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janvier-février 2010
n° 564



novembre-décembre 2009
n° 563




Sommaire :

1. Editorial
2. Sommaire du n°564
3. Informations générales
4. Varia
5. Manifestations et concerts
6. Recensions de spectacles et concerts
7. Annonces de spectacles
8. Le monde de l'orgue
9.
L'édition musicale

10. Bibliographie
11. CDs et DVDs

12. La vie de L’éducation musicale


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Pour Terpsichore… et Pan !

 

Alors que, tout au long de nos études musicales, nous étaient généreusement dispensés des cours d’histoire de la littérature, des arts visuels et des civilisations, jamais au grand jamais ne fut évoquée l’histoire de la danse – non plus a fortiori que sa grammaire…  Danse et musique ne sont-elles pourtant pas, de tous les arts, les plus intimement liées ?  « Musique comme danse figée » aura-t-on même pu, un jour, hasarder…

 

Cependant que de notre université les meilleurs esprits semblent se ranger à l’avis de la Philaminte des Femmes savantes :

« Le corps, cette guenille, est-il d’une importance,

d’un prix à mériter seulement qu’on y pense ? »

 

Fâcheux héritage judéo-chrétien dont, même après 68, bien de nos universitaires n’ont su se départir (l’un de nos maîtres n’allait-il pas jusqu’à prétendre que « la musique de Wagner est autrement belle sans les voix » !).  Voir aussi l’ordinaire condescendance affichée, rue de Grenelle, à l’égard de l’éducation physique et sportive, tout autant que l’honnête discrétion dont se réclament nos programmes envers tout ce qui ressortit au sexe…  Moralisme proprement hexagonal - né sans doute du rejet frileux, par la petite bourgeoisie du XIXe siècle, des mœurs libertines de l’Ancien Régime.

 

Fi donc, en particulier, de ces impudentes chorégraphies inspirées du Faune, de Daphnis ou du Sacre !  Peur panique du corps et, singulièrement, de cette libre sexualité qu’illustrent désormais tant de spectacles de ballets…

 

Mais il en irait autrement, nous dit-on, dans certaines universités.  Plût au ciel…

 

Francis B. Cousté

 

 

 


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Analyse

Serge Prokofiev

Toccata

Paul Molin

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Éducation musicale & imaginaire

Ridha Benmansour

 

Dossier : « L’opéra miroir d’avenir »

Présentation

Jean-Pierre Robert

 

Gioacchino Rossini,

les préméditations du nouveau génie lyrique

Gérard Denizeau

 

La voie française des voix françaises

Alexandre Dratwicki

 

Valeurs de l’opéra contemporain

Sylviane Falcinelli

 

L’Opéra Comique et son public

Maryvonne de Saint-Pulgent / Agnès Terrier

 

L’opéra, service au public ?

Mathieu Touzeil-Divina

 

Tendances actuelles de la mise en scène d’opéra

Philippe Agid

 

Poids du passé et avenir de l’art lyrique

Jean-Claude Tarondeau

 

Annick Massis : le refus du compromis

Entretien avec Gérard Denizeau

 

La grille d’Hélène Jarry

L’édition musicale

Bibliographie

CDs

 

 

 

 


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JORF n°0004, du 6 janvier 2010.  Arrêté du 28 décembre 2009 relatif aux concours publics de l’Éducation nationale (Agrégation de Musique, Capes d’Éducation musicale…).

Consulter : www.journal-officiel.gouv.fr/frameset.html

 

JORF n°0007, du 9 janvier 2010.  Postes offerts aux concours de recrutement de professeurs – session 2010.  Capes externe - Arts plastiques : 135.  Éducation musicale : 90.  Capes interneArts plastiques : 35. Éducation musicale : 0.  Agrégation externeArts option A (Arts plastiques) : 16 / option B (Arts appliqués) : 10.  Musique : 17.  Agrégation interneArts option A (Arts plastiques) : 17.  Musique : 10.

Consulter : www.journal-officiel.gouv.fr/frameset.html

 

BOEN n°1, du 7 janvier 2010.  Baccalauréat technologique : techniques de la musique & de la danse.  Liste des morceaux au choix pour l’épreuve d’exécution instrumentale & pour l’épreuve d’exécution chorégraphique – session 2010.

Renseignements : www.education.gouv.fr/cid50136/mene0927829n.html

 

Le Bulletin officiel de l’Éducation nationale est librement consultable sur :

www.education.gouv.fr/pid285/le-bulletin-officiel.html

 

Anniversaires à célébrer en 2010…  1010 : Fondation de l’abbaye Saint-Pierre de Solesmes.  1660-1744 : André Campra (compositeur).  1760-1837 : Jean-François Le Sueur (compositeur).  1810-1849 : Frédéric Chopin (compositeur).  1810-1856 : Robert Schumann (compositeur).  1860-1956 : Gustave Charpentier (compositeur).  1860-1941) : Ignacy Jan Paderewski (pianiste et homme politique).  1821-1910 : Pauline Garcia Viardot (cantatrice et compositrice).  1910-1999 : Rolf Liebermann (directeur d’Opéras).  1910-1995 : Pierre Schaeffer (inventeur de la musique concrète).  1910-1999 : Elsa Barraine (compositrice).  1838-1910 : Édouard Colonne (chef d’orchestre)

…et en 2011 - 1626-1661 : Louis Couperin (compositeur). 1711-1772 : Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (violoniste et compositeur).  1861 : début de la construction du Palais Garnier.  1961 : premier concert de Johnny Hallyday à l’Olympia…

 

Robert Schumann ©DR

 

La 4e édition du Concours national « Petites mains symphoniques », réservé aux enfants de 6 à 12 ans, s’ouvre à l’ensemble des disciplines instrumentales enseignées dans les conservatoires.  Trois catégories, selon le nombre d’années de pratique.  Éliminatoires régionales prévues, en mars et avril 2010, dans plus d’une centaine de conservatoires & écoles de musique, à travers 21 régions.  Finale à Paris, en juin 2010.  Renseignements : 06 69 26 14 10.  www.petitesmainssymphoniques.com

 

 

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Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture & de la Communication, a remis, le 12 janvier 2010 , les insignes d’Officier dans l’ordre des Arts et Lettres à Jean-Pierre Leloir et de Commandeur dans l'ordre des Arts et Lettres à Ron Carter.  Célèbre contrebassiste, Ron Carter fut notamment le fidèle partenaire de Miles Davis.  Quant au cher Jean-Pierre Leloir, qui ne connaît ses photos de musiciens, dont il est le spécialiste reconnu et admiré ?

 

©Farida Bréchemier / MCC

 

« Mardi graves », festival des instruments graves, propose, du 3 au 13 mars 2010, à Agde, Béziers, Lavérune, Montpellier et Perpignan, ses XVIes Rencontres-Basses.  Concerts, cours, classes de maître. 
Renseignements :
06 72 32 92 92.  http://mardigraves.free.fr

 

Théotime ©DR

 

Vol à Auvers-sur-Oise d’une contrebasse à 5 cordes et tête de lion, étiquetée « Gand 1869 ». 
Contacter : Pierre Feyler, tél. : 06 07 39 90 24.  pierre.feyler@orange.fr

 

                        

©Olivier Verley                                                ©DR

 

« Europa Cantat », European Federation of Young Choirs, a établi son calendrier jusqu’en 2012.  Renseignements : +49 228 912 5663. www.europacantat.org

 

©DR

 

Ayatollah Rouhollah Khomeiny (1902-1989) : « La musique engendre l’immoralité, la luxure et le dévergondage ; elle étouffe le courage, la bravoure et l’esprit chevaleresque : elle est interdite par les lois coraniques et ne doit pas être enseignée dans les écoles. » (Pensées politiques et principes).  « Pourquoi empêcher le mariage des filles et des garçons pubères alors qu’on leur permet d’écouter de la musique excitante. » (…) « En diffusant de la musique occidentale, orientale et iranienne, la Radio de Téhéran joue un rôle néfaste - introduisant l’immoralité et le dévergondage dans les familles respectables. » (…) « Il est interdit de jouer du tambour pendant les compétitions sportives ; il est également interdit de jouer de la musique militaire dans les cérémonies militaires » (Le Royaume du Docte et la Clé des Mystères).

 

©DR

 

Ibn ‘Arabî (1165-1240), dit Cheikh al-Akbar (« le plus grand maître ») : « Mon cœur est devenu capable de toutes les formes.  Une prairie pour les gazelles, un couvent pour les moines.  Un temple pour les idoles, une Ka’ba pour le pèlerin.  Les Tables de la Thora, le Livre du Coran.  Je professe la religion de l’Amour, et quelque direction que prenne sa monture, l’Amour est ma religion et ma foi… » (Traité de l’Amour).

 

Nassima Chabane chantant Ibn ‘Arabî ©DR

 

« Musique et science-fiction », tel est le titre de l’exposition qui se tiendra, du 6 mars au 1er août 2010, à Yverdon, en la Maison de l’Ailleurs, seul musée au monde spécialisé dans les utopies & la science-fiction.  Renseignements : place Pestalozzi 14, 1400 Yverdon-les-Bains.  www.ailleurs.ch

 

Philippe Druillet : album East West de Heldon

 

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Création contemporaine & musiques du monde.  Centre de documentation de la musique contemporaine (CDMC), le mardi 9 février 2010, à 18h.  Table ronde : « L’apport des musiques de tradition populaire aux techniques de composition contemporaines », coordonnée par Jeanne-Martine Vacher.  Avec la participation de : Jesus Villa-Roja, Isabel Urrutia, Jorge Fernández-Guerra, José-Luis Campana, Bertrand Dudebout et Daniel Teruggi.  Suivi d’un concert, à 19h, par l’ensemble Arcema. 
Renseignements : 16, place de la Fontaine-aux-Lions, Paris XIXe.  Tél. : 01 47 15 49 83.  www.cdmc.asso.fr

 

Cité de la musique ©DR

 

« Fondamentales », festival de musique de chambre, se déroulera à Paris, Salle Gaveau, les 8, 11, 14 et 18 février 2010. 
Renseignements : 45, rue La Boétie, Paris VIIIe.  Tél. : 06 64 10 63 92.  www.fondamenta.fr

 

 

« Cabaret Terezin », seules leurs chansons ont survécu… Pour la première fois en France, sont données les œuvres écrites, pour le cabaret, par des artistes du camp-ghetto de Theresienstadt : Ilse Weber, Léo Straus, Frida Rosental, Karel Svenk, Walter Lindenbaum, Kopper…  Une incroyable leçon de vie, un pied de nez à toutes les barbaries ! Cinq représentations exceptionnelles au Théâtre Marigny : les dimanche 7 février (16h), lundi 8 février (20h30), dimanche 14 février (16h), lundi 8 mars (20h30) et lundi 10 mai (20h30). 
Renseignements : Carré Marigny, avenue de Marigny, Paris VIIIe Tél. : 01 53 96 70 30.
  www.theatremarigny.fr

 

 

Au Casino-Théâtre Barrière de Toulouse : Il Viaggio a Reims o sia L’albergo del Giglio d’oro de Gioacchino Rossini, dramma giocoso en un acte, sera donné du 19 au 24 février 2010. 
Renseignements : Île du Ramier – 18, chemin de la Loge, 31400 Toulouse.  Tél. : 05 61 33 37 77. www.theatre-du-capitole.fr/1/saison-2009-2010/opera/article/le-voyage-a-reims

 

©DR

 

The Byrnes Live 2010 : Cette célèbre et fort sympathique famille se produira dans Songs of Scotland, France & Ireland, le 19 février à Liège (Belgique) et le 21 février en l’abbaye de Neumünster (Luxembourg).  Renseignements : +352 360 176.  www.byrnecrossing.co.uk

 

 

« Jazz in Japan », à la Maison de la culture du Japon, à Paris.  Trois grandes figures du jazz au féminin et un invité exceptionnel, Richard Galliano.  Jeudi 25 février : Trio de la pianiste Junko Onishi [notre photo].  Vendredi 26 février : Quartette de la violoniste Naoko Terai, avec l’accordéoniste Richard Galliano.  Samedi 27 février : Trio de la chanteuse Kimiko Itoh. 
Renseignements :
MCJP - 101, quai Branly, Paris XVe.  Tél. : 01 44 37 95 95.  www.mcjp.fr

 

©DR

 

La 2e édition du Festival « Voix du Printemps de la Sorbonne » se déroulera du 16 au 25 mars 2010.  Sur trois sites : Grand Amphithéâtre de la Sorbonne / Réfectoire des Cordeliers / Cathédrale Saint-Louis des Invalides. 
Renseignements : 01 42 62 71 71.  www.musiqueensorbonne.fr/Festival2010

 

 

« Archipel », Festival des musiques d’aujourd’hui, se déroulera à Genève & en France voisine, du 19 au 28 mars 2010.  Créations d’œuvres de : Bedrossian, Cendo, Hurel, Jarrell, Markéas, Matalon, Murail, Rihm, Roth, Schnebel, Stauder, Zéa… 
Renseignements : +41 22 329 42 42.  www.archipel.org

 

Bâtiment des forces motrices, Genève ©DR

 

« Planètes Musiques 2010 ».  La 10e édition de ce Festival des nouvelles musiques traditionnelles se déroulera à la Maison de la musique de Nanterre, du 8 au 11 avril 2010. 
Renseignements : www.nanterre.fr/envies/culture

 

©DR

 

L'Opéra national de Paris vient de prendre une initiative intéressante à destination du public résidant en régions (hors Île-de-France) : possibilité de bénéficier de la formule dite « Duo » proposant, à un tarif réduit de -20%, deux spectacles regroupés en fin de semaine.  La formule - qui comprend un opéra & un ballet ou un concert - sera opérationnelle les 26 et 27 février, 26 et 27 mars, 27 et 28 mars, 4 et 5 avril, 23 et 24 avril, 12 et 13 juin, 26 et 27 juin, 3 et 4 juillet 2010. 
Vente uniquement par téléphone :
0892 89 90 90.

 

 

« Arsys Bourgogne », chœur professionnel créé il y a dix ans par Pierre Cao [notre photo], a programmé sur quelque vingt sites différents, du 5 février au 18 septembre 2010 : Capella Alchemica de Cl. Monteverdi, dir. Luca Guglielmi / Les Vêpres à la Vierge de Cl. Monteverdi, dir. Jean Tubéry / Famille Bach, dir. Pierre Cao / Un Requiem allemand de J. Brahms (avec le Concerto Köln), dir. Pierre Cao. 
Renseignements :
BP 4 – 89450 Vézelay.  Tél. : 03 86 32 34 24. www.arsysbourgogne.com

 

©DR

Francis Cousté

 

 

 


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« Création » de Andrea Chénier à l'Opéra de Paris

Aussi incroyable que vrai, Andrea Chénier, le chef-d'œuvre de Umberto Giordano n'avait jamais été représenté à l'Opéra de Paris.  Voilà chose faite sur le vaste plateau de l'Opéra Bastille qui, sans mauvais jeu de mots, semble l'endroit idéal pour voir narrer ce « dramma istorico » tiré du patrimoine révolutionnaire par l'habile Luigi Illica.  On a fait appel à la production toulousaine due à Giancarlo del Monaco - fils du célèbre ténor, lui-même l’un des grands interprètes du rôle-titre.  La pièce appartient au répertoire vériste, c'est-à-dire à un genre qui érige le réalisme en principe de dramatisme musical et mise sur la tension passionnelle qu'autorisent des sujets épiques ; en l'occurrence la destinée du poète André Chénier qui périra sur l'échafaud durant la Terreur, deux jours seulement avant Robespierre, après s'être amouraché d'une dame de feu la noblesse, Madeleine de Coigny.  Comme chez Mascagni (Cavalleria Rusticana), les caractéristiques stylistiques sont l'emphase portée au registre intermédiaire de la voix et le recours à de brusques envolées vers la quinte aiguë.  Les airs, dépourvus des fioritures belcantistes, sont intégrés dans un continuum musical qui ne lésine pas sur l'exubérance ; encore que les passages lyriques y abondent.  La direction de Daniel Oren est engagée, qui se dépense sans compter pour donner à ces pages leurs vraies couleurs.  Ainsi galvanisé, l'Orchestre de l'Opéra répond avec panache.  La distribution offre une belle démonstration de vocalité italienne.  Marcelo Alvarez campe le rôle-titre avec finesse et se joue des aigus redoutables qui couronnent une partie de ténor très tendue.  Micaela Carosi possède le type de voix idéale pour l'emploi de soprano vériste, bien timbrée et corsée.  Sa Madeleine de Coigny a fière allure.  Enfin le baryton héroïque de Sergei Murzaev, dans le rôle ingrat de Gérard - le méchant qui se rachète - démontre avec brio ce que le style vériste peut avoir d'accompli.

 

 

Comme toujours, Giancarlo del Monaco vise l'évocation grandiose, manifestement inspirée par la fresque historique. S'il lui manque la touche imaginative qu'y mettrait une Francesca Zambello, le spectacle se laisse regarder sans effort et gagne même en intérêt au fil de la soirée.  Point de recherche interprétative ici, mais une illustration au premier degré, qui d'un salon grand siècle avec ses divertissements compassés, qui d'une scène de rue haute en couleurs, avec décor construit (pas très bien éclairé, cependant), foule bariolée, scènes de genre, etc.  La direction d'acteurs restera conventionnelle, gestuelle empruntée, attitudes stéréotypées. Les choses prennent un tour plus palpitant au IIIe acte alors que le drame se joue dans une vaste pièce que barre à l'arrière-plan un immense drapeau tricolore, et surtout lors de la scène du tribunal dont le spectaculaire décor capte l'œil : l'intérieur d'un théâtre rococo quelque peu déconfit, dans les loges duquel s'entasse une foule gesticulante.  Dommage que l'ultime tableau, la prison Saint-Lazare, avec pour toute décoration une grille dressée en devant de scène, soit si peu propice à l'émotion.  Mais, nul doute, l'intérêt du spectacle est ailleurs, dans son aspect proprement musical.

 

Une opérette de Chostakovitch à l'Opéra de Lyon.

En 1959, alors qu'il compose sa XIe Symphonie, Chostakovitch se laisse convaincre d'écrire de nouveau pour le théâtre, sur un sujet léger, cette fois, ironique bien sûr ; ce qui ne manqua pas d'étonner.  Moscou, quartier de cerises sera une comédie musicale.  Elle emprunte au genre du vaudeville, très en vogue au XIXe siècle en Russie. Pour ce faire, on puise dans un thème d'actualité : la frénésie de construction de logements neufs, qui s'était emparée du gouvernement Khrouchtchev pour résoudre l'épineux problème de l'entassement des populations dans la capitale.  L'ensemble, alors emblématique, du « quartier des cerises », bâti à la fin des années 50, prétendument fonctionnel, peu coûteux, et avenant dès lors qu'enrobés d'espaces verts, fournira la toile de fond d'une intrigue façon comédie américaine, à la trame linéaire et aux personnages simples.  Belle occasion de railler la modernité nouvelle et ses affres, en autant de clins d'œil à une bureaucratie tâtillonne et à ses immanquables passe-droits.  La musique est pleine de fraîcheur et la veine mélodique étonamment facile avec ses thèmes aisément reconnaissables.  Elle est surtout bardée d'humour, non plus grinçant et grotesque, mais ironique et joyeux, présidant à un enchaînement de situations cocasses qui, si elles frôlent la crise, débouchent sur un dénouement heureux.  Le spectacle de l'Opéra de Lyon est plaisant dans son côté illustratif.  La  mise en scène de Macha Makeïeff et de Jérôme Deschamps est bien sage.  Le second degré de l'histoire n'est pas assez exploité, même si la faconde russe et son exagération congénitale sont bien vues.  Reste que le débit manque du punch qui fait une bonne comédie musicale précisément, et qu'on aimerait plus de mobilité sur le plateau.  Surtout, le parti adopté de faire dire les dialogues parlés en français, alors que la pièce se chante en russe, par des artistes en majorité de cette nationalité, ralentit le débit, voire le casse, pour un résultat phonique qui ne sonne pas vraiment idiomatique.  Il eût mieux valu traiter le tout en russe, puisqu'on dispose de sur-titres pour guider la compréhension.  La décoration est originale dans son aspect monumental - un empilement de cases sur trois niveaux - aux couleurs vives et au style moderne criard des années 50.  Cet aspect coloriage apporte une amusante touche ironique, comme la prestation d'un quadrille de danseurs déjantés et de deux comédiens désopilants.  D'une distribution nombreuse se détachent quelques belles individualités vocales.  La direction de Kirill Karabits ne manque pas de panache et de ce mouvement qui hélas n'est pas assez relayé sur le plateau.

 

©Michel Cavalca

 

À l'Opernhaus de Zurich, La Femme sans ombre, entre symbolisme et abstraction...

Pour sa quatrième collaboration avec le poète Hugo von Hofmannsthal, Richard Strauss voulait « quelque chose de grand ».  De fait, La Femme sans ombre est une œuvre ambitieuse qu trouve son origine dans une légende orientale et comprend un aspect initiatique.  Les deux hommes espéraient-ils créer leur Flûte enchantée ? Le symbolisme est, en tout cas, au cœur de leur propos.  On a relevé combien cette histoire d'impératrice dont le corps ne projette pas d'ombre, symbole de stérilité, et qui doit descendre chez les humains pour s'en procurer une, grâce à la complicité d'une nourrice aussi servile que diabolique, est complexe, car entourée de multiples péripéties qui peuvent en cacher le sens premier.  Reste que les auteurs ont voulu traiter de valeurs humanistes essentielles : la famille, la procréation, l'accomplissement de soi, et dessiner le cheminement personnel de chacun des personnages vers la perfection, à travers les épreuves de la vie, condition de l'atteinte du bonheur.  Strauss insuffle vie à cette grande œuvre par une musique imposante, un peu grandiloquente parfois, mêlant l'épique d'opéras comme Salomé ou Elektra à la transparence d'une pièce telle qu'Ariadne auf Naxos.

 

©DR

 

La production de David Pountney mise sur l'attrait d'un monde magique appréhendé à travers une certaine abstraction.  Les deux premiers actes alternent l'espace restreint, façon cage, du domaine des dieux et celui plus vaste, d'un réalisme cru, de la maison du teinturier Barak et de son épouse.  Le troisième acte, en complète rupture, aura pour théâtre une sorte de no man's land abstrait, vision de chaos d'une blancheur immaculée, en constante transformation, chemin d'épreuves vers la purification.  La mise en scène focalise sur le signifiant, telle la personnification du faucon de l'empereur, ou cette théorie de poupards au masque géant, à la fois effrayants et mirifiques - métaphore des « enfants qui ne sont pas nés ».  La distribution est dominée par le couple d'en haut : un Empereur, Roberto Saccà, nuançant à l'envi ses interventions ; une Impératrice qu'illumine Emily Magee d'une voix rayonnante et douce.  Michael Volle, Barak, se signale par un timbre grave admirable, mais ne parvient pas à l'ultime émotion qui doit parer ce rôle profond.  La nourrice, Birgit Remmert, est maléfique à souhait.  Seule, Janice Baird, la teinturière, déçoit par une émission constamment projetée en force et une caractérisation sommaire.  Tous sont conduits à se dépasser par la direction incandescente de Franz Welser-Möst, l'ex-directeur musical de céans.  L'orchestration de Strauss, souvent luxuriante, voire cataclysmique, se voit dotée d'une lecture grandiose et moirée dont l'impact sonore est accentué par l'acoustique très présente de la salle.

 

©DR

 

...et Orlando à travers approche psychologique et théâtralité moderne.

L'Opéra de Zurich s'est fait, de longue date, une spécialité du répertoire baroque.  On pense aux interprétations légendaires de Nikolaus Harnoncourt enluminant les mises en scènes fastueuses de Jean-Pierre Ponnelle pour les opéras de Monteverdi ; et plus récemment aux prestations de Marc Minkowki ou de William Christie.  La reprise d'Orlando, dirigé par ce dernier, le confirme.  Puisant dans l'Orlando furioso de L’Arioste, Haendel respecte le cadre de l'opera seria tout en s'en affranchissant.  Ainsi, la proportion des arias da capo avoisine celle des récitatifs accompagnés et ensembles réunis.  La scène de folie d'Orlando qui clôt le deuxième acte, est inédite dans sa forme. Elle voit se succéder arioso, récit accompagné, morceaux d'arias, dans un continuum de près de deux cents mesures assorties de fréquents changements de tempos.  La théâtralité est primordiale tant dans la restitution vocale, en particulier pour ce qui est des récitatifs, chantés sur le rythme même de la parole, que dans le volet purement dramatique.  L'approche psychologique fournit la clé de la mise en scène de Jens-Daniel Herzog qui transpose l'action dans un sanatorium au sortir de la Première Guerre mondiale.  Orlando, un de ses rescapés, ne vit peut-être qu'une illusion, celle du héros brisé qui perd la raison.  L'arrière-plan mythologique sera asservi à ce souci d'actualisation.  Dans le rôle-titre, créé par le castrat Senesino, le contre-ténor canadien David DQ Lee fait grande impression par une belle maîtrise du débit et une caractérisation crédible d'un homme partagé entre héroïsme et passion amoureuse.  La direction de William Christie magnifie la veine brillante et colorée de la musique de Haendel, et se fait tour à tour grave ou véhémente, toujours attentionnée pour ses chanteurs.

 

 

La Grande Duchesse fait son entrée à Pleyel

La Grande Duchesse de Gérolstein, dont la production, due à Christoph Marthaler, est actuellement installée au Théâtre de Bâle, était donnée en version de concert.  Cette escapade parisienne nous aura valu une exécution semi staged et en costumes, mais quelque peu raccourcie. Créée pour l'Exposition universelle de 1867, dans un Second Empire à son zénith, l'opéra bouffe de Jacques Offenbach se permettait un sujet d'une brûlante actualité : au prétexte de l'inconséquence d'une bien insouciante souveraine, une belle raillerie du pouvoir autoritaire et du militarisme à tous crins.  Le livret des duettistes Meilhac et Halévy livre une satire douce-amère du monde militaire dont s'amuse une grande dame plus préoccupée du progrès de sa vie sentimentale que du bonheur du pays.  La pièce est bâtie autour du personnage principal et, depuis Hortense Schneider, sa créatrice, le gratin des divas d'opéra s'est emparé du rôle, se confrontant à un genre musical finalement pas si aisé à animer.  Anne Sofie von Otter, dont on connaît l'attrait pour le répertoire français et son volet léger en particulier, se tire d'affaire avec panache.  Le charme de la diction, l'abattage certain avec lequel elle fait sienne cette satire, forçant le trait juste ce qu'il faut, sont la marque d'une interprétation de classe.  Comme dans cet air gourmand de séduction, « Dites-lui », ou l'art d'adresser une déclaration amoureuse par procuration à celui qui l'écoutant, en est le réel bénéficiaire. 

 

©DR

 

Dommage que les autres protagonistes paraissent bien pâles.  Le dit en allemand des textes parlés - production bâloise oblige - ne facilite pas la compréhension.  Certes, le maître de musique Hervé Niquet troque de temps à autre sa baguette pour se faire narrateur.  Mais cela ne suffit pas à débrouiller les choses.  Il les enflamme cependant par une direction alerte et incisive, culminant dans un galop d'anthologie.  La pièce distille alors son pétillant humour.  L'accentuation dans le phrasé, la manière de souligner les traits originaux d'instrumentation, l'art de faire sonner les bois et réagir les percussions du magnifique Orchestre de chambre de Bâle transfigurent les sortilèges de la musique d'Offenbach.  Un chœur d'une petite dizaine de personnes renforce l'idée que la production est pensée sur un mode bien différent que celui de la pochade habituelle.

Jean-Pierre Robert

 

Requiem de Thierry Lancino.  Livret : Pascal Quignard.  Création mondiale.

Commande de Radio France, du ministère de la Culture et de la Fondation Koussevitzky.  Heidi Grant Murphy (soprano), Nora Gubisch (mezzo-soprano), Stuart Skelton (ténor), Nicolas Courjal (basse).  Chœurs & Orchestre philharmonique de Radio France, dir. Eliahu Inbal.  Salle Pleyel, 8 janvier 2010.

Sur un livret original de Pascal Quignard (dont on connaît la profondeur de réflexion sur la musique et la mort), ce Requiem  de Thierry Lancino [notre photo] repose sur la dualité profane/sacré - entre ciel & terre, homme & dieu, puissances célestes & puissances chtoniennes.  Impossible synthèse, refus de choisir entre les mondes du Haut et du Bas, diérèse persistante, maintenant la tension dramatique et laissant à chacun la possibilité du choix entre éternité et anéantissement. 

 

©DR

 

Plus que d’un Requiem (office des morts aspirant au repos éternel), il s’agit d’un oratorio, fresque épique où l’on sent l’encens et le soufre, où se trouvent mêlés éléments liturgiques traditionnels et interrogations formulées en grec, latin et français par David (Stuart Skelton), aspirant à l’éternité, et la Sibylle de Cumes (Nora Gubisch), aspirant au néant.  L’œuvre reste calquée sur cette dualité alternant moments musicaux effrayants et furieux, reflet des puissances infernales, et mélodies éthérées, simulant la voix des anges.  Il s’agit d’une œuvre énigmatique, singulière et complexe témoignant des différentes influences du compositeur, une réflexion spirituelle, un questionnement d’ordre universel alliant extrême profondeur et subtile beauté.  Elle convoque un grand chœur, un grand orchestre et quatre solistes, tous remarquables avec une mention particulière pour la performance de Nora Gubisch, entre parole, cri et chant.  Ajoutons à cela la direction précise et inspirée d’Eliahu Inbal [notre photo] pour parfaire un succès parfaitement mérité.

 

©Ludwig Schrimer

 

Salle Pleyel : Ivan Fischer, souverain.  Petra Lang, magnifique.  Budapest Festival Orchestra.

Mémorable soirée que nous ont offerte Ivan Fischer à la tête de son orchestre de Budapest et Petra Lang dans un programme Wagner (Siegfried-Idyll, Wesendonck-Lieder) et Stravinski (Petrouchka).  Il faut dire que le programme, particulièrement adapté, permettait de mettre en valeur les différents pupitres de l’orchestre tant dans Siegfried-Idyll , où la primauté des vents fait résonner les accents de Siegfried, que dans Petrouchka, partition pleine de ruptures rythmiques, accumulation de thèmes courts fortement individualisés, allant parfois jusqu’à la dissonance, nous donnant l’occasion d’apprécier la sonorité et la cohésion de l’orchestre, la qualité des vents et la douceur des cordes.  Ivan Fischer, à la direction précise, tonique (tout particulièrement dans Petrouchka) et enjouée, faisait preuve, par ailleurs, d’une grande complicité avec ses musiciens, témoignant du plaisir de jouer ensemble.  Petra Lang [notre photo] nous a gratifiés d’une interprétation d’anthologie des Wesendonck-Lieder parfaitement soutenue par l’orchestre, chargée d’émotion, nous rappelant le duo d’amour de Tristan, associant une tessiture parfaitement adaptée à cette œuvre, des graves les plus profonds aux aigus amples et limpides, et une diction parfaite, s’affirmant ainsi comme l’une des plus grandes interprètes de ce répertoire. Une bien belle soirée.

 

©Ann Weitz

 

Triomphe de Lionel Bringuier à la tête de l’Orchestre philharmonique de Radio France, Gautier Capuçon, violoncelle.

Confirmation qu’assurément la valeur n’attend pas le nombre des années : magnifiques talents que ceux de Lionel Bringuier et Gautier Capuçon dans un répertoire associant Borodine, Chostakovitch, Dutilleux et Scriabine - programme ambitieux mais parfaitement mené de bout en bout.  Dès les premières mesures des Danses polovtsiennes extraites du Prince Igor de Borodine, nous pouvions sentir tout l’enthousiasme, l’allant et la complicité de l’orchestre avec son jeune chef invité…

 

©Los Angeles Philharmonic

 

Le 1er Concerto pour violoncelle de Chostakovitch (créé le 4 octobre 1959 par Mstislav Rostropovitch, dédicataire de l’œuvre sous la direction du grand Mravinski à Léningrad) confirmait cette impression devant une remarquable interprétation de Gautier Capuçon, tout en finesse, sensibilité et toucher, mêlant la superbe sonorité de son « Matteo Goffriler » de 1701 à celle non moins superbe de l’orchestre, parfaitement en phase avec le soliste.

 

©M.Tammaro/Virgin

 

La seconde partie du concert permettait d’apprécier la qualité de l’orchestre entier et celle des différents pupitres dans les Métaboles de Dutilleux, œuvre composée entre 1959 et 1964 (commande pour le 40e anniversaire de l’Orchestre de Cleveland, créée le 14 janvier 1965 sous la direction du dédicataire George Szell).  Chaque groupe d’instruments assumant tour à tour un rôle prédominant dans cette succession de cinq variations, ce sont d’abord, les vents dans « Incantatoire », suivis des cordes dans « Linéaires », puis les cuivres dans « Obsessionnel », les percussions dans « Torpide » et enfin tout l’orchestre dans « Flamboyant ».  Le Poème de l’Extase de Scriabine, créé en 1908, composition à la fois effrayante dans les tutti de cuivres et éthérée dans les mélodies du violon solo de Svetlin Roussev, concluait cette soirée.  Ajouter à cela la direction engagée, précise, particulièrement tonique, pleine de nuances et de maturité de Lionel Bringuier, pour expliquer un triomphe assurément mérité et une standing ovation du public.

 

Salle Pleyel, Valery Gergiev et l’Orchestre du Théâtre Mariinsky interprètent les Symphonies n°2 op.17 et n°5 op.64 de Tchaïkovski.

Événement très attendu que la venue à Paris de Valery Gergiev, à la tête de l’Orchestre du Théâtre Mariinsky, dans le cadre de l’année France-Russie, pour une intégrale des symphonies de Tchaïkovski, le plus français et le plus romantique des compositeurs russes.  Splendide orchestre, anciennement nommé Kirov sous l’ère communiste, fondé au XVIIIe siècle par Pierre le Grand ; il connut son âge d’or sous la direction de Napravnik (1863-1916) qui dirigea le Théâtre Impérial et fut à l’origine de la grande école russe de direction d’orchestre.  En ce théâtre furent créés nombre d’œuvres de compositeurs russes - Glinka, Borodine, Moussorgski, Stravinski et Rachmaninov, puis plus tard Prokofiev et Chostakovitch, mais également de Verdi, Strauss, Wagner et Berg.  Des chefs  de renommée internationale comme Berlioz, Hans von Bülow, Weingartner, Zemlinsky, Nikish, Mengelberg, Mahler et Schoenberg vinrent diriger cette prestigieuse phalange, sans oublier Klemperer, Walter, Kleiber.  Tchaïkovski y dirigea la création de sa 5e Symphonie, le 5 novembre 1888.  Plus récemment il fut dirigé par le grand Mravinski (à qui l’on doit, en 1961, un des enregistrements de référence des dernières symphonies de Tchaïkovski, avec l’Orchestre de la Philharmonie de Saint-Pétersbourg qu’il dirigea ensuite), puis par Youri Temirkanov avant que Valery Gergiev n’en prenne la direction en 1988.  Force est de reconnaître le travail et le dynamisme de Gergiev pour redonner à sa formation son lustre d’antan.  Idée intéressante que de coupler chacune des dernières symphonies avec une symphonie de jeunesse, ce qui permet d’apprécier à la fois la permanence et l’évolution des deux compositions.  La 2e Symphonie - dite « Petite Russie » car composée en Ukraine - est une symphonie vivante et chaleureuse inspirée de thèmes populaires et dépourvue de dramatisme.  La 5e Symphonie composée une dizaine d’années plus tard (1888) est bien différente par son climat. Certes, la qualité mélodique est une constante chez Tchaïkovski, mais le dramatisme est ici bien présent, révélé par les difficultés de composition éprouvées par l’auteur, comme dans l’œuvre elle-même, marquée par le Destin et témoignant des hésitations du compositeur qui en avait fait, initialement, une symphonie à programme. Oscillant entre lumière et ténèbres, il s’agit d’une composition contrastée, en quatre mouvements, autour d’un thème unique, celui – cyclique - du Destin.  Alternant effrayants éclats de fanfare, lyrisme mélancolique des bois et moments de méditation, voire de joie et de danse laissés aux cordes, elle permet de juger des différentes couleurs de l’orchestre, de sa réactivité, de la qualité des différents pupitres et de la cohésion entre chef et musiciens.  Épreuve réussie, avec une direction particulièrement convaincante de Gergiev.  À suivre… Pour prolonger le plaisir, on pourra recommander la version plus classique de Mravinski déjà cité, plus introvertie de Karajan avec le Philharmonique de Vienne (1985), plus extravertie de Bernstein avec le Philharmonique de New York (1990) et enfin une version live de Gergiev avec les Viennois (1998).  Pour tous les goûts !

 

©Frédérique Toulet/Salle Pleyel

Patrice Imbaud

 

 

 

   

 


Haut

 

La Veuve et le Grillon, comédie baroque sur des airs de cour français du XVIIe siècle.

Où est imaginée une plaisante rencontre entre Madame de Sévigné et Jean de La Fontaine.  Texte : Daniel Soulier. Musique : J.-B. Lully, A. Campra, L. Couperin, M. Lambert & A. Boësset.  Avec Blandine Folio-Pérèz, mezzo-soprano, et Bernard Deletré, baryton.  Ensemble « Les Folies Françoises », dir. Patrick Cohën-Akenine.  Chorégraphie & danse : Natalie Van Parys.  Mise en scène : Mireille Larroche.  Les 7 et 8 mars au Théâtre de Fontainebleau et du 12 au 28 mars à la Péniche Adélaïde, amarrée face au 46, quai de la Loire, Paris XIXeRenseignements : 01 53 35 07 77. www.penicheopera.com

 

 

L'Opéra national de Lyon crée Émilie, le nouvel opéra de Kaija Saariaho.

Pour son troisième ouvrage lyrique, la compositrice finlandaise Kaija Saariaho fait de nouveau équipe avec le poète franco-libanais Amin Maalouf.  Après L'amour de loin (Festival de Salzbourg, 2000) et Adriana Mater (Opéra Bastille, 2007), Émilie retrace le parcours exceptionnel de la première femme scientifique française, Émilie du Châtelet, qui fut un temps l'amante de Voltaire.  Au soir de sa vie, cette brillante figure du siècle des Lumières revient sur une vie partagée entre passion pour la science et folle admiration pour Voltaire, et s'interroge sur ce qui fait la richesse de l'existence.  En forme de monodrame - et en français -, cet opéra en neuf scènes sera interprété par sa dédicataire, la célèbre cantatrice Karita Mattila.  Aux commandes de ce qui est un petit effectif instrumental (clavecin, orchestre de chambre et dispositif électronique) : Kazushi Ono.  Mise en scène : François Girard. 

Les 1er, 4, 10 et 13 mars à 20h, le 7 mars à 16h.  Renseignements : ONL - place de la Comédie, 69001 Lyon.  Tél. : 0826 305 325.  www.opera-lyon.com

 

Kaija Saariaho ©Musical America

 

Béatrice et Bénédict à l'Opéra Comique.

L'opéra-comique Béatrice et Bénédict constitue pour Hector Berlioz un chant du cygne quelque peu inattendu.  Inspiré de loin de la comédie de Shakespeare Beaucoup de bruit pour rien, son caractère hybride cède devant la vivacité d'une musique délicieusement variée.  Voilà un chef-d'œuvre du genre, une pièce où son auteur manie le tendre et le caustique, où l'on y traite de l'amour romantique avec ce qu'il a de complexe et d'imaginatif.  L'écriture est étincelante, aux rythmes originaux et effets d'une gaieté exubérante.  Le climat italien, déjà dépeint dans Benvenuto Cellini, se fait plus diaphane.  Alors que la pièce est trop rarement jouée, cette nouvelle production, fort prometteuse, ne saurait être manquée.  Avec Christine Rice, Allan Clayton, Sandrine Piau, Élodie Méchain.  Chœur Les Éléments, La Chambre philharmonique, dir. Emmanuel Krivine.  Mise en scène : Dan Jemmett.  Salle Favart, les 24 et 26 février, 2, 4 et 6 mars 2010 (20h) et 28 février (15h).

Renseignements : 1, place Boieldieu, Paris IIe.  Tél. : 0 825 01 01 23.  www.opera-comique.com

 

Béatrice et Bénédict ©DR

 

L'Amant jaloux enfin exhumé !

Compositeur majeur du XVIIIe siècle finissant, et l'un des musiciens préférés de Marie-Antoinette, joué partout en Europe, André Modeste Grétry (1741-1813) sort de son purgatoire grâce à diverses initiatives dont celles conjointes du Centre de Musique baroque de Versailles et de l'Opéra Comique de monter L'Amant jaloux ou Les Fausses Apparences.  Créée à Versailles le 20 novembre 1778, cette pièce raffinée, aux accents presque mozartiens, véhicule une esthétique typiquement française, celle du demi-caractère où l'art de la prononciation et la sensibilité du chant sont essentiels.  Le chef Jérémie Rohrer et son ensemble baroque prêtent tous leurs talents à la résurrection musicale d'un petit chef-d'œuvre, qu'une mise en scène à machines et décors de toiles peintes pare d'une magnificence digne du siècle des Lumières.  Avec Magali Léger, Daphné Rouchais, Maryline Fallot, Frédéric Attoun et Vincent Blier.  Le Cercle de l'Harmonie, dir. Jérémie Rohrer.  Mise en scène : Pascal-Emmanuel Rousseau.  Salle Favart, les 15, 17 et 19 mars 2010 à 20h, et le 21 mars à 15h.

Renseignements : 1, place Boieldieu, Paris IIe.  Tél. : 0 825 01 01 23.  www.opera-comique.com

 

L’Amant jaloux ©DR

 

Saison américaine au Châtelet

Le Théâtre du Châtelet se tourne résolument vers le répertoire américain.  De la comédie musicale à l'opéra noir, les diverses formes de spectacles qui font fureur aux États-Unis sont présentées au public français.

 

Stephen Stondheim passe pour être l’un des meilleurs auteurs de lyrics depuis qu'il fut choisi pour écrire les paroles de West Side Story de Bernstein.  Il est maintenant un des rares à composer lui-même, à la fois, lyrics et musique.  A Little Night Music est, à cet égard, un parfait exemple du genre de la comédie musicale américaine actuelle.  Adaptée du film Sourires d'une nuit d'été, de Bergman (1955), la pièce traite de la quête amoureuse, de l'incommunicabilité et de la fuite du temps, sur une musique limpide qui semble emprunter son rythme à l'opérette viennoise.  Avec Greta Scacchi, Lambert Wilson, Leslie Caron, Rebecca Bottone, Francesca Jackson & Nicholas Garrett.  Orchestre philharmonique de Radio France, dir Jonathan Stockhammer.  Mise en scène : Lee Blakeley.  Les 15, 16, 17, 18, 19 et 20 février, à 19h30.

Renseignements : 1, place du Châtelet, Paris Ie.  Tél. : 01 40 28 28 40.  www.chatelet-theatre.com

 

Tout autre est Treemonisha de Scott Joplin.  Cet autodidacte, né en 1868 d'une mère libre et d'un père esclave affranchi, ne deviendra-t-il pas le maître du ragtime et un des symboles de la culture afro-américaine.  Considéré comme le premier opéra noir (1911, quoique représenté en 1972) - avant Porgy and Bess donc -, il s'agit d'une œuvre achevée de théâtre musical où le grand opéra rencontre Broadway.  Avec un sens inné du spectacle, Scott Joplin y traite des questions raciales mais aussi de thèmes engagés comme le pardon et la réconciliation.  Une occasion de découvrir cet exemple unique de théâtre noir.  Avec Adina Aaron, Grace Bumbry, sir Willard White, Xolela Sixaba, Stephen Salters, Janinah Burnett, Stanley Jackson et Loïc Félix. Ensemble orchestral de Paris, dir. Kazem Abdullah.  Mise en scène & chorégraphie : Bianca Li.  Conception scénique, dramaturgique, décors & costumes : Roland Roure.  Les 31 mars, 2, 6, 8 et 9 avril à 19h30, le 4 avril à 15h.

Renseignements : 1, place du Châtelet, Paris Ie.  Tél. : 01 40 28 28 40.  www.chatelet-theatre.com

 

 

 

Un autre Faust à l'Opéra de Paris

Point de Gounod, ni même de Pascal Dusapin, mais de Philippe Fénelon qui, on le sait, aime à se confronter aux grands auteurs.  Créé en 2007, au Capitole, d'après l'œuvre éponyme de Nikolaus Lenau, ce Faust revisite le mythe de manière originale, à travers la destinée de l'Homme, Görg, conscience de Faust, dont les « errances et les visions ne sont pourtant que la fuite en avant d'un rêve cynique qui le mène d'échec en échec » (Ph. Fénelon). 

 

 

La production de la création toulousaine vise à l'épure, et la direction musicale de Bernhard Kontarsky, qui était déjà aux commandes lors de celle-ci, ne saurait être plus en phase.

Avec Gilles Ragon, Arnold Bezuyen, Robert Burk, Bartolomiej Misiuda, Éric Huchet, Marie-Madeleine Henry & Karolina Andersson.  Orchestre et chœurs de l'Opéra national de Paris, dir. Bernhard Kontarsky.  Mise en scène, décors, costumes & lumières : Pet Halmen.  Les 17, 20, 23, 29 et 31 mars à 19h30.

 

©Patrice Nin

 

Renseignements : Palais Garnier, rue Scribe, Paris Ier.  Tél. : 08 92 89 90 90.  www.operadeparis.fr

 

Le Festival de Glyndebourne 2010

Le prestigieux Glyndebourne Opera Festival donnera saison dans son magnifique théâtre en pleine campagne du Sussex, du 20 mai au 29 août 2010.  Au programme figurent deux nouvelles productions :

         Billy Budd de Benjamin Britten, donné pour la première fois au festival, sera dirigé par Mark Elder et mis en scène par Michael Grandage, du 20 mai au 27 juin ;

         Don Giovanni, l’un des opéras favoris du festival, se verra doté d'une mise en scène nouvelle de Jonathan Kent, avec comme directeur musical Vladimir Jurowski (et Jakub Hrusa à partir du 31 juillet), du 4 juillet au 27 août.

 

Quatre reprises seront également à l'affiche :

         Cosi fan tutte, dans la belle production classique de Nicolas Hytner sera, cette fois, dirigé par Sir Charles Mackerras, un événement (et James Gaffigan à partir du 18 juin), du 22 mai au 17 juillet.

         Macbeth de Verdi, sera dirigé par Vassily Petrenko, dans la régie quelque peu discutable de Richard Jones, du 13 juin au 24 juillet.

         Hansel et Gretel de Humperdinck, que l'iconoclaste Laurent Pelly a doté d'une mise en scène décalée, sera dirigé par le jeune chef Robin Tacciati, du 25 juillet au 28 août.

         Enfin The Rakes' Progress de Stravinsky, ici dans la production quasi mythique de John Cox (1975), sera de nouveau représenté, sous la direction de Vladimir Jurowski, du 8 au 29 août.

 

The Rake’s Progress ©Glyndebourne

 

Pour ceux que l'incontournable picnic sur le lawn, près des moutons (si, du moins, le temps le permet), ne semble pas tenter, plusieurs restaurants sont à disposition sur site, quoique chers.  Le meilleur moyen de se rendre sur place est encore le train jusqu'à la gare de Lewes (1h10 de trajet depuis Victoria Station), avec transfert jusqu'au théâtre assuré par bus spécial.

 

Glyndebourne Picnic ©Mike Hoban

 

Renseignements : Glyndebourne Opera Festival, Box Office, Lewes, East Sussex BN8 5UU (à partir du 27 février 2010).  Tél. : 00 44 1273 81 38 13www.glyndebourne.com

 

Jean-Pierre Robert

 

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Haut

 

 

Zuzana Magdalena Maria FERJENČIKOVÁ, récital d’orgue : Regina Cœli.  Die große Orgel der Basilika Unserer Lieben Frau zu den Schotten in Wien in Konzert und Liturgie.  Lade (www.edition-lade.com) : EL048.  TT : 72’54

Ainsi que l’indique son sous-titre, ce récital – enregistré sur l’un des plus beaux orgues de Vienne (Mathis, 1995, III-P/49) par sa titulaire – se donne pour programme de concilier les deux fonctions de l’orgue : concertante et liturgique.  Que l’on ne s’y trompe pas cependant : il ne s’agit nullement de juxtaposer vanité virtuose et tiédeur mièvre.  Pour preuve : le « concert » se clôt sur les Études pour piano-pédalier de R. Schumann et la « liturgie » s’ouvre sur l’Orpheus de Fr. Liszt dans la transcription de J. Guillou.  Mais l’intention affichée n’est pas non plus de façade, au contraire.  Ces interprétations seraient bien plutôt vraie prière et vraie musique à la fois ; le saisissant poème symphonique sur le Psaume 4 (Über uns, o Herr, erhebe dein leuchtendes Antlitz!) – une composition personnelle de Z. M. M. Ferjenčíková – témoigne avec éloquence de cette gémellité essentielle.  À vouloir comprendre l’intensité qui s’en dégage, l’on constate comment, grâce à des registrations solistes particulièrement colorées, elle sait couler son jeu dans l’acoustique généreuse de l’église abbatiale sans sacrifier l’acuité du discours.  Car les voix en sortent avec un relief particulier que son agogique très lyrique souligne à l’envi.  Et la tension ne se relâche jamais, mais change de nature, des traits les plus fulgurants de Liszt (Fantaisie et Fugue sur le nom de BACH) aux accords les plus éblouissants de Messiaen (Apparition de l’Église éternelle), est relancée, en une dramaturgie parfaite, par l’irruption des accents rythmiques de Ferjenčíková et se résout dans le mystère d’une méditation grégorienne de Dupré (Regina Cœli).

 

 

Au cours de l'année 2010, les hommages les plus internationaux seront rendus à Jean GUILLOU pour son 80e anniversaire.  Au seuil de cette année, il était utile de se retourner sur les nombreuses parutions discographiques ayant jalonné l'année 2009, afin de reparcourir l'activité polymorphe du compositeur-improvisateur-organiste-pianiste-organologue qui ne cesse de marquer son époque d'une griffe puissamment individualisée.  Pour le printemps 2010 sont annoncées diverses parutions discographiques, dont un disque d'œuvres pour orchestre de Jean Guillou, ainsi que la réédition très augmentée et remaniée de son livre L'Orgue, Souvenir et Avenir aux éditions Symétrie, accompagnée de deux CDs enregistrés spécialement par l'artiste en vue de cette nouvelle édition.

 

Parutions récentes.

  • Les premiers enregistrements, 1966-1973.  Vol. 1 : « Les classiques », coffret de 8 CDs Decca : 480 2007.  Vol. 2 : « Les modernes », coffret de 5 CDs Decca : 480 2099.
  • Centenaire de la mort de Liszt à l’Église luthérienne des Billettes. Récital du 23 novembre 1986, 1 CD Augure : AUG-0903 (www.jeanguillou.org).
  • Colloques. Œuvres de Jean Guillou, 1 CD. Augure : AUG-0904 (www.jeanguillou.org).
  • Jean Guillou in Menden .  St. Vincenz 25-26 Oktober 2009, 1 CD Augure : AUG-0905 (www.jeanguillou.org).
  • Présence(s). Vol. 1 : « La Révolte des Orgues », 1DVD Oko Films (www.jeanguillou-dvd.org).

 

Restructuration (avant liquidation ?) oblige, c’est sous le label Decca que ressortent aujourd’hui les enregistrements que Jean Guillou avait réalisés pour Philips dans les années 60 et 70 et qui avaient déjà été partiellement réédités en CDs voici quelques années dans la collection « Grandes Orgues ».  Parallèlement, la nouvelle maison de l’artiste, Augure, s’apprête plus que jamais à prendre la relève en éditant trois nouveautés : le témoignage d’un récital de 1986 ; des archives s’échelonnant de 1974 à 2008 et offrant, outre des improvisations récentes, deux compositions majeures de l’interprète en première discographique mondiale ; une production spécialement réalisée pour Augure autour d’un concert donné fin 2009 en Allemagne.  Oko Films vient compléter l’ensemble par un DVD, centré sur la captation de la création française d’une partition du titulaire de Saint-Eustache, l’une de ses plus récentes et assurément aussi l’une de ses plus furieuses.  Bref, en cette année qui marque son quatre-vingtième anniversaire, Jean Guillou n’aura jamais été autant sur tous les fronts ; jamais non plus il n’aura autant mérité d’y figurer.  Car cette profusion ne trahit pas une quelconque agitation éditoriale cherchant frénétiquement à commémorer une carrière passée ; tout à l’opposé, elle indique une vitalité inaltérable, une énergie inépuisable, qui irradie comme jamais des enregistrements les plus récents.

Aussi ne s’agit-il pas de retracer, à partir de ces gravures, l’évolution de l’art de Jean Guillou. Les anciennes gravures permettent certes de se rendre compte – à les comparer à des versions plus récentes proposées par le même interprète – de différences d’approche essentielles.  La ductilité de la manière de Jean Guillou est ainsi flagrante, notamment lorsqu’il s’agit de ses propres œuvres. Que l’on écoute, par exemple, la présente version Decca de la Symphonie initiatique et qu’on la compare à celle plus récente éditée chez Philips !  Non seulement celle-là est écrite pour trois interprétations successives, enregistrées les unes par-dessus les autres et dans les conditions du studio, et celle-ci réduite à deux couches exécutées simultanément et réalisée en concert ; mais surtout au romantisme enivrant de cette dernière, proprement symphonique, répond la rigueur rythmique étourdissante de la première, précisément initiatique.  Or, ce n’est sans doute pas tant que Jean Guillou comprenne la musique différemment aujourd’hui, mais bien plutôt que, étant riche de tous ces aspects, son écriture est éminemment ouverte à un élan re-créateur qui sache la renouveler.  C’est là une clef de lecture précieuse pour les générations futures d’interprètes de son œuvre ; c’est aussi une leçon d’interprétation, qui montre par l’exemple combien tout dogmatisme est à proscrire dans ce domaine.

 

 

Cet équilibre, qui consiste en un respect absolu de la musicalité du texte joué parce que toute distanciation à prétention scientifique est refusée, Jean Guillou le réalise également dans ses interprétations des « classiques », notamment de celui dont le rapproche une affinité élective non dissimulée, issue peut-être d’une exigence de compositeur comparable : J.-S. Bach.  Que l’on écoute, par exemple, dans le premier coffret Decca, la radicalité de la « grande version » du choral « Aus tiefer Not schrei ich zu Dir » pour se convaincre que le lyrisme peut n’être pas exclusif d’une articulation impeccable ; que l’on se laisse saisir par les fugues pour ressentir l’union entre la force expressive qui leur est inhérente et la construction la plus implacable qu’elles permettent.  Là encore, quelques décennies plus tard, Jean Guillou mettra de plus en plus l’accent sur le chant, sur les voix, sur leur dialogue.  C’est ce que révèle, par excellence, la toute dernière production Augure, qui mêle préludes et fugues de Mendelssohn et de Dupré, et chorals de Bach. Mais si, de cette façon, la musique prend davantage chair sous les doigts de Jean Guillou, jamais ses phalanges ne laisseront s’atrophier les nerfs qui la sous-tendent et qui saillent dans ces premières gravures.

Que le lecteur principalement avide de nouveautés véritables se rassure cependant : ces disques contiennent aussi des enregistrements d’œuvres inédites dans la discographie de Jean Guillou et notamment, chez Augure, d’œuvres inédites au disque tout court, s’agissant d’improvisations ou de compositions du Maître lui-même.  Ainsi de son Colloque n° 8 et de sa Sonate pour piano n° 2 ; ainsi encore de son Colloque n° 2, dans deux interprétations idéalement complémentaires, puisque Augure nous le propose avec le compositeur au piano (et Cherry Rhodes à l’orgue du Grossmünster de Zurich), et Decca avec le même à l’ancien orgue Gonzalez de Saint-Eustache (et Christian Ivaldi au piano) ; ainsi, enfin et surtout, de sa Révolte des Orgues (Oko Films).  Cette œuvre – pour grand-orgue, huit positifs et percussions – est complexe, non seulement par son écriture, mais aussi, matériellement, par le dispositif qu’elle nécessite (et dont rend compte le documentaire également contenu sur le DVD).  L’équipe du film n’en a que d’autant plus de mérite d’avoir réalisé des images et un montage en tout point lisible et aidant le spectateur à structurer le monde sonore dans lequel il est plongé.

 

          

 

Ce DVD est annoncé comme le premier d’une série.  Par ailleurs, Augure promet de ne pas s’arrêter en si bon chemin.  De nombreuses productions sont d’ores et déjà programmées et la belle régularité de leurs parutions ne devrait pas connaître d’interruption dans les années à venir.  Le site officiel – et désormais unique – de Jean Guillou (www.jeanguillou.org) servira de lien entre les admirateurs de son art et ceux qui ont à cœur de servir celui-ci.

Yves Mausen

 

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FORMATION MUSICALE

Régis HAAS : Le Jazz, son histoire et ses légendes. 1 vol. 3CDs. Fuzeau Musique : 9276.

Que dire devant ce monument ? Parlons d’abord du livre : divisé en deux parties, il présente dans la première, et par ordre chronologique, pas moins de 60 notices sur les jazzmen les plus marquants. Pour chacun, nous trouvons un portrait, une biographie, les principaux morceaux, une bibliographie sans oublier une anecdote et la référence à la plage du CD lorsque ce musicien y figure. La seconde partie, consacrée à l’histoire du jazz, comporte quinze monographies sur une ou deux doubles pages, exposant l’histoire du style étudié, ses caractéristiques musicales, les grandes figures et les groupes, des morceaux choisis pour leur importance dans l’histoire de cette forme, des indications filmographiques et bibliographiques… et, bien sûr, le renvoi à la plage du CD consacrée à ce style.  Ajoutons à cela une iconographie remarquablement choisie, une présentation simple mais absolument pas simpliste. Quant aux trois CDs, deux sont consacrés aux jazzmen et le troisième à l’histoire du jazz, le tout à partir des enregistrements originaux, particulièrement bien choisis et restaurés. Voilà, sous un volume condensé, une véritable encyclopédie du jazz et de ses interprètes-créateurs, qui devrait figurer en « usuel » dans toute bonne bibliothèque-discothèque de musicien ou d’amateur de musique et bien sûr, souhaitons-le vivement, d’école de musique !

 

 

Joëlle ZARCO : L’oreille harmonique. 2 : Improvisation.  1 vol.  1 CD.  Lemoine : 28758HL.

Précisons tout de suite qu’il ne s’agit pas d’une suite au premier volume intitulé Harmonie, mais d’un volume consacré à l’improvisation prise à son début.  Bien sûr, des bases simples d’harmonie et d’analyse musicale ne seront pas inutiles pour aborder ce volume.  À partir de l’analyse d’une œuvre existante, par exemple La Follia dans le premier chapitre, l’auteur, dans un volet « application et pratique » met en œuvre immédiatement la « grille » ainsi définie pour une improvisation rythmique et mélodique.  Le CD suit pas à pas la progression. Si les premiers pas en improvisation sont empruntés à la musique baroque, on ne s’étonnera pas de continuer avec Mozart, Samuel Cohen, Chopin, Trenet pour terminer par le mambo et le reggae.  Balayant époques et styles avec pertinence, ce remarquable travail pédagogique est inséparable du CD où se trouvent non seulement les exercices et les exemples, mais aussi les judicieux conseils de l’auteur. L’ouvrage peut donc servir en cours, mais peut être utilisé avec profit hors des structures habituelles.

 

 

Pierre CHÉPÉLOV & Benoît MENUT : La dictée en musique. Rythme, mélodie, harmonie, timbre. Vol. 7. Niveaux 3e cycle & spécialisé. Textes du répertoire. 1 vol. élève avec CD, 1 vol. de corrigés.  Lemoine : 28750 - 28751H.L.

Ou « comment la dictée devient un plaisir… ». Nous avons dit déjà à plusieurs reprises tout le bien que nous pensions de ces ouvrages. Rythme, mélodie, harmonie, timbre, mélanges, dépistage de fautes, rien n’échappe à ce travail soutenu par un CD qu’on écoute tout simplement pour le plaisir… De Guillaume de Machaut à Bruno Mantovani, l’oreille est surprise, intéressée, éduquée, non sans travail certes, mais dans un plaisir toujours aiguillonné par la découverte. Rappelons que grâce à sa progressivité et son livre de corrigés, ce cours complet en sept volumes peut être utilisé non seulement pour des leçons de Formation musicale, mais aussi par des amateurs ayant envie de se cultiver musicalement et n’ayant au départ que des bases très simples de solfège.

 

 

HARPE

Blaise METTREAUX : Tango pour harpe. Éditions Frédy Henry, (http://www.fredyhenry-editions.ch) : FH9185.  Distr. Leduc.

Un tango tout à fait typique pour un instrument qu’on est peu habitué à voir tanguer… Cette pièce « de caractère » devrait avoir beaucoup de succès.

 

 

VIOLON

BEETHOVEN : Konzert in D für Violine und Orchester op. 61.  Bärenreiter Urtext : BA 9019.  Critical Commentary par Jonathan Del Mar : BA 9019. Partition violon/piano : BA 9019a. Kadenzen zu Unwig van Beethoven Konzert für Violine und Orchester : BA 9020.

Les chefs et les violonistes qui voudront étudier en détail le Concerto pour violon de Beethoven disposent désormais d’outils tout à fait remarquables. La partition d’orchestre, précédée d’une préface consacrée essentiellement aux problèmes d’édition, possède la clarté et la lisibilité, ainsi que la rigueur qu’on attend de ce genre d’édition. La réduction pour piano est tout à fait remarquable : les pianistes accompagnateurs sont parfois bien malheureux de la façon dont ils sont traités par les transcripteurs. La version à la fois fidèle et pianistique qui est établie à partir du « Urtext » par Martin Schelhaas les comblera. Cette même version piano/violon contient deux parties de soliste : l’une établie simplement à partir du texte, l’autre annotée et doigtée par Detlef Hahn, en lien étroit avec l’éditeur.  Le commentaire critique de Jonathan Del Mar concerne non seulement les sources et l’édition de ce concerto mais traite également de l’adaptation pour piano que réalisa Beethoven lui-même, dédiée à Julia von Breuning, femme de son ami Stephan.  On trouvera enfin, dans un volume séparé, de très nombreuses cadences écrites pour ce concerto par Auer, David, Dont, Joachim, Laub, Molique, Nováček, Saint-Saëns, Spohr, Vieuxtemps, Wieniawski, Wulfhorst et Ysaÿe. Bien sûr, une préface détaillée permet de se retrouver dans cette surabondance. En résumé, on ne peut que saluer cette édition monumentale réalisée par Bärenreiter.

 

          

 

VIOLONCELLE

Jean-Michel FERRAN : Striages de lumière pour violoncelle & piano.  Delatour : DLT0940.

Ces trois pièces pour violoncelle ont été écrites sur des chorals de Bach pour évoquer les vitraux de Soulages à l’Abbaye de Conques. Elles font appel à toutes les techniques contemporaines, aussi bien pour le piano que pour le violoncelle. Fulgurances, jeux de lumière, puis évocation de la nuit, jeu sur les sonorités, des plus éclatantes aux plus mystérieuses, réminiscences de chorals : d’une grande richesse, ces pièces demandent des interprètes maîtrisant parfaitement toutes les ressources de leurs instruments.

 

 

Michel CORRETTE : Les délices de la solitude.  Sonates pour violoncelle, viole, basson avec basse continue. 1740.  « FacsiMusic ».  Anne Fuzeau Productions : 50164.

On connaît le principe de cette édition qui donne le fac-similé sans aucun commentaire, afin de rendre moins onéreux l’accès à des partitions destinées à être jouées telles quelles.  C’est tout à fait le cas de ces six sonates fort intéressantes. Bien sûr, il faudra réaliser la basse mais, fort heureusement, c’est redevenu un exercice bien connu des jeunes musiciens, au moins des vrais…

 

 

FLÛTE TRAVERSIÈRE

DEBUSSY : Petite suite pour deux flûtes & piano.  Transcription : Pascal Proust.  Combre : C06644.

Cette transcription, réalisée pour la 3e Convention française de la flûte, est en tout point remarquable à la fois par sa fidélité et par la véritable réorchestration réalisée par Pascal Proust de cette œuvre pour piano à quatre mains, orchestrée par Henry Büsser en 1907. On ne se lasse pas de réentendre ces pièces si connues et toujours aussi séduisantes. Ce sera une bonne occasion de les faire découvrir aux élèves de nos conservatoires.

 

 

HAUTBOIS

Carl Ludwig MATTHES : Deux sonates pour hautbois & basse continue. « FacsiMusic ». Anne Fuzeau Production : 50166.

Extraites de Musikalisches Vielerley de Carl Philipp Emanuel Bach, ces deux sonates publiées en 1770 à Hambourg sont pleines de fraîcheur et d’intérêt. Comme toujours dans cette collection, le fac-similé permet l’exécution de l’œuvre à condition de réaliser la basse.

 

 

CLARINETTE

Jacky THÉROND : L’agilateur du clarinettiste.  Ensemble d’exercices de techniques sur l’instrument, favorisant la souplesse et l’indépendance entre les doigts.  Lafitan : P.L.2126.

Tout est dit dans le titre. La recette, pour l’auteur : « exécuter des gammes, et encore des gammes, jour après jour… On n’a rien inventé de mieux ! » Fastidieux ? Vous avez dit fastidieux ? L’auteur s’efforce de faire mentir ce préjugé par un enchaînement des gammes « selon un principe harmonieux », qui devraient en faire « un support à la fois incitatif et attractif. Aux clarinettistes de tous âges et de tout niveau de nous dire si le but est atteint !

 

 

SAXOPHONE

Francis COITEUX : La jolie gitane pour saxophone alto & piano.  Delatour : DLT1315.

Cette gitane dansante est effectivement bien jolie. L’auteur présente au jeune saxophoniste une pièce qui, sans trop de difficultés, pourra être jouée par un collègue pianiste de niveau élémentaire.

 

 

TROMPETTE

Jean-François PAILLER : Élégie pour trompette en sib & piano.  Delatour : DLT0789.

Cette pièce, assez facile pour la trompette, un peu moins pour le piano, se meut dans un langage qui, tout en restant classique, n’est pas moins original et demande aux deux instrumentistes ce sens de la mélodie et du phrasé qui fait de vrais musiciens. Voilà qui change des fanfares trop souvent dévolues à la trompette…

 

 

Francis COITEUX : Cortège Fantasque pour trompette en sib & piano.  Delatour : 1804.

Ce cortège est apparemment traditionnel dans sa forme : un Allegretto capricioso entourant un Meno mosso cantabile qui rappelle le « trio » traditionnel des airs de fanfare. Mais le clin d’œil à Chabrier est présent d’un bout à l’autre d’une pièce pleine d’humour et de charme. Fantasque ? On dirait aujourd’hui un peu « déjantée »… Ce n’est pas très difficile, ni pour le trompettiste ni pour le pianiste, mais c’est fort plaisant.

 

 

André GUIGOU : Le petit poney pour trompette sib ou ut & piano.  Lafitan : 1811.

Cette petite pièce très facile invite à la promenade. Elle présente un parcours musical plein de bonhommie et de charme. La partie de piano est assez facile.

 

 

Gérard LENOIR : De bon matin ! pour trompette sib ou ut & piano. Lafitan : 1874.

Construite sur un rythme obstiné, cette pièce de niveau élémentaire est pleine d’un entrain communicatif. Une partie doit même être jouée « d’un air dégagé et content de soi » ! Tout un programme !

 

 

SAXHORN

Pascal PROUST : Saxhorn street pour saxhorn ou euphonium & piano. Combre : C06629.

Cette pièce, écrite pour la fin du deuxième cycle, permet à l’instrumentiste de montrer à la fois sa virtuosité et son lyrisme dans une œuvre tantôt solennelle, tantôt berçante, mais aussi vive et animée, bref, pleine de variété et de charme.

 

 

Philippe OPRANDI : Myst’air pour saxhorn basse/ euphonium/ tuba & piano.  Lafitan : P.L.1662.

Voici un bien agréable « Myst’air » qui donnera certainement du fil à retordre aux élèves mais pour un plaisir certain.  Pour un niveau plutôt moyen…

 

 

Max MÉREAUX : Phantasia pour saxhorn basse/ euphonium/ tuba & piano. Lafitan : P.L.1888.

Cette aimable fantaisie est d’un niveau assez facile. Elle commence comme un sage prélude avec des réminiscences de Bach revu par Gounod, puis surviennent des parties plus animées avec toujours des retours à la structure originelle. La partie de piano, sans difficulté, pourra facilement être jouée par un élève.

 

 

Philippe RIO : L’ours débonnaire pour saxhorn basse/ euphonium/ tuba & pianoLafitan : P.L.1840.

Cette pièce pour débutant porte bien son titre. L’accompagnement de piano un peu syncopé illustre tout à fait l’allure de l’animal ! Gageons que les deux compères qui joueront cette pièce s’amuseront bien en la mettant au point.

 

 

 

CHANT

Philippe MAZÉ : 3 Mélodies naïves sur des poèmes de Francis Jammes pour soprano solo (ou voix d’enfant) & piano ou orgue. United Music.  Distribution : Leduc.

Point si naïves qu’elles en ont l’air, ces délicieuses mélodies sont pleines de charme. Prière pour être simple, Prière pour aller au Paradis avec les ânes, Prière pour louer Dieu, ces trois œuvres expriment fidèlement en toute simplicité la substance des poèmes de Francis Jammes, dont la Prière a séduit Brassens… Humilité, ferveur, beauté : que dire d’autre ?

 

 

MUSIQUE CHORALE

Martin CARBOW : Groove Sisters.  10 arrangements pour chœur féminin.  Bosse : BE 499.

Ces arrangements ou œuvres originales pour chœur féminin à quatre voix avec, notamment, une version « groove » de Oh ! Tannenbaum comportent un accompagnement de piano ad libitum, mais qui pourrait se révéler comme un élément important de l’ouvrage.  Ces arrangements sont compatibles avec la version pour chœur mixte et peuvent donc être utilisés conjointement dans des rassemblements de chorales.

 

 

VARIÉTÉS

Delphine LEMOINE : Tous en piste.  Vol. 4.  1 vol. 1 CD.  Delatour : DLT0968.

Si cet album n’est pas recensé dans la rubrique « Accordéon », bien qu’il soit d’abord destiné à cet instrument, c’est qu’il pourra aussi, grâce au play-back orchestral, être utilisé par les pianistes, les claviéristes ou même des instruments mélodiques divers. La partition contient vingt morceaux, écrits sur des portées de clavier avec l’indication des accords. Le CD est fort agréablement enregistré. Voilà de quoi animer bien des soirées dansantes…

Daniel Blackstone

 

LUTH

Xavier CAUHÉPÉ : Les secrets du luth (Renaissance).  2 volumes : Histoire, conseils & analyses / Tablatures.  Zurfluh (www.zurfluh.com) : AZ 1810.  45 €.

Instrumentiste et professeur depuis quelque 35 ans, Xavier Cauhépé nous confie ici, en deux volumes, les secrets de son instrument – démontrant ainsi que le luth peut être enseigné aux enfants dès l’âge de 6 ou 7 ans.  Il propose une évolution par niveaux - chaque pièce, commentée, étant destinée à résoudre une difficulté spécifique.  Les guitaristes eux-mêmes pourront jouer ces pièces en accordant sur fa# la 3e corde de leur instrument.

 

 

FLÛTE À BEC

Antonio VIVALDI : Concerto en majeur pour flûte à bec soprano & piano RV 312R.  Révision Jean Cassignol, Anne Napolitano-Dardenne.  Noetzel Edition (www.heinrichshofen.de) : N4498. 

Fort intéressante est cette « reconstruction » pour flautino en majeur - par le compositeur lui-même - d’une œuvre écrite originellement pour violino en sol majeur.  D’autant que sont ici données, en ossia, les variantes mélodiques du violon et de la flûte.

 

 

GUITARE

Éric PÉNICAUD : Little Suite for ChildrenPour deux guitares (niveau 3)  D’Oz (www.productionsdoz.com) : DZ 1294.  Album : 9 €.  PDF : 7,20 €.

International est le catalogue pour guitare classique des éditions québécoises d’Oz.  Elles nous proposent, cette fois, du très prolifique compositeur Éric Pénicaud (°1952), quatre pièces délicieusement poétiques : L’éveil, Le jeu, D’instant en instant, Le rêve.  Pour guitaristes quelque peu chevronnés, cependant…

 

Francis Gérimont

 

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Christian GOUBAULT : Histoire de l’instrumentation et de l’orchestration : du baroque à l’électronique.  « Musique ouverte », Minerve, Paris 2009.  32 €.

Il y a quelques semaines disparaissait Christian Goubault, grand humaniste et éminent musicologue, ami fidèle et auteur exigeant, homme de savoir, de culture et de partage.  Spécialiste de l’histoire de la presse musicale, auteur d’ouvrages de référence sur Debussy, Stravinsky ou Ravel (son Maurice Ravel, le jardin féerique, également publié chez Minerve, fut couronné par le Prix des Muses), il avait – animé de cette bonne humeur que même la souffrance ne dissipa jamais – consacré ses dernières années à un travail approfondi sur le maniement plusieurs fois séculaire du timbre par les compositeurs.  Instrumentation ou orchestration ? Combien d’excellents esprits avaient jusqu’ici reculé face à cette interrogation, conscients que la dissociation de leurs études respectives masquait mal leur difficulté à retracer la communauté de trajectoires, complexes, souveraines, liées, voire coalescentes ?  Partir du crépuscule de la Renaissance et clore à l’aube du troisième millénaire, tel était le défi induit par cette singulière entreprise, telle fut la tâche à laquelle Christian Goubault consacra ses ultimes forces, ce magnifique volume de 480 pages étant paru peu de temps avant l’issue fatale d’une longue et cruelle maladie.  À ceux qui croyaient (à l’instar de l’auteur de ces lignes) avoir compris l’essentiel des révolutions beethovénienne et berliozienne, qui pensaient avoir percé le secret des esthétiques ravélienne ou stravinskienne, qui professaient en toute bonne foi que l’orchestration débutait avec Joseph Haydn, que Bach se préoccupait peu d’instrumentation, que Vivaldi ne rédigeait que la basse et le superius de ses concertos, que l’École de Mannheim était le seul vivier du génie idiomatique de Mozart, que Schumann ou Brahms ne « savaient pas orchestrer »… à tous ceux-là – et aux autres – cet ouvrage ouvrira des horizons insoupçonnés.  Au long d’une turbulente histoire, faite comme toutes les histoires de ruptures et de renaissances, Christian Goubault réussit le prodige de ne jamais égarer son lecteur ; des trouvailles de Rameau aux explorations électroacoustiques de Stockhausen, de la palette diversifiée d’un Weber aux enchantements fusionnels d’un Debussy, rien n’échappe à sa puissante et subtile analyse, non plus que les principes d’équilibre des divers pupitres, le problème particulier des transcriptions ou la réalité générale d’une évolution constante de la lutherie et de la nomenclature instrumentale.   Une sorte de vertige peut même s’emparer du lecteur face à l’immensité du patrimoine exploré (plus de mille œuvres sollicitées !) et à la scrupuleuse mise à nu de toutes les hypostases du timbre au long cours de l’histoire musicale.  D’où, probablement, cette bienheureuse et reconnaissante certitude, une fois le livre refermé, d’un enrichissement définitif et capital.

 

 

Laurence LE DIAGON-JACQUIN (et al.).  Thèm’Axe 8 : Arts & Musiques - dossier magistralLivre + 2CDs, Lugdivine (www.lugdivine.com) Lyon, 2009.  35 €.

Associer la musique à nombre d’autres expressions artistiques en donnant à entendre divers fragments musicaux rapportés aux propositions visuelles qui les ont inspirés, voilà le grand mérite de cette superbe publication due à Laurence Le Diagon-Jacquin, son émérite maître d’œuvre.  Orphée est sollicité, bien entendu, au miroir sonore de Monteverdi, Gluck, Liszt et Offenbach, mais aussi dans tous ses échos imagés (peinture, mosaïque…).  Ce qui ouvre, au passage, des perspectives inattendues autant que précises sur les instruments, les catégories génériques, les structures formelles, etc. Autre thème fécond, celui du Printemps : Vivaldi certes, mais aussi, toujours sous la plume inspirée de Laurence Le Diagon-Jacquin, Otto Respighi et Beethoven ; puis Liszt et le célébrissime Sposalizio, dont aucun secret ne semble avoir échappé à cette spécialiste reconnue du maître hongrois.  Ailleurs encore, des échappées sur le bouddhisme ou le hip-hop… et deux CDs bienvenus, fournissant à tous les enseignants de larges extraits musicaux et d’admirables propositions visuelles, vecteurs universels d’une culture sans frontières.

 

 

Gérard Denizeau

 

Alma MAHLER (1879-1964) : Journal intime (1898-1902).  Traduit de l’allemand & présenté par Alexis Tautou.  Rivages (www.payot-rivages.fr).  14 x 22,5 cm, 304 p., ill. n&b.  21,50 €.

Grâce à cette première traduction en français du Journal de la jeune Alma, nous découvrons l’intimité de celle que l’on affubla, plus tard, du peu indulgent sobriquet de « Veuve des quat’z arts ».  Il s’agit là d’une sélection des vingt-deux carnets que la belle écrivit jusqu’à son mariage avec Gustav Mahler, en janvier 2002.  Trois années durant lesquelles elle fit chavirer les cœurs du tout-Vienne.

 

 

Graham JOHNSON.  Gabriel Fauré : the Songs and their Poets.  « Research Studies 7 », Ashgate (www.ashgate.com).  En anglais.  Relié toile sous jaquette, 19,5 x 25 cm, 460 p., ex. mus., ill. n&b.  £45.00

Senior Professor of Accompaniment à la Guildhall School of Music & Drama de Londres, éminent spécialiste de Chabrier et de Fauré (dont il a supervisé l’intégrale de l’enregistrement des mélodies pour la firme française Hyperion), Graham Johnson s’est ici donné pour mission de fournir aux mélomanes tout ce qu’il convient de savoir sur les poètes que Fauré mit en musique, sa biographie, son langage musical, ses opinions sur mille sujets, le contexte historique… Une somme en seize chapitres, dont nos éditeurs hexagonaux seraient certes bien inspirés de s’arracher les droits.

 

 

Paul-André BEMPÉCHAT : Jean Cras, Polymath of Music and LettersAshgate (www.ashgate.com).  En anglais.  Relié toile sous jaquette, 16 x 24 cm, 570 p., ex. mus., cahiers de photos n&b.  £45.00

Jean Cras (1879-1932) fut, à bien des égards, un homme d’exception : héros de la Grande Guerre, ce contre-amiral de la marine française, scientifique et inventeur, philosophe et moraliste, fut aussi un compositeur fort estimé de son vivant, quasiment à l’égal de Fauré, Debussy ou Ravel.  Puis disparut de nos mémoires…  Pourquoi faut-il, encore une fois, que ce soit une maison d’édition anglo-saxonne qui prenne l’initiative de publier pareille somme sur un compositeur français injustement relégué aux oubliettes – et cela, bien sûr, sous la plume d’un chercheur étranger, ici d’un enseignant à Harvard…  Deux grandes parties : « The life of Jean Cras ».  « The works : struggle and evolution » (très nombreux exemples musicaux).  En appendice : Liste chronologique des œuvres / Notices des sonates pour violon, L’esprit (mai 1900), & pour alto, L’âme (septembre 1900) / La « règle-rapporteur Cras » (compas de navigation inventé par le contre-amiral).

 

 

Olivier BELLAMY : Martha Argerich.  L’enfant et les sortilèges.  « Musique », Buchet/Chastel.  14 x 20,5 cm, 272 p.  23 €.

« Génie du piano », l’expression n’est ici nullement outrancière.  Née à Buenos Aires en 1941, Martha Argerich fut un enfant prodige.  En Europe, elle remporta successivement les concours de Bolzano, de Genève et de Varsovie.  Personnalité irradiante et atypique, ingérable, incapable de se plier à quelque discipline que ce soit, elle sut toujours garder une totale liberté, artistique et humaine : amours, amitiés et compagnonnages jalonnent un parcours imprévisible et fascinant.  Mais qui ne connaît et admire celle qui est, sans doute, le plus grand pianiste de notre temps ?  Work in progress, passionnant est le parcours ici relaté…

 

 

Daniel LEVITIN : De la note au cerveau.  L’influence de la musique sur le comportement.  Essai traduit de l’anglais (Canada) par Samuel Sfez.  Éditions Héloïse d’Ormesson (www.editions-heloisedormesson.com).  Distr. Interforum.  14 x 20,5 cm, 363 p., schémas. 23 €.

Dans le présent essai, Daniel Levitin - neuroscientifique de réputation mondiale & professeur de psychologie cognitive à l’Université McGill de Montréal - tente de comprendre le pouvoir de la musique sur l’esprit et les relations de celle-ci avec l’activité cérébrale.  Comment notre cerveau perçoit-il la musique ? Que nous apprend la musique du fonctionnement du cerveau ?  Comment, en tant que déclencheur d’émotions, la musique nous éclaire-t-elle sur le fonctionnement de la mémoire ?  L’auteur aborde aussi, non sans humour, des thèmes tels que classification de la musique par genres, oreille absolue ou mémoire instinctive que l’on peut avoir d’une pièce musicale.  Extraordinairement éclairant !

 

 

Max YRIBARREN : Échelles musicales & proximité des harmoniques.  « Les Carnets de Sonatine », Zurfluh (www.zurfluh.com).  15,5 x 24 cm, 176 p., tableaux n&b et couleurs, ex. mus.  15 €.

Ou comment le tempérament égal – base de la plupart des musiques d’aujourd’hui – trouve sa justification dans la proximité des harmoniques naturels.  Nouvel argumentaire qui n’aurait certes pas déplu à notre maître à tous, Jacques Chailley.  En sept chapitres : De l’instrument de musique à l’oreille / Harmoniques & intervalles / Découpage optimal du spectre sonore / Principales divisions de l’octave dans la musique occidentale / Proximité harmonique des échelles occidentales de douze notes / Proximité harmonique des échelles chinoises de douze notes / Échelles de sept notes.  Étude assortie de savantes annexes & d’une bibliographie sélective.

 

 

Olivier ROLLOT : Petit dictionnaire énervé des profs et de l’école.  Éditions de l’Opportun (12, rue Dupetit-Thouars, 75013 Paris. Tél. : 01 53 26 42 10).  12,5 x 18 cm, 224 p., 12,90 €.

Ancien directeur des Éditions de l’Étudiant, Olivier Rollot possède parfaitement son sujet.  De A comme Absences à Z comme Zep, en passant par le G de Grèves, le O d’Orientation, le P de Professeurs ou bien le I d’IUFM), ce Petit dictionnaire fourmille d’informations, souvent inédites, sur le métier d’enseignant, aussi bien que sur celui de parent d’élèves.  Il comporte, en outre, nombre d’anecdotes, qui n’en disent pas peu sur les maux de l’école, naguère fierté de notre pays.

 

 

Solange VERNOIS : L’Orphéon du caricaturiste.  Regards sur la pratique musicale dans les périodiques humoristiques illustrés français (1832-1930).  « Musique-Musicologie » n°41.  Librairie Honoré Champion (www.honorechampion.com).  15 x 22 cm, 328 p., ill. n&b, 25 €.

Réjouissant en diable, ce volume nous replonge dans ce qui fut probablement l’âge d’or de l’image satirique en France, avec – extraits du Charivari, de La Vie parisienne, du Rire, du Journal amusant, de L’Éclipse, des Maîtres humoristes, de L’Assiette au beurre, du Hanneton, etc. de merveilleux croquis signés Draner, Métivet, Mailly, Monnier, Granville, Willette, Cham, Caran d’Ache, Steinlein, Gill et bien d’autres… Tout cela naturellement mis en perspective historique.  Trois parties : Le défi de la transcendance / La chute d’Orphée ou la musique au quotidien / Au diapason de l’humour : réconciliation du matériel et du spirituel.

 

 

Les Cahiers du jazz n°6, 2009.  Outre Mesure (36, rue Pascal, Paris XIIIe. Tél. : 01 47 07 06 21.  14,5 x 21 cm, 144 p., ex. mus., tableaux, ill.n&b.  12 €.

Au sommaire du n°6 de cette excellente petite revue à vocation musicologique, nous sont proposés divers articles signés des meilleurs spécialistes : L. Malson, J.-L. Chautemps, G. Krom, J. Hernandez & G.-H. Rivière, A. Legrand, A. Gerber, Ph. Fréchet, R. Imbert, L. Florin, J. Aboucaya, G. Genette, G. Moussaron, A. Pailler, E. Parent, Fr. Médioni.  Plus quelques « Anachroniques », signées G. Auric, Cl. Lévi-Strauss et J. Bellemin-Noël. 
Voir : www.outre-mesure.net

 

 

Francis HOFSTEIN (Sous la direction de) : L’art du jazz.  Le Félin (www.editionsdufelin.com).  20,5 x 26 cm, 272 p., ill. n&b et couleurs.  29 €.

Montrer comment le jazz - musique de traverse, rigoureuse et ouverte - irrigue, inspire ses amants d’un jour ou d’une vie, tel est le projet de cette superbe publication, réalisée avec le concours d’une trentaine de spécialistes et/ou passionnés de jazz - parmi lesquels Chr. Béthune, J.-Y. Bosseur, J.-M. Albert, A. Tercinet, Y. Buin, N. Cerf, D. Soutif, B. Dixon…  Magnifiques maquette & illustrations.

 

 

Ola JOHANSSON & Thomas L. BELL (Edited by) : Sound, Society and the Geography of Popular MusicEn anglais.  Ashgate (www.ashgate.com).  Hardback.  15 x 24 cm, 306 p., tableaux, ill. n&b.  £60.00

Prenant argument de l’actualité des musiques populaires aux États-Unis, Canada, Australie, Royaume-Uni et dans la Caraïbe, cette étude montre l’influence décisive de leurs divers contextes géographiques.  Six chapitres : Music, space & political activism (Billy Bragg, John Lennon) / Tourism & landscapes of music (Pèlerinages à Graceland ; Musique, méditation et lieux touristiques en Australie) / Mapping musical texts (Topographie symbolique du reggae ; Carte mentale de l’auditeur en Californie) / Place in music, Music in place (Rythmes des barrios à La Havane ; le Los Angeles des « Red Hot Chili Peppers » ; Géographie des « Canadian Shield Rock ») / Local music in a connected world (Radio et connections culturelles sur Internet ; Scènes musicales indépendantes et implications ; Localisation des nouvelles scènes musicales aux USA) / The geography of genres (Hip-hop ; Techno ; Nouvelles musiques chrétiennes).

 

 

Bruce JOHNSON & Martin CLOONAN : Dark Side of the Tune : Popular Music and Violence.  En anglais.  « Ashgate Popular and Folk Music Series », Ashgate (www.ashgate.com).  15,5 x 23,5 cm, 238 p.  £16.99

Refusant la niaise romantisation – par les milieux notamment académiques - de la musique populaire, cette étude met, bien au contraire, en lumière ses plus sombres aspects.  Après une introduction comparative : « Musical violence & popular music studies », l’étude comporte huit volets : « The sound of music », « Music & violence in history », « Technologized sonority », « Music accompanying violence », « Music & incitement to violence », « Music & arousal to violence », « Music as violence », « Policy ».  Musica mores emollit, disiez-vous ?

 

Francis Cousté

 

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Piotr Ilych TCHAIKOVSKI : Ouverture solennelle 1812, op.49.  Cantate de Moscou (1883).  Marche slave, op.31.  Marche solennelle du couronnement (1883).  Ouverture solennelle sur l'hymne national danois, op.15. Lyubov Sokolava (mezzo-soprano), Alexey Markov (baryton).  Chœurs & Orchestre du Théâtre Mariinski, dir. Valery Gergiev.  Mariinski : MAR 0503.  TT : 64'17.

Les cinq œuvres ici enregistrées ont en commun le fait d'être le fruit de commandes.  Tchaïkovski faisait figure de compositeur officiel de la Cour du tsar Alexandre III.  C'est pour le mariage du futur souverain avec la princesse Dagmar de Danemark - qui deviendra la tsarine Maria Fedorovna - qu'il compose l'Ouverture solennelle sur l'hymne national danoisDe même, l'Ouverture solennelle du couronnement et la Cantate de Moscou seront écrites pour célébrer les fêtes du sacre.  L'Ouverture solennelle 1812 le sera pour l'inauguration, en 1880, de la cathédrale du Christ Sauveur à Moscou, marquant le 70e anniversaire de la campagne de 1812 contre Napoléon.  Quant à la Marche slave, à la tonalité patriotique, elle sera demandée à Tchaïkovski pour un concert de bienfaisance, en novembre 1876, afin d'équiper des volontaires en vue de la guerre serbo-turque.  Il s'agit donc de pièces de circonstance, empreintes de toute la pompe requise.  La patte du maître ès orchestrations y est pourtant évidente, et le sens du grandiose bien présent.  On découvrira surtout la Cantate de Moscou qui, au long de ses six parties, développe un résumé exhaustif de l'histoire de la Russie.  Dans une musique d'une forte intensité, la contribution vocale se signale par son éloquence épique (monologue du baryton) et son émotion lyrique (arioso de la mezzo) - deux superbes voix ici.  Des autres œuvres, la Marche du Couronnement ne manque pas d'allure.  Valery Gergiev, qui dirige son orchestre du Théâtre Mariinki, apporte le vrai plaisir d'un son idoine et d'une rythmique implacable mais pas dure, sans parler de la tension dramatique qu'en chef de théâtre, il insuffle à l'envi.  La prise de son live est un régal de clarté des plans comme d'impact sonore, et pas seulement dans l’Ouverture 1812, avec ses volées de cloches et tirs de canons obligés !

 

 

Serge RACHMANINOV : Concerto pour piano n°3, op.30.  Rhapsodie sur un thème de Paganini, op.43.  Denis Matsuev, piano.  Orchestre du Théâtre Mariinski, dir. Valery Gergiev.  Mariinski : MAR 0505.  TT : 63'15.

Grand virtuose du clavier, Serge Rachmaninov a, bien sûr, composé un large corpus pour son instrument, dont le Concerto n°3, synthèse de sa manière à la fois intensément lyrique et empreinte d'une brillance toute occidentale.  De là, naît l'émotion presque sensuelle qui l'habite.  Le piano se coule dans des mélodies amples et longues, foncièrement russes sans toutefois être de l'ordre du folklorique ; une âme russe imaginée plus que citée.  Dans la lignée du grand concerto romantique, l'œuvre séduit par son climat mélancolique, très intériorisé alors que le piano imprime le cours des événements (1er mouvement), par son ample lyrisme à l'orchestre (Intermezzo) et son énergie débordante, cathartique (Finale alla breve).  Le jeune pianiste Denis Matsuev fait déjà partie des grands, au point de se voir confier les fonctions de directeur artistique de la Fondation Serge Rachmaninov.  Ce qui convainc est la manière dont il allie virtuosité et lyrisme par un toucher d'une rare expressivité, et qui jamais ne paraît heurté.  La Rhapsodie sur un thème de Paganini, plus tardive, se présente sous forme d'un thème et de 24 variations.  Ce sera la dernière pièce concertante du maître.  Le piano y est traité de manière très percussive et réclame une énergie soutenue.  Matsuev en dispense à l'envi, d'une phénoménale agilité dans les traits menés à un rythme fulgurant, presque infernal, tout en ménageant, comme dans le concerto, des moments de vraie grâce.  La complicité entre le pianiste et le chef Gergiev est évidente, et les musiciens du Mariinski font assaut de brillance et de sonorités fusionnelles.

 

 

Serge PROKOFIEV : Concertos pour piano n°2 et n°3.  Evgeny Kissin, piano.  Philharmonia Orchestra, dir. Vladimir Ashkenazy.  EMI : 2 64536 2.  TT : 61'50.

Voilà encore deux pièces du répertoire pianistique russe empreintes d'une étincelante virtuosité.  La facture, jugée trop futuriste du 2e Concerto (1913, révisé en 1923), déconcerta ses premiers auditeurs.  Avec le recul, on mesure la modernité d'une pièce que son climat sombre et la tension qui en émane rendent si exigeante, pas seulement pour l'interprète.  La composition est fort contrastée, tant dans la partie soliste que dans la trame orchestrale, alternant puissance féroce et fraîcheur lyrique.  La longue cadence qui clôt le premier mouvement, « complexe » aux dires de Prokofiev lui-même, évolue comme une déferlante lisztienne.  La fébrilité du piano ne faiblira pas, fiévreux et martelé dans le 2e mouvement, sarcastique durant l'Intermezzo, sur un rythme motorique, tempétueux au finale, sorte d'orgie sonore.  L'interprétation de Kissin, athlétique, exploite l'entière palette du clavier. Le 3e Concerto est, nul doute, plus avenant, par ses mélodies mémorables dont le contour ne vous quitte pas.  Ainsi de celle introduisant le premier mouvement.  Sa dynamique irrésistible a fait beaucoup pour la popularité de l'œuvre, tout comme l'irrépressible énergie qui s'empare du discours du piano, passant sans cesse du lent au vif, du sautillant au délié.  Par sa manière incisive, Kissin fait sien le jeu à ras du clavier, si cher au compositeur - une main droite vraiment translucide.  Une mécanique impitoyable tient en haleine tel crescendo enlevé, telle rupture de rythme, ou encore ces scansions martelées jusqu'à l'obsession.  De construction plus classique que le précédent, cet opus 26 n'est pas moins moderniste.  Vladimir Ashkenazy - lui-même, naguère, fameux interprète de ces pièces - conçoit un accompagnement interactif qui sertit le clavier dans un environnement coloré et l'impose dans de grandioses climats que l'orchestration toujours originale de Prokoviev rend on ne peut plus envoûtants.

 

 

Claude DEBUSSY : La Mer.  Images.  Orchestre philharmonique du Luxembourg, dir. Emmanuel Krivine.  Timpani : 1C1165.  TT : 58'26.

Ce disque réunit deux des pièces les plus captivantes de la production symphonique de Claude de France.  On a dit beaucoup de choses sur le prétendu impressionnisme du compositeur.  Dans un pénétrant essai inclus dans la plaquette du disque, Harry Halbreich combat cette tendance et plaide en faveur du réalisme.  Un réalisme de l'observation, tout sauf naturaliste, qui « atteint la vérité du sujet au-delà de sa réalité immédiate ».  Les trois esquisses symphoniques de La Mer ne sont pas plus des descriptions de l'onde, tour à tour calme ou déchaînée, que des instantanés en forme de morceaux choisis, mais des pages d'une agitation tourmentée, obtenue par un renouvellement incessant de la phrase musicale et un art consommé de l'éclatement de la forme.  Les Images qui restituent, dans le triptyque central Iberia, une Espagne plus vraie que nature, alors que Debussy ne franchît qu'une seule fois - et bien plus tard - les Pyrénées, sont l'évocation transfigurée des atmosphères ibériques, de leurs rythmes alanguis, de leurs parfums sensuels.  Là aussi, le dynamisme du discours conduit à une sorte de déconstruction de la forme.  Surenchérissant sur La Mer, Debussy y fait œuvre d'une « modernité insolite », tout comme dans Gigues, enluminé par la sonorité du hautbois d'amour, et Rondes de printemps, chatoyante péroraison, emplie de délicatesse et de nostalgie.  Emmanuel Krivine a le souci de l'architecture dans l'une et l'autre partition, ce que favorise une prise de son très proche et aérée au minimum.  On a le sentiment d'une analyse spectrale qui dévoilerait les arcanes de chaque morceau.  Les grands climats tonnent jusqu'à l'ivresse.  La palette de couleurs est marquetée, dans Iberia en particulier.  L'orchestre luxembourgeois sonne on ne saurait plus gallique.

 

Jean-Pierre Robert

 

« Surrexit Christus » par l’Ensemble grégorien de Notre-Dame de Paris, dir. Sylvain Dieudonné.  Hortus (www.editionshortus.com) : 073. Distr. Codaex.  TT : 71’23.

« Christ est ressuscité ! » témoigne de la splendeur musicale des vêpres et de la procession pascale à Notre-Dame de Paris, au XIIIe siècle.  Antiennes, motets, organa, répons, oraisons, conduits et un rondeau conclusif constituent, en 22 plages, ce magnifique enregistrement de pièces empruntées, pour le plain-chant, à l’Antiphonaire parisien dit « de la Sorbonne » (Paris, BnF lat. 15181) et, pour les polyphonies, aux manuscrits Florence/BML (Pluteus 29.1) et Wolfenbüttel (H 1099 ; 1206).  Signalons que ce programme sera repris à Notre-Dame de Paris, le mardi 20 avril 2010, à 20h30, par ce même prestigieux ensemble professionnel (composé de trois barytons-basses, trois ténors, deux contre-ténors et un percussionniste).

 

 

Die Quellen des jungen Bach.  Œuvres de J.S. Bach, Buxtehude, Froberger, Kerll, Reincken.  Céline Frisch, clavecin allemand d’Antony Sidey.  Alpha (www.alpha-prod.com) : 149.  TT : 71’14.

Outre les flamboyantes Toccate BWV 914 & 915 et le Capriccio sopra la lontananza del fratello diletissimo BWV 992 de Bach, cet album intitulé « Aux sources du jeune Bach » réunit quelques-unes des pièces que, tout enfant, Jean-Sébastien avait recopiées, la nuit, en cachette de son frère : de J.A. Reincken (1623-1722), la Toccata en sol majeur / de D. Buxtehude (ca 1637-1717), la Suite en do majeur BuxWV 226 / de J.J. Froberger (1616-1667), extraites du Livre de 1649, les Deuxième Toccata en mineur et Deuxième Suite en mineur / de J.K. Kerll (1627-1693), la Suite en fa majeur et la Passacaglia.  Alliant, à son accoutumée, rigueur et jaillissante liberté (nous lui devions déjà d’admirables Variations Goldberg), Céline Frisch fait ici merveille sur un somptueux clavecin sorti des ateliers d’Antony Sidey & Frédéric Bal.  Fort éclairante notice signée Gilles Cantagrel.

 

 

Nicolaus BRUHNS (1665-1697) : Das Kantatenwerk.  Greta De Reyghere & Jille Feldman (sopranos), James Bowman (contre-ténor), Ian Honeyman & Guy De Ley (ténors), Max Van Egmond (basse).  Ricercar Consort.  2CDs Ricercar (www.ricercar.be) : RIC 291.  TT : 2h31’04.

De Nicolaus Bruhns, l’un des plus talentueux disciples de Buxtehude, décédé à seulement 32 ans, ne nous sont parvenues que 5 pièces pour orgue et les 12 sublimes cantates d’église ici regroupées - lesquelles constituent le principal chaînon entre les musiques religieuses de Schütz & Buxtehude et celles de J.S. Bach.  Elles sont ici admirablement restituées par le Ricercar Consort, référence et inspirateur de tant d’ensembles de musique baroque.  Programme complété par la cantate Erbarn dich mein de Lovies Busbetzky (?-1699), autre disciple de Buxtehude.

 

 

Joseph HAYDN : Sonates pour piano par Catherine Collard.  3CDs Lyrinx : LYR 270.  TT : 186’. 

Inoubliable demeure Catherine Collard (1947-1993) pour tous ceux qui eurent, un jour, le bonheur de l’entendre interpréter Mozart, Haydn, Schumann, Fauré, Debussy...  Se sachant irrémédiablement condamnée, elle se battit vaillamment contre la maladie pour terminer l’enregistrement du 3e volume de ces Sonates qu’elle plaçait, à juste titre, au rang des plus hauts chefs-d’œuvre.  Dernier volume où elle atteint à une sérénité acquise au prix d’une grandeur d’âme et d’une énergie inaltérées.  Volume 1 : Sonates n°59, 6, 13, 62.  Volume 2 : Sonates n°38, 39, 58, 60.  Volume 3 : Sonates n°48, 31, 57, 50. 

 

Hector BERLIOZ : Symphonie fantastique.  Le Carnaval romain.  Anima Eterna Brugge, dir. Jos van Immerseel.  Zig-Zag Territoires (www.zigzag-territoires.com) : ZZT 100101.

D’après la magnifique édition définitivement établie en 1972 par Nicolas Temperley pour Bärenreiter, Jos van Immerseel nous livre ici, d’une œuvre certes rebattue, une interprétation proprement hallucinée, en particulier dans les tempi – telle qu’elle aurait sans doute enthousiasmé le compositeur.  La prise de son est en parfaite symbiose, nette et contrastée.  Il s’agit là d’une véritable recréation.  Rare cohérence, également, de l’« Ouverture caractéristique » du Carnaval romain.  Jos van Immerseel se révèle ici l’un des grands chefs de notre temps.

 

 

Frédéric CHOPIN : Nocturnes.  François Chaplin, grand piano de concert Yamaha.  Zig-Zag Territoires (www.zigzag-territoires.com) : ZZT 100203.2.

Toute leur grandeur et leur virile noblesse sont ici restituées à des pièces dont la sublime vocalité est trop souvent prétexte à évanescences.  « Entre lyrisme et charme, confession secrète et emportement fantasque, c’est toute l’âme de Chopin qu’ils renferment », dit François Chaplin de ces Nocturnes. Ce que l’interprète nous donne admirablement à entendre…

 

         

 

Alban BERG : Drei Orchesterstücke op.6.  Altenberg Lieder op.4.  Sieben frühe Lieder.  Johann STRAUSS : Wein, Weib und Gesang.  Christiane Iven, soprano.  Orchestre philharmonique de Strasbourg, dir. Marc Albrecht.  Super Audio CD Pentatone (www.pentatonemusic.com) : PTC 5186.363.  TT : 59’46

Trois chefs-d’œuvre de Berg, plus une célèbre valse de Johann Strauss (arrangée par Alban Berg pour quatuor à cordes, harmonium & piano), composent ce somptueux bouquet-hommage réalisé autour de la voix idéalement souple et veloutée de Christiane Iven, sertie comme il convient par un OPS au mieux de sa forme sous la baguette de l’excellent Marc Albrecht.  Avec l’incomparable qualité sonore de l’Hybrid Multichannel.  Un indispensable !

 

 

Dmitri SHOSTAKOVICH : 24 Préludes pour piano op.34.  Quintette avec piano op.57.  David Kadouch, piano.  Quatuor Ardéo.  Transart Live (www.cdpresto.com) : TR 162.  Distr. Naïve.  TT : 64’21. 

L’extrême brièveté de ces Préludes explique, sans doute, leur quasi-absence de nos salles de concert.  Ils méritent, en revanche, de faire le pain quotidien de tout pianiste amateur - d’autant mieux que leur abord est, le plus souvent, techniquement aisé (éditions du Chant du Monde).  Bonheur de découvrir  dans ce répertoire, un tout jeune pianiste, déjà internationalement célèbre, mais dont c’est ici le premier enregistrement.  Interprétations rien moins que clinquantes – intériorisées, d’une élégance aristocratique ou d’un humour souriant (rare chez Chostakovitch) ou encore de caractère improvisé.  Associé au Quatuor Ardéo, composé de quatre brillantes jeunes femmes, David Kadouch rend admirablement justice au Quintette avec piano op.57, œuvre au caractère tantôt aimable et chantant, tantôt sévère voire implacable - qui ne laisse curieusement pas d’évoquer l’art baroque.

 

 

Raphaël FUMET (1898-1979) : Intégrale de l’œuvre pour flûte.  Avec Gabriel Fumet, Benoît Fromanger, Philippe Pierlot & Hubert de Villèle (flûtes), Gérard Caussé (alto), Michel Poulet (violoncelle), David Berdery & Ichiro Nodaïra (piano), Jean-Paul Imbert (orgue).  Musique et Esprit (http://gfumet.free.fr) : ME 1009/1. TT : 67’22.

Toute de vibrante émotion est la musique de Raphaël Fumet, à laquelle est ici rendu un juste hommage par, au premier chef, son fils le flûtiste Gabriel Fumet, concertiste international, entouré d’une pléiade d’éminents solistes.  Œuvres interprétées : Lacrimosa (flûte & orgue), Frondaison (flûte & piano), Intermède romantique (flûte & piano), Trio pour flûtes, Diptyque baroque (alto & flûte), Interpolaire (flûte seule), Cantate biblique (quatre flûtes & violoncelle), Quatuor pour flûtes, Ode concertante (flûte & piano).  « Parmi les œuvres de Raphaël Fumet composées pour la flûte, il n’en est pas une que je ne trouve formidable » écrivit Jean-Pierre Rampal.  On ne saurait mieux dire.

 

 

« Avant Gershwin » : Patti Austin chante George Gershwin.  Rendez-vous Entertainment (www.rendezvousmusic.com) : REN 51232.

De sa voix sensuelle et charnue, la belle Patti Austin - qui débuta sa carrière dans le rythm’blues – interprète cette fois Gershwin, accompagnée par un big band dirigé par son arrangeur Michael Abene.  Huit titres : Overture-Gershwin Medley / I’ll build a stairway to paradise / Who care / Funny dance / Love walked in… Love is sweeping the country /Swanee / Porgy and Bess Medley / Lady be good.

 

Francis Gérimont

 

Jean-Luc HERVÉ : Dans l’heure brève.  Ensemble Court-circuit.  L’Algarade (www.algarade-music.com) : CC 874722. TT : 54’49.

Jean-Luc Hervé et l’Ensemble Court-circuit nous proposent ici un voyage dans un jardin, entre mouvement et contemplation, itinéraire chargé d’images - comme un tableau de Soulages ou un mobile de Calder -, identique et changeant à la fois en fonction de l’éclairage, de l’heure du jour, de la position de celui qui écoute, œuvre mouvante, vivante animée de sa vie propre. Il s’agit d’une série de pièces - pour différents effectifs - dont la composition s’échelonne entre 1997 : Dans l’heure brève ; 1999 : Déjà et Dans l’ombre des anges ; 2001 : In sonore ; 2006 : Amplification/propagation ; 2007 : Amplitude.  Des pièces à écouter et réécouter pour en saisir toutes les facettes et profiter du voyage.

 

 

SAN TELMO : Duo Cordes et Âmes.  Sara Chenal, violon, Olivier Pelmoine, guitare. « L’influence sud-américaine » : Piazzolla, Pujol, Leisner, Gonzalez.  Skarbo : DSK 4089. TT : 52’07.

Un disque pour pleurer, rire et danser… Remarquable complémentarité du violon et de la guitare dans ce répertoire sud-américain, remarquable interprétation des deux interprètes qui s’éloignent et se rapprochent au gré des danses - tango, samba, mais aussi jazz et compositions contemporaines - une musique faite de frôlements et de regards, remarquable sonorité, remarquable virtuosité, remarquable sensibilité… Bref, un disque remarquable !

 

 

POUR LES PLUS JEUNES

Chansons enfantines du XVIIIe siècle. Albertine d’Aboucheade de Mortemart (soprano), Claude Pipon (piano), Olivier Etchessahar (tuba), Patrick Collier (tambour).  L’Olivier, association à but non lucratif (20bis, rue Erlanger, 75016 Paris). TT : 25’09.

Un disque de chansons enfantines enregistré live avec quelques imperfections, mais surtout conçu avec beaucoup d’amour pour, et au bénéfice, d’enfants démunis. Un disque mais aussi un précieux geste de solidarité en ces temps difficiles… Se commande directement auprès de l’association.

 

 

DVD

BACH, BRAHMS, RAVEL, STRAUSS, SZYMANOWSKI, TCHAIKOVSKI. Eugene UGORSKI, violon.  Konstantin LIFSCHITZ, piano.  Live from the Miami International Piano Festival. VAI (www.vaimusic.com) : 4509.  TT : 92’.

Minutage copieux, programme intéressant et éclectique pour ce DVD qui nous donne, de plus, l’occasion d’entendre le jeune violoniste virtuose Eugene Ugorski en solo ou associé au remarquable pianiste Konstantin Lifschitz dans un récital live donné le 22 mai 2009 au Broward Center for the Performing Arts de Miami.  La Chaconne de Bach permet à Eugene Ugorski de faire preuve de toute sa virtuosité en même temps que d’affirmer sa superbe sonorité dans une interprétation toute en finesse et intériorité. Les Sonates de Brahms (n°3, op. 108) et de Strauss (op. 18), Myths de Szymanowski, Tzigane de Ravel et Souvenir d’un lieu cher op. 42 de Tchaïkovski sont, là encore, remarquablement interprétés et confirment la maîtrise pianistique de Konstantin Lifschitz (on se souvient de son enregistrement lumineux des Préludes et fugues de Bach pour le même label). Parfaite symbiose entre les deux musiciens, bien qu’il s’agisse, semble-t-il, de leur première rencontre ! Espérons que cette expérience se renouvellera, pour notre plus grand plaisir.

 

 

Richard STRAUSS : An Alpine Symphony, Oboe Concerto.  Alphons DIEPENBROCK : Elektra symphonic Suite. Residentie Orchestra The Hague, dir. Neeme Jarvi.  Pauline Oostenrijk, hautbois. VAI (www.vaimusic.com) : 4511.  TT : 96’.

Un programme straussien, mais des œuvres bien différentes pour ce concert live de l’Orchestre de la Résidence, enregistré le 19 janvier 2008 dans la salle Anton Philips, à La Haye, sous la direction de son chef estonien Neeme Jarvi. La Symphonie alpestre (op. 64) de Richard Strauss - composée en 1915, créée le 28 octobre suivant à Berlin, par la Hofkapelle de Dresde, dédicataire de l’œuvre, sous la direction du compositeur - est le dernier poème symphonique de Strauss, composé suivant le programme d’une randonnée alpestre : nuit, lever du soleil, ascension, sommet, orage et tempête, coucher du soleil puis retour et paix… tout un programme, peut être trop imitatif, presque figuratif, emprisonnant quelque peu l’imagination de l’auditeur et limitant d’autant la portée musicale de l’œuvre.  Bien différent le Concerto pour hautbois, composé en 1945, est une composition allègre et élégante, d’esprit mozartien, particulièrement exigeante pour le soliste.  L’interprétation de Pauline Oostenrijk en est, en tous points, remarquable, tant techniquement que musicalement.  La suite symphonique Elektra est une belle œuvre peu connue, d’inspiration romantique, du compositeur néerlandais, également peu connu et très atypique Alphons Diepenbrock (1862-1921), arrangée pour l’orchestre par Eduard Reeser.  Ajoutons à cela une direction précise de Neeme Jarvi, une belle sonorité de l’Orchestre de la Résidence de La Haye, qui feront d’autant plus regretter les insuffisances de la prise de son…

 

Patrice Imbaud

 

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S’ouvrant sur un éditorial de l’Inspecteur général de l’Éducation nationale, M. Vincent Maestracci, orientant de façon concise l’élève dans son travail, le supplément Baccalauréat 2010 de L’éducation musicale est d’une rare densité : pas moins de 148 pages d’analyses et références.

 

Indispensable aux professeurs d’Éducation musicale et aux élèves de Terminale qui préparent l’épreuve de spécialité « série L » ou l’épreuve facultative « Toutes séries générales et technologiques du baccalauréat », cette publication réunit les connaissances culturelles et techniques nécessaires à une préparation réussie.

 

À commander aux Éditions Beauchesne : 7, cité du Cardinal-Lemoine, 75005 Paris. Tél : 01 53 10 08 18.  Fax : 01 53 10 85 19.  s.desmoulins@leducation-musicale.com

 

 

 

Au Sommaire de notre n°564 (Janvier/février 2010):
Dossier: “L’Opéra, miroir d’avenir”: Gioacchino Rossini, les préméditations du nouveau génie lyrique/ La voie française des voix françaises/ Regard de l’esprit contemporain sur les valeurs de l’Opéra/ L’ Opéra Comique et son public, une relation à réinventer/L’ Opéra, service au public?/ Sur les tendances actuelles de la mise en scène d’opéra/ Le poids du passé peut-il compromettre l’avenir de l’art lyrique?/Annick Massis: le refus du compromis.
Analyses: Toccata  de Serge Prokofiev/ Education musicale et imaginaire
Divers: La grille d’Hélène Jarry..

 

Dossiers déjà parus dans L'éducation musicale


Femmes compositrices (2)
n° 562

Musique et cinéma (2)
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à l’époque des Ballets russes
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Dossiers à paraître :

  • Musique et franc-maçonnerie

 

 

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Laëtitia Girard