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Sommaire :
1. L'éditorial de Francis Cousté
: "Musique et cinéma"
2. Informations générales
3. Varia
4. Manifestations et Concerts
5. L'édition musicale
6. Bibliographie
7. CDs et DVDs
8. Comptes rendus de spectacles et concerts
9. Spectacles et saisons lyriques
11. La vie de L’éducation musicale
Abonnez-vous à L'éducation musicale, et l'Encyclo de la musicienne est à vous !
Musique & cinéma
« Le film ne saurait se passer de musique, pas plus
que je ne saurais moi-même me passer de tapisser de papier peint les parties
nues du mur de mon studio. Mais ne me demandez pas de considérer mon
papier peint comme une peinture ou de lui appliquer les canons de l’esthétique »
(Igor Stravinsky, L’écran français,
18 novembre 1947).
Eussiez-vous mille fois raison, cher Igor, contre toute
l’histoire récente du cinématographe – depuis les « murs blanchis à la
chaux » d’un Robert Bresson jusqu’aux déflagrations sonores, quasi
holographiques, de nos derniers blockbusters -, les musiques de films n’en constituent pas moins un irremplaçable outil
pédagogique.
Certes, peu de ces partitions auront accédé au répertoire
des grands orchestres. Rien que de normal si l’on considère que, de par
leurs naturelles segmentations et redondances, elles ne peuvent présenter la cohérence
formelle nécessaire - sauf à être remaniées en suites d’orchestre.
Les musiques de film n’ont-elles d’ailleurs pas, pour les
jeunes, une fonction comparable à celle de la « paralittérature »,
nourriture de leurs premiers imaginaires ? N’est-ce pas dans les
salles obscures qu’ils auront découvert un art autrement élaboré que leurs ordinaires
pâtures musicales ? Formidable tremplin, auquel un enseignant serait
malavisé de ne pas avoir recours…
De cela, témoignent plusieurs des articles inclus dans
« Musique & cinéma, I » (L’ÉM,
n°560), « Musique & cinéma, II » (L’ÉM, n°561). Sans préjudice d’un probable « Musique
& cinéma, III »… Que soit ici spécialement remercié
Frédéric Gimello-Mesplomb, enseignant à l’Université de Metz et à Sciences-Po Paris
(http://fgimello.free.fr) qui, plus que
tout autre, aura œuvré à l’élaboration du présent dossier.
Francis B. Cousté
Haut
BOEN n°17 du 23 avril 2009. Baccalauréat technologique
« Techniques de la musique et de la danse ». Liste des
morceaux imposés pour l’épreuve d’exécution instrumentale et l’épreuve
électroacoustique de la session 2009 du baccalauréat.
Le Bulletin officiel de l’Éducation nationale est
librement consultable sur :
www.education.gouv.fr/pid285/le-bulletin-officiel.html
28e Fête
de la Musique. Sur
le thème « 50 ans de chanson
française », elle se déroulera le dimanche 21 juin 2009. Renseignements : www.fetedelamusique.culture.fr
Le compositeur Steve
Reich [notre photo] a remporté, pour Double Sextet, le Prix
Pulitzer 2009, d’un montant de 10 000 dollars. Informations : www.pulitzer.org
©Aubrey Edwards
« Musique et
complexité »,
autour d’Edgar Morin & Jean-Claude Risset. Les fichiers sonores &
visuels des conférences et débats de ce colloque, qui s’est tenu à Paris en
décembre 2008, sont désormais accessibles sur :
www.cdmc.asso.fr/fr/ressources/conferences/enregistrements/musique_complexite ou sur : www.mcxapc.org/docs/ateliers/0903darbon.pdf
« Étude sur
l’éducation artistique ». La synthèse de cette étude - réalisée dans un
cadre non formel, sur le temps péri et extrascolaire – est téléchargeable
sur : www.passeursdeculture.fr/associations-et-education.html
La Chinoise Xian Zhang
(35 ans) vient
d’être choisie pour succéder à Riccardo Chailly, démissionnaire, à la tête de
l’Orchestre symphonique « Giuseppe Verdi » de Milan. C’est la
première fois qu’une femme accède, en Italie, à une telle fonction.
©Rosalie O’Connor
Les « États
généraux des musiques du monde » se tiendront les 11 et 12 septembre 2009, à
Sciences Po (27, rue Saint-Guillaume, Paris VIIe).
Objectif : établir un état des lieux et dégager des actions pour
l’avenir. Peuvent être adressés, jusqu’au 30 juin 2009 : articles,
prises de position ou témoignages. Renseignements : 01 48 13 16
04.
Depuis la
Bibliothèque publique d’information (BPI) du Centre Pompidou, il est désormais loisible d’accéder, en ligne, à la Médiathèque de la
Cité de la musique, soit : 1 100 concerts audio, 170 concerts vidéo,
120 conférences, 210 documentaires, 200 dossiers pédagogiques, 21 guides
d’écoute interactifs, 15 000 photos des instruments du Musée. Renseignements : 01 44 78 12 33. www.bpi.fr
©Centre Pompidou
Ensemble
Intercontemporain. De mai à août 2009, l’EIC, dir. Susanna Mälkki [notre photo], se
produira à : Helsinki, Lucerne, Luxembourg, Lyon/Fourvière, Madrid, Milan,
New York, Valenciennes et… Paris. Renseignements : 01 44 84 44
53. www.ensembleinter.com
©Anna Hult
Cité de la musique & Salle Pleyel dédieront leur saison 2009-2010 à sept grandes
figures : Sidi Larbi Cherkaoui (chorégraphe
belge associé au groupe vocal corse A Filetta), Miles Davis (50e anniversaire de la sortie de l’album
« Kind of Blue »), Frédéric
Chopin (bicentenaire de la naissance en 2010), Laurie Anderson (tours de passe-passe, ventriloquie, programmes
informatiques, projections en trois dimensions), Simon Rattle (Berliner Philharmoniker), Michel Tabachnik (Brussels Philharmonic), Air (musique électronique par deux jeunes Versaillais). Salle
Pleyel : 01 42 56 13 13. www.sallepleyel.fr. Cité
de la musique : 01 44
84 44 84. www.citedelamusique.fr
©Cité de la musique
L’opéra Don Giovanni de Mozart devrait être diffusé (en 3D et son
spatialisé) le 2 juin 2009, à 20h, en direct de l’Opéra de Rennes - à la
télévision, sur Internet, à la radio et en plein air. « Première
mondiale », selon les promoteurs de l’opération…
Nos cousins québecois : www.fameq.org
Un harmonium protégé
au titre des Monuments historiques. C’est une première : l’instrument de l’église
de Belleydoux (Ain), datant de 1865, a été inscrit fin 2008 à l’inventaire supplémentaire
de cet organisme. Renseignements : Fédération
française des amis de l’harmonium (FFAH). Tél. : 04 50 66 17 37. lemoinejb@wanadoo.fr
Belleydoux ©DR
Auditorium du Louvre 2009-2010 : Sept cycles de concerts (Musique de chambre/
Concerts du jeudi/ Piano solo/ (œuvre)²/ Ensembles vocaux/ Grands classiques/
Musique ottomane) ; Cycle alliant images en mouvement & musiques
actuelles ; Cycle de musique filmée ; Umberto Eco, invité ; Cycle
en liaison avec l’exposition « Sainte Russie » ; Biennale
« Classique en images ». Renseignements : 01 40 20 55
55. www.louvre.fr ou auditorium@louvre.fr
©RMN/Arnaudet
Les arts à
l’université.
Dès la Licence 1re année, une trentaine de parcours sont proposés
dans dix universités. Nombre de candidatures de lycéens :
Arts plastiques : 1 633 candidats (26%
d’admis)
Arts du spectacle : 1 945 candidats (47%
d’admis)
Médiation culturelle, à Paris III : 1 700
candidats (18% d’admis)
Musique : 330 candidats (87%
d’admis)
Cinéma : 273 candidats (pour 60
places à Paris I)
Frédéric Chambert [notre
photo] succèdera à
Nicolas Joel, en 2009-2010, à la tête du Capitole de Toulouse. Eu égard à
la nécessaire rénovation des planchers de cette prestigieuse salle, la saison
se déroulera hors les murs. Mais le programme n’en demeure pas moins fort
alléchant : Simon Boccanegra (Verdi), Iolanta (Tchaïkovski), Erwartung et Pierrot lunaire (Schönberg), Dialogue
des Carmélites et La Voix humaine (Poulenc), Elektra (Strauss), La Flûte enchantée (Mozart), Le Voyage à Reims (Rossini), King Arthur (Purcell), Euryanthe (Weber)… Renseignements : 05
61 33 13 13. www.theatre-du-capitole.org
©Patrice Nin
Musique totalement
interdite dans la vallée pakistanaise de Swat. À titre d’exemple, les
talibans ont assassiné à Mingora, le 2 janvier 2009, la célèbre danseuse et
chanteuse Shabana [notre photo] et exposé son cadavre sur Green Square. Renseignements : www.freemuse.org/sw33496.asp
©DR
Le réalisateur
argentin José Luis Castiñeira de Dios vient de présenter son film Manuel de Falla, músico de dos mundos, où est notamment relaté
l’exil du compositeur en Argentine, de 1937 à sa mort en 1946. Renseignements : www.imdb.com/title/tt1220570
Photo du tournage
©DR
***
Haut
L’Orchestre national
d’Île-de-France développera,
en 2009-2010, ses actions éducatives & culturelles : Voyage d’automne (Weber, Chopin,
Schubert), Le Carnaval des animaux (Saint-Saëns, Ravel), Feux d’artifice (J.-Chr. Bach, Haydn, Mozart), Vive
la Machine-à-rire (L.C. Tugi + troupe), La Gaîté lyrique (Offenbach), Peer
Gynt (Grieg), Parfums andalous (Ravel, Lalo, Falla), Messe en ut
(Mozart), Couleurs rhénanes (Brahms,
Schumann), Le Clavier fantastique (Graciane Finzi), Titan (Barber,
Bruch, Mahler), Piano vivace (Beethoven, Mozart), Chère Russie (Borodine, Tchaïkovski, Moussorgski)… Renseignements : 01
41 7903 43. www.orchestre-ile.com
Hommage à Michael
Brecker, saxophoniste fusion (1949-2007). Entouré du Big Band de David
Grusin, un bel extrait de West Side Story :
« Something’s coming »…
www.youtube.com/watch?gl=FR&hl=fr&v=x_sVUoYJxfo&feature=related
©DR
« Les Musiques », festival
international des musiques d’aujourd’hui, se déroulera à Marseille, du 6 au 26
mai 2009. Plus de 80 œuvres, 11 créations, 83 compositeurs,
chorégraphes, auteurs & metteurs en scène. Ensembles instrumentaux à effectifs
multiples : orchestre philharmonique, quatuor à cordes, ensemble de
percussions, solos et solistes. Danseurs et chorégraphes, théâtre
musical, technologies multimédia… Renseignements : www.gmem.org
À Jean Guillou. En hommage à l’éminent
compositeur, improvisateur et interprète, a été créée l’association Augure [AUtour
de Jean GUillou
pour le Rayonnement
de ses Enregistrements
et écrits]. Renseignements : www.augure-autourdejeanguillou.org
©Philippe Ponçon
« Carrefour de
Lodéon », rendez-vous
musical classique de France Inter (de 16h05 à 17h, du lundi au vendredi), n’a
pas gagné moins de 176 000 auditeurs depuis novembre-décembre 2008.
Avec ses 696 000 auditeurs d’audience cumulée, cette émission devance, à
cet horaire, Fun Radio, Nostalgie, RMC, Skyrock, Chérie FM…
« Allemagne-France,
Musique sans frontière », tel est l’intitulé du 57e Festival de musique
de chambre de Colmar qui se déroulera du 20 au 24 mai 2009. Œuvres de
Mozart, Ravel, Bach, Fauré, Wagner, Debussy, Beethoven, Couperin, Stockhausen,
Saint-Saëns… Renseignements : 3, rue des Unterlinden, 68000
Colmar. Tél. : 03 89 41 71 43. www.les-musicales.com
« Les Musicales
de Bagatelle » se
dérouleront, du 21 au 24 mai 2009, dans l’Orangerie du Parc de Bagatelle (Bois
de Boulogne, allée de Longchamp, Paris XVIe). Ce festival printanier
réunira, lors de six concerts, toute une nouvelle génération de virtuoses – sous
le parrainage de l’altiste Bruno Pasquier, de la violoncelliste Emmanuelle
Bertrand, du violoniste Svetlin Roussev, de la pianiste Vanessa Wagner, du
guitariste Emmanuel Rossfelder et de la pianiste Delphine Bardin. Renseignements : 01 45 43 79 37. www.lesmusicalesdebagatelle.com
© Orangerie
Pratiques
culturelles des jeunes. Selon un sondage pratiqué, fin 2008, par l’association
Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), auprès de 7 433 jeunes Français âgés
de 13 à 30 ans, plus de 51,3 % d’entre eux disent ne s’intéresser ni au
musée, ni au théâtre, ni à l’opéra. Ils ne sont que 12,49 % à se
consacrer régulièrement à la lecture, 9,88 % à des activités artistiques
ou manuelles et 7,87 % à aller périodiquement au concert. Seul
rescapé de ce désastre culturel : le cinéma, plébiscité par 94 % des
sondés. Renseignements : www.joc.asso.fr
Théâtre des
Bouffes-du-Nord. Lundi 18 mai :
Dvořák, Martinů, Smetana, par le Quatuor Pražák. Lundi 8
juin : Schubert, Beethoven, par le Quatuor Belcea. Lundi 15
juin : Mozart, Brahms, Lutoslawski, par Charlotte Bonneton (violon) et
Vincent Coq (piano). Renseignements : 37bis, bd de la Chapelle, Paris Xe.
Tél. : 01 46 07 34 50. www.bouffesdunord.com
©Bouffes-du-Nord
Alessandro Baricco,
romancier et musicologue italien [notre photo] : « Assez d’argent public pour
le théâtre, concentrez-vous sur l’école et la télévision. Arrêtez les
colloques et songez à bâtir une nouvelle génération d’enseignants formés et
bien payés. […] Abandonnez les concerts de musique de chambre et, avec l’argent
économisé, permettons-nous une soirée de télévision par semaine qui ne soit pas
esclave de l’Audimat. […] Que les fonds publics servent à une chose
fondamentale, une chose que le marché ne sait pas et ne veut pas faire :
former un public moderne et cultivé. La fonction publique doit revenir à
sa vocation première : l’alphabétisation » (La Repubblica, 24 février 2009).
©Chico De Luigi
Maison de l’Amérique
latine. Mardi
26 mai, de 21h à 23h : Cuarteto
Yaravi [notre photo]. Jeudi 11 juin, à 18h30 : Tribune de la musique et du spectacle (entrée libre). Vendredi
12 juin, de 21h à 23h : Brésil-Argentine /
Rythmes et passions. Renseignements : 217, bd Saint
Germain, Paris VIIe. Tél. : 01 49 54 75 00. http://culturel.mal217.org
©DR
Festival
« Musiques et instruments rares ». Du 4 au 13 juin 2009, à
Évian-les-Bains [notre photo], Lugrin et Amphion. Renseignements : 04
50 75 04 26. www.musiquesraresevian.fr
©DR
Colloque « Regards
de la presse sur l’état de la musique en France », le jeudi 4 juin 2009 (de 14h à
18h). Conservatoire Hector-Berlioz : 6, rue Pierre-Bullet, Paris Xe (derrière la mairie de l’arrondissement). M° Château-d’Eau ou
Jacques-Bonsergent. Intervenants : journalistes de plusieurs
quotidiens français, de la presse spécialisée (Jacques Doucelin, Claude Samuel,
Philippe Thanh, Jacqueline Thuilleux…) et de Radio France. Modérateur :
Gérard Streletski, département Musique & Musicologie de l’Université
Lumière/Lyon II. Entrée libre.
Conservatoire
Hector-Berlioz. ©DR
Festival du
Chablisien 2009, 6e saison. Du 5 au 14 juin 2009, sous la direction de
Jean-Michel Costal & Mario Hacquard : musiques classique, ancienne et
médiévale, musiques du monde, jazz, concerts-lecture et… dégustation de vins de
Chablis. Renseignements : 03 86 42 80 80. www.festival.onlc.fr ou http://hacquard.onlc.fr
Le Festival Agora, « Sentiers qui bifurquent », se déroulera du 8 au 19 juin 2009 sur divers sites parisiens. Spectacles,
concerts, rencontres, cinéma… Renseignements : Ircam – 1,
place Igor-Stravinsky, Paris IVe. Tél. : 01 44 78 48 16. www.ircam.fr
©Élise Maillard
Musity, the
musicians’ community. Il s’agit là d’un nouveau site communautaire centré sur les musiques
populaires & leurs pratiques : pédagogie, communauté, échanges. Renseignements : www.musity.fr
Libre de toute publicité :
http://link.brightcove.com/services/player/bcpid1785324681?bclid=1338935106&bctid=1913313052
Le Centre européen
d’art polyphonique organise
un « Stage d’interprétation vocale et de direction de chœur, de solistes
et quatuor vocal », du samedi 4 au mercredi 8 juillet 2009. Conservatoire
du Centre de Paris (M° Châtelet/Les Halles). Sous la direction de
Philippe Caillard (chef de chœur, quinze fois « Grand Prix du
disque ») [notre photo], Denis Rouger (professeur de direction de chœur à
la Sorbonne) et Ariel Alonso (professeur de direction de chœur au CNR de
Créteil). Ateliers de niveaux : initiation, perfectionnement,
professionnel. Renseignements : 06 87 34 44
25. www.caillard-edition.com
Le « Festival
de Radio France & Montpellier Languedoc-Roussillon » déroulera sa 25e édition du 13 au 31 juillet 2009. Conférences/ Jeunes solistes/ Films
Sacem/ Rendez-vous de 18h/ Soirées/ Musiques dans 30 villes de l’agglomération/
Festival en région Languedoc-Roussillon/ Soirées jazz… Renseignements : 04 67 02 02 01. www.festivalradiofrancemontpellier.com
19es Rencontres internationales du Thoronet (20-26 juillet 2009) & Académie de
Musique ancienne (16-25 août 2009). Thème de l’édition 2009 : En son temple sacré. Direction artistique :
Dominique Vellard. Renseignements : 04 94 60 10
94. www.musiquemedievalethoronet.fr
La 19e édition du Festival « Sinfonia en Périgord », Musiques baroques en liberté, se déroulera
du 22 au 30 août 2009. Renseignements : 05 53 09 51
30. www.sinfonia-en-perigord.com
Un stage de Chant
& Gestuelle baroques [organisé par « La Compagnie Baroque/Michel Verschaeve »] se
déroulera au Château de Fontainebleau, du 24 au 29 août 2009. Renseignements : La Compagnie Baroque. « Les Puits de la Reine » - 3, rue
Pottier, 78150 Le Chesnay. Tél. : 01 39 55 10 62. www.compagniebaroque.fr
©Compagnie baroque
Youri Kasparov, « le
passeur » : www.youtube.com/watch?v=ZsY5ceCsxDw
©Olivier Thepot
Le Festival Acanthes se déroulera à
Metz, du 2 au 16 juillet 2009. Autour des compositeurs : Hugues
Dufourt, Ivan Fedele et Bruno Mantovani. Avec notamment : Donatienne
Michel-Dansac, Silva Costanzo et Mario Caroli, les Neue Vocalsolisten +
Sylvio Gualda, percussionniste, et l’Orchestre national de Lorraine (dir.
Jacques Mercier & Jean Deroyer). Renseignements : 01 40 33 45
35. www.acanthes.com
Le 25e Festival de Saint-Riquier, Festival d’été du nord de la
France, se
déroulera du 9 au 19 juillet 2009. Avec le concours, notamment, de :
Pierre Amoyal, Jean-Philippe Courtis, Cyprien Katsaris, Laurent Korcia, Naji
Hakim, Michel Portal, Henri Demarquette… Renseignements : 03 22 71 82
10. www.festival-de-saint-riquier.fr
©Saint-Riquier
Selon
l’International Federation of Phonographic Industry (IFPI) :
En 2008, les ventes de musique enregistrée (physique et
numérique) se sont élevées, dans le monde, à 18,4 milliards de dollars (14,2
milliards d’euros). La musique numérique a représenté 20 % du total
des ventes (3,7 milliards de dollars), en progression de 25 % par
rapport à 2007. Enfin 95 % des titres musicaux téléchargés sur
Internet l’ont été de façon illégale.
©Damien Hirst
Le 38e Festival de Saintes célèbrera, du 10 au 19 juillet 2009, notamment : Haendel (Anthems), Haydn (Quatuors et trios) et
Mendelssohn (Symphonies, Elias). Renseignements : www.abbayeauxdames.org/fr/festival_de_saintes
Le 43e Festival de La Chaise-Dieu se déroulera du 19 au 30 août 2009. Au programme : Hommage
à Haendel, Haydn & Mendelssohn, 3e volet du cycle Beethoven,
re-création du Requiem de Zelenka, Symphonie des Mille de Mahler, Requiem de Verdi, Così fan tutte de Mozart (version de concert), etc. Renseignements : 04 71 09 48 28. www.chaise-dieu.com
La 3e édition du « Grafenegg Music Festival » se déroulera, sous la direction
artistique du pianiste Rudolf Buchbinder, du 20 août au 6 septembre 2009.
Tan Dun, compositeur en résidence. Tonkünstler, orchestre en
résidence. Se produiront notamment : le Mahler Chamber Orchestra
(dir. Jonathan Nott & Matthias Goerne), le Philharmonique de Vienne (dir.
Zubin Mehta), le London Symphony Orchestra (dir. Sir Colin Davis), le Royal
Stockholm Philharmonic (dir. Sakari Oramo), l’Orchestre du Festival de Budapest
(dir. Iván Fischer), le Philharmonia Orchestra (dir. Esa-Pekka Salonen) et The
Orchestra of the Age of Enlightenment (dir. Sir Roger Norrington). Parmi
les solistes : Lang Lang, Janine Jansen, Andreas Scholl, Joseph Calleja,
Ferruccio Furlanetto… Renseignements : +44 20 7700
5959. www.grafenegg.at
©Imagno Gerhard
Le 9e Concours international Rostropovitch se déroulera, à Paris, du 27 octobre au 8 novembre
2009. Il est ouvert aux violoncellistes de toutes nationalités, nés après
le 27 octobre 1979. Renseignements : 01 40 33 45
35. www.civp.com
***
Haut
Musée d’ethnographie
de Genève (MEG) : « Collecter, conserver et diffuser les musiques du monde »,
telle est la vocation des Archives internationales de musique populaire (AIMP).
Présenté dans l’exposition sonore L’air
du temps (ouverte jusqu’au
30 décembre 2009
), le Fonds Constantin
Brăiloiu, totalisant 3 028 morceaux de musique du monde entier,
datant de 1913 à 1958 (plus de 16 000 heures de musique), est en outre
disponible sur Internet. Renseignements :
+41
(0)22 418 45 50
. www.ville-ge.ch/meg
©MEG
L’Ensemble orchestral Stringendo,
dir. Jean Thorel, donnera
le dimanche
10 mai 2009
, à
15h,
au Musée Carnavalet (23, rue de
Sévigné, Paris, IIIe), un programme intitulé « Anniversaires et
fugues » : Ricercare a 6 (Bach), Funeral Anthem on the death of
Queen Caroline (Haendel), E si
fussi pisci (Berio), Pater noster (Vasks). Avec le concours de l’Ensemble vocal Stona Trilla. Renseignements :
01 40 44 62 17
.
Auditorium du musée
Guimet. Le
vendredi 15 mai, à 20h30, se produira Trivandrum Venkataram, chant & vina
(Inde du Sud) [notre photo], accompagné par Karaikudi Krishnamurthy
(mridangam), A.K.S. Murali (ghatam) et Anandi Roy (tanpura). Renseignements : 01 40 73 88 18. www.guimet.fr/-auditorium-
©DR
« Homo
Loquax ».
Le samedi 16 mai 2009, à 11h, sera donné en création mondiale : Homo Loquax ou « La parole surgit
des glaces » de Pascal Ducourtioux. Radio France, salle
Olivier-Messiaen. Récitante & texte : la navigatrice Isabelle
Autissier [notre photo]. Récitant : Rui Angelo. Musiciens de
l’Orchestre philharmonique de Radio France, dir. Hélène Bouchez. Pour
public familial. Ce concert sera diffusé sur France Musique, le
mercredi 27 mai 2009, à 14h30.
©DR
Bobby McFerrin (and friends), le retour ! Le grand vocaliste se produira à
Paris, les 23, 24 et
26 mai 2009
, au Théâtre du Châtelet. Renseignements :
01 40 28 28 40
? www.chatelet-theatre.com
©Stephen Cohen
Musique en
Sorbonne : Stabat Mater de Dvořák, les mardi 26 et
mercredi 27 mai 2009, à 20h30, en le Grand Amphithéâtre. Aurélia Legay
(soprano), Delphine Haidan (mezzo), Pierre Vaello (ténor), Alain Buet
(basse). Grand Chœur de l’UFR de Musicologie, Chœur et Orchestre de
Paris-Sorbonne (chef de chœur : Denis Rouger), dir. Johan Farjot. Renseignements : 01 42 62 71 71. www.musiqueensorbonne.fr
L’Ensemble vocal
Sequenza 9.3 (dir. Catherine Simonpietri) donnera, le mercredi 27 mai 2009 à 20h, en le Salon
d’honneur de l’Hôtel de Ville de Pantin (93), une sélection de mélodies de
Duparc, Chausson, Fauré, Ravel et Debussy - relues pour 12 voix solistes par
des compositeurs d’aujourd’hui : Didier Louis, Anthony Girard, Bertrand
Peigné, Bruno Kerhoas, Philippe Hersant, Olivier Kaspar. Renseignements : 06 08 26 89 70. www.sequenza93.org
Fête de la Danse ! À Paris, le dimanche
7 juin 2009. Renseignements : www.entrezdansladanse.fr
7e Printemps musical du Pecq. Jeudi
21 mai 2009
, 20h45 :
« Pianissimo ! » En 1re partie : œuvres de
Chopin, par Hakim Bentchouala-Golobitch, piano. En 2de partie : Sonate pour violoncelle & piano en sol mineur op.19 de Sergueï Rachmaninov,
par Fabrice Loyal, violoncelle [notre photo] & Denis Pascal, piano. Renseignements : 3, quai Voltaire,
78230
Le Pecq. Tél. :
01 30 61
21 21
. www.myspace.com/printempsmusical
© DR
« L’Eau vive » œuvre d’Olivier Calmel sera créée le samedi 27 juin, à
20h30, en la Salle Jacques-Brel de Pantin (42, avenue Édouard-Vaillant, 93500
Pantin). Au même programme, œuvres de J. Barry, H. Berlioz et
C. Korea. Orchestre d’Harmonie de Pantin, dir. Laurent Langard &
Guy Dumont. Entrée libre. Renseignements : www.oliviercalmel.com
Le Trio à cordes
Kovacic-Dann-Karttunen [notre photo] se produira à l’Institut finlandais, le samedi 27 juin
2009, à 20h. Au programme : Trio
à cordes (1927) du Finlandais Erkki Melartin / Passacaglia et Fugue (1944) du Tchéque Hans Krása / Parvula Corona Musicalis (1946) de
l’Autrichien Ernst Křenek / Trio
D. 581 (1817) de Franz Schubert. Renseignements : 60,
rue des Écoles, Paris Ve. Tél. : 01 40 51 89 09. www.institut-finlandais.asso.fr
©Loie Fallis
« Parole perdue », drame acousmatique de Jean
Vermeil (livret & dramaturgie) [notre photo] et Daniel Teruggi (musique
acousmatique), sera donné en création mondiale les lundi 20 et mercredi 22
juillet 2009, à 20h, dans le cadre du « Festival de Radio France et
Montpellier Languedoc-Roussillon », au Théâtre des Treize Vents.
Avec Guillaume Depardieu (voix enregistrée) et Emmanuelle Laborit
(comédienne). Mise en scène : Jean-Claude Fall. Entrée
libre. Renseignements : http://www.festivalradiofrancemontpellier.com/2009/20-22-parole-perdue-teruggi-fall-laborit-depardieu.php
©DR
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CLAVIER
Marie-Virginie
DELORME : Quatre Pièces pour clavier
dans le style baroque sopra i pedali o senza. Préface de Jacques Pichard. Voix
Nouvelles (info@voix-nouvelles.com).
26 p.
Ces quatre pièces ont d’abord une finalité
didactique. Elles s’imposent par leur écriture claire, leur logique interne,
leur difficulté moyenne, et rendront de grands services aux organistes, avant
d’aborder les œuvres des grands maîtres d’Allemagne du Nord. Elles représentent
une excellente initiation technique au solo de pédale, un peu à la manière de
J. P. Sweelinck, avec jeu polyphonique aux claviers ; au style fugué à
deux voix (sans pédale). S’inscrivant dans le cadre d’un Prix d’écriture
(DNEMS) du Conservatoire de Lyon, elles prouvent aussi l’excellent sens
pédagogique de M.-V. Delorme et « révèlent sa passion sincère pour le
répertoire baroque »
Nikolaï MiaSkovski : Sonate n°3, op.19 : PN 4540, 23 p. / Sonate n°4, op. 27 : PN 4541,
48 p. Les Éditions du Chant du Monde (cdm@lechantdumonde.com).
Dans leur collection « 20e siècle »,
les Éditions du Chant du Monde poursuivent la publication des Sonates de Nikolaï Miaskovski, né en
1881 près de Varsovie, et mort en 1950 à Moscou. Après des études au
Conservatoire de St-Petersbourg, il a été professeur de composition à celui de
Moscou, de 1921 à sa mort. La Sonate
n°3, op.19 (extraite de ses 9 Sonates) est destinée à des pianistes
chevronnés, tant pour sa difficulté de lecture que ses traquenards techniques,
et son caractère brusquement contrasté, tour à tour agité, pesant, affectueux,
réclamant un jeu égal dans les répliques entre les deux mains, le tout dans un
déferlement de doubles croches, sextolets, triples croches, demandant parfois
beaucoup de force dans le jeu. La Sonate
n°4, op.27, de lecture un peu moins complexe que la 3e, fait appel à des substitutions de doigté, exige
beaucoup d’expression et le respect de la dynamique (accélération, ralentissement,
rubato…). La présentation graphique de ces Sonates est excellente.
Édith Weber
FORMATION MUSICALE
Marie-Alice
CHARRITAT : Musique… et vous. Formation
musicale pour adultes. 1 vol. 1 CD. Lemoine : HL 28722.
Comment ne pas se réjouir de voir arriver un volume
consacré à la formation musicale des adultes débutants ? On dispose en
effet de fort peu d’outils convaincants en ce domaine. Cet ouvrage couvre
l’ensemble des besoins que rencontre le professeur voulant initier des adultes
à la pratique de la musique. Divisé en « matières », il permet une
adaptation souple à chaque cas et s’applique aussi bien à l’apprentissage
individuel qu’au travail en groupe. Lecture de notes parlées, lecture de
rythmes, mélanges rythmes et notes parlées, audition et lecture chantée et
l’indispensable théorie : tout s’y trouve pour former un corpus utilisable
sur une durée d’environ deux ans, selon le temps que chacun peut y consacrer.
Le découpage en chapitres est logique, mais ne signifie pas « leçons »
à ingurgiter dans un temps donné. C’est ce que permet également la disposition
de l’ouvrage par sections, qui en fait un ouvrage essentiellement modulable. Dans
cet ensemble, on reconnaît la pédagogue et formatrice rompue aux principes de
Maurice Martenot. Le CD, qui ne compte pas moins de 52 plages, permet un
entraînement pas à pas ainsi qu’une découverte du répertoire à travers des
extraits courts mais pertinents. Les corrigés des dictées sont également
fournis. Souhaitons que beaucoup d’adultes trouvent, via ce recueil, le chemin
de la musique.
Frédérique BRUN
& Philippe KHOURY : American
Dream. Une histoire de la musique populaire des USA en 12 chansons.
1 vol. 2 CDs. Lugdivine.
C’est évidemment une gageure que d’écrire une telle
histoire en douze chansons… Et pourtant, le pari est largement tenu. Du gospel
au rap, les principaux genres musicaux sont présentés sous forme de chansons
originales parfaitement écrites et interprétées, dans une double présentation,
anglaise et française. Le livre contient, outre la partition et les paroles
bilingues de chaque chanson, une brève mais pertinente histoire de chacun des
genres représentés. Les CDs contiennent les versions anglaise et française
ainsi que le play-back. On fera une mention spéciale à la présentation, aussi
agréable qu’évocatrice grâce aux illustrations de Marie-Denise Forgeat. Il
faudrait nommer tous les participants à cette remarquable réalisation qui peut
trouver sa place aussi bien dans les écoles et collèges que dans les
conservatoires.
Chantal BOULAY &
Dominique MILLET : A tempo. Cours
complet de Formation musicale, 2e cycle – 1re année.
1 vol. 1 CD. Billaudot : G 8364 B.
Destiné à l’oral, ce recueil comprend chant, commentaire
d’écoute, lecture de notes et de rythmes, théorie/analyse. D’autres volumes
complètent l’ensemble pour l’écrit. Le grand intérêt de ces ouvrages est de ne
pas être une formule « clé en main » mais de permettre à chaque
professeur, à partir des éléments fournis, de construire son propre cours de
Formation musicale. L’ensemble est clair, les exercices et extraits musicaux,
fort pertinents. Bref, il s’agit d’un ensemble de qualité.
Agnès
MABIRE-BEX : L’oreille à l’écoute. Comprendre
le langage musical. Vol. 2.
Milieu du 2e cycle. Billaudot : G 8323 B.
Dans la Lettre n°23 de novembre 2008, nous avions rendu
compte du premier volume de ce remarquable travail. Le deuxième volume est tout
aussi remarquable : il s’agit de nouveau d’un travail de relevé et
d’analyse portant sur onze œuvres présentées par ordre chronologique. Le CD,
enregistré spécialement pour l’ouvrage, est de grande qualité. Le volume
contient tous les fascicules nécessaires à la mise en œuvre ainsi que des
corrigés très développés. Il peut ainsi concerner aussi bien les élèves de
Formation musicale que les étudiants en musicologie, ou tout simplement les
amateurs désirant approfondir leur travail et leur découverte de la musique.
Thierry
VAILLOT : L’Harmonie pour tous. Avec
la collaboration de Patrick Larbier. 1 vol. 1 CD. HL Music :
28291 H.L.
Le sous titre est : « Jazz et musiques
populaires. Analyse de thèmes de Brad Mehldau, Serge Gainsbourg, Billy
Strayhorn, plus thèmes originaux. Réalisation au piano. Entraînement de
l’oreille. » Qu’on ne s’y trompe pas : il n’y a, dans cette
présentation de l’harmonie essentiellement pratique, aucune concession à la
facilité. Simplement la présentation est toujours claire et concrète, les
exemples et exercices soigneusement enregistrés au piano et présentés sur le CD
qui ne compte pas moins de 99 plages… Aucun aspect n’est négligé, des
cadences les plus simples aux accords de quatre sons avec enrichissements, en
passant par les divers modes. Un ouvrage sans concession mais qui devrait
donner beaucoup de plaisir : le préfacier indique que « l’harmonie a
de nombreux points avec l’art culinaire : ce n’est pas un hasard si les
musiciens sont généralement amateurs de bonne chère et de vins fins. » Les
recettes de Thierry Vaillot sont celles d’un grand « chef » !
PIANO
Edwin
ROXBURGH : Hommage à Debussy. 1. Jardin sous la Neige. 2. L’Isle enchantée, pour piano à quatre mains.
United Music. Distrib. Leduc.
En fait, il s’agit d’une suite de trois morceaux dont le
troisième, Reflets dans la glace, est
publié séparément. Voici ce que l’auteur dit, lui-même, de son œuvre : « Bien
que les figurations aient une référence à la musique de Debussy, les aspects
harmoniques sont transformés en un langage musical différent ».
Felix
MENDELSSOHN-BARTHOLDY : Variations
pour piano. Édition par Holger M. Dtüwe, doigtés de Matthias Kirschnereit.
Urtext . Bärenreiter : BA 9082.
Ce volume contient les 17
variations sérieuses op.54, l’Andante
und Variationen op.82 en deux versions : l’une reproduisant la
première édition (1850), l’autre d’après l’autographe (1841), et l’Andante und variationen op.83. Figurent
également des versions anciennes de certaines variations de l’op.54, ainsi que
d’autres versions de certaines autres variations. On voit la richesse et
l’exhaustivité de cette édition, précédée comme il se doit d’une préface très
détaillée et de notes critiques fort nombreuses. C’est donc, à la fois, une
édition de travail et une édition musicologique permettant de suivre la genèse
de ces œuvres si importantes.
HARPE
Nehama RUBEN : Rhapsodie Ivria, pour harpe.
Combre : C06589.
Cette pièce difficile (fin de 2e cycle) est,
bien entendu, marquée par la musique juive. Il s’agit d’une œuvre variée, d’une
grande beauté, qui emporte l’auditeur vers de lointains paysages.
ALTO
François
COUPERIN : Musette et Gavotte. Transcription
pour alto par François Méreaux. Lafitan : P.L. 1889.
Ces transcriptions faciles où les ornements sont notés en
notes réelles sont une excellente initiation à cette musique si agréable et si peu
connue des élèves.
VIOLONCELLE
François
BOCQUELET : Air ancien pour violoncelle
& piano. Lafitan : P.L. 1890.
Voici une pièce écrite quasiment en mode de ré. De niveau facile, elle peut
permettre de sensibiliser les élèves, tant le pianiste que le violoncelliste, à
ce type d’écriture, tout en leur donnant à jouer une œuvre qui devrait les
séduire par une mélodie simple et attachante.
Jean-Michel
TROTOUX : Mélodie pour
violoncelle & piano. Lafitan : P.L. 1904.
Cette pièce de niveau débutant, dont l’accompagnement se
révèle aussi très simple, peut être l’occasion d’initier deux jeunes élèves aux
joies de la musique de chambre. Mais simplicité technique ne signifie nullement
pauvreté musicale, et on peut moduler harmonieusement et simplement. C’est en
fait un fort joli morceau.
CLARINETTE
Marco PÜTZ : Song & Dance pour clarinette sib & piano. Combre : C06601.
Ces deux pièces pour la fin du 1er cycle sont
très variées et dynamiques. L’écriture modale ajoute à leur charme.
BASSON
Lucie
ROBERT-DIESSEL : Refrains. Neuf
pièces pour deux bassons. Combre : C06607.
Ces neuf courtes pièces, écrites dans un style faussement
classique, sont techniquement peu difficiles mais constituent un apprentissage
intéressant à la musique d’ensemble.
SAXOPHONE
Pascal PROUST : Petites histoires d’un vieux prof de sax,
pour saxophone alto & piano. Combre : C06623.
Cette pièce de niveau premier cycle brosse quelques
réjouissants tableautins qui permettent au jeune instrumentiste de déployer
toutes les facettes de son talent. Il s’agit d’une pièce fort agréable et bien
réjouissante !
Mathieu
ALVADO : Rêve d’éléphant, pour
saxophone alto & piano. Delatour : DLT 1635.
Que voilà un joli rêve, plein de charme ! S’il
commence très facilement, il s’anime peu à peu et exige de sérieuses qualités
du jeune instrumentiste. Il faudra qu’il allie tendresse et vélocité. De même
pour le pianiste : la partition s’adresse à un élève très avancé ou à
l’accompagnateur maison…
TROMPETTE
Patrick
MANCONE : Marche du pantin, pour
trompette & piano. Combre : C06556.
Écrite pour le 1er cycle, 3e année,
cette Marche du pantin possède un
caractère tragique qu’on n’attendrait pas forcément. Les harmonies ajoutent au
pathétique du discours, mais avec un goût très sûr. Précisons que la partie de
trompette comporte la version en ut, reproduite
sur la partie d’accompagnement, et la version en sib.
Odette
GARTENLAUB : Historiette pour
trompette & piano. Combre : C06631.
C’est toujours un plaisir de retrouver les œuvres d’Odette
Gartenlaub dont on connaît l’engagement au service de la pédagogie tant des
instruments que de la Formation musicale. Mais que cela nous fasse oublier la
compositrice ! Si cette Historiette s’adresse techniquement à des élèves de fin de premier cycle, la musique
proposée est sans concession à la facilité. La beauté d’une œuvre ne tient pas
à sa difficulté technique ! Souhaitons que beaucoup de jeunes
trompettistes découvrent ainsi, à la fois, les joies et les richesses de la
musique.
CHANT CHORAL
Christoph Schönherr : Jazz for Choir. 13 standards de jazz
pour chœur mixte. Gustav Bosse : BE 488.
Ces treize pièces constituent des
« incontournables » du jazz. Fort heureusement, de plus en plus de
chœurs sont suffisamment imprégnés de cette musique pour que des
interprétations intéressantes soient possibles. Toutes comportent en plus les
indications d’accords nécessaires pour un accompagnement. L’interprétation a cappella est cependant possible,
pour certaines pièces, alors que quatre d’entre elles peuvent recevoir un
accompagnement écrit pour piano, disponible séparément. Mais un bon guitariste
de jazz peut tout à fait faire l’affaire. Et pourquoi pas, une contrebasse…
Bref, des pièces qui devraient susciter des initiatives. Sinon, ce ne serait
plus du jazz !
MUSIQUE DE CHAMBRE
Felix
MENDELSSOHN-BARTHOLDY : Sonates pour
violon & piano. Urtext. Bärenreiter : BA 9066.
L’édition des trois Sonates pour violon et piano de
Mendelssohn n’est pas sans poser des problèmes de texte. Disons simplement que
nous avons ici la première véritable édition critique de ces trois œuvres. Il
s’agit d’une édition destinée à la fois aux interprètes et aux étudiants. La
partie de violon est présentée sous deux formes : l’une contient le texte
seul, l’autre contient le texte avec les indications des coups d’archet et
d’interprétation, par le violoniste Takeshi Kiriyama. Une préface très
détaillée ainsi que d’abondantes notes critiques complètent cette monumentale édition.
Wolfgang Amadeus MOZART : Sonate KV292. Adaptation de Jean-Marc Fessard
pour 2 clarinettes basses, ou 2 clarinettes, ou clarinette & clarinette
basse. Delatour : DLT 1576.
Voilà une fidèle adaptation, susceptible de charmer
exécutants aussi bien qu’auditeurs. Le matériel fourni permet sans difficulté
d’exécuter l’œuvre avec les différentes formations proposées.
Max MEREAUX : Ode, pour 4 cors en fa. Delatour : DLT 1605.
Voilà une pièce brève on ne peut plus tonale, facile et
joyeuse. On pense à une sonnerie d’ouverture de festivités. Elle devrait avoir
un large succès !
Johann Christoph Friedrich BACH : Sonata per il flauto, violino e basso. Trio für Clavier mit einer Violine
oder Flöte. « FacsiMusic ». Fuzeau Classique
(Anne Fuzeau Productions) :
50160
.
Cette sonate et ce trio peuvent être également interprétés
par un clavier & une flûte, le clavier jouant alors la partie de violon.
Comme il se doit, il s’agit de la reproduction d’une édition de 1770 qui pourra
donner quelques soucis de lecture et de réalisation, mais on peut s’y adapter
sans trop de difficulté.
Daniel Blackstone
Raymond MESPLÉ
(Coordonné par) : Une année au
concert. Les aventures musicales de Léna et Tom au
cycle 1. Scérén/CRDP-Pays de la Loire. 25 x 19 cm,
110 p, CD-audio. 17 €.
À cet ouvrage, destiné aux enseignants de petite et grande
section de Maternelle, sont associés un CD de 36 extraits musicaux (avec
fiches ad hoc) et 6 lotos sonores permettant d’évaluer, sous forme ludique,
l’acquisition des connaissances. Trente-six extraits (classés par
trimestre : Le monde des animaux/ Le monde des hommes/ Le monde des instruments), permettent la
découverte hebdomadaire de toutes sortes de musiques. Sous trois grandes
rubriques : musiques & activités corporelles, monde sonore &
activités langagières, démarche pédagogique. Un précieux outil pour
nombre d’enseignants peu formés à cette discipline.
Le cabaret en chœur. Volume 1 :
Cycle 3/6e, répertoire pour voix égales. 21 x 29,5 cm,
110 p. avec CD (TT : 59’10). 30 €. Volume 2 :
Collège/lycée, répertoire pour voix égales & voix mixtes. 21 x
29,5 cm, 144 p. avec CD (+ CD de 1h04’). 30 €. Pôle
de ressources « Musique et Danse de Bourgogne », Mission Voix / CRDP
de Bourgogne (www.musique-danse-bourgogne.org).
Sous la responsabilité de Françoise Passaquet (pour la partie
historique et le suivi du projet), avec le concours de Marie-Noëlle Gaillet,
Claire Marchand & Géraldine Toutain (pour la partie pédagogique), voilà une
publication inespérée.
Vous avez dit cabaret ? Est mis ici à la disposition
des enseignants : un historique des chansons de cabaret (depuis Le Procope et Le Caveau), des partitions (chansons harmonisées avec
accompagnement de piano), des CDs (interprétations par un chœur & play-back
pour certains titres), des conseils et séquences pédagogiques, des suggestions
pour diffusion en public. Partitions harmonisées dans le premier
volume : La polka des tortues,
L’hélicon, La maman des poissons, En sortant de l’école, Le cirque, Julie, Le
complexe de la truite. Dans le second volume : Ta Katie t’a quitté, Don Léon, La queue du
chat, À la Saint-Médard, Le poinçonneur des Lilas, Les feuilles mortes, Chanson
sans calcium, Général à vendre, La violoncelliste. Comment se priver
d’un aussi merveilleux outil !
Francis Gérimont
***
Pascal
DUSAPIN : Une musique en train de se
faire. « Librairie du XXIe siècle », Seuil.
208 p., ex. mus., figures, photos, catalogue des œuvres. 18 €.
Suite à son année d’enseignement au Collège de France
(2007), l’énergique et prolifique Pascal Dusapin (°1955) expose dans un premier
livre ses idées sur la composition. Peu soucieux de construction
théorique ou d’analyse (« un artiste authentique ne sait pas »), il
nous fait partager un peu de son « faire », dévoilant quelques
procédures générales ou modèles inspirateurs empruntés aux arts ou aux sciences
(morphogénèse de Thom). Il est ainsi surtout question de forme :
bord, dérivation, courbure, détour, greffe, « hétérogénéité de mouvements
épars et multiples »… Le compositeur, dont la musique est souvent
théâtralement tendue, présente en fin de volume chacun de ses six opéras.
Marcel VAL : Lexique d’acoustique. Architecture,
environnement, musique. « Univers musical »,
L’Harmattan. Schémas, index, bibliographie. 266 p.
25 €.
Rédigé par un
ingénieur acousticien réputé, ce lexique plein d’équations mais teinté d’humour
ou de poésie comblera celles et ceux qui souhaitent approcher une science bien
complexe dont la musique est « partie intégrante ».
Jazz me blues. Anthologie
proposée par Jean-Paul Gratias. Moisson rouge (www.moisson-rouge.fr). 384 p.,
18 €.
« Tout d’abord
la mélodie s’est perdue. Puis tout s’est perdu tandis que l’instrument
volait. Ce n’était pas seulement du jazz, mais le cœur du jazz, ses
tripes, arrachées avec les racines et à la vue de tout le monde »
(C. Beaumont). 14 nouvelles autour du jazz et du blues, dont la
moitié inédites. 14 nouvelles bien noires, bien poisseuses, mais
avec des moments de grâce, entre Paris, Londres, L.A. ou N.Y. Par, entre
autres, D. Grubb, M. Boujut ou L. de Wilde, habituellement
derrière un piano.
Paul Gontcharoff
Hector
BERLIOZ : Critique musicale. Vol. 6 (1845-1848). Édition
critique par Anne Bongrain & Marie-Hélène Coudroy-Saghaï. Buchet/Chastel,
2008. XX-543 p. 49 €.
Pour la période considérée, Berlioz est au faîte de son
activité professionnelle et voyage beaucoup, surtout pour diriger et faire
connaître ses œuvres, tant en France (Lille, Lyon, Marseille) qu'à l'étranger
(surtout Vienne, Pest, Prague, Saint-Pétersbourg, Moscou et Berlin). Plusieurs
articles – intitulés « Voyage musical » – décrivent la
situation musicale dans ces différentes villes. Berlioz voit de nombreuses
œuvres lyriques : il assiste à la création d'une douzaine
d'opéras-comiques, écoute plusieurs opéras et rend compte, souvent de manière
fort détaillée, des œuvres entendues, en particulier en décrivant de façon très
circonstanciée le contenu des livrets. Il est, entre autres, d'un enthousiasme
débordant pour Le Val d'Andorre d'Halévy. Mais il n'oublie pas les
interprètes, les chanteurs Duprez, Jenny Lind, Julie Dorus-Gras, les pianistes
Thalberg, Liszt, Léopold de Meyer, la jeune Sophie Bohrer, et bien d'autres
encore. Il s'intéresse aux créations d'instruments nouveaux par Adolphe Sax et
à l'enseignement dans les diverses classes du Conservatoire, où il plaide pour
la création d'une classe de rythme. On reste toujours en admiration
devant le style du compositeur, sa verve, son brio, sa plume alerte, son goût
de l'humour et de la satire, sa vivacité; bref, on assiste à un véritable feu
d'artifice qui rend la lecture extrêmement agréable. Le panorama musical de
l'époque revit sous nos yeux avec beaucoup d'acuité.
Le travail d'édition est remarquable. L'introduction
explicite parfaitement le contenu du livre et les annotations, abondantes et
précises, sont très instructives. On apprécie que les nombreuses citations dont
Berlioz – homme fort cultivé – émaille son discours, soient presque toujours
identifiées. Les résumés clairs et précis de tous les articles en fin de volume
(intitulés « sommaires ») sont un apport précieux et bien utile.
Enfin, un index des noms et un autre des œuvres viennent clore cet excellent
ouvrage.
Serge Gut
Gilles
CANTAGREL : De Schütz à Bach. La musique du Baroque en Allemagne.
Fayard/Mirare. 250 p. 14 €.
D’une plume alerte, dans le style vivant et
avec le sens de la synthèse qu’on lui connaît, Gilles Cantagrel mène ses
lecteurs sur une voie royale allant de Heinrich Schütz (1585-1672) à
Jean-Sébastien Bach, bref sur des chemins qu’il a si souvent parcourus. Le
titre mérite d’être souligné : il s’agit de la « musique du
Baroque » (et non du stéréotype de la « musique baroque »)
implantée en Allemagne après les affres de la Guerre de Trente Ans (1618-1648).
L’auteur fait preuve d’une large ouverture, ne perd jamais de vue les divers
contextes historiques, théologiques, sociologiques, au milieu des polémiques
religieuses de la Réforme et de la Contre-Réforme. Il divise « le
Baroque » en trois âges : premier, médian et tardif jusqu’à la mort
de J. S. Bach (1750), avec l’avènement de l’harmonie tonale. Il souligne
l’apport de Martin Luther : traduction allemande de la Bible, place du
choral, rôle de la Parole ; jette un clin d’œil sur les carrières des musiciens,
l’édition, les recueils, les formes (cantates, passions, opéra spirituel…), la
rhétorique. L’aventure « singulière » du Baroque est illustrée par
une chronologie, l’index des lieux et celui des noms ; elle aboutit à
l’édification d’une Europe musicale : de quoi satisfaire les adeptes du
Baroque les plus exigeants.
Performance(s). Cahiers
d’Ethnomusicologie n°21. Infolio/Ateliers d’ethnomusicologie (editionsinfolio@free.fr), Genève, 2009. 355 p.
Dans l’Université française,
l’ethnomusicologie en tant que discipline à ses débuts dans les années 1950 -
autour de C. Brailoiu, Tran Van Khe, entre autres, lors de réunions à
l’Institut de Musicologie de la Sorbonne, à l’initiative du Professeur Jacques
Chailley - est rapidement devenue une discipline à part entière, comme le
prouvent les nombreux colloques, articles ultérieurs et notamment les Cahiers
d’Ethnomusicologie fondés à Genève, en 1988, dans le cadre des Ateliers
d’Ethnomusicologie, soutenus par la Société Française d’Ethnomusicologie. Ils
s’imposent, à côté de tant de publications anglophones ;
le n°21 ayant pour thème Performance(s), au sens d’exploit,
d’interprétation, d’approches diverses, tient compte à la fois des situations
sociologiques et événementielles et des destinataires : anthropologues,
ethnologues, historiens des sensibilités, musicologues et musiciens… Il
comprend des contributions très variées sur les musiques du monde, des
performances (flamenca), l’art des cantadores brésiliens, des techniques
(art musical, improvisation). Outre les rubriques : livres, CDs, thèses, figurent des entretiens - avec Miriam Rovsing Olsen au
sujet de son expérience en Afrique, Yves Defrance sur l’apport considérable des
recherches de Jean-Michel Guilcher sur la danse traditionnelle en France - et
l’exposé de Michel Guignard : « Les musiques dans le monde de
l’Islam ». Voici une imposante ouverture sur les notions de « Performance(s) ».
Frédéric
PLATZER : Le top 100 du classique.
Ellipses (contact@editions-ellipses.fr).
210 p. 12,50 €.
L’auteur, avec son talent pédagogique
habituel, a sélectionné cent œuvres célèbres que certains auditeurs
« incapables d’identifier la forme » ne connaissent que « très
superficiellement » ou d’après de fausses légendes : Lettre à Élise (en fait : à Thérèse) ;
l’Adagio (pas d’Albinoni)… Son
choix porte sur des « tubes » émanant des époques baroque, classique,
romantique, moderne, et des formes telles que danses, sonates, symphonies,
concertos, airs d’opéra, musique à programme… La présentation claire et
aérée va droit à l’essentiel et concerne systématiquement « le
contexte », les compositeurs, les points-clés, ce qu’il faut savoir, les
caractéristiques techniques, le plan, avec exemples musicaux à l’appui et une
rubrique qu’il intitule : « En plus ». Autrement dit, Fr. Platzer
privilégie les aspects historique, technique et anecdotique. Les
compositeurs sont classés par ordre alphabétique (et non chronologique), mais
les dates sont précisées. La danse Belle
qui tiens ma vie (1588) côtoie le choral Jésus que ma joie demeure, La
Petite Musique de Nuit ou La
Marseillaise, Le Lac des Cygnes, Rhapsody in Blue (1924)… À côté des musiciens illustres, le lecteur
pourra s’instruire sur A. Catalani, A.W. Ketelbey, entre autres. Les
commentaires apportent un éclairage succinct, parfois assez neuf. Cet excellent
manuel, favorisant l’analyse et l’écoute d’œuvres appartenant à la musique
classique, s’impose comme première approche.
Édith Weber
LANG LANG : Le piano absolu.
L'éducation d'un prodige. « Pocket », Lattès. Texte intégral. 277 p.
À 26
ans et déjà auteur de sa propre biographie ! Rien
ne peut étonner de la part de ce pianiste aujourd'hui couvert de gloire,
coqueluche médiatique, qui a tôt fait sien ce credo « numéro
un, numéro un, numéro un ». Virtuose, mais à quel prix. Voilà ce qu'il nous conte au fil d'un texte qui se
lit comme un roman, même si la dernière partie, celle du succès enfin reconnu à
l'international, est plus que rapidement survolée. Une
enfance tout sauf facile, gouvernée par un père dictatorial au point d'en
devenir violent envers celui qu'il protège. Car, système éducatif chinois oblige, il faut aller toujours plus haut, être le
premier partout, au prix de terribles privations. Le sacrifice de la vie d'un
enfant qui aurait pu être comme les autres, l'étude forcenée du piano chaque
jour, les concours enchaînés les uns après les autres, abordés avec des œuvres toujours plus démontratives. Jusqu'au jour où un mentor convainc père et fils
que l'important est le cheminement, le travail sur le long terme, et non la
recherche du prix et la posture de bête de concours. Viendra une adolescence
marquée par les coups de la chance, les rencontres providentielles - tel ce
compatriote fortuné à Francfort, ou le pianiste Garry Graffman qui l'introduit
au Curtis Institute de Philadelphie - le remplacement chanceux
enfin d'André Watts, qui lui ouvrira les portes des grands orchestres
américains. Christophe Eschenbach, interdit devant un tel
prodige, et Daniel Barenboim, peu avare de précieux conseils, seront de
formidables cartes de visite. Un mot revient en boucle au fil des
pages : le goût de la compétition. Mais aussi la
satisfaction de soi au-delà du simple narcissisme, l'insensibilité
à la critique. Le parcours de ce gamin du nord de la Chine parti conquérir
la capitale puis l'étranger, l'Europe furtivement, l'Amérique sûrement, et
patiemment le monde - il est déjà ambassadeur de l'Unicef – est
certes, un objet d'étonnement, mais a quelque chose d'effrayant
presque dans cette insatiable envie de gagner.
Francis Poulenc et la voix. Texte et contexte. Ouvrage collectif sous la coordination d’Alban
Ramaut. Actes et colloques. Publications de l'Université de
Saint-Étienne, « Musicologie ».
Symétrie, 280 p.
Cet ouvrage passionnant
reprend les actes d'un colloque organisé en 2002, à Saint-Étienne,
sur le thème de la musique vocale de Poulenc. Étude
des œuvres comme du contexte de leur création, marquée au
sceau « d'une étonnante perspicacité culturelle » ou comment
conceptualiser en musique un texte pour produire « un
analogue sonore de la lecture, voire de l'émotion poétique ». L'analyse
aborde moult facettes. L'intime perception chez cet « épicurien de la langue française » de la poétique
des auteurs mis en musique : Jules Renard (Le
Bestiaire, qu'il ne faut surtout pas
chanter « avec des intentions »), Cocteau, Apollinaire, chez
qui cet héritier de Fauré trouve les justes liens qui unissent musique et
poésie, en adaptant le débit, l'ambitus, les figuralismes du texte
littéraire (la ligne vocale sera décalée pour être au plus
près du surréalisme d'un texte comme Les Mamelles
de Tirésias ), Eluard enfin dont il s'inspire de la diction
parlée. La relation de confiance du compositeur, lui-même
pianiste, avec ses interprètes, poussée à un rare degré de fusion
- avec les deux chanteurs privilégiés que furent Pierre Bernac et Denise Duval. La
comparaison du corpus des mélodies avec celui de Sauguet ou de Koechlin est une
source de découvertes. Comme la diversité d'approche chez celui que Claude Rostand désignait de « moine et voyou ». La
perception visuelle encore, correspondance entre texte, musique et arts
plastiques. Des peintres comme Picasso, Matisse, Dufy, Klee ou
Miró sont pour Poulenc des sources d'inspiration au même titre que les
poètes vers lesquels il se tourne pour construire son œuvre mélodique, chorale ou théâtrale. Nous est même livré comment ses compositions
vocales seront reçues outre-Manche : l'incompréhension suscitée par Les Dialogues des Carmélites ; l'accueil enthousiaste de la première audition à Londres des Litanies
à la Vierge Noire par
Nadia Boulanger et son ensemble vocal. L'analyse des chants a cappella, qui traversent sa carrière créatrice, démontre
que ce genre tient, avec Poulenc, un
nouvel âge d'or. Car là, dira-t-il, il peut atteindre des sommets
d'expressivité. Ce qui fait le prix de ce livre c'est, outre
son érudition, la façon pluridisciplinaire d'aborder une œuvre
musicale des plus riches.
Jean-Pierre Robert
Patrick SCHEYDER : La musique : plaisirs et peurs. Essai.
L’Harmattan, 118 p., 12,50 €.
Pianiste, improvisateur et compositeur, l’auteur milite
ici pour un abord global de la musique, car la musique, c’est le plaisir de
« faire du son », quelle qu’en soit la forme (improvisation,
interprétation, composition), plaisir délivré de la peur qui élague les
initiatives et brise les inventions. L’auteur dénonce toute forme de
spécialisation outrancière et mutilante, toute vision réductrice de la musique,
comme autant de moteurs de la peur. L’improvisation revalorise l’instant
présent en refusant les filtres censurants de la postérité ; elle est à la
fois instinctive, magique et s’oppose à la raison et à son idéal pour retrouver
l’humanité du cœur. La peur (peur de se montrer, peur d’être mal aimé) doit
être transformée en énergie constructive. Le musicien doit retrouver la
confiance en lui-même et en sa musique, laisser parler son imaginaire,
réaffirmer son unité, sa joie, sa liberté. Ce livre est, à l’évidence, un
pamphlet contre les méthodes actuelles d’enseignement de la musique, en même
temps qu’un plaidoyer pour une musique, à la fois, libérée et libératrice. Le
geste, le corps, le désir, l’amour, le plaisir, le son, voilà le
programme ! Et si le progrès n’était, en définitive, que ce qui reste de
l’utopie lorsqu’elle s’est réalisée…
Jean-Claude
RISSET : Du songe au son. Entretiens
avec Matthieu Guillot. L’Harmattan. 224 p. 21 €.
Ce livre est composé d’une série d’entretiens avec
Jean-Claude Risset (physicien et compositeur) permettant une présentation de
son œuvre, musicale et scientifique. Devenu, par la composition assistée
par ordinateur, l’un des acteurs les plus importants de la révolution musicale
du XXe siècle, il n’a cessé de s’interroger sur la recherche de
nouvelles sonorités. La première partie, consacrée à l’histoire de la musique
retrace les étapes de cette recherche : musiques sérielle, concrète,
électroacoustique et numérique – cette dernière limitant la fragilité et les aléas
de la technologie et ouvrant un domaine sonore plus stable, reproductible et
sans limite dans la complexité du son. Dans la seconde partie, Jean-Claude
Risset commente et analyse plusieurs de ses compositions pour en dégager les
problématiques spécifiques (support, sons acoustiques, numériques ou mixtes), à
la découverte d’un monde purement intérieur et sonore, celui du passage du son
au songe. Ce témoignage de pionnier passionnera tous les amateurs de musique
contemporaine.
Sophie HERR : Geste de la voix et théâtre du corps.
Corps et expérimentations vocales à la croisée des pratiques artistiques du XXe siècle à nos jours. « L’art en bref », L’Harmattan.
141 p., 14 €.
La voix est un geste du corps. Sophie Herr insiste sur le
lien indéfectible qui unit le corps, la voix et le souffle. L’ambivalence de la
voix, c’est d’une part la voix comme
objet sonore et d’autre part le geste
vocal comme praxis corporelle. Le geste vocal fait entrer le corps
dans une danse et, inversement, la danse du corps permet le chant de la voix.
Au XXe siècle, la voix s’affirme non plus comme spectre d’un Verbe qui
lui préexiste, mais comme présence d’un corps (corporéité de la voix). Au
travers du geste vocal, c’est le corps qui opère le lien entre visible et
audible. Un nouveau champ d’expérimentation s’ouvre avec la médiation
machinique ; tout ce qui ressemble à la voix n’est plus nécessairement
voix, simulée par une technique de synthèse, la voix rompt tout lien avec le
corps, elle déploie toutes les possibilités mais également toutes les
impossibilités du corps humain, elle devient abstraite et orpheline par la
dissolution du corps, elle évoque désormais l’universel et le symbolique voire
le divin. Enregistrée, dupliquée, archivée, la voix devient objet, rompant le
lien intersubjectif entre locuteur et auditeur ; objet de toutes les
manipulations, la voix artificielle convoque l’imaginaire d’une plasticité du
corps sans limites dans un avenir ouvert aux ambiguïtés et aux différences par
fusion de l’organique et du mécanique. La voix et la technique révèlent une
dialectique dont l’aboutissement espéré est de « chanter » l’humain,
car, hors de notre expérience corporelle, la voix n’a pas de sens, ni d’espace
de résonance pour son chant.
Gilles
BOUDINET : Arts, Culture, Valeurs
éducatives. L’harmonie et le sublime, la monade et la raison :
variations philosophiques et musicales des Lumières à la postmodernité. L’Harmattan.
236 p. 21,50 €.
Dans une première partie consacrée à l’époque de la modernité,
l’auteur traite de l’harmonie leibnizienne et du sublime kantien. On
mesure toute la différence entre l’harmonie naturelle, capable de transcender
et de synthétiser la diversité monadique, et le sublime qui effectue l’inverse,
en affirmant l’inadéquation entre perçu et conçu, annonçant une polarité
diérétique où l’art pourra s’installer. À l’harmonie naturelle préétablie, Kant
substitue l’a priori de la
raison pure (instance transcendantale) pour réaliser la nécessaire synthèse. Le
drame concentrationnaire conduit à une radicale remise en cause du criticisme
kantien, notamment par Adorno et Horkheimer.
Dans une seconde partie, dévolue à la postmodernité,
Gilles Boudinet développe la nomado-monadologie de Deleuze et Guattari qui
affirme le règne de l’immanence absolue, de la diérèse généralisée et le refus
de toute transcendance. L’art n’est plus pensé en termes d’opposition et de
dialectique mais en termes de convergence et de recouvrement entre les formes
conceptuelles et artistiques. Lyotard, quant à lui, revient sur la notion de
sublime récusée par Deleuze. Actuellement, face à un art qui refuse d’exhiber
sa sublimité et son altérité, c’est dans le différend au sein du discours sur
les œuvres qu’il faut chercher le sublime (inversion du sublime postmoderne).
Toute la démarche philosophique s’appuie, au fil du texte, sur des exemples
musicaux pertinents. En conclusion l’auteur insiste sur l’importance des
enseignements artistiques qui, par un jeu symbolique et langagier, permettent
d’appréhender la dissociation du sublime et la synthèse du savoir, par l’action
de la raison, elle-même gage de liberté. Un livre indispensable pour tous ceux qui
s’intéressent à l’éducation – notamment musicale.
Patrice Imbaud
Esther MEYNELL : La Petite chronique d’Anna Magdalena Bach.
« Le Félin poche » (www.editionsdufelin.com).
11,5 x 17,5 cm, 200 p., 10, 90 €.
Célèbre
récit apocryphe paru anonymement en Angleterre,
cette charmante Chronique connut d’emblée un
tel succès que son auteur, Esther Meynell, fut contrainte, en 1925, de dévoiler la supercherie. Ce qui n’ôte rien aux
qualités littéraires voire musicologiques d’une
fiction historique, dont nulle référence ne put être sérieusement controuvée.
Robert & Clara
SCHUMANN : Journal
intime. Préface de Brigitte François-Sappey.
Introduction de Marcel Brion. Avant-propos d’Yves Hucher. « Musique », Buchet/Chastel. 14 x 20,5 cm,
300 p., 18 €.
Tout
autour de ce « Journal de raison »
(1840-1843) – textes choisis et remarquablement traduits par Yves Hucher –, ont été réunis nombre de documents, journaux,
lettres et souvenirs, corpus fort éclairant sur, d’une part, la personnalité des
protagonistes, d’autre part, leur temps, leurs milieux et leurs familles.
Jacques
DRILLON : Sur Leonhardt.
« L’Infini », NRF/Gallimard. 14 x 20,5 cm,
204 p., photo n&b. 17,90 €.
« Sur Jacques Drillon », tel pourrait être le sous-titre
de ce brillantissime essai où l’auteur se dévoile, tout en faisant un portrait
inspiré de Gustav Leonhardt - claveciniste dont l’urbanité et l’élégance foncière,
vertus cardinales, ne sont plus guère hélas en harmonie avec le monde
contemporain.
Les Cahiers de Francis Poulenc, cahier n°1. Préface de Georges Prêtre. Association
Francis Poulenc (www.poulenc.fr).
15 x 21 cm, 220 p., nombreuses photos n&b. 15 €.
Enthousiasmant est ce premier Cahier consacré à celui qui écrivit : « Je ne suis pas un
musicien cubiste, encore moins futuriste, et bien entendu pas
impressionniste ; je suis un musicien sans étiquette ». Propos
confirmé par la postérité. Extraordinaire est, en outre, l’iconographie
d’un numéro dont le sommaire mérite d’être intégralement reproduit : Pourquoi les Cahiers (Benoît Seringe), Mes rencontres (Simon Basinger), Qui est Francis Poulenc ? (Benoît
Seringe), Portrait du compositeur (Jean Roy), Ma passion pour Poulenc (Pascal Rogé), Poulenc et sa région (Simon Basinger), Ma bibliothèque idéale (Francis Poulenc), Apollinaire et Poulenc (David Ravet), Messe en sol majeur (Joëlle Brun-Cosme), Poulenc-Duval : une amitié intime (Bruno Berenguer). Avec discographie et bibliographie - sans préjudice
d’une présentation de l’Association, à laquelle nous souhaitons longue
vie !
Audrey
RONCIGLI : Le cas Furtwängler.
Un chef d’orchestre sous le IIIe Reich. Avant-propos de Jeremy
Menuhin. Postface de Didier Francfort. Imago (www.editions-imago.fr). PUF
Diffusion. 14 x 22,5 cm, 296 p. 23 €.
Arguant d’archives souvent méconnues, Audrey Roncigli se
fait ici l’avocate du « musicien du
diable ». Lequel, mis à l’honneur par les nazis, n’adhéra jamais
toutefois au parti national-socialiste et protégea, pour autant qu’il le put,
les musiciens juifs du Berliner Philharmoniker.
Trois parties : Étapes d’une vie et d’une carrière/
Pour une histoire du « cas Furtwängler »/ Nouveaux champs de
réflexion (répertoire de Furtwängler face au répertoire
« officiel » / interprétations politiques des enregistrements de
guerre…). Bibliographie, filmographie.
Françoise
ROY-GERBOUD : La musique comme art
total au XXe siècle. Sons-couleurs-formes. Systémique et
symbolique. Préface de Janine Cizeron. « Univers
musical », L’Harmattan. 15,5 x 24 cm, 296 p.,
schémas, ex. mus. 29 €.
Depuis l’Antiquité, des liens profonds unissent sons,
couleurs et formes musicales (Pythagore et Boèce, Newton, Louis-Bertrand
Castel…) et ce, jusqu’à la volonté d’expression d’un « art total » au
XXe siècle. Deux grandes parties : « À la recherche d’un musique synthétique »
(notion de système / systémique et musique / diachronie
musicale / synchronie au XXe siècle), « Les acteurs privilégiés du système musical
au XXe siècle » (Scriabine et l’ésotérisme /
Kandinsky-Schönberg : à la recherche d’une création spirituelle /
Messiaen : un esthétisme religieux / Xenakis : à la recherche
d’une musique spatiale.
Catherine PEILLON et alii : Les chants d’Orphée. Musique & poésie. La pensée de midi, n°28 (www.lapenseedemidi.org). Actes
Sud, éditeur. 13 x 24 cm, 208 p., 1CD (TT : 75’52).
17 €.
Coordonné par Catherine Peillon, directrice artistique du
label « L’empreinte digitale », cette livraison de la revue La pensée de midi est une manière de
kaléïdoscope de textes poétiques & de musiques du bassin méditerrannéen, où
sont mises en lumière leurs relations ordinairement harmonieuses mais parfois
singulièrement tumultueuses. De Sappho au fado ou aux coplas flamencas,
des joutes oratoires libanaises aux musiques médiévales ou contemporaines, des
cantillations judéo-islamo-chrétiennes à la lyrique courtoise et aux extases
baroques, du rap au slam… chacun des 22 chapitres est fort à point illustré par
une plage du CD, pour lequel il a été fait appel aux plus grands interprètes.
À lire et écouter… Une admirable publication !
Antoine
OUELLETTE : Le chant des oyseaulx.
Comment la musique des oiseaux devient musique humaine. Triptyque (www.triptyque.qc.ca). Distrib. : Librairie
du Québec (30, rue Gay-Lussac, Paris Ve. Tél. : 01 43 54
39 15). 15 x 23 cm, 280 p., ex.mus., 28 €.
Au confluent de l’ornithologie, de l’écologie, de la
musicologie et de la création musicale, le biologiste, compositeur et
musicologue Antoine Ouellette jette une vive lumière sur les liens que la
civilisation a tissés avec les oiseaux - depuis la musique médiévale jusqu’à l’électroacoustique,
musiques savantes aussi bien que populaires. Principaux thèmes abordés :
Comment & pourquoi chantent les oiseaux, Langage & musique des oiseaux,
Paysage, temps & silence des oiseaux, Entendre & transcrire, Oiseaux
médiévaux, renaissants, baroques & classiques, romantiques,
impressionnistes & modernes, Présences de l’art. En annexes :
Ordres & familles d’oiseaux / Liste des œuvres inspirées des
oiseaux. Sans véritable précédent, une joyeuse somme !
Lise BIZZONI &
Cécile PRÉVOST-THOMAS (Sous la direction de) : La chanson francophone engagée. Triptyque (www.triptyque.qc.ca). Distrib. :
Librairie du Québec (30, rue Gay-Lussac, Paris Ve. Tél. :
01 43 54 39 15). 13,5 cm x 21 cm, 187 p.
21,35 €.
Issu de la réflexion d’un ensemble de jeunes chercheurs
consacrant leurs travaux aux chansons québécoise et française, cet ouvrage
permet d’apprécier, loin de toute idéologie, la pluralité de sens de
l’expression « chanson engagée », dans ses approches littéraire,
musicologique et sociologique. Principaux articles : L’émergence
d’une chanson phonographique engagée (Sandria P. Bouliane) / Le
folklore, arme de persuasion (Luc Bellemare) / La structure musicale comme
support de l’engagement (Andrée Descheneaux) / Le rapoésie (Dany
Saint-Laurent) / Les chroniqueurs artistiques (Caroline Durand) / De Douce France à Tekitoi (Cécile Prévost-Thomas) / Énonciation de la violence
et violence énonciative (Lise Bizzoni). Bibliographie, discographie, sitographie
générales.
Mikhaïl RUDY
(°1953) : Le roman d’un pianiste.
L’impatience de vivre. « Le roman des grands destins », Le Rocher (www.editionsdurocher.fr).
15 x 24 cm, 210 p., 2 cahiers de photos n&b et couleurs.
19,90 €.
Beaucoup moins narcissique que l’on aurait pu craindre est
cette émouvante autobiographie. Après une enfance difficile (clandestinité
pour raisons politiques), vint bientôt le succès (Conservatoire de Moscou,
Premier Grand Prix Marguerite-Long) suivi de « voyages initiatiques »
dans divers monastères près du cercle polaire ou dans l’Himalaya. Mikhaïl
Rudy collabora avec les plus grands artistes : Karajan, Noureev, Maazel, Chagall,
Messiaen, Rostropovitch, Tilson Thomas… Abondante discographie (notamment
« Piano romantique », coffret EMI).
Jean-Éric PERRIN,
Jérôme REY & Gilles VERLANT : Les
Miscellanées du Rock. Fetjaine (www.fetjaine.com).
14 x 20,5 cm, 208 p., 12,90 €.
Miscellanées (nom fém. plur.) : recueil
d’écrits divers, littéraires ou scientifiques. Il s’agit ici d’un bouquin
plaisamment érudit, bourré d’informations étonnantes, drôles, parfois scandaleuses,
d’anecdotes improbables et de listes tout à fait inutiles (dix groupes français
des années 70 portant un nom rigolo) ou indispensables (les dix meilleurs
solos de l’histoire du rock). Pas moins de 250 rubriques. Un régal
de lecture… « en piqué » !
Pierre
MIKAÏLOFF : Noir Désir.
Bernard Cantat, un destin rock. Avant-propos de Jean Fauque.
Éditions Alphée/ Jean-Paul Bertrand. 14 x 22 cm, 378 p.,
album de photos n&b et couleurs. 21,90 €.
Au-delà du drame de Vilnius, Noir Désir cherche à se
reconstruire. Dans l’attente de leur prochain album – très attendu -, Pierre
Mikaïloff retrace un itinéraire, certes quelque peu hagiographique mais solidement
informatif et argumenté.
Jiří
SLÍVA : Jam Session. Blues, Bop
& Bach. Parangon/Vs (www.editions-parangon.com).
Album de dessins humoristiques n&b et couleurs, cartonné, 20 x 20 cm,
114 p. 12 €.
Que du bonheur ! Probablement connaissez-vous Jiří
Slíva, dessinateur tchèque de réputation mondiale. Il nous livre, cette
fois, ses obsessions autour des mondes du jazz et du classique. À prescrire
d’urgence à tout mélomane dépressif !
POUR LES PLUS JEUNES
Mes plus belles comptines. Compositions & arrangements de Bernard Davois &
Jean-Philippe Crespin. Illustrations : Olivier Tallec.
Livre/CD Gallimard Jeunesse « Éveil musical ». 21,5 x
21,5 cm, 26 p. cartonnées, ill. couleurs. 14,90 €.
Enregistrées par des voix d’enfants et d’adultes serties
dans un kaléidoscope d’instruments acoustiques, ces vingt-trois célèbres
comptines constitueront un parfait éveil musical - tout de tendresse - pour les
petits enfants à partir 18 mois. Avec le précieux concours d’Anne
Bustarret.
Isabelle
CAILLARD : CocoRio. Sélection
de comptines et chansons. Avec le concours d’Hélène Bohy & Carlos
Werneck. Illustrations : Antonin Louchard. Enfance et musique (www.enfancemusique.com).
18 x 18 cm, pages cartonnées. 1CD. 23,90 €.
Onze comptines (Au
petit bois charmant) & chansons (À
la volette ; Mon père m’a donné
un étang ; Margoton va-t-à l’eau ; D’où viens-tu, bergère ?...)
composent ce délicieux florilège, auquel ont participé 18 chanteurs ou
récitants (adultes et enfants) soutenus par une vingtaine d’instruments, notamment
brésiliens – comme le suggère l’intitulé de l’album.
Béatrice
MAILLET : Virelangues.
Illustré par Katy Couprie. Enfance et Musique (www.enfancemusique.com). Un
album/CD. 18 pages cartonnées. 23,90 €.
Cette joyeuse sélection d’une centaine de jeux de langage
& de musique ne manquera pas de d’interpeller petits et grands : Il était une fois une marchande de foie / Le chat de Natacha / Six chats
chauves / Si six scies / Petit pot de beurre / Les chaussettes
de l’archiduchesse… Que de défis à relever !
Henriette MAJOR
(Choisies par) : Chansons drôles.
Chansons folles. Fides (www.editionsfides.com).
Relié, 16,5 x 21 cm, 128 p, ill. couleurs, ex. mus., 1 CD.
19,06 €.
Joliment illustré par six des meilleurs spécialistes du
Québec, ce merveilleux album de chansons (paroles & musiques notées)
comporte quatre chapitres : Joyeux
personnages (Pirouette, cacahuète/ Le bon roi Dagobert/ Compère Guilleri/
Bon voyage, monsieur Dumollet…), Drôles
de métiers (Sur le quai de la ferraille/ I went to the market/ Mam’zelle
Angèle/ Sur la route de Berthier), Violons
et rigodons (La ronde de Biron/ Polichinelle/ Gugusse/ Le bal chez Boulé), Animaux rigolos (Biquette, Compère,
qu’as-tu vu ?/ La mère Michel/ Le peureux/ Les poissons sont
assis…). Arrangement des chansons : Denis Larochelle.
Interprètes : Sylvie Dumontier & Denis Gagné.
Henriette MAJOR
& Patrice DUBUC : Chansons des
quatre saisons. Fides (www.editionsfides.com).
Relié, 16,5 x 21 cm, 128 p, ill. couleurs, ex. mus.,
1 CD. 22 €.
Aussi joliment illustré que le précédent, ce nouvel album célèbre
les saisons à travers de grands classiques : C’est le mois de mai ; Le
temps des cerises ; Au chant de
l’alouette ; Vent frais, vent du
matin ; La guignolée ; La marche des Rois Mages ; Ma Normandie ; À la volette… Arrangements des chansons : Patrice Dubuc.
Interprètes : Julie Leblanc, Catherine Léveillé, Vincent Morel & José
Paradis. Un bonheur pour tous les âges !
Francis Cousté
Claudine &
Roland SABATIER : Le livre des
chansons. « Albums documentaires », Gallimard
Jeunesse. À partir de 7 ans (CE1). 464 p. 14,95 €.
Près de 150 chansons, rondes, refrains, berceuses,
complaintes ou romances sont regroupés dans ce recueil auquel s’ajoutent près
de 50 comptines du monde entier. Chaque chanson est accompagnée de notes
explicatives sur les auteurs, les contextes historiques, les interprétations,
les traductions et les partitions. Lorsque l’on découvre ce livre, l’irrépressible
envie de chanter à tue-tête s’impose ! De Gentil coquelicot à Adieu
madras, ces airs nous font voyager dans bon nombre de régions, pays, et
pour cela sont très revigorants ! Les illustrations amusantes de Claudine
Sabatier dopent ce livret. À découvrir en famille !
Laëtitia Girard
Haut
François
COUPERIN : Messes à l’usage des
paroisses & des couvents. Aude Heurtematte à l’Orgue historique
de St. Gervais, Paris. 2CDs Zig Zag Territoires : ZZT
090403. Distr. Harmonia Mundi. TT : 52’36 + 43’38.
Le beau disque ! L’admirable enregistrement !
Si les mots vous manquent à son écoute, c’est que l’interprète, Aude
Heurtematte, s’y hisse à la hauteur du compositeur François Couperin, relevant
brillamment la gageure d’exalter la discrète singularité de ce géant musical du
premier XVIIIe siècle.
Restituant ses deux messes de jeunesse, cette magnifique virtuose ne rend pas
seulement hommage à l’un des artisans de la plus faste période de la musique
française, elle donne aussi à entendre un total de pages dont l’étonnante
originalité le dispute à la scintillante qualité d’écriture. Heureuse
conjonction d’un compositeur à qui l’instrument roi de l’ère baroque semble
avoir livré ses plus surprenants secrets et d’une interprète en mesure d’en
restituer les plus subtils échos ! La quête est parfois malaisée, mais
toujours magique, dans ces pages magistrales, du fil labyrinthique qui, à
l’image d’une aube estivale fuyant parmi les marbres ciselés d’une cité
imaginaire, entraînerait l’auditeur aux frontières confuses d’un indicible
enchantement. Maîtresse de son art, Aude Heurtematte extrait des
profondeurs de l’orgue un total expressif d’une telle variété, si approprié à
son objet, si rigoureux et impeccable du double point de vue de la forme et du
style, qu’on y décèle moins la marque d’une musicienne ordinairement douée que
celle d’une élue pour qui le don naturel n’induit rien d’autre qu’un
redoublement de maîtrise idiomatique et de vigilance artistique. Bonus
inattendu, la présentation musicologique de Raphaëlle Legrand vous prouvera que
l’érudition savante peut ajouter beaucoup au plaisir purement sensuel de
l’écoute.
Gérard Denizeau
Paul
HINDEMITH : Das Marien-Leben.
Danacord (CD Diffusion : BP 4 - 28, route d'Eguisheim 68920 Wettolsheim. vpc@cddiffusion.fr) :
DACODC 670. TT : 71’05.
Paul Hindemith (1895-1963), célèbre
théoricien allemand, compositeur et chef d’orchestre, compte dans sa vaste
production un cycle de 15 Lieder : Das Marien-Leben, op. 27, sur le
texte de Rainer Maria Rilke (1875-1926), poète bien connu. Elisabeth
Meyer-Topsøe (soprano) et Per Salo (piano) ont enregistré la version de 1948,
pour soprano et piano, retraçant la vie de Marie (Naissance, Annonciation,
Visitation…, Mort de Marie), en liaison avec celle du Christ (Naissance, Fuite
en Égypte, Noces de Cana…, Avant la Passion, Apaisement de Marie avec le
Ressuscité). Cette œuvre peut être considérée comme un digest de
différents procédés compositionnels : écriture dépouillée, passacaille,
développement d’un thème principal associé à un thème secondaire, variations,
fugato, motifs rythmiques serrés, chromatismes oppressants ou encore transparence
et statisme. L’ensemble est marqué par une certaine austérité, conformément au
sujet. E. Meyer-Topsøe et Per Salo formant une excellente équipe rendent
un bel hommage à l’une des meilleures œuvres de P. Hindemith.
Marco Enrico BOSSI : Opera omnia per organo. Vol. I. Tactus (CD Diffusion) : TC 862711. TT : 77’07.
Ce CD révèle des œuvres de M. E. Bossi, né
à Salo (Lombardie) en 1861 et mort en mer (entre New York et Le Havre), en
1925. Organiste, maître de chapelle à la Cathédrale de Côme, il a
enseigné l’orgue au Conservatoire de Naples, la composition à Venise, Rome et
Bologne jusqu’en 1923. Il cultive les formes traditionnelles : Fantaisie, Fugue (Fuga su Fede a Bach,
op.62, au riche contrepoint, à la manière de M. Reger), Scherzo, mais également une Messe pour Époux et Épouse, rend hommage
à Jeanne d’Arc d’après le texte
de L. Orsini : il s’agit d’une peinture d’atmosphère évoquant
l’anxiété de la foule lorsque Jeanne est amenée au bûcher. Dans cette page
descriptive, la puissance de l’orchestre illustre la montée des flammes, puis
un soupir instrumental imite le mouvement des ailes des anges… Violence,
mystère, douleur et réalisme dominent cette œuvre particulièrement originale.
Ce disque se termine par Westminster
Abbey-Hymn of Glory pour chœur et orgue, œuvre de jeunesse.
A. Macinanti a le très grand mérite de révéler en premier enregistrement
mondial ces œuvres fort attachantes de M. E. Bossi.
Marco Enrico BOSSI : Opera omnia per organo. Vol. II. Tactus (CD Diffusion) :
TC 862712. TT : 64’02.
Lorenzo Perosi a transcrit pour orgue La Passion du Christ selon St. Marc (1897), oratorio de Marco Enrico Bossi (qualifié de « nouveau Bach
italien »). Elle est structurée en trois parties : La Cène, La Prière sur le Mont, La
Mort du Rédempteur. La seconde œuvre, transcrite par le
compositeur : La Transfiguration de
Notre Seigneur Jésus Christ (1898), comprend deux parties : La Transfiguration, La Libération. Grâce à des registrations très étudiées, l’excellent
organiste a tiré le meilleur parti de l’orgue Vegezzi-Bossi (1916-1932/4) à la
Cathédrale de Saint-Juste (Suse). A. Macinanti su conférer aux deux
vastes fresques toute leur densité spirituelle et émotionnelle. Cette intégrale
rend hommage à M. E. Bossi dont l’œuvre mériterait d’être plus
largement diffusée.
Henri
DUPARC : Complete Melodies.
Fuga Libera (Outher
S. A. Rue du Chêne 27, B 1000 Bruxelles stephanie.flament@alpha-prod.com) :
FUG 552. TT : 61’44.
L’intégrale des Mélodies de Henri Duparc (1848-1933) qui peut, en quelque sorte, être considéré comme
l’un des précurseurs du genre français quelque peu équivalent du Lied, est interprétée par Michèle Losier
(mezzo-soprano), ayant étudié aux États-Unis et faisant une carrière
internationale. Avec Daniel Blumenthal - pianiste américain, soliste et
accompagnateur -, ils forment une équipe équilibrée au service des poésies bien
connues de Ch. Baudelaire, Th. Gautier, Ch. Leconte de Lisle,
A. Sylvestre... Les mélomanes seront ravis de réentendre Mon enfant, ma sœur, songe à la douceur… ou encore J’ai longtemps habité sous de
vastes portiques… jadis gravés par l’inoubliable Gérard Souzay. Les
interprètes réussissent à recréer avec bonheur 16 mélodies très diverses,
tantôt langoureuses, tristes, exaltées, vives ou calmes. Chez Duparc, le
piano n’assume pas qu’un simple rôle de soutien : il doit créer
constamment l’atmosphère de chaque pièce en fonction du texte.
D. Blumenthal et M. Losier s’imposent par leur technique à toute
épreuve et leur musicalité. Un excellent livret avec tous les textes des
poésies françaises traduites en néerlandais et
anglais facilite l’audition : un moment musical rare à ne pas
manquer.
Matthias Weckmann : Kammermusik. Klaviermusik. 2CDs Ricercar (Outher, rue du Chêne 27, B1000 Bruxelles stephanie.flament@alpha-prod.com) :
RIC 282. TT : 73’13.
Matthias Weckmann, musicien allemand, est
né en 1619 (?) à Niederdorla (Thuringe), et mort en 1674 à Hambourg. En 1630,
il entre à la Chapelle de la Cour de Dresde, alors dirigée par H. Schütz.
Il étudie ensuite à Hambourg, auprès de J.H. Scheidemann..., assume une
carrière d’organiste à Dresde et Hambourg, où il fonde le Collegium Musicum
(1660). Son œuvre est marquée à la fois par les influences italienne,
française, et également par Schütz. Le premier CD propose une sélection
de Sonates à 3 et 4 interprétées par La Fenice (cornet, trombone, basson, clavecin
et orgue, théorbe et, occasionnellement, violon) ; elles sont
particulièrement pittoresques et descriptives (la 5e évoque une bataille), leurs mouvements
lents sont de caractère plus méditatif. Le choix de Lieder allemands, chansons profanes (en l’honneur de
M.A.H. Martenitz, célébrité locale ; pour le mariage de
M. Müller ; pour les noces d’or de M. Blaspeil… : Chant de joie ; ou encore un chant
badin Pour la douce Annabelle « Pour sa fête de noces ») prouve que cette musique était bien
intégrée dans les milieux hambourgeois. Elles sont interprétées par le Ricercar
Consort (Greta De Reyguere, soprano ; deux violons, basse de viole, orgue,
clavecin et théorbe). Le second CD est entièrement consacré à la musique pour
clavier, selon les formes traditionnelles : Suites, Toccate, Canzone et Partita « Die lieblichen
Blicke » reposant sur l’alternance de mouvements lents et vifs.
Siebe Henstra interprète ces pièces au clavecin ou au clavicorde (accordés en
mésotonique) avec brio et une technique à toute épreuve.
Jan Josef Ignac BRENTNER : Vesperae cum ordinariis Psalmis – Hymnodia Divina, op.3. Nibiru (CD Diffusion (28, Route
d'Eguisheim. BP 4.
68920
Wettolsheim info@cddiffusion.fr) : Nibiru 0148 2211. TT : 53’44.
L’ouverture des frontières permet à
Maurice Cialdella d’enrichir son catalogue CD Diffusion et de faire bénéficier
les auditeurs français d’œuvres jusqu’alors peu diffusées. Les mélomanes
curieux découvriront en Jan Josef Ignac Brentner un musicien qui, selon les
vicissitudes de l’histoire, est « classé parmi les Allemands de
Bohême ». Il est né en 1689 – quatre ans après J.S. Bach - et
mort en 1742, à Dobrany, près de Pilsen. Ses œuvres publiées à Prague sont
essentiellement religieuses (4 recueils). Adam Viktoria, à la tête de
l’« Ensemble Inégal » et des Prague Baroque Soloists, a le mérite de
révéler avec enthousiasme ses Vêpres avec
des Psaumes ordinaires « sous la forme qu’elles
avaient dans la collection de l’Église de la Sainte Croix à Vratislav »,
transcrites par Emilian Trolda. Les textes latins sont traduits en
tchèque, anglais, allemand, français. Ces pièces sans ambage, allantes et assez
colorées, sont interprétées tour à tour avec finesse, énergie, lyrisme… ;
les cordes confèrent un certain élan à l’ensemble. Les Vêpres, comme l’Hymnodia Divina, op.3 (surtout Arias da capo), avec leur accompagnement
instrumental, constituent une musique
d’imprégnation baroque, fort agréable à entendre.
Maria Bethânia chante Notre-Dame des
Jardins du Ciel. Jade (43, rue de Rennes 75006
Paris. promotion@milanmusic.fr) :
699 683-2. TT : 22’21.
Les disques Jade enregistrent souvent des
voix exceptionnelles, comme celle de Divna Ljubojevic. Leur dernière
réalisation est consacrée à une chanteuse charismatique : Maria Bethânia
qui, au début, « symbole de la contre-culture brésilienne, est devenue la
reine des ballades sentimentales ». Cet album émouvant, avec des
compositions originales de ses contemporains ou des cantiques traditionnels du
Brésil, traduit sa dévotion mariale. Par sa voix grave et prenante, Maria
Bethânia souhaite apporter aux hommes « la douceur, le bonheur et la
paix ». Au fil des plages, c’est toute la suavité brésilienne qui
entraîne l’auditeur vers les « Jardins du ciel », grâce notamment aux
talents de Gilberto Gil (Mae de Deus das
Candeias).
Ernest BLOCH : Schelomo - Avodath Hakodesh. Musiques
suisses. Migros (musiques-suisses@mgb.ch) :
MGB 6230.
Avodath
Hakodesh, c’est-à-dire : le Service
sacré hébraïque - mis en musique par le compositeur et pédagogue américain d'origine
suisse Ernest Bloch (1880-1959) qui souhaite
intégrer la musique hébraïque à ses créations, exprimer les aspirations de
l’âme juive, sans retomber dans la paraphrase - est écrit entre 1930 et 1933
pour baryton, chœur mixte et orchestre. Son
atmosphère oscille entre néo-romantisme et néo-classicisme, sans oublier
quelques emprunts au sérialisme, aux quarts de ton… Le CD comprend également son œuvre la plus connue : Schelomo, rhapsodie hébraïque
pour violoncelle et grand orchestre (1916), en 4 mouvements, riche en
évocations (timbre du shofar…) avec des envolées lyriques et un certain
pessimisme. Avec un rare sens de l’expression, l’Orchestre de la Suisse
Italienne et, d’une part le Chœur de la Radio Suisse (Lugano) et le Groupe
vocal Cantemus, dirigés par Diego Fasolis et, d’autre part, le même orchestre
dirigé par Alexander Vedernikov, ainsi qu’avec le concours de Rocco Filippini,
au violoncelle, révèlent ces deux œuvres marquantes d’Ernest Bloch. Ce CD
a sa place dans toute discothèque de musique religieuse.
Édith Weber
Antonio
VIVALDI : Concerti per violino III
« Il ballo ». Duilio M.Galfetti, violon.
I Barocchisti, dir. Diego Fasolis. Naïve : OP 30474.
TT : 70'.
L'exécution intégrale des concertos pour violon de
Vivaldi – ils sont au nombre de quelque 90 – se poursuit dans le cadre de la
Vivaldi Edition. Cette fois, ont été réunies des compositions regroupées
autour du thème de la danse. On ne dira jamais assez, contre les idées reçues,
combien ces pièces sont profondément différentes les unes des autres. Le
présent enregistrement en est encore la vibrante démonstration. Il apporte
aussi des éclairages perpicaces sur le génie créateur du Prêtre Roux et sur la
manière d'interpréter ses compositions concertantes. Le style dansant est ici
omniprésent, ce qui n'exclut pas un certain dramatisme. L'orchestre est l'égal
du soliste, à moins que celui-ci ne procède de l'ensemble orchestral. Surtout
on s'étonne de la modernité de plus d'un trait, de trouvailles thématiques ou
rythmiques (pizzicatos des cordes sur lesquelles surfe le soliste).
L'interprétation de l'ensemble I Barocchisti, nouveau venu dans cette
entreprise, est preste et énergique, presque à l'arraché dans certains traits
des violons tutti et du soliste. On pense à la manière d'un Spinozi. Mais l'art
du contrepoint est savant, préservant un bel équilibre, comme l'élargissement
du spectre sonore dans les développements. Les mouvements lents sont
expressifs, suprêmes moments d'accalmie, après et avant la tempête des passages
vifs. Le jeu du soliste est démonstratif, presque théâtral, virtuose bien sûr,
mais avec un phrasé imaginatif, et la sonorité toujours ensoleillée.
Jean-Sébastien
BACH : Concertos pour violon BWV
1041 et 1042. Concerto pour deux violons BWV 1043. Concerto pour hautbois et
violon BWV 1060. Julia Fischer, violon, Alexander Sitkovetsky,
violon, Andrey Rubtsov, hautbois. Academy of St Martin in the Fields.
Decca : 4780650. TT : 58'54.
La jeune pianiste et violoniste allemande Julia
Fischer, premier prix au concours Yehudi Menuhin en 1994 - à 11 ans - et aidée des précieux conseils de celui-ci,
se mesure aux concertos de Bach, cette fameuse trilogie qui enchante tout
amateur. Son approche s'affirme particulière, non baroqueuse, pas plus
que romantique. Selon elle, ce sont des « concertos virtuoses destinés à
divertir les violonistes », influencés qu'ils sont par les musiciens
virtuoses de l'époque, Vivaldi, voire Tartini. Aussi favorise-t-elle des tempos
rapides. Le concerto BWV 1041 en sort allégé, sa texture finement
articulée, sans rien de mécanique. Le concerto BWV 1042 en souffre quelque
peu cependant, qui ne respire pas assez au premier mouvement, trop
poussé ; il en sera de même du final. Reste que l'andante est vibrant,
d'une sonorité expressive, sans affect. Car pour elle, le modèle ès-Bach reste Glenn Gould. Une vie
certaine adorne ces interprétations, la partie soliste bien intégrée à
l'orchestre, comme procédant de celui-ci. Il en va de même du double
concerto ; quoique là encore le final soit boulé. Le double concerto pour
violon et hautbois forme un intéressant complément. Les tempos y sont plus
modérés mettant en valeur la voix legato du hauboïste et les délicats entrelacs
du violon. On a plaisir à retrouver la belle sonorité de l'Academy qui se fait
rare au disque ces temps ; l'effectif réduit sied parfaitement à ces
pièces.
George Frideric HÄNDEL : Israel in Egypt. Two Coronation Anthems : Zodok the Priest. The King shall rejoice. Monteverdi Choir. English Baroque Soloists,
dir. J.E.Gardiner. Enregistrement de 1990. 2CDs
Universal/Decca : 478 1374. TT : 33'36 + 69’42.
Contemporain de Saül et de l'allegro Il Pensieroso ed il
Moderato, l'oratorio Israël en Égypte ne connut de succès qu'après la mort de Händel. La raison de son peu de
succès fut attribué à la prédominance de la partie chorale, là où le public
londonien de l'époque aimait entendre des arias et surtout se délecter d'une
action, dans cette forme d'opéra déguisé. De fait, le récit biblique tel que
mis en musique par Händel n'en comporte que bien peu ; il est plus d'ordre
contemplatif au long de ses deux parties, l'Exode du peuple hébreu, le chant de
Moïse. Ce qui fut taxé de défaut est en réalité une des forces de cette
pièce qui ne comporte presque pas de récitatifs et où l'intervention des
solistes est réduite au minimum. D'ailleurs, J.E.Gardiner les a choisis
parmi le chœur, pour bien signifier que c'est lui qui tient le rôle
central. On distingue en particulier la voix aérienne du jeune Michael
Chance, un contre-ténor qui mena depuis lors superbe carrière. Dans la veine de
l'hymne plus que du récit, la grandeur épique affleure partout pour illustrer
le destindu peuple élu. De grandes figures chorales élaborées et très
contrastées dans la forme et la tonalité donnent un sentiment de diversité et
plus d'une page préfigure Le Messie.
Le Monteverdi Choir est l'artisan du succès de cet enregistrement auquel le
chef anglais apporte son expertise habituelle. Deux des Coronations Anthems complètent le coffret.
A French
Collection : Pièces de clavecin de Louis MARCHAND, Jacques DUPHLY, Armand-Louis COUPERIN, Claude-Bénigne
BALBASTRE, Michel CORRETTE, Joseph Nicolas Pancrace ROYER. Skip Sempé,
clavecin. Paradizo : PA 07. TT : 62'11.
Le claveciniste américain Skip Sempé poursuit son
exploration de la vaste littérature française de son instrument. Après Rameau,
voici un florilège de pièces empruntées au « répertoire du salon parisien
à l'époque des Lumières » tel que Mozart put l'entendre lors de son séjour
à Paris en 1763. L'art du toucher, dans le double sens de jeu sur l'instrument
et d 'impression faite sur l'auditeur, est porté ici à sa plus haute expression.
Superbe kaléidoscope de morceaux virtuoses, mais pas seulement, composés par
des musiciens qui ont compté comme Duphy (grandiose Chaconne, d'une extrême inventivité ), Marchand, Balbastre (pièces
d'une animation incoercible et d'une formidable vie) ou Royer, lui-même
compositeur d'opéra, ce que deux de ses pièces de style déclamatoire montrent à
l'évidence dont une Marche des Scythes tourbillonnante. Comme à son habitude, Skip Sempé joue ces pièces enchaînées
les unes aux autres, alternant mouvements vifs et lents. Le toucher est pure
beauté, notamment dans les notes piquées que met en valeur la superbe résonance
de l'instrument joué, dans le grave en particulier (une copie d'un modèle
français du XVIIIe). L'interview de
l'interprète figurant dans le livret du disque est certes fort intéressante,
mais quelques notes sur les compositeurs, peu connus même si significatifs de
l'art du clavecin français, eussent été les bienvenues pour aider à s'y
repérer !
Centenaire Haydn
Joseph
HAYDN : Les Saisons. Marlis Petersen, soprano,
Werner Güra, ténor, Dietrich Henschel, baryton. RIAS Kammerchor. Freiburger Barockorchester, dir. René
Jacobs. 2CDs Harmonia Mundi : HMX 2961829.30. TT : 62'24 +
62'36.
Peu après le triomphe de La Création, Haydn retourne de nouveau vers le genre de la grande
œuvre chorale : Les Saisons seront créées avec tout autant de succès en 1801. Le compositeur s'inscrit là
encore dans la lignée des grands oratorios de Händel. Il y décrit non pas la
nature, mais l'homme au contact de la nature, elle-même expression de
Dieu. Il y fait alterner scènes de genre et épisodes dramatiques, et
introduit des figures imitatives, évocations musicales souvent humoristiques ou
tendres des bruits de la nature : le cri du coq éveillant le jour, le coassement
d'une grenouille le soir tombant, la salve de quelque fusil, etc.
L'interprétation de René Jacobs est profonde et recueillie, emplie d'atmosphère
par d'infinies nuances orchestrales et chorales - tel ce sentiment étouffant
d'air raréfié précédant l'orage. Sans verser dans le rustique, les danses
paysannes de l'Automne sonnent comme classiques. L'introduction à l'Hiver
procure ce sentiment de paix retrouvée, du juste labeur terminé. Le travail sur
la couleur orchestrale, sur le timbre inimitable de Haydn, est perspicace, tout
comme le raffinement du discours instrumental, tel trait des cordes joué sul ponticello, telle figure de
vent solo. Il y a là une vraie recherche du coloris idoine pour évoquer le
bruissement de la nature. Le continuo est imaginatif, auquel la sonorité du
pianoforte apporte quelque chose de facétieux par endroit. L'engagement des
trois solistes est saisissant : le ténor intense et élégiaque, la soprano
fervente et non désincarnée, la basse, plus claire que de coutume, sensible et
profonde. L'énergie contenue de la formation chorale distingue encore cette
version et participe pour beaucoup de sa réussite, même si saisie d'un peu loin
par moment. L'enregistrement est lui aussi plein d'atmosphère, comme lors de la
scène de chasse qui voit les cors se répondre en écho des quatre coins de
l'horizon.
Joseph HAYDN : Sonate pour piano Hob. XVI : 52. Ludwig van
BEETHOVEN : Sonate pour piano op.2 n°2. Wolfgang Amadeus MOZART : Sonate
pour piano K.311. Rafal Blechacz, piano. Universal/DG :
477 7453. TT : 61'01.
Après un magnifique disque des Préludes de Chopin, le pianiste polonais Rafal Blechacz se tourne
vers la sonate viennoise classique, terrain d'élection de son aîné Alfred
Brendel. Le meilleur compliment qu'on puisse lui faire est qu'il se
mesure dignement à lui. En choisissant de rapprocher la Sonate n°52 de Haydn,
une des dernières, et la Sonate n°2 de Beethoven, une des premières, il cherche
à faire apparaître les liens qui les unissent, comme l'expérience acquise par
les deux compositeurs dans d'autres univers musicaux (l'orchestre, la musique
de chambre) mise à profit dans leur musique pour clavier. Fascinante
comparaison en effet. Avec la sonate de Haydn, la faconde presque humoristique
des deux mouvements extrêmes fait contraste avec la profondeur de l'adagio
central. Le jeu perlé de l'interprète, la fluidité, les changements dynamiques,
l'esprit surtout, sont un régal de tous les instants. Les premières mesures de
la sonate de Beethoven, allegro vivace, ne sont pas éloignées du final de celle
de Haydn, marquées des mêmes effets de surprise. Ce qu'on retrouve aussi dans
le scherzo qui manie avec vivacité un humour certain. Le final tempétueux
évoque, là aussi, un climat orchestral qui finit par s'éclairer dans son ultime
épisode grazioso, aux climats presque schubertiens. La boucle du
classicisme est bouclée, ce que le jeu de Blechacz démontre à l'envi. La sonate
de Mozart équilibre les deux autres, de sa perfection compositionnelle,
différente de la diversité thématique et tonale d'un Haydn. Mozart est
inimitable à l'heure de l'andante con espressione, cantabile qui rappelle
combien il aimait le chant, l'opéra. Le pianiste est d'une merveilleuse
présence, adaptée au discours mozartien comme aux deux autres, respiration,
absence de mécanique digitale, jeu direct sans afféterie, d'une limpide clarté.
______________
Wolfgang Amadeus MOZART : Requiem K.626. Transcription
pour quatuor à cordes d'après le manuscrit de Peter Lichtenthal (1802).
Quatuor Debussy. Universal/Decca : 180 1938. TT : 47'25.
La transcription a toujours tenu une place importante
dans la création musicale. Peter Lichtenthal (1780-1853) qui était l'ami d'un
des fils de Mozart et a été l’un des premiers biographes de ce dernier, a eu
accès à l'une des copies du Requiem.
Le genre du quatuor à cordes était alors fort prisé - on pense aux pièces
écrites par Haydn et Mozart lui-même - et il connaissait bien ce répertoire.
Comme Haydn pour Les sept dernières
paroles du Christ en croix, il va s'attacher à réduire pour cette formation
l'œuvre ultime du maître. Une épure qui offre la quintessence du texte, et
porte plus sur l'esprit que sur la lettre. Le texte a été légèrement
retravaillé par les présents interprètes qui s'en expliquent, notamment pour ce
qui est de la fugue finale de l'Hostias et du Domine Jesu, afin d'éviter
l'effet d'appauvrissement de l'accompagnement orchestral. On se laisse
surprendre par un sentiment de familiarité avec quelque chose de connu, alors
même que la curiosité reste en éveil, de complicité avec une œuvre qui n'est
pas tout à fait la même non plus que tout à fait autre. Au Tuba Mirum par
exemple, le chant du violoncelle s'arroge un champ plus vaste que celui confié
à la voix de la basse chantée, alternant avec le premier violon. La force
déclamatoire du Confutatis ou du Sanctus et de sa fugue est immense, tandis que
la tendresse du Recordare est rendue ici par une interprétation fluide et
extrêmement chantante dans laquelle les quatre voix procèdent délicatement les
unes des autres. Le Lacrimosa, page sublime s'il en est, revêt une forme de
désespoir abyssal. Partout, le texte prend, grâce à l'intimité du quatuor, une
force nouvelle qui ne le prive ni de sa puissance ni de sa lumière intérieure.
La vision du Quatuor Debussy est réfléchie, à n'en pas douter exigeante dans sa
démarche, équilibrée dans son articulation souple, pénétrante dans l'art de
traduire la richesse orchestrale. Une passionnante découverte.
Opium.
Mélodies françaises de Reynaldo HAHN, Cécile CHAMINADE, Jules MASSENET, Gabriel
FAURÉ, Ernest CHAUSSON, André CAPLET, Camille SAINT-SAËNS, Claude DEBUSSY, Paul
DUKAS, Guillaume LEKEU, César FRANCK, Gabriel DUPONT et Vincent d'INDY.
Philippe Jaroussky, contre-ténor, Jérôme Ducros, piano, Renaud Capuçon, violon,
Gautier Capuçon, violoncelle, Emmanuel Pahud, flûte. Virgin :
216621 2. TT : 66'05.
Un florilège de mélodies françaises chantées par un
contre-ténor, voilà qui est peu commun. Qu'il s'agisse de Philippe Jaroussky,
un des grands interprètes actuels du baroque, l'est tout autant. Et pourtant,
la magie opére dès le premier morceau. Plus encore que le Lied allemand,
la mélodie convoque l'esthétisme, union intime de la poésie et de la musique,
celle-là puisée à Verlaine, Gautier, Bourget, mais aussi chez Ronsard, Hugo ou
Bouchor. Notre sympathique chanteur joue la simplicité, magnifiant cet
art de dire, privilégiant la prononciation la plus proche de la voix parlée. Le
soin donné au mot, à l'accent n'a d'égal que la pureté de la vocalité, la
clarté dépourvue d'affect ou de sollicitation inutile de textes déjà si chargés
de signification. Ce qui est ici en exergue est le médium de la voix, jamais
mieux en évidence que dans ces volutes sublimes, et la plénitude d'un timbre
ensorcelant, sensuel même. Jaroussky visite tour à tour l'élégiaque - Élégie (Massenet), d'une noble tristesse
avec le concours du violoncelle, la fine musicalité - Nell (Fauré), lumineux, la gravité - Nocturne (Franck), presque mystique, la sensibilité simple - Le Colibri (Chausson) où le chant se
fait d'une douceur caressante, le drame affleurant - Automne (Fauré), voire le facétieux - Sombrero de Cécile Chaminade. Un joyau encore, et même
deux : Les fêtes galantes (Hahn)
avec ses amusants « effets », et plus encore Songe d'Opium (Saint-Saëns), sorte de mouvement perpétuel qui
s'élève peu à peu jusqu'à l'extatique, envoûtant. Jérôme Ducros est plus qu'un
accompagnateur, car il possède ce sens rare du jeu gallique. Le violon de
Renaud Capuçon lors de Violons dans le
soir (Saint-Saëns), sorte de grand morceau de concert, ajoute une dimension
supplémentaire à cette page un peu folle d’Anna de Noailles. À écouter
pour se sortir des idées reçues.
Vincenzo BELLINI : I Capuleti e I Montecchi. Anna Netrebko, Elina Garanča,
Joseph Calleja, Tiziano Bracci. Wiener
Singakademie, Wiener Symphoniker, dir. Fabio Luisi. 2CDs Universal/DG :
477 8031. TT : 76'10 + 51'26.
Bellini ne s'inspire pas de Shakespeare, mais de la
pièce d'un certain Scevola qui lui-même s'appuyait sur une source de 1530 à
laquelle a puisé le grand Will. L'action de ce Roméo et Juliette
belcantiste est plus resserrée que celle illustrée par un Gounod par exemple.
Il eut été dommage de ne pas graver une si belle affiche de concert ; à moins
que ce dernier n'ait été le prétexte du présent enregistrement. Car il est
difficile d'imaginer meilleure paire que celle formée par Anna Netrebko et
Elina Garanča. Dans le rôle travesti du chef des Montaigus, immortalisé
par la Grisi et la Malibran, Elina Garanča fait montre d'un sens éprouvé
de la colorature aiguë, et de sa voix grave si bien timbrée propose une figure
habitée d'ardent désir. L'étonnant air de désespoir au tombeau de Juliette, sur
le contrepoint du chant des Capulets, est un moment magique. Anna
Netrebko est la plus belle des Juliette, un rôle émaillé de pages suaves et
touchantes, mais aussi de désespérance de l'attente de l'aimé, de mélancolie
d'une union contrainte tenant presque du sacrifice. La romance, précédée
d'une sombre introduction du cor, est envoûtante, caressant les mots avec de
délicats pianos. Les colorature sont comme des « promenades » dans le
registre aigu et délivrent une vraie douceur, les notes extrêmes ppp comme perlées. La cavatine est un
modèle dans l'art de faire palpiter un timbre irrésistible. Les duos sont des
moments de choix, d'une réelle émotion. Le ténor Joseph Calleja qui se fait
rare, trop dans l'ombre de ses illustres collègues, est digne de ces dames.
Fabio Luisi se montre à la hauteur de l'événement, livrant la souple rythmique,
les amples mélodies de cette musique profondément vocale, ménageant des
ensembles enflammés ou le lyrisme sensible de pages comme l'introduction avec
clarinette solo de l'air de Roméo du IIe acte. L'ensemble choral de
la Wiener Akademie n'a rien à envier à celui du Staatsoper voisin.
L'enregistrement, quoique un peu sonore, est d'un beau relief.
Esa-Pekka SALONEN : Helix (2005) for orchestra. Piano Concerto (2007). Dichotomine (2000) for piano solo. Yefim Bronfman, piano. Los Angeles
Philharmonic, dir. E.-P. Salonen. Universal/DG :
477 8103. TT : 60'32.
Esa-Pekka Salonen n'est pas seulement un grand chef à
la jeune cinquantaine, c'est aussi un compositeur - il se dit être d'abord tel
- avec lequel il faut compter : une musique parcourue de tension, qui
reste lisible. Helix, pour grand
orchestre, compose quelque mouvement en spirale qui va s'accélérant, comme le
fonctionnement d'une hélice s'emballant dans des tutti dévastateurs, alors
qu'on perçoit en chemin comme l'écume de l'eau de chaque côté, effet produit
par la division des premiers violons. Le Concerto
pour piano, de vastes proportions, est bâti en trois mouvements. Si le
piano créé « son propre langage et sa propre grammaire », il n'en est
pas moins intimement intégré à la texture symphonique. On est frappé dans le
Mouvement I par la diversité des épisodes, du motorique à l'assagi,
presque limpide qu'entrecoupent un bref duo piano-alto ou un solo de saxophone.
Le mouvement II débute par le clavier seul, sorte de cadence, rejoint par
les bois - comme dans le Concerto en sol de Ravel - puis vient une vision de cauchemar, de science-fiction, qui ne
manque pas de sortilège sonore : arpèges du piano sur un lit de cordes
scintillantes débouchant sur un grand tutti digne d'une pièce de
Rachmaninov ! De type rondo, le Mouvement III laisse d'abord le piano
broder à la main gauche, puis le débit s'accélère et s'amplifie, entrecoupé de
relents de musique de chambre. C'est peu dire que Yefim Bronfman, le
dédicataire, lui rend justice, dirigé par l'auteur à la tête de « son » orchestre,
capté dans le Walt Disney Concert Hall. Dichotomie, pour piano seul, est composé de deux volets : le
premier, « Mécanisme », évoquant l'un des mobiles de Tinguely et
quelque bruit de machine, est là encore motorique et compulsif dans ses effets
de répétitions. Au caractère extraverti de ce morceau répond le second,
« Organisme », de climat plus calme, aux harmonies presque
debussystes. La progression est forte, de plus en plus rapide. Bronfman livre
une étourdissante performance.
Jean-Pierre Robert
Jean Henry
D’ANGLEBERT : Suites pour clavecin.
Laurent Stewart, clavecin. Zig-zag Territoires : ZZT 090501.
Ce disque est l’occasion d’une rencontre fructueuse
entre Laurent Stewart, claveciniste aux enregistrements plusieurs fois primés
(Couperin, Frescobaldi), et Jean Henry D’Anglebert, musicien de la cour de
Louis XIV, « le plus haut niveau de magnificence de la musique
française pour clavier à l’époque classique ». L’instrument, copie d’un
Rückers 1638 « petit ravalement », fait entendre sa plénitude et,
notamment, la richesse de ses graves dans ces suites de danses, lumineuses et
riches d’ornementations.
Odyssée baroque. Œuvres
de Castello, Corelli, Marini, Leclair, Marin Marais, Vitali et Vivaldi.
Gérard Poulet, Olivia & Vivien Steindler (violons), Isabelle Dumont (viole
de gambe et violone), Stefano
Intrieri (clavecin). Saphir Productions : LVC 1084. TT :
70’09.
Odyssée, voyage, voire initiation pour certains, à
travers les œuvres de sept compositeurs de l’époque baroque (1600-1750), autour
du violon baroque et de la sonate en trio. Âge d’or du violon et des
violonistes-compositeurs mêlant virtuosité et fantaisie créatrice, le début du
XVIIe siècle marque le passage pour le violine (viole réduite) du statut
d’instrument canaille des bals et fêtes populaires à celui de « roi de
l’orchestre » qu’on lui connaît. Les différentes pièces permettent de
mettre en avant les possibilités techniques de l’instrument et les
particularités de chaque compositeur. Gérard Poulet est entouré, ici, de
remarquables interprètes spécialisés dans ce répertoire, la prise de son est
excellente, un beau disque.
CHOPIN : 24 Préludes op.28. LISZT : 5 Pièces. Remi Masunaga (piano). Wild
Palms Music : BR0307. TT :
51’06.
Interprète d’un remarquable disque consacré à Debussy
(L’ÉM, n°507/508), Remi Masunaga nous
propose ici les 24 Préludes op.28 de
Frédéric Chopin et 5 Pièces de
Franz Liszt, dans un enregistrement en prise directe qui met en avant toute
l’expressivité de ces pièces ainsi que la virtuosité et la fluidité du jeu de
la pianiste japonaise. Plus contrastés, les Préludes sont autant d’instantanés musicaux et poétiques, alors que
les pièces de Liszt, qui explorent les limites de la tonalité, sont empreintes
d’une gravité, témoignant de la maturité et des interrogations métaphysiques du
compositeur, et la berceuse finale n’est pas là pour nous rassurer, laissant
planer comme une menace au dessus du berceau…
André
CAPLET : Le miroir de Jésus.
Chœur Britten, Maîtrise de Notre-Dame de Paris, Béatrice Gaucet (soprano),
Fabrice Pierre (harpe), Annick Roussin et Claire Rapin (violon), Pierre-Henri
Xuereb (alto), Jérome Pernoo (violoncelle), Bernard Cazauran (contrebasse),
dir. Nicole Corti. Saphir Productions : LVC 1105. TT : 70’10.
Le miroir de
Jésus est
sans nul doute l’une des œuvres majeures d’André Caplet, composée en 1923
d’après les poèmes d’Henri Ghéon, œuvre mystique, véritable prière, comportant
trois parties : miroir de joie, miroir de peine et miroir de gloire.
Le compositeur met ici à profit l’expérience du chef d’orchestre dans cette
partition pour soprane, chœur de femmes et d’enfants avec accompagnement de
quintette à cordes et harpe. On est immédiatement saisi par la transcendance,
l’appel de cette musique limpide mais parfois douloureuse où percent
l’influence de Debussy et la voix de Mélisande. Ne résistons pas à l’appel de
cette œuvre magnifique, rarement jouée et remarquablement interprétée.
Patrice Imbaud
Peeter CORNET
(ca 1575-1633) : L’œuvre pour
orgue. Arnaud Van de Cauter, organiste. 2CDs Paraty (www.paraty.fr) : 308 107. Intégral
Distribution. TT : 61’02 + 41’24.
Magnifique intégrale de l’œuvre pour orgue de l’un des
organistes de la chapelle des archiducs Albert et Isabelle à la cour espagnole
de Bruxelles, où l’on peut déceler de multiples influences : italienne,
espagnole, anglaise… Bruxelles n’était-elle pas alors capitale
européenne ? Encore en manuscrit, ces œuvres au caractère
imprévisible, voire fantasque, seront, gageons-le, bientôt éditées. Elles
ne déméritent nullement, en effet, aux côtés de celles de Titelouze, Scheidt,
Frescobaldi, Arauxo… Arnaud Van de Cauter touche ici les orgues flamands
de Nielles-lès-Ardres (Van Belle, 1696) et de la Elzenveldkapel d’Anvers
(Bremser, 1675), instruments récemment restaurés.
Mediterranea… « Alla
francesca » en trio : Brigitte Lesne (chant, harpes, percussions),
Pierre Hamon (flûtes, tambour, cornemuse), Carlo Rizzo (tammora, tamburello,
chant). Zig-Zag Territoires (www.zigzag-territoires.com) :
090402.
Chansons de troubadours, laudes à la Vierge,
tarentelles et estampies du Trecento se mêlent ici aux berceuses sépharades
(célèbre Nani, nani…) et autres
mélodies traditionnelles collectées en Italie. Superbe florilège culturel
inspiré de confessions chrétienne, juive, musulmane – en langues occitane,
castillane, florentine, napolitaine, sarde… Intemporel !
Marin
MARAIS : Pièces en Trio pour les
flûtes, violons et dessus de viole (Paris, 1692). Ensemble « Aux
Pieds du Roy », dir. Dirk Börner & Michael Form. Ambronay
éditions : AMY016. Distr. Harmonia Mundi.
Direction assurée par le flûtiste Michael Form & le
claveciniste Dirk Börner, l’ensemble « Aux Pieds du Roy » (fondé en
2005) s’est donné pour vocation d’étudier et de jouer la musique de chambre
française autour de 1700 (en vieux français, le « pied » mesurait la
longueur du pendule grâce à laquelle se fixait le tempo musical – manière de
chronomètre, ancêtre du métronome). Créé par Lully, le genre « Pièces
en trio » connut une riche postérité auprès, notamment, de Marin Marais,
La Barre, Philidor, Dornel, François Couperin. Ces pièces de Marin Marais
sont d’un écriture particulièrement exigeante, nécessitant – selon le
compositeur, lui-même – « délicatesse » et « (apparente)
facilité d’exécution » ; elles sont le chaînon manquant entre Lully
et Fr. Couperin. Un précieux enregistrement.
Gaspard CORRETTE
(1671-1733) : Messe à l’usage d’une
Abbaye royale. Régis Allard, à l’orgue historique de Saint-Michel de
Bolbec (Calvados). Ensemble vocal Ad Limina. Hortus (www.editionshortus.com) : 061. TT :
61’55.
Père du fameux organiste Michel Corrette (1707-1795),
Gaspard Corrette exerça lui-même son art sur les instruments de quatre grandes
églises paroissiales de Rouen. Mais ne laissa qu’une seule œuvre : Messe du VIIIe ton pour
l’orgue à l’usage des dames religieuses et utile à ceux qui touchent l’orgue (1703), destinée à
l’alternance entre le grand orgue et le chœur des moniales. C’est ici son
premier enregistrement, avec des inserts empruntés au Processionnal pour l’Abbaye royale de Chelles et au Graduale romano-monasticum de
Guillaume-Gabriel Nivers, ainsi qu’à l’Office
divin à l’usage des dames religieuses du chanoine Derey.
Jean-Philippe
RAMEAU : Concerts mis en simphonie.
La Simphonie du Marais (www.simphonie-du-marais.org),
dir. Hugo Reyne. « Musiques à la Chabotterie » (Conseil général
de Vendée) : 605 006. Distrib. Codaex. TT :
71’32.
Fondé par Hugo Reyne en 1987, l’ensemble La Simphonie
du Marais a déjà enregistré une trentaine de CDs autour du patrimoine musical
français. Le présent disque (5e volume du label « Musique
à la Chabotterie ») comporte 5 Concerts,
version orchestrée des pièces de clavecin éponymes (1741), chacun d’eux ayant
été repris, par le compositeur lui-même, dans différents opéras. Il
s’agissait, à l’origine de Pièces de
clavecin. Avec un Violon et une Viole, ou avec un 2e Violon. Hugo Reyne a ici réalisé une magnifique reconstitution, bien
dans l’esprit du temps, enrichissant les cordes de sonorités de flûtes,
hautbois et bassons.
Joseph HAYDN : Die sieben letzten Worte unseres Erlösers am Kreuze. Quatuor Terpsycordes. Ricercar (www.ricercar.be) : RIC 281. TT :
64’24.
Les sept
dernières paroles de notre Rédempteur sur la croix ont connu quatre
avatars : pour orchestre, quatuor à cordes, piano et - sous forme
d’oratorio - pour solistes, chœur et orchestre. La version pour quatuor,
la plus épurée, a été réalisée par le compositeur lui-même. Sept
méditations, sept « sonates » adagio, avec une introduction également
lente, telle est la gageure admirablement soutenue par Haydn, dans une
extraordinaire diversité… L’œuvre se concluant, à la mort du Christ, sur
un bref tremblement de terre (Il Terremoto :
Presto e con tutta la forza). Pour ce magnifique enregistrement, les
Terpsycordes ont joué des instruments signés Vuillaume (accordés à
422 Hz), prêtés par le Musée d’art et d’histoire de Genève.
Robert
SCHUMANN (1810-1856) : Für die
Jugend… Klavierwerke
& Kammermusik, VII. Éric Le Sage, Frank Braley & Denis Pascal,
piano. 2CDs Alpha (www.alpha-prod.com) : 145. TT :
62’55 + 69’56.
Le premier disque comporte des œuvres à quatre mains peu
enregistrées : 12 pièces pour petits
et grands enfants, op.85 (Éric Le Sage & Frank Braley) / Scènes de bal, 9 pièces
caractéristiques, op.109 et Bal d’enfants op.130 (Éric Le Sage & Denis Pascal). Le second disque comporte le célèbre Album pour la jeunesse op.68 (Éric Le
Sage). Un enregistrement de référence. Remarquables notes de
présentation signées Brigitte François-Sappey.
Edvard GRIEG
(1843-1907) : Pièces lyriques op.65, 68 et 71. Impressions op.73. Daniel Propper,
piano. Skarbo (www.skarbo.fr) : DSK 1086.
TT : 79’29.
Par le pianiste Daniel Propper - viennois d’origine,
suédois de naissance et français d’adoption - voici, de Grieg, le dernier
volume de l’intégrale des Pièces lyriques (8e, 9e et 10e cahiers), ainsi que les Impressions (1905), ultimes pièces pour le piano du compositeur
norvégien. Interprétations d’une grande simplicité, dans le parfait
respect de l’esprit du folklore, sans les ordinaires préciosités dont on a cru,
si longtemps, devoir adorner ce répertoire.
Gabriel
DUPONT (1878-1914) : Intégrale de
l’œuvre pour piano. Émile Naoumoff, piano. 2CDs Saphir (www.saphirproductions.net) : LVC 1097. TT : 57’31 + 45’19.
Étonnant que ce soit, une nouvelle fois, un artiste
étranger – ici le grand pianiste bulgare Émile Naoumoff – qui s’attache à la
réhabilitation d’un compositeur français injustement oublié ! Gabriel
Dupont, compositeur poète - à la santé fragile, qui le contraignit à s’exiler
de la capitale –, s’est notamment épanché dans les deux grands cycles ici
enregistrés que sont Les Heures dolentes (1905), 14 pièces brèves, et La Maison
dans les dunes (1910), 10 pièces composées au grand air d’Arcachon.
Musiques intimistes et délicates, parfois poignantes, qui ne laissent pas
d’évoquer un Séverac, voire un Debussy, et qui – espérons-le – permettront à
nombre de nos solistes d’élargir des répertoires souvent confinés.
The best of Bill FRISELL, vol. 1 : Folk songs. Nonesuch (www.nonesuch.com) :
7559-79863-3
.
Instantanément identifiable, de par la symbiose réussie
de nombreuses sources d’inspiration (blues, jazz, folk, country, rock…), le
compositeur et guitariste Bill Frisell (www.billfrisell.com)
est en passe de devenir une légende. Il s’agit ici de la première compilation
rétrospective (15 titres) de ses enregistrements les plus populaires (22
disques enregistrés en 20 ans pour la seule firme Nonesuch). Thèmes originaux, reprises de titres connus (I’m so lonesome I could cry, Wildwood
flower) ou traditionnels (Sugar baby, Shenandoah, Sittin’on top of he world) forment ici un admirable bouquet. Indispensable pour tout
guitariste - serait-il exclusivement classique.
Malick DIA : Fuuta
Blues. Ensemble Boolumbal (www.boolumbal.com). Playasound (www.playasound.com) :
PS 66413. TT : 57’30.
Malick Dia est un chanteur et guitariste mauritanien,
leader du groupe Boolumbal (Oiseau de bon augure dans la vallée du fleuve
Sénégal). À l’exception de Continent
noir (pièce signée Nicolas Lebault, musicien arrangeur et producteur de ce
disque), tous les titres ont été composés par Malick Dia. Album qui nous
ramène, avec bonheur, aux liens de filiation séculaires qui unissent les
musiques traditionnelles d’Afrique de l’Ouest au blues, au folk et au jazz.
POUR LES PLUS
JEUNES
Peter & Lupus, conte
musical d’après Pierre et le Loup de
Prokofiev. Adaptation : Jérôme Bardeau. Ensemble Pandémonium,
direction & arrangements : François Jeanneau. 2CDs Victorie
Music/Universal : 301 783-0.
Relecture jazzy du célèbre conte par le saxophoniste
soprano François Jeanneau (qui longtemps dirigea l’Orchestre national de jazz),
entouré de 12 musiciens et 3 comédiens-chanteurs, lesquels contrepointent le
tout de plaisantes improvisations. Amusant !
Sophie
FORTE : J’suis vert.
Musiques d’Antoine Sahler. Victorie/Universal : 301 789-6.
Déjà populaire auprès des adultes, Sophie Forte s’est révélée
– et ce, depuis son premier album Maman
dit qu’il ne faut pas – une merveilleuse animatrice. Pour ce nouvel
album (10 titres), elle a écrit des textes d’une infinie délicatesse (où sont
abordés les thèmes du divorce, de la religion, de l’adoption, de l’écologie…),
sur des musiques et arrangements fort bien venus de son pianiste et complice
Antoine Sahler.
DVD
Béla
BARTÓK : Concerto pour orchestre.
« Les clefs de l’orchestre ». Présentation : Jean-François
Zygel. Orchestre philharmonique de Radio France, dir. Myung-Whun
Chunh. Réalisation : Philippe Béziat. TT : 1h50.
Nouvelle production de Jean-François Zygel,
merveilleux musicien-poète et communicateur qui aura inspiré tant de
pédagogues. Selon le nombre de mouvements, sa présentation de l’œuvre de
Bartók comporte cinq chapitres. 1er mouvement : Introduzione e allegro vivace - Il était
une fois… des personnages. 2e mouvement : Giuoco delle coppie - Des couples… et un
militaire à l’église. 3e mouvement : Elegia - Bruissements de la nature… et
sombre douleur. 4e mouvement : Intermezzo interrotto - Naïveté… amour
et humour. 5e mouvement : Finale - Un mouvement perpétuel… avec
des détours, des surprises et une fin. En bonus : « À propos
des Danses roumaines » et
« Improvisation sur des thèmes du Concerto
pour orchestre ». D’une lumineuse intelligence !
Rappelons que, dans cette même collection du
Scérén/CNDP « Les clefs de l’orchestre », sont déjà parus, avec un
égal bonheur : Boléro (Ravel), Symphonie n°103 « Roulement de
timbales » (Haydn) et Symphonie
pastorale (Beethoven).
Francis Gérimont
***
Werther à Bastille
ou comment valoriser Massenet
On a tant dit de
choses désagréables sur Jules Massenet et son Werther en particulier qu'on se
demande si le public n'en est pas influencé au point de le bouder. Ainsi à l'Opéra Bastille, malgré la présence d'un ténor de renom. Musique sentimentale, effets faciles,
action banale, que n'a-t-on pas fustigé ! Sans voir que bien jouée cette œuvre a
plus d'un attrait. À commencer par une fine peinture de
l'âme féminine. C'est Debussy qui aussi louera une « musique secouée de frissons, d'élans, d'étreintes qui voudraient
s'éterniser ». La nouvelle production de l'Opéra Bastille ne mérite pas
l'opprobre dont certains ont cru devoir la couvrir. Jürgen Rose est d'abord un
décorateur et comme son illustre collègue Jean-Pierre Ponnelle, pense en
peintre la régie de son spectacle. Il explique avoir trouvé l'idée du rocher
sur lequel est installé la table de travail du héros, trônant au milieu du
plateau, dans la célèbre toile de Caspar David
Friedrich « Le promeneur au-dessus de la mer de nuages ». Autour de ce point focal, qui symbolise l'isolement dans
lequel se maintient le poète, gravite le monde bourgeois qui tourne sur
lui-même. Lorsque Werther en vient à y pénêtrer pour chanter quelque page
essentielle, tout se fige dans une sorte d'arrêt sur image. La fixité de la
mise en scène traduit les images que Werther a en lui, projection de son destin de mort ; visions qui ont aussi quelque chose de naïf, de réducteur,
illustrant ce que Werther conçoit de la vie en dehors de
son univers d'artiste.
Loin des passions
générées par la prestation du ténor de renom - ce qui ira jusqu'à se répercuter
sur la grille tarifaire - était
présentée, en alternance, la version de l'œuvre pour baryton que Massenet écrivit à la demande d'un chanteur
célèbre. Pour le plus grand plaisir de
l'auditoire. L'actuel interprète du rôle, Ludovic Tézier, en souligne la
délicatesse d'écriture, la belle manière de prosodier en musique, et surtout le
fait qu'elle apporte au personnage quelque chose qui correspond plus au
romantisme germanique, tout en clair-obscur. L'interprétation est
enthousiasmante vocalement comme du point de vue dramatique. Outre une ligne de
chant admirable, la diction est d'une clarté exemplaire, suprême maitrise de la
consonance du texte. Un air comme
« Pourquoi me réveiller » privé, certes, des
ses montées dans la quinte aiguë du ténor, en acquiert pourtant une profondeur
insoupçonnée. Et
l'adéquation entre le timbre de baryton lyrique et celui d'une mezzo aux riches
harmoniques est on ne peut mieux servie. Ces deux types de voix sont faits pour s'entendre, on le sait
bien. La vie intense du poète suicidaire, plus profondément inquiet que
torturé, à l'image de ce visage fermé, d'une insondable tristesse, est ici
rendue par un grand acteur. Susan Graham, Charlotte, semble libérée en telle compagnie, et
son chant est lui aussi d'une souveraine beauté. On passe vite sur quelque
dureté çà et là pour apprécier une interprétation elle aussi vécue du tréfonds. Frank Ferrari, Albert, baryton plus conventionnel, et Adriana
Kucerova, fine Sophie, si moins à l'aise que dans Gretel à Glyndebourne, Alain
Vernhes, sympathique Bailli, qui
chante bien en mesure, complètent une distribution équilibrée. L'autre surprise
vient du chef, Jean-François Verdier, juste sorti des rangs de l'Orchestre de
l'Opéra où il fait profession de clarinettiste super-soliste. Dès les premières mesures du prélude, on voit qu'il a tout compris : l'équilibre des masses, la parfaite fusion entre élans
dramatiques et effusions lyriques, le geste dépourvu de pathos, une vision
sincère. L'orchestre de l'Opéra lui
fait fête par une sonorité diaprée, transparente, jamais épaisse, de beaux
solos instrumentaux et une texture tout en demi-teinte, jamais plus évidente
que dans l'interlude entre les deux derniers actes.
***
Une soirée parisienne de
l'Orchestre du Capitole
La phalange
toulousaine a décidément bien de la chance d'avoir à sa tête un chef de la trempe de Tugan
Sokhiev. Lorsque le programme est pur
russe, les choses prennent le ton de
l'évidence. Pour leur second concert parisien de la saison, à la Salle Pleyel,
ils avaient choisi Serge Prokofiev. Musique démonstrative s'il en est. Pas seulement, nous montrera le chef. La cantate Alexandre Nevski tire son origine de la musique
composée pour le film éponyme d'Eisenstein. Elle porte l'épique en soi. Les
mouvements lents y prédominent cependant, jusqu'à cet
étonnant lamento du « Champ des morts » (délivré par la mezzo grave Larissa Diadkova). Sokhiev n'en fait pas un
« showpiece » comme bien de ses collègues. Au
contraire, une pièce dont toutes les parties, intégrées, ont à voir avec le
théâtre. Celui de la lutte des
chevaliers teutoniques contre les combattants russes. D'où ces traits
profondément dramatiques. La ligne
de basse des cordes graves est bien marquée, soubassement de ces combats. Le continuum est assuré par un habile
enchaînement des divers climats. Les effets de timbres, le traitement
instrumental, traits arrachés des cordes, éloquence des percussions et de la
vaste section des cuivres, tout est ici frappé au coin de l'incandescence
contrôlée. La Bataille sur la glace, épicentre de l'œuvre, est d'une violence inouie, motorique
sans être mécanique, en même temps d'une sauvagerie
primitive.
En seconde partie, les Suites n°1 et n°2 de Roméo et Juliette nous introduisent dans un monde d'atmosphère différente, tonal ici, langage marquant le retour, en
1936, de Prokofiev en Russie. Là encore, orchestre et chef battent à
l'unisson de l'opéra ; pour magnifier une richesse
d'invention mélodique dont Prokofiev savait, comme peu, distiller l'effet. Rythmes acerbes, saveurs de l'orchestration, Sokhiev nous enmène dans
un fabuleux voyage. Admirables, la légèreté de telle danse marquée « vivo », le lyrisme retenu de la scène de Roméo et
Juliette avant la séparation, le grandiose de celle dramatique de Roméo au
tombeau de Juliette. Les
rythmes implacables traversés de coups de boutoir rageurs, de l'ultime morceau, « La mort de Tybalt », laissent pantois. Du beau travail d'orchestre. En
bis, on passera de la marche de l'Amour des trois
oranges, ce délicieux thème
entraînant qui revient en boucle durant tout l'opéra, à une pièce intensément lyrique de Tchaïkovski ; de quoi montrer, s'il en était besoin encore, la cohésion de la phalange
capitolienne et le talent de ce jeune chef ossète qui en viendrait à faire de
la concurrence à un certain Valery Gergiev, une autre baguette célèbre de la même contrée.
Orchestre du
Capitole. ©Frédérique Toulet
***
Somptueux Zoroastre à l'Opéra Comique
Le triomphe de
Rameau sur les scènes hexagonales se poursuit à l'Opéra Comique, avec Zoroastre. Aidé de Louis de Cahusac, plume célèbre, qui va intégrer le drame
au spectacle, Rameau illustre, dans l'ancienne Perse, la lutte entre le bien et
le mal, le combat entre la lumière et les ténèbres, et le triomphe de la force
de l'amour. Hymne au soleil, remise de
talisman - sorte de livre de la sagesse ici, qu'on donne à lire aux femmes -
sont autant de symboles maçonniques qu'on retrouve dans La Flûte enchantée. Par son idée fondatrice de libération de l'homme, Rameau ouvre
également la voie au siècle des Lumières. Il conçoit une œuvre truffée d'idées nouvelles où l'élégiaque voire le voluptueux
tempèrent l'ardeur d'évolutions chorégraphiques rythmées. La danse y tient en effet un rôle déterminant : les ballets figurés, danses par le truchement desquelles le groupe « représente » c'est-à-dire mime, et où la figure chorégraphique participe directement au
drame, intimement unie qu'elle est à l'action. Il y a aussi de la magie visuelle là-dedans. C'est ce que la mise
en scène de Pierre Audi, qui nous vient du merveilleux théâtre de
Drottningholm, le Glyndebourne suédois, laisse percevoir dès les premières
mesures. Elle intégre avec aisance le
ballet à la dramaturgie par
des mouvements qui font une large place aux mains, figures de doigts pointés,
d'imageries géométriques qui ont à voir avec le
maçonnisme. L'espace est celui-là même du théâtre de Cour avec son enfilade de
colonnades côtés cour et jardin, disposant à l'envi des effets de perspective
qui flattent l'esprit cartésien. Audi sculpte des groupes mémorables et déploie des costumes qui retrouvent le goût du Grand Siècle pour le faste.
Surtout, il émane
de cette production un sentiment d'unité par la couleur -
le camaïeu de gris du décor (Patrick Kinmonth) sur
lequel se détache la symphonie en noir et blanc des costumes - et par le
mouvement d'ensemble, hiératisme des gestes, souvent au ralenti, riche
composition des groupes qui se font et se défont avec aisance. Un sentiment d'esthétisme aussi, que de subtils réchauffements de lumière mordorée (Peter Van Praet) mettent en exergue. L'acte des
Enfers est un modèle de
dramaturgie baroque : tout y est d'une infernale
tournure, étrange fête de magie noire jusqu'au sacrifice humain, qui dégénère
en une scène de démence collective. Au XVIIIe, la représentation de la haine, de la
vengeance, de la terreur est presque chose commune :
on est dévoré de dépit, on abhorre, on exécute avec
simple délectation. Christophe
Rousset et les Talens Lyriques sont comme indispensables
pour livrer cette « musique inquiétante et
saisissante » dit-il. La vraie veine française est là, la fine instrumentation ramiste,
l'orchestration imagée, la grande déclamation lyrique. On ne s'apercevrait pas que les
choristes nous viennent de Suède tant leur diction est parfaite. Tout comme celle des protagonistes. À part Anna Maria Panzarella,
formidable tragédienne dont la grande déploration d’Erinice atteint la grandeur racinienne, et Gérard Théruel, grandiose Oromasès, tous
sont en effet étrangers. Mais
quelle force chez tous dans la prosodie ramiste, quel art du récit accompagné,
quelle aisance dans les ornementations dont le chant est
paré ! Une vrai achèvement (qu'on peut
prolonger en visionnant le DVD qui en a été saisi live à Drottningholm, production
Opus Arte).
***
La Calisto à La
Monnaie
Le théâtre de la
Monnaie vient de reprendre une de ses productions mythiques, La Calisto de Francesco Cavalli
(1602-1676), l'une des figures marquantes de la musique
vénitienne du XVIIe. Ce dramma per musica, qui s'inspire des Métamorphoses d'Ovide, narre la légende de cette vierge, suivante de Diane,
transformée en ourse par Junon pour se venger de son volage époux, Jupiter, qui en était tombé amoureux, en prenant les traits de... Diane. Le dieu, magnanime,
l'immortalisera dans les cieux sous forme d'une constellation, la Grande Ourse. Le spectacle bruxellois est magique
tant sur scène que dans la fosse. Herbert Wernicke a imaginé de sertir ce qui est une belle féerie, dans le décor
somptueusement évocateur de la représentation du zodiaque, telle que peinte sur
le plafond de la Villa Farnèse à Caprarola. Univers de voie lactée bleutée, en trois dimensions, et richement
enluminée, sol rouge sang, métamorphosé par la lumière, voilà l’un des plus beaux écrins qui se puisse imaginer pour une mise en
scène inspirée de la commedia dell'arte avec masques vénitiens. Une machinerie à l'ancienne, avec apparitions depuis les cintres, complète cette judicieuse boîte à malices. Les
caractères débordent de faconde italienne avec une gestuelle plus qu'allusive.
Car il y a du langage cru là-dedans : Satiniro, le petit
satyre, tire les ficelles ; Jupiter est
hyperbolique dans ses frasques terrestres, à la fois dieu et mortel déguisé en femme pour séduire une belle ; ce qui ne manque pas de piquant et autorise quelques allusions
lubriques. Les jeux érotiques,
omniprésents, sont portés bien au-delà de la frivolité. Le pauvre Endymion, d'abord tapi dans
un coin, est vite au centre d'une intrigue passablement chaude lorsque Pan se
précipite sur lui, alors qu'il enlace la soi-disant Diane, en fait Jupiter soi-même !
La force vitale de
la dramaturgie a son exact pendant dans l'interprétation musicale. René Jacobs
n'a pas son pareil pour délivrer un discours vif, aux harmonies presque
sensuelles elles aussi, à l'instrumentation raffinée : la petite flûte caquetant, les tambourins s'ébrouant. Il le fait avec une grande économie
de moyens. Le récitatif est accompagné par le seul continuo et l'orchestre en
tutti intervient surtout pour les ritournelles et les intermèdes ponctuant les
diverses strophes des arias. Dans sa réalisation, il dit avoir renforcé la polyphonie des accompagnements et
recherché des contrastes orchestraux pour souligner la vivacité des sinfoniae. Que ce soit les merveilleux musiciens du Concerto Vocale
distillant un raffinement instrumental extrême ou les solistes, tous de grande
pointure - Sophie Karthaüser, délicate et belle Calisto, Johannes Weisser, étonnant Jupiter maniant
la voix de fausset aussi bien que la basse de son royal statut, Georg Nigl, Mercure sardonique, Laurence Zazzo, Endymione
délicieux, ou Max Emanuel Cencic, Satirino, contre-ténor aérien et piquant acteur – tout ici contribue au plaisir
d'un spectacle qu'on n'oubliera pas de si tôt.
***
Le
« Progetto Pollini » à Pleyel, suite
Pour le nouveau
concert de la série Pollini Perspectives, le pianiste avait convié Pierre
Boulez autour de pièces de la Seconde École de Vienne. Soirée aussi austère que passionnante, juste
agacée par les toux rédhibitoires de spectateurs sûrement
égarés en pareille aventure. Les trois maîtres viennois que sont
Schönberg, Berg et Webern sont des adeptes de la petite
forme. Leurs pièces, qui durent souvent quelques minutes,
sont comme des fragments où la substance musicale est réduite à l'épure,
traversée de tensions pourtant, étranges aphorismes livrés à l'imagination de
l'auditeur. Dans des pièces comme les Six Petites Pièces pour piano op.19 de Schönberg, c'est de quintesence qu'il faut parler, et
Pollini le tient pour acquis dont le jeu est immatériel ; lorsque la clarinette se joint au piano, pour les Quatre Pièces pour piano et
clarinette op.5 de Berg, le son de cette
dernière est sollicité à l'extrême des possibilités de l'interprète, ppp ou traits arrachés. Il en va de même pour le cello dans
les Trois Petites
Pièces pour violoncelle et piano op.11 de Webern. Les Variations pour piano op.27, qui concluent la première partie du concert, sont un modèle de
concentration formelle. Peu avant, un bouquet de Lieder du même Webern aura montré que celui-ci était à son aise avec la voix – ici éminemment conduite de Petra Lang - dont l'expressivité n'est pas
distraite par la formidable virtuosité réclamée.
L'Ensemble
Intercontemporain et son mentor, Pierre Boulez, jouaient aussi la Symphonie de chambre op.21 et les Cinq Pièces pour orchestre op.10 de Webern,
qui offrent des effets de spatialisation étonnants. Puis retour à Schönberg avec le Lied der Waldtaube, le chant du ramier, extrait des Gurrelieder, dont il conclut la première
partie. Ce vaste chant tragique, d'allure et de sensibilité wagnérienne a quelque chose d'envoûtant ; alors que l'effectif chambriste d'origine (version choisie par Boulez) dispense une sonorité allégée, bien plus intéressante que celle,
plus nourrie, de la version pour grand orchestre réalisée ensuite par le compositeur. La voix puissante et bien timbrée dans le grave de Petra Lang, elle aussi formée à Wagner (une Brangäne de
choix), fait son miel de cette longue méditation dramatique nocturne. Enfin la Symphonie de chambre op.9 prend, sous les doigts de Boulez, sa vraie allure,
et ses ambiguïtés harmoniques comme sa densité textuelle
n'effraient plus. Formidable
point d'orgue d'un concert remarquable de par son originale programmation.
Jean-Pierre Robert
Le Châtelet présente Cyrano de Bergerac, la
célèbre pièce d’Edmond Rostand portée à la scène lyrique par
Franco Alfano - surtout connu pour avoir complété le Turandot de
Puccini. N'étaient quelques compressions, l'opéra reste fidèle à la pièce. Le
discours musical peut s'enorgueillir des belles harmonies d'un orchestre
d'envergure avec piano et brelan de percussions. Souvent sombre, il n'exclut ni
le glamour intimiste ni le flamboyant d'ensembles de cape et d'épée, et le lyrisme
y contrebalance l'héroïque. Placido Domingo incarnera le rôle titre,
immense faire-valoir pour le ténor. La régie de Petrika Ionesco devrait
donner vie à cette fresque épique peuplée de personnages volubiles, et la
direction de Patrick Fournillier, une baguette experte en ce répertoire, être à
la hauteur de l'événement. Théâtre du Châtelet, les 19, 22, 25, 28 et 31 (M) mai. Renseignements : Place
du Châtelet, Paris Ier. Tél. :01
40 28 28 40
. www.chatelet-theatre.com
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L'Opéra Bastille reprend L'Affaire Makropoulos, dans
la mise en scène iconoclaste de Krystof Warlikowski qui transpose l'action dans
l'univers du cinéma. Emilia Marty, la « femme de 350 ans »,
actrice idolâtrée qui traverse les siècles au gré d'une enquête policière, en
proie au déni de la possibilité même de la mort, a quelque chose du mythe de
Marilyn. La référence aux grandes heures du septième art ne s'arrête pas
là : Emilia Marty sera encore la jeune créature jouet de l'abominable King
Kong, projetée sous les feux de la rampe avec ce que cela a d'impressionnant,
d'inquiétant aussi. Voilà une réinterprétation hardie qui ne manque pas de
panache. Les 4, 7, 10 (M), 12, 15 et 18 mai. Renseignements : 130,
rue de Lyon, Paris XIIe. Tél. : 08 92 89
90 90. www.operadeparis.fr
***
Une dramaturgie du
bonheur : la saison 09/10 à l'Opéra de Paris
Le nouveau directeur de
l'Opéra de Paris, Nicolas Joel, vient de dévoiler sa première saison. Frappée
au coin de l'éclectisme, elle n'a de fil conducteur que d'émerveiller. Ce grand
amoureux du chant, pour qui « il n'est pas de grand opéra sans grands
chanteurs », convoque bien des gosiers célèbres : les
fidèles, Dessay, Tézier, Koch, Delunsch ; les stars
internationales, Villazon, Kaufman, Florez, Netrebko, Meier. Moins de
célébrités peut-être côté chefs d'orchestre, Minkowski, Heanchel et Plasson
exceptés. Quoique on attende beaucoup du nouveau directeur musical,
Philippe Jordan, qui après Zurich, va s'attaquer au Ring. Les
présentations scéniques seront souvent aussi engagées que durant l'ère Mortier.
Pour ce qui est des nouvelles
productions, nous sont promises des œuvres significatives : outre
les deux premières journées du Ring -
dans une mise en scène de Günter Krämer - seront produits Mireille enfin, et à
Garnier, un nouveau Werther (régie
de Benoît Jacquot et un cast de rêve) et même Faust, non
pas de Gounod, mais de Philippe Fénelon. Des co-productions
atteindront les bords de la Seine : La Ville morte de
Korngold, dans la mise en scène remarquable du Festival de Salzbourg, La
Sonnambula de Bellini - importée Vienne - avec Natalie
Dessay et un ténor plein de promesses, Javier Camarena qui a fait ses classes à
l'Opernhaus de Zürich, enfin La Donna del Lago de
Rossini et Andrea Chénier de Giordano, deux
exemples de ce que des pièces trop méconnues, mais d'importance, peuvent
apporter au répertoire d'une grande maison.
Côté reprises, on n'a pas
hésité à piocher dans l'héritage Mortier et ses succès : La
Bohème (qui marquera les débuts pucciniens de Natalie Dessay), l'Elisir d'Amore (avec promis, du moins sur le papier - le
« couple Netrebko-Villazon »), Platée de Rameau - unique incursion dans le domaine baroque - Idomeneo -
seul opéra de Mozart à l'affiche de la saison ; et Les
Contes d'Hofmann vus
par Carsen, La Petite renarde rusée, par
Engel, ou Billy Budd par
Zambello ; mais aussi des productions plus
discutables : Don Carlo/Vicks, Salomé/Dodin, Il Barbiere/Serreau ;
voire controversées (Wozzeck/Marthaler, heureusement avec
la Marie de Waltraud Meier et la direction de Harmut Haenchen).
Des concerts symphoniques (dirigés
par Philippe Jordan et Pierre Boulez - dans un programme
Messiaen) et des récitals (Simon Keenlyside, Soile Isokoski, Anne Sofie von Otter) complèteront la saison musicale. Tandis
que celle du Ballet offrira les grands succès maison (Giselle, La Bayadère, Casse
Noisette, La Dame aux
camélias, Hommage à Jerome Robbins, ou
l'inusable trilogie Joyaux de Balanchine)
comme de nouvelles chorégraphies de Preljocaj, Kylian, Millipied. Une
compagnie invitée, le Ballet de Lausanne, perpétuera le travail de
Béjart sur des musiques intimistes de Bartók, Boulez et Webern.
Renseignements : théâtres
de Garnier et de Bastille, ou sur : www.operadeparis.fr
***
La saison
bien francaise de l'Opéra Comique
Redécouvrir toujours mieux la
scène privilégiée de l'opéra français, le théâtre de l'Opéra Comique - dont on
fêtera en 2010 le tricentenaire de la naissance de celui qui y a laissé son
nom, le dramaturge Charles-Simon Favart - tel est le dessein que poursuit
Jérôme Deschamps depuis trois ans. Sa
prochaine saison, il l'a imaginée comme une promenade à travers une large
période qui de Shakespeare à Maeterlinck, de Grétry à Debussy, associera
musique et littérature, ces deux piliers de tout bon spectacle lyrique. Sept
nouvelles productions s'échelonneront de décembre 2009 à juin 2010. Fortunio de
Messager - le compositeur-chef d'orchestre créateur de Pelléas ici même - offrira sur
le beau Chandelier de Musset, une comédie
lyrique à l'orchestration riche et colorée. Hommage à Henry Purcell, William
Christie et ses Arts Florissants présenteront The Fairy
Queen dans la production du festival de Glyndebourne de l'été 2009. Une fête en perspective !
L'ultime chef-d'œuvre de Berlioz, Béatrice et Bénédict - qui faillit être créé à l'Opéra Comique - sera
à l'affiche : une comédie enjouée et amère que
dirigera Emmanuel Krivine à la tête de la Chambre
Philharmonique (régie de Dan Jemmett). André-Ernest-Modeste Grétry, dont
on attend enfin quelque réhabilitation, verra sa comédie L'Amant Jaloux portée sur les planches après une bien longue absence : un vaudeville élégant écrit par celui qu'on
appelait alors « le Mozart français » (direction de Jérémie Rohrer). D'autres œuvres seront présentées en miroir, dont Zémire et Azor du même musicien et un
bouquet de Fables de La Fontaine mises en musique par Clérambault. Autre
parangon du répertoire maison, Mignon d'Ambroise Thomas, d'après Goethe, opéra-comique si cher au cœur des Parisiens du XIXe mais aussi du XXe sera défendu par le chef
François-Xavier Roth. La boucle sera bouclée avec Debussy et Pelléas et Mélisande, confié au tandem John Eliot Gardiner/Stéphane Braunschweig,
un travail sûrement passionnant, avec une équipe de jeunes chanteurs. La
création sera enfin présente avec Les Boulingrin que Georges Aperghis a écrit d'après la pièce éponyme de Courteline.
Autour et en
complément de ces spectacles seront organisés des concerts,
autant de mini-festivals permettant de mettre en
parallèle d'autres œuvres, d'autres
musiciens, tant en soirée qu'à l'heure du déjeuner, selon une formule qui a
déjà fait ses preuves. Ils comprendront des récitals (Felicity Lott,
Wolfgang Holzmair, Anna Caterina Antonacci, Bernarda
Fink). Plusieurs colloques seront aussi organisés en liaison avec la Fondation Bru Zane, le Musée d'Orsay ou le
Louvre, ainsi que des actions en direction des familles et du jeune public (ateliers
pédagogiques, parcours « découverte », visites
guidées).
Renseignements : 1, place Boieldieu, Paris IIe ou www.opera-comique.com
©Opéra
Comique
Jean-Pierre Robert
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Laëtitia Girard
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