Si vous n'arrivez pas à lire correctement cette newsletter, cliquez ici.

 

Sommaire :

1. Editorial

2. Informations générales

3. Varia

4. Manifestations et Concerts

5. Tribune Libre

6. Recensions de spectacles et concerts

7. Festival de Pâques de Lucerne

8. Les Festtages de Berlin

9. John Adams, un compositeur dans l’actualité

10. A retenir dans l’agenda

11. Nouveautés dans l'édition musicale

12. Bibliographie

13. CDs et DVDs

14. La librairie de L’éducation musicale

15. La vie de L’éducation musicale

16. Où trouver le numéro du Bac ?

 

Abonnez-vous à l'Education musicale


 

Facebook

 

 

   Lividités…

 

Longtemps abusé par de vaines promesses, le monde des arts et des humanités est aujourd’hui exsangue.

 

Ainsi du Portugal, qui vient de, tout bonnement, supprimer son ministère de la Culture, cependant que les Pays-Bas ont dû amputer de 25% le budget du leur…  La Scala de Milan aurait, nous dit-on, à combler un déficit de 6,7 millions d’euros, et Nigel Ridden, directeur du Lincoln Center Festival de New York, de conseiller aux compositeurs : « Plutôt que pour orchestre, écrivez pour formations de chambre ! »...

 

Tandis que « la musique d’art » (selon l’expression américaine) perd partout de son influence.  N’est-elle pas devenue quasi inaudible, sous ces déferlantes de musiques pour ilotes - assourdissantes verroteries  - qu’exalte universellement une presse mercantile ?...

 

La chanson populaire, dite « chanson de pays », franchissait naguère allègrement les générations – à défaut des frontières…  Elle n’est plus guère, hélas, que discipline ethnographique sous naphtaline.

 

Gémissons, gémissons… mais espérons !  « La crise ne rend pas la culture moins nécessaire, elle la rend plus indispensable » (François Hollande, janvier 2012).

 

Aux actes, citoyen !

Francis B. Cousté.

 

 

 

 


Haut

 

 BOEN n°13 du 29 mars 2012.  Diplôme national du Brevet : épreuve d'Éducation musicale.

1. Durée : 30 minutes

2. Objectifs de l'épreuve :

L'évaluation a pour objectif d'apprécier l'aptitude du candidat à :

- maîtriser, à un niveau simple, le vocabulaire courant propre à la musique ;

- analyser une œuvre et en rendre compte.

3. Nature de l'épreuve : écrite

4. Structure de l'épreuve :

L'écoute de l'œuvre proposée aux candidats est collective. Cette œuvre, d'une durée n'excédant pas trois minutes, est entendue deux fois. L'épreuve consiste en un questionnaire relatif à l'écoute d'une œuvre musicale (ou d'un extrait d'œuvre). Le candidat met en valeur les principaux éléments d'ordre technique et stylistique de l'œuvre entendue : caractère général, aspects mélodiques, rythmiques, harmoniques, instrumentaux, formels. Dans un bref commentaire, il situe cette pièce dans son contexte historique et culturel.

5. Notation : sur 20.

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:priorites-de-la-rentree-2012.jpeg

©DR

 

 

BOEN n°14 du 5 avril 2012.  Baccalauréat : Épreuves de spécialité en série littéraire & épreuves facultatives de musique (session 2013) :

www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=59483

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:photo_1309839997531-1-0.jpeg

©DR

 

 

Musique Prim, nouveau site de chansons & d’œuvres musicales pour les enseignants de l’école primaire.  Le site Internet, le CD et le portail offrent de nouvelles possibilités d’enseigner la musique.  Renseignements : www.cndp.fr/musique-prim/accueil.html ou :

www.touspourlamusique.org/actu/837-musique-prim-quand-la-musique-secoute-a-lecole.html

 

    Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:chansons-prim-un-repertoire-de-chants-pour-la-classe-et-la-chorale.png   Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:leo-pearl-batterie.jpeg

 

 

TPLM :  « Plateforme commune d’expression des attentes de la filière musicale ».

 Consulter : www.touspourlamusique.org/images/stories/PDF/plateforme_tplm.pdf

 

  Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Accueil - Tous Pour la musique.png

 

 

Opéra de Paris.  Le programme de la saison 2012-2013 est désormais accessible en ligne :

www.operadeparis.fr/saison_2012_2013/index.php

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:caption.jpeg

©DR

 

 

Opéra de Dijon, saison 2012-2012 :  Pelléas et Mélisande (Cl. Debussy), Ariane et Barbe-Bleue (P. Dukas), Actéon (M.-A. Charpentier), L’enfant et les sortilèges (M. Ravel), Don Giovanni (W.A. Mozart), L’Olimpiade (J. Mysliveček).  Sans préjudice d’innombrables concerts & spectacles de danse…  Renseignements : 03 80 48 82 82. www.opera-dijon.fr

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:2-430-G6025.jpeg

©DR

 

 

Berklee College of Music (Boston, USA)  ouvre son 1er Campus international, à Valencia (Espagne), en septembre 2012.  Y seront proposés trois programmes de Master : Scoring for Film, TV & Videogames / Contemporary Studio Performance / Global Entertainment & Music Business.  Renseignements : www.berklee.edu ou www.berkleevalencia.org

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Exterior_FOTO DE TATO BAEZA 2.jpg

©DR

 

***

 

 


Haut

An Englishman in Paris  « Je n’ai pas de temps à perdre, je n'écoute que du classique.  J'ai un faible pour les œuvres pour piano de musique française de la fin du XIXe siècle et du début du XX: Maurice Ravel, Claude Debussy, Théodore Dubois, Erik Satie... » (Sting, Le Figaro, 2 mars 2012)

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Sting, par Todd Plitt/Contour.jpeg

Sting ©Todd Plitt

 

 

« Concours international d’interprétation musicale de Ville-d’Avray ».  Consacré, cette année, à la Direction d’orchestre d’harmonie (64 inscrits de 20 nationalités), voici les trois premiers prix : Manuel Godoy (Espagne), Karel Deseure (Belgique), Chris Derikx (Pays-Bas).  Renseignements : 01 78 33 14 57.  http://club.quomodo.com/concours

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Les étangs de Ville-d'Avray.jpeg

Les étangs de Ville-d’Avray ©DR

 

 

« Il faudrait réorganiser les rythmes scolaires »  (Rapport Lockwood remis au ministre de la Culture, le 16 janvier 2012).  Commentaire de l’Union nationale des directeurs de conservatoire (UNDC) : « Sachant le souci de communication qui anime l’Éducation nationale dans son élaboration des programmes & des calendriers envers ses partenaires, ce vœu dépasse la piété pour atteindre à l’espérance du miracle. » Renseignements : www.undc.fr

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:phpThumb_generated_thumbnailjpg.jpeg

©UNDC

 

 

Sur YouTube, site d’hébergement vidéos (créé en janvier 2005) : 60 heures de vidéo sont chargées à la minute, soit 5 mois de vidéo à l’heure, 10 ans de vidéo par jour.  Et cela ne cesse de croître…  Cf. : www.youtube.com

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:imgres.jpeg

 

 

« The Sound of Philadelphia » (TSOP) fête ses 40 ans.  Entre autres manifestations, se tiendra à Philly, jusqu’au 3 septembre 2012, une exposition dédiée à Bruce Springsteen, « the Boss », auteur de la célèbre chanson Streets of Philadelphia :

www.dailymotion.com/video/x1igei_bruce-springsteen-street-of-philade_music  Renseignements : http://constitutioncenter.org/ncc_press_Bruce.aspx

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:428653_10150723133261210_371144001209_11734190_12755955_n.jpeg

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Springsteenexhibitlogo_550.jpeg

 

 

Le 31e Concours international de violon « Premio Rodolfo Lipizer » se déroulera à Gorizia (Italie), du 7 au 16 septembre 2012.  Renseignements :  I-34170 Gorizia (GO).  Tél. : 0039-0481-547863.   www.lipizer.it

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:23_marzo_interpreti_ok.jpeg

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:image001.jpg

 

 

Grand Zebrock 2012,  association dont la vocation est d’encourager la création dans le champ des musiques populaires, a - parmi les 200 candidatures reçues – retenu 10 groupes : Zoufris Maracas (chanson), L’1consolable (hip hop), We Eat Tortoises (rock), Madame Dame (snob groove diva), Ayenalem (rap), Lise Martin (chanson), Yas & the lightmotiv (slam/rock), Anissa Bensalah (planet pop jazz), 3 minutes sur mer (chanson rock), Old Fashion Ladies (rock).  Finale le vendredi 1er juin, 19h30, à La Maroquinerie (23, rue Boyer, Paris XXe).   Renseignements : 01 55 89 00 60.  www.zebrock.net

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:3063.jpeg

 

 

Un nouveau président pour l’association « À Cœur Joie ».  Éminent spécialiste des musiques de la Renaissance & professeur à l’université François-Rabelais de Tours,  Jacques Barbier a été élevé à cette fonction, le 31 mars 2012.  Renseignements : 04 72 19 83 40.  www.choralies.org

 

©À Cœur Joie

 

 

European Award for Choral Composers 2012.  Sur les 38 compositions reçues, émanant de 11 pays d’Europe, le jury a retenu 3 œuvres.  Catégorie « a cappella » : Bestiaire fantasque (2011), pour chœur de femmes, du français Pierre Chépélov (°1979).  Catégorie « avec instruments » : Gloria Kajoniensis (2008), pour chœur de femmes,  du hongrois Levente Gyöngyösi (°1975) et « 1914 » (2009), pour chœur d’hommes, du belge Maarten Van Ingelgem (°1976).  Renseignements : European Choral Association / Europa Cantat. www.eca-ec.org

 

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:167743_187827261248802_185742064790655_471708_1351224_n.jpeg       Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:423157_356986987666161_185742064790655_1076397_907521961_n.jpeg

 

 

Sur Canal Académie :  Olivier Messiaen vu par le musicologue & organiste Michel Fischer.

www.canalacademie.com/ida4137-Olivier-Messiaen-l-amoureux-d-orgue.html

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:arton4137-85x120.jpeg

 

***

 

 


Haut
Nietzsche/Wagner : Le Ring.  D’après le cycle de Richard Wagner, textes de Friedrich Nietzsche.  Du 2 au 11 mai 2012, Athénée-Théâtre Louis-Jouvet (24, rue Caumartin, Paris IXe). Aurélien Pernay (baryton/basse) : Wotan. Paul Gaugler (ténor) : Siegfried.  Muriel Ferraro (soprano) : Brünnhilde.  François Clavier (comédien) : Nietzsche.  Orchestre Lamoureux, dir. Dominique Debart.  Mise en scène : Alain Bézu.  Renseignements : 01 47 42 77 93. www.athenee-theatre.com

 

Théâtre de l'Athénée, par Henri Imbert   _le_ring

Théâtre de l’Athénée © Henri Imbert

 

 

Rencontres chorales 2012.  Organisation : Université Paris VIII.  Thème : « La musique vocale japonaise, traditionnelle et contemporaine ».  Ensemble Soli Tutti, Chœur Regato de Tokyo, Chœur Les Polysons.  Jeudi 3 mai, à 20h00 : Théâtre du Jardin d’acclimatation (Bois de Boulogne, Paris, XVIe).  Samedi 5 mai, à 17h00 : Musée d’Art & d’Histoire (22, rue Gabriel-Péri, Saint-Denis).  Dimanche 7 mai, à 17h00 : Église Saint-Pierre/Saint-Paul (2, rue de Romainville, Montreuil). Renseignements : 01 49 40 65 28. www.univ-paris8.fr/Rencontres-Chorales-Japon

 

1_1330100423_Affiche_Japon_inter_logo      Japonp1

 

 

« Extension »,  12e Festival de création musicale, se déroulera à Paris & en Île-de-France, du 3 au 31 mai 2012.  Renseignements : La Muse en circuit www.alamuse.com

 

phpThumb_generated_thumbnailjpg-1  phpThumb_generated_thumbnailjpg

 

 

Robert Schumann/Hanspeter Kyburz :  Cité de la musique, du 5 au 13 mai 2012.  Renseignements : 221, avenue Jean-Jaurès, Paris XIXe.  Tél. : 01 44 84 45 00.

www.citedelamusique.fr/francais/cycle.aspx?id=414

 

cite_aerienne1    aff_414

 

 

« Musique en Sorbonne »  - de retour d’une tournée danubienne qui l’aura conduit de Prague à Příbram, Vienne & Bratislava - se produira le jeudi 10 mai 2012, à 20h30, en l’église Saint-Sulpice (place Saint-Sulpice, Paris VIe).  Aurore Bucher, soprano.  Soliste, chœur & orchestre, dir. Johan Farjot.  Au programme : Ravel, Poulenc, Gershwin, Martinů, Dvořák.   Renseignements : 01 42 62 71 71. www.musiqueensorbonne.fr

 

concert_Saint_Sulpice

 

 

Le festival « Les Musiques »,  musiques d’aujourd’hui, se déroulera, à Marseille, du 9 au 19 mai 2012.  Renseignements : 15, rue de Cassis, 13008 Marseille. Tél. : 04 96 20 60 10.  www.gmem.org

 

2012_GMEM_MUSIQUES_10x15

 

 

Colloque international :  « Le compositeur Mieczysław Weinberg & le réalisme socialiste durant l’ère Brejnev ».  Communications, concerts, entretiens. Hamburg Institute of Musicology, 11-13 mai 2012.  Renseignements : Universität Hamburg (Edmund-Siemers Allee 1, 20146 Hamburg, Germany). Tél. : +49.40.42838.0. www.peermusic-classical.de/en/home

 

index_e    Weinberg_Plakat_1803

 

 

« Debussy et poètes : Correspondances avec ses amis »,  tel est le propos de la lecture que fera, le vendredi 11 mai 2012, à 19h00, au Musée de l’Orangerie (Jardin des Tuileries, Paris Ier), le comédien Didier Sandre.  Renseignements : 01 44 77 80 07.  www.musee-orangerie.fr

 

   Mallarme

Stéphane Mallarmé, par Nadar (1896)

 

 

Auditorium du musée Guimet.  Le vendredi 11 mai, à 20h30 : Nen Nen Sui Sui - Mieko Miyazaki (koto & voix, Japon), Guo Gan  (erhu, Chine).  Le vendredi 1er juin, à 20h30 : Zinedagui (chants populaires du Rajasthan, qawwalis soufis & bhajans hindous). Renseignements : 6, place d’Iéna, Paris XVIe.  Tél. : 01 56 52 53 45.  www.guimet.fr/fr/auditorium

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Mail0009.JPG     Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Mail0009.JPG

©DR

 

 

Guimbarde au Centre culturel suisse de Paris.  Anton Bruhin est musicien, peintre et poète. À l'occasion du vernissage de l'exposition « Météorologies mentales », qui présente de ses œuvres, ce virtuose de la guimbarde donnera, le 12 mai 2012, à 20h00, un concert dédié au plasticien Andreas Züst (1947-2000), dont il était l'un des proches. Entrée libre. Renseignements : 32-38, rue des Francs-Bourgeois, Paris IIIe.  Tél. : 01 42 71 44 50.  www.ccsparis.com

 

    AZSTPO~1     image-22-585x420

©DR

 

 

Musiques au pays de Pierre Loti  propose sa 8e édition, du 14 au 19 mai 2012, à Rochefort & sur l’île d’Oléron.  Renseignements : 05 46 47 60 51.

www.infoconcert.com/festival/musiques-au-pays-de-pierre-loti-5277/concerts.html

 

PierreLoti2012_120x150

Istanbul par Dominique Barreau

 

 

« Quatuor à l’Ouest »,  festival de la presqu’île de Crozon, présente sa 2e édition du 17 au 20 mai 2012.  Renseignements : 06 23 33 57 30. www.quatuoralouest.org

 

logo3  

 

 

« Les Musicales de Bagatelle »  se dérouleront du 17 au 20 mai 2012, en l’Orangerie du Parc.  Sous les parrainages de, notamment : Alain Dault (critique musical), Romain Hervé (piano), David Grimal (violon), François Salque (violoncelle), Dominique Martinie (président de la Fondation Banque populaire). Renseignements : Parc de Bagatelle, allée de Longchamp, Paris XVIe.  Tél. : 01 30 58 81 46.   www.lesmusicalesdebagatelle.com

 

a8cceaa4b5df9570ccd40b4323202891      imgres

 

 

Re Orso,  légende musicale de Marco Stroppa, livret d’après Arrigo Boito, sera donné en création mondiale, à l’Opéra-Comique, les 19, 21 et 22 mai 2012, à 20h00.  Pour 4 chanteurs, 4 acteurs, ensemble, voix & sons imaginaires, spatialisation et totem acoustique.  Ensemble intercontemporain, dir. Susanna Mälkki.  Mise en scène : Richard Brunel.  Renseignements :  1, place Boieldieu, Paris IIe. Tél. : 01 42 44 45 40.  www.opera-comique.com

 

RE-ORSO-typo_2

 

 

Vanessa,  opéra en 3 actes de Samuel Barber (1910-1981), sur un livret de Gian Carlo Menotti, sera donné les 20, 22 et 26 mai 2012 au Théâtre Roger Barat (place de la Halle, 95220 Herblay).  Avec, notamment, Yun Jung Choi dans le rôle-titre, et la participation d’Hélène Delavault.  Mise en scène : Bérénice Collet.  Direction artistique : Jean-Luc Tingaud & Iñaki Encina Oyón.  Renseignements : 01 39 97 79 73. 

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:SamuelBarber, 1944, par Carl Van Vechten.jpeg

Samuel Barber, 1944 ©DR

 

 

L’Ensemble orchestral contemporain, dir. Daniel Kawka,  fêtera son 20e anniversaire le 22 mai 2012, à 20h30, en l’église Saint-Pierre de Firminy-Vert (Loire) : « La création dans tous ses états ».  Avec le concours du baryton Vincent Le Texier.  En création mondiale : Eppur si muove pour baryton & ensemble (José Manuel Lopez Lopez), Eudousi pour baryton & ensemble (Giorgio Battistelli), L’ange des catastrophes pour baryton & ensemble (Youri Kasparov), La fabrique de sable, atelier d’argile pour ensemble (Colin Roche). Rencontre avec les compositeurs à 19h30.  Renseignements : 04 72 10 90 40.  www.eoc.fr

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Fichier/Eglise_de_firminy_vert.jpeg

Saint-Pierre de Firminy (Le Corbusier)

 

 

Neuf « Orchestres à l’école »  s’invitent, le mercredi 23 mai 2012, à l’Opéra de Vichy.  Création, par plus de 250 enfants, d’une œuvre de Grégoire Solotareff (assemblage de contes), Jean-Pierre Seyvos & Tomas Bordalejo (musiques originales). Renseignements : OAE - 2, rue Henri-Chevreau, Paris XXe.  Tél. : 01 75 57 85 40.  www.orchestre-ecole.com

 

opera-de-vichy-id346

Opéra de Vichy ©J. Damase

 

 

La petite renarde rusée,  opéra en 3 actes de Leoš Janáček, sera donné à l’Opéra Berlioz/Le Corum de Montpellier, les vendredi 25 mai, à 14h30 (Jeune public) & le samedi 26 mai, à 20h30 (tous publics).  Direction musicale : Jérôme Pillement.  Mise en scène : Marie-Ève Signeyrole. Renseignements : 04 67 60 19 99.  www.opera-montpellier.com/francais/rep_jeune_petite_renarde.html

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:afficherenardeneswletter.jpg

 

 

La 41e édition du « Florilège vocal de Tours »  se déroulera du vendredi 25 mai au dimanche 27 mai 2012 : Concours (inter)nationaux de chant choral, chœurs de jeunes, programme Renaissance, incitations à la création d’œuvres… Avec la participation de 14 chœurs de 13 pays (Cuba, Chine, République tchèque, Argentine, États-Unis, etc.).  Renseignements : 02 47 05 82 76. www.florilegevocal.com

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Parahyangan Catholic University Choir-Bandung- FVT 2011 3ème prix expression libre@Yves Mailier.jpg

 

 

« Opéra Junior »  programme, le jeudi 31 mai, à 19h00, en l’Espace culturel « Le Davezou » de Montferrier-sur-Lez (Hérault) : Les chants de la mer ou le petit réparateur d’étoiles (Roger Calmel) et L’Album à colorier (Jean Absil).  Direction musicale : Vincent Recolin.  Mise en scène : Fanny Rudelle.  Renseignements : 04 67 58 04 89.  www.opera-junior.com

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:tractchants1.jpg

 

 

Le Forum culturel autrichien propose :  Récital d’orgue de Michael Radulescu (20 mai, 17h00, cathédrale Sainte-Benigne, 21000 Dijon, www.dijonorguecathedrale.org), Wolfram & Sweet Sweet Moon (27 mai, 19h30, Palais des Glaces, 63100 Clermont-Ferrand, www.europavox.com), Vienne, mon amour (14 juin, 19h30, La Flèche d’or, 102bis, rue Bagnolet, Paris XXe, www.flechedor.fr), 7e Festival « Musiques interdites » (16 juin, 21h00, église Saint-Cannat-les-Prêcheurs, 13001 Marseille, www.musiques-interdites.eu), Daniela Koch & Oliver Triendl, flûte & piano (19 juin, 20h30 - 32, avenue Hoche, Paris VIIIe, tél. : 01 47 05 27 10), Shmuel Barzilai (28 juin, 18h30, Théâtre du Châtelet, Paris IVe, www.cantor-barzilai.com), Elektro Guzzi (29 juin, 22h00, Théâtre Sorano, 31000 Toulouse, www.les-siestes-electroniques.com), Franui (1er et 2 juillet, 21h00, L’Odéon – 6, rue de l’Antiquaille, 69005 Lyon, www.franui.at).  Renseignements : 01 47 05 27 10.  www.fca-fr.com

 

imgres

Michael Radulescu ©DR

 

 

« Debussy, la musique et les arts ».  Cette exposition se poursuit jusqu’au 11 juin 2012, Musée de l’Orangerie (Jardin des Tuileries, Paris Ier).  Renseignements : 01 44 77 80 07.  www.musee-orangerie.fr

 

Mail0001       Mail0001

 

 

« Manifeste 2012 »,  Festival Académie (musique, danse, théâtre), rassemblera quelque 80 artistes & chercheurs, du 1er juin au 1er juillet 2012, à l’Ircam (1, place Igor-Stravinsky, Paris IVe).  Au cœur de cette édition inaugurale, se situera le colloque international « Produire le temps », co-organisé par l’École normale supérieure, l’École polytechnique et l’Ircam. Renseignements :  01 44 78 48 43.  www.ircam.fr

 

imgres         Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Invit_Ircam_conf_11_avril[1] (glissé(e)s).pdf

 

 

Les deux Concertos de piano de Marie Jaëll (1846-1925)  seront donnés - dans le cadre du Lille Piano(s) Festival - à l’Opéra de Lille, le samedi 9 juin 2012, à 16h00 (Rotonde) & 18h00 (Foyer).  Renseignements : 06 80 01 78 81.

www.lillepianosfestival.fr/juin_2012/samedi/opera

 

mjaell 

©DR

 

 

À deux pianos, Gisèle & Chantal Andranian  se produiront le samedi 9 juin 2012, à 12h00, au Conservatoire Jean-Philippe Rameau (3ter, rue Mabillon, Paris VIe).   Œuvres de Françaix, Poulenc, Stravinsky, Chostakovitch, Khatchatourian, Moussorski.  Concert au profit de l’association « All for one for all ».  Renseignements : 02 32 46 21 69.  www.duo-andranian.com

 

gis%C3%A8le-chantal-andranian

©DR

 

 

« Domaine privé » du saxophoniste Joshua Redman (°1969), à la Cité de la musique de Paris.  Quatre concerts du vendredi 15 au lundi 18 juin 2012.  En duo avec le pianiste Brad Mehldau, en double trio, en quatuor de saxophones.  Renseignements : 01 44 84 44 84.  www.citedelamusique.fr

 

large_11651

©Michael Wilson

 

 

Le 7e Festival des Pianissimes  se déroulera, du 15 au 17 juin 2012, à Saint-Germain-au-Mont-d’Or (20 km de Lyon).  Renseignements : 01 48 87 10 90.  www.lespianissimes.com

 

Vignette-Festival-des-Pianissimes-2012

 

 

Le Bourgeois gentilhomme,  comédie-ballet de Molière, sur une musique de Lully, sera donné à Paris (après Lyon et Montpellier), au Théâtre des Bouffes du Nord, du mardi 19 juin au samedi 21 juillet 2012.  Mise en scène : Denis Podalydès.  Ensemble baroque de Limoges, dir. Christophe Coin.  Costumes : Christian Lacroix.  Renseignements : 37bis, bd de La Chapelle, Paris Xe.  Tél. : 01 46 07 34 50. www.bouffesdunord.com

 

1-slider1

©DR

 

 

Haendel : musiques royales.  Le mercredi 13 juin, à 21h00 : Cathédrale américaine (Paris VIIIe).  Le jeudi 14 juin, à 21h00 : Notre-Dame du Liban (Paris Ve).  Chandos anthem, Coronation anthem, Funeral anthem for Queen Caroline, duo de L’Allegro, il Pensieroso ed il Moderato.  Ensemble vocal & instrumental Le Palais royal, dir. Jean-Philippe Sarcos. Concerts présentés par Gilles Cantagrel.   Renseignements : 01 45 20 82 56.  www.ensemble-palaisroyal.com

 

accueil

 

 

Itinéraire baroque en Périgord vert, 11e édition.   Sous la direction de Ton Koopman, sera rendu hommage - les 22 et 23 juin, puis du 26 au 29 juillet 2012 -  à Gustav Leonhardt.  Renseignements : 05 53 90 05 13.  www.itinerairebaroque.com

 

Affiche2012_DEFweb

 

 

La 3e édition du Festival Days off  se déroulera, Salle Pleyel & Cité de la musique, du 30 juin au 8 juillet 2012.  Temps forts : Steve Reich (avec Bang on a Can) / Antony & the Johnsons (avec l’Orchestre national d’Île-de-France) / Soirée Brian Eno (avec Icebreaker Ensemble & Mondkopf).  Renseignements : www.daysoff.fr 

 

days_off_185x185

 

 

Le 32e Festival d’Auvers-sur-Oise, « Haendel, Brahms, Zavaro »,  se déroulera du 1er juin au 6 juillet 2012.  Compositeur invité : Pascal Zavaro.  Renseignements : Manoir des Colombières, 95430 Auvers-sur-Oise.  Tél. : 01 30 36 77 77.  www.festival-auvers.com 

 

visuel2012

 

 

« 100 % Jazz : Tel-Aviv à Paris  ».  Trois jours durant - les 5, 6 et 7 juin 2012 -, ce festival rassemblera la fine fleur de la scène jazz israélienne.  Dans trois clubs de la rue des Lombards (Paris Ier) : Le Baiser salé, Le Duc des Lombards, Le Sunside.  Pas moins de sept concerts, trente musiciens.  Renseignements : 01 83 06 61 01.  www.parisjazzclub.net

 

AfficheBD

 

 

« Les Amateurs »,  festival de piano, déroulera sa 8e édition au Théâtre du Châtelet, du mercredi 6 au dimanche 10 juin 2012.  Vingt-cinq concerts, quatre matinées de master-classes.  La 9e édition du Festival se déroulera à Saint-Pétersbourg, du 8 au 17 juillet 2012. Renseignements : 1, place du Châtelet, Paris Ier. Tél. : 06 08 83 11 86 . www.les-amateurs.org

 

chatelet6  com_presse_amateurs   stpetersbourg1

 

 

Lille Piano(s) Festival, 9e édition,  se déroulera les 8, 9 et 10 juin 2012.  Sous le signe de Claude Debussy, John Cage & Marie Jaëll : en 7 lieux, plus de 50 concerts.  Renseignements : 03 20 12 82 40.  www.lillepianosfestival.fr

 

illu_accueil_03

 

 

« Le Triomphe de Haendel » au Château de Versailles.  Du 8 juin au 13 juillet 2012, seront ainsi royalement accueillis : 5 opéras en version de concert (Giulio Cesare, Tamerlano, Orlando, Alsina, Serse), 5 oratorios (Saul, Israel in Egypt, Messiah, Solomon, Esther), galas virtuoses (Bartoli, Cencic, contre-ténors…), ainsi qu’en spectacle pyrotechnique, les Coronation Anthems, Royal Fireworks Music et Water Music.  Sans préjudice de partitions d’autres compositeurs : Orphée et Eurydice de Gluck, IXe Symphonie de Beethoven… Renseignements : 01 30 83 78 89.  www.chateauversailles-spectacles.fr

 

haendel_gch

©DR

 

 

Festival « All Stars » au New Morning.  Du 30 juin au 7 août 2012, se produiront notamment : le saxophoniste & compositeur Jacques Schwarz-Bart (3 juillet), John Scofield’s Hollowbody Band (5 juillet), le groupe hip-hop Gente d’Zona (9 juillet), le guitariste Marc Ribot y los Cubanos Postizos (10 juillet), le groupe vocal Take 6 (11 juillet), etc.

Renseignements : 7, rue des Petites-Écuries, Paris Xe.  Tél. : 01 45 23 51 41.  www.newmorning.com

 

20120705-2516-John-Scofield-s-Hollowbody-Band

John Scofield ©DR

 

 

Les Suds à Arles,  « La musique du monde », 17e édition, se déroulera du 9 au 15 juillet 2012.  Renseignements : Maison des Suds - 66, rue du 4-septembre, 13200 Arles. Tél. : 04 90 96 06 27. www.suds-arles.com

 

 

 

Le 28e Festival de Radio France & Montpellier  se déroulera du 9 au 27 juillet 2012.  Axes de programmation : Musique & pouvoir / Récitals de piano / Séquence violon / Caravagisme européen / Chants méditerranéens / Caves de l’Aude / Musiques électroniques, tohu-bohu / Jeunes solistes / Jazz.  Renseignements : 04 67 02 02 01. www.festivalradiofrancemontpellier.com

 

www

 

 

Le 2e Festival de Chambord  se déroulera du 10 au 27 juillet 2012.  Quinze concerts dont deux créations (par Les Paladins & Diabolus in Musica), deux concerts-promenades (avec la violoncelliste Ophélie Gaillard), deux concerts-lecture (en compagnie de comédiens). Informations : 02 54 50 40 41.  www.chambord.org

 

imgres      Festival_2012

 

 

Les Francofolies de La Rochelle  se dérouleront du 11 au 15 juillet 2012.  Renseignements : 05 46 50 55 77.  www.francofolies.fr

 

Visuel 2012 ss partenaires basse def         basse def Not Ze Francos

 

 

Le Festival interceltique de Lorient, 42e édition,  se déroulera du 3 au 12 août 2012.  Seraient attendus plus de 700 000 festivaliers !  Renseignements : 02 97 21 24 29.  www.festival-interceltique.com

 

image004     image001

 

 

Les 10es Estivales en Puisaye-Forterre, festival bourguignon de musique classique, se dérouleront du 16 au 26 août 2012. Au programme, notamment : La Flûte enchantée (Mozart), Concerto l’Empereur et Ve Symphonie (Beethoven), Stabat Mater (Rossini), Requiem, 1re audition (Rémi Gousseau).  Stage de chant choral, dir. Ilia Mihaylov.  Renseignements : 06 20 27 65 94. www.estivales-puisaye.com

 

clip_image002

 

 

Sinfonia en Périgord,  festival de musique baroque d’Aquitaine, 22e édition,  se déroulera du 27 août au 1er septembre 2012.  Renseignements : 12, cours Fénelon, 24000 Périgueux.  Tél. : 05 53 08 69 81.  www.sinfonia-en-perigord.com 

 

le-festival

 

 

« Debussy et Saint-Germain-en-Laye ».  Cette exposition se poursuit, jusqu’au 16 septembre 2012, en la maison natale du compositeur.  Entrée libre.  Renseignements : 38, rue au Pain, 78100 Saint-Germain-en-Laye.  Tél. : 01 30 87 20 63.  www.saintgermainenlaye.fr 

 

Mail0001

 

 

Diasporas, musiques en partance…  Ce festival se déroulera, en Île-de-France, du 8 septembre au 14 octobre 2012 : 29 concerts, 26 lieux.  Renseignements : 51, rue Sainte-Anne Paris IIe.  Tél. : 01 58 71 01 01.  www.festival-idf.fr

 

Mail0001

 

 

Discours sur rien de John Cage (1912-1992)  sera interprété par le compositeur Bernard Fort, le lundi 25 septembre 2012, en l’Espace Musique, niveau 3, de la Bibliothèque publique d’information du Centre Pompidou (Paris IVe).  La performance sera  suivie d’un débat sur l’impact & la postérité du célèbre musicien, poète, performeur et… mycologue (notre photo).  John Cage aurait eu 100 ans, cette année.  Renseignements : 01 44 78 12 33.  www.bpi.fr

 

imgres

©DR

 

 

Auditorium du Louvre, saison musicale 2012-2013.  Six cycles de concerts : Quatuors à cordes (3 octobre-3 juin), Concerts du jeudi (20 septembre-18 avril), Musiques de chambre (19 septembre-17 avril), « Œuvres2 » (5-26 octobre), Grands classiques (11 janvier-12 avril), Musiques du monde de l’Islam (13-14 avril).  Renseignements : 01 40 20 55 55.  http://mini-site.louvre.fr/trimestriel/2012/musique

 

louvre4

©Musée du Louvre

 

Francis Cousté.

 

***

 

 

 


Haut

 Collectif de formateurs IUFM en Éducation musicale, Enseignants-chercheurs en musicologie, Responsables de la formation des étudiants du Master Enseignement et/ou Recherche premier et second degré.

Académies d’Aix-Marseille, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Lyon, Montpellier, Orléans, Paris, Rouen, Toulouse, Tours.

 

 

Qui sommes-nous ?

Formateurs d'enseignants (Maîtres de conférences, professeurs agrégés, professeurs certifiés, Conseillers pédagogiques et Maîtres formateurs), nous travaillons avec des étudiants appelés à devenir professeurs des écoles comme de lycées et collèges. Voici notre mission : transmettre savoirs et techniques attachés à un domaine décisif pour « l'épanouissement de la personnalité et de l'individu », la musique.  À court, moyen et long terme, cet enseignement se trouve face à des perspectives très inquiétantes et nous éprouvons le plus vif besoin de vous alerter.

 

Nos efforts de transmission portent sur un domaine déterminant pour « faire société », une préoccupation éminemment politique.  Cette vérité, nous ne sommes pas seuls à la partager : à un moment où la construction de l'Europe prenait appui sur l'édification d'une culture partagée, les travaux émanant de la Conférence permanente des ministres de l'Éducation du Conseil de l'Europe se tenant à Bruxelles, du 7 au 9 mai 1985, affirmaient « le rôle social positif de l'étude de la musique, soulignant le lien qui peut être établi », à travers elle, « entre l'école et la communauté ».

 

Il s'agit bien de la musique, de la capacité qu'un État se donne de permettre une éducation à la musique gratuite et obligatoire pour chacun des élèves de la nation.  Renforçant les liens entre l'école et la communauté, l'éducation à la musique doit faire partie d'un projet politique réellement soucieux de l'équilibre et de l'épanouissement de ses participants.

 

Facteur de compréhension entre les cultures, son rôle est déterminant au sein de classes où sont rassemblés des élèves appartenant à différents milieux culturels.  Un développement harmonieux de l'individu implique la confrontation à différentes sources du savoir.  En ce sens, la musique forge un puissant correctif, favorisant l'équilibre affectif, physique et intellectuel ; elle offre une porte d’entrée privilégiée dans l’approche des langues ; elle est un outil d’élaboration de la pensée abstraite.  Dès l'abord, sa pratique favorise une très grande concentration, une attention fine, une relation forte au groupe jouant sur la totalité de l'échelle allant du particulier à l'ensemble des participants.  Les efforts indéniables qui lui sont attachés profitent à l'ensemble des apprentissages.

 

 

Pourquoi vous alerter ?

Parce qu'il y a urgence extrême.  En raison d’une forte hiérarchisation des disciplines scolaires, en France, davantage que chez bon nombre de nos voisins européens, l'éducation musicale pour tous manque d'une vision ambitieuse et volontaire. Elle se révèle extrêmement sensible aux coups de boutoir régulièrement portés à notre système éducatif.  Les derniers en date liés à la réforme de la mastérisation peuvent lui devenir fatals : les étudiants, massivement découragés, désertent l'ambition d'apporter la culture musicale dans le second degré et, dans le premier, la formation des futurs professeurs des écoles est devenue notoirement insuffisante.  De la fin du collège jusqu’à l’entrée en master « métier de l’enseignement », l’absence totale des disciplines artistiques vient trouer le tissu de formation intellectuelle des étudiants ; cet état de fait s’avère très préjudiciable à ceux qui se destinent à l’enseignement polyvalent, ainsi qu’à la qualité d’un futur enseignement musical à l’école primaire.

 

Pourtant, les spécialistes que nous sommes ne comptent plus les excellentes initiatives, les réussites locales brillantes, enthousiasmantes, déterminantes pour les élèves comme pour l'ensemble des personnes engagées, spécialistes ou non.  Il est encore temps de prendre appui sur des réussites avérées, porteuses d'espoir.

 

Mais le temps presse.  Enjeu important ou dérisoire ? C'est la question.  Un pays qui se soucie de tels problèmes est-il plus ou moins apte à relever les défis sans nombre posés par la modernité ? Poser la question, c’est déjà y répondre, mais encore faut-il que la question soit entendue.  En 1985, les ministres européens de l'Éducation reconnaissaient que, pour être efficace, l'enseignement musical devrait être assuré de façon continue dans toutes les écoles depuis la Maternelle jusqu'à l'âge de quatorze ans, au moins.  Presque trente ans plus tard, cette bataille est sur le point de nous échapper.

 

 

C’est pourquoi, nous, experts et par là-même principaux acteurs de la formation des enseignants à l’université, rassemblés ici en un collectif adossé aux associations nationales APEMu[1] et APMESu[2],

 

réaffirmons la place entière que prend l’Éducation musicale, non seulement dans la formation à la polyvalence des professeurs d’école et à la spécialisation des professeurs de collège et lycée, mais aussi dans l’ensemble du cursus éducatif de l’individu,

 

demandons que cette discipline spécifique, propre à la formation de l’esprit et au développement de la sensibilité, soit

1-   revalorisée dans la mastérisation et la formation continuée des enseignants, formation que nous, spécialistes de l’Éducation et de la Formation, sommes à même de porter et rendre lisible aux observateurs de l’école et du système éducatif dans son ensemble, dès lors qu’entreront en cohérence des choix politiques déterminés,

2-   revalorisée, en amont, quels que soient les cursus universitaires L1, L2, L3, en sciences  humaines et en sciences, de telle sorte qu’un continuum soit assuré durant tout le cursus de formation.

 

Cette lisibilité à laquelle nous sommes prêts, fort de nos partenariats quand ils s’inscrivent dans une responsabilité partagée, est le gage d’une reconnaissance propre à faire face aux multiples attaques portées depuis quelques années à l’Éducation Musicale, et à redynamiser l’ensemble de la formation à l’enseignement, tant cette discipline s’inscrit à la croisée des multiples qualités de l’esprit humain qui sont le fer de lance de la pédagogie.

 

 

Pour le collectif :

Nathalie ESTIENNE, professeur agrégé, François GIROUX, maître de conférences, Sylvie JOUD, professeur d’éducation, Fernando SEGUI, professeur agrégé, Odile TRIPIER-MONDANCIN, maître de conférences.

 

 


Haut

Le Monde de la Lune : une version séduisante et allégée de l’opéra de Joseph Haydn, au Théâtre Mouffetard.  Sur un livret de Carlo Goldoni. Mise en scène d’Alexandra Lacroix.  Camille Delaforge, pianoforte & direction musicale. Charlotte Dellion, Cecil Gallois, François Rougier, Guilhem Souyri, Anna Reinhold.

Il Mondo della Luna est un dramma giocoso en 3 actes, composé par Haydn en 1777, donné à l’occasion des noces d’un des fils du prince Esterhazy.  Il serait vain de vouloir comparer la version initiale de cette œuvre, riche d’une superbe orchestration, avec la version séduisante mais allégée, représentée, ici, au Théâtre Mouffetard par la Compagnie « Manque Pas d’Airs ». Allégée car transcrite pour pianoforte, allégée dans le temps puisque réduite d’une heure par rapport à la version initiale, allégée théâtralement avec la disparition du couple  Ernesto-Flaminia ; allégée donc, mais tout à fait séduisante et pertinente, dans une mise en scène situant l’action dans les années 70, efficace, bien centrée sur l’intrigue, dans une scénographie astucieuse, servie avec entrain par des chanteurs totalement investis.  Au plan musical, on regrettera le pianoforte un peu terne et trop discret de Camille Delaforge, tout en remarquant les deux superbes voix de Charlotte Dellion (Clarice), voix puissante, bien projetée, sans vibrato et d’Anna Reinhold (Lisetta), au très beau timbre, élégant et d’une rare douceur, le reste de la distribution vocale masculine ne parvenant pas, hélas, à se hisser à ce niveau de qualité.  Un beau spectacle musical, rare et plaisant.

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:image002.jpg

©DR

 

 

La Didone au Théâtre des Champs-Élysées : pour la musique et les chanteurs !  Opéra en un prologue & trois actes (1641), sur un livret de Francesco Busenello, d’après Virgile.  Les Arts Florissants, dir. William Christie.  Mise en scène : Clément Hervieu-Léger. Anna Bonitatibus, Kresimir Spicer, Xavier Sabata, Maria Streijfert, Katherine Watson, Tehila Nini Goldstein, Mariana Rewerski, Claire Debono, Damien Guillon, Terry Wey, Nicolas Rivenq, Valerio Contaldo, Mathias Vidal, Joseph Cornwell, Francisco Javier Borda. 

Oublions rapidement la mise en scène insignifiante, réduite à une simple mise en espace, la scénographie et les décors tristes, sombres et sans intérêt, les costumes hideux et les éclairages blafards pour nous concentrer sur la superbe musique de Cavalli, magnifiquement servie par Les Arts Florissants dirigés du clavecin par William Christie et par une distribution vocale d’une remarquable et homogène qualité, dont une partie est issue du jardin des voix, cher à William Christie. 

 

2012041001-12VP

©Vincent Pontet/Wikispectacle

 

 

Un opéra comme une longue complainte fait d’une succession de lamenti, utilisant le recitar cantando pour nous conter les malheurs de Didon et des héros troyens, le malheur dans sa splendeur déchirante qui constitue la clé de cet opéra.  L’efficacité de cette forme repose sur une basse obstinée, cellule musicale simple et répétitive sur laquelle se  développent à l’infini voix et instruments.  Pier Francesco Cavalli (1602-1676) compose La Didone  pour le carnaval de Venise en 1641, maître de chapelle à la basilique Saint-Marc, élève de Monteverdi, sa carrière dans le domaine lyrique est indissociable de l’essor de l’opéra public italien payant, il participe à la fondation du Teatro San Cassiano (où fut créée d’ailleurs La Didone) dont l’ouverture, en 1637, constitue une date majeure dans l’histoire de la musique, une naissance contemporaine du Globe londonien et du théâtre de Lope de Vega en Espagne. La Didone mélange, comme cela deviendra la règle dans l’opéra vénitien, personnages divins, nobles, roturiers, mais également les genres sérieux et comique.  Busenello substitue ici, de façon très surprenante, une fin heureuse qui s’éloigne de la source virgilienne, Didon ne meurt pas, mais retrouve un nouvel amour auprès de Iarbe, fou d’amour, achevant ainsi de transformer le drame en tragi-comédie. Une œuvre importante que William Christie et ses musiciens abordent pour la première fois, tout comme Anna Bonitatibus dans le rôle de Didon, une première rencontre avec l’opéra de Cavalli, qu’ils explorent tous deux avec le même succès.  Ajoutons aux louanges, le puissant et viril Énée de Kresimir Spicer, le fringant et délirant Iarbe de Xavier Sabata, la très belle présence scénique et vocale de toute la distribution et les remerciements particuliers pour Damien Guillon qui, de la fosse d’orchestre, prêta sa voix à Terry Wey souffrant, ne pouvant, de ce fait, donner corps qu’à un Ascanio muet.  Une bien belle soirée lyrique qui aurait pu, à moindre frais, être une version de concert !

 

2012041001-08VP

©Vincent Pontet/Wikispectacle

 

 

Une Walkyrie flamboyante au Théâtre des Champs-Élysées.  Opéra en trois actes (1870) de Richard Wagner.  Première journée du festival scénique l’Anneau du Nibelung.  Livret du compositeur à partir du Nibelungenlied, poème épique du Moyen Âge. Version de concert.  Bayerisches Staatsorchester, dir. Kent Nagano.  Lance Ryan, Anja Kampe, Ain Anger, Thomas J. Mayer, Michaela Schuster, Nina Stemme.

Après un Parsifal d’anthologie, l’an dernier, en ces mêmes lieux, Kent Nagano était de retour avenue Montaigne pour une Walkyrie qui concluait le cycle Wagner mené cette année par le TCE.  Après le Parsifal inspiré de Gatti, le Tristan tumultueux de Nelsons, Kent Nagano nous livrait, ici, une magnifique et flamboyante Walkyrie, à la tête de son orchestre de l’Opéra national de Bavière.  Une sorte d’avant-première avant de présenter cette saison une nouvelle production du Ring dans son intégralité à la Bayerische Staatsoper de Munich dont il devrait quitter la direction en 2013, non sans avoir dirigé le concert du 200e anniversaire de l’orchestre.  Une somptueuse prestation tant par la qualité de la direction que par le haut niveau de la distribution vocale dominée par le trio féminin, Anja Kampe (Sieglinde) Michaela Schuster (Fricka) et Nina Stemme (Brünnhilde).  Une direction d’orchestre intelligente, précise, chargée de nuances, suivant et explicitant le cours de la dramaturgie tout en restant au service des chanteurs, maintenait l’auditeur sous tension. Une sonorité orchestrale de qualité, en rapport avec la renommée prestigieuse de cette phalange, malgré quelques imperfections instrumentales au niveau des cuivres notamment, une ouverture chargée d’urgence mais une chevauchée de Walkyries un peu brouillonne.  Une distribution vocale de tout premier ordre, dominée, nous l’avons vu, par la magnifique voix d’Anja Kampe, l’incomparable Nina Stemme et l’irrésistible présence de Michaela Schuster. Un peu en retrait le Siegmund de Lance Ryan, manquant d’ampleur et d’endurance vocale, le Wotan de Thomas J. Mayer manquant de charisme et de puissance dont le timbre trop clair ne donnera pas aux adieux de Wotan toute leur déchirante beauté, en revanche le Hunding de Ain Anger, s’avèrera terrifiant et sans reproche.  Une très belle soirée, un public enthousiaste et une ovation prolongée. Prochain rendez-vous à Munich, cet été, pour la suite de l’aventure...

 

Description : C:\Users\User\Desktop\imagesCABCDEGX.jpg 

 

Patrice Imbaud.

 

 

La Muette de Portici ressuscitée à l'Opéra-Comique

Daniel-François-Esprit AUBER : La Muette de Portici.  Opéra en cinq actes.  Livret d’Eugène Scribe & Germain Delavigne.  Elena Borgogni, Maxim Mironov, Eglise Gutiérrez, Michael Spyres, Laurent Alvaro, Jean Teitgen, Martial Defontaine, Beata Morawska, Jacques Does. Orchestre & Chœur du Théâtre royal de La Monnaie, dir. Patrick Davin.  Mise en scène : Emma Dante.

 

2 La Muette de Portici (Fenella -Elena Borgogni)DR E

©E. Carecchio

 

 

Créée en 1828, La Muette de Portici fut parmi les opéras les plus joués de son temps.  Car cette pièce, admirée par Wagner, met en scène un sujet historique, la révolution napolitaine de 1647 et l'ascension d'un héros du peuple, le pêcheur Thomas Aniello, dit Masaniello, avec force accents patriotiques.  Ils seront à l'origine, lors de la création bruxelloise de 1830, de l'indépendance de la Belgique !  Surtout, ses librettistes, dont l'immanquable Eugène Scribe, ont eut l'idée, curieuse, mais payante, de faire du rôle-titre, Fenella, une figure muette, et de le confier à une actrice possédant l'art de la pantomime.  Cette référence au théâtre de boulevard sera l'un des attraits de la pièce, comme la volonté de faire du spectacle une fête visuelle. Celui-ci ne se conclut-il pas rien moins que par l'éruption du Vésuve !  Le grand opéra français romantique tenait son premier chef-d'œuvre.  Si la montagne de Naples ne déverse pas ses braises au finale, sur le plateau de l'Opéra-Comique, la mise en scène d’Emma Dante, refusant de succomber au spectaculaire, révèle, du moins, ce que cet opéra a d'original : sur fond de révolte populaire, un mélange de contexte familial et de destin politique, une intrigue bâtie autour d'un personnage non chanté, qui en est le point de focalisation.  Fenella, la sœur du héros Masaniello, frappe par sa farouche détermination à révéler qu'elle est aimée du vice-roi de Naples : « elle mêle la fragilité féminine à une brutalité animale », souligne Emma Dante. Dès son entrée, telle une bête sauvage, possédée d'une force intérieure irrépressible, elle capte les regards.  Elle va rythmer la pièce, qu'elle soit opposée à une escouade soldatesque qu'elle malmène, ou se confronte aux autres personnages dont elle monopolise l'attention.  La régie est, dans son ensemble, quasi chorégraphiée, imposant une constante animation, autant de postures extrêmement expressives.  Le contraste, qui voit la masse du peuple traitée de manière plus conventionnelle,  confère une vivacité démonstrative à la dramaturgie.  La reconstitution historique est abandonnée au profit d'une lecture stylisée, fort sobre dans sa composante décorative, comme il en était de sa Carmen de La Scala, seulement rehaussée par les éclairages suggestifs de Dominique Bruguière.  Recourant au langage des sourds-muets comme à  l'exacerbation de l'expression corporelle, Emma Dante trace l'énergique présence de l'héroïne, sauvage et tendre à la fois, en mouvements désordonnés, qui appartiennent autant à la danse mimée qu'à une gestuelle improvisée.  Le destin du héros est peut-être moins appuyé : ce cousin de Pulcinella, reste ambivalent, ne sachant comment traduire son ascension en victoire. Il finira dans une sorte de transe hallucinée, rejeté par ses pairs, accusé d'avoir pactisé avec l'aristocratie.  Le côté mythique est gommé chez lui, alors que la muette est portée au martyre, transfigurée en sainte, en lieu et place de sa défenestration sur fond de catastrophe naturelle.  La vision peut sembler réductrice, mais reste fidèle au parti adopté, non de favoriser le grandiloquent, mais de démontrer le poids de la hiérarchie sociale et la prégnance du contexte familial.     

 

3 La Muette de Portici(Masaniello- Michael Spyres) DR E

©E. Carecchio

 

 

La partition d'Auber recèle des pages singulières. Un savant alliage d'élans patriotiques et d'envolées de lyrisme, barcarolles, cavatines et autres arias démonstratives.  Celles mettant en présence Fenella et d'autres protagonistes ne sont pas les moindres. Car son langage gestuel appelle, de la part de celui qui est face à elle, un décryptage et une manière de chanter qui laissent deviner la question dont on ne perçoit que la réponse.  Aussi la musique qui lui est attachée est-elle très fragmentée, pour traduire au plus près chaque nuance expressive, de la souffrance à la passion amoureuse, de la rage à l'épanchement.  Auber emprunte pour ce faire à la technique du ballet-pantomime.  Les contrastes sont importants pour souligner le désordre qu'apportent Fenella et Masaniello, dans l'ordre apparemment léché de la cour de Naples, mélange de joie et d'effroi devant la tournure tragique des événements.  Patrick Davin livre une lecture engagée, qui mise sur la clarté, une rythmique bien sentie, la netteté des timbres, et dissèque les particularités instrumentales, l'utilisation du piccolo, par exemple, qui pimente les bois. N'était le phénomène amplificateur de l'acoustique de Favart, qui transforme ici un mezzo forte en fff, le chef ne lésine pas sur la dynamique.  Les chœurs de La Monnaie, malgré quelques décalages, font montre de pareil engagement.  L'influence rossinienne, évidente à chaque mesure, est encore plus nette dans le chant. Écrite à l'époque bénie des monstres sacrés du gosier, La Muette de Portici porte son lot de difficultés vocales, qui hélas taxent beaucoup les interprètes d'aujourd'hui.  Ni Eglise Guttiérrez, gênée par une tessiture ambiguë, oscillant entre quinte colorature et médium expressif, et des ornementations requérant une agilité d'une virtuosité inouïe, ni Maxim Mironov, gentil ténor « di gracia », mais bien pâle acteur, ne parviennent à donner vie aux caractères d'Elvira et d'Alphonse, ces aristocrates mis à mal par la révolte, mais non dénués de sentiments altruistes.  Dans le rôle de Masaniello, écrit pour le fabuleux ténor Adolphe Nourrit, Michael Spyres s'essaie au bel canto à la française, avec prudence.  Car ce mixage de fière vaillance, jusqu'aux limites aiguës, et de finesse d'élocution, qui caractérise le ténor français du XIXe, à l'égal de Raoul des Huguenots, demande beaucoup.  Le jeune ténor s'en tire avec fortune, et s'ils restent sur le fil du rasoir, les pianissimos de la cavatine du IVe acte livrent leur juste effet.  Le portrait est sympathique, plus proche du bon paysan que du militant révolutionnaire.  Laurent Alvaro, Pietro, le seul à bien maîtriser la langue, offre une leçon de chant et de maintien, même si, par instants, la voix de stentor détonne presque.  La palme revient à la performance étourdissante d’Elena Borgogni qui, pour n'être pas danseuse, est bien près de l'idiome : son allure sauvageonne, soudain traversée d'un éclair de douceur, ses mimiques tour à tour effrontées et blessées, sa perception innée de la manière exubérante, frôlant l'hystérie, imposée par la régie, sont impressionnantes.

 

 

Marc Minkowski transfigure la Passion selon saint Matthieu

 

MarcMinkowski010-200x300

Marc Minkowski ©Julien Benhamou

 

 

Les mémorables exécutions de la Passion selon saint Matthieu ne sont pas légion. L'œuvre sacrée emblématique de Jean-Sébastien Bach, l'une des plus vastes qu'il ait écrites, requiert des forces importantes.  Et, pourtant, ne gagne-t-elle pas à voir son aspect monumental mesuré à l'aune d'une approche plus intimiste ?  Dans le strict respect des indications du Cantor, Marc Minkowski opte pour une exécution dont le chœur est confié aux seules voix solistes, ainsi réduit à deux ensembles de quatre chanteurs, pour les deux chœurs principaux, auxquels s'ajoutent quatre autres voix pour le ripieno.  Il n'est pas le premier à suivre cette solution.  Paul McCreesh l'y a précédé, notamment au disque (DG).  Le grandiose s'efface devant un Bach svelte.  La transparence, loin d'amoindrir les accents, renforce l'intériorité du texte. Ce qui rejoint, sans doute, la simplicité voulue à l'origine, et la volonté de proximité vis-à-vis de l'auditeur dans une somme musicale offrant souvent moins de contrastes que la Passion selon saint Jean.  Surtout, la vision de Minkowski rayonne de tendresse, et l'austérité inhérente au récit biblique cèle plus de félicité que de tristesse.  La fragilité de l'âme humaine face à la grandeur de la puissance divine, on la devine dans un orchestre tour à tour gémissant et ferme dans ses convictions. Le souci de spatialisation, imaginé par Bach dans l'architecture à deux tribunes de Saint-Thomas de Leipzig, se manifeste dans la disposition des deux orchestres, composés de manière identique, et des trois groupes de chanteurs. L'effet « stéréo » ne date pas d'hier !  Ces derniers, à l'occasion, se meuvent pour se réunir en formations distinctes, afin d'amplifier la sonorité d'ensemble.  Ainsi du chœur « Homme, déplore tes péchés », où les voix sont disposées en deux groupes, les voix graves, les voix hautes. La volonté d'allégement concerne également les solistes, plus flexibles, plus clairs que dans bien des interprétations fastueuses, telles que l'ont pensé Klemperer ou Karajan.  Ainsi de l'Évangéliste, dont le beau récit anime l'action : point d'emphase, mais une diction éminemment différenciée. La narration en devient plus profondément dramatique. L'interprète, Markus Brutscher, de son timbre très aigu, presque pointu par moment, le démontre à l'envi.  Il en va de même pour la figure du Christ, confiée à la voix de basse, dépourvue de ton emphatique là encore, au profit d'une bonté naturelle.  Christian Immer y est bouleversant.  Pareille volonté de dramatisation se loge aussi dans les interventions de Judas, de Pierre, de Pilate ou du Grand prêtre. Les récitatifs et arias solos réservent des pauses de bonheur pur.  Ceux de l'alto d'abord, où Nathalie Stutzmann, de son timbre grave et lisse, apporte une intensité incroyable : l'air « Erbarme dich » accompagné du violon solo de Thibault Noally, atteint les cimes du chant inspiré.  Il en est encore de l'aria de la soprano « Pour l'amour de mon sauveur », dont le chant est enluminé par les arabesques de la flûte et des hautbois da caccia.  La voix éthérée, sans pour autant perdre de sa substance, de Marita Søberg est un ravissement de l'esprit.  Il en va de même des autres solistes, dont le contre-ténor Owen Willets ou la basse charnue de Charles Dekeyser. Les chorals, où Bach harmonise si poétiquement ses forces, déploient douce quiétude ou violence marquée, lorsque la foule réclame vengeance.  Des Musiciens du Louvre/Grenoble, on dira l'immense qualité de la plastique sonore : la délicatesse des pupitres des cordes ou des bois, la saveur du continuo, dont l'expressif violoncelle de Niels Wieboldt ou la viole de gambe magique de Julien Leonard.  Minkowski fait de ces musiciens autant de solistes à part entière.  On sort ému de cette exécution fascinante, que le public a suivi sans ciller dans un silence rare.    

 

 

Réjouissante soirée à La Péniche Opéra

 

affiche_petite_cris

 

 

« À corps et à cris » compose un concert mis en espace.  L'Ensemble Clément Janequin, dont on ne présente plus la faconde, honore |La Péniche Opéra d'un programme d'anthologie, version retravaillée de leur spectacle musical « Cris du cri ».  L'entreprise sera élargie, de Janequin, bien sûr, à Vincent Scotto, des Frères Jacques à quatre auteurs actuels, pour de savoureuses nouveautés.  On a fait appel à un biologiste, Damien Schoëvaërt, pour s'expliquer sur l'origine et la signification du cri, « plainte inarticulée, cri d'effroi, cri vengeur, cri guerrier, cri vivant du refus et de l'appel ».  À un plasticien encore, Michel Costiou, qui sous notre nez, croque en un tournemain une bien terrible histoire de noyade.  On n'en croit pas ses oreilles : de l'inattendu à foison, où la modernité se niche là où on ne l'imagine pas.  La guerre de Janequin, est plus décoiffante que bien des  pièces contemporaines.  Deux parties, pour un festival copieux, l'une didactique et coquine, où le sous-entendu est plus qu'explicite (Les fesses de Raymond Jousse), l'autre, militante, initiée par Les cris de Paris, et conclue par l'appel à la révolte : « El pueblo unido jamás será vencido ».  Quelques vidéos pimentent l'exercice.  On s'amuse du discours empêtré d'un conseiller à la CGT développant, in situ sur le pavé, comme on crie un slogan.  On se régale de la définition du cri que s'autorise tel pédiatre-néonatologiste, derrière son bureau et ses flacons d'éther.  Cinq larrons se partagent l'espace, menés par l'affable et piquant Dominique Visse, leur mentor depuis 1978.  Aussi fabuleux chanteurs qu'habiles comédiens, ces messieurs, deux ténors, un baryton, une basse et notre contre-ténor, sont confondants de naturel facétieux, inénarrables de drôlerie, dans leurs mimiques, pour donner vie à ce parcours onomatopéique souvent désarmant.  Entre autres gemmes, on citera L'histoire du cri de Franck Gervais, large composition traçant une anthologie, qui va du vagissement du nouveau-né au crac de l'ado dégingandé, de l'affirmation de l'adulte en mal de positionnement social au râle essoufflé du vieillard cacochyme, le tout adorné de clichés projetés en fond.  Tous ces stades de la vie sont saisis avec réalisme et une touche de cruauté, qui tire le rire jaune.  Ou encore ce Cri du cow-boy, où Visse se fait son numéro vrombissant à la guitare électrique, avec du répondant dans la salle de la péniche. Deux dames, au piano, à l'épinette ou à l'orgue, les soutiennent fort à propos.  La discrète, mais sensible, mise en espace due à Mireille Larroche, contribue au bonheur du moment. L'entrain le dispute au savoureux, la joie à la franche rigolade.  Le public répond au quart de tour.       

 

 

Reprise du troublant Don Giovanni, vu par Michael Haneke

Wolfgang Amadeus MOZART : Don Giovanni.  Dramma giocoso en deux actes. Livret de Lorenzo Da Ponte.  Peter Mattei, David Bizic, Paata Burchuladze, Saimir Pirgu, Véronique Gens, Patricia Petibon, Gaëlle Arquez, Nahuel Di Pietro. Orchestre & chœur de l'Opéra national de Paris, dir. Philippe Jordan.  Mise en scène : Michael Haneke.

 

5250_-CHD4506 (1)

©Charles Duprat

 

 

Il y a tant de manières de représenter Don Giovanni !  Michael Haneke, dont on connaît le regard distancié, questionne le mythe sans vergogne : sa violence, dont on ne saisit pas directement la cause, mais perçoit les conséquences sur les actes commis, son nihilisme, son atemporalité, à l'aune de cet univers décoratif froid, d'un building de bureaux dans quelque ville moderne.  Lecture revisitée donc, pour mieux, ou le tenter du moins, transmettre le message du « dissoluto punito ».  Haneke en inscrit le parcours dans celui d'une société managériale dont Don Giovanni est le jeune et fringant directeur général, Leporello l'actif DRH, obnubilé par son idole avec laquelle des liens obscurs se sont tissés, et le Commandeur le patron de la firme.  Anna, sa fille, riche et brillante héritière, recherche l'absolu chez l'homme qui soit à sa hauteur, ce que ne lui assurera sans doute pas l'union envisagée avec le rejeton, Ottavio, de l'entreprise associée, permettant une fusion des deux entités.  Elvira, cadre supérieur dans la société, en province, où travaillait auparavant Don Giovanni, tente de le reconquérir, dans son nouveau poste.  Zerlina et Masetto, deux émigrés de l'Est, font fonction de chefs de l'équipe de nettoyage dans l'entreprise du papa Commandeur.  Tout va se passer à l'étage directorial de ladite entreprise, une journée semble-t-il sans activité.  L'unité de lieu est intéressante dans sa symbolique autarcique, mais jusqu'à un certain point.  Jusqu'à ce qu'elle complique, et dérange, le bel ordonnancement, à l'heure de la scène du cimetière : cette dernière est prétexte à une sorte de phénomène hallucinatoire dont sont témoins Don Giovanni et Leporello, car on ne voit pas, et pour cause, la statue du Commandeur.  Le surtitrage gomme même le terme pour celui, plus commode, de « tête » du Commandeur.  En fait, nous dit Haneke, Don Giovanni « a tout fait pour conquérir la belle héritière », Leporello se verrait bien à la place de son maître, et user du même pouvoir sur la gent féminine, sur Elvira particulièrement.  Et celle-ci, « la seule dans le drame à aimer sans limite », ce qui est juste, vit son calvaire à travers celui qu'inflige aux autres son époux, qu'elle ira jusqu'à trucider.  Car le burlador ne périra pas dans les flammes de l'enfer, mais, prosaïquement, sous le couteau de sa femme légitime, bafouée.  Son corps, encore animé, sera jeté par la fenêtre par l'équipe de nettoyage, qui en a trop enduré de la part de ce patron hautain, et désinvolte côté sexe.  On imagine le reste, muni de clés de lecture ainsi offertes. La dramaturgie est cohérente, certes, n'était la fin, un peu courte.  Et la mise en scène minutieusement conçue. La statisme qui en émane, renforcé par une atmosphère opposant, de manière manichéenne, le sombre et la pleine clarté, se traduit encore dans des inter-scènes, où tel ou tel protagoniste prolonge sa réflexion, épaississant le débit dramatique.  Toutes les scènes comportant une animation, la noce campagnarde, le finale du Ier acte, le souper, ne s'autorisent qu'un nombre réduit de personnages.  On est saisi par l'acuité du regard du cinéaste autrichien, empoigné souvent par des images d'une justesse confondante, et malmené dans certaines convictions profondes, qui ont tout de même quelque chose à voir avec le texte...

 

5255_2011-12-GIOVA-117

©Charles Duprat

 

 

Cette reprise se distingue avant tout par sa haute tenue musicale. On mesure à la patine orchestrale, la profondeur du travail accompli par Philippe Jordan et les musiciens de l'Orchestre de l'Opéra, avec lesquels le courant passe indéniablement, au point d'applaudir leur chef au rideau final, fait rarissime.  Voilà une interprétation digne des plus grandes, extrêmement aboutie, d'une finesse exemplaire dans la ligne des bois en particulier.  Le souci de la dynamique, le soin dans l'articulation, si exigeants chez Mozart, sont constamment en éveil.  À l'écoute de ses chanteurs, le chef favorise un débit très nuancé, dans le registre de la discrétion, l'envolée demeurant retenue, voire parcimonieuse.  La distribution est d'une solidité à toute épreuve. Peter Mattei domine le plateau avec un confondant naturel, de son allure de jeune premier, façon monstre déshumanisé.  Son Don Giovanni oppose une froide détermination, celle presque de la pulsion de mort, au-delà de la satisfaction de l'instinct sensuel.  Et pourtant, on le sent presque fragile par instant.  Réalité ou calcul ?  Le chant est d'une souveraine plénitude, tour à tour généreux et en confidence, paré de nuances extraordinaires, comme lors de la Sérénade, dont la seconde partie sera délivrée ppp. Étonnante prestance chez celui qui tenait déjà la vedette dans la production due à l'équipe Peter Brook-Claudio Abbado, à Aix, en 1998.  Son Leporello, David Bizic, issu de l'Atelier lyrique de l'Opéra de Paris, est intéressant, même si la voix est un peu terne.  Non pas dans l'ombre du maître. Au contraire, se mesurant à lui.  C'est encore un des points saillants de la régie que d'en faire un quasi-double de ce dernier.  Lui aussi a quelque chose de pervers, malgré une apparence toute en rondeur.  Saimir Pirgu est un Ottavio conséquent, zélé et fiable, si sérieux même que le personnage en voit son charme relégué au second plan.  Le chant est une leçon de style.  Le Masetto de Nuhel Di Pierro est un Leporello en puissance, comme il se doit, bourru mais intelligent.  Quel bonheur de retrouver Véronique Gens sur ce plateau ! Sa Donna Elvira est un parangon de vrai chant mozartien, finesse du trait, autorité certaine.  Le personnage est loin du cliché de la femme revancharde : une épouse plus qu'aimante plutôt, hyper féminine, qui malgré tout, sombre à l'occasion dans le doute.  « Il ne lui reste plus qu'à noyer dans l'alcool l'estime de soi qu'elle a perdue », dit Haneke.  De même, Patricia Petibon incarne-t-elle une Donna Anna de haut vol, à la fois résolue et d'une tendresse aiguisée par le désir de plaire à Don Giovanni.  La voix a la puissance pour affronter cette partie à la vocalité altière.  On se réjouit de cette incursion dans ce répertoire. Autre retour remarqué, Paata Burchuladze, qui de sa voix de basse profonde et immense, campe un Commandeur impressionnant.  Enfin, la Zerlina de Gaëlle Arquez, fort bien chantée, loin de l'égérie insignifiante et du faire-valoir, est une jeune femme mature qui, placée sur le chemin du séducteur débauché, se laisse un instant prendre au piège.  Une grande soirée !

 

 

La Staatskapelle de Berlin à Pleyel : une leçon d'orchestre

 

transform

©Staatsoper Unter den Linden

 

 

Tout juste après les Festtage berlinoises et, en particulier, leur impressionnante interprétation de Lulu, la Staatskapelle Berlin et leur chef, Daniel Barenboim, s'en viennent à Paris, l'espace de deux concerts unissant Mozart et Bruckner.  Un choix qui lui tient à cœur, car pour Daniel Barenboim cette rencontre n'est nullement fortuite.  Mozart, c'est une sorte d'évidence, chez celui qui est d'abord un pianiste, et est devenu chef pour mieux interpréter ses concertos pour piano.  Sans doute aussi pour qui est par ailleurs un éminent chef d'opéra.  On se souvient d'exécutions fulgurantes, à la tête de l'English Chamber Orchestra, dans les années 1980, à Pleyel déjà.  Bruckner, il ne le découvrira que plus tard, sans doute impressionné par sa mystique et son geste immense.  Il le met de plus en plus souvent sur le métier ces dernières années.  Le second concert parisien proposait le Concerto K 482, et la Symphonie n°9 du maître de Saint-Florian.  Le 22e Concerto combine la majesté du discours et une énergie annonçant Les Noces de Figaro, dont la composition était alors en chantier. Selon les Massin (W. A. Mozart, Fayard), dans cette œuvre « se trouvent exprimés au plus haut degré trois des traits les plus fondamentaux de la personnalité d'un homme, son courage, son émotivité, son espoir ».  Avec un orchestre relativement fourni aux cordes, Barenboim aborde l'allegro initial de manière très contrastée, et tout de suite s'impose l'idée que l'homme de théâtre est derrière le pianiste leader.  L'andante est sombre, d'un tragique marqué, que les diverses interventions des bois, en forme de concertino, ne parviennent pas à dérider.  Le dialogue du piano et de la flûte solo essaie, presque en vain, d'éclaircir l'atmosphère. Le sentiment de douleur s'impose, ce que tant le piano que l'orchestre accentuent dans leur souple rigueur.  Le finale, au rythme pimpant, sera lui-même traversé d'un épisode mélancolique, encore apparent, plus tard, dans la cadence, due à Barenboim lui-même, avant que la joie ne l'emporte aux ultimes pages.  Barenboim insiste sur le raffinement extrême, un son épuré de l'orchestre, un pianisme puisé au plus intime de l'expression. Ce qu'un bel adagio, donné en bis, souligne encore.

 

La Symphonie n°9 de Bruckner restera inachevée. Elle se conclut sur l'adagio.  Dédiée « À mon Dieu bien-aimé », cette ultime parole symphonique est un manifeste parfait du style de son auteur, grandiose, souvent déroutant pour nos oreilles cartésiennes, mais combien mû par une foi inébranlable.  Une lutte entre lumière et ténèbres aussi, unissant deux maîtres vénérés, Beethoven et Wagner.  Elle requiert un orchestre de proportions faramineuses, que Barenboim va façonner en expert, devant un public retenant son souffle, et sous l'œil de l'ami Boulez.  Il prend le « feierlich, misterioso » (solennel, mystérieux), qui ouvre ce monument, avec un soin particulier pour contraster plages lentes et séquences plus animées, les imbriquer dans un même souffle, à l'égal de ses grands prédécesseurs.  Le scherzo, séquence agitée, typique chez Bruckner, pris ici à une allure motorique, soulignant de terrifiantes dissonances, libère l'agressivité du martèlement des cordes, à la limite du démoniaque.  Le trio, plus fantomatique, est encore traversé d'une ample phrase grave. L'adagio est plus qu'une cathédrale sonore, terme dont on a abusé.  Il transporte en un autre monde.  Le solennel, accolé au très lent, est respecté à la lettre, plus peut-être qu'on ne l'imagine, ce qui en renforce la puissance : une élévation de l'âme qui, peu à peu, conduit à des climax proches du chaos, dans une  vision d'effroi.  La ferveur se meut, dans les dernières mesures, en une poignante méditation, voire un questionnement, irrésolu du fait de l'absence de finale.  L'introspection confine à une sorte de liturgie.  La plasticité de la Staatskapelle Berlin est exceptionnelle : une vraie pureté sonore. Même si, question acoustique, dans les fff, il manque le vaisseau de la Philharmonie, de Berlin bien sûr, de Paris bientôt, on l'espère.  Une formidable leçon d'orchestre, en tout cas, dont nos phalanges parisiennes auraient avantage à tirer parti.

 

Jean-Pierre Robert.

 

***

 


Haut

Le Festival pascal de Lucerne aura présenté un florilège de concerts de haut niveau, conduits par des chefs prestigieux tels que Claudio Abbado, Nikolaus Harnoncourt,  Maris Jansons ou Bernard Haitink. Ce dernier, chez lui dans la cité au bord du lac des Quatre-cantons, devait y donner des cours de direction d'orchestre, partageant son savoir et sa longue expérience avec des jeunes talents, dans des œuvres de Beethoven, Schumann, Bruckner et Ravel.  Initiative originale que ce concert, d'entrée libre, donné par le Human Rights Orchestra, composé de musiciens issus de formations européennes de premier plan, dont l'Orchestre du Festival de Lucerne et l'Orchestra Mozart, et dirigé par Alessio Allegrini, corniste solo de ce dernier.  L'idée est de faire progresser la cause des droits de l'homme par l'action musicale, et d'offrir une solidarité à ceux qui sont dans le déni de leurs droits.  Entre autres moyens, l'orchestre soutient des projets concrets, par les concerts, les résidences de travail, les possibilités d'apprentissages.  Jouant avec des élèves d'un lycée musical de la ville, ils interprétaient des pièces allant de Mozart à Nielsen (la Serenata in vano pour clarinette, basson, cor, violoncelle & contrebasse), en passant par Nino Rota, ainsi que deux créations de Paolo Marzocchi, travaillées dans le cadre d'un atelier animé par le compositeur italien.  À cet égard, la pièce Pranvera, pour chœurs, cordes & quintette de cuivres, qui s'inspire d'un fait divers tragique, la disparition en mer, il y a une quinzaine d'années, d'un navire de réfugiés albanais, après qu'il eut été refoulé par les autorités italiennes, est une pièce forte : puisant au folklore albanais, sur des rythmes marqués, au bord de l'expression tragique dans sa mélancolie murmurée. Elle sera magnifiquement interprétée par ces jeunes pousses, galvanisées par pareille cohabitation. 

 

KKL_BEI_NACHT_08_Klein

©KKL

 

 

Les débuts à Lucerne de l'Orchestra Mozart 

Claudio Abbado s'est, de longue date, fait le chantre de la promotion d'orchestres de jeunes, le dernier né étant, en 2004, l'Orchestra Mozart, un projet de l'Accademia filarmonica de Bologne. Comme les autres ensembles, il est composé de solistes et de musiciens issus de formations internationales renommées, venant de toute l'Europe.  Encore qu'une large fraction soit de nationalité italienne.  L'Orchestra Mozart ne se limite pas à l'interprétation des œuvres du Salzbourgeois, mais est aussi à l'aise dans le Baroque qu'en terres romantiques, et dans le répertoire du XXe siècle. Leur fabuleuse exécution, récemment parue en CD, du Concerto pour violon de Berg en témoigne.  Il s'assigne, en outre, une double mission artistique et sociale : le « Progetto Tamino » est une expérience de thérapie musicale, et le « Progetto Papageno » est un atelier à l'intention de prisonniers.  Bien sûr, le fait d'être dirigé par le maestro Abbado ajoute à son prestige. On en aura la démonstration, le 5 juin prochain, lors de leurs débuts parisiens, à la Salle Pleyel. Pour leur première prestation lucernoise, Abbado avait choisi deux symphonies, de Schumann et de Mozart, entourant un concerto de violon de celui-ci.  La 38e Symphonie, K 425, dite « Linz », connut une gestation originale, puisque composée en quatre jours seulement, à la demande de l'excentrique comte de Thun, qui accueillait, dans sa ville, le musicien et sa nouvelle épouse Constance, de retour de Salzbourg, en route pour Vienne.  Son introduction lente a beaucoup intrigué. Le procédé, imité de Josef Haydn, a une signification bien différente : non pas un début solennel pour concentrer l'attention de l'auditeur, mais un épisode expressif, qui va imprimer à l'œuvre toute entière un cachet méditatif.  Encore que le climat optimiste reprenne vite le dessus dans l'allegro spiritoso qui forme l'essentiel du premier mouvement, ou dans le menuetto.  La prise de distance caractérise la vision de Claudio Abbado : la quête de ce qui est au-delà des notes.  L'accentuation est marquée, fruit des recherches musicologiques récentes, qui joue sur une dynamique extrêmement travaillée, rendant au discours une vraie transparence.  Les tempos sont retenus. Ainsi le changement qui affecte la partie adagio du premier mouvement et sa section allegro est-il moins perceptible que de coutume, et le trio qui traverse le menuetto, hyper ppp, dans le dialogue des bois, n'offre pas une large différenciation de climat. Une autre manière, assurément, de jouer Mozart.  Cela se confirme dans le 5e Concerto pour violon, K 219.  Le chef joue l'allegro aperto, autrement dit sans indication de tempo, avec cette même retenue, et lors de son entrée, très doux, le soliste se fond dans le tissu orchestral.  Dans une apparente improvisation, car le dialogue violon-orchestre est non pas tant antagonique qu'unificateur.  Il n'est qu'à voir et entendre les coups d'archet des cordes rejoindre ceux du soliste.  Le positionnement de celui-ci par rapport à la masse orchestrale en fait un primus inter pares.  Isabelle Faust déploie une sonorité incomparable de finesse, qui s'épanouit à la cadence, sans vedettariat. L'adagio laisse percer une note tragique, poignante, et le soliste se situe, s'il est concevable, au-delà de la délicatesse.  Le rondeau final, en forme de menuet, est canalisé par Abbado, et l'intermède turc, presque cocasse en pareille occurrence - pied de nez à l'archevêque de Salzbourg ? - convoque plus l'aspérité rythmique d'une czardas hongroise qu'une turquerie à la mode du temps. La vision d'Isabelle Faust est un modèle d'équilibre, de classicisme épuré. Là encore, le qualificatif de finesse est réducteur devant pareille prescience du geste juste.      

 

2012_LUCERNE_FESTIVAL_OSTERN_SINF_KONZ_1_24032012_02

©Peter Fischli

 

 

La Deuxième Symphonie de Schumann reprend la tonalité d'ut majeur, tout comme le 38e de Mozart, la Cinquième de Beethoven et la « Grande » de Schubert. On s'est longtemps plu à fustiger l'orchestration maladroite du musicien, voire à décrier une certaine monotonie. Mais nombreux sont aujourd'hui ceux qui militent pour une réévaluation.  « Les tempos rapides de Schumann obligent à jouer avec légèreté, avec transparence », dit Heinz Holliger. C'est le parti qu'adopte Claudio Abbado dont la lecture ne s'appesantit pas sur quelque romantisme exacerbé que produirait le vaste orchestre associé à cette symphonie.  Celle que Brigitte François-Sappey qualifie de « grande symphonie-drame », la plus classique des quatre aussi, offre une structure cyclique et des oppositions entre gravité et optimisme, à l'aune des affres de sa composition, qui conduisit l'auteur de la dépression à la renaissance.  Le clair-obscur qui l'ouvre, alterne vite avec un più vivace, doté d'« une grande vivacité rythmique » précise l'auteur,  et se stabilise en un allegro ma non troppo, au rythme bien marqué.  Le scherzo, sorte de ronde hoffmannienne, est preste et fiévreux, le premier trio apportant quelque détente, le second, fugué, préludant à une fin glorieuse.  Abbado livre de l'adagio espressivo, une des plus belles pages de Schumann, et du romantisme, une lecture d'un lyrisme ému.  Les crescendos des cordes sont impressionnants, et les attaques des bois d'une clarté exemplaire, ce à quoi s'emploient ses solistes émérites. Le grand finale est rien moins que triomphal, les nuages se dissipant définitivement au profit d'un élan vital irrépressible, après qu'une citation du cycle beethovénien À la Bien-Aimée lointaine se soit glissée, subrepticement.  La progression finale est implacable dans son développement, conduisant à l'apothéose.  L'Orchestra Mozart montre ses capacités à se mouvoir dans cette musique, aussi bien que chez son compositeur patronyme, ne serait-ce que par l'homogénéité des pupitres des cordes et la souplesse de ses instrumentistes des bois.  Une mémorable exécution !

 

 

Nikolaus Harnoncourt interprète Haendel et Bach

Un concert de Nikolaus Harnoncourt fait toujours figure d'événement.  Et pas seulement parce que celui-ci prend la parole, sans micro, pour livrer quelques clés cachées d'interprétation, avec l'humour un brin auto satisfait qu'on lui connaît.  Il confiera ainsi que le latin chanté bénéficiera d'une prononciation à l'italienne pour Haendel, et à l'allemande chez Bach. Le public aime être ainsi surpris, et applaudit de plaisir, rompant le recueillement nécessaire à ce qui va suivre. C'est qu'avec le Père de la renaissance baroque, qui fonda son orchestre du Concentus Musicus Wien en 1953, l'austérité est de rigueur.  Le Laudate pueri Dominum, pour soprano, chœur & orchestre, date du séjour que Haendel fit à Rome dans les années 1706-1709.  Sa réputation était telle que la fine fleur des princes de l'Église catholique s'arrachaient le protestant saxon.  Basée sur le Psaume 113, la pièce s'exprime en huit mouvements, également partagés entre chœur & solos vocaux. Le style du musicien est déjà accompli dans les accompagnements instrumentaux des voix solistes, au hautbois d'amour ou à  la contrebasse, et dans une utilisation hautement significative des silences, permettant une respiration bienvenue.  Le Dixit Dominus, écrit à la demande du cardinal Colonna, démontre un dramatisme nouveau chez Haendel, et un impressionnant sens de la couleur.  Il est demandé une extrême agilité au quintette vocal, comme aux cordes, qui doivent se mouvoir de l'extrême virtuose au lyrisme le plus expressif.  Le chœur est pareillement sollicité, dans ses cinq sections. Là où le sens de l'architecture est indéniable, Harnoncourt se montre parcimonieux dans le geste musical, mais non dans la gestuelle, sans pour autant renoncer à mettre en exergue l'ardeur quasi guerrière contenue dans cette évocation proche de celle du Jugement dernier : aux ppp extrêmes des violons, comme si le son mourait, fait écho la déclamation incisive des chœurs, libérant la violence du texte.  La fugue finale apporte abondance de richesses.  Avant, les diverses interventions solistes, dont un duo extatique des deux sopranos, auront enluminé cette lecture engagée.  À l'écoute de la manière d'Harnoncourt, on se souvient de la remarque de Romain Rolland « Quelque grand peintre que soit Haendel, ce n'est pas tant par l'éclat, la variété et la nouveauté du coloris, que par la beauté du dessin et les effets d'ombres et de lumières ».

 

lf013-lowres

 

 

Le motet « Silete venti » (Silence ! vents), démontre encore la virtuosité du Saxon dans l'écriture pour la voix, de soprano en l'occurrence, et un art savant quant à la différenciation des climats. L'introduction dépeint une houle déchaînée, dont la soliste va tenter d'interrompre la fureur.  Elle qui va ensuite célébrer l'amour extatique pour Jésus, le sauveur, en une succession de récitatifs et d'arias da capo, dont Haendel reprend le schéma éprouvé, pages d'une douce cantilène, rêverie de climat pastoral, et Alléluia conclusif radieux.  Le Magnificat de Bach, BWV 243, fervent cantique de la Vierge Marie, emprunté à l'Évangile de Luc, est empli d'allégresse, d'optimisme communicatif.  Malgré son cadre relativement réduit, mais eu égard à sa densité d'écriture, cette pièce annonce le style majestueux des Passions.  Il émane de la vision qu'en livre le chef autrichien un optimisme heureux, mêlé de tendresse.  Là encore la volonté d'extirper la stricte trame transcende l'embarras de richesses textuelles. L'austérité luthérienne de Haendel laisse place à la jubilation, proclamant la béatitude de Marie. La manière d'illustrer la forme mélodique comme de contraster la couleur instrumentale révèle combien est totale chez Harnoncourt l'empathie avec la pensée du Cantor, qu'il côtoie de longue date.  La mosaïque que constituent ces douze séquences s'ordonne en un tout essentiel où l'émotion le dispute à la joie (duo alto-ténor), la simplicité à la grandeur du geste (trio des sopranos & de l'alto, accompagnées par deux hautbois à l'unisson). Il en va aussi de la manière de faire chanter les chœurs, sans excès de puissance, dans un souci extrême de lisibilité. La contribution soliste est pareillement quintessenciée : les deux sopranos, Anna Prohaska, timbre tendre et éthéré, et Christiane Oelze, voix plus charnue, l'alto affirmée d’Elisabeth von Magnus, le ténor ductile de Jeremy Ovenden et la basse puissante de Florian Boesch. Comme dans les pièces de Haendel, les musiciens du Concentus Musicus Wien révèlent un sens des volumes, un art du coloris sonore, une souplesse instrumentale, des bois notamment, tout simplement éblouissants. On sort bouleversé de ces interprétations, qui tutoient la perfection, heureux d'avoir, l'espace de ces trois heures de musique, été menés par la main, au cœur même du sacré.   

          

Jean-Pierre Robert.

 

***

 

 


Haut

 

Depuis 1996, Daniel Barenboim anime, à l'époque pascale, un festival prestigieux centré sur Wagner, compositeur cher au public berlinois, et emblématique de l'Oper unter den Linden, qui y célébra de mémorables interprétations du Ring, sous la direction de chefs de légende, tels qu’Erich Kleiber (1928), Wilhelm Furtwängler (1933) ou Franz Konwitschny (1956).  Barenboim en donnait déjà, à Pâques 1996,  l'intégralité, dans une mise en scène de Harry Kupfer.  Il s'est, depuis lors, consacré aux autres opéras du maître de Bayreuth, et à compter de 2010, lancé dans une nouvelle version de la Tétralogie.  Après celle de Das Rheingold (cf. NL de décembre 2010), était donnée la nouvelle production de Die Walküre. Suivront Siegfried (octobre 2012), et Götterdämmerung (mars 2013), avant que le cycle complet ne soit joué, année Wagner oblige, lors des Festtage de 2013 (23-31/3), et deux autres fois courant avril (4-10 et 13-21).  Lors d'une conférence de presse, le chef s'est dit fier de mener à bien cette gigantesque entreprise avec son orchestre de la Staatskapelle Berlin. Il peut l'être, en effet, car il en a fait l'une des meilleures formations européennes. Et le compliment n'est pas mince dans la ville des Berliner Philharmoniker !  On joue aussi, lors du festival, d'autres pièces que les opéras de Wagner, et notamment ceux de Berg, dont pour cette édition, Lulu, de même que des concerts symphoniques, dirigés par le maestro, décidément omniprésent, qui conduit aussi le Filarmonica della Scala.  Les manifestations ont pour lieu principal le Schiller Theater, où s'est replié l'Oper unter den Linden, en travaux jusqu'à l'automne 2014, mais aussi la fabuleuse salle de la Philharmonie. 

 

 

Une  incandescente Walkyrie

 Richard WAGNER : Die Walküre.  Drame musical en trois actes. Première journée du Festival scénique « Der Ring des Nibelungen ».  Livret du compositeur.  Anja Kampe, Irène Theorin, René Pape, Simon O'Neill, Mikhail Petrenko, Ekaterina Gubanova, Danielle Halbwachs, Susan Foster, Ivonne Fuchs, Anaïk Morel, Carola Höhn, Leann Sandel-Pantaleg, Nicole Piccolomini, Simone Schröder.  Staatskapelle Berlin, dir. Daniel Barenboim. Mise en scène : Guy Cassiers. 

 

walkuere_026

©Monika Rittershaus

 

 

Deuxième volet de la saga du Ring, La Walkyrie donnée au Staatsoper de Berlin tient toutes ses promesses. Il est difficile d'aligner aujourd'hui meilleure distribution.  Et la réalité a plus que dépassé les espérances !  C'est qu'en ce domaine, la baguette de Daniel Barenboim est experte. On est saisi par l'immédiateté du son, due à l'acoustique très présente du Schiller Theater, qui rend palpable la proximité à la fois de l'orchestre et des voix. Dès la tempête déchaînée qui ouvre le premier acte, jusqu'à l'embrasement final, la coulée sonore est rien moins que somptueuse, extrêmement travaillée dans sa dynamique.  Avec des musiciens aussi accomplis que ceux de la Staatskapelle Berlin, le nuancier est sans limite, l'expressivité envoûtante des violoncelles, les courbes élancées de la petite harmonie, la patine des cuivres.  Abordé d'abord chambriste, le premier acte bascule dans un incoercible crescendo à partir des mots fatidiques « Wälse, Wälse ! », lancés fortissimo par Siegmund, pour atteindre l'incandescence des dernières pages, les deux voix portées à blanc.  Le IIe acte, lui aussi managé façon musique de chambre, refuse le pathos. L'immense récit de Wotan, débuté dans un murmure, telle une confidence à soi-même, plus qu'à celle qui l'écoute, joue sur la différenciation d'intensité, entre abandon et éclat. Plus d'un moment déborde d'émotion : le retour du couple maudit, haletant, puis l'Annonce, grave mais non pathétique, faite à Siegmund de sa mort, par une Brünnhilde pas tant fière que prévenante, enfin les dernières pages de ce même acte, d'une brutalité renversante.  Barenboim ménage l'équilibre entre épique et lyrisme, pressant le tempo lorsque la dramaturgie l'exige. Le dernier acte, passée une Chevauchée haute en couleurs, mais mitigée côté rectitude de ton de ces dames, atteint la vraie grandeur lors de la confrontation entre père et fille.  Non que l'attendrissement soit de mise : il n'y a pas chez ces grands, matière à s'apitoyer.  Ce n'est qu'à la dernière phrase d'un orchestre gorgé de lyrisme, que Wotan embrasse sa fille adorée.  Irene Theorin prête à cette dernière des accents de vaillance bravache, comme de tendresse émue.  Son interprétation rejoint celle, grandiose, de ses mythiques devancières nordiques.  Sous les traits du dieu Wotan, René Pape livre une noble figure, non pas tant dans l'excès d'autorité, que dans la pénétration intime des arcanes de ce caractère insondable. Il l'aborde souvent comme un Lied, n'hésitant pas à prendre des risques quant à la manière de détacher le legato pour décocher tel pianissimo sur le mot essentiel.  La sublimité du personnage en ressort plus affirmée.  Une interprétation frappée au coin de l'intelligence, pour ne pas dire du génie.  Ekaterina Gubanova fait de la déesse Fricka autre chose qu'une sévère matrone : la scène de ménage du II devient un moment de chant intense, de jeu dépourvu d'emphase.  La Sieglinde d’Anja Kampe atteint une force intérieure, digne de la Rysanek de la grande époque : l'effusion, le trop-plein de tendresse, le poignant du drame. La ligne de chant est inextinguible et illumine tout ce qu'elle touche.  Son Siegmund, Simon O'Neill, a de l'héroïsme à revendre. Si moins spontané que sa partenaire, il n'en est pas moins convaincant.  Enfin, Mikhail Petrenko, Hunding, est justement menaçant, mais là encore sans forcer la noirceur naturelle de la voix et le trait agressif.

 

walkuere_174

©Monika Rittershaus

 

 

La régie de Guy Cassiers a la vertu première de saisir le drame tel qu'il est écrit.  Ne cherchant pas à réinterpréter, sa vision est, somme toute, simple et toujours lisible. Si elle est moins foisonnante que dans L'Or du Rhin, c'est que la trame se resserre  tellement ici que les échanges occupent le premier plan. Cassiers les aborde sans détour, allant à l'essentiel : un monde d'illusions, où règnent l'ambition, vite rentrée, un curieux va-et-vient entre vérité et mensonge, la vanité des aspirations humaines face aux calculs empêtrés des dieux.  Fasciné par la composante visuelle, inhérente au théâtre wagnérien du Ring, il joue discrètement, dans les costumes, la référence historique, fin de XIXe.  L'espace ouvert, qui avait marqué le Prologue, réapparaît dans les deux derniers actes, juste agrémenté de dispositifs oniriques, telle que cette sculpture de chevaux, réplique de l'ensemble de marbre « Les passions humaines », de Jef Lambeaux, au IIe, et un sobre étagement des plans, au dernier, permettant de bien visualiser la Chevauchée des Walkyries.  Comme dans Das Rheingold, le recours aux projections est important, pour illustrer la mouvance des sentiments, comme aux effets d'ombre portée, s'inscrivant en relief, pour démultiplier le champ visuel.  L'acte introductif figure une cabane suspendue au milieu de quelque endroit perdu dans une nature brute.  Cette emprise du milieu naturel, si essentielle, se retrouve dans l'imagerie projetée, sans cesse mouvante : frémissements de la forêt, évolutions équestres, corps virevoltant dans les airs.  Ce sera ici la seule réminiscence de ces figures mimées, proches de la danse, qui adornaient le Prologue.  L'intensité du discours dramatique, constamment fluide, ne faillit pas. Seules quelques touches futuristes, bien que moins présentes que précédemment, le pimentent. Telle cette toupie qui tourne prestement, et agrippe quelques images, symbolisant le passage du temps, et qui va s'immobiliser lors de l'exclamation de Wotan au II, « das Ende, das Ende » ; tout comme naguère Chéreau, à Bayreuth, faisait soudain, au même moment, se figer son pendule.  Cassiers sait trouver le juste trait pour gagner l'émotion : le regard furtif entre Sieglinde et Siegmund, au I, l'attitude affectueuse de Brünnhilde aux pieds de Wotan au II, son regard attendri du corps endormi de Sieglinde après l'Annonce de la mort, lorsqu'elle décide de changer de cap et de braver l'interdit du dieu, son empressement aussi à sauver ce qui peut l'être encore, Sieglinde et sa descendance, au III, avant de subir la colère paternelle.  Chaque personnage est saisi avec un sens théâtral aigu, qui va chercher le tréfonds des êtres. Wotan est sans doute la figure la plus auscultée de près : détaché, presque dépouillé de sa superbe, peu à peu l'ombre de lui-même, à plus d'un titre vaincu par le retournement des événements dont il n'a pu infléchir le cours.

 

 

 Lulu réécrite

Alban BERG : Lulu.  Opéra en trois actes d'après les tragédies « L'Esprit de la terre » et « La boîte de Pandore » de Frank Wedekind.  Nouvelle orchestration de « la scène de Londres » (acte III, scène 2) de David Robert Coleman.  Mojca Erdmann, Deborah Polaski, Anna Lapvovskaya, Stephan Rügamer, Michael Volle, Thomas Piffka, Goerg Nigl, Jürgen Linn, Wofgang Ablinger-Sperrhacke, Johann Werner Prein, Wofgang Hübsch. Staatskapelle Berlin, Orchesterakademie bei der Staatskapelle Berlin, dir. Daniel Barenboim.  Mise en scène : Andrea Breth.

 

Lulu_13

©Bernd Uhlig

 

 

Le coup est inattendu !  Ce n'est pas celle complétée par Friedrich Cehra, créée en 1979 à l'Opéra Garnier, qui est donnée à entendre pour cette nouvelle production berlinoise, mais une toute nouvelle version.  La metteur en scène souhaitant « omettre » la première scène de l'acte III, il a fallu prendre la décision de revoir cet acte.  Daniel Barenboim souligne qu'il était impensable de censurer le texte de Cehra.  Aussi fût-il décidé de confier à un compositeur, familier de la musique de Berg, pour l'avoir lui-même souvent dirigée, David Robert Coleman, de repenser une orchestration de la scène 2, dite « scène de Londres », laquelle serait précédée d'un interlude.  Le caviardage ne s'arrête pas là : outre quelques coupures, çà et là, Andrea Breth a aussi purement et simplement supprimé le Prologue, sans doute trop onirique pour cadrer avec le parti défendu de jouer rétrospectivement l'atroce déchéance de Lulu.  David Robert Coleman a accompli un travail sérieux, en utilisant la Particell de Berg, autrement dit les esquisses existantes, et en s'inspirant du texte de la Lulu-Symphonie : une orchestration de facture chambriste, comme l'est l'univers de Wozzeck.  Barenboim, avisé, reconnaît qu'il  s'agit là, non de la solution idéale, mais d'un point de départ intéressant pour la réflexion.  Le metteur en scène impose donc ses vues, et fait fi du texte musical.  S'en accommode-t-on à Berlin, où moult esthètes cautionnent les plus avant-gardistes positions ?  Rien n'est moins sûr, à en juger par la bronca qui accueillit la dame au rideau final, malgré le geste courtois et courageux de Barenboim qui, en saluant seul avec elle, tenta de braver la tempête. Andrea Breth conçoit l'histoire comme un flash-back, en formalisant d'entrée de jeu l'agonie de l'héroïne : après un formidable cluster d'orchestre, celui-là même qui conclut l'opéra, ponctué d'un effroyable cri, et quelque texte parlé, on enchaîne la première scène de l'acte I.  Point d'univers de cirque donc, pas plus que de référence à une vie de femme fatale adulée, mais une vision d'une objectivité crue, de catastrophe permanente, tracée dans le décor unique d'un no man's land lugubre, proche du glauque, marqué par un amoncellement de carcasses de voitures, que des éclairages blafards rendent encore plus angoissant.  Si le grotesque, caractérisant les gens de la piste, est évacué, il réapparaît sans doute dans la manière forcée, caricaturale presque, dont sont burinés les divers personnages gravitant autour de Lulu, et dont les expressions peuvent s'avérer clownesques.  Le parcours de Lulu est sans rémission : femme-enfant au sourire désarmant, impénétrable, dont le personnage est dédoublé en femme mûre, sûre de sa séduction, mais aussi en femme plus âgée, lasse d'avoir vécu.  Ces deux-là, on les verra se traîner, pitoyables, être malmenées par de peu scrupuleux amants, ou encore véhiculées, inanimées, par ce fossoyeur qui, à la dernière scène, les charrie sans relâche dans une brouette et finit sa besogne en essuyant son couteau de boucher sur un linge maculé de sang.  La violence est rentrée ou délibérément extravertie.  C'est une dramaturgie de la déchéance qui froidement élimine, lentement déconstruit.  Chaque personnage, fortement typé, semble suivre sa propre trajectoire. Souvent une action se déroule parallèlement à l'action principale : les conquêtes de la comtesse Geschwitz, les allées et venues du patibulaire Schigolch.   Mais, pour concentrée qu'elle soit, la trame reste-t-elle lisible ? La progression dramaturgique en arche, dont le film du procès et de l'emprisonnement constitue la clé de voûte, lui-même gommé au profit d'un intermède mimé, n'est pas toujours perceptible. Certes, les images empoignent la plupart du temps, à l'aune d'un travail d'acteurs très fouillé.  Reste que leur hyper-violence tient de l'insoutenable. Qu'une femme metteur en scène fasse subir à son héroïne de telles avanies laisse pantois : crucifiée par son premier client au IIIe acte, Lulu périt aspergée d'essence par Jack l'Éventreur.

 

Lulu_53

©Bernd Uhlig

 

 

Heureusement, Daniel Barenboim trouve le ton exact du langage de Berg, différent de celui en clair-obscur de Wozzeck, plus coloré, qui tend aussi vers une simplification.  On est loin de l'extase wagnérienne, de la glorification répétitive. Car, chez Berg, selon le mot de Theodor W. Adorno, « toute insistance lui est étrangère ».  Ce qu'on a qualifié de « musique pure », n'épouse pas toujours la littéralité du texte. L'harmonie très complexe, s'assure du recours à des instruments familiers, la harpe, le piano, le vibraphone aussi, pour d'étranges sonorités. Le chef dévoile toute la mobilité du style bergien, son dynamisme, la malléabilité de ses motifs, la subtilité de ses enchaînements encore, sans parler du côté lapidaire de certaines de ses formules musicales.  L'orchestre de la Staatskapelle se montre prodigieux dans tous ses départements. La ligne vocale occupe une place déterminante dans cette œuvre, qui privilégie le mode récitatif. Le procédé vocal condensé de Wozzeck fait place à la grande forme dans laquelle s'interpénètrent de courtes séquences.  Cette fragmentation du discours en fait la richesse, la difficulté aussi. Barenboim a réuni une distribution experte, là encore de tout premier ordre, épousant musique et régie avec une formidable empathie. Mojca Erdmann aborde le rôle-titre avec une voix au médium impressionnant, moins avantagée dans l'extrême aigu, encore que cette dernière facette s'affirme au fil de la soirée.  Son aspect infantile investit à la fois la beauté de Lulu et sa morbidité, sans que cette dernière ne soit accentuée. Un bonheur sans limite côtoie l'âme damnée, et cette culture du malentendu qui pousse le personnage vers l'inhumain, quoique dans le registre impénétrable.  Deborah Polaski, naguère Brünnhilde et Isolde de choix, campe une comtesse Geschwitz de grande allure, dont l'importance est accentuée par la régie. Aux lieu et place du vieillard cacochyme, et du chanteur en fin de carrière, dont bien des metteurs en scène ont portraituré Schigolch, Jürgen Linn incarne un homme dans le force de l'âge, parfaitement chanté, qui n'hésite pas à malmener sa protégée.  Les amants de Lulu vont de l'incandescent Alwa, Thomas Piffka, admirable dans son éloge exalté de la femme, héros schumannien, exubérant dans sa tentative de la sauver, à l'incisif peintre, Stephan Rügamer, livrant une étonnante composition sur le fil du rasoir, à l'athlète, Georg Nigl, acrobate de la voix, et au prince, Wolfgang Ablinger-Sperrhacke qui frôle le grotesque avec art.  Michael Volle, en Dr Schön et Jack l'Éventreur, domine le plateau par une présence vocale et dramatique peu commune : de son autorité inextinguible, il porte à lui seul tout le poids de cette folie meurtrière. Loin d'être passif, il brave l'adversité, comme il la subit, lorsque se retrouvant flanqué de Lulu à califourchon, celle-ci le menace d'une barre de fer, après lui avoir dicté une lettre d'adieu.  Touche hautement signifiante d'une régie qui ne fait pas dans la joliesse.

 

                                                                    ***

 

Concert baroque à la Petite Philharmonie

 

haenchen_hartmut

Harmut Haenchen ©DR

 

 

L'Orchestre de chambre Carl Philipp Emanuel Bach, dirigé par son chef titulaire, Harmut Haenchen, donnait, le même week-end, un intéressant concert baroque, consacré pour l'essentiel à des compositions de Gluck.  La Symphonie dite « Weimar », dont on fêtait la première exécution berlinoise moderne, pour avoir été seulement redécouverte, en 2005, dans les rayons de la bibliothèque du château de Weimar, est écrite pour deux flûtes, hautbois, cors, cordes & basse continue. Elle se caractérise par un ton vif, dont un allegro introductif énergique et un final tout aussi décidé.  L'andante, dont le chant est emmené par les deux flûtes obligées, rappelle combien le chevalier Gluck était formaté par l'univers du théâtre et ses sentiments exacerbés. De l'opéra Orfeo précisément, Harmut Haenchen choisit un bouquet de pièces dansées, le « ballet des Ombres », puis le Menuet, l'Air vif et la belle Chaconne, cette dernière bien articulée, nantie de crescendos à l'effet saisissant, sans pour autant perdre son charme sensuel.  « L'air de Furie » est entre les mains du chef un régal de sens dramatique, lui qui connaît bien cet univers de l'opéra.  La sonorité du l'orchestre, malgré ses modestes dimensions, mais eu égard à la présence acoustique de cette réplique, en plus restreint, de la Philharmonie, est ample et chaude.  De l'opéra Alceste étaient jouées l'Ouverture et deux Pantomimes, abordées grande manière, ce que les cuivres relèvent péremptoirement.  La Symphonie « hambourgeoise » de Carl Philipp Emanuel Bach, Wq 183/2, montre une science de la modulation remarquable pour l'époque et une invention thématique tout aussi intéressante dans ses trois mouvements enchaînés, vif-lent-vif.  Là encore, les bois sont par deux, flûtes, hautbois & bassons, et les cors enrichissent singulièrement la palette harmonique.  Celui qu'on nomma le Bach de Berlin, puis de Hambourg, ville où il se libère définitivement de carcans sévères, imposés plus par la cour de Frédéric II que par la fidélité au Cantor, affirme un style très personnel et une maîtrise technique atteignant son zénith dans cette dernière période créatrice.  La symphonie livre un concertino des bois, menés par les flûtes, et un mélange de combinaisons instrumentales aussi originales que variées, en tout cas fort osées.  Le schéma de la symphonie concertante baroque semble revivre, mais avec une aura nouvelle et une recherche dramatique certaine.  La défection de dernière heure de la soprano Catherine Naglestad, qui devait interpréter des airs de Gluck, entraîna une modification de programme.  L'exécution du Concerto de violon K. 219, n°5 de Mozart fit office de remplacement : la jeune violoniste américaine Tai Murray en donne une interprétation impeccable, sans arrière-pensée, alors que les tempi adoptés par Haenchen, plutôt allants, sont dépourvus de recherche introspective.  Tout le contraire de la vision profondément puisée de l'intérieur, proposée par Isabelle Faust et Claudio Abbado, quelques jours plus tôt, à Lucerne.     

 

 Jean-Pierre Robert.

 

***

 


Haut

portrait_1_thumb

©Margeritta Mitchell

 

 

L'actualité lyrique appelle l'attention sur le compositeur John Adams, à Londres comme à Paris où, coup sur coup, viennent d'être joués ses deux opéras  emblématiques, Nixon in China et The Death of Klinghoffer.  Compositeur et chef d'orchestre, John Adams occupe une place particulière parmi ses contemporains, ne serait-ce que par le choix des thèmes de ses œuvres destinées à la scène.  Né en 1947, en Nouvelle-Angleterre, il est installé à San Francisco depuis 1971, où il a exercé les fonctions de compositeur en résidence de 1882 à 1985.  Plusieurs de ses premières œuvres y ont été créées.  La collaboration avec la poétesse Alice Goodman et le metteur en scène Peter Sellars, initiée dès 1985, se concrétisera par les deux opéras cités.  L'association avec Sellars en produira quatre autres : I Was Looking at the Ceiling and then I Saw the Sky, sur le modèle du singspiel (1995), El Niño, créé à Paris, au Châtelet, en  2000, sur le thème du mystère de la vie et de la création, puis Doctor Atomic (2005), traitant du lancement de la première bombe nucléaire américaine, sous la conduite de Robert Oppenheimer, et enfin, son dernier opéra en date, A flowering Tree, créé à Vienne, en 2006, et inspiré de La Flûte enchantée.  Musicien prolixe, Adams aborde à peu près tous les genres, de l'opéra aux pièces vocales, tel Harmonium (1981), de la musique de chambre, dont un quatuor à cordes (2008), aux pièces pour piano, comme Grand Pianola Music (1983).  Outre l'opéra, c'est sans doute à l'orchestre qu'il a donné ses compositions essentielles.  Au nombre de celles-ci, on citera Shaker Loops, pour cordes (1983, d'après un septuor à cordes, créé en 1878), Harmonielehre (1985), El Dorado (1991), une symphonie de chambre (1992), un concerto pour violon (1993), un concerto pour piano, titré Century Rolls (1996).  « On the Transmigration of Souls », écrit pour le New York Philharmonic Orchestra, à l'occasion du premier anniversaire de l'attaque du World Trade Center, a été créé en 2002. 

D'abord très influencé par la mouvement minimaliste, Steve Reich en particulier,  mais aussi Philip Glass, Adams s'en détache pour forger son propre style.  Celui-ci  est éclectique, ample et brillant, combinant phénomène répétitif, hérité des minimalistes, et lyrisme solaire, puisé aux sources du passé européen.  Il convoque des influences multiples, néoclassicisme, musiques traditionnelles, jazz, rock, etc.  On a pu dire que sa carrière était caractérisée par la synthèse, intégrant des éléments provenant de cultures musicales variées dans un langage personnel, bien reconnaissable. Adams se décrit lui-même comme un compositeur « ethnique ».  Au point que sa manière caméléon a déconcerté, et été critiquée.  Adams touche aussi à la danse, à la musique de film, voire à la pop music. Il est également un écrivain engagé, incisif, voire provocateur, à travers son blog, Hell Mouth (bouche de l'enfer). Il a publié, en 2008, un ouvrage autobiographique et sur la vie musicale américaine, sous le titre de Hallelujah Junction : Composing an American Life. 

 

 

Nixon in China enfin créé à Paris

John ADAMS : Nixon in China.  Opéra en trois actes. Livret d’Alice Goodman.

Franco Pomponi, June Anderson, Alfred Kim, Sumi Jo, Kyung Chun Kim, Peter Sidhom, Sophie Leleu, Alexandra Sherman, Rebecca du Pont Davies.  Chœur du Châtelet.  Orchestre de chambre de Paris, dir. Alexander Briger. Mise en scène : Chen Shi-Zheng.

 

nixon_in_china20_thb

©Marie-Noëlle Robert

 

 

Avec Nixon in China, l'équipe John Adams, Alice Goodman et Peter Sellars inventait le « docu opéra », c'est-à-dire directement inspiré d'un fait d'actualité, d'un événement médiatique, dirait-on.  C'est à Peter Sellars que revient l'idée de tirer de la visite « historique » de Richard Nixon à Pékin, en février 1972, le sujet de la pièce.  Elle sera créée en 1987 au Houston Grand Opera, et connaîtra vite le succès.  Le thème était porteur, bien sûr, et les auteurs voulaient en faire un « opéra héroïque », mais aussi une comédie : une étude à la fois du caractère humain dans toute sa complexité, voire son absurdité, et des multiples manières que des cultures différentes s'ingénient à trouver… pour ne pas se comprendre.  Le cas de Mao et de Nixon, comme de leurs épouses, est on ne peut plus topique.  L'incompréhension sera, à l'occasion, tempérée par une belle dose d'humour, peut-être même une pointe de compassion.  Six personnages, les Nixon, Mao et son épouse, Chou en-Lai et Henry Kissinger, pour une trame qui suit fidèlement le déroulement du voyage : arrivée à l'aéroport, première rencontre, dîner officiel, visite sociale de la First Lady dans divers lieux choisis par ses hôtes, représentation du ballet Le Détachement féminin rouge, occupent les deux premiers actes.  Le troisième est très différent : au soir d'un parcours harassant, les personnages se livrent à un moment de réflexion.  Dans l'intimité, ils se détachent de leur enveloppe officielle, et chacun fait une sorte de retour sur soi-même.  Les quatre figures essentielles, auparavant si ancrées dans leurs convictions, du moins apparentes, font place à des êtres vulnérables, dégagés de leur encombrante aura, mettant leur stature politique de côté, pour se remémorer quelques souvenirs prosaïques.  C'est Chou en-Lai qui tirera la moralité de l'affaire : « Dans tout ce que nous avons fait, qu'y avait-il de bien ? »  On a pu critiquer pareil sujet, taxé de trop coller à un événement, somme toute quelque peu idéalisé.  Encore qu'en faire un opéra n'en diminue pas la portée, au contraire peut-être.  Adams confiera que « la rencontre Nixon/Mao se prête parfaitement à une parodie dans la tradition 'vériste' verdienne ».  On a, à l'inverse, affirmé que rien n'avait été fait de mieux depuis Porgy and Bess.  C'est sans doute aller vite en besogne, car il y a eu Bernstein entretemps.  Très longtemps portée par la mise en scène de Sellars lui-même, l'œuvre en vient à la seconde génération de ses dramaturges. Au Châtelet, on a misé sur la nouveauté, et fait appel à une plasticienne indienne et un régisseur chinois en vue.    

 

nixon103_thb

©Marie-Noëlle Robert

 

 

Le spectacle laisse une impression mitigée. Alors qu'il est sans doute difficile de s'affranchir du réalisme inhérent aux moments-clés de la visite, et de ce qui compose dans une large mesure une succession de monologues, la mise en scène reste frileuse. Ainsi, les premières impressions de Nixon, fraîchement débarqué sur le sol chinois, quant au poids de l'Histoire, frôlent le convenu. La rencontre des deux puissants reste prosaïque, n'était le trait parodique consistant pour les trois secrétaires empressées, à consigner, sur des rouleaux rouges, les paroles du Grand Timonier.  Le dîner, qui cherche à se dégager de l'emprise protocolaire, est prétexte à une sage chorégraphie de gardes rouges, sous un lustre fait de moult écrans de TV, donnant les images de l'époque. Le trait est plus prétentieux qu'original.  Comme l'idée de ce défilé d'objets cultes, lors des visites, mi cérémonieuses mi sans façons, de Pat Nixon dans des lieux idéalisés de la culture populaire.  La représentation du ballet officiel est visualisée dans un univers froid, aux couleurs crues. Seul, le dernier acte, n'était une encombrante statue de Mao, s'intéresse au vrai théâtre.  La gestuelle confiée aux personnages est plutôt conventionnelle, chacun y allant de ses gesticulations favorites.  Un comble, sans doute, pour un opéra qui voulait bousculer les conventions du genre. À ce jeu, Pat Nixon tient la palme du cliché.  En fait, l'environnement est traité de manière non figurative, mais la direction d'acteurs reste minimale, sans cesse renvoyée à la réalité documentaire dont elle ne sait se défaire. La distribution respecte le choix minutieux des tessitures voulu par les auteurs. Nixon est un baryton de belle envergure.  Franco Pomponi y est très à l'aise, hyperbolique, mélancolique aussi, rongé par le doute de ne pas être à la hauteur de ce rendez-vous historique. Chou en-Lai est distribué à un ténor lyrique, un peu terne sous les traits de Kyung-Chung Kim.  Kissinger est un baryton grave, que Peter Sidhom défend avec justesse, alors que sollicité de manière cocasse par la régie, qui en fait un ivrogne presque méchant, durant l'épisode du ballet à la gloire de la grande Chine Populaire. Si Mao est écrit pour un ténor de fort gabarit, un heldentenor selon Adams, il est ici incarné par un ténor de composition, ce qu’Alfred Kim assume parfaitement de sa voix aigre-douce.  Les deux dames sont typées elles aussi.  Pat Nixon est une soprano lyrique, à laquelle June Anderson prête une belle voix, et plus encore de la prestance. Madame Mao, soprano colorature, est avec Sumi Jo étonnante de froideur, à la limite du détachement.  Dans Nixon in China, John Adams assoit son langage sur le procédé de la répétition, et une modulation bourdonnant à l'infini, qui peut devenir exubérante. « Je veux une musique qui ait de l'énergie, du mouvement, et l'extase du minimalisme, mais qui ait beaucoup plus de potentiel expressif », dira-t-il.  Avec « des harmonies excessivement douces, très sucrées ».  Alexander Briger, à la tête de l'Orchestre de chambre de Paris, joue à fond ces contrastes, et sa direction, bien sonore, est haute en couleurs.  L'orchestre, bardé de cuivres et d'instruments empruntés au jazz, tel le saxophone, a une pulsation et une richesse qui peuvent, à l'extrême, paraître enivrantes.        

 

 

The Death of Klinghoffer à l'ENO de Londres.

John ADAMS : The Death of Klinghoffer.  Opéra en deux actes.  Livret d’Alice Goodman.  Alan Opie, Michaela Martens, Christopher Magiera, James Cleverton, Edwin Vega, Richard Burkhard, Sidney Outlaw, Jesse Kovarky, Lucy Schaufer, Koe Walkling, Kathryn Harries, Kate Miller-Heidke, James Powell, Clare Presland.  ENO Orchestra & Chorus, dir. Baldur Brönnimann. Mise en scène : Tom Morris. 

 

The Death of Klinghoffer,Chorus, 5, (c) Richard Hubert Smith

©Richard Hubert Smith

 

 

The Death of Klinghoffer (La Monnaie, 1991) que l'ENO vient de créer sur la scène londonienne, est donc le deuxième opéra de son auteur, et emprunte de nouveau au genre du « docu-opéra ».  Le sujet est tiré d'un fait divers réel, l'attaque terroriste, en Méditerranée, du navire de croisière italien Achille Lauro, en 1985, par des terroristes palestiniens, au cours de laquelle l'un des passagers, juif, Leon Klinghoffer sera tué. À la différence de Nixon in China, ses auteurs se détachent de la comédie et du mode grand opéra, pour privilégier une approche plus distanciée d'un événement tout aussi politique, mais traité avec le sérieux et l'objectivité requis par son background particulier : l'antagonisme entre juifs et palestiniens, au cœur du drame.  Ils ne prennent pas parti ; ce qui provoqua le scandale à la création.  Comme donner la voix à des terroristes, dans un tel contexte, fera crier à la provocation.  Le message est clair : le meurtre de Klinghoffer est perpétré « non pour ce qu'il est en tant qu'individu, mais plutôt pour ce qu'il représente pour ses meurtriers, un bourgeois américain, et un juif », précise Adams.  Si Nixon in China marque l'apogée de la première phase créatrice du compositeur, la musique de Klinghoffer affirme déjà sa différence. Plus sombre, plus complexe aussi dans son univers harmonique, plus ambiguë, elle se caractérise par une grande énergie rythmique, une pulsation rapide. De vastes crescendos, de grande puissance, où prédominent les cordes, sans trop de recours aux percussions, débouchent sur des climax émotionnels forts.  « Les passages méditatifs dans une harmonie relativement stable souvent explosent en éruptions violentes de dissonances » dit encore le musicien.  Divers styles semblent se côtoyer, comme l'accent mis sur le phénomène répétitif, héritage des minimalistes, se traduisant par des vagues orchestrales irrégulières dans leur intensité.  L'aspect descriptif est important. Ainsi de la simulation de ce qui ressemble à des battements de cœur, de l'expression palpable du stress de tout un chacun.  Le lyrisme aussi est puissant, lors des passages chorals. Le rôle assigné aux chœurs est en effet déterminant, qui rappelle celui des Passions de Bach.  Ils forment même l'ossature de l'opéra : sept chœurs, dont six conçus par paire, un des Palestiniens, l'autre de Juifs, interviennent entre les scènes, pour d'intenses plages de réflexion, car la composante méditative est essentielle, et leur fonction aussi décisive que l'action proprement dite.

 

The Death of Klinghoffer, Sidney Outlaw, Chorus(c) Richard Hubert Smith

©Richard Hubert Smith

 

 

La régie de Tom Morris fait appel à deux procédés. Le couple réflexion-action d'abord : le chœur intensifie la trame lors de moments de psalmodie, ce qui permet de replacer les faits dans une plus large perspective, celle de la lutte entre deux peuples.  Le flash-back ensuite : les survivants de la tragédie se remémorent les événements, et ces derniers reprennent leur place réelle, souvent sans solution de continuité.  Le temps est aussi distendu. Ainsi, l'assassinat de Klinghoffer est-il visualisé en deux temps : après la prière de la femme arabe, symbole de l'amour de la mère pour le fils protecteur, le terroriste palestinien Omar, tel son propre fils, prend conscience du devoir à accomplir.  On le voit, de dos, se diriger, pistolet brandi, vers l'homme juif, dans une lumière aveuglante.  Un changement de scène représente immédiatement le même jeu, mais de manière inversée.  L'accomplissement, face au public, du meurtre, n'en est que plus saisissante.  Reste que la régie, sans doute conditionnée par le format d'une pièce foncièrement plus tournée vers l'oratorio scénique que vers l'opéra, demeure souvent étonnamment retenue.  On n'a pas toujours le sentiment, devant le calme apparent qui règne sur scène, du drame effrayant qui se joue.  Un exemple : le Capitaine et son second, fort occupés au téléphone, en liaison avec les négociateurs, ne laissent que peu transparaître ce que les échanges avec les quatre terroristes ont de vivacité dans les paroles.  Les états d'âme de l'un des terroristes, sur le mode « un desperado aussi peut avoir un cœur », au demeurant un peu longs, ralentissent le propos.  Les interventions des peuples exilés donnent, certes, une idée de la dureté du conflit israélo-palestinien, mais dans une vision plus idéalisée que réellement agressive.  C'est, sans doute, le tribut à payer au côté artificiel du genre lyrique, qui isole la réalité et adoucit le naturalisme.  Et, remarque le chef, « la musique rend profonds et 'humanise' les caractères, bien plus que le texte lui-même ». Paradoxalement, les scènes de chœurs, narratives, paraissent plus animées que le déroulé des événements eux-mêmes.  Elles forment des tableaux vivants, et tranchent dans leur aspect plastique, d'espaces immenses, avec l'imagerie nautique, elle-même modulée, pont, passerelle, salons.  L'interprétation musicale est de classe, avec une mention particulière aux chœurs de l'ENO.  Que ce soit dans la véhémence ou dans le registre presque hypnotique (« Ocean chorus »), ils sont d'une homogénéité remarquable.  Le cast est intéressant, qui assortit les voix avec tact.  Adams adopte une vocalité, inspirée de celle de Bach, prenante.  Souvent, tel personnage est accompagné par un instrument solo, tel le hautbois pour les interventions du Capitaine.  Baldur Brönnimann, habitué de l'idiome de John Adams, livre de cette méditation musicale tirée de l'Histoire, une vision intense, et l'orchestre de l'ENO mérite les plus vifs éloges, tant est certaine l'immersion dans le langage attachant de John Adams.

 

Jean-Pierre Robert.

 

***

 


Haut

Le Miroir de Jésus  d’André Caplet

 

220px-André_Caplet_1920

André Caplet ©DR

 

 

André Caplet (1878-1925), brillant chef d'orchestre, ardent défenseur de Debussy, qui dira de lui, en 1908, « il sait trouver l'atmosphère sonore et, avec une jolie sensibilité, a le sens des proportions », reste un compositeur par trop méconnu.  Parmi sa production, Le Miroir de Jésus, créé en 1924, sur des poèmes d'Henri Ghéon, d'après les « Mystères du Rosaire », est une pièce fascinante. Non seulement par son écriture originale, pour voix solo, chœur de femmes a cappella et accompagnement de quatuor à cordes & de harpe, mais surtout parce que Caplet n'a jamais atteint une telle force dramatique : « la rencontre du verbe, de l'image et de l'esprit », selon la belle formule de Sylvain Caron (André Caplet, chef d'orchestre et compositeur, Symétrie, 2007).  Ce court oratorio s'articule en un triptyque : le Miroir de joie, le Miroir de peine, le Miroir de gloire.   Il s'inscrit dans le sillon de ces œuvres françaises qui, au-delà du mysticisme, puisent leurs racines dans une foi authentique, et que perpétuera Olivier Messiaen. Aussi ne faut-il pas manquer l'occasion de l'entendre, interprété lors d'un concert de la série « Convergences », à l'Opéra Bastille, en compagnie du Quatuor à cordes « Ainsi la nuit » d’Henri Dutilleux. 

Avec Janina Bachole (mezzo-soprano), Quatuor Psophos, Emmanuel Ceysson (harpe), Sylvain Le Provost (contrebasse), Chœur de l'Opéra national de Paris, dir. Patrick-Marie Aubert. Amphithéâtre de l'Opéra Bastille, 19 mai 2012 à 20h00. Tarifs : 25 € et 10 € (tarif jeunes). Renseignements : Opéra Bastille - 120, rue de Lyon, Paris XIIe, ou Palais Garnier, rue Auber-rue Scribe, Paris Ier. Tél. : 08 92 89 90 90. www.operadeparis.fr

 

 

Récital Rafał Blechacz, Salle Pleyel

 

images (3)

©altamusica.com

 

 

Il est des concerts à ne pas manquer. Le récital que le pianiste polonais Rafał Blechacz donne Salle Pleyel, le 12 juin, est de ceux-là ! Car le jeune interprète a tout pour lui, une musicalité à fleur de peau, un sens poétique des plus rares, que l'exécution des Estampes de Debussy, déjà gravées sur CD, devrait révéler en forme d'évidence.  Et puis il faudra compter avec son Beethoven, la Sonate op.10 n°3, et son Bach, la 3e Partita. Enfin, et bien sûr, Chopin, pour lequel il nourrit un amour immodéré : un bouquet de Polonaises et de Mazurkas, et le Scherzo n°3. Le compositeur franco-polonais lui assura le premier prix du prestigieux concours de Varsovie, lui ouvrant toutes grandes les portes de la carrière. Depuis, elle ne cesse de se développer, trop discrètement par les temps qui courent, mais sûrement. De concert en concert, disque après disque, le fait et là : un vrai pianiste est devant nous. Une production de Piano****. Salle Pleyel, le 12 juin 2012, à 20h00. Renseignements : 252, fg Saint-Honoré, Paris VIIIe. Tél. : 01 42 56 13 13.  www.sallepleyel.fr

 

 

Le Festival de Saint-Denis 2012 : un cru qui donne de la voix

 

infos

Basilique ©Festival de Saint-Denis

 

 

L'édition 2012 du Festival de Saint-Denis est placée sous le signe de la voix. Qu'on en juge : deux Requiem, de Mozart et de Berlioz, ainsi que la Messe du Couronnement et Davidde Penitente de Mozart, Les Vêpres de Monteverdi, et la Messe en mib de Schubert, outre Le Chant de la Terre de Mahler, sans oublier des récitals vocaux, de Nora Gubisch (9 juin), de Nathalie Stutzmann (16 juin) et du jeune baryton Edwin Crossley-Mercer, accompagné par le fougueux David Fray (3 juin). Il faudra aussi compter sur un florilège de concerts de musique de chambre, donnés à la Légion d'Honneur, réunissant Thomas Adès (17 juin), David Kadouch et  Yann Levionnois (24 juin) ou encore Renaud Capuçon (26 juin).  Si l'on devait choisir un trio de tête, on opterait pour le Requiem de Berlioz, que sir John Eliot Gardiner devrait défendre comme personne, car on sait que le grand Français n'est jamais mieux servi que par les Anglais, qui l'adorent. Et puis, pour Les Vêpres de Monteverdi, dans une interprétation qui se promet d'être osée et passionnante, sous la houlette de Christina Pluhar et de son Arpeggiata, où les voix solistes feront office de chœur. Enfin, la carte blanche à Thomas Adès, ce prolixe compositeur britannique, qui a des dons cachés de pianiste. Son concert affiche aussi bien Couperin que Prokofiev, Janáček que ses propres compositions, dont une « Concert Paraphrase on Powder Her Face », d'après son opéra sulfureux.  Festival de Saint-Denis, du 3 au 30 juin 2012, Basilique ou Légion d'Honneur. Informations : 16, rue de la Légion-d’Honneur, 93200 Saint-Denis.  Tél. : 01 48 13 06 07. www.festival-saint-denis.com  

 

Jean-Pierre Robert.

 

***

 


Haut

ORGUE

Pierre WIBLÉ : Célébrez Dieu, rendez-lui grâce !  Quarante pièces d’orgue pour cultes et célébrations.  Éditions Olivétan (www.editions-olivetan.com). 103 p.  55 €.

Pierre Wiblé, pasteur-compositeur, écrit surtout des œuvres d’inspiration religieuse avec une finalité liturgique : tel est le cas de ces Quarante pièces d’orgue pour cultes et célébrations, destinées à des organistes débutants et à la liturgie protestante, mais pouvant aussi être exploitées dans d’autres services religieux.  Il fallait cette double expérience pratique et théologique, les deux étant indispensables pour élaborer ce recueil concernant non seulement les divers temps liturgiques : Avent, Noël, Rameaux, Passion, Pâques, Ascension, Pentecôte, mais encore l’Offrande, la Sainte Cène, l’entrée et la sortie.  P. Wiblé exploite les mélodies traditionnelles, Choral luthérien : Pare-nous pour une fête / Schmücke dich, o liebe Seele (Johann Crüger) ; Jésus sort de la tombe (Melchior Teschner), Psaumes 77 (mélodie Loys Bourgeois), 118 (mélodie strasbourgeoise de 1545) ; Cantiques du Réveil : J’ai soif de ta présence ; Qu’il fait bon à ton service et, plus récent : Je louerai l’Éternel ; Hymnes de l’Église ancienne : Viens, Saint Esprit, Dieu Créateur (sur la mélodie bien connue du Veni Creator Spiritus, de Raban Maur (IXsiècle), reprise par M. Luther et figurant dès 1535 dans le Recueil de Klug) qui, avec l’incontournable À toi la gloire (G. Fr. Haendel) ont une visée œcuménique.  Au caractère fonctionnel évident de ces pages d’orgue, s’ajoutent l’aspect didactique, la technique compositionnelle (exploitation de cantus firmus, traitement décoratif des commentaires, style fugué…).  Les nuances et tempi sont indiqués (à défaut des registrations).  Par cette publication qui rendra de grands services pour les célébrations, le pasteur-compositeur souhaite « que les organistes se sentent encouragés dans leur ministère de louange ».

 

Description : WIBLÉ

 

Édith Weber.

 

 

PIANO

Russian Masters.  Arrangement de 26 pièces classiques de moyenne difficulté.  « The Boosey & Hawkes Solo Piano Collection » (www.schott-music.com) : BH 12387.  22,9 x 30,5 cm, 96 p.  13,99 €.

Pour pianistes de niveau moyen, voilà une judicieuse sélection de pièces signées des plus grands compositeurs russes des XIXe et XXe  siècles : Borodine, Moussorgski, Rimsky-Korsakoff, Tchaïkovski… Prokofief, Rachmaninov, Chostakovitch, Stravinsky… Dans d’habiles arrangements de Hywel Davies, Nicholas Hare ou Christopher Norton.

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Mail0001.JPG

 

 

Fariborz LACHINI : Autumn.  24 pièces (niveau intermédiaire à avancé).  Schott (www.schott-music.com) : ED 21308.  23,1 x 30,3 cm, 100 p.  CD inclus. 22,99 €.

Mélodies joliment inspirées des musiques populaires de l’Iran, dont Fariborz Lachini (par ailleurs compositeur apprécié de musiques de film) est natif.   Réputé « Poète du piano de la Méditerranée », il a lui-même enregistré le CD.

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:show,303764.jpeg

 

 

PARTITION D’ORCHESTRE

Ludwig van BEETHOVEN (1770-1827) : Concerto pour violon & orchestre, op.61.  Breitkopf & Härtel Partitur-Bibliothek : PB 5353.  Urtext (www.breitkopf.com).   94 p.  36,00 €.

Il s’agit là, bien sûr, de ce qui peut se concevoir de mieux en matière d’édition Urtext (éd. Clive Brown).  Sous grand-format (25 x 32 cm), la partition est assortie d’une copieuse préface, d’un commentaire critique, de fac-similés du manuscrit et d’une étude quasi exhaustive des sources.   Sont en outre indiqués doigtés & mouvements d’archet utilisés par Franz Clement, premier interprète du concerto.  Est disponible la partition pour violon & piano (EB 9656, éd. Christian Rudolf Riedel, 14,50 €).

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Mail0001.JPG

 

 

Pjotr Iljitsch TSCHAIKOWSKY (1840-1893) : Capriccio italien op.45, sur des mélodies populaires.  Breitkopf & Härtel Studienpartitur : PB 5515-07.  Urtext (www.breitkopf.com).   110 p.  10,50 €.

Il s’agit, cette fois, d’une partition d’études (16,5 x 22,5 cm) - mais de la qualité du grand format quant à la réalisation, la préface & le travail éditorial, ici confiés à la musicologue russe Polina Vajdman.

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Mail0001.JPG

 

Francis Cousté.

 

 

FORMATION MUSICALE

Marie-Hélène SICILIANO : Petit cahier  vol. 2 et 3.  Lemoine : H.C. 45 et H.C. 47.

Ces petits cahiers constituent une très utile révision des notions élémentaires de solfège à travers les exercices de base : lecture, rythme, chant, théorie musicale, analyse…  Petits par le format, ces cahiers n’en sont pas moins très copieux et pourront rendre bien des services pour faire réviser en douze leçons chacun, une deuxième ou une troisième année de formation musicale.

 

Description : Petit cahier_0001 Description : Petit cahier

 

 

Johann Joseph FUX : Gradus ad Parnassum.  Traité de contrepoint. 1 vol. 1 CD. Lemoine : 28933 H.L.

Voilà un ouvrage tout à fait passionnant et d’actualité, bien que son auteur l’ait écrit en 1725 à Vienne…  Ce traité en latin, dont il n’existait pas de traduction française récente, nous est proposé dans une traduction de Jo Anger-Weller et Irène Saya, traduction qui garde toute la saveur du texte original tout en modifiant certaines appellations pour le rendre immédiatement compréhensible aux étudiants d’aujourd’hui.  Qu’on ne pense pas à quelque aride traité aux propos abscons : cet ouvrage montre qu’on n’a pas attendu le XXe siècle pour être pédagogue !  Exposant étape par étape l’ensemble du contrepoint dans un délicieux dialogue entre le maître et l’élève, il aurait pu s’intituler, en paraphrasant le titre d’un célèbre ouvrage d’initiation à la Radio : « Le contrepoint ? Mais c’est très simple… ».  Tout est présenté à l’aide d’exemples écrits dans nos clés modernes, l’indication des clés anciennes étant également donnée. Ces très nombreux exemples sont enregistrés de façon à la fois musicale et pédagogique sur le CD par un quatuor vocal qui allie la beauté des voix à la précision du style et de l’articulation. Ce Gradus est à consommer sans modération !

 

Description : Gradus ad parnassum

 

 

GUITARE

Hugues CHAFFARDON : Prélude à la guitare.  Initiation à la musique par la guitare. Lemoine : 28 946 H.L.

Ce petit livre rendra de précieux services aux professeurs de guitare ayant à présenter leur instrument dans le cadre d’ateliers découvertes, que ce soit en écoles de musique ou dans l’enseignement primaire. L’utilisation en est à la fois simple et ludique et met en œuvre tous les paramètres musicaux : son, rythme, écoute intérieure, chant, expression… Bref, l’auteur invite à donner en quelques séances (sept, si possible), une véritable approche de la musique à travers la guitare.  Excellent !

 

Description : Prélude à la guitare

 

 

Francis KLEYNJANS : Habanera cubana  pour guitare.  Lemoine : 29 000 H.L.

L’auteur nous présente lui-même cette œuvre dans laquelle il a voulu retrouver l’esprit originel de la habanera, née vers 1841 à la Havane, « fait de souplesse, de douceur et de volupté, véritable chant d’amour, parfois nostalgique, tourné vers les autres ». Disons simplement qu’il y réussit pleinement.

 

Description : Habaneara cubana

 

 

ORGUE

Louis HAMEL (1914-2005) : Paraphrases grégoriennes et Pièces d’orgue.  « Organistes alsaciens », vol. 14.  Delatour : DLT1955.

« Louis Hamel a eu la chance d’être organiste dans une paroisse où l’on continuait de cultiver le répertoire grégorien après Vatican II, dans le respect du Concile, en dehors de tout intégrisme. » On reconnaît là la sagesse de l’Église alsacienne, qu’on aurait bien aimé voir partagée par l’Église « de l’intérieur »… Cela nous donne une série de pièces d’un esprit profondément liturgique correspondant exactement au rôle de l’orgue à l’intérieur de l’office : une préparation ou un prolongement à la prière chantée. De difficulté moyenne, ces œuvres sont à recommander vivement à tous les organistes qui accompagnent régulièrement des offices et à tous ceux qui souhaitent s’initier aux grandes mélodies grégoriennes.

 

Description : Orgue Alsace

 

 

Franz LISZT : Funérailles.  Transcription pour orgue de Jeanne Demessieux.  Delatour : DLT0787.

Jeanne Demessieux avait improvisé cette transcription sur le grand Cavaillé-Coll de l’abbatiale Saint-Ouen de Rouen le 17 mai 1961.  Elle a écrit cette transcription qui nous est présentée ici dans la reconstitution réalisée par Pierre Labric, qui assistait à ce concert et a interprété cette transcription sur ce même orgue.  Enregistrée, cette version peut être entendue sur certains sites bien connus. Jeanne Demessieux écrivait à Pierre Labric : « Oui, je suis l’auteur de la transcription des Funérailles. […] Liszt ayant coutume de transcrire volontiers ses œuvres de piano pour l’orgue ou l’orchestre, je n’ai pas eu de scrupule à envisager ce développement ». L’œuvre de Liszt prend dans cette transcription une profondeur et une intensité nouvelles qu’il faut absolument découvrir.

 

Description : Funérailles

 

 

PIANO

Bernard de Vienne : Cf6  pour piano.   Dhalmann : FD 0329.

Le titre est une allusion à la notation des « coups » dans le jeu d’échec.  Cette pièce de difficulté moyenne joue beaucoup sur les sonorités, les rythmes, les résonances.  En deux minutes, elle fait parcourir de nombreux paysages sonores bien agréables.

 

Description : Bernard de Vienne

 

 

Anita RAMADE-ETCHEBARNE : Kids in Concert.  10 pièces pour enfants. Bärenreiter : BA 10602.

Ces dix courtes pièces très faciles constituent une approche ludique de différents styles musicaux, du blues à Mozart en passant par d’autres lieux.  Ce sera l’occasion pour le professeur de faire écouter ces diverses musiques et de nourrir la culture musicale des élèves, tout en leur montrant les caractéristiques des différents styles. Peu de notes,  mais beaucoup de joie et de découvertes à faire à travers ces charmantes petites pièces écrites avec autant de goût que de science.

 

Description : Kids in concert

 

 

Jean KLEEB : Baila negra.  13 nouvelles pièces latino-américaines pour piano. Bärenreiter : BA 10604.

Il est difficile de savoir si la photographie du piano avec mécanique « à baïonnette » qui figure sur la couverture est une invitation à jouer ces pièces sur piano « d’époque »… Quoi qu’il en soit, on ne peut qu’applaudir à ce florilège de pièces latino-américaines présentées, arrangées ou écrites par Jean Kleeb. Les styles sont variés, les mélodies entraînantes et charmeuses.  Sans être faciles, ces pièces sont abordables par un élève de niveau moyen. Argentine, Brésil, Cuba, Bolivie, tous les pays et tous les styles sont représentés et permettront d’élargir le monde sonore des élèves avec des pièces musicalement fort bien écrites.

 

Description : Baila negra

 

 

Laurent COLIN : Images enfantines  pour piano.  1 vol. 1 CD.   Delatour : DLT1980.

Que voilà une bien belle musique… On aurait pu écrire « jolie », mais ce qualificatif risquerait de laisser entendre qu’il s’agit de pièces un peu mièvres, ce que le titre de « pièces enfantines » pourrait suggérer.  Or, il n’en est rien : c’est vraiment une œuvre à part entière, qui fait penser à Schumann pour le propos même si le langage est profondément original sans être « contemporain » au sens qu’on donne habituellement à ce terme.  La pianiste Anne-Manuelle Burckel, qui interprète avec beaucoup de talent ces pièces sur le CD, nous parle de « quelques instants d’une musique juste et pleine de grâce ».  Que dire de mieux ?

 

Description : Images enfantines

 

 

Jeanne DEMESSIEUX : 7 pièces inédites  pour piano.  Delatour : DLT2078.

Datées de 1928 à 1932, alors que Jeanne Demessieux a entre sept et onze ans, ces pièces sont d’un abord facile mais ne sont pas sans intérêt : c’est précisément en 1932 que l’auteur remporte un premier prix de piano en interprétant un concerto pour piano de Widor et en 1933 qu’elle devient organiste titulaire de l’église du Saint-Esprit à Paris… On découvre donc avec grand plaisir la précocité de ce génie trop tôt disparu, alors que Marcel Dupré la considérait comme « son véritable successeur ».

 

Description : Demessieux piano

 

 

VIOLONCELLE

Ludwig van BEETHOVEN : Variations pour piano & violoncelle  WoO 45, op. 66, WoO 46.  Urtext.  Bärenreiter : BA 9028.

Il s’agit des « Douze variations sur un thème de l’oratorio de Haendel Judas Macchabée », des « Douze variations sur le thème « Ein Mädchen oder Weibchen » tiré de La Flûte enchantée et des « Sept variations sur le duo « Bei Männern, welche Liebe fülhen », tiré également de La Flûte enchantée ». Ces variations ont été éditées en versions très différentes. La nouvelle édition s’est efforcée de transcrire correctement l’ensemble des rythmes de la partition de violoncelle de Beethoven. On notera la présence dans cette édition - outre l’introduction, la copieuse préface et un commentaire critique très détaillé - de fac-similés des seules sources existantes, ce qui aide à comprendre les difficultés rencontrées pour établir le texte de cette nouvelle édition.

 

Description : Variations violoncelle

 

 

Gérard HILPIPRE : …poursuite du vent…  Dialogue pour récitant & violoncelle. Delatour : DLT1985.

Ces dialogues sur des textes de l’Écclésiaste et du Livre de Job sont une méditation assez sombre sur la condition humaine. Le récitant doit être obligatoirement un homme, non par sexisme mais en raison du dialogue avec le violoncelle.  La partie de violoncelle n’est pas une « illustration » du texte mais, bien qu’elle ait un rapport très direct avec lui, elle constitue une œuvre à part entière. Il s’agit donc d’un véritable dialogue qui devra être le plus équilibré possible. Quant au récitant, il doit privilégier la compréhension et l’interprétation du texte, bien loin du sprechgesang ou d’une déclamation prosodique classique. Cette œuvre passionnante et ambitieuse est à découvrir absolument.

 

Description : Récitant violoncelle

 

 

SAXHORN – EUPHONIUM – TUBA

Rémi MAUPETIT : La légende de Barnabé  pour saxhorn/euphonium/tuba. Fin de 1er cycle.  Lafitan : P.L. 2245.

Que vient donc faire Barnabé dans cette affaire ?  S’agit-il de sa dispute avec Médard ?  Peu importe.  Cette pièce tonique et réjouissante ne risque pas d’attrister les auditeurs ni, espérons-le, les interprètes !

 

Description : La légende de Barnabé

 

 

Jérôme NAULAIS : La Place Rouge pour saxhorn/euphonium/tuba. Préparatoire. Lafitan : P.L. 2172.

Commençant de façon un peu mélancolique, la pièce s’anime ensuite par une mazurka et se termine par une joyeuse danse très rythmée.  Le mélange de joie débridée et de mélancolie convient parfaitement à cette évocation de la Russie.

 

 

Description : La place rouge

 

 

Claude-Henry JOUBERT : Sérénade à vapeur  pour tuba avec accompagnement de piano.  Fin du 1er cycle.  Lafitan : P.L.2121.

Cl.- H. Joubert ou « la musique contemporaine et l’improvisation par la joie » !  Les deux interprètes sont guidés pas à pas dans ce délicieux conte d’un Far-West d’opérette qui leur permettra de laisser libre cours à leur sensibilité et leur esprit d’invention. Voilà une collection passionnante dont on ne trouve pas d’équivalent. Souhaitons que beaucoup la découvrent et la mettent en œuvre.

 

Description : Sérénade à vapeur

 

 

PERCUSSIONS

Daniel SAUVAGE : Times Square !   Quatuor de percussions.  Dhalmann : FD 0284.

Ce joyeux quatuor de percussions, à visée également pédagogique, tente de recréer l’ambiance de ce lieu mythique du paysage new-yorkais. Brillant tintamarre et passages plus poétiques s’y côtoient avec bonheur.  L’ensemble est assez difficile, mais tellement agréable !

 

Description : Times Square

 

 

Sébastien CALCOEN, Michel NIERENBERGER : Stick’n caisse  pour caisse claire & piano.  Premier cycle.  Lafitan : P.L.2165.

Pianiste & percussionniste se livrent à un savoureux dialogue plein de rythme et de vie, au point même que le pianiste devient, pour quelques instants, percussionniste sur le rebord de son clavier… Les deux interprètes devraient prendre beaucoup de plaisir à cette pièce entraînante, qui ne manque pas, pour autant, de poésie.

 

Description : Stik'n caisse

 

 

Arletta ELSAYARY, Bernard ZIELINSKI : Comme des perles de pluie…  Pièce pour caisse claire, cymbale & piano.  1er cycle.  Lafitan : P.L.2153.

« Cette pièce a pour principal objet de vous habituer à jouer avec un pianiste dès vos premières années d’apprentissage ».  Mais les auteurs précisent aussitôt que la pièce « vise à mettre en valeur le sens de la musicalité des instrumentistes ».  Cet objet second, mais non secondaire, est tout à fait atteint dans ces pages pleines de charme qui demandent une écoute mutuelle et beaucoup de délicatesse.

 

Description : Perles de pluie

 

 

Jean-François FOURMAUX : La ballade du chat de gouttière  pour xylophone & piano. 1er cycle. Lafitan : P.L.2301.

Notre chat de gouttière se promène tranquillement mais cependant semble parfois poursuivre quelque oiseau et sauter de toit en toit…  Il faudra donc à la fois beaucoup d’élégance, de flegme mais aussi de vivacité pour interpréter cette charmante ballade.

 

Description : Chat de gouttière

 

 

Michel NIERENBERGER : La fille aux lunettes bleues  pour percussions/claviers (glockenspiel, vibraphone, marimba ou xylophone) & piano. 1er cycle. Lafitan : P.L.2218.

Cette courte pièce déroule une mélodie rêveuse et poétique à souhait. Les harmonies délicates créent une atmosphère quasi irréelle. Les interprètes pourront y développer toute leur sensibilité.

 

Description : Lunettes bleues

 

 

Max MÉREAUX : Sur l’autre rive  pour caisse claire & piano.  Préparatoire.  Lafitan : P.L.2239.

Le piano déroule en quatre temps ternaires une jolie mélodie allante mais un peu mélancolique que la caisse claire ponctue avec efficacité et discrétion. Il y a tout un travail d’écoute et de synchronisation à faire entre les deux interprètes notamment pour la fin qui s’évanouit peu à peu au loin…

 

Description : Sur l'autre rive

 

 

MUSIQUE D’ENSEMBLE

Nicolas VÉRIN : Chassé-croisé IV.  Flûte & percussion.  Dhalmann : FD 0233.

Professeur de composition et d’électroacoustique au conservatoire d’Évry, Nicolas Vérin fait entendre une voix tout à fait originale. Cette œuvre, commande de Radio France pour l’émission Alla breve, en est un témoignage.  Elle fait partie d’un cycle de duos pour divers instruments. Flûte & percussion sont engagés dans un jeu de cache-cache d’esprit ludique qui va parfois jusqu’à la jubilation.  Les instruments sont poussés aux limites de leurs techniques pour un résultat assez passionnant.

 

Description : Chassé croisé IV

 

 

Éric FISCHER : Le dit du silex.  Violoncelle & marimba.  Dhalmann : FD 0349.

Divisé en six « contes », ce « dit » crée à chaque fois en quelques mesures une ambiance, une atmosphère particulière.  De difficulté technique moyenne, cette pièce demande surtout beaucoup d’écoute et de sensibilité aux timbres, en un mot que les interprètes soient d’abord des musiciens.

 

Description : Le dit du silex

 

 

Berthold KLOSS : Flute Classics  pour flûte & guitare.  Bärenreiter : BA 10610.

Ou comment donner à des élèves de deux classes l’envie de jouer ensemble…  Du Petit livre d’Anna-Magdalena Bach à La Moldau, en passant par Mozart, Haydn, Grieg… dans leurs thèmes les plus célèbres, ce parcours contribue à enrichir la culture musicale des interprètes. Les annotations permettent de vaincre les petites difficultés qui pourraient se rencontrer, mais ces pièces sont de niveau assez facile.  Ajoutons que les arrangements sont faits avec beaucoup de goût et ne sacrifient en rien la musique, malgré leur facilité.  Voilà un recueil à chaudement recommander.

 

Description : Flûte Guitare

 

 

Max MÉREAUX : Clair-obscur  pour flûte, alto & harpe.  Niveau supérieur.  Lafitan : P.L.2324.

Créée à Antibes-Juan-les-Pins en mars 2010, cette pièce demande une grande complicité des interprètes pour créer une atmosphère qui se veut allusion discrète aux peintres des écoles du Nord, Vermeer ou Rembrandt.  Max Méreaux nous invite ainsi à traiter sa composition avec grande délicatesse.   Elle le mérite bien !

 

Description : Clair-obscur

 

 

Claude-Henry JOUBERT : La Mi ? Ré Sol !  pour violon solo 1, violon solo 2, ripieno 1, ripieno 2.  Fantaisie dédiée à Hélène Sanglier-Boullot.  Niveau élémentaire.  Lafitan : P.L.2322.

Il s’agit, nous dit l’auteur, d’une « fête du violon, une fantaisie jouable par toute une classe ». En effet, les deux parties de ripieno sont très faciles.  On y rencontrera au passage Mendelssohn, Beethoven, Bach, Vivaldi… ponctués par les quatre notes fatidiques qui achèvent l’œuvre dans une danse endiablée.  Humour et musique font toujours bon ménage avec Claude-Henry Joubert !

 

Description : Lamirésol

 

 

MUSIQUE DE CHAMBRE

Gérard HILPIPRE : Quatuor à cordes n° 3.  Delatour : DLT1868.

Ce 3e Quatuor d’un admirateur d’Henri Dutilleux, qu’il a d’ailleurs rencontré, comporte quatre mouvements aux caractères contrastés. Un préambule présente les conditions d’interprétation de cette pièce d’écriture résolument contemporaine pour une œuvre profondément expressive.

 

Description : Quatuor Hilpipre

 

 

MUSIQUE VOCALE

Isabelle ABOULKER : Chantons la comédie musicale avec Isabelle.  9 chansons pour 1, 2, 3 et 4 voix.  Delatour : DLT1919.

On connaît le succès mérité d’Isabelle Aboulker auprès des chorales de jeunes. Ces neuf chansons rencontreront certainement le même succès. Les paroles d’Anne Quesemand ne manquent ni de charme ni de poésie et les textes de Christian Eymery sont pleins de fantaisie. Ensemble donc fort agréable !

 

Description : Aboulker

 

Daniel Blackstone.

 

***

 


Haut

 

Antonia SOULEZ : Au fil du motif.  Autour de Wittgenstein & la musique.  Sampzon, Delatour France (www.editions-delatour.com). DLT 2097.  391 p.  27 €.

Ludwig Wittgenstein est né à Vienne en 1889 et mort à Cambridge en 1951. Influencé par Schopenhauer et Kierkegaard, Moore et Russell, il se spécialise dans la philosophie, la logique, l’éthique, l’esthétique et la philosophie du langage. Il est connu par son Tractatus logico-philosophicus et ses Investigations philosophiques. Antonia Soulez, professeur à l’Université Paris-VIII, rappelle que la musique est présente de différentes manières et « à travers différentes phases de la pensée de Wittgenstein ». Elle lance, d’une part, une confrontation entre ce dernier et Th. Adorno au sujet du rapport entre musique, philosophie et culture ; d’autre part, entre Wittgenstein et A. Schönberg « autour de l’idée musicale ».  Le dénominateur commun est l’intelligibilité de l’œuvre. Le contenu si dense concerne entre autres différentes idées directrices : « Vivre intensément un thème », « Fonctions de la musique » ; « Schönberg penseur de la forme » ; « Wittgenstein et Schönberg » (entretiens)…, soit un total de 13 textes à partir de 1992 bénéficiant de l’actualisation selon l’auteur et des réflexions autour du « thème de l’autonomie du musical perceptible dans l’approche wittgensteinienne », sans oublier Eduard Hanslick qui a été pionnier dans le domaine de l’esthétique…  L’ensemble est étayé de nombreuses citations et documents authentiques. En raison de la multiplicité des approches, cette publication de la collection « Musique & Philosophie » aura le mérite de faire réfléchir.

 

Description : SOULEZ

 

 

Alain LITAIZE : Fantaisie & fugue sur le nom de Gaston Litaize.  Souvenirs & témoignages.  Sampzon, Delatour France (www.editions-delatour.com), DLT 1956. 227 p.  (CD encarté) 28 €.

Les organistes, amis et discophiles qui ont bien connu Gaston Litaize (1909-1991) et son œuvre apprécieront à juste titre la biographie et les témoignages de ce grand organiste, élève, entre autres, de Marcel Dupré, Georges Caussade et Henri Büsser ; titulaire de différents orgues en Province et à Paris, notamment à Saint-François-Xavier de 1946 à 1991 et auteur de nombreuses pièces liturgiques pour orgue, d’écrits significatifs, et d’une abondante discographie.  L’intérêt de ce volume est encore  renforcé par un CD encarté comprenant des œuvres inédites dont une musique de scène de Charlemagne…, des Improvisations, un Choral qu’Éric Lebrun a judicieusement sélectionnés.  Son fils, Alain Litaize, linguiste, ethnographe et spécialiste de dialectologie lorraine, a le mérite d’avoir regroupé tant de documents épars éclairant la personnalité et le rayonnement de son père, à défaut de Table des matières…, à découvrir progressivement.  De lecture très agréable, en un style bien enlevé, les critiques de concerts, les récits les plus vivants et authentiques se succèdent et évoquent l’atmosphère à l’Institut national des jeunes aveugles, les nombreuses tournées de l’organiste si entreprenant malgré son handicap visuel, ses difficultés, des souvenirs de cours, faits de la vie quotidienne, anecdotes (cf. p.141).  C’est ainsi que défilent de grands noms du monde musical : Jacques Castérède, Henri Dutilleux… ; le facteur B. Dargassies ; les organistes É. Hocdé, Fr.-H. Houbart, P. Jorre de Saint-Jorre, O. Latry et O. Vernet qui écrit : «Le temps passe, mais Gaston Litaize reste pour moi la plus belle rencontre musicale et humaine de mes années d’étude » (p. 181). Tous les auteurs soulignent sa bienveillance, ses conseils, ses qualités d’homme supérieur, son humour…, mais aussi son enseignement, notamment à propos des critères  d’interprétation de la musique ancienne allant des conceptions de M. Dupré à celles de M.-Cl. Alain et Michel Chapuis, auteur de la Préface qui « évoque la mémoire vivante d’un musicien dont la rencontre fut pour moi un véritable éblouissement » (p. 3) : ce qui sera incontestablement aussi le cas des lecteurs de cette Fantaisie & Fugue sur le nom de G. Litaize qui découvriront les multiples facettes (parfois inattendues) de l’homme et de son génie.

 

Description : LITAIZE

Édith Weber.

 

 

Michael  H. KATER : Huit portraits de compositeurs sous le nazisme.  Contrechamps : (www.contrechamps.ch).  440 p.  28 €.

Un livre événement puisqu’il s’agit, ici, de la première traduction en français de ce livre (traduction due à Sook Ji & Martin Kaltenecker) écrit en 1991 par Michael H. Kater, grand spécialiste de la culture durant la période nazie, troisième opus d’une vaste étude concernant la musique sous le Troisième Reich.   Huit compositeurs, certains juifs, d’autres non (Richard Strauss, Arnold Schoenberg, Paul Hindemith, Kurt Weill, Carl Off, Karl Amadeus Hartmann, Hans Pfitzner, Werner Egk), des comportements bien différents face au totalitarisme, allant de l’exil à la collaboration, avec des motivations diverses, jusqu’au mutisme.  Un travail monumental de documentation, une vision objective sans complaisance mettant au jour toutes les faiblesses, compromissions, vanités et manœuvres allant jusqu’à la plus honteuse servilité.  Une vision historique comme une image en creux des biographies élogieuses habituelles.  Des faits qui renvoient à certaines questions esthétiques et morales laissées à la réflexion de chacun… Un livre remarquable qui passionnera tous ceux qui s’intéressent à la musique et à l’histoire.

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:editions-kater.jpeg

 

Patrice Imbaud.

 

 

Jean THIELLAY & Jean-Philippe THIELLAY : Rossini.  Actes Sud/Classica (www.actes-sud.fr).  10 x 10 cm, 224 p.  18,50 €.

Que de biographies furent consacrées à Gioachino Rossini (1792-1868) - de Stendhal  (Boulland, 1824) à Gérard Denizeau (Bleu Nuit, 2009) !  N’en sera pas moins utile le présent vademecum qui, outre le récit de la vie, propose d’intéressantes « Variations rossiniennes » : De l’homme pressé à l’homme du passé / Nel teatro del mondo / Les réformes rossiniennes / Après Rossini.  Non sans index, repères bibliographiques & discographie.

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:9782330006082.jpeg

 

 

Jean-Noël von der WEID : Le flux et le fixe.  Peinture et musique.  Fayard (www.fayard.fr).  13,5 x 21,5 cm, 230 p.  18 €.

Dans le droit fil de L’œil écoute (1946), célèbre essai de Paul Claudel, l’auteur de La musique « du » XXe siècle (Fayard) & de divers ouvrages sur la peinture tente, non sans panache, d’établir ici - sinon d’inverser - les correspondances entre les deux arts : selon lui, le temps musical serait visible & l’espace pictural audible…  Combat certes désespéré, livré en onze reprises : Entrée en matières, Fusions & lisières, Harmonies des mondes, De sombres mythes musicaux, Vénus dévoilée par ses musiciens, Dominante religieuse, Pratiques musicales, Semblances & ressemblances, Esthétiques singulières, Carré noir & bruit blanc, Final.   En utiles annexes : Cartels, Indications bibliographiques, Index.

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:9782213668550-G.jpeg

 

 

Roland HUESCA : Danse, art et modernité.  Au mépris des usages.  « Lignes d’art », Presses universitaires de France (www.puf.com). 15 x 21,7 cm, 266 p.  25 €.

Écrit dans une langue magnifique, cet essai de Roland Huesca (qui participa naguère à notre dossier sur les Ballets russes) s’inscrit au carrefour de l’histoire culturelle, de l’histoire des arts & de l’esthétique - scrutant une époque allant des avant-gardes à la « crise de l’art »…  Au fil de 10 chapitres : L’entrée en scène du « moderne » / Vers de nouvelles spriritualités / L’impact des utopies / De l’art abstrait à l’abstraction / Cultures urbaines et expressions populaires / La figure du « surhomme » / Danser ailleurs / Images, la réinvention du visible / « Non-danses », décontructions postmodernes / Sur les chemins de la marge.

 

  Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:001172675.jpeg

 

 

Michaël DIAN (et alii) : Chaillol.  Portraits d’un festival.  « Musiques XXe-XXIe siècles », Aedam Musicae (www.musicae.fr). 16 x 20 cm, 142 p. Photos n&b d’Adrien Perrin. 14,50 €.

Initié en 1997 dans les Hautes-Alpes, ce festival de musique aura fêté, en août 2011, sa 15e édition.  Soit « quinze années d’action culturelle en territoire rural de montagne »…  Les nombreux témoignages ici recueillis retracent l’évolution de ce qui fut une entreprise familiale (celle de Dina & Roger Dian) devenue, au fil des saisons, une proposition s’inscrivant avec force dans le paysage culturel français.  Un hommage mérité !

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Mail0009.JPG

 

 

Xavier DAVERAT : Tombeau de John Coltrane.  « Eupalinos / Jazz & musiques improvisées », Parenthèses (www.editionsparentheses.com).  Diff. Harmonia Mundi. 15 x 23 cm, 448 p., 19 €.

Déjà auteur d’une monographie consacrée à John Coltrane (1995, éditions du Limon), Xavier Daverat, professeur de droit privé (propriété littéraire & artistique) à l’université Montesquieu-Bordeaux IV, s’est ici penché sur l’essence spirituelle de l’œuvre du musicien, réunissant un ensemble de textes à sa mémoire.   En deux parties : Portrait, territoire (Portrait de l’artiste en jeune parkérien / Unlike Sonny / Miles & Trane / Souveraineté de J. W. Coltrane / De l’entropie / Anatomie d’un quartette / Free Trane / Une esthétique orphique / Au Grévin du jazz / Blue thrène), Parages, silhouettes (Le coltranisme, étude stylistique autour d’une centaine de saxophonistes « coltraniens).  Le tout utilement assorti de biographies, bibliographies, discographies, index.

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Mail0001.JPG

 

 

Peter DOGGETT : Come together…  Les Beatles (1970-2012).  Traduit de l’anglais par Laura Derajinski.  Sonatine (www.sonatine-editions.fr).  14 x 22 cm, 546 p. 22,30 €.

À l’occasion du mi-centenaire (!) de la parution du premier album du groupe (Love me do, 1962), est certes bienvenue la parution d’un tel ouvrage qui - loin de toute banale hagiographie - s’intéresse aux quatre dernières décennies (depuis la séparation du groupe, en avril 1970), riches en conflits et déchirements de toutes sortes.  Et ce, à partir de centaines d’heures d’entretiens avec les protagonistes d’une aventure… pas toujours édifiante, certes !  Riche apparat critique.

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:-Doggett-Beatles.jpeg

 

 

Bernard SICHÈRE : L’histoire et la gloire.  Tenir tête au nihilisme.  « Littérature », Hermann (www.editions-hermann.fr).  14 x 21 cm, 224 p., bibliographie.  25 €.

Même si notre mécréance ne sort guère entamée de pareille lecture, que voilà un bel et noble ouvrage, faisant joyeusement pièce à la bien-pensance nihiliste de la plupart des collègues de l’auteur !  Lequel n’a pas déjà commis moins d’une vingtaine d’essais philosophiques (sur Aristote, Merleau-Ponty, Heidegger, Lacan…) ou littéraires (sur Shakespeare, Sade, Bataille…), parmi lesquels, récemment : L’être et le divin (Gallimard, « L’Infini »).  

Alertes exégèses du messianisme, de l’apocalypse et de la fin des temps !…  Trois grands chapitres : L’âge du soupçon et la question de l’histoire (Lévi-Strauss & Foucault contre l’Histoire / Le point aveugle du savoir / L’animal & la constante humaine : être, histoire, destin),  Histoire & eschatologie : le Grec et le Juif  (La grande catastrophe, le crime majeur & le quatuor secret / Le Grec : temps tragique & temps cosmique / Le Juif : temps, eschatologie, messianisme / L’eschatologie, le mal et la politique : Scholem & la Kabbale),  Messianisme chrétien : le secret de l’histoire et la vie divine (Le secret de Jean / Métahistoire et politique : Massignon & la fraternité abrahamique / Vérité mystique & vérité poétique : la vie divine.  

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Mail0001.JPG

 

 

Michel DANSEL : Les excentriques.  « Bouquins », Robert Laffont (www.bouquins.tm.fr).  13,4 x 19,9 cm, 832 p.  30,50 €.

Fresque à tout le moins insolite, dépeignant une foule de personnages inquiétants, fascinants, d’une rare complexité, inclassables… Où se croisent excentriques chroniques (fous, marginaux, exhibitionnistes), intermittents, voire accidentels - faisant ici l’objet de mille anecdotes baroques, invraisemblables, croustillantes…  Huit parties : C’est la marge qui fait la page / Classification arbitraire & subjective des excentriques / Trente-sept cas d’excentriques anonymes / Excentriques & excentricités / Textes choisis pour illustrer la galerie / En guise de conclusion / Conseils pratiques pour futurs excentriques / Repères bibliographiques.   Succulent, souvent émouvant !

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:9782221104613.jpeg

 

 

POUR LES PLUS JEUNES

La danse des canards.  Petite enfance.  « Tralalère », Casterman (www.casterman.com). 23 x 23 cm, format carré, coins arrondis, couverture mousse. 14 p. couleurs. Illustrations : Éléonore Thuillier. CD inclus, interprète : J.-J. Lionel. TT : 2’43.

Destiné à la toute petite enfance, ce charmant album séduira, probablement, bien au-delà !

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:9782203038721.jpeg

 

Francis Cousté.

 

***

 


Haut

 

Deo Gratias Anglia.  Polyphonies sacrées.  Chansons anglaises de la guerre de Cent Ans.  Aeon (stephanie@outhere.com) : AECD 1218.  TT : 58’09.

Les enregistrements à vocation historique sont à la mode actuellement.  L’ensemble Céladon, fondé en 1999 et dirigé par Paulin Bündgen, recrée l’atmosphère musicale régnant en Angleterre à l’époque de l’interminable guerre de Cent Ans (1337-1453, en fait : 116 ans). Outre-Manche, à l’abri des batailles, la vie quotidienne est animée par des musiciens laïcs et les échanges réciproques entre le Nord de la France et le Sud de l’Angleterre se maintiennent. Le style dit « franco-flamand » exerce son influence sur la musique religieuse, avec la technique du faux-bourdon exploitant les parallélismes de tierces et de sixtes, correspondant à la Contenance angloise qui s’impose sur le continent. Cette production regroupe 17 polyphonies sacrées en latin et anglais qu’il est impossible de détailler.  Agincourt Carol rappelant la victoire d’Azincourt, le 25 octobre 1415, relate le récit très intéressant commençant par : Owre (our) Kynge (King) went forth to Normandy et se terminant sur Deo gratias Anglia redde pro victoria.  P. Bündgen a le mérite d’avoir restitué des textes, de faire respecter les couleurs des langues anglaise et latine et la prononciation supposée du XIVe siècle.  Les manuscrits ne signalent pas la présence ou l’absence d’instruments, la nature des voix (masculine ou féminine), ce qui complique la tâche de l’interprète.  Quoi qu’il en soit, cette réalisation originale, de caractère assez populaire, est une réussite du genre.  Ne manquez pas de découvrir ces pièces si révélatrices et fort attachantes.

 

Description : DeooGratiasAnglia

 

 

Claudio MONTEVERDI : Marienvesper.  2 CDs Rondeau Production (www.rondeau.de) : ROP 4043. TT : 58’28 + 35’06.

Jörg Breiding, à la tête de plusieurs ensembles : Vox Werdensis, Himlische Cantorey, Knabenchor Hannover (jadis fondé par le regretté Heinz Hennig), Concerto Palatino et Musica Alta Ripa, spécialisés, entre autres, dans la musique baroque et celle de H. Schütz en particulier, a signé une version de référence des Vespro Della Beata Maria Vergine composés par Claudio Monteverdi (1567-1643), en 1610. Ces formations brillent par le timbre spécifique des voix de garçons et des solistes (garçons), par leur travail technique si minutieux et approfondi, d’une qualité rarement atteinte.  Le programme (2 CDs) associe aux Vêpres l’intonation Deus in adjutorium…, les Antiennes des Psaumes 109, 112, 121, 126, 147, quelques textes (Nigra sum…) extraits du Cantique des Cantiques de Salomon, d’Ésaïe (Isaïe) ou de l’Évangile de Jean.  Le second disque commence par une invocation : Sancta Maria ora pro nobis (Sonata sopra Sancta Maria), se poursuit avec l’hymne Ave maris stella et se termine sur le Magnificat latin aboutissant à la doxologie.  Cette publication paraît dans l’année commémorative du centenaire de l’église St-Michel à Hildesheim.  Ce coffret, très authentique, souligne la position historique de Claudio Monteverdi (1567-1643), à mi-chemin entre la Renaissance et l’époque baroque.  Incontournable.

 

Description : MONTEVERDI

 

 

Johann Sebastian BACH : Pfingsten Kantaten BWV 34, 74, 172.  Rondeau Production (www.rondeau.de) : ROP 4026.  TT : 62’38.

Ce CD paraît dans le cadre du grand festival célébrant le huitième centenaire du Thomanerchor de Leipzig qui a eu lieu, dans cette ville, du 18 au 21 mars 2012, avec concerts, expositions, festivités… Il représente le 7e CD (sur 10) du Cycle de cantates selon « L’Année liturgique avec Jean-Sébastien Bach » et porte sur le temps de Pentecôte, avec la participation du célèbre Thomanerchor et de l’Orchestre du Gewandhaus de cette ville, tous placés sous la direction avisée du Cantor bien connu Georg Christoph Biller.  La première cantate Erschallet, ihr Lieder… (Vous, chants, résonnez ; vous, instruments à cordes, sonnez !, BWV 172, a été créée à Weimar, le 20 mai 1714.  Elle repose sur les textes bibliques de l’Évangile de Jean, sans doute sur le livret de Salomon Frank, et s’ouvre par une brillante introduction, l’énoncé du choral éponyme soutenu par les trompettes, traité ensuite en chœur, bien enlevé par les voix de garçons également solistes.  Après une succession de récitatifs et d’airs, le choral Von Gott kommt mir ein Freudenschein conclut.  La deuxième cantate, toujours pour le Premier Jour de Pentecôte, a été créée à Leipzig, le 20 mai 1725. Elle commence par le chœur : Wer mich liebet, der wird mein Wort halten (Celui qui m’aime gardera ma parole), BWV 74.  Elle se termine par le choral de Paul Gerhardt Kein Menschenkind hier auf der Erd harmonisé avec une grande sobriété pour mettre davantage l’accent sur les paroles qui représentent un véritable sermon en musique.  Enfin, la troisième cantate : O ewiges Feuer, o Ursprung der Liebe (Ô feu éternel, ô source de l’amour), BWV 34, a été créée pour le Premier Jour de Pentecôte à Leipzig, en 1746 ou 1747. Il s’agit d’un remaniement, pour la circonstance, faisant allusion aux « flammes de l’Esprit ». Le choral conclusif a pu être chanté par l’assemblée au culte. Dans cet enregistrement, le Thomanerchor de Leipzig confirme ses qualités légendaires et pérennes, tout à fait dignes de ces 800 ans d’existence.

 

Description : JSBachCantates34-74-172

 

 

Gioachino ROSSINI : Chamber music with Strings and Winds.  Gallo (www.vdegallo.ch) : CD 1354.  TT : 52’54.

Dès les premières mesures, le Septuor pour deux flûtes, clarinette & quatuor à cordes (en premier enregistrement mondial) permet aux auditeurs d’entrer dans la sensibilité, une certaine légèreté et l’entrain caractéristiques de la musique de Gioachino Rossini (1792-1868) qui n’est pas seulement le compositeur d’opéras.  L’Italian Classical Consort a conçu un programme faisant appel à différentes périodes dans la production du musicien italien nécessitant différentes combinaisons d’instruments : clarinette & piano ; flûte, clarinette, basson & cor ; 2 flûtes ; pour flûte, hautbois, clarinette & quatuor à cordes, entre autres.  À retenir un Air à succès pour deux clarinettes : Zitti zitti  (du Barbier de Séville)… ou encore l’œuvre pour piano Ouf ! les Petits pois, et des pièces plus consistantes telles que la Sérénade (plage 10, avec clarinette au lieu du cor anglais).  Toutes ces œuvres sont interprétées sur des instruments d’époque (originaux ou copies).  Voilà révélée une autre facette de l’inspiration de G. Rossini.

 

Description : ROSSINI

 

 

Yvonne LEFÉBURE : Les Inédits.  3 CDs Solstice (www.solstice-music.com) : SOCD 283/5.  TT : 212’33.

Après avoir consacré un disque à Beethoven, dans l’interprétation d’Yvonne Lefébure, le label Solstice poursuit sa série avec un coffret de 3 disques enregistrés (sans montage) entre 1945 et 1971, intitulés Les Inédits et classés dans l’ordre chronologique. Pendant plus de 3 heures, les discophiles seront sensibles aux sonorités si diversifiées de la célèbre pianiste : pour la musique classique (Rameau, Bach, Haydn, Mozart), romantique (Chopin, Schubert, Schumann, Brahms, Liszt) et, plus proches de nous : Bartók, Barraud, Martelli, Dukas.  À côté des formes traditionnelles : Gavotte et Mazurka, Fantaisies et Variations, Concerto… figurent des titres plus poétiques : La gondole funèbre, La plainte au loin du faune Comme le souligne Jacques Bonnaure : « Cette anthologie compose un portrait varié d’une grande artiste qui aura dominé trois quarts de siècle du piano français. C’est, au sens le plus authentique, une référence, un exemple auxquels se rapporter ; un monument, au sens le plus étymologique, c’est-à-dire un témoignage et une démonstration. »  Sic.

 

Description : LefébureInédits

 

 

Jehan ALAIN : Jardin suspendu.  Hortus (www.editionshortus.com) : 092.  TT : 61’12.

Le regretté Jehan Alain est né en 1911, à Saint-Germain-en-Laye, dans un milieu organistique privilégié, et mort au champ d’honneur le 20 juin 1940.  Ce disque a été édité pour commémorer le centenaire de la naissance de ce musicien peu conventionnel.  Sa musique d’orgue comporte 93 numéros d’opus, dont les célèbres Litanies à la fois enracinées dans la tradition et marquées par un grand souci de modernité technique.  Didier Maes (éditions Hortus) a retenu pour sous-titre : Jardin suspendu (avant-dernière plage) appuyé par cette définition : « Le jardin suspendu, c’est l’idéal perpétuellement poursuivi et fugitif de l’artiste. C’est le refuge inaccessible et inviolable. »  Le titre illustre la diversité de son inspiration : formes traditionnelles (2e Fantaisie, 1re Fantaisie, Suite en 3 mouvements : Introduction & Variations, Scherzo, Choral), auxquelles s’ajoutent également Trois mouvements pour flûte & orgue, dans la transcription (1975) de Marie-Claire Alain, interprétés par Marion Ralincourt (flûte) et Yoann Tardivel (orgue).  Cet élève d’O. Latry au CNSM et de Ph. Lefebvre et Th. Escaich pour l’improvisation, concertiste international, a le don de mettre en valeur les possibilités dynamiques (comme un crescendo orchestral) et expressives (boîtes expressives) de l’orgue Victor Gonzalez (1929) de la cathédrale de Dieppe, d’esthétique post-symphonique, ainsi que les sonorités voulues par J. Alain, auquel il rend un vibrant, émouvant et fidèle hommage.

 

Description : JardinSuspendu

 

 

Hommage à André Marchal.  2 CDs Solstice (www.solstice-music.com) : SOCD 281/2. TT : 135’54.

Les mélomanes se souviendront du rayonnement d’André Marchal (1894-1980) qui a tant contribué au renouveau de l’école d’orgue française du XXe siècle, professeur d’orgue, d’improvisation et d’écriture à l’Institut national des Jeunes Aveugles, de 1945 à 1963 titulaire du grand orgue de Saint-Eustache à Paris.  Yvette Carbou et le label Solstice lui rendent un vibrant hommage, conformément à une double préoccupation : « celle, d’abord de choisir au sein des archives de l’Ina et des nôtres [Solstice] les documents sonores qui, en dépit des injures du temps, demeureraient d’une écoute satisfaisante… celle aussi d’offrir, de ses interprétations légendaires, la palette la plus étendue sur le plus grand nombre d’instruments » (Maison de Radio France, Saint-Eustache, Saint-Merri, Notre-Dame, Institut national des Jeunes Aveugles, orgue personnel…).  Le mérite de ce disque consiste aussi à avoir sauvé des « œuvres de l’instant dont il fut prodigue » (6 Improvisations entre 1954 et 1974).  On ne pouvait mieux faire pour perpétuer la mémoire d’André Marchal.  Deux disques permettent de l’entendre, avec un répertoire allant de J. S. Bach (Partita sur « Sei gegrüsset, Jesu gütig » BWV 768) à Jehan Alain, en passant par l’école française (Nicolas de Grigny, François Couperin, Louis Vierne, Charles Tournemire…).  À noter, en outre, la Toccata op. 7/3 d’Augustin Barié (mort en 1915), rarement interprétée.  Le texte de présentation de François Sabatier est un modèle du genre.  Coffret incontournable, devant absolument figurer dans toute discothèque d’amis de l’orgue, à la fois comme modèle d’interprétation et par devoir de mémoire.

 

 

Description : MARCHAL

 

 

Flûte & harpe.    Gallo (www.vdegallo.ch) : CD 1343.  TT : 63’10.

Ce disque, très plaisant et agréable à entendre, est interprété par Isabelle Bandi (flûte) et Laure Ermacora Play (harpe) qui excellent à créer l’atmosphère juste et la sensibilité propre à chaque œuvre.  Ce programme, sortant des sentiers battus, comprend une Danse lente composée à la fin de la Première Guerre mondiale par le Belge Joseph Jongen (1873-1953) ; une Sonate pour ces mêmes instruments par l’Italien Nino Rota (1911-1979) qui, mieux connu par ses musiques de film, est aussi l’auteur d’œuvres « sérieuses », souhaitant « qu’on se souvienne de moi avec un peu de nostalgie et beaucoup d’optimisme et de bonne humeur ».  L’Indien Ravi Shankar (1920-2012) exploite la tradition du raga (mot sanskrit) « todi », l’un des 10 modes employés dans l’Inde du Nord.  Le Japonais Micho Miyagi (1894-1956), remarquable joueur de koto, est professeur à l’École de musique de Tokyo, dont Haru no Umi (Mer de printemps), datant de 1929, reprend la structure tripartite évoquant les mouettes qui jouent sur les vagues, puis le chant joyeux de la mer et la gaîté du printemps ; cette œuvre est interprétée au koto et au shakuhachi (flûte droite en bambou, pentatonique).  L’Argentin Astor Piazzolla (1921-1992), dans son Histoire du Tango, retrace l’évolution de cette forme à différents stades, 1900 : Bordel ; 1930 : Café ; 1960 : Night-Club, et Concert d’aujourd’hui.  Enfin, la Suisse est représentée par la Romance d’Arthur Honegger (1892-1955), sans doute sa toute dernière œuvre, composée en 1953, et par Introduction et Scherzo-Valse (op. 52) de Julien-François Zbinden (°1917), pianiste, régisseur musical, lauréat de différents prix, compositeur de renommée internationale, dont le catalogue regroupe tous les genres. Ce duo suisse si dynamique, faisant preuve d’une technique éblouissante, a réalisé quelques rares moments de détente, de bonne humeur et de joie par la musique.

 

Description : Flûte&Harpe

 

 

Jean-Sébastien BACH : Sonates pour clavecin obligé & violon BWV 1014-1019.  2 CDs Zig-Zag Territoires (stephanie@outhere-music.com) : ZZT 302. TT : 40’47 + 57’16.

Le sous-titre de ce CD : « Voix, structures et univers expressifs dans les Sonates de Bach pour clavier & violon » est significatif.  Deux remarquables interprètes : Chiara Banchini (violon) et Jörg-Andreas Bötticher (clavecin) ont à cœur de tenir ce pari en révélant ces 6 Sonates pour « clavier » (en l’occurrence clavecin allemand avec 16’, 8’, 8’ et 4’ reconstitué en 2006 à Hambourg) & violon.  Le sort réservé par Bach aux différents instruments est variable : tantôt la conduite de la voix principale n’est détenue par aucun des interprètes, tantôt le clavecin obligé assume un rôle d’accompagnement du violon.  Quoi qu’il en soit, « CB-JAB » forment une merveilleuse équipe qui se distingue par son exceptionnelle musicalité et intériorité, ainsi que sa grande intelligence des partitions (mise en valeur des lignes mélodiques et du phrasé, respect des tempi, virtuosité et justesse).  Le texte de présentation d’Anselm Hartinger analyse les particularités et la diversité de chacune des sonates en 4 parties, sauf la dernière à 5 mouvements comportant un Allegro initial, central et conclusif.  Cette réalisation est complétée par le Cantabile (BWV 1019a) ma un poco adagio provenant d’une cantate pour l’élection du Conseil municipal de Leipzig.  Décidément : le fief de Bach et ses « univers expressifs » sont à l’honneur : Vive « JSB CB-JAB » !

 

Description : JSB

 

 

Max REGER : Intégrale de l’œuvre pour orgue. Volume 1. 2 CDs Hortus (www.editionshortus.com) : 086-087.  TT : 80’10 + 68’53.

L’orgue joue un rôle très important dans la production de Max Reger (1873-1916), chef de file de l’école d’orgue allemande de son temps.  Si, au Conservatoire de Strasbourg, ses œuvres étaient enseignées à la classe d’orgue de Charles Muller, elles n’ont été appréciées en France que plus tardivement, sans doute à cause des difficultés techniques et de son exploitation du contrepoint particulièrement redoutables.  Les éditions Hortus ont eu raison de mettre à l’honneur son Intégrale.  Le premier volume comprend, entre autres, 6 Trios op. 47 ; Trois Fantaisies de chorals op. 52 (1900) : trilogie représentant un des sommets dans sa production gravitant d’abord autour du thème de la mort (Alle Menschen müssen sterben).  La deuxième : Wachet auf, ruft uns die Stimme reprend la mélodie du choral dit « des Veilleurs », paraphrase de la parabole des Vierges sages et des Vierges folles (texte : Hans Sachs, 1555) adaptation : Philipp Nicolaï (1699). La troisième : Halleluja ! Gott zu loben,  solennelle et dynamique, sert de conclusion à son cycle de Fantaisies sur des chorals.  Ses 30 Petits préludes de chorals op. 135a (1914), à finalité fonctionnelle (bien plus faciles à interpréter que les autres pièces) reposent sur les mélodies les plus connues du fonds luthérien ; ils seront utiles aux organistes liturgiques.  Aux orgues de la cathédrale de Magdebourg, de l’église Saint-Georges d’Ulm et de la cathédrale de Kaliningrad, Jean-Baptiste Dupont, organiste, compositeur et concertiste de réputation internationale, a résolu les problématiques d’interprétation et trouvé les registrations adéquates mettant en valeur les coloris de ces différents instruments : voilà de quoi réconcilier les interprètes français avec la musique d’orgue de Max Reger, malgré tous ses traquenards et subtilités contrapuntiques.

 

 

Description : REGER

 

 

Daniel Roth, compositeur.  Organ Promotion (www.organpromotion.org), Motette (www.motette-verlag.de) : LC 05 095.  TT : 72’08.

Daniel Roth (né en 1942) n’est pas à présenter au grand public car l’organiste de Saint-Sulpice fait preuve d’un rayonnement considérable comme compositeur, artiste et pédagogue, aussi bien en France qu’à l’étranger.  Cette coproduction, à l’initiative d’Organ Promotion et de Michael Grüber, est une compilation de divers enregistrements sous les labels Motette, Organ Promotion, Ifo-Classics & Intrada.  Entièrement consacrée à 12 œuvres (ou extraits), avec indications précises des éditeurs des partitions respectives, cette anthologie aux titres variés donne un bel aperçu de ses qualités de compositeur exploitant également au maximum les possibilités (notamment de registration) de son instrument.  Dans sa Fantaisie sur une chanson alsacienne bien connue, son style se veut d’abord énigmatique, avec citations du motif de tête de la chanson, Daniel Roth fait preuve d’imagination.  Dans d’autres pages pour orgue, il privilégie le caractère solennel et massif.  La Fantaisie sur « Reginal Coeli » pour orgue mettant en valeur ce cantus firmus est de caractère plus dépouillé.  Le chœur à 4 voix mixtes In manus tuas se distingue par son intériorité.  Le Kyrie de sa Missa Festiva Orbis factor fait appel au chant d’assemblée, à 4 voix mixtes et à 2 orgues.  Enfin, son poème pour orchestre Licht im Dunkel, créé le 13 février 2008, se rattache délibérément à l’esthétique contemporaine, spéculant sur les contrastes d’atmosphère.  Au total : 72 minutes permettant d’apprécier et de mieux connaître les multiples facettes du talent de Daniel Roth.

 

Description : DanielROTH

Édith Weber.

 

 

Leopold GODOWSKY : 22 Chopin Studies.  Ivan Ilic, piano.  Paraty Productions : PARATY 311.205.  TT : 71’15.

Un disque rare que cet enregistrement des 22 Études pour la main gauche seule, composées d’après Chopin par Leopold Godowsky (1870-1938).  Godowsky, d’origine juive, né à Vilnius en Lituanie en 1870, enfant prodige qui donna son premier concert à l’âge de 9 ans, partageant sa vie entre l’Amérique et l’Europe et, notamment, Paris où il devint le protégé de Saint-Saëns, puis Vienne où il s’installa comme directeur du piano au Conservatoire et où il côtoya les plus grands comme Mahler, Gershwin, Rachmaninov, Horowitz, Paderewski…  Parmi ses élèves se trouvèrent Neuhaus, Richter, Gilels et Rubinstein.  Artur Rubinstein qui affirmait que 500 ans ne suffiraient pas pour acquérir la technique de Godowsky !  La Première Guerre mondiale est pour lui, l’occasion d’un retour à New York où il ouvre salon, partageant son temps entre composition et concerts dans le monde entier.  Il décède en 1938 amoindri par la maladie (paralysé de la main droite) et meurtri, à jamais, par le suicide de son fils.  Ces 22 Études d’après Chopin sont une œuvre de jeunesse, réputées injouables ; Ivan Ilic en donne, ici, une superbe interprétation toute en finesse et fluidité, l’utilisation de la pédale conférant à certaines d’entre elles un charme mystérieux nimbé d’une brume légère.  Ce qui aurait pu n’être qu’exercice digital, simple apprentissage pianistique, devient sous les doigts experts et virtuoses d’Ivan Ilic de la musique pure chargée d’images et d’émotions.  Un disque absolument indispensable.

 

Description : C:\Users\User\Desktop\ivanilic8.jpg

 

 

Isaac ALBÉNIZ : Iberia.  Kotaro Fukuma, piano.  2 CDs Hortus : 093.  TT : 85’49.

Un disque qui nous donne à entendre en 2 CDs, l’intégralité de la suite Iberia du compositeur catalan Isaac Albéniz (1860-1909)n une œuvre monumentale et majeure du répertoire pianistique, composée en quatre ans et terminée un an avant la mort du compositeur.  Comprenant douze pièces réparties en quatre cahiers, chaque pièce porte un nom de lieu ou de danse, faisant le plus souvent référence à l’Andalousie.  Plus qu’une œuvre à programme, il s’agit ici de l’évocation libre d’un pays imaginaire profondément marqué, toutefois, par le caractère et l’humour espagnols.  Une musique pleine de couleurs et d’images, magnifiquement interprétée par le jeune et virtuose pianiste japonais Kotaro Fukuma, qui semble, tout comme Debussy, particulièrement attaché à cette suite.  Un pianiste à suivre et un disque à écouter sans modération, comme une invitation au voyage.

 

Description : Description : C:\Users\User\Desktop\525776_346497448720820_177068115663755_919389_544333022_n.jpg

Patrice Imbaud.

 

 

Hommages.  Musique française pour viole de gambe & clavecin.  Mieneke van der Velden (viole de gambe), Glen Wilson (clavecin).  Ramée/Outhere (www.ramee.org) : RAM 1105. TT : 77’55.

L’éminente gambiste hollandaise (www.mienekevandervelden.com) & le claveciniste étasunien se penchent ici sur le grand répertoire français.  Jean-Henri d’Anglebert (1635-1691) : Préludes en do majeur & sol majeur.  Marin Marais (1656-1728) : Suites en do majeur & mi majeur, Tombeau pour Monsieur de Lully.  Antoine Forqueray (1671-1745) : Suites en sol majeur & en do mineur.  Charles Dollé (1710-1755) : Tombeau de Marais le Père.  Anonyme : Prélude en sol majeur.

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:news.jpeg

 

 

Franz SCHUBERT (1797-1828) : Quatuors à cordes n°13 « Rosamunde » ; n°14 « La Jeune fille et la mort ».  Quatuor Wihan.  Nimbus Alliance (www.wyastone.co.uk) : NI 6189.  TT : 79’33.

Sans volontarisme beethovénien hors de propos, les membres de ce réputé quatuor (°1985), héritiers de la grande tradition tchèque, jouent Schubert comme il se devrait toujours – en toute sobre intériorité (www.wihanquartet.co.uk).

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Mail0001.JPG

 

 

Gabriel FAURÉ : Pelléas et Mélisande op. 180, Élégie pour violoncelle, Mélodies.  Richard WAGNER : Siegfried-Idyll.  Orchestre de l’Opéra de Rouen/Haute-Normandie, dir. Oswald Sallaberger.  Karine Deshayes (mezzo-soprano), François Salque (violoncelle).  Zig-Zag Territoires/Outhere (www.outhere-music.com) : ZZT 300.  TT : 58’49.

Sous la souple houlette de son chef autrichien (www.oswaldsallaberger.com), l’Orchestre de l’Opéra de Rouen fait ici preuve de l’infinie douceur requise, fût-ce dans Wagner…   Bonheur, en outre, de retrouver la grande mezzo Karine Deshayes dans la Chanson de Mélisande (Acte III, scène I), aussi bien que dans les versions orchestrales de Roses d’Ispahan, Clair de lune, Le parfum impérissable, Mandoline, Lamento.  Excellent François Salque, au violoncelle…

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:BIG.jpeg

 

 

Maurice  RAVEL (1875-1937) : L’œuvre complet pour piano.  Alice Ader, piano.  2 CDs Fuga Libera (www.fugalibera.com) : FUG 592.  TT : 2h23’48.

Interprétations d’une enfant sage… Premier CD : Gaspard de la nuit, Sérénade grotesque, Pavane pour une infante défunte, Jeux d’eau, Prélude, Miroirs.  Second CD : Le tombeau de Couperin, Menuet sur le nom de Haydn, Sonatine, À la manière de…, Valses nobles et sentimentales, Menuet antique.  Manque toutefois le Menuet en ut# mineur (1904), partition récemment mise au jour.

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:BIG.jpeg

 

 

Claude DEBUSSY (1862-1918) : L’œuvre pour 2 pianos &  pour piano à quatre-mains.  Christian Ivaldi & Noël Lee.  2 CDs Arion (www.arion-music.com) : ARN 248128. 

Deux éminents interprètes de Debussy conjuguent ici leurs talents pour interpréter de célèbres pages originellement écrites pour un ou deux pianos à quatre mains (Petite Suite, Marche écossaise, Six Épigraphes antiques, En Blanc et Noir) mais aussi des pièces de jeunesse moins connues (Andante, Diane, Triomphe de Bacchus, Intermezzo, Divertissement).  Non sans de précieuses transcriptions d’œuvres symphoniques (Prélude à l’après-midi d’un faune, La Mer).

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Mail0001.JPG

 

 

Claude DEBUSSY (1862-1918) : Le Martyre de saint Sébastien,  musique de scène pour le mystère en 5 actes de Gabriele d’Annunzio.  Isabelle Huppert (récitante), Sophie Marin-Degor (soprano), Kate Aldrich & Christine Knorren (mezzo-sopranos). Orchestre national de France et Chœur de Radio France, dir. Daniele Gatti.  Radio France (www.kiosque.radiofrance.fr)  : FRF 007.  Distr. Harmonia Mundi. TT : 62’58.

Assailli de contingences matérielles, Debussy composa, en peu de jours, « une partition pour laquelle il eût fallu, régulièrement, un an » (Claude Debussy à Comœdia).  L’œuvre – en un prologue & cinq « mansions » - n’en est pas pour autant baclée et le compositeur fut ému aux larmes (dixit Émile Vuillermoz) le soir de sa création, le 22 mai 1911.  Capté live au Théâtre des Champs-Élysées, le 9 avril 2009, cet enregistrement fera date pour, notamment, la louable sobriété de tous les protagonistes, solistes, chœurs, orchestre et même récitante qui fait humble profil dans le rôle du saint – ce qui n’était assurément pas dans l’esprit exalté du librettiste…

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:img33502.jpeg

 

 

« Precipitando »…  Alban BERG : Sonate op. 1.  Leoš JANÁČEK : Dans les brumes.  Franz LISZT : Sonate en si mineur.  Dénes Várjon, piano. ECM/Universal (www.ecmrecords.com) : 476 4585.  TT : 57’09.

D’une frémissante sensibilité mais aussi d’une rare puissance visionnaire est le pianiste hongrois Dénes Várjon – singulièrement dans ce répertoire qui lui sied à merveille…  Il enseigne à l’Académie Liszt de Budapest (dont il fut naguère lauréat) - sans préjudice de constantes tournées dans le monde.

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:2247_a.jpeg

 

 

Gabriel FAURÉ, Léo DELIBES, Guy ROPARTZ, Fernand de LA TOMBELLE : Quatre messes brèves.  Ensemble vocal féminin « Modulation », dir. Lucie Roy.  Anne-Marie Suire (soprano).  Jacques Boucher (Grand orgue Casavant de la cathédrale Saint-Hyacinthe de Montréal).  Société métropolitaine du disque (www.modulation.ca) : SMD 208.1.

C’est une nouvelle fois grâce à nos amis canadiens (avec toutefois le partenariat de la Fondation Palazzetto Bru Zane) qu’auront été enregistrées des œuvres par trop ignorées de grands compositeurs français.  La Messe basse (1907) de Fauré constitue une restructuration de la Messe des Pêcheurs de Villerville (1881) qu’il avait écrite - en collaboration avec son ami André Messager - pour les paroissiennes d’un village normand.  La profonde intériorité de la Messe brève de Léo Delibes ne laisse pas de surprendre de la part du compositeur de Lakmé et de tant de musiques de ballet.  La Messe brève en l’honneur de Sainte Anne (1921) de Joseph-Guy Ropartz, rend hommage - dans la simplicité de do majeur - à la grand’mère du Christ, tant vénérée en Bretagne.  La Messe brève à deux voix égales (1883) de Fernand de La Tombelle révèle un fin musicien, qu’il ne serait pas malvenu de sortir d’un trop long purgatoire.

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Mail0001.JPG

 

 

Théodore DUBOIS (1837-1924) : Ouverture de Frithiof,  2e Concerto pour piano,  Dixtuor.  Vanessa Wagner, piano.  Les Siècles, dir. François-Xavier Roth. Musicales/Actes Sud : ASM 09. Distr. : Harmonia Mundi. TT : 1h04’08.

Fort habile compositeur, longtemps desservi par la célébrité de son Traité d’harmonie, Théodore Dubois regagne aujourd’hui la faveur des organisateurs de concerts.  À juste titre, comme peut nous en convaincre l’écoute de ces plaisants kaléidoscopes de tournures volontiers empruntées de Liszt, Franck ou… Saint-Saëns, à qui il succéda à la tribune de La Madeleine.

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Mail0001.JPG

 

 

Benjamin BRITTEN : Suite III, op.87.  Jean-Sébastien BACH : Suite VI, BWV 1012.  György LIGETI : Sonata.  Miklós Perényi, violoncelle. ECM/Universal (www.ecmrecords.com) : 476 4166.

Dédicataire de la 3e Suite pour violoncelle seul de Britten, Mstislav Rostropovitch la considérait comme l’un des plus hauts chefs-d’œuvre dédiés à l’instrument.  Miklós Perényi nous en convainc à son tour.  Somptueuses sonorités….  Quant à l’effarante technicité de la Sonate de Ligeti, comment ne pas s’exclamer : « Pas possible, ils sont plusieurs !... »

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:2152_a.jpeg

 

 

Claude DEBUSSY (1862-1918) : Les trois Sonates  (violoncelle & piano / flûte, alto & harpe / violon & piano). Saphir Productions (www.saphirproductions.net) : LVC 001008.  TT : 42’18.

Heureuse réunion de trois œuvres relativement peu jouées, dans l’interprétation de six éminents solistes français : Jean-Pierre Rampal (flûte), Marielle Nordmann (harpe), Patrice Fontanarosa (violon), Émile Naoumoff (piano), Bruno Pasquier (alto), Roland Pidoux (violoncelle).  Livret en français, anglais, allemand.  Sur la couverture du disque est reproduite La Valse de Camille Claudel, statuette que le musicien conserva jusqu’à sa mort dans son cabinet de travail – en souvenir de leur rencontre.

 

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Mail0001.JPG

 

 

Claude DEBUSSY (1862-1918), César FRANCK (1822-1890) : Sonates pour violon & piano.  Gérard Poulet (violon), Bruno Rigutto (piano).  Saphir Productions (www.saphirproductions.net) : LVC 1033.  TT : 53’14.

Enregistré live à l’Archipel (célèbre petite salle parisienne du boulevard de Strasbourg), ce brillant concert donna lieu, en outre, à trois « encores » ici présents : Liebeslied de Fritz Kreisler, Habanera de Maurice Ravel et Vocalise de Serge Rachmaninov. Mémorable soirée !

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Mail0002.JPG

 

 

Charles TOURNEMIRE (1870-1939) : Resurrectio / Nativitas / Trinitas.  Vincent Boucher (orgue).  3 CDs Atma Classique (www.atmaclassique.com) : ACD2 2470, ACD2 2471, ACD2 2472.

Sur divers instruments de « la Belle Province », le jeune et réputé Vincent Boucher a ici réuni, en trois opus, une bonne part de l’œuvre organistique de celui qui, durant quelque 40 ans, fut titulaire, à Paris, de la tribune de Sainte-Clotilde.  Resurrectio : Choral-improvisation sur le Victimae paschali laudes (1930), Lento, Toccata, Suite évocatrice, Office Dominica Resurrectionis, Postludes pour antiennes de Magnificat.  Nativitas : Cinq improvisations, Variae preces, Fresque symphonique sacrée n°1, Postludes pour antiennes de Magnificat, Petites fleurs musicales, L’orgue mystique.  Trinitas : Triple choral, Postludes pour antiennes de Magnificat.  

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Mail0001.JPG    Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Mail0002.JPG     Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Mail0002.JPG

 

 

Georges ENESCO (1881-1955) : Trio en sol mineur, Sérénade lointaine, Trio en la mineur.  Trio Brancusi.  Zig-Zag Territoires (www.outhere-music.com) : ZZT 303. 

À l’instar de Liszt, Rachmaninov ou Busoni, Georges Enesco fut longtemps desservi par sa réputation de virtuose.  Mais le compositeur est désormais unanimement reconnu. Sont ici réunies trois œuvres, dont notamment le Trio en sol mineur (1er enregistrement mondial).  Parfaite mise en place & enthousiasme contagieux d’excellentes musiciennes : Saténik Khourdoïan (violon), Laura Buruian (violoncelle) & Mara Dobresco (piano).

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:BIG.jpeg

 

 

Charles IVES (1874-1954) : Quatre Sonates pour violon & piano.  Hilary Hahn (violon), Valentina Lisitsa (piano). DG/Universal (www.deutschegrammophon.com) : 477 9435. TT : 57’24.

Hilary Hahn & Valentina Lisitsa sont, de longue date, familières de ces pages peu rebattues – dont elles savent admirablement dégager la force visionnaire, non moins que la nostalgique beauté.

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:4779435.jpeg

 

 

Dmitri SHOSTAKOVICH (1906-1975) : Concerto pour piano n°2, op. 102.  Concerto pour piano, trompette & cordes, op. 35.  Sonate pour violon & piano, op. 134.  Alexander Melnikov (piano), Isabelle Faust (violon), Jeroen Berwaerts (trompette).  Mahler Chamber Orchestra, dir. Teodor Currentzis. Harmonia Mundi (www.harmoniamundi.com) : HMC 902104.  TT : 74’11.

Art propre à Chostakovitch d’user de langages différents et de les détourner de leurs ordinaires contexte & propos… Ainsi en va-t-il dans ces œuvres, extatiques, poignantes ou ricanantes, interprétées par de grands artistes, intimement concernés à l’évidence.

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Mail0001.JPG

 

 

Stefano GERVASONI (°1962),  Giacomo MANZONI (°1932),  Anton WEBERN (1883-1945) : Pièces pour orchestre. Orchestra Sinfonica Nazionale della RAI, dir. Lothar Koenigs.  Stradivarius (www.stradivarius.it) : STR 33872.  TT : 69’16.

Il s’agit là du 3e volume de « Milano Musica Festival Live ». Réunissant, de Stefano Gervasoni :  Metà della ripa (2003, commande de Radio France, donnée ici en 1re audition) / de Giacomo Manzoni : Ode (1982) et Semblanti (2003) / d’Anton Webern : Passacaglia, op. 1 (1908).

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Mail0004.JPG

 

 

Luca FRANCESCONI  (°1956), Ivan FEDELE (°1953), Giovanni VERRANDO (°1965) : Pièces pour formations instrumentales.  Orchestra Sinfonica Nazionale della RAI, dir. Roberto Abbado.  Ensemble Intercontemporain, dir. Pierre Boulez.  Quartetto d’archi di Torino.  Stradivarius (www.stradivarius.it) : STR 33891.  TT : 55’43.

Il s’agit, cette fois, du 4e volume de « Milano Musica Festival Live ». Réunissant, de Luca Francesconi : Rest (2003, concerto pour violoncelle, soliste : Enrico Dindo) ; d’Ivan Fedele : Duo en résonance (1991, pour deux cors & ensemble, solistes : Jens McManama, Jean-Christophe Vervoitte) ; de Giovanni Verrando : Quatuor à cordes n°2 (1999).

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Mail0003.JPG

 

 

Harrison BIRTWISTLE (°1934) : Pièces pour quatuor à cordes.  Arditti Quartet.  Aeon /Outhere (www.aeon.fr) : AECD 1217. TT : 59’36.

Le Britannique Harrison Birtwistle aura attendu l’aube de ses 60 ans pour s’intéresser au quatuor.  Sont ici réunis : 9 mouvements pour quatuor à cordes (1991-1996) et The Tree of Strings (2007) - pièce d’un âpre laconisme, dédiée aux Arditti.

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:BIG.jpeg

 

 

Valerio SANNICANDRO (1971) : Ius Lucis,  pour 2 ensembles dans 2 salles.  MusikFabrik / Ensemble für Neue Musik, dir. Pierre-André Valade.  Super Audio CD Wergo (www.wergo.de) : WER 2065 2.  TT : 51’40. 

Commandée pour le 30e anniversaire du Centre Pompidou (2006-07), cette œuvre nécessite deux ensembles placés dans deux salles reliées entre elles – chaque ensemble transformant la musique en temps réel, technique entraînant des combinaisons de synthèse sonore variées.  La pièce doit donc être jouée deux fois, une fois pour chaque ensemble/espace.  Divisé en deux groupes, le public est censé changer de salle à l’entracte (TT : 25’46 + 25’46). Tombeau de Stockhausen ? Gaminerie ?  (Pour en juger : www.youtube.com/watch?v=1dycaaxvufu)

 

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Mail0001.JPG

 

 

Kryštof MAŘATKA (°1972) : Musique de chambre.  Ensemble Calliopée /Paris, direction artistique : Karine Lethiec.  Sandrine Chatron, harpe solo.  Dux (www.dux.pl) : 0784. TT : 52’34.

Dans la collection « Young composers in homage to Frederic Chopin », sont ici réunies deux œuvres de grande dimension du compositeur franco-tchèque Kryštof Mařatka : Praharphona Sextet, « musique de l’ancienne et de la nouvelle Prague », pour harpe, quatuor à cordes & percussions (2009) et Hypnózy, pour quintette à vent (2006).  Davantage inspirées de la Bohème natale du compositeur que de la Pologne, ces pièces sont d’une exceptionnelle richesse imaginative - dans l’alliance des  timbres, notamment.

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Mail0001.JPG

 

 

Trésors de Russie.  Modeste MOUSSORGSKI (1839-1881) : Tableaux d’une exposition (Brigitte Engerer, piano).  Piotr Ilitch TCHAÏKOVSKI (1840-1893) : Symphonie n°6 « Pathétique » op. 74, Sérénade pour cordes op. 48 (Royal Philharmonic Orchestra, dir. Daniele Gatti).  Sergei RACHMANINOV (1873-1943) : Vêpres, Matines (Estonian Philharmonic Chamber Choir, dir. Paul Hillier). Coffret de 3 CDs Harmonia Mundi (www.harmoniamundi.com) : HMX 2908385.87.  TT : 3h10’55.

Tableaux fantasmagoriques par la grande Brigitte Engerer…  Du même compositeur, elle interprète également : Une nuit sur le Mont Chauve, Gopak, Une larme, Niania & moi, Scherzo en ut# mineur et Souvenir d’enfance n°2.

Tour à tour méditative, poignante ou exaltée, cette relecture de la « Pathétique », par Daniele Gatti, s’inscrit auprès des plus grandes.  Élégiaque Sérénade pour cordes

Sous la direction de Paul Hillier, maître du genre, l’Estonian Philharmonic Chamber Choir (30 membres, dont l’extraordinaire basse profonde Vladimir Miller) exalte à souhait ces Vêpres sublimes.

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Mail0001.JPG

 

 

Melancolia,  Spanish Arias & Songs.  Patricia Petibon, soprano.  Orquesta nacional de España, dir. Josep Pons.  DG/Universal (www.deutschegrammophon.com) : 477 9447. TT : 57’24.

Toujours aussi imprévisible est la soprane Patricia Petibon ! Flamboyante, libre,  profondément sensuelle, elle s’approprie ici tout un répertoire dans lequel on ne l’attendait guère : Granados, Montsalvatge, Villa-Lobos, Turina, Giménez, Saavedra, Falla, Torroba, Simeón, Bacri.  Elle y est… emperadora ! 

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:4779447.jpeg

 

 

Year of the Snake.  Fly Trio : Mark Turner (saxophone ténor), Larry Grenadier (contrebasse), Jeff Ballard (batterie).  ECM /Universal (www.ecmrecords.com) :  2776644. TT : 60’00.

Révélation de trois jazzmen au jeu d’une exceptionnelle densité rythmique et harmonique. Douze titres originaux : Festival Tune, Brohersister, Diorite, Kinsgston, Salt and Pepper, Benj, Year of the Snake + 5 Interludes.  Consulter : www.flytrio.com

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:fly3bn.jpeg       Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Mail0001.JPG

 

 

Masabumi Kikuchi Trio : Sunrise.  ECM/Universal : ECM 278 9555.

Pianiste & compositeur de jazz, Masabumi Kikuchi (°1939, Tokyo) joue ordinairement en trio avec le batteur Paul Motian et le bassiste Gary Peacock (ce dernier est ici remplacé par l’excellent Thomas Morgan).  Un jazz merveilleusement économe où chacun sait écouter ses partenaires, aux pulsations souvent inexprimées mais non moins ressenties.  Douze titres aux frontières de l’atonalisme, du silence et du rêve… Un bonheur rare !

 

  Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:0060252789555_600.jpeg

 

 

Loreena McKENNITT (°1957) : Troubadours on the Rhine,  a trio performance. Quinland Road (www.quinlandroad.com) : QRCD 115.

Sur des textes de W. B. Yeats, d’Alfred Tennyson, d’elle-même ou empruntés de « traditionals », la merveilleuse chanteuse canadienne Loreena McKennitt (voix, harpe, piano) nous livre ici neuf mélodies de son cru ou adaptées d’anciennes mélodies.  Avec le concours de Brian Hughes (guitares & synthétiseur) et Caroline Lavelle (violoncelle).  Il s’agissait là d’un concert privé donné, en mars 2011, dans les studios de la Südwestrundfunk (SWR) à Mayence.

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:PM.PopUp.open(PM.BT.ub(47,'image',63,'action',61,'slideshow',38,'imagestype',61,'PRODUCT',38,'prdimageid',61,'908470071',38,'productid',61,'151743265'),PM.PopUp.jpeg

Francis Gérimont.

 

 

Jean-Sébastien BACH : Cantates  BWV 82 « Ich habe genug »,  BWV 169 « Gott soll allein mein Hertz haben »,  BWV 150 (Sinfonia), BWV 200 «  Bekennen will ich seinen Namen », BWV 161 « Komm, du süsse Todesstunde », BWV 53 « Schlage doch, gewünschte Stunde ».  Andreas Scholl, contre-ténor.  Kammerorchestrer Basel, dir. Julia Schröder.  Universal/Decca : 478 2733. TT : 63'30.

Les cantates d'église sont au cœur de la production vocale du Cantor et  jalonnent ses diverses étapes, Mülhausen, Weimar, Coethen, Leipzig.  Elles ont été écrites le plus souvent pour une formation instrumentale restreinte.  Andreas Scholl a choisi de réunir deux œuvres majeures. « Ich habe genug », BWV 82, composée en 1727, pour voix de basse, s'adapte bien à la tessiture de contre-ténor, eu égard à son instrumentation de cordes avec hautbois solo.  Le ton doux de la voix claire s'allie parfaitement au son plaintif du hautbois d'amour. L'incursion, peu habituelle, dans la partie grave du registre du contre-ténor, dans le deuxième air, « Laissez le sommeil vous envahir, yeux accablés », établit un climat hypnotique.  Dans l'aria finale, le contraste de la joie exprimée par la musique, et du texte qui voit le récitant se réjouir à la pensée de la mort, est confondant.  La cantate BWV 169 est plus développée, munie d'une sinfonia en ouverture, menée dans un rythme engageant, avec un agréable contrepoint. Le rôle dévolu à l'orgue sera essentiel, qui en pare les diverses séquences, dont l'arioso et le premier air, comportant un obligato de l'instrument. Le 2e air, « Meurs en moi, monde, avec toutes tes affections » introduit cette atmosphère de paix, typique, que le Cantor instille dans bien des pages de sa musique sacrée, dont, bien sûr, les Passions.  Cette douce insistance du discours des cordes sertit le texte vocal. Le choral final, réduit à quatre solistes, conclut en action de grâce. Scholl a juxtaposé quelques arias éparses, dont celle de la cantate «  Bekennen will ich seinen Namen », avec deux violons & continuo, le récitatif de la cantate BWV 161, plus dramatique, et surtout l'originale aria de la cantate BWV 53, où deux cloches cristallines scandent comme un glas, l'attente souhaitée, presque allègre, par l'homme, de sa dernière heure. Dans un essai, reproduit sur la plaquette du disque, Andreas Scholl explique comment, pour lui, il faut distinguer le « savoir », fruit de l'intuition, et le « croire », issu de l'enseignement.  Combien aussi est essentiel le pouvoir de communication par la musique avec l'auditeur : faire passer le message, être, comme il dit, « connecté » avec le public, permettant à celui-ci de saisir même ce dont il n'a qu'une connaissance approximative.  Son chant est sincère, et l'émotion est le fruit plus d'une approche objective que d'une quête de sentiment.  Si la voix a perdu de son opulence, les inflexions sont merveilleusement ménagées tant dans les récitatifs, dont il libère la dramaturgie sous-jacente, que dans les arias qui déploient leur pouvoir de séduction. L'accompagnement orchestral est pénétrant et les sonorités moirées.

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:4782733.jpg

 

 

Serge RACHMANINOV : Danses symphoniques op. 45. Igor STRAVINSKY : Symphonie en trois mouvements.  LSO, dir. Valery Gergiev.  LSO Live : LSO 0688. TT : 58'33.

Les Danses symphoniques sont la dernière œuvre de Serge Rachmaninov.  Elle sera créée en 1942, à Philadelphie, par Eugène Ormandy.  Son message n'est pas clairement défini. Le compositeur a, pour ces trois séquences, invoqué « midi, crépuscule, minuit ».  Au-delà de la notion de programme, elle reste insaisissable.  Mais ce qui étonna à l'époque a fait place à une admiration quasi unanime devant son brio orchestral. Les trépignements de l'orchestre, qui ouvrent le premier volet, s'effacent vite devant une section d'une grande douceur lyrique, confiée aux seuls bois, établissant un climat étrange, mélancolique, qui va se communiquer aux cordes.  La valse symphonique lente, dont le rythme est comme écrasé, libère, en deuxième partie, quelque chose de macabre, fantomatique, bercé de réminiscences.  La dernière partie est hantée par le thème du Dies Irae. Là encore, plusieurs phases se succèdent : après un allegro dynamique, qui introduit le spectre de mort, une séquence plus lente installe une sorte de fatalité, largement due au recours à un chromatisme insistant.  L'ultime section déroule un combat où le Dies Irae semble vaincu par quelque chant liturgique heureux. Gergiev est indéniablement en empathie avec cette musique.  Si Rachmaninov, dans cet adieu musical, refuse de tourner le dos à un romantisme qu'il glorifia tant, Igor Stravinsky, à la même époque, le réfute délibérément.  La Symphonie en trois mouvements, écrite entre 1940 et 1945, créée en 1946, est un des chefs-d'œuvre de la maturité, empli d'énergie.  La pièce lui aurait été inspirée par les horreurs de la guerre.  Quoiqu'il s'agisse de scènes de guerre, plus que d'une symphonie de guerre, au sens où le concevra, par exemple, Chostakovitch.  Une obstination du rythme, qu'on n'avait plus rencontrée depuis Le Sacre, quelque trente ans plus tôt, caractérise le premier mouvement.  La mélodie des flûtes, aimablement saccadée, dans l'esprit des pages néo-classiques de l'opéra The Rake's Progress, apporte un étonnant changement de ton au deuxième.  La puissance militaire retrouve ses droits au troisième, avec ses syncopes marquées. Mais la manière garde une patte qui n'est que gentiment agressive. L'exécution de Gergiev est, somme toute, très policée, qui asservit la tension au profit de la rondeur, d'une prise de distance, peu ordinaire chez lui, qui le différencient de beaucoup de ses confrères.  Gergiev joue plus de l'écart de dynamiques que de l'anguleux rythmique.  Les musiciens du LSO, en tout cas, font leur, aussi bien l'une que l'autre de ces musiques. Un curieux couplage au demeurant.  

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:mzi.syzkwdhj.170x170-75.jpg

 

 

Alban BERG : Concerto pour violon « À la mémoire d'un ange ».  Ludwig van BEETHOVEN : Concerto pour violon op. 61.  Isabelle Faust, violon.  Orchestra Mozart, dir. Claudio Abbado.  Harmonia Mundi : HMC 902105. TT : 68'58.

L'idée de rapprocher les deux concertos revient à Claudio Abbado qui, après avoir joué le Beethoven avec Isabelle Faust, souhaitait poursuivre la collaboration dans le Berg.  Ils ont, en effet, en commun d'avoir marqué leur époque de leur imaginative modernité.  Alban Berg, sollicité par le violoniste américain Louis Krasner, d'écrire un concerto, hésita d'abord. Un événement tragique, la mort de la jeune Marion Gropius, fille d'Alma Mahler, et pour laquelle il éprouvait une vive affection, brusqua les choses, donnant au concerto une dimension de requiem.  Basé sur l'utilisation du chromatisme, conciliant diatonisme et dodécaphonisme, et construit en forme d'arche, comme l'opéra Lulu, dont Berg dût interrompre la composition, il se compose de deux parties.  La première débute par un envoûtant soliloque du violon, pour développer un vaste matériau, quoique souvent atomisé, de par l'art si particulier du compositeur de ménager « la transition infime » (Th. W. Adorno).  Le second mouvement s'ouvre par une succession d'éclats, à la foi de l'orchestre et du soliste, empruntant au climat horrifique de Lulu, qui préludent à un allegro libre, d'une tension soutenue, voire tumultueuse, dans lequel les phrases arrachées du violon inscrivent comme une hargne d'impuissance devant la mort.  Puis s'installe une section adagio, énonçant le beau choral luthérien « Es ist genug ».  L'apaisement troublant ainsi introduit laisse place à la lente progression du chant soliste, sur un contrepoint des bois, relayé par les cordes, vers un sommet d'incandescence qui peu à peu, par décantation, devient extatique.  Le soliste se fond plus dans l'orchestre qu'il ne dialogue avec lui.  Isabelle Faust joue la pièce avec sincérité, elle-même émue de se trouver épaulée par le maestro Abbado, dont on sait les affinités avec l'univers de Berg.  Une flamme intérieure et une beauté du son absolument uniques marquent cette interprétation d'une pierre blanche.  « De la douleur et la plainte d'Alban Berg au choral rédempteur de Bach jusqu'à un Beethoven radieux, apparemment délivré de toutes les afflictions terrestres » : ainsi la soliste explique-t-elle l'enchaînement des deux pièces.  L'exécution du célèbre concerto beethovénien sera tout autant révélatrice. L'allegro ma non troppo est, justement, pris mesuré par le chef, créant une douce quiétude. Non que la battue ne s'anime pas ensuite. Mais le geste ne sera jamais heurté. Aussi le dialogue du violon avec la petite harmonie est-il d'une réelle distinction lors du fameux passage lent ponctué de la percussion.  Au moment de la cadence, l'archet déploie sa belle digression sur fond de timbales ppp.  Le larghetto est d'une plasticité saisissante : les premières pages, lorsque le violon est accompagné par la clarinette, puis par le basson, tutoient le sublime. L'orchestre assagi, mais combien expressif, lui compose un mirifique écrin. Après la transition ex abrupto, le rondo final est pris très allant, rehaussant sa manière dansée, et la cadence sera allègre, comme l'ultime reprise glorieuse.  Là encore, Isabelle Faust fait montre d'une maîtrise toute en finesse. La complicité avec le chef est remarquable, dans une pièce qui, comme le Berg, tient le soliste et l'orchestre à parts égales.  Nulle mise en avant, mais une démarche de primus inter pares. L'excellence des musiciens de l'Orchestra Mozart ajoute au prestige de ces exécutions, comme un enregistrement clair et bien proportionné.  Un disque rare.

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:51xQEjaT-iL._SL500_AA300_.jpg

 

 

« Ferveur et extase ».  Francesco CAVALLI : Canzon, Lamento di Didone, extrait de La Didone. Luigi ROSSI : Les pleurs d'Orphée. Alessandro SCARLATTI : Sinfonia, recitativo et arias, extraits de La Didone delirante, Concertos pour flûte, deux violons & basse, en fa majeur, en ré majeur, en la mineur.  Michangelo FAGGIOLI : Cantata a voce sola.  Andrea FALCONIERI : Passacaille.  Barbara STROZZI : O Maria.  Biagio MARONI : Sinfonia primo tono.  Claudio MONTEVERDI : Il pianto della Madonna.  Henry PURCELL : Lamento de Didon, extrait de Didon & Eneas.  Stéphanie d'Oustrac, mezzo-soprano.  Amarillis, dir. Héloïse Gaillard, Violaine Cochard.  Ambronay : AMY027.  TT : 64'18.

Le  programme compréhensif de ce disque est forgé à l'image du concert. Outre qu'il réunit pages vocales et instrumentales du seicento, il est travaillé autour d'une thématique qui imprime au parcours une didactique intéressante : à la recherche de l'émotion, au cœur de la sensibilité baroque, à la fois dans le profane et dans le sacré.  Une vision en écho, de l'extase à la ferveur, qui au final, dépeint le même visage de l'amour, le même langage de la passion. Elle le sera à travers l'exploration de deux mythes, celui, prolifique, de la reine Didon, celui du culte à la Vierge Marie.  Du premier, le lamento de Didon au final du drame La Didone de Cavalli, offre un épanchement ému dans son expression de gloire déchue. Les pages de La Didone delirante de Scarlatti ne sont pas moins démonstratives : l'air vindicatif « Furie, turbini dell'onde » (furies, tourbillons des ondes) débite un délire vengeur devant un départ annoncé.  Michelangelo Faggioli (1666-1733), à l'orée du XVIIIe, reprendra encore cette même veine, dans sa « cantata a voce sola », d'une vocalité très brillante.  On ne saurait compter, bien sûr, sans Henry Purcell : le désespoir envoûtant des derniers instants de Didon a marqué l'histoire de la musique opératique.  Le second thème du culte marial, est illustré par la plainte « O Maria » de Barbara Strozzi, véritable déclaration d'amour, « comme tu es belle », ou encore le pénétrant « Il pianto della Madonna » de Monteverdi.  Ce lamento, qui conclut la Salve morale e spirituale (1641), est l'équivalent spirituel du Lamento d'Arianna, témoignant d'une étonnante largeur d'esprit chez le compositeur italien, qui cherche à relier profane et religieux dans l'expression du sentiment amoureux.  Chanté en latin, il exprime une infinie douleur, mais sur le mode décalé, presque parodique.  Stéphanie d'Oustrac,  désormais figure de la scène musicale française, appréciée dans la récente reprise d'Atys à l'Opéra-Comique, offre un timbre rare de mezzo-soprano.  L'émotion frémissante pour traduire les affetti est combinée à une ardeur irrépressible. L'empathie pour le recitar cantando est certaine. Une intéressante contribution purement orchestrale complète le CD, avec des pages sensibles de Cavalli, Scarlatti, Marini et du peu connu Andrea Falconieri (1585-1656). Là, comme dans les accompagnements du chant, se déploient les immenses qualités de l'ensemble Amarillis : sonorités recherchées et grande technicité instrumentale. La flûte d’Héloïse Gaillard est, à elle seule, un autre sujet de ravissement.

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:a8a3f0c56a334881ebcc4396ea58130f.jpg

 

 

« Musique à la cour de Frédéric le Grand ».  Johann Gottlieb GRAUN : Ouverture et Allegro, en  mineur. Concerto en ut mineur « per il Viola da Gamba concertata ». Christoph NICHELMANN : Concerto en la mineur « per il Cembalo concertante ».  FRIEDRICH « DER GROSSE » : Sonate en ut mineur « per il Flauto traverso solo e Basso ».  Carl Philipp Emanuel BACH : Sinfonie en ré majeur n°1, Wq 183, 1.  Akademie für Alte Musik Berlin.  Harmonia Mundi : HMC 902132.  TT : 73'58. 

Berlin fut au XVIIIe siècle une capitale musicale incontestable, sous l'impulsion du roi Frédéric II, qui réunit un orchestre de cour, faisant appel aux plus éminents musiciens du moment. En cette année de commémorations de l'anniversaire de sa naissance, ce disque propose une anthologie remarquable de ces musiques.  Frère du compositeur d'opéra Carl Heinrich Graun, Johann Gottlieb Graun (1703-1771) exerça les fonctions de maître de chapelle du futur roi, avant de devenir maître de concert de sa cour.  Il a beaucoup écrit, de la musique instrumentale essentiellement, dont moult ouvertures.  Celle présentée, en ré mineur, en deux parties, est bien sentie par ses rythmes pointés. Un bel exemple du classicisme berlinois de cet âge d'or.  Le Concerto pour viole de gambe l'illustre pareillement. La place de cet instrument était grande alors, car on louait son ample expressivité. Celle-ci s'exprime dans la pièce jouée ici, dans les mouvements rapides, où l'orchestre de cordes de couleurs sombres entoure le soliste pour un dialogue vif, particulièrement serré au finale.  Christophe Nichelmann (1717-1762), élève de Jean-Sébastien Bach, devient claveciniste de la chapelle du roi à compter de 1745, aux côtés de CPE. Bach.  Le Concerto pour clavecin, joué ici sur pianoforte, se situe dans le sillage de ce dernier.  D'une facture complexe, son premier mouvement est enlevé, le soliste gambadant à l'envi sur des lâchers de notes des cordes. L'adagio, «  sempre piano », favorise un chant élégiaque et le presto final est fort virtuose.  De Frédéric II lui-même, fin musicien et compositeur à ses heures pour son instrument favori, la Sonate pour flûte & basse (ici pour pianoforte) adopte le schéma lent-modéré-rapide.  Elle s'ouvre par un « recitativo » introduisant un climat proche de la musique vocale, qui va se développer tout au long du morceau.  La manière est sérieuse, dans l'esprit de ces soirées de cour où l'on se réunissait autour du monarque pour faire de la musique.  Enfin de CPE. Bach est proposée la Sinfonie n°1. Celle-ci dépasse le cadre thématique fixé, car appartenant à la période hambourgeoise du musicien, après qu'il eut quitté le service de Frédéric.  Sa liberté retrouvée le conduit à plus d'audace. L'introduction des bois, aux côtés de cordes, est de celles-là, comme le rôle essentiel confié aux flûtes.  L'entrée en matière est originale, avec un effet inattendu crescendo, presque panique, pointant le discours des cordes, émaillé de touches des bois.  Un court adagio, pénétrant, ouvre le finale preste, tout en contraste, livrant une fertile imagination dans la conduite du discours.  L'Akademie für alte Musik joue ces musiques avec une rare excellence instrumentale.

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:3149020213223_230.jpg

 

 

Felix MENDELSSOHN : Christus.  Oratorio op. 97 pour soprano, ténor, deux basses, chœur mixte & orchestre. Texte de Christian von Bunsen.  Cantates « Verleih uns Frieden gnädiglich », « O haupt voll Blut und Wunden » & « Vom Himmel hoch ». Sandrine Piau (soprano), Markus Butter (baryton), Robert Getchell (ténor). Chœur Accentus. Ensemble orchestral de Paris  dir. Laurence Equilbey.  Naïve : V5265. TT : 48'19.

Mendelssohn ne put mener à bien l'achèvement de Christus, son troisième oratorio, qui devait être le dernier volet de sa trilogie sacrée, aux côtés de Paulus et de Elias. Une somme quasi œcuménique, mesurée à l'aune de ses origines juives et de ses croyances chrétiennes.  Il n'a laissé qu'un tiers de la musique qu'il se proposait de coucher sur le papier, esquissée en 1844 pourtant, trois ans avant sa disparition.  La troisième et dernière partie, « La Résurrection », manque.  Les mouvements existants des deux autres parties, « La naissance du Christ », « La souffrance du Christ », paraissent eux-mêmes fragmentaires, eu égard à l'ambition du sujet.  Tirées de la Passion, la première se distingue par le chœur « Combien brille l'étoile du matin », la deuxième par un beau récitatif mêlé au chœur, et le choral final « Il prit sur ses épaules la charge qui me pèse », que Jean-Sébastien Bach utilise dans sa Passion selon saint Matthieu.  L'hommage au Cantor est évident, dont Mendelssohn ressuscitait alors, à Berlin, la célèbre œuvre, tout juste un siècle après sa création.  La partition exige un orchestre nourri et quatre solistes.  Le disque comprend encore trois cantates allemandes, autre hommage à un glorieux passé de ces pièces sacrées que l'auteur aimait tant, et au « vieux Bach » dont il se défend de copier les formes « sans rien mettre dedans » (lettre à Devrient, juillet 1831).  La courte pièce « Verleih uns Frieden gnädiglich » (1831), appel à la paix, presque brahmsien dans son climat, fera l'admiration de Schumann, qui n'hésita pas à dire « cette petite pièce mérite d'être célèbre dans le monde entier et le sera à l'avenir ».  La cantate-choral « O haupt voll Blut und Wunden », qui s'inspire du choral qui adorne tant la Passion selon saint Matthieu, est traitée avec un souci certain d'originalité, dont un contrepoint serré aux voix inférieures.  L'air du baryton, qui s'en inspire également, offre une superbe ligne. Le compositeur demandait à son interprète : « Veuillez le chanter dans l'angoisse ».  Enfin, la cantate « Vom Himmel hoch » (1831), pour soprano, baryton et chœur à 5 voix, aligne six parties.  La première, la plus développée, débute par un chœur allègre « un enfant vous est né », lui-même précédé d'une introduction extrêmement vive.  Le grand orchestre, enrichi de cuivres et des timbales, imprime au morceau un caractère grandiose. Du reste, se détache le solo de la soprano, d'une émouvante simplicité sous la voix de Sandrine Piau.  Accentus déploie, au travers de ces diverses pièces, ses qualités de précision et de ferveur, sous la houlette de Laurence Equilbey. 

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:000655.jpg

 

 

Jules MASSENET : Werther.  Opéra en quatre actes. Livret d’Édouard Blau, Paul Millet & Georges Hartmann.  Rolando Villazón, Sophie Koch, Audun Iversen, Eri Nakamura, Alain Vernhes, Stuart Patterson, Darren Jeffery.  Orchestra of the Royal Opera House, dir. Antonio Pappano.  2CDs Universal/DG : 477 9340.  TT : 74'47 + 57'29.

Dans Werther, Massenet porte au sommet l'art mélodique, qui sertit l'air dans le continuum musical, bien avant le drame musical.  Et quelle concision, quel sûr instinct pour pousser le drame, grâce à la soudaineté des contrastes.  Les versions au disque ne manquent pas.  Celle-ci a été saisie au Royal Opera de Londres, lors d'une reprise, en mai 2011, de la mise en scène de Benoît Jacquot, également vue à l'Opéra Bastille.  Pour sa seconde interprétation enregistrée, Antonio Pappano livre une vision flamboyante, qui sait trouver la juste proportion entre énergie farouche et lyrisme diaphane.  L'attaque peut être vive, exacerbant le dramatisme, comme au prélude du IIIacte, portant les forces à blanc, à la fin de ce même acte, superbement haletant.  Les pages poétiques, tel l'interlude du « clair de lune », ont un parfum de poésie vraie.  L'orchestre du Royal Opera, n'était une pointe d'acidité des violons, partiellement due à l'enregistrement, s'empare avec justesse de ton du style français, traçant d'impressionnantes couleurs sombres.  L'attrait du disque est, nul doute, la présence, dans le rôle-titre, de Rolando Villazón, un de ses rôles emblématiques.  Le solitaire tourmenté, héros romantique par excellence, est indéniablement paré d'éclat.  L'empathie non moins certaine, livrant une tension palpable lors des moments-clés, tels que les airs fougueux : « J'aurai sur ma poitrine pressée... », ou « Pourquoi me réveiller ».  Mais la ligne vocale a désormais quelque chose de forcé : nuances pianissimos peu naturelles, forte lâchés en paquets compacts.  L'intonation n'est pas toujours idiomatique, encombrée du tic de la note attaquée par dessous.  Où est la fabuleuse et simple faconde qui était la sienne dans ce répertoire français auquel il était prédestiné ?  Sophie Koch s'impose comme l'interprète de choix de Charlotte, timbre idéal et large ambitus pour ménager les longues phrases d'un rôle si porteur de messages.  Même si, pas dans sa meilleure forme, elle livre un portrait, lui aussi intense, qui culmine dans un IIIe acte d'un rare achèvement.  L'acuité du récitatif, la souffrance de la femme aimante, qui transparaît dans l'air « Je vous écris de ma petite chambre », sont d'une gravité insondable.  La confrontation avec Werther sera tout autant emportée.  La tradition est, au Royal Opera, de réunir des distributions internationales étudiées : outre le Bailli du français Alain Vernhes, qui illumine la première scène de sa diction aristocrate, le Norvégien Audun Iversen, Albert, offre un timbre de baryton lisse, un brin monotone, soulignant la tristesse de cet antihéros.  La japonaise Eri Nakamura campe une Sophie mature, au timbre moins pointu que de coutume.  Ses deux airs traduisent l'insouciante jeunesse de cette « petite sœur », qui pourtant sent la réalité des choses.  Pour le reste, on a porté le souci sur la bonne articulation du texte français.  Une belle version, certes.  Mais moins séduisante que celle, en CD, dirigée par le même Pappano, conduisant les stars Alagna et Georghiu, ou mieux encore, celle en DVD, signée de Michel Plasson, avec la même Charlotte et un fougueux Jonas Kaufman, et qui donne en plus à voir l'intelligente régie de Benoît Jacquot.  

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:dg4779340.jpg

 

 

« Two Souls ».  Aram KHACHATURIAN : Concerto pour violon et orchestre. Samuel BARBER : Concerto pour violon et orchestre op. 14. Adagio pour cordes op. 11. Mikhail Simonyan, violon.  London Symphony Orchestra, dr. Kristjan Järvi. Universal/DG : 477 9827.  TT : 70'.

Le Concerto de violon de Khachaturian, dédié à David Oistrakh, qui le crée en 1940, valut à son auteur la reconnaissance internationale.  Il est transcendé par une musicalité qui dépasse de loin toute couleur locale, sans pour autant en amoindrir la portée. Le thème décidé, dansant, qui l'ouvre, marqué allegro con fermezza, imprime sa couleur au premier mouvement, contrebalancé par un deuxième, plus grave.  La cadence, jouée ici, due au compositeur arménien Artur Avanessov, se veut plus proche de l'idiome du pays d'Arménie que celle, virtuose, conçue pour le dédicataire.  Un grand silence la traverse pour installer un climat d'une profondeur liturgique chrétienne.  Un autre balancement dansant, de valse triste, souligne, à l'andante sostenuto, chez le soliste la largeur du trait.  On songe à l'empreinte du « Roi David » dans le dialogue avec les bois.  L'âme arménienne revit là, en particulier dans la longue phrase des altos. Le soliloque du soliste se développe d'abord dans la tonalité chambriste, avant que l'orchestre ne laisse éclater sa pleine opulence, pour une conclusion qui revient cependant à une expression tout en douceur. C'est à une fête brillante que convie le finale vivace : le soliste se voit offrir une parure brillante sur une trame orchestrale animée, d'un « drive » irrésistible. Le violon est sollicité dans d'interminables guirlandes, métamorphosant à l'envi le thème.  La conclusion sera glorieuse.  Mikhail Simonyan est un jeune talent natif de cette contrée, formé au Curtis Institute de Philadelphie : sa profonde musicalité rejoint une vraie plénitude sonore.  Le chef Kristjan Järvi, frère de Paavo, a par leur père, Neeme un lien direct avec la musique de Khachaturian, que ce dernier connaissait intimement. Le contraste est original avec le Concerto de Barber, hommage de l'interprète à cette Amérique qui l'accueillit tôt dans sa carrière.  Cette autre « âme » développe une écriture délicate, favorisant un ample lyrisme, comme toujours chez le compositeur. La facture classique est présente dès le premier mouvement, laissant le soliste chanter, dans une atmosphère intime. Le mélodique prime, du fait d'un traitement séduisant de l'accompagnement des cordes, les bois n'intervenant que parcimonieusement.  Les choses semblent se précipiter ensuite, mais le dernier mot restera lyrique. Une douce mélancolie se poursuit à l'andante, par un envoûtant solo de hautbois, préludant à une introduction dont se détache le violon solo.  Mais le ton vire rapidement au dramatique, sollicitant le grave de l'instrument, dans un thème que n'aurait pas renié quelque compositeur russe, Rachmaninov par exemple.  Le long finale, presto, en forme de mouvement perpétuel, découvre un nouvel univers, lumineux pour le violon.  Mikhail Simonyan dit l'avoir abordé moins vite pour favoriser un jeu de style populaire.  Son interprétation illumine cette pièce attachante. L'adagio pour cordes, tiré de second mouvement du Quatuor op. 11, joué ici dans sa version pour grand orchestre, livre une thématique pénétrante, se développant en un immense crescendo porté jusqu'à l'incandescence, avant une fin réfléchie.  Les cordes du LSO y font merveille.

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:4779827.jpg

Jean-Pierre Robert.

 

POUR LES PLUS JEUNES

Veronika KUZMINA (Musique originale) : 3 Contes d’Andersen. Narratrice : Roxane Lebrun.  Éponymes/Jeunesse (www.editions-eponymes.fr) : EPO 60162.  Distr. Harmonia Mundi. TT : 51’00.

Riches de symboles sont ces trois contes, ici délicieusement illustrés au piano (49 plages) : La Petite Poucette (qui épousera le prince des Elfes), Le Rossignol et l’Empereur de Chine (quand le chant permet de distinguer le Bien du Mal), Les Cygnes sauvages (où l’on voit récompenser l’amour altruiste).  À partir de 4 ans.

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:G_pim_42_1329501424.jpeg

 

 

The Heavy Fingers (Quatuor de saxophones) : Pierre and the Loup.  Narratrice : Françoise Gambay.  Éponymes/Jeunesse (www.editions-eponymes.fr) : EPO 6017.  Distr. Harmonia Mundi.  TT : 38’00.

Sans, bien sûr, tenter de faire pièce au chef-d’œuvre de Prokofiev (auquel il est « thématiquement » rendu hommage), cette version du célèbre conte russe ne manque ni d’allant, ni d’humour jazzy.  Une étonnante réussite !…

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:G_pim_88_1329748934.jpeg

 

 

Geneviève LALOY (chant, paroles & musiques) : Bleue.  Victorie Music (www.club-tralalere.com) : 279 241-5. Distr. Universal.

Fort joyeux est ce 3e album de la bruxelloise Geneviève Laloy  réunissant 14 titres inspirés - après la Terre & l’Air - par l’Eau :  première rencontre avec la mer, pirates, larmes, océans d’étoiles, manque d’eau, orages, danses sous la pluie…  Direction musicale & arrangements (pour une vingtaine d’instruments acoustiques) assurés par l’excellent Philippe Laloy.  

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:bleue-1.jpeg

 

Francis Gérimont.

 

 

Christine FÉRET-FLEURY : La chanteuse de Vivaldi.  Gallimard Jeunesse. De 9 à 13 ans. 144 p.  9,50 €.

XVIIIe siècle, Venise.  Lucrezia, jeune orpheline recueillie au couvent de la Pietà, a pour maître de chœur Vivaldi.  Si ce prêtre est un musicien de génie, il se montre impitoyable envers ses jeunes élèves… sauf lorsque l’une d’elles lui plaît, comme la belle Anna.  Mais devenue cantatrice enviée, cette dernière reçoit des menaces de mort.  Lucrezia, qui veut protéger son amie, va se retrouver, elle aussi, en butte aux rancœurs et aux jalousies…  Ce livre permet de dévoiler une peinture enlevée de la musique au XVIIIe siècle, racontée par une héroïne émouvante.

 

Description : Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:product_9782070639014_244x0.jpeg

Laëtitia Girard.

 

 

DVD  

Gabriel FAURÉ (1845-1924) : Requiem. Pavane. Élégie.  Super flumina Babylonis.  Cantique de Jean Racine.  Chen Reiss (soprano), Matthias Goerne (baryton), Éric Picard (violoncelle). Chœur & Orchestre de Paris, dir. Paavo Järvi.  EuroArts (www.euroarts.com) : 2058878.  TT : 72’ + 27’ (Bonus : Entretien avec Paavo Jarvi). 

Enregistré Salle Pleyel, le 10 février 2011, ce concert réunissait, sous la direction du chef estonien Paavo Järvi (°1962, Tallinn), une distribution exceptionnelle.  Privé de « Dies irae » et de « Tuba mirum », le Requiem de Fauré propose une vision sereine de la mort que nul ne saurait dédaigner...   Il est heureux d’avoir inscrit à ce même programme le magnifique psaume Super flumina Babylonis (1863), œuvre certes moins rebattue que le Cantique de Jean Racine (1865) – pièces de jeunesse destinées à la classe de composition de l’École Niedermeyer.  Sous-titres en latin, allemand, anglais, français.

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:euroarts2058878.jpeg

 

 

Shadows in Paradise,  Hitler’s Exiles in Hollywood.  Un film de Peter Rosen.  EuroArts (www.euroarts.com) : 2058268.  TT : 55’00.

Déracinés au paradis, tels furent les plus grands artistes allemands – juifs pour la plupart – qui, fuyant le régime nazi, émigrèrent à Los Angeles, baptisé alors « la Weimar de la Côte Pacifique ». Citons les écrivains Thomas & Heinrich Mann, Alfred Döblin, Bertolt Brecht… mais aussi les musiciens Arnold Schönberg, Erich Wolfgang Korngold, Ernst Krenek, Bruno Walter, Otto Klemperer, Hanns Eisler, Paul Dessau…  Aussi bien que, dans les mondes du cinéma, de la philosophie ou de l’architecture : Fritz Lang, Marlene Dietrich, Max Reinhardt, Theodor Adorno, Erich Mendelsohn… 

Un film inoubliable rendant admirablement l’atmosphère exaltée de tous ces exilés durant les années 1930-1940, révélant leurs combats, leurs frustrations mais aussi, bien souvent, leurs éclatantes réussites qui tant marquèrent la culture américaine.  Sous-titres disponibles en anglais, allemand, français. 

In-dis-pen-sable !

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:Mail0001.JPG

Francis Gérimont.

 

 

Jules MASSENET : Don Quichotte.  Comédie-héroïque en cinq actes.  Livret d’Henri Cain, d'après Le Chevalier de la Longue Figure de Jacques Le Lorrain.  José van Dam, Silvia Tro Santafé, Werner van Mechelen, Julie Mossay, Camille Merckk, Gijs van der Linden, Vincent Delhoume, Bernard Villiers.  Orchestre symphonique & chœurs de La Monnaie, dir. Marc Minkowski.  Mise en scène : Laurent Pelly.

Captée à La Monnaie en 2010 (cf. NL de juin 2010), cette interprétation de Don Quichotte rend pleine justice à la partition haute en couleurs de Massenet.  Car la mise en scène de Laurent Pelly, légèrement décalée, porte un regard à la fois distancié et attendri sur le destin de ce « fou sublime » qui, loin de choir en sa quête d'idéal, atteint une sorte de transfiguration. Le doux rêveur, abîmé dans ses pensées et ses bouquins, au tout début, entre lui-même dans la trame au moment où l'on acclame le grand Don Quichotte.  Il est si « perdu » dans la littérature, nous dit Pelly, que papiers, livres, lettres d'amour s'amoncellent autour de lui pour former l'essence d'un décor étonnant.  Où l'on passe de la campagne de la Mancha au repaire des brigands de la Sierra, dans un univers onirique.  Il en devient peut-être menaçant, lors du combat avec le moulin, dont les pales dévorent l'espace, ou pendant la rencontre avec des gens peu fréquentables.  Un clin d'œil au XIXe, mêlé à une délicieuse espagnolade, parcourt l'espace, à travers des costumes de toréadors réinventés et d'amples robes blanches flamenca à volutes.  S'il y a beaucoup de mouvement autour du héros, le trait se fait plus amusé qu'ironique.  Ainsi de la cohorte de prétendants, en frac, bien falots pour oser disputer à ce « vieillard décharné » de Don Quichotte, l'amour exclusif que celui-ci voue à la belle Dulcinée.  Tout cela est saisi par une prise de vues imaginative, associant plans d'ensemble bariolés et gros plans habités.  L'image va jusqu'à scruter de très près le visage du héros.  Et l'on est bouleversé par la force intérieure qui  émane du regard, comme illuminé du dedans, ce sérieux mâtiné d'une pointe de malice, cette superbe qui ne se veut pas menaçante, comme par une palette d'expressions vraies, de l'homme déçu mais stoïque, pittoresque sans doute, mais en aucun cas ridicule.  José van Dam atteint là le génie.  Et la déclamation du texte, au demeurant de si belle facture, est une vraie gourmandise. On n'est pas prêt d'oublier cette figure immense, comme crucifiée, délivrant l'ultime message de rêves non moins immenses. Son brave Sancho, vissé sur la tête, est d'un naturel confondant, fasciné par cette illusion qui n'en finit pas d'essayer de devenir réalité, par l'hyperbole qui gagne son « grand ». Le personnage, gagné par pareil côtoiement, atteindra, lui aussi, les cimes de l'émotion.  La Dulcinée de Silvia Tro Santafè, si moins personnelle, se tire d'affaire dignement.  La direction de Marc Minkowski ne se laisse pas aller à quelque sentimentalisme.  La vision est empreinte d'une véracité poétique épousant la vraie sensibilité française, libérant l'exotisme quand il le faut, la délicatesse gallique toujours.  L'image, là encore, le restitue avec force.

 

Description : Macintosh HD:Users:fbcouste:Desktop:005540.jpg

Jean-Pierre Robert.

 

***

 

 

 


Haut

 

 

 

 

 

http://www.editions-beauchesne.com/images/9782701015675.gif

http://www.editions-beauchesne.com/images/9782701016306.gif

 

 

http://www.editions-beauchesne.com/images/9782701014937.gif

http://www.editions-beauchesne.com/images/9782701010106.jpg

http://www.editions-beauchesne.com/images/9782701011813.jpg

En librairie :

- Z. Kreidy : Les avatars du piano

- J. Guillou : Le geste et la musique

http://www.editions-beauchesne.com/images/9782701016252.gif

http://www.editions-beauchesne.com/images/9782701019994.gif

A paraître :

- Analyses musicales XVIIIème siècle –Bach, Couperin, Haendel

- S. Gut : Les principes fondamentaux de la musique occidentale

 

 

Les dossiers de l'éducation musicale



N°575 DOSSIER L'IMPROVISATION 1



N°574 DOSSIER FRONTIERES DU CHANT ET DE LA PAROLE


N°573 DOSSIER GABRIEL FAURE



N°572 DOSSIER LE CERVEAU MUSICIEN



N°571 DOSSIER FRANCIS POULENC

 

Dossiers parus :

 

Dossiers à paraître :

* Jules Massenet
* Claude Debussy

Dépositaires des Dossiers de l’éducation musicale

Librairie de l’Opéra Bastille
Place de la Bastille
75011 Paris
Tel : 01 40 01 21 43

Librairie Kléber
1, rue des Francs Bourgeois
67000 Strasbourg
Tel : 03 88 15 78 88

Librairie Falado
6, rue Léopold Robert
75014 Paris
Tel : 01 43 20 56 78

Librairie Musicalame
16, rue Pizay
69001 Lyon
Tel : 04 78 29 01 34

Librairie Monnier
55, rue de Rome
75008 Paris
Tel : 01 45 22 53 57

Librairie Bellecour Musique
3, place Bellecour
69002 Lyon
Tel : 04 72 56 27 10

Librairie Woodbrass
9/15 rue du Nouveau Conservatoire
75019 Paris
Tel : 01 42 01 78 86

 

 

 


On en parle ...

 

 

***

 

A découvrir

Découvrez le site de notre auteur Ziad Kreidy
Mozart aurait-il été heureux de disposer d'un Steinway de 2010 ? L'aurait-il préféré à ses pianoforte ? Et Chopin, entre un piano romantique et un piano moderne, qu'aurait-il choisi ? Entre la puissance du piano d'aujourd'hui et les nuances perdues des pianos d'hier, où irait le cœur des uns et des autres ? Personne ne le saura jamais. Mais une chose est sûre : ni Mozart, ni les autres compositeurs du passé n'auraient composé leurs œuvres de la même façon si leur instrument avait été différent, s'il avait été celui d'aujourd'hui.
Mais en quoi était-il si différent ? En quoi influence-t-il l'écriture du compositeur ? Le piano moderne standardisé comporte-t-il les qualités de tous les pianos anciens ? Est-ce un bien ? Est-ce un mal ? Qui a raison, des tenants des uns et des tenants des autres ? Et est-ce que ces questions ont un sens ? Un voyage à travers les âges du piano, à travers ses qualités gagnées et perdues, à travers ses métamorphoses, voilà à quoi convie ce livre polémique conçu par un des fervents amoureux de cet instrument magique.
 

 

***

           MUSICORA, LE SALON DE LA MUSIQUE CLASSIQUE             

L'éducation musicale est heureux de vous annoncer sa présence au Salon Musicora au Stand B27 les 11/12/13 mai 2012 place de la Bourse, n'hésitez pas à nous solliciter pour des invitations.

Musicora est l’unique rendez-vous réunissant le grand public et les professionnels de la musique classique.

Toute la filière est présente : artistes, spectacle vivant, facture instrumentale, édition, labels, nouvelles technologies, enseignement, médias, institutions, organismes professionnels et fondations musicales.
 
Avec 15 000 visiteurs, plus de 2 000 professionnels attendus,
2500 m2 d’exposition, 2 salles de concerts et un espace dédié aux journées professionnelles,
Devenez vous aussi exposant et dynamisez votre activité en participant à cette grande fête de la musique classique.
 
contact@musicora.com – Tél. 01 45 43 94 29

 

 

***

   

2iOPENservice met en réseau plus de 5 000 adhérents de la CMF avec son concept OPENassos

Le concept OPENassos est un nouveau type de réseau social, développé par la société 2iOPENservice créée par 2 musiciens impliqués dans des associations musicales depuis de nombreuses années.

Il fait appel aux dernières technologies du Web pour que la gestion d'une association musicale soit aussi simple que de surfer sur Internet !

Ce concept a été adopté par la Confédération musicale de France, qui est la plus importante association musicale en France avec plus de 5 000 écoles de musique et autres sociétés musicales... soit des milliers de musiciens !

L'objectif de l'outil est de simplifier la gestion administrative de tous les membres de la fédération, en mettant à leur disposition un outil de gestion et de communication extrêmement performant : de la gestion des adhérents (ou des élèves), au publipostage, en passant par l'édition d'un rapport d'activités et toute l'administration de la structure...

·         Les fédérations (régionales, départementales, etc.) bénéficient du module spécifique ADMINfédé qui met en réseau leurs adhérents directs

·         Les structures musicales adhérentes (chorales, groupes musicaux, écoles de musique, etc.) bénéficient, elles, d'un autre module spécifique INTRAfédé. Les adhérents peuvent ensuite faire évoluer leur module de base INTRAfédé vers des versions plus évoluées en fonction des caractéristiques de leur structure musicale :

·         ADMINassos (+) pour les groupes musicaux

·         MUSassos (+) pour les écoles de musique

 

Sans oublier que chaque structure abonnée bénéficie, quel que soit le module utilisé, d'un site Internet mis à jour automatiquement par certaines données de l'outil de gestion.
L'utilisateur peut, suivant les versions, ajouter très facilement autant de contenus qu'il souhaite grâce à l'interface de Typo3*.

Grâce au site Internet chaque association peut en plus bénéficier de revenus supplémentaires en mettant en valeur ses partenaires.

 

Et pour augmenter la communication des événements des membres de la fédération, tous les évènements sont repris automatiquement sur le site www.openassos.fr et sur la Lettre d'informations musicales qui est envoyée une fois par mois, par email,  aux membres des structures du réseau par département.

 

Pour plus d'informations : http://www.openassos.com  Tél. : 09.72.12.60.23 (prix d'un appel local)

__________

*Typo3 est un CMS (système de gestion de contenu) libre.

 

 

***

 

Passer une publicité. Si vous souhaitez promouvoir votre activité, votre programme éditorial ou votre saison musicale dans L’éducation musicale, dans notre Lettre d’information ou sur notre site Internet, n’hésitez pas à me contacter au 01 53 10 08 18 pour connaître les tarifs publicitaires.

 

Laëtitia Girard.
l.girard@editions-beauchesne.com

 

***

 

Haut

 


Liste des dépositaires Baccalauréat 2012


 

 



[1] Association des professeurs d’Éducation musicale.

[2] Association des professeurs de Musique et musicologie de l’enseignement supérieur.