il spécule sur les contrastes de tempo.  L’instrumentarium est tributaire des instruments disponibles. Les concerts ont lieu dans des églises, à cause de la présence de l’orgue (ce qui n’exclut pas, dans quelques Sonates, des mouvements de caractère dansant, par exemple : courante).  À cette époque, le violon, instrument monodique, convient aussi pour la polyphonie, et les techniques sont précisées (col legno, glissando, pizzicato…).  Le compositeur privilégie la beauté mélodique et la suavité sonore (comme le titre l’indique), ainsi que les répétitions de notes.  Les motifs circulent d’une voix à l’autre, entraînant des timbres différents et, pour les passages monodiques, l’interprète était libre d’improviser.  Ces 10 Sonates à 3 et 2 à 4 voix s’adressent à de fins connaisseurs. Un modèle du genre pour le paysage sonore et les affects si bien rendus par l’Ensemble Ars Antiqua Austria, placé sous la direction de Gunar Letzbor. Musicien à redécouvrir.

 

Dietrich BUXTEHUDE : Complete Works for Organ6CDs Danacord : 381-386 (CD Diffusion : 28, route d'Eguisheim, BP 4, 68920  Wettolsheim. info@cddiffusion.fr).

Inge Bonnerup, organiste danoise, est née en 1940 ; depuis 1972, organiste titulaire de l’église (kirke) de la Trinité, à Copenhague, où elle enseigne aussi la technique organistique à l’Académie royale de Musique. Sa carrière est marquée par de nombreux concerts au Danemark, dans les pays scandinaves, en Angleterre, Allemagne, France, Italie et Australie. Elle assure, en hiver, les Concerts du vendredi après-midi. Elle a enregistré cette Intégrale Buxtehude en 6 disques principalement à l’orgue Marcussen & Son (1942) de la Soro kirke, à 3 claviers et pédale. La registration est précisée pour chacune des œuvres. Au programme, figurent des Préludes, de nombreux Préludes de chorals (dont deux versions de Gelobet seist du, Jesu Christ) et Variations chorales.  Sont également représentées des canzone, des canzonette, chaconne, toccate, fugue, Te Deum correspondant à l’éventail des formes organistiques en usage à son époque et, pour les Préludes de choral, dans les pays protestants : Danemark, Suède, Allemagne… avec, entre autres, le chant de ralliement des Luthériens : Ein Feste Burg ist unser Gott (C’est un rempart que notre Dieu).  Cette éminente organiste s’impose par ses registrations diversifiées et appropriées à l’atmosphère des chorals, par sa technique solide, son sens de la construction et sa musicalité.

 

Joseph HAYDN : Collection complète des quatuors sur instruments d’époque.  2CDs Arcana : A 414.  TT : 144’55.

En cette année Joseph Haydn, I. Kertész, E. Petöfi, P. Ligeti, R. Pertorini interprètent, sur instruments d’époque, 6 Quatuors de l’op.33 et 1 de l’op.42, comptant parmi les plus célèbres du compositeur, en raison de ses innovations (analyse thématique motivique) non dénuées d’humour, de surprise et d’audace pour l’époque…  Il met l’accent sur les contrastes entre les mouvements, l’équilibre et l’émotion ; il s’agit avant tout d’une musique de divertissement. Le Quatuor en sol majeur, op.33 n°5 illustre le nouveau style classique, et se termine par un thème et 3 variations débouchant sur un Presto varié.  Le Quatuor en mib majeur, op.33 n°2 s’impose par le premier thème cantabile de forme sonate et la notation de la « glissade à la viennoise ». Le Largo se présente sous forme de variations contrapuntiques, le Finale comme une plaisanterie, avec une reprise du thème.  Dans le Quatuor en si mineur, op.33 n°1, Haydn semble renoncer à indiquer la tonalité, le Presto conclusif fait appel à la virtuosité et au caractère passionné.  Le Quatuor en ut majeur, op.33 n°3, se distingue avec ses formules « à la turque » et « à la hongroise ». Le Quatuor en sib majeur, op.33 n°4 frappe par son invention. Le Quatuor en mineur, op.33 n°6 tranche sur les autres par son caractère plus léger, avec des formules romantiques.  Il illustre les préoccupations de Haydn concernant des séries de variations fondées sur l’alternance de thèmes majeurs et mineurs. L’enregistrement se termine par l’étonnant Quatuor en mineur, op.42, miniature, datant de 1785, « très bref » selon les termes de la commande. Excellente contribution du Quatuor Festetics à l’année Haydn.

 

Ludwig van BEETHOVEN : Bläsermusik. 2CDs Ricercar : RIC 287. TT : 120’53.

Au XIXe siècle, les cuivres avec leur perception harmonique sont très prisés en Allemagne. Ce CD en donne un bel échantillon avec 4 pièces de Beethoven, notamment Trio, Sextuor et Quintette spéculant sur des associations timbriques variées (2 hautbois, 2 clarinettes, 2 cors, 2 bassons ; 2 hautbois et cor anglais ; 3 cors et basson…), sa Sonate, ainsi que celles de deux (toutes en trois mouvements) de ses contemporains et compatriotes : Franz Danzi (1763-1826), compositeur, chef d’orchestre, et Ferdinand Ries (1784-1838), pianiste, compositeur dont le style se rapproche de celui de son professeur de piano, Beethoven, également, en composition, élève de J. G. Albrechtsberger, à Vienne.  Le mérite de cette initiative originale revient à la Ricercar Academy qui confère à ces réalisations tout leur caractère romantique, agréable à entendre.

 

Charles-Marie WIDOR : Symphonies pour orgue, op.132CDs Ricercar : RIC 286. TT : 90’04.

Charles-Marie Widor, grand représentant de l’école d’orgue symphonique française, de 1869 à 1933, successeur de J. Fr. Lefébure-Wély aux orgues de St-Sulpice. Il a été professeur d’orgue, de contrepoint, fugue et de composition au Conservatoire.  Ce créateur de la Symphonie pour orgue en a composée 6, dont Joris Verdin, en interprète 4 à l’orgue Cavaillé-Coll de l’Abbaye de Royaumont.  Les 4 Symphonies pour orgue de l’op.13, entre 5 et 7 parties, font alterner des mouvements rapides et des mouvements lents. La première, en do mineur, comporte également un Intermezzo avec un mouvement perpétuel et une marche pontificale triomphante, assez proche de celle de Lemmens ; sa Méditation, sur un rythme de barcarolle, compte parmi ses plus grands succès. Dans la deuxième, en majeur, après un Praeludium circulare, la Pastorale comporte également des registres d’écho ; elle se termine par un Finale brillant, avec une Toccata au grand orgue. La troisième, en mi mineur, comporte, entre autres, un Minuetto de style complexe avec double pédale (donc d’exécution difficile). La quatrième, en fa mineur, se souvient du passé et s’impose par une remarquable Toccata et Fugue ; quant au Finale de caractère martial, il n’est pas sans rappeler une Marche de R. Schumann. Excellente illustration de l’école d’orgue symphonique française de la fin du XIXe et du début XXe siècle.

 

Frank MARTIN : Werke mit GitarreMusiques suisses (musiques-suisses@mgb.ch) : MGB 6264.  TT : 43’37.

Voici, grâce au pourcentage culturel de la Migros, un nouveau disque sortant des sentiers battus : des œuvres avec guitare du musicien suisse Frank Martin (1890-1974).  Pour commencer : 2 Poèmes de la mort et la Ballade des Pendus (1969-1971) de François Villon chantés avec gravité et réalisme, suivis de Quatre Pièces brèves pour guitare solo (1933), suggérées par Andrés Segovia, œuvre de caractère assez avant-gardiste exploitant la technique dodécaphonique (le célèbre guitariste espagnol, habitant Genève, se garda pourtant de les interpréter). Ce disque propose encore 3 Minnelieder en leur version pour soprano, flûte et guitare (1960).  La première (anonyme, XIIIe s.) aborde l’amour, la peine du cœur et la force de l’âme ; la deuxième, de Dietmar von Eist, concerne une femme seule recherchant son bien-aimé, et qui a vu un faucon, elle souhaite que son amant lui soit rendu ; la troisième chanson d’amour, de Walther von der Vogelweide, évoque aussi le tilleul si cher aux Allemands, le chant du rossignol, les roses…  Le quatrième volet comprend d’abord l’adaptation (par H. Stampa) pour deux guitares d’une Étude pour orchestre à cordes de Fr. Martin.  Et, pour terminer, un texte de Charles d’Orléans : Quant n’ont assez fait dodo / Ces petits enfançonnets…, pour guitare et clavier à 4 mains avec, en introduction instrumentale puis en citation, le thème bien connu de Dodo, l’enfant do… Heureuse association de la tradition littéraire médiévale et du langage musical du XXe siècle.

 

Antonio VIVALDI : La Stravaganza.  Ricercar : RIC 288. TT : 56’29.

Les perfectionnements dans la facture du violon ont suscité de nombreuses compositions, de Concerti grossi et de Concerti da camera.  L’opus IV : La Stravaganza d’Antonio Vivaldi (1678-1741) comprend douze concertos.  Les musiciens en interprètent sept transcriptions (Concerti 1, 3, 4, 5, 6, 9 et 11) du meilleur effet ; elles frappent par leur diversité stylistique, sollicitant souvent le violon et la flûte à bec, très volubile, associés aux sonorités des hautbois, violoncelle, basson, orgue ou clavecin, guitare et théorbe.  En fin connaisseur, Frédéric de Roos (flûte à bec), à la tête de ses excellents musiciens, dirige, avec légèreté et aisance, ces œuvres tout à fait adaptées à l’Ensemble La Pastorella ; ils recréent l’atmosphère si typique du XVIIIe siècle et rendent aussi un éblouissant hommage à Vivaldi.

 

Nikolaï MIASKOVSKY : Sonates n°2, 3 et 4.  Le Chant du Monde (31-33, rue Vandrezanne, 75013 Paris.  pianco@chantdumonde.com) : AR RE SE 2009/2.  TT : 47’16.

Après la publication des Sonates 3 et 4 pour piano de Nikolaï Miaskovsky (cf. notre Lettre d’information, mai 2009), ce CD comprenant, en outre, la deuxième, vient à point nommé, pour permettre aux interprètes de bénéficier des critères d’interprétation retenus par Lydia Jardon.  Le compositeur, né en 1881 - l’année de la mort du tsar Alexandre II -, mobilisé en 1914, sera, après la chute du tsar, au service de l’état-major. Ce n’est qu’en 1921 qu’il sera professeur au Conservatoire du Moscou ; en 1948, il subira les persécutions et les contraintes de l’Union des compositeurs. Ses Sonates n°2, en fa# mineur (op.13) et n°3, en ut mineur (op.19), en un seul mouvement enchaîné, ne bénéficient pas d’un mouvement lent central, exploitent des registres extrêmes et tournent parfois à l’obsession, avec citations discrètes du thème du Dies irae (Sonate n°2), spéculant sur les contrastes de mouvements Lento et Allegro. Georges Hallfa les rattache à une « perspective spiritualiste sur l’Homme nouveau, que l’idéologie communiste a considéré sous l’angle matériel ».  La Sonate n°4, en ut mineur (op.27), est tripartite : Allegro…, Andante… et Allegro con brio.  L’éminente pianiste se joue de tous les traquenards de ces Sonates, grâce à une technique et une énergie à toute épreuve.

 

Clasicos cubanos del siglo XIX.  CD + DVD Roldan : 117 (CD-Diffusion : 28, route d'Eguisheim, BP 4, F-68920 Wettolsheim.  info@cddiffusion.fr).  TT : 48’.

Les enregistrements de musique cubaine sont assez rares. L’intérêt de cette production est encore rehaussé par un DVD joint au CD.  Les interprètes Niuris Narando Dorta (violon), l’Orchestre de solistes de La Havane, des musiciens invités, tous placés sous la direction précise de María Elena Mendiola, redonnent vie à des œuvres de compositeurs du XIXe siècle : I. Cervantès, H. de Blanck, J. White, L. Jiménez, peu connus en France.  Caractérisées par une nostalgie prenante, une recherche d’expressivité, elles donnent cependant libre cours à quelques élans romantiques et à un dynamisme généralement contenu.  Le DVD permet aux mélomanes notamment de voir et d’entendre l’orchestre en pleine action.  Excellente formule.

 

Ça se fête !  Olivétan (olivetan@wanadoo.fr) : 9038-1.  69’32.

Cette réalisation est exceptionnelle car elle propose, sur un même disque, une partie audio comprenant 21 chansons de Daniel Priss, Frédéric Humber, Claude Fraysse, Jean-Marc Meyer…, portant sur le lien entre les hommes, l’Hymne de Martin Luther King, l’espoir, la joie, la vie, la misère des enfants, leurs rêves bizarres (loups, araignées, une histoire mal terminée à la télé, troubles)… Le vocabulaire et les idées sont très proches d’eux.  Chaque chant est mis en valeur par un contexte sonore adéquat (instrumentarium, bruitage, voix parlée, effectif variable).  De plus, une partie CD-Rom reproduit textes et partitions de « 12 célébrations pour parents et enfants ».  Le coffret comporte également une plaquette avec les paroles des chansons. La visée pédagogique est évidente, et les chants, très actuels, variés, rendent compte des problèmes de notre temps d’une manière accessible aux enfants. Remarquable initiative des éditions Olivétan et du studio Jazzophone.

Édith Weber

 

Felix MENDELSSOHN : Intégrale des sonates & autres pièces pour orgue.  Edouard Oganessian à l’orgue Walcker du Dôme de Riga.  2CDs Saphir (www.saphirproductions.net) : LVC 1094.  TT : 70’45 + 75’16.

Sa découverte de J.-S. Bach est probablement à l’origine du l’intérêt que porta Mendelssohn à l’orgue - instrument qui n’avait guère alors les faveurs du public.  En témoigne le présent enregistrement d’une intégrale qui ne dure pas moins de 2h26’.  Dans la superbe interprétation d’Edouard Oganessian, officiant sur l’un des rares orgues romantiques ayant conservé leur sonorité initiale.

 

Gabriel FAURÉ : Le Jardin clos, La Chanson d’Ève, Mélodies.  Karine Deshayes, mezzo-soprano.  Hélène Lucas, piano.  Avec la participation du baryton Stéphane Degout, pour Pleurs d’or.  Livret : Jean-Michel Nectoux.  Zig-Zag Territoires (www.zigzag-territoires.com) : ZZT 090902.

Aigus splendides, quelques inégalités dans les couleurs vocaliques du medium…  La grande mezzo nous offre ici des interprétations où affleure la plus vive émotion - dans les six célèbres mélodies qui ouvrent l’album : Soir, Les roses d’Ispahan, La rose, Le parfum impérissable, Arpège et Pleurs d’or, aussi bien que dans les luxuriances de La chanson d’Ève et, surtout, les admirables épures du Jardin clos, cycle qui demeure inexplicablement négligé.

 

Claude DEBUSSY : La mer.  Images.  Orchestre philharmonique du Luxembourg, dir. Emmanuel Krivine.  Livret : Harry Halbreich.  Timpani (www.timpani-records.com) : 1C1165.  TT : 58’26.

Visionnaire est Emmanuel Krivine, chef de l’excellent OPL.  Sachant admirablement dégager les contours de ces paysages.  Dans des tempi souvent inaccoutumés - fort loin, en tout cas, des rêveuses sensualités d’un Désiré-Émile Ingelbrecht…

 

Claude DEBUSSY : Sonate pour flûte, alto & harpeSix épigraphes antiques, pour flûte, alto & deux harpes (transcription : Fabrice Pierre).  Alain LOUVIER : Envols d’écailles, pour flûtes, alto & harpe (1986).  Patrick Gallois (flûte), Pierre-Henri Xuereb (alto), Fabrice Pierre, Francis Pierre (harpes).  Saphir (www.saphirproductions.net) : LVC 1104.  TT : 57’00.

La réussite de la Sonate de Debussy a opportunément inspiré Fabrice Pierre pour sa transcription pour flûte, alto & deux harpes des diaphanes Six épigraphes antiques du même compositeur, non moins qu’Alain Louvier pour la composition de ses délicats Envols d’écailles, symboles de trois saisons : Envols légers d’un jour de juin (flûte en ut, alto & harpe), Envols furtifs d’une nuit d’été (piccolo, alto & harpe), Envols crépusculaires (flûte en sol, alto & harpe).  Dans l’interprétation d’artistes dont il n’est plus nécessaire de vanter la maîtrise.

 

James DILLON : Philomela.  Opéra en 5 actes.  Anu Komsi, soprano (Philomena), Susan Narucki, soprano (Procne), Lionel Peintre, baryton (Tereus).  Remix Ensemble, Porto, dir. Jurjen Hempel.  2CDs Aeon : AECD 0986.  TT : 91’25.

Voilà assurément l’un des ouvrages majeurs de notre temps.  De par, notamment, la brutalité d’un lyrisme en parfaite adéquation avec la tragédie de Sophocle.  Afin de se venger du viol perpétré sur sa sœur Philomèle, Procné fait manger à son époux Térée les chairs d’Itys, leur propre fils.  Tous trois étant, in fine, métamorphosés en oiseaux…  Interprétation au-dessus de tout éloge.  À quand, sur une scène française ?

 

Pierre WISSMER (1915-1992) : Le quatrième Mage.  Oratorio. Livret de William Aguet.  Judith Gauthier (soprano), Michel Fockenoy (ténor), Jean-Louis Serre (baryton). Récitant : Michael Lonsdale.  Chœur et orchestre de La Trinité, dir. Fabrice Gregorutti.  1CD + 1DVD Marcal Classics : 09 04 01. TT : 52’25.

Suite à la belle plaquette consacrée à ce compositeur par Pierrette Germain & Philippe Rayer (éditions Billaudot), les disques Marcal publient Le quatrième Mage, oratorio en un prologue & cinq chapitres - honoré en 1965 du Prix Paul Gilson -, juste hommage à un musicien qu’il serait heureux de voir sortir de ce purgatoire où l’avaient relégué les « Trente furieuses » (Cf. : www.pierrewissmer.com).

              

 

Gérard SIRACUSA : Drums Immersion.  Collection sonore : « Signature ».  Radio France (www.kiosque.radiofrance.fr) : SIG11065.  Distr. Harmonia Mundi.  TT : 50’18.

Il s’agit là - en jeu direct - d’une suite de sept solos dédiés à la batterie : Rouge/ Flagrance/ Monologue/ Immersion/ Émergence/ Illusion/ Hommage.  « Argumentée, enjouée aussi, une drumologie inventive est là, flagrante » écrit fort justement Christian Tarting, auteur de la notice.  Pour tout percussionniste, ce disque sera une merveilleuse source d’idées : « Selva chiara » (Forêt claire).

 

Les Archives internationales de musique populaire de Genève (www.adem.ch) & les Disques VDE-Gallo (www.vdegallo.ch) poursuivent leur heureuse collaboration.  Ainsi de leurs récentes publications en CD (assorties de livrets fort complets) :

  • Bulgarie : L’art de la gadulka.  2008.  VDE : CD-1278.  TT : 69’36 (17 plages). Textes : Jérôme Cler
  • Pérou : Musique des Awajún et des Wampies - Amazonie, vallée du Cenepa.  2004-2006.  VDE : CD-1279.  TT : 62’19 (36 plages).  Textes : Raúl Riol et alii
  • Grèce : Musiques pour flûte – O Skáros.  1966-2007.  VDE : CD-1280.  TT : 71’08 (40 plages).  Textes : Wolf Dietrich
  • Swaziland : Chants des Swazi.  2005.  VDE : CD-1283.  TT : 64’04 (16 plages).  Textes : Mark Bradshaw

        

 

Invent’Airs.  Les musiciens CMR du Val-de-Marne (Tél. : 06 63 38 03 15.  www.lescmr.asso.fr).

Délicieux ensemble de chansons imaginées & interprétées par une joyeuse équipe de CMRistes : Claire Filliard (guitare, balafon, chant), Étienne Filliard (batterie), Agnès Friberg (auteur, compositeur, flûtes, accordéon, guitare, chant), Dominique Grassart (saxophone, chant), Thierry Guérin (auteur, compositeur, guitare, banjo, percussions, chant), Dominique Jacques-Jean (auteur, compositeur), Aurélie Pongnian (claviers, chant).  Neuf titres qui feront la joie de tous publics : Le Banjo, Quatre éléments (la bande des quatre), Le clown, Le club des cinq sens, Be Bop Euloula, Le zoo music, Henri, Shéhérazade, Dis-moi Papa Dembo.

Francis Gérimont

 

Airs de differens Autheurs donnés à une Dame.  Sébastien & Charles LE CAMUS. Marc-Antoine CHARPENTIER.  Ensemble Les Meslanges.  Hortus : 062.  TT : 58’30.

Composés à la manière d’une conversation dans les salons féminins du Grand Siècle, ces airs sérieux mêlent expressivité mélodique et déclamation théâtrale, le chanteur devient acteur à part entière, voire danseur. Les « Le Camus », père et fils, étaient des maîtres du genre comme en témoigne Madame de Sévigné dans sa correspondance.  À la qualité des instrumentistes (Emmanuelle Guigues, viole de gambe ; Manuel de Grange, luth & théorbe), il convient d’adjoindre la performance de Thomas Van Essen, baryton, dans son effort pour respecter la prononciation, l’ornementation et autres artifices techniques vocaux, en accord avec le traité de Bertrand de Bacilly L’art de bien chanter (1668).

 

Peter ANDERS : Récital.  Œuvres de Lehar, Kalman, Smetana, Strauβ, Giordano, Strauss, Verdi.  Audite : 23.419.  TT : 78’50 + 64’17.

Occasion de réécouter, sur ces enregistrements radiophoniques de 1949-1951, le ténor allemand Peter Anders (1908-1954) qui bénéficia d’une grande popularité dans les années 1930-1940.  Ces deux CDs permettent d’apprécier ses interprétations dans des répertoires aussi différents que l’opérette, le lied, l’opéra.  Volontiers comparé à Fritz Wunderlich, dont il partagea la tessiture et le destin tragique, il s’en distingue toutefois par l’évolution de sa carrière qui, les années passant, lui permirent d’aborder non seulement les rôles de ténor lyrique mais également les rôles de ténors dramatiques verdiens et wagnériens. Ce disque rejoint une importante discographie menée sous la baguette des plus grands chefs, notamment  Willhem Furtwängler et Ferenc Fricsay.  Si la prise de son est un peu étriquée, la diction est excellente, la voix est belle, chargée d’une émotion donnant tout son poids à l’interprétation, ample dans l’aigu, quoiqu’un peu forcée parfois.

 

Mostly Villa-Lobos : 20th Century Piano Music from the AmericasŒuvres de Nazareth, Souza Lima, Barrozo Netto, Guarnieri, Cervantes, Cowell, Muczynski et Villa-Lobos.  Sergio Gallo, piano.  Eroica Classical Recordings : JDT 3425.  TT : 54’44.

Florilège de pièces pianistiques du XXe siècle nous permettant d’entendre différents compositeurs pour la majorité sud-américains, sous les doigts de Sergio Gallo.  Son interprétation claire, parfois virtuose, s’adapte parfaitement à la variété du répertoire, aux accents tantôt romantiques, tantôt folkloriques, parfois résolument modernes où l’on sent poindre l’influence du vieux continent.  Un disque qui montre - s’il en était encore besoin - que la musique ne connaît pas de frontières.

 

Ludwig van BEETHOVEN : Bläsermusik.  Œuvres de Beethoven, Ferdinand Ries, Franz Danzi.  Ricercar Academy, Claude Maury (cor), Guy Penson (piano-forte).  RIC : 287.  TT : 66’08 + 54’39.

Ce coffret comporte deux disques : le premier nous donne à entendre plusieurs œuvres de Beethoven pour instruments à vent, le second, trois sonates pour cor naturel & piano-forte. Les œuvres de Beethoven pour instruments à vent sont des compositions de jeunesse, apparentées à la sérénade du XVIIIe siècle qui ne sont pas sans rappeler Mozart et ses œuvres maçonniques, ces « musiques à jouer », terrain d’expérimentation à de nouvelles formations instrumentales, parfois surprenantes, dégageant un climat amical et fraternel où transparaît le plaisir de jouer ensemble.  Les trois sonates, de Ries, Beethoven et Danzi, mettent en avant le thème romantique de la forêt (Waldhornsonaten), en même temps que les possibilités techniques et expressives du cor naturel qui sera bientôt supplanté par le cor à piston.  L’ensemble bénéficie, par ailleurs, d’une technique instrumentale irréprochable et d’une interprétation remarquable de justesse et de sensibilité.

Le Berger Poète. Suites & Sonates pour flûte & musette.  Les Musiciens de Saint-Julien. François Lazarevitch.  Alpha : 148.  TT : 72’07.

Cet enregistrement prouve sans conteste que la « musette » n’est pas seulement un instrument pastoral réservé aux petits airs des fêtes galantes, mais également un instrument « sérieux » associé à la flûte traversière et à la vielle à roue dans ces compositions de Jacques Hotteterre et de ses contemporains.  Un enregistrement empreint de simplicité, de sérénité, de liberté et de joie.  Un beau disque pour les amateurs de musique baroque.

Récital au Japon : Christophe Boulier (violon) Sayat Zaman (piano).  Promusica, association artistique.  Stick Music : P0902.  TT 53’12.

Ce disque est le prolongement de la tournée de concerts de ces deux artistes au Japon et particulièrement à Osaka et Yokohama, à l’occasion du 150e anniversaire officiel des relations franco-japonaises. L’occasion d’écouter Christophe Boulier dans une interprétation remarquable du Poème de Chausson, de la Sonate de Ravel, du 23e Caprice de Locatelli, de la Polka guerrière de Bull et de la Danse macabre de Saint-Saëns. La virtuosité du violon est tempérée par l’intelligence de l’interprétation et l’accompagnement clair et tout en sensibilité du piano. Des applaudissements mérités puisqu’il s’agit d’un enregistrement live.

 

Joseph HAYDN : Sept « London » Symphonies.  Chamber Orchestra of Europe, dir. Claudio Abbado.  4CDs DG : 4778117.  TT : 48’59 + 42’55 + 55’35 + 53’48.

Ce coffret de quatre CDs présente les sept symphonies dites « londoniennes » de Joseph Haydn, composées lors de ses deux séjours à Londres en 1791-1792 (Symphonies n°93, 96, 98 et Symphonie concertante) et 1794-1795 (Symphonies n°100, 101, 102 et 103).  Superbe interprétation de Claudio Abbado et de son Orchestre de chambre d’Europe, solennelle, contrastée, énergique, expressive et fantaisiste qui redonne à Haydn tout son entrain.  On retrouve toute l’élégance du chef et le plaisir de jouer de l’orchestre dans une symbiose jubilatoire.

 

Happy Birthday, Elliott Carter ! New Chamber Works.  Swiss Chamber Soloists.  Neos (vol.2) : 10816 TT : 63’28.

S’il fallait qualifier en quelques mots la musique de chambre d’Elliott Carter telle qu’elle nous apparaît dans ce disque, ce serait sans nul doute par les mots « élégance » et « profondeur ». Élégance de la composition tout en scintillements, légèreté, mobilité, jeux et contrastes, comme un mobile de Calder, mais aussi profondeur et mystère, comme un tableau de Soulages, tant il est vrai que cette musique est chargée d’images.  Se succèdent dans cet enregistrement plusieurs compositions pour harpe, alto, flûte et violoncelle, soprano, instruments à vent et quatuor à cordes - pour autant d’émotions.  Un grand disque qu’il faut écouter et réécouter, car, comme le conseille Heinz Holliger, dédicataire de plusieurs pièces : « Ne joue ou n’écoute jamais de la mauvaise musique, la vie est trop courte ». Encore une fois : Happy Birthday, Elliott Carter ! Et merci pour tout !

 

BACH, BIBER, PISENDEL, WESTHOFF : L’art du violon seul dans l’Allemagne baroque.  Mira Glodeanu.  Disques Ambronay : AMY019 (Distrib. Harmonia Mundi).  TT : 65’01.

Le violon seul de Mira Glodeanu (Groblicz, 1604), pour nous guider dans ce voyage à travers l’Allemagne baroque, de Bach, à Biber, Westhoff et Pisendel… Une indiscutable réussite qui associe une interprétation grave et lumineuse - mêlant méditation, virtuosité, élégance - à une sonorité sombre et profonde où les résonances occupent l’espace sonore dans une véritable polyphonie.  La communion entre l’artiste, l’instrument et le répertoire apparaît, ici, comme une évidence.

 

Belle Virginie : Musique pour la Nouvelle France.  Le Concert de l’Hostel Dieu, Franck-Emmanuel Comte.  Ambronay : AMY021 (Distrib. Harmonia Mundi).  TT : 50’54.

Chansons populaires et maritimes de l’ancien et du nouveau monde dans une orchestration traditionnelle et baroque... Malheureusement cette invitation au voyage reste le plus souvent sans effet, nous laissant désespérément sur le quai, loin du grand vent du large… Pour amateurs résolument optimistes, dépressifs s’abstenir !

Belle Virginie

 

Franz LISZT : « Un portrait ».  Guillaume Coppola, piano.  Calliope : CAL 9412. TT : 75’26.

Projet original et ambitieux de consacrer son premier enregistrement à un portrait de Franz Liszt. Parmi les multiples facettes du compositeur, Guillaume Coppola a choisi d’illustrer le voyageur passionné de littérature et de poésie (Vallée d’Obermann), mais également l’ami (Consolations où plane, de façon prégnante, l’ombre de Chopin), ou encore l’amoureux fervent (Rêve d’amour) ou le patriote (Funérailles et Rhapsodies) et enfin l’homme de foi et le mystique (Saint François et Méphisto). Un très beau disque où la virtuosité certaine du jeu pianistique sait s’effacer devant  la qualité de l’interprétation, inspirée, toute en clarté, finesse et sensibilité.

 

La saveur des dissonances.  Giovanni de MACQUE, Louis COUPERIN, Henry PURCELL, Georg MUFFAT, Jean-Pierre ROLLAND…  Jean-Pierre Rolland à l’orgue, Saint-Jean-de-Losne.  Hortus : 072.  TT : 69’03.

L’art de la dissonance et celui de l’ornementation constituent le dénominateur commun de ce programme, dont le but est d’élargir le cadre du style classique français.  Aux œuvres de Macque, Cabezón, Roberday, Couperin, Cabanilles, Marchand, Purcell, Bach, Froberger et Muffat, s’associent trois compositions de J.-P. Rolland, explorant la dissonance dans les domaines du timbre (Diffraction), du rythme (Polychronisme) et de la mélodie (Fulminescences). Enregistrement sur l’orgue Bénigne Boillot (1768) de l’église Saint Jean-Baptiste, à Saint-Jean-de-Losne. Un disque original.

 

Edvard GRIEG (1843-1907) : Sonate pour violon et piano n°3, en do mineur.  Nicolaï MEDTNER (1880-1951) : Sonate pour violon et piano n°3, en mi mineur.  Svetlin Roussev (violon), Frédéric d’Oria-Nicolas (piano). Fondamenta : FON-0902002. TT : 65’14.

Ce programme illustre deux univers singuliers, inspirés des folklores norvégien et russe. La Sonate de Grieg, probablement la plus connue du compositeur, est un modèle d’équilibre entre instruments, empreinte de lyrisme, de douceur, de poésie et de volupté.  Interprétation remarquable, tout en finesse, chargée d’images et d’émotions, digne de celle, enregistrée en 1928, par Kreisler & Rachmaninov.  Bien différent est le climat de la sonate monumentale « Epica » de Nicolaï Medtner.  Lyrico-épique, virtuose, poussant les deux instruments aux limites de leurs capacités, mêlant thèmes religieux et populaires dans un parfait équilibre, cette sonate et son compositeur méritent d’être redécouverts.  L’interprétation est, là encore, à la hauteur de la composition.  Une réussite.

Patrice Imbaud

 

Antonio VIVALDI : Gloria RV 589, précédé du motet Ostro picta, armata spina RV 642. Gloria RV 588.  Sara Mingardo, contralto. Concerto Italiano, dir. Rinaldo Alessandrini. Naïve : OP 30485. TT : 66'59.

Belle idée que d'avoir, sur un même CD, réuni les deux versions que Vivaldi a consacrées au Gloria. La facture des deux pièces présente des différences notables, l'opus 589 étant, selon le chef Alessandrini, « plus théâtral, plus moderne ».  Le geste est en effet éclatant, presque grandiose à l'aune du premier mouvement tout d'envolée allègre.  Admirable encore que la vivacité joyeuse du Laudamus te.  L'opus 588 est plus intérieur, tourné qu'il est vers un récent passé polyphonique. Il est fascinant de comparer un même mouvement dans chacune des deux versions, tel le Qui sedes ad dexteram Patris : ce qui est marqué largo dans la première version devient allegro dans la seconde, avec accompagnement de violon plaintif.  La fugue finale, rehaussée de trompette, ne manque pas dans les deux cas d'impressionner par ses proportions. Alors que l'opus 588 est doté d'une introduction en trois parties, directement rattachée au Gloria in excelsis Deo, le parti a été pris de faire précéder le Gloria RV 589 d'une entrée en matière empruntée à un motet dans la même tonalité.  Rinaldo Alessandrini livre des interprétations fastueuses, amples, aux tempos soutenus, dotés d'une grande vivacité d'accents. Son Concerto Italiano est chatoyant par ses instrumentistes comme par ses chœurs, d'effectifs réduits. Certains de ceux-ci deviennent solistes à l'occasion.  Sara Mingardo, de sa magnifique voix de contralto, ajoute à la réussite de cet album.

 

« Il Pianto di Maria ».  Antonio VIVALDI : Sonate pour cordes & basse continue « Al Santo Sepolcro », RV 130.  Concerto pour cordes « Madrigalesco », KV 129. Sinfonia pour cordes « Al Santo Sepolcro », KV 169.  Giovanni Battista FERRANDINI : Il Pianto di Maria.  Biaggio MARINI : Passacaille pour cordes & basse continue.  Claudio MONTEVERDI : Pianto della Madonna.  Francesco Bartolomeo CONTI : Il martirio di San Lorenzo.  Johann Georg PISENDEL : Sonate pour deux hautbois, cordes & basse continue.  Il Giardino Armonico, dir. Giovanni Antonini.  L'Oiseau-Lyre : 4781466.  TT : 60'54.

Le thème de la Passion du Christ, évoquée à travers la parole éplorée de Marie, a inspiré plus d'un compositeur de l'époque baroque. Monteverdi fut même un précurseur, dans son Lamento d'Arianna, puisqu'il y met en musique l'évocation de La plainte de la Madonne.  Ferrandini, musicien vénitien (1710-1791), presque deux siècles plus tard, reprendra le thème pour en faire une cantate sacrée : Les pleurs de Marie, dont il est précisé « à chanter devant le Saint Sépulcre ».  Cette pièce de belles proportions offre une déclamation souvent délivrée sur le ton de la confidence, culminant sur la stance « Égale à son immense amour, immense fut sa souffrance », enluminée ici par le riche timbre de Bernarda Fink.  Le programme est complété par diverses compositions vocales et purement instrumentales de Conti, dans un air avec chamuleau obligé (ancêtre de la clarinette), de Marini et encore de Vivaldi : l'étonnant concerto « Il Madrigalesco » - hommage à l'art de Monteverdi ? - qui s'inspire des œuvres de caractère sacré de l'auteur, et la sonate titrée « Al Santo Sepolcro ».  C'est encore le cas d'une sonate de Pisendel, élève et ami de Vivaldi. Toutes ces pièces sont jouées sans solution de continuité, formant une vaste et belle méditation.

 

Giovanni Battista PERGOLESI : Stabat Mater.  Concerto pour violon et orchestre.  Salve Regina.  Rachel Harnisch, soprano, Sara Mingardo, contralto, Julia Kleiter, soprano. Giuliano Carmignola, violon.  Orchestra Mozart, dir. Claudio Abbado.  Archiv Produktion : 477 8077.  TT : 65'12.

La courte carrière de Jean-Baptiste Pergolèse - quelque cinq ans - aura été fructueuse, abordant tous les genres musicaux.  Mais c'est sans doute celui de la musique sacrée qui lui vaudra la célébrité, en particulier son Stabat MaterIl est intéressant d'en redécouvrir la richesse dans une interprétation recueillie et d'une grande sensibilité. Claudio Abbado a réuni une quinzaine de cordes auxquelles il a ajouté un lute.  Le caractère intimiste de la pièce en ressort d'autant, comme son émouvante simplicité. L'invention mélodique constamment renouvelée, ces accents qui frôlent le domaine de l'opéra, à l'occasion presque primesautiers - si étonnants pour une Séquence de déploration – on les savoure dans cette exécution marquée au coin de la grandeur dépouillée.  Deux voix d'une exceptionnelle pureté la distinguent encore, qui vocalisent avec délicatesse, le chaud soprano de R. Harnisch s'unissant à merveille avec le sombre timbre de contralto de S. Mingardo dans les magnifiques duos.  Le Salve Regina, dont certaines tournures ne sont pas sans rappeler celles du Stabat Mater, forme un complément idéal, là où l'invocation se fait plus extérieure ; non que l'expression ne célèbre encore une tristesse contenue. Le Concerto pour violon forme un contraste bienvenu, alors que joué avec pudeur. Là encore, l'effectif réduit permet d'apporter au discours une sensible articulation.

PERGOLESI Stabat Mater Abbado

 

Gabriel FAURÉ : Mélodies Quatre mélodies op. 51, Deux mélodies op. 57, Cinq mélodies de Venise op. 58. Deux mélodies op. 76. Deux mélodies op. 83. Trois mélodies op. 85. Deux mélodies op. 87. Deux mélodies de 1906.  Yann Beuron, ténor.  Billy Eidi, piano.  Timpani : 1C1162.  TT : 51'41.

Dans la production de Fauré, les mélodies tiennent une place de choix, empruntant à l'esthétique symboliste, puisant chez les meilleurs auteurs, Verlaine, Baudelaire.  Si l'on devait rechercher une correspondance en peinture, c'est dans les pastels de Fantin-Latour qu'il faudrait se tourner, estime Jean-Michel Nectoux qui définit ainsi l'esthétique de l'auteur de Pénélope : « exprimer l'indicible, se libérer de la tyrannie du mot, bannir l'anecdote, le convenu, le détail platement réaliste, mépriser l'effet, fuir la couleur locale, la scène à faire, le cliché ».  Tout cela, on l'apprécie aussi bien dans ce cycle central que forment les Mélodies de Venise, où affleure la quintessence de l'art fauréen, qu'à travers la myriade de piéces réunies ici, couvrant la période 1888-1904.  Douce mélancolie y rime avec charme voluptueux.  Le timbre clair et rayonnant de Yann Beuron est une joie, comme son souci de l'articulation souple et la maîtrise des inflexions typiques, sans jamais verser dans la préciosité.  Seuls, peut-être, quelques passages aigus le trouvent moins à l'aise. Le pianiste Billy Eidi, détenteur du Prix Gerald Moore, se montre plus qu'un accompagnateur.  Les harmonies raffinées du discours fauréen, souvent à travers une grande richesse du jeu, enchâssent la ligne subtile de la voix, et font que paroles et musique participent du même élan.

 

Gabriel PIERNÉ : Cydalise et le chèvre-pied. Ballet en deux actes et trois tableaux.  Collège vocal de la cathédrale de Metz.  Orchestre philharmonique du Luxembourg, dir. David Shallon. Timpani : 1C1174. TT : 73'.

Le ballet Cydalise et le chèvre-pied de Gabriel Pierné (1863-1937) s'inscrit dans le sillage de Daphnis et Chloé de Ravel - qu'il créa d'ailleurs -, de par le sujet, emprunté à quelque antiquité idéalisée, mâtiné ici d'une action classique de ballet de cour, puisque celle-ci, imaginée par les fameux duettistes de la scène théâtrale, de Flers et Caillavet, se situe à Versailles ; un même sens de l'évocation, notamment par l'intervention de chœurs murmurés ; un art également raffiné de la fantaisie narrative alternant scènes à caractère intimiste et grands ensembles.  Les proportions de la pièce de Pierné sont vastes et l'effectif requis impressionnant ; ce qui lui permet d'enchâsser une action dans l'action, un ballet à l'intérieur du ballet, confèrant au récit tout son piquant.  Car l'humour n'est pas la moindre originalité ici, à travers les tribulations du faune Styrax.  L'écriture orchestrale est raffinée, tirant sur le mode ancien, dette à l'académisme fin de siècle, mais aussi ouvert aux idées nouvelles en matière d'harmonie et de rythme.  La mise en valeur des bois est remarquable, les flûtes en particulier qui se voient offrir des solos évocateurs. L'interprétation mise, à juste raison, sur la clarté du discours, sa fraîcheur première, son vrai charme gallique.

 

Serge RACHMANINOV : La pudeur romantiqueSonate n°2, op.36.  Six Moments musicaux, op.16.  Trois Préludes, op.23 n°5 et 6, et op.32 n°10.  Études-tableaux, op.33 n°3, et op.39 n°1 et 5.  Mikhaïl Yurkov, piano.  Hortus : 069. TT : 63'05.

Le titre du CD peut paraître excessif. Du moins cherche-t-il à atténuer cette idée fort répandue selon laquelle Serge Rachmaninov est avant tout le compositeur d'un romantisme exacerbé, d'une musique démonstrative à l'aune des dons d'interprète qui étaient les siens.  Son piano est, certes, empreint de virtuosité ; en diable parfois, exigeant beaucoup de ceux qui le pratiquent. Mais il serait réducteur de s'arrêter là.  La manière élégiaque échevelée cache une recherche de plénitude mélodieuse. Car il y a chez ce maître, qui a confié au clavier la profondeur de son être, quelque chose d'intensément lyrique. Le présent disque propose des pièces couvrant la période 1896-1917. De riches harmonies, tout en rondeur, et des tonalités recherchées distinguent des pièces comme les Moments musicaux - discret hommage à Schubert - d'une fraîcheur et d'une spontanéité vraies.  Ces qualités parent certains des Préludes aussi, tel l'op.23 n°5 qui évolue dans le registre du nocturne et du contemplatif.  Bien sûr, le grand pianisme est là, bien présent, en particulier dans la Sonate n°2 où alternent traits martelés et réminiscences de sonnerie de cloches, mais aussi tournures lyriques, climats tempétueux et assagis.  Le pianiste russe Mikhaïl Yurkov satisfait à tous ces défis avec un sens rare du phrasé et une belle habileté à débrouiller une rythmique souvent changeante.

 

DVD

W.A. MOZART : Die Zauberflöte Ileana Cotrubas, Peter Schreier, Edita Gruberova, Marti Talvela, Christian Boesch, Walter Berry.  Wiener Philharmoniker, dir. James Levine.  Régie : Jean-Pierre Ponnelle.  Salzburg 1982.  2DVDs TDK : DVWW-CLOPMF. TT : 189'.

Le Festival de Salzbourg a généré, au cours de son histoire récente, des productions mythiques des opéras de Mozart, dont le dénominateur commun reste la sonorité unique des Wiener Philharmoniker.  Ainsi en est-il de La Flûte enchantée, mise en scène par Jean-Pierre Ponnelle qui, à partir de 1978, fera les beaux soirs du Festival des années durant, et captée en 1982 dans ce lieu unique qu'est la Felsenreitschule (Salle du manège des rochers).  Légendaire en effet que cette présentation qui réussit le tour de force d'englober tous les aspects d'une œuvre protéiforme : sa signification maçonnique, par des références suggestives dans la décoration et les attitudes, son ancrage dans le siècle des Lumières, son caractère populaire façon théâtre de tréteaux par la gouaille d'un Papageno qui aura rarement été autant le Naturmensch voulu par ses auteurs, ou encore l'opposition, non manichéenne cependant, entre monde de la nuit et forces de la lumière.  Avec tact et suprême distinction sont dessinés des personnages qu'habitent autant la vérité que la tendresse.   On ne compte pas les morceaux d'anthologie dans les échanges, les traits finement perçus, les ensembles magistralement maîtrisés.  Une vision à placer au rang de référence stylistique, magnifiée par une exécution vocale prestigieuse comme savait alors en afficher le festival.

Mozart: Die Zauberflöte, K620

 

W.A. MOZART : Così fan tutteMargret Marshall, Ann Murray, Katleen Battle, Francesco Araiza, James Morris, Sesto Bruscantini.  Wiener Philharmoniker, dir. Riccardo Muti.  Régie : Michael Hampe.  Salzburg 1983. 2DVDs TDK : DVWW-OPCFTSF.  TT : 188'.

Così fan tutte, saisi à l'été 1983, fait nul doute figure d'interprétation classique. Michael Hampe y prône le souci de l'élégance. Un somptueux décor de palais en bord de baie de Naples forme l'écrin d'une mise en scène qui, sous une apparente sagesse, décrypte finement ce qui appartient, chez Mozart, au théâtre d'amour. Si elle cultive avantageusement les effets de symétrie, rien n'y est appuyé. Elle ne s'encombre pas de sous-entendus et de réinterpretation, mais évoque le doute subtil, les hésitations, le trouble. Les caractères sont plus suggérés que soulignés. Le cynique Alfonso tire les ficelles mais sait ne pas sombrer dans l'excès.  Despina lui donne une réplique alerte, sans le côté forcé qui encombre bien des régies actuelles. Les quatre jeunes gens amoureux seront manœuvrés, fragiles qu'ils sont dans leur entreprise de coquetterie galante. L'exécution musicale d'une alacrité toute italienne et un vrai sens de l'ensemble parachèvent un spectacle dont la qualité résiste au passage du temps.

MOZART: Cosi fan tutte (Salzburger Festspiele, 1983) (NTSC)

 

W.A. MOZART : La Clemenza di TitoMichael Schade, Vesselina Kasarova, Dorothea Röschmann, Elina Garanca, Barbara Bonney, Luca Pisaroni.  Wiener Phillharmoniker, dir. Nicolaus Harnoncourt. Régie : Martin Kusej.  Salzburg 2003.  2DVDs TDK : DVWW-OPCLETI.  TT : 160'.

Filmée en 2003, la production de La Clémence de Titus proclame l'audace de la régie de Martin Kusej.  En vingt ans les choses ont radicalement évolué en matière de dramaturgie, comme de prise de vue. L'analyse spectrale des idées sous-tendant l'opéra a fait son apparition. Foin de premier degré, chaque nuance de l'action est passée au crible.  Les sentiments sont exacerbés, les affrontements soulignés presque au point de rupture, et les visions souvent chaotiques, tel l'incendie du Capitole.  Les jeux de pouvoir sont burinés au scalpel comme le conflit de conscience de l'empereur magnanime. Les récitatifs prennent un relief d'une rare justesse et les arias font figure de modèles de chant habité.  L'immense décor de palais délabré, sur plusieurs niveaux, emplit le plateau de la Felsenreitschule, théâtre d'un drame intense.  La caméra, qui suit au plus près la régie d'acteurs, saisit des images d'une force inouïe, gros plans expressifs, vues latérales, et d'une réelle beauté suggestive.  Un cast de rêve, choyé par un chef charismatique, enlumine cette version radicale d'un drame accompli.

Nota : Les trois opéras, disponibles séparément, sont aussi réunis en un coffret, sous le titre : Mozart at the Salzburg Festival (réf. : DVWW-GOLDBOX5).

 

Engelbert HUMPERDINCK : Hänsel und GretelJ. Holloway, Adriana Kucerova, Wolfgang Ablinger-Sperrhacke, I. Vilsmaier, Klaus Kuttler.  London Philharmonic Orchestra, dir. Kazushi Ono.  Régie : Laurent Pelly.  Glyndebourne 2008.  Decca : 074 3361.  TT : 108'.

Comme tout conte de fées Hänsel et Gretel recèle une face cachée sombre, voire tragique, que les mises en scènes modernes se plaisent à mettre en évidence, tournant le dos aux clichés de l'opéra pour enfants.  La régie de Laurent Pelly, créée pour le festival de Glyndebourne, renchérit sur cette tendance. L'atmosphère y est plus inquiétante que réjouissante, et ce qui passe généralement pour mauvaise farce prend ici un caractère effrayant. Dès le premier tableau, le ton est donné : la maison des enfants sera en carton mâché, rafistolé de papier collant, qu'habite une famille désœuvrée. La forêt devient un lieu glauque d'après tempête, jonché de détritus et autres sacs en plastique. Surtout, la cabane de la sorcière est un rayon de supermarché empli d'une montagne de friandises qu'offre gratis une avantageuse mégère en tailleur rose bonbon.  Elle se transformera en un inquiétant sosie de Mime, prêt à dévorer ses jeunes proies - clin d'oeil à Wagner dont les tournures sont si présentes.  La critique d'une société en mal d'éducation est sans merci, qui au happy end, alignera une ronde d'enfants obèses à force de sucreries ; lecture sans pitié qu'animent des jeux de physionomie plus vrais que nature, sur lesquels se complaît la caméra. Un vision pessimiste servie par une direction musicale fort nuancée.

Jean-Pierre Robert

 

Ludwig van BEETHOVEN : VIIe Symphonie.  Max BRUCH : 1er Concerto pour violon.  Igor STRAVINSKY : Symphonie en trois mouvements.  Berliner Philharmoniker, dir. Sir Simon Rattle.  Vadim Repin, violon.  Medici Arts (www.medici.tv) : 2056978.  TT : 92’00.

Merveilleux Simon Rattle qui a réussi à débrider cette mécanique de haute précision qu’est le Berliner Philharmoniker, en ouvrant notamment son répertoire aux musiques baroques et contemporaines (depuis sa prise de fonctions, ont ainsi été interprétées des œuvres de 63 compositeurs).  Le 1er mai 2008 (date anniversaire de la création de l’orchestre, le 1er mai 1882), il dirigeait à Moscou, en la salle des concerts du Conservatoire Tchaïkovski - alliant souplesse et intensité - la 7e Symphonie de Beethoven, la Symphonie en trois mouvements de Stravinsky et, avec en soliste le grand Vadim Repin, le 1er Concerto pour violon de Max Bruch.  Mémorable soirée, d’autant plus que le Berliner n’était pas retourné à Moscou depuis ses concerts de 1969, lorsque Karajan dirigea - en présence du compositeur ému aux larmes - la Xe Symphonie de Chostakovitch.

Sir Simon Rattle conducts Beethoven, Bruch & Stravinsky

 

Alfred DELLER (1912-1979) : Portrait d’une voix.  Film de Benoît Jacquot.  INA/Harmonia Mundi : HMD 9909018.  1DVD (TT : 60’05) + 1CD (TT : 79’12).

Livret assorti de fervents témoignages, signés Gustav Leonhardt, Bernard Coutaz, Nicolas Harnoncourt, René Jacobs, Paul Elliott…, voilà certes un indispensable à votre DVDthèque.  L’entretien comporte – émaillé de pièces de Thomas Campion, Philip Rosseter, Thomas Morley, Henry Purcell… – une interview de 60’05, dans laquelle Alfred Deller nous entretient (excellents sous-titrages) de la voix de contre-ténor, du parler-chanter, de son adolescence, de son travail et de ses publics, d’Henry Purcell, du Deller Consort, de nature et d’artifice, de musique et de curiosité, etc.  Passionnant ! Quant au CD, il comporte 20 titres - dont 9 pièces sur des poèmes de Shakespeare, et quelques autres signées John Blow, John Dowland, Giulio Caccini, Alessandro Scarlatti, Henry Purcell…  À également conseiller à tout psychiatre dont des patients auraient à se mettre au clair avec… leur « masculinité ».

 

Jean GUILLOU (°1930) : La Révolte des Orgues op.69, pour grand orgue, huit orgues positifs, percussions & chef d’orchestre.  Film de Tomasz Cichawa : L’Alchimie de la Révolte.  Oko Films (26, rue des Rigoles, Paris XXe. okofilms@free.fr). TT : 130’00

Du génial organiste, voilà assurément le grand œuvre.  À la console principale est, bien sûr, le compositeur, entouré de Roberto Bonetto, Winfried Bönig, Bernhard Buttmann, Silvio Celeghin, Jürgen Geiger, Franco Vito Gaiezza, Giampaolo Di Rosa & Jürgen Wolf.  Aux percussions : Hélène Colombotti.  Direction : Johannes Skudkik.  La Révolte des Orgues était enregistrée en concert, le 19 juin 2007, à Saint-Eustache (durée de la vidéo : 30’04).  Dans L’Alchimie de la Révolte, film documentaire de Tomasz Cichawa, Jean Guillou nous dévoile les origines de l’œuvre ainsi que les coulisses de l’installation du dispositif requis, puis des répétitions.  En bonus : l’Improvisation par Jean Guillou qui clôturait le concert (durée de la vidéo : 6’38) et le Concerto pour deux claviers en fa majeur de Wilhelm Friedemann Bach (interprètes : Jean Guillou & Johannes Skudlik).  Il s’agit là du premier DVD de la série « Jean Guillou : Présence(s) » que produit Oko Films.  Voir aussi : www.jeanguillou-dvd.org

Francis Gérimont

 

The Metropolitan Opera Centennial Gala.  Live from the Met, 22 October 1983 .  Met Opera Orchester, Chorus & Ballet.  Music director : James Levine.  2DVDs Deutsche Grammophon : 00440 073 4538.  TT : 231’00.

Superbe coffret de deux DVDs, enregistré en direct lors du gala du 22 octobre 1983, célébrant le centenaire du Met (1883-1983).  Ce « gala suprême » est l’occasion de voir et d’écouter les plus belles voix du moment en duos (Catherine Malfitano & Alfredo Kraus, Placido Domingo & Mirella Freni, Renato Bruson & Grace Bumbry, José Carreras & Montserrat Caballé, Luciano Pavarotti & Leontyne Price, pour n’en citer que quelques uns…) ou en solos (Kiri Te Kanawa, Eva Marton, Ruggero Raimondi, Joan Sutherland, Nicola Gedda, Anna Tomowa-Sintow, Ileana Cotrubas, Marilyn Horne, Birgit Nilsson…), et d’autres ensembles encore, sous la baguette des plus grands chefs (James Levine, Leonard Bernstein, Jeffrey Tate…), à la tête d’un orchestre à la hauteur de l’événement. Il serait mesquin d’émettre la moindre critique…  Tout simplement sublime… et indispensable !

Patrice Imbaud

 

 


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S’ouvrant sur un éditorial de l’Inspecteur général de l’Éducation nationale, M. Vincent Maestracci, orientant de façon concise l’élève dans son travail, le supplément Baccalauréat 2010 de L’éducation musicale est d’une rare densité : pas moins de 148 pages d’analyses et références.

Indispensable aux professeurs d’Éducation musicale et aux élèves de Terminale qui préparent l’épreuve de spécialité « série L » ou l’épreuve facultative « Toutes séries générales et technologiques du baccalauréat », cette publication réunit les connaissances culturelles et techniques nécessaires à une préparation réussie.

À commander aux Éditions Beauchesne : 7, cité du Cardinal-Lemoine, 75005 Paris. Tél : 01 53 10 08 18.  Fax : 01 53 10 85 19.  s.desmoulins@leducation-musicale.com

 

 

Notre livraison de septembre/octobre2009 est à découvrir sans attendre ! Au sommaire :

« Compositrices II », dossier consacré, notamment, à : Pauline Viardot, Elzbieta Sikora, Simone Féjard, Linda Bouchard…, aux femmes dans la création musicale improvisée (musique actuelle au Québec), à la musique de film au féminin (Germaine Tailleferre, Jocelyn Pook, Rachel Portman, Émilie Simon…).  Sans préjudice d’une analyse de la Symphonie « Héroïque » de Beethoven, d’une interview de Marc-Olivier Dupin (directeur de la musique à Radio France), du compte rendu de la création du Temps l’horloge d’Henri Dutilleux, de propos sur « l’éveil musical » et sur « Éducation musicale & imaginaire »… Non sans les habituelles recensions des nouveautés (édition musicale, bibliographie, CDs et DVDs).

 

Dossiers déjà parus dans L'éducation musicale


Femmes compositrices (2)
n° 562

Musique et cinéma (2)
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Musique et cinéma (1)
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à l’époque des Ballets russes
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n° 553/554

Le bruit
n° 551/552


Percussions
n° 549/550

 

Dossiers à paraître :

  • Révolutions et musique
  • Opéra, mémoire d'avenir

 

 

 

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Laëtitia Girard