www.leducation-musicale.com

janvier-février 2010
n° 564
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novembre-décembre 2009
n° 563
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Sommaire :
1. Editorial
2. Sommaire du n°564
3. Informations générales
4. Varia
5. Manifestations et Concerts
6. Recensions de spectacles et concerts
7. Annonces de spectacles
8. Tribulations musicales d'une Française à l'étranger
9. L'Edition musicale
10. Bibliographie
11. CDs et DVDs
12. La vie de L’éducation musicale
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Miroirs d’avenir ?
« Nous entrons dans l’avenir
à reculons » professait Paul Valéry. Sans doute… mais l’œil rivé sur
le rétroviseur ! Ainsi en va-t-il de nos meilleurs augures, s’ingéniant
à lire le futur dans les formes émergentes de l’art. À l’instar d’un certain
Jacques Attali, extralucide auteur de Bruits (Fayard, 2001) et de ses joyeux
épigones - toutes oreilles à l’affût de syntaxes nouvelles…
Nulle oreille avertie n’aura
pourtant décelé, dans les successives grammaires du sérialisme, du free-jazz, du
spectralisme ou de la postmodernité, les prémisses de ces funestes idéologies -
totalitaires, libertariennes ou « ordre-moralisatrices » - qui firent
du XXe siècle le plus terrifiant de l’histoire. Et qui couvent
encore un peu partout, sous des dehors candides, forcément candides…
Intitulé « L’opéra, miroir
d’avenir », notre dossier ne manquera certes pas de contrarier les tenants
de pareilles doctrines, non moins que les néo-poujadistes qui font si
naturellement florès dans les milieux de la « branchitude ». Établi
sous la houlette de notre éminent collaborateur Jean-Pierre Robert, ce dossier sera
une manière de célébration d’un art en pleine réjuvénation.
Opportune pause lyrique dans un
monde en vertigineuse – quoique, peut-être, encore résistible... - course à
l’abîme.
Francis B. Cousté

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Analyse
Serge Prokofiev
Toccata
Paul Molin
***
Éducation musicale & imaginaire
Ridha Benmansour
Dossier :
« L’opéra miroir d’avenir »
Présentation
Jean-Pierre Robert
Gioacchino Rossini,
les préméditations du nouveau génie lyrique
Gérard Denizeau
La voie française des voix françaises
Alexandre Dratwicki
Valeurs de l’opéra contemporain
Sylviane Falcinelli
L’Opéra Comique et son public
Maryvonne de
Saint-Pulgent / Agnès Terrier
L’opéra, service au public ?
Mathieu
Touzeil-Divina
Tendances actuelles de la mise en scène d’opéra
Philippe Agid
Poids du passé et avenir de l’art lyrique
Jean-Claude
Tarondeau
Annick Massis : le refus du compromis
Entretien avec
Gérard Denizeau
La grille d’Hélène Jarry
L’édition musicale
Bibliographie
CDs

Haut
BOEN n°45 du 3 décembre 2009. Calendrier de l’année scolaire 2010 : « Reconquête du mois de juin ». Voir : http://education.gouv.fr/cid49835/mene0925198n.html
Le Bulletin
officiel de l’Éducation nationale est librement consultable
sur :
www.education.gouv.fr/pid285/le-bulletin-officiel.html
Cinq Académies composent l’Institut de France : l’Académie française (40 membres), l’Académie des
inscriptions & belles-lettres (55 membres), l’Académie des sciences (232
membres), l’Académie des beaux-arts (57 membres), l’Académie des sciences
morales & politiques (50 membres), soit : 434 académiciens.
« Canal Académie », station de radio de l’Institut de France, émet
24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Les quelque
2 200 émissions déjà réalisées sont toutes disponibles en libre
écoute et/ou téléchargement sur : www.canalacademie.com.
Ne surtout pas manquer la (truculente…) « Petite histoire de l’entrée des compositeurs à l’Académie des beaux-arts »,
par la musicologue Danièle Pistone, sur : www.canalacademie.com/emissions/foc356.mp3
Bibliothèque de
l’Institut de France ©IdF
Centre de documentation Claude Debussy.
Créé en 1972, à l’initiative du regretté François Lesure, ce Centre est présentement
domicilié dans les locaux du département Musique de la Bibliothèque nationale
de France (BnF. 2, rue de Louvois, Paris IIe).
Renseignements : 01 42 96 35 50. www.debussy.fr
Cl. Debussy, ca 1908,
par Nadar
« Le cerveau musicien existe-t-il ? », conférence
d’Hervé Platel [notre photo], professeur de neuropsychologie, le jeudi 14
janvier 2009, 12h30, au Studio Raspail (216, bd Raspail, 75014). Entrée
libre.
Renseignements : Ariam Île-de-France. Tél. : 01 42 85
45 28 judith.kan@ariam-idf.com
©France
Inter
« Entartete Musik » (Voix étouffées) propose
un Forum (concerts & colloque),
les 8, 9, 10, 20, 22, 24, 27, 28, 29, 30 et 31 janvier, ainsi que les 8 et 12
février 2010.
Renseignements : 01 44 83 03 00. www.voixetouffees.org/festival_2010.php
« La Folle Journée de Nantes » se
déroulera à la Cité internationale des Congrès, du 27 au
31 janvier 2010
.
Elle est consacrée, cette année, à « L’univers de Chopin ».
Renseignements : 0 892 705 205. www.follejournee.fr
Le printemps du Baroque, 11e édition de
« Classique en images » se déroulera en l’Auditorium du Louvre
(entrée par la Pyramide), du 28 janvier au 1er mars 2010. Pas
moins de : trente séances de musique filmée, quatre concerts, trois
conférences, deux lectures, une œuvre en scène.
Renseignements : 01
40 20 55 55.
www.louvre.fr/llv/auditorium/alaune.jsp?bmLocale=fr_FR (Cf. Programmation thématique)
Atys de
Lully ©Michel Szabo
Le réseau national « Musique et Handicap » organise, sous le parrainage de Didier Lockwood, les jeudi 4 et vendredi 5
février 2010, au ministère de la Culture (182, rue Saint-Honoré, 75001 Paris),
ses premières Rencontres professionnelles.
Renseignements : 01
39 64 65 22. www.musique-handicap.fr
©DR
« La Performance artistique en musique & en danse », tel
était le thème du Congrès international qui s’est tenu, du 15 au 18 décembre
2009, à Auckland (Nouvelle-Zélande). Y ayant prononcé deux
conférences, notre collaborateur Paul Molin (cf. son analyse de la Toccata de Prokofiev, L’ÉM n°564,
janvier 2010) s’est déclaré consterné que, sur plus de 200 participants, il
fût le seul représentant de la France : « personne des CNSMD, de la
Maîtrise de Radio France, de l’École Normale de Musique »…
Francofolies de La Rochelle 2010 : Le Chantier
des Francos (18-22 janvier/ 15-19 février/ 1er-5 mars. Les Enfants
de la Zique (Chantier des professeurs : 20-22 janvier). Le Festival (13-17 juillet). Renseignements : www.francofolies.fr/accueil/index.html
Didier Lockwood : « Si Pythagore enseignait la musique, les
mathématiques et la philosophie en même temps, ce n'était pas pour rien »
affirme Didier Lockwood [notre photo], vice-président
du Haut Conseil à l'éducation artistique et culturelle. Pour lui,
l'éducation musicale à l'école doit promouvoir l'écoute d'œuvres d'esthétiques
musicales variées.
« Il s'agit aussi,
et surtout, de remettre à l’ordre du jour la découverte, c’est-à-dire
d'apprendre à sortir de notre ignorance, de reconnecter les élèves avec leurs
racines, avec tout ce qui existe et qui ne se voit pas. À travers une
approche transversale d'étude d'œuvres musicales, notamment, on se reconnecte
avec notre histoire, on donne sens aux savoirs, on redonne de l'humanité aux
autres disciplines. »
©DR
L’Observatoire international de
la création et des cultures musicales (OICCM) est un groupe de recherche
interuniversitaire et international fondé en 2002 au sein de la Faculté de
musique de l’Université de Montréal. Son équipe, qui compte déjà plus
d’une vingtaine de chercheurs québécois, canadiens et étrangers, se consacre à
l’étude du phénomène de la création & des cultures musicales pour permettre
le développement de la recherche en musicologie, ethnomusicologie, composition
instrumentale et électroacoustique. Sa programmation regroupe les activités
de trois laboratoires : le Laboratoire de recherche sur les musiques du
monde (LRMM) créé en 1995 par Monique Desroches, le Laboratoire musique
histoire et société (LMHS) créé en 2002 par Michel Duchesneau et le Laboratoire
informatique, acoustique et musique (LIAM) créé en 2003 par Caroline Traube).
Renseignements : www.oiccm.umontreal.ca
C.Traube, M.Duchesneau, I.Panneton, Fr. de
Médicis
29th ISME World Conference. La prochaine
conférence de l’« International Society of Music Education » se
déroulera du 1er au 6 août 2010, à Pékin (Chine).
Renseignements : www.isme.org/2010
***
Haut
La « Bourse des
Muses 2010 »,
d’un montant de 6 000 €, sera attribuée à un projet d’ouvrage
concernant la musique au XXe siècle. Curriculum vitae, lettre de motivation & présentation détaillée
du projet devront être adressés, avant le vendredi
6
février 2010
,
à l’Association pour la création et la diffusion artistique (ACDA, Bourse des
Muses – 3, rue des Couronnes,
75020
Paris).
Renseignements :
01 40 33 45 35
. www.acanthes.com
« Regards actuels
sur la tonalité, bilans et perspectives », tel était le thème du colloque
international organisé, du 26 au 28 novembre 2009, par le département Musique
& musicologie de l’Université de Tours. Selon trois axes :
Fondements & champs d’application du système tonal, aujourd’hui /
Théorie & perspective historique / Approche analytique d’un choix
d’œuvres spécifiques. Prochain colloque international :
« Comment analyser l’improvisation », à Paris, les 12 et 13 février
2010.
Renseignements : 5, rue François-Clouet, 37000
Tours. Tél. : 02 47 36 77 33. www.sfam.org
Un Concours
international de saxophone se déroulera, les 13 et 14 mars 2010, à Paris/Ville-d’Avray.
Renseignements : 01 78 33 14 57.
http://jean_louis.petit.perso.sfr.fr/concours/files/inscription.pdf
Saxophone soprano ©DR
« Opéras russes à
l’aube des ballets russes (1901-1913) ». Cette exposition se tiendra au Centre national
du costume de scène, à Moulins (Allier), jusqu’au 16 mai 2010.
Renseignements : Quartier Villars, route de Montilly, 03000 Moulins. Tél. : 04 70 20
76 20. www.cncs.fr
L’Orchestre symphonique
des jeunes de Strasbourg (OJS), composé de quelque 70 musiciens semi-professionnels (de 15
à 30 ans), prépare une tournée en 2011, en Australie (Melbourne, Canberra,
Sydney, Brisbane).
Renseignements : 03 88 84 39
41. www.ojssymphonique.net
©DR
Orchestre du lycée Claude Monet, Paris ©DR
« Opass », Passeport
européen de l'opéra. L'Opass permet aux jeunes de moins
de 31 ans d'assister à des représentations d'opéra dans toute l'Europe à
un prix modique. Pour cette troisième saison, de nouvelles destinations
viennent élargir les horizons des globe-trotteurs lyriques. Leur choix
peut désormais se porter parmi 18 maisons d'opéra dans 10 pays :
Belgique (Anvers, Bruxelles, Liège), Estonie (Tallinn), Espagne (Barcelone,
Madrid, Oviedo), République tchèque (Brno, Prague), Royaume-Uni (Édimbourg),
Croatie (Zagreb), France (Caen, Dijon, Massy, Strasbourg), Italie (Côme),
Pays-Bas (Rotterdam) et Ukraine (Lviv). Pas moins de
250 représentations de 80 œuvres différentes sont proposées.
Informations : www.opass.eu ou info@opass.eu
L'Atelier lyrique de l'Opéra de
Paris se produit en concert à la Villa Médicis. Les jeunes solistes de l'Atelier
lyrique se produiront à Rome, Villa Médicis [notre photo], les 23 avril et
21 mai 2010. Ces concerts s'inscrivent dans le cadre d'une politique
de coproduction avec des grandes institutions européennes (La Fenice de
Venise, la Scala de Milan, l'Athénée de Bucarest), développée depuis plusieurs
saisons par Christian Schirm, directeur de l'Atelier lyrique.
Informations : www.operadeparis.fr
©DR
« Wolfgang
Amadeus » du groupe versaillais Phoenix [composé de Deck d’Arcy, Laurent Brancowitz, Thomas
Mars & Christian Mazzalai] a été classé, par le magazine Time, 5e des 10 meilleurs
albums pop de l’année 2009.
Renseignements : www.wearephoenix.com
www.time.com/time/specials/packages/article/0,28804,1945379_1943810_1943820,00.html
« Une voiture. Une
chanson », la
spirituelle série d’essais du baryton Mario Hacquard (http://hacquard.onlc.fr), n’a de cesse de
s’enrichir de nouveaux modèles. Suite à la 203, la Caravelle, la Vespa 400 et la Triumph, notre vigilant collaborateur a
cette fois testé, sur la musique d’Aux
marches du palais : la Dyane
Citroën. Dont il a certes apprécié la souplesse… : www.youtube.com/watch?v=Des0qd24Axo
M.H. dans Candide de L.Bernstein ©Rachel
Golub
Koweït : S’inspirant des talibans afghans, le
député salafiste Mohammed Hayef-Al-Mutairi [notre photo] a mis en garde la
ministre de l’Éducation, Moudhi Al-Hoummoud, contre l’introduction de
l’enseignement obligatoire de la musique à l’école. Il l’a avertie que
cela ne se passerait pas sans dommages pour elle et pour le Premier
ministre : « Nous ne vous
permettrons pas de faire de nos écoles des centres de formation pour danseurs
et danseuses de cabaret » a-t-il précisé.
Renseignements : www.kuwaittimes.net/read_news.php?newsid=NjgyNDk1NzY4
©DR
Franck Bedrossian
(°1971),
compositeur français, professeur de composition à Berkeley (Université de Californie) :
« L’enseignement est peut-être le
meilleur moyen de ne pas vieillir en tant que créateur ».
Franck Bedrossian ©Philippe Gontier
***

Haut
Hommage à Maurice
Béjart (1927-2007). Au Palais Garnier, le « Béjart Ballet Lausanne » &
l’Ensemble intercontemporain (dir. Jonathan Nott) donneront, du 5 au
9 janvier 2010
: Sonate
à trois (Bartók), Dialogue de l’ombre
double (Boulez), Opus V (Webern) et Le Marteau sans maître (Boulez). Avec Hilary Summers, contralto.
Renseignements :
01 71 25
24 23
. www.operadeparis.fr
Maurice Béjart ©DR
Salle Pleyel. Le vendredi
8 janvier 2010
, sera donné, en création mondiale, le Requiem de Thierry Lancino, sur un
livret de Pascal Quignard. Orchestre philharmonique de Radio France, dir.
Eliahu Inbal.
Renseignements :
01 42 56 13 13
. www.lancino.org/radio-communique.html
Rencontre avec
Dmitri Kourliandski (°1976). Le mardi
12 janvier 2010
, de
18h30
à
20h30,
au Centre de documentation de la
musique contemporaine (CDMC) : Une
musique « objective » (auto-portrait). Sur le constructivisme (avec Makis
Solomos). La musique russe
post-soviétique (avec Mikhail Doubov). L’Ensemble 2E2M
interprétera : Punctuation Marks de Dmitri Kourliandski. Citons le compositeur : « J’aime ce qui
me semble statique et, en même temps procure de nombreuses pensées. Comme
une rivière où rien ne se passe, mais que l’on peut regarder pendant des
heures. Si vous voyez des bateaux ou des gens nager, cela devient moins
intéressant ». Entrée libre.
Réservations : CDMC – 16, place de la
Fontaine-aux-Lions, Paris XIXe. Tél. :
01 47 15
49 86
. www.cdmc.asso.fr
4e Biennale « Quatuors à cordes ». La Cité de la musique a proposé
aux formations invitées de se partager - du mardi 12 au dimanche
17 janvier 2010
- l’intégrale des Quatuors de Schubert. En
contrepoint, seront donnés des Quatuors de compositeurs contemporains :
Georges Aperghis, James Dillon, Pascal Dusapin, Marc Monnet, Emmanuel Nunes,
Olga Neuwirth et Brice Pauset. Avec 13 ensembles français ou internationaux :
les Quatuor Arditti, Borodine, Casals, Diotima, Emerson, Hagen, Juilliard, Mosaïques,
Prazák, Sine Nomine, Tōkyō, Ysaÿe & Zemlinski.
Renseignements : 221, avenue Jean-Jaurès, Paris 19e. Tél. :
01 44 84
44 84
. www.citedelamusique.fr
« Le cabaret
des valises » : théâtre, musique contemporaine &
clowneries. Musique :
Raoul Lay. Écriture & mise en scène : Bernard Kudlak.
Ensemble Télémaque, dir. Raoul Lay. Le vendredi 15 janvier, à
20h30,
au Grand Théâtre de Provence
(Aix-en-Provence).
Renseignements :
04 42 91
69 69
. www.grandtheatre.fr
©Agnès Mellon
Ircam : 7e Semaine du Son. À Paris, du mardi 12 au
samedi 16 janvier. En région, du lundi 18 au dimanche 24 janvier.
Plus de 200 conférences-débats, ateliers, événements sonores, concerts,
projections, actions pédagogiques, organisés dans 40 villes par 60 structures
dans plus de 80 lieux ou sites sur toute la France. Entrée gratuite
dans la limite des places disponibles (sauf mention particulière).
Renseignements :
01 42 78 10 15
. www.lasemaineduson.org
Maison de l’Amérique
latine : Tribune de la musique et du
spectacle, animée
par Oscar Barahona, Élodie Bouny, Nelson Gómez, Francisco González, Michel
Plisson & Cristóbal Soto (vendredi 15 janvier 2010, 18h30-20h30). Afunalhue : chanson d’Amérique latine,
avec Émile & Simon Sanchis, François Dumas et Marusia Rebolledo (mardi 19
janvier 2010, 19h00). Entrée libre.
Renseignements : 217, bd Saint-Germain, Paris VIIe. Tél. : 01 49 54 75
00. http://culturel.mal217.org
©MAL
De Marc-Antoine
Charpentier, Actéon (1684) & Les Arts Florissants (1685) seront donnés par l’ensemble Les Talens Lyriques, dir. Christophe
Rousset, le samedi
16 janvier 2010
, à
20h45,
au Théâtre impérial de Compiègne
[notre photo].
Renseignements :
03 44 40
17 10
. www.theatre-imperial.com
©DR
« Hommage à
Jacques Toja »,
tel est le titre de l’œuvre de Pierrette Mari qui sera donnée en première audition
- avec le concours de l’Orchestre Léon Barzin, dir. Jean-Jacques Werner - le
dimanche 17 janvier 2010, à 17 heures, en la Grange Dîmière, ferme de
Cottenville, Fresnes. Célèbre sociétaire de la Comédie-Française, Jacques Toja
aurait eu 80 ans le 1er septembre 2009. Outre cette première
audition, seront données des œuvres de Chabrier, de Chostakovitch
(soliste : Geneviève Ibanez, piano) de Ravel & de Chebaline
(soliste : Elsa Grether, violon).
Renseignements : rue
Maurice-Ténine, 94260 Fresnes. Tél : 01
49 84 56 91. www.orchestreleonbarzin.com
Pierrette Mari &
Jacques Toja ©DR
Théâtre des
Bouffes-du-Nord.
Le lundi
25 janvier 2010
, à
20h30,
le pianiste David Greilsammer [notre
photo] jouera Monteverdi, Frescobaldi, Mozart, Rameau, Glass, Byrnes, Muhly et,
en création mondiale, Whaam ! de
Matan Porat.
Renseignements : 37bis,
bd de la Chapelle, Paris Xe. Tél. :
01 46 07
34 50
. www.bouffesdunord.com
Au Mémorial de la
Shoah. Les
25 et
26 janvier 2010
, à
20h00,
Concert-lecture : Si c’est un homme de Primo Levi, avec
François-René Duchâble, piano, et Alain Carré, adaptation & lecture [notre
photo]. Le jeudi
28 janvier 2010
, à 10h30 : colloque
« La musique spirituelle dans la tourmente nazie » suivi, à
20h00,
d’un concert par
l’Ensemble K (œuvres de Hans Gál, Srul Irving Glick, Paul Hindemith et
Ursula Mamlock.
Renseignements : 17, rue Geoffroy-l’Asnier,
Paris IVe. www.memorialdelashoah.org
©DR
L’Association Femmes
& Musique organise,
le mardi
26 janvier 2010
, à
20h,
en la Cité internationale des
Arts (18, rue de l’Hôtel-de-Ville, Paris IVe), un concert intitulé « Prix de Rome et compositrices ».
Œuvres d’Elsa Barraine, Nadia Boulanger, Édith Canat de Chizy, Charles Chaynes,
Alexandra Cherciu, Monic Cecconi-Botella, Yvonne Desportes & Jeanne
Leleu. Avec le concours d’Odile Bourin (violoncelle), Odette Chaynes (piano),
Françoise Levéchin-Gangloff (orgue), Christine Marchais (piano), Grigori
Abramian (piano), Pierre-Henri Ageorges (ténor) & Marc Sieffert
(saxophone). Entrée libre.
Renseignements :06
89 83 44
20
. www.andre-david.blogspot.com
Nadia Boulanger ©DR Elsa Barraine ©DR
Au Musée
Guimet : Musiques & danses traditionnelles de Mongolie. Par l’ensemble Boerte (du nom de
la fiancée de Gengis Khan), les 15 et
16
janvier 2010
,
à 20h30. Chant diphonique accompagné par yafga (cithare traditionnelle mongole), morin khuur (vièle à tête de cheval) & khuur (contrebasse mongole).
Renseignements : 6,
place d’Iéna, Paris XVIe. Tél. :
01 40 73
88 18
. www.guimet.fr/-auditorium
Villa Medici. Le
20
janvier 2010
,
à 21h, : « Autour de Luigi Nono ». La fabbrica illuminata (pour soprano & bande), Post-Prae-ludium per Donau (pour tuba
& électronique). Lisa Bielawa (soprano), Giancarlo Schiaffini (tuba),
Giacomo De Caterini (live electronics). En présence de Nuria Schönberg,
épouse de Luigi Nono et fille d’Arnold Schönberg.
Renseignements : Académie de France à Rome. Viale Trinità dei Monti, 1. www.villamedici.it/fr/home
Villa Medici ©DR
Maison de la culture
du Japon. Le
mercredi 20 janvier, à
18h30,
se produiront Mariko Kubota &
son groupe de tambours Wadaiko (tambours creusés dans une seule pièce de
bois).
Renseignements : 101bis,
quai Branly, Paris XVe. Tél. :
01 44 37
95 95
. www.mcjp.fr
©Alberto Pitozzi
Ciné-spectacle. Pour le célèbre film de
Dziga Vertov L’homme à la caméra (1928), Gilles Tinayre a écrit une toute nouvelle partition, « rurale et
festive », selon sa propre expression. Avec le concours du Ziveli
Orkestar (fanfare des Balkans), de voix d’enfants & d’un chœur mixte.
Œuvre inscrite (sur 3 ans) au programme du dispositif « Collèges au cinéma,
lycéens et apprentis » & du baccalauréat option Cinéma. Ce
Ciné-spectacle sera donné, en création mondiale, lors des Rencontres internationales du Patrimoine, à Vincennes, le samedi
30 janvier 2010
.
Renseignements :
06 62 35
04 15
. http://musique-et-toile.fr
« Sons
d’hiver », festival
de musique dans le Val-de-Marne, se déroulera du 29 janvier au
20 février 2010
. Jazz, chansons, musiques afro-cubaines,
hommages à Bob Dylan, Leonard Cohen, aux Black Panthers… Sites
de : Cachan, Saint-Mandé, Arcueil,
Ivry-sur-Seine, Choisy-le-Roi, Vitry-sur-Seine, Le Kremlin-Bicêtre, Villejuif,
Fontenay-sous-Bois, Vincennes, Créteil.
Renseignements :
01 46 87
31 31
. www.sonsdhiver.org
Pédagogie de la
musique en Finlande.
À l’Institut finlandais de Paris, le mardi 2 février, 19h00, Rebekka Angervo,
pianiste, professeur à l’Académie Sibelius, présentera le système éducatif de
la musique en Finlande. L’exposé sera suivi d’un concert donné par ses
élèves (de 10 à 16 ans). Entrée libre.
Renseignements : 60,
rue des Écoles, Paris Ve. Tél. : 01 40 51 89 09. www.institut-finlandais.asso.fr
©DR
« L’Enfance du
Christ » d’Hector Berlioz revient à Lyon : les mercredi 10 et vendredi
12 février 2010
, à
20h,
en la crypte de la Basilique de
Fourvière. Chœur mixte, solistes & orchestre XIX, dir.
Jean-Philippe Dubor [notre photo].
Renseignements :
04 78 93
62 11
. www.choeur-orchestre19.org
©DR
« Portraits de
musiciens voyageurs ». European Camerata, dir. Laurent Quénelle, le lundi
15 février 2010
,
20h30,
au Théâtre de l’Atelier (1, place
Charles-Dullin, Paris XVIIIe). Au programme : 10e Symphonie (Mendelssohn), Humoresques et Suite pour violon & cordes (Sibelius), Danses hongroises (Brahms), Transcription du 4e Quatuor (Greif), Deuxième portrait (Britten), Sérénade op.48 (Tchaïkovsky).
Renseignements :
01 46 06
49 24
. http://europeancamerata.free.fr ou : www.theatre-atelier.com
©DR
« Mare
Nostrum » de Mauricio Kagel (1931-2008) – spectacle musical mettant en scène la découverte,
la pacification & la conversion de la région méditerranéenne par une tribu
d’Amazonie – sera donné, à bord de la Péniche-Opéra,
les 19 et 20 février, les 8, 10, 12, 13, 15, 17, 22, 23, 24, 26, 29 et 30 mars,
à 21h. Avec Dominique Visse (haute-contre) & Vincent Bouchot
(baryton). Ensemble 2E2M, dir. Pierre Roullier.
Renseignements : face au 46, quai de la Loire, Paris XIXe. Tél. :
01 53 35
07 77
. www.penicheopera.com
Francis Cousté
Haut
Reprise des Dialogues des Carmélites au Capitole
Il est des rencontres providentielles entre un texte et un musicien. Comme Debussy et Maeterlinck, mais aussi Berg et Büchner, Poulenc a
trouvé avec Bernanos et ses Dialogues des Carmélites son sujet : le
martyre sur l'échafaud, en juillet 1794, des seize carmélites de Compiègne. Faire un opéra d'un texte si dépourvu d'action, et privé d'intrigue
amoureuse, relevait de la gageure. Mais ce récit complexe et organisé en séquences comme un découpage
cinématographique lui a inspiré une musique limpide et dense, parfaitement en
accord avec la tragédie intérieure de l'accomplissement d'un destin, celui de Blanche de La Force, tiraillée entre foi et peur. Dans une œuvre que distingue une profonde vocalité, l'équilibre
entre voix et orchestre s'avère délicat. La
couleur presque
voluptueuse dont le discours est parfois paré - au point que d'aucuns ont relevé le paradoxe qu'il
y avait à traiter un tel sujet avec quelque excessive légèreté - en renforce au
contraire l'austérté. Admirable est le soin minutieux porté au choix
des diverses tessitures féminines pour construire une remarquable mosaïque
vocale. C'est dire que toute représentation de cet opéra
doit être frappée au coin de l'intelligence et du ton juste.
©Patrice Nin
Celle que propose le Capitole de Toulouse, à la Halle aux grains, est
de cette veine. Créée par Nicolas Joel en 1995, dans ce même lieu d'ailleurs,
elle dégage par sa simplicité évocatrice une rare puissance d'émotion. L'espace ouvert, plus proche de la salle de concert que du plateau de
théâtre, autorise une proximité entre public et drame que n'aurait pas renié
l'auteur. Il permet, aux moments cruciaux durant la seconde
partie de l'ouvrage, d'opposer l'arrière plan séculier, foule anonyme,
révolutionnaires, à l'esseulement des religieuses. À la scène finale, le coup de théâtre que constitue pour Blanche le
geste de se détacher de la foule pour rejoindre le funèbre cortège atteint
quelque chose de déchirant dans sa pureté. L'autre force de cette reprise réside dans la direction musicale, confiée à un
chef habitué du répertoire contemporain, Patrick Davin. Son orchestre a la netteté de la phrase de Poulenc, et
surtout un naturel habile à accompagner une langue qui peut se révéler crue,
violente même. La qualité de la distribution se mesure à l'aune de trois prestations inspirées : de Sylvie Brunet, immense Première Prieure,
bouleversante à l'heure d'une mort si ordinaire chez cette figure hors du commun ; de Sophie Marin-Degor, Blanche, pétrie d'humanité
dans ses contradictions,
et d'une grande émotion ; de Anne-Catherine Gillet qui offre à Sœur Constance une sincérité vraie comme une désarmante franchise.
©Patrice Nin
Un retour réussi : Fortunio à l'Opéra
Comique
Dans le théâtre même où il fut créé, en 1907, par son auteur, Fortunio revoit enfin le jour. Est-il genre plus subtil que la comédie lyrique, où la justesse de ton doit se
frayer un chemin entre suranné et attrayant. C'est que ce pur produit de l'élégance musicale française, où le propos exprimé
compte moins que ce qui est suggéré, exige que soit achevée une fine balance
entre légèreré et profondeur, à l'instar de la musique de Messager qui fait du
raffinement comme du refus de l'emphase l'alpha et l'oméga de sa partition. Bien que s'inspirant de la pièce
d’Alfred de Musset, Le Chandelier, les librettistes de Flers et Caillavet s'en
détachent quelque peu pour conter l'aventure douce-amère d'un jeune homme
tendre et vulnérable auquel on fait jouer un bien dangereux rôle, celui de
paravent, pour détourner la jalousie d'un mari et la fougue d'un amant. Comme Chérubin, son
chant va inoculer l'amour ; quoique, à la différence de celui-ci, notre timide héros
ne cherche pas à conquérir. Quelque chose d'absolu l'habite, autant désintéressé que pur, tout sauf
calculateur. Sa désarmante sincérité fera triompher chez
l'aimée un hymen que celle-ci croyait ne pouvoir être passion.
©Elisabeth Carrecchio
Il y a de l'ironie das cette quête faussement ingénue, sur fond de vie
provinciale monotone et triste. Mais elle se doit d'être prise au second degré. Fortunio est plus cousin de Werther que d'un naïf romantique français. Et le tragique surgit tout à coup du divertissement qu'on pensait
innocent. En fin connaisseur de la chose théâtrale, Denis
Podalydès, qui signe sa première mise en scène lyrique, évite le mélodramatique
et croque ses caractères avec le souci de dépasser leur apparente fadeur, pour
savourer ce qu'ils ont de relief, d'humainement vrai. Les interprètes sont à la hauteur de ces exigences dramatiques, tout comme ils se distinguent par la qualité de leur chant : avec Jean-Sébastien Bou, Jean-Marie Frémeau, Virginie Pochon et Joseph Kaiser, on tient un quatuor de choc. On se prend, dès lors, une bouffée d'optimisme quant à la renaissance
du répertoire si riche de l'opéra comique, si souvent malmené. Louis Langrée qui dirige un Orchestre de Paris brillant, n'étaient
quelques cuivres peu amènes, fait toucher du doigt
l'originalité de la musique de
Messager : une délicate mélodie, toujours fluide, une habileté parfaite à sertir le chant, une sensible clarté orchestrale, cette « netteté du
son » soulignée par Reynaldo Hahn.
©Elisabeth Carrecchio
Un opéra de Tchaïkovski
(re)découvert au Royal Opera de Londres
L'opéra auquel Tchaïkovski tenait le plus est sans doute le moins connu
de sa production. Curieux destin que celui de ce quatrième opus, débuté en
1876, sous le titre de Vakula, le forgeron, et achevé onze ans plus tard sous le nom de Cherevichki ou Les
souliers de la Tsarine ! La redécouverte est de taille car, dans ce conte tiré de La nuit de Noël de
Gogol, le musicien a mis bien de lui-même, mêlant en une amusante alchimie
pages vocales et passages dansés. La
thématique en est d'une étonnante fraîcheur, lyrique ou truculente, et
l'orchestration fort experte. C'est que Tchaïkovski se coule aisément dans cette comédie loufoque d'un Gogol
à la veine plus fantastique que sarcastique. Il
y là un subtil mélange
d'imaginaire et de réalité : l’histoire romantique d'un pieux forgeron qui pour gagner le cœur de sa belle, n'hésite pas à se rendre à la Cour pour y chercher des souliers « comme ceux de la tsarine », convoités par elle ; une farce traitée façon pantomime mettant en
scène une sorcière se délestant dans de grands sacs de toile de ses nombreux
admirateurs, dont le diable en personne ; un
conte fantasque où ledit diable dérobe la lune et emmène le
forgeron sur ses épaules, dans une incroyable chevauchée, à Saint
Pétersbourg pour y quérir les précieux chaussons.
©The Royal Opera/Bill Cooper
Tout cela déborde de couleur locale vraie, celle d'une Ukraine
iconique, tant chérie par le musicien. La
production de Francesca Zambello mise sur ce que le récit a de naïf, et
s'inscrit dans un environnement
haut en couleurs : des
décors d'un réalisme stylisé, des costumes bariolés d'une indéniable patte russe. Elle n'a pas son pareil pour construire un
spectacle qui à la fois émerveille dan son alacrité et rassure dans sa
simplicité. L'on passe allègrement des numéros chantés emplis
de verve aux morceaux dansés richement conçus avec points d'orgue flamboyants. L'exécution musicale de Alexander Polianichko, un habitué du Théâtre
Mariinski, est on ne peut plus idiomatique, peaufinant un
orchestre luxuriant qui épouse l'éloquente mélodie de Tchaïkovski. On se délecte des grands climats tout comme des vastes crescendos
typiques de celui-ci. Le cast fait une large place aux interprètes
russes, dont la soprano Olga Guryakova dans une figure annonciatrice de Tatiana
de Eugène Onéguine. Tous les types de voix sont représentés, de la contralto - la sorcière - au ténor lyrique - le forgeron, héros de
l'affaire - sans oublier un baryton héroïque et un imposant bataillon de basses bien sonores.
La Monnaie de Bruxelles réunit
les deux Iphigénie de Gluck
C'est une idée intéressante d'avoir réuni, l'espace d'un même spectacle, les deux drames que Gluck a
consacré à Iphigénie ; même si les tragédies d'Euripide, Iphigénie en Aulide et Iphigénie en Tauride, n'ont pas été conçues pour être juxtaposées. Le fil conducteur en est le personnage-titre dont le destin est bien différent d'une pièce à l'autre : la jeune fille prête au sacrifice, que son père
veut immoler pour s'assurer la faveur des dieux, sauvée in extremis par Diane ; la prêtresse désormais dévouée au service de
celle-ci avec pour mission de sacrifier tout étranger qui se présente sur le
sol de Crimée. On admire dans les deux cas ce qui fait le prix
de la réforme instaurée par
Gluck ; la
recherche, contre la vocalité envahissante de l'opera seria, de la simplicité déclamatoire, héritée du drame
grec et de la tragédie
française ; la
sécrétion d'une indicible émotion par une étonnante économie de moyens. Déterminant est encore le rôle assigné au chœur qui, à la manière de son modèle antique, se mêle à
l'action, qu'il commente aussi, et en vient même parfois à amplifier les voix solistes.
©Bern Uhlig
Conçu par Pierre Audi, le spectacle est ambitieux, trop peut-être. L'idée de situer les deux actions dans les même environnement
décoratif - en inversant les couleurs noir et blanc - est ingénieuse. Tout comme celle de focaliser sur le drame qui se
voit resserré sur le modèle
grec et, en accord avec le chef Christophe Rousset, de privilégier la
déclamation dans les récitatifs accompagnés dont le compositeur fait grand
usage. Reste que le résultat trahit quelque peu ces
prémisses. Inversant le schéma habituel, l'action se déroule
sur une aire de jeu installée sur la fosse, tandis que l'orchestre est placé
derrière, sur la scène, et que le fond, façon amphithéâtre, est occupé par les chœurs se mêlant à des spectateurs, dans le dessein de ne pas les distinguer
les uns des autres. Outre que l'œil est très sollicité par une
foule de tubes métalliques construisant une architecture futuriste de
praticables, cette disposition désavantage le flux musical en étouffant
l'orchestre, alors que les voix prennent un volume prépondérant. Si la dramaturgie mise sur l'intimité entre action et auditoire, elle se nourrit hélas de clichés ressassés, tel l'envahissement d'une
soldatesque en treillis, mines patibulaires, kalachnikov au poing. Il
y a, certes, de
la barbarie dans les démêlés familiaux au royaume des Atrides. Mais ce grossissement du trait amène-t-il vraiment à faire réfléchir sur la signification du mythe ? D'autant qu'il suffit de distribuer de grands
acteurs pour immédiatement créer la tension, au-delà du paroxysme de
l'imagerie. Ainsi le talent naturel de tragédienne qu'impose
Véronique Gens, dans la première Iphigénie, transfigure-t-il soudain ce qui
l'entoure. De même, dans la seconde pièce, l'entrée en scène d’Oreste, Stéphane Degout, et de Pylade, Topi
Lehtipuu, fait basculer dans le vrai drame ce qui est par ailleurs illustration
complaisante. Dommage aussi que la direction musicale - par un
remplaçant de Rousset -
soit autant privée de relief.
©Bern Uhlig
L'Orchestre
du Concertgebouw à Pleyel
La venue à Paris de l'Orchestre du Concertgebouw
d'Amsterdam est toujours un événement. Le concert donné à Pleyel, de la 2e Symphonie « Résurrection »
de Mahler n'a pas dérogé à la règle et a encore mis en avant la prodigieuse
plasticité d'une phalange qui compte au nombre des meilleures. Outre une
homogénéité d'ensemble rare, on se plaît à redécouvrir l'extrême finesse des
cordes lustrées, la beauté expressive des bois - un flûtiste solo inouï, un
hautboïste non moins inspiré - ou encore la chaude sonorité des cuivres dont le
compositeur ne ménage pas le nombre. Il faut dire que l'univers de
Mahler, cette formation le connaît bien, de tradition en fait, depuis
Mengelberg jusqu'à Haitink. L'impact est prodigieux, qu'il s'agisse du
caractère tempétueux des attaques al dente des cordes graves qui ouvrent le premier mouvement, ou de la grandiose
péroraison du finale, une apothéose sonore comme il en est peu dans le
répertoire symphonique. La 2e Symphonie développe un message d'ordre spirituel, de la mort à la résurrection, alors que
tout bascule dans le mouvement central qu'est « Urlicht ».
On s'interroge cependant sur la curieuse interprétation qu'en livre Mariss
Jansons [notre photo], l'actuel chef attitré de l'orchestre.
©DR
Si la tension est palpable dans la construction des vastes
architectures, au finale en particulier, et indéniable la manière de bâtir une
atmosphère comme raréfiée, le discours s'étire souvent en longueur, au point
d'ajouter près d’un quart d'heure au timing habituel. Les tempos sont
retenus et en arrivent à brider la progession, notamment du morceau initial
« Todtenfeier » (« La fête des morts »). Les
ralentissements amorcés çà et là contrecarrent le naturel de plus d'un passage,
comme lors de l'andante moderato dont la nonchalance se perd dans une lecture
trop mesurée. Seul le scherzo échappe à cette conception
léthargique : le thème emprunté au monde du Knaben Wunderhorn, qui hantait tant Mahler, en l'occurrence du
prêche de saint Antoine de Padoue aux poissons, garde toute sa délicate ironie
à travers son vocabulaire doux-amer. La contribution vocale s'inscrit
dans la qualité orchestrale. Les chœurs de Radio France, magistralement
préparés par leur chef Matthias Brauer, brillent par leur précision. Et
les deux solistes en sont comme le prolongement naturel - Bernarda Fink, en
particulier, qui pare le lied Urlicht d'une émotion contenue.
Jean-Pierre Robert
***
Au Théâtre des Champs-Élysées, l’Orchestre
philharmonique de Saint-Pétersbourg.
L’Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg et son
chef emblématique, Youri Temirkanov [notre photo], successeur du grand
Mravinski à la direction de l’orchestre, étaient au Théâtre des Champs-Élysées
pour un cycle consacré aux mythiques ballets russes, dont on fête cette année
le centenaire. Youri Temirkanov avait choisi d’associer, dans ce même
concert du 27 novembre, le Concerto pour violon de Tchaïkovski,
compositeur considéré comme le père de la grande tradition du ballet russe, et Le
Sacre du printemps de Stravinsky. Julia Fischer - initialement prévue
mais empêchée - fut remplacée par le violoniste russe Sergey Krylov, dont on put
apprécier la virtuosité dans ce monument du répertoire violonistique.
Malgré une technique sans faille, on regrettera le manque d’ampleur dans la
sonorité et ce supplément d’âme qui tant fit défaut à l’interprétation d’une
œuvre au romantisme exacerbé. En seconde partie, Le Sacre du printemps fut l’occasion, pour l’orchestre et son chef, de faire montre de la qualité des
différents pupitres. Grâce à une direction sûre et précise, Temirkanov sut
rendre la prodigieuse charge pulsionnelle de cette cérémonie païenne. On
peut aisément imaginer l’impact de l’œuvre, lors de sa création en 1913, sous
la direction de Pierre Monteux, dans une chorégraphie de Nijinski - hymne à
Dionysos & à la pensée de Nietzsche - avec Maria Piltz dans le rôle de
l’élue sacrifiée.
©DR
Salle
Pleyel : un Myung-Whun Chung « inspiré » à la direction de
l’Orchestre philharmonique de Radio France, dans la 8e Symphonie d’Anton Bruckner.
Un programme ambitieux pour le chef coréen, que celui de
donner, à la tête de son orchestre, au cours de deux soirées, salle Pleyel, la
titanesque 8e Symphonie d’Anton Bruckner (4 décembre) puis sa 9e Symphonie inachevée (11 décembre). La 8e Symphonie est assurément l’œuvre maîtresse, le chef-d’œuvre du « ménestrel de
Dieu », composée & révisée durant de longues années (1884-1890), créée
à Vienne le 18 décembre 1892 par Hans Richter et dédiée à l’empereur d’Autriche
François Joseph. Myung-Whun Chung [notre photo] a su rendre perceptible
par sa direction inspirée et précise, à la fois, l’architecture de cette
cathédrale sonore et l’intériorité de cette prière, tour à tour implorante,
exaltée, laissant parfois s’insinuer le doute, pour conclure enfin sur la
certitude de Dieu, regard levé vers la lumière.
Il a, par ailleurs, su maintenir tout au long des quatre-vingts
minutes que dure l’œuvre, la cohésion d’un orchestre dont on a pu apprécier les
qualités de sonorité aux différents pupitres. Une très belle prestation.
OPRF ©Jean-François Leclercq
Camilla Nylund est Salomé à l’Opéra Bastille. Drame lyrique de Richard
Strauss, en un acte (1905). Livret du compositeur tiré de la pièce d’Oscar
Wilde. Traduction allemande de Hedwig Lachmann. Alain Altinoglu (direction
musicale), Lev Dodin (régie). Orchestre de l’Opéra national de Paris.
Camilla Nylund (Salomé), Vincent Letexier (Jochanaan), Thomas Moser (Herodes),
Julia Juon (Herodias), Xavier Mas (Narraboth).
L’Opéra Bastille reprend Salomé, déjà donné en 2003
(avec alors Karita Mattila dans le rôle-titre), dans la même mise en scène de
Lev Dodin. La distribution totalement renouvelée a permis d’entendre,
pour la première fois à Paris, Camilla Nylund [notre photo], jeune soprano
lyrico-dramatique finlandaise.
© OnP/Frédérique Toulet
Habituée d’un rôle qu’elle a déjà
chanté à plusieurs reprises (Opéra de Cologne en 2005, Capitole de Toulouse en
mars 2009) dans des mises en scène bien différentes de celle, assez sage, de
Lev Dodin. Elle a su maîtriser toutes les difficultés du rôle dans une
prestation allant crescendo, à la fois lyrique et dramatique, pour culminer
dans la scène finale, d’une sauvage beauté. Simultanément chanteuse,
actrice et danseuse (encore que cette dernière attribution soit quelque peu
contestable), on a pu apprécier le beau timbre de sa longue voix de soprano
juvénile et passionnée, à la tessiture étendue, des aigus limpides et libérés,
jamais étriqués, aux graves sombres et profonds, sans oublier quelques
colorations audacieuses de sa voix réclamant avec obstination la tête de
Jochanaan.
©OnP/Frédérique Toulet
En revanche, Vincent Letexier, tant
attendu dans le rôle de Jochanaan, a quelque peu déçu par le manque d’ampleur
de sa voix et sa mauvaise diction - tout comme d’ailleurs l’Herodes de Thomas
Moser qui n’a guère renouvelé ses prestations antérieures, manquant à la fois
de puissance et de présence scénique. Julia Juon, quant à elle, campait
une Herodias puissante et pleine de morgue. On notera enfin l’excellence de
Wolfgang Abinger-Sperrhacke et des autres seconds rôles. À la direction
de l’orchestre, Alain Altinoglu a confirmé tout le bien qu’on pensait de lui
dans le répertoire opératique, faisant preuve d’une direction précise et
enthousiaste, en totale symbiose avec les musiciens et les chanteurs, rendant
parfaitement compte de la complexité de la partition. La mise en scène,
sage mais efficace, bénéficiait d’une scénographie de qualité et de magnifiques
éclairages. En bref, une très belle soirée.
La Bohème (version de concert) au
Théâtre des Champs-Élysées. Opéra en quatre tableaux (1896) de Giacomo Puccini.
Livret de Giuseppe Giacosa & Luigi Illica, d’après les Scènes de la vie de bohème d’Henri Murger.
On attendait, avec curiosité et impatience, d’entendre le
jeune ténor Vittorio Grigolo dans cette version de concert de La Bohème…
Hélas, le Théâtre des Champs-Élysées prenait, hier soir, des allures de
Waterloo, morne plaine, où nous assistions atterrés à la mort de Mimi, sous les
charges de cavalerie répétées de l’orchestre et des chœurs de la Bayerische
Staatsoper, menés tambour battant et sabre au clair par Asher Fisch, obligeant
continuellement les chanteurs à forcer la voix pour ne pas disparaître,
engloutis, sous les tutti de l’orchestre. À ce jeu, Vittorio Grigolo
(Rodolpho) [notre photo] s’en tirait par des hurlements souvent à la limite de
la justesse, Anja Harteros (Mimi) [notre photo] ne pouvant exploiter sa belle
voix que dans la scène finale où apparaissait, enfin ! un semblant
d’émotion pré-agonique.
©DR © Marco Borggreve
Marcello (Levente Molnar) et Schaunard (Christian Rieger)
en étaient réduits à des rôles de figuration. Seuls Musette (Elena
Tsallagova) et Colline (Christian van Horn) pouvaient profiter d’un moment
d’accalmie pour retrouver tout le charme intimiste de cet opéra vériste de
Puccini… On regrettera Joseph Calleja, à la voix chaude et puissante,
initialement prévu… On se consolera en réécoutant la version mythique de
Mirella Freni et Luciano Pavarotti sous la baguette de Karajan (Decca
1972). Ah ! nostalgie…
La mélodie du bonheur (« The sound of music ») au Théâtre du Châtelet. Avec Sylvie Schwartz, Rod Gilfry, Kim Chriswell, Christine
Arand et Laurent Alvaro. Orchestre Pasdeloup & Chœur du Châtelet,
dir. Kevin Farrell. Mise en scène : Emilio Sagi.
Chorégraphie : Sarah Miles.
©Pierre & Gilles
Première création à Paris, célébrant le cinquantième
anniversaire de sa création triomphale à Broadway en 1959, la comédie musicale La mélodie du bonheur, ultime collaboration
entre Richard Rodgers & Oscar Hammerstein, écrite à partir d’une histoire
vraie, celle de la famille Von Trapp, poursuit le cycle des comédies musicales données,
saison après saison (après West Side
Story, Candide et On the Town de Leonard Bernstein) par le
Théâtre du Châtelet.
La mélodie du
bonheur fait
partie de ces ouvrages mythiques dont tout le monde ou presque peut fredonner
un air, cela tenant, évidemment, à l’adaptation cinématographique qu’en fit
Robert Wise en 1965, avec Julie Andrews, dans le rôle principal. Dans une mise en scène volontairement
différente d’Emilio Sagi, l’accent est mis sur la nature et les paysages
bucoliques autrichiens, mais également sur le contexte politique, celui de
l’Anschluss qui donnera à la famille Von Trapp la possibilité de dire non, face
à la montée du fascisme, avant de s’exiler pour l’Amérique.
©DR
Cette nouvelle production du Châtelet est une indiscutable
réussite tant musicale que théâtrale : Sylvie Schwartz campe une Maria
rebelle, intrépide et pleine de charme, les voix sont belles, la mise en scène
efficace et pleine d’allant. L’orchestre et son chef participent
pleinement à la réussite de cette soirée. Un spectacle à voir en famille,
à recommander en ces temps difficiles.
Au Théâtre
des Champs-Élysées : Michel Portal & l’Ensemble orchestral de Paris.
Œuvres de Bach, Mozart, Bacri, Portal.
Une soirée dominée par la présence discrète et attachante
de Michel Portal, magnifique clarinettiste aux multiples facettes - classique,
jazz, musique contemporaine et variétés, compositeur de musique de film,
improvisateur hors pair, brillant et imaginatif, n’hésitant à abandonner la
clarinette pour le saxophone ou le bandonéon. Michel Portal [notre photo]
interprétait, en première partie, le Concerto
pour clarinette de Mozart, composé en 1791 pour son frère en maçonnerie, le
clarinettiste Anton Stadler. Occasion, pour nous, d’apprécier l’intelligence
de son interprétation, tour à tour virtuose brillante ou inspirée, la souplesse
de son toucher, la rondeur de sa sonorité dans tous les registres de
l’instrument, depuis le suraigu toujours parfaitement ouvert jusqu’aux basses
les plus profondes. Suivait une improvisation sur Bach avec le
percussionniste Daniel Ciampolini, mariant admirablement les sonorités, les
timbres et les contrastes du hang et de la clarinette, témoignant d’une grande
complicité entre les deux musiciens, explorant toutes les possibilités
techniques des instruments dans une symbiose réussie, pour notre plus grand
plaisir. Le reste du concert comprenait une transcription de Nicolas
Bacri, pour orchestre à cordes, de la Fantaisie
et fugue en la mineur de
Bach : le Concerto pour deux violons de Bach interprété par Deborah Nemtanu et Joseph Swensen ; la Symphonie « Haffner » de
Mozart - un beau programme pour juger de la qualité de l’Ensemble orchestral de
Paris. Quant à Joseph Swensen, s’il est assurément un violoniste de
talent, il semble en outre hésiter entre direction d’orchestre et chorégraphie…
Mais ne boudons pas notre plaisir, et encore merci monsieur Portal.
©DR
Andrea
Chénier à l’Opéra Bastille. Opéra d’Umberto Giordano en 4 actes. Livret de Luigi
Illica. Orchestre & Chœur de l’Opéra National de Paris,
dir. Daniel Oren. Mise en scène : Giancarlo Del Monaco.
Nouvelle production, à l’Opéra Bastille, du drame historique
d’Umberto Giordano (1867-1948) créé à La Scala, le 28 mars 1896. Opéra de
style vériste, sur toile de fond révolutionnaire, retraçant le destin tragique
du jeune poète André Chénier et ses amours passionnées pour Madeleine.
Constituant un double événement, celui de l’entrée de cette œuvre au répertoire
de l’Opéra Bastille et l’occasion pour nous de réécouter, à Paris, le
magnifique ténor argentin Marcelo Álvarez, dans le rôle-titre, associé à une
remarquable distribution qui fera date par son homogénéité et sa qualité
vocale : Micaela Carosi dans le rôle de Madeleine et Sergei Murzaev dans
celui de Gérard. À la qualité musicale indiscutable, s’ajoutait une
présence scénique efficace des différents acteurs. Marcelo Álvarez,
parfaitement crédible en jeune poète rêveur, progressivement broyé par la
marche de l’Histoire, sut conquérir le public dès l’improvisation de Chénier au
premier acte, par sa voix chaude au timbre délicat, jamais forcée.
Micaela Carossi, puissante et émouvante, campait une Madeleine vulnérable,
insouciante, ignorante de la réalité, qui sut acquérir, au fil du drame, toute
la maturité et l’humanité qui la conduiront au sacrifice suprême, son air du
troisième acte restera gravé dans toutes les mémoires. L’excellent Sergei
Murzaev, quant à lui, répondait parfaitement par son charisme et l’ampleur de
sa voix au personnage de Chénier. Citons, enfin, l’émouvante prestation
de Maria José Montiel dans le rôle de la vieille Madelon. La mise en
scène, classique et peu dérangeante, assez intéressante au premier acte perdait
malheureusement de son acuité avec le déroulement du drame, malgré une belle
scénographie. Daniel Oren menait l’orchestre tambour battant, avec fougue
et théâtralité - couvrant parfois les voix, ce qui est regrettable avec une
telle distribution… Des applaudissements, malgré tout, bien mérités !
© ONP/Mirco Magliocca
Patrice Imbaud
***
Haut
Don Carlo de nouveau à
l'affiche de l'Opéra Bastille
L'Opéra national de Paris inscrit, dans une saison déjà
éclectique, la reprise de Don Carlo, à Bastille ; une pièce où
Verdi convoque l'Histoire. La mise en scène de Graham Vick, d'une
dramaturgie justement décantée, est fondée sur la lutte impitoyable entre
pouvoirs séculier & religieux ; à l'aune de la formidable
confrontation qui oppose Philippe II et le Grand Inquisiteur, mettant aux
prises deux maîtres du monde. La monumentalité des lieux imprégne
l'action tout comme la symbolique de la croix grecque. La distribution
promet d'être brillante. Opéra Bastille, les 11, 17, 20, 24, 27 février
et 2, 5, 8, 12 mars à 19h ; le 14 mars à 14h30.
Renseignements &
location : 120, rue de Lyon, 75012 Paris. Tél. : 08 92
89 90 90. www.operadeparis.fr
©ONP/Agathe Poupeney
The Fairy Queen ou un parfum
de Glyndebourne à Paris
Pour sa Fairy Queen, Purcell puise au Songe
d'une nuit d'été de Shakespeare. Ce « semi-opéra » mêle
pièce et musique en un tout plein de fantaisie, de rebondissements et de
facéties. Les parties musicales, par le truchement du chant, du mime et
de la danse, développent la force libératoire du rêve. La production qui
nous vient du festival de Glyndebourne, est une alchimie d'amour, de poésie, de
folie même. Elle tient en haleine en un enchaînement de tableaux
mélangeant genres et époques. Le spectacle rebondit par moult effets de
surprise et enchante par la profusion de ses illustrations décoratives. À
l’Opéra Comique, les 16, 18, 19, 21 et 22 janvier, à 20h ; le 24 janvier
2010, à15h.
Renseignements & location : 1, place Boieldieu, 75002
Paris. Tél. : 01 42 44 45 47. www.opera-comique.com
©Neil Libbert
La Folle Journée de Nantes 2010 : « L’univers de Chopin »
Anniversaire oblige, l'année 2010 marque le bicentenaire de la naissance du compositeur. Ce sera l'occasion d'entendre la majeure partie de
son œuvre dont, bien sûr, l'intégrale
de la musique pour piano & de la musique de chambre, les pièces concertantes pour piano & orchestre, ou encore les mélodies. Toujours selon la formule qui fait la spécificité de La Folle Journée : des concerts de 45' à une heure, sans coupure, à prix modique. Le corpus chopinien sera replacé dans le contexte qui a vu naître ce génie du piano. Seront ainsi représentés les créateurs que Chopin découvrit lors de ses séjours en France,
au premier rang desquels Berlioz, Liszt et Mendelssohn ; mais aussi des virtuoses-compositeurs tels que le violoncelliste
Franchomme ou les pianistes virtuoses Czerny, Moscheles, Alkan, Clara Wieck. On entendra encore les compositeurs d'opéra, ces Rossini, Spontini, Donizetti ou Bellini, qui faisaient alors les beaux soirs des théâtres parisiens. Des concerts seront même organisés en forme de reconstitution de ceux
donnés à l'époque, qu'ils aient été entendus par Chopin ou qu'il s'agisse de
ceux qu'il donnait lui-même, mêlant ses propres compositions et celles de ses
contemporains. Enfin, les maîtres que Chopin admirait, Bach, Mozart ou Haendel seront également au programme ; tout comme sera
porté un regard sur la musique populaire polonaise à laquelle il était si attaché.
Comme toujours, les forces réunies seront considérables, à la hauteur
de l'importance de l'événement artistique que constitue cette manifestation à
nulle autre pareille. Pas moins de quarante pianistes sont annoncés, de
plusieurs générations, des violoncellistes, des ensembles orchestraux et de
musique de chambre, outre des solistes vocaux et formations chorales.
Entourant les concerts ou les mettant en perspectives, diverses
manisfestations auront lieu, telles que la prestation d'ensembles amateurs ou
des conférences par d'éminents musicologues. Un
soin particulier sera apporté à la phase préparatoire de
l'événement avec une campagne de sensibilisation préparée par les publics eux-mêmes, l'édition d'un journal de la Folle Journée, et
la mise en place
d'ateliers de transcription ; comme des animations à dimension pédagogique et sociale, notamment des
projets musico-littéraires en liaison avec l'Université de Nantes ou le Centre pénitentiaire.
Renseignements : du 26 au 31 janvier 2010, à Nantes, Cité internationale
des Congrès Nantes-Métropole. Ouverture de la location le 9 janvier 2010, sur place, à partir de 8h. Le 10 janvier sur Internet www.follejournee.fr, à partir de 10h.
Le 11 janvier, au : 0892 705 205 à partir de 9h. Et
pour les scolaires accompagnés,
au : 02 51 88 21 38 ; le 12 janvier, à partir de 10h.
Jean-Pierre Robert
***
Haut
Tribulations
musicales d’une Française à l’étranger
Leçon de vie à la
léproserie de Manikro (Côte-d’Ivoire)
En binôme avec ma meilleure amie de l’époque, Muriel
Philippe, je dirige depuis sept mois l’Ensemble vocal d’Abidjan, fondé quelques
années plus tôt par Jean-Claude Brunebarbe, un coopérant français. Rentré
à Lille après de belles années passées à former des musiciens ivoiriens à l’Institut
national des Arts (INA) de la capitale ivoirienne, il a laissé vacant le poste
de chef de chœur. Même si je suis depuis longtemps son bras droit,
j’avoue avoir un peu paniqué à la perspective d’être seule en charge de ce
groupe de très bon niveau, qui a déjà chanté l’Actus Tragicus de Bach, des anthems de Purcell et de larges
extraits de l’Orfeo de Monteverdi.
J’ai par conséquent fait appel à Muriel, une autre passionnée de chant choral
bien plus chevronnée que moi, professeur d’Éducation musicale au lycée Blaise-Pascal
d’Abidjan. Nous nous sommes dit qu’en unissant nos forces, nous
assurerions beaucoup mieux la succession de Jean-Claude – chef de chœur et
musicien hors pair.
Pour notre premier programme, nous avons choisi du Mozart,
du Rodrigo - accompagné au piano, car il n’y a guère d’autres instruments ni
surtout d’autres instrumentistes classiques en Côte d’Ivoire - et surtout une
succession de morceaux plus faciles et plus courts a cappella : pièces de
la
Renaissance
françaises et italiennes, religieuses et profanes, et nombreux negro spirituals. Il faut
dire que nous dirigeons un groupe vocal tout à fait hétérogène, où se mêlent
des étudiants ivoiriens de l’INA, bien sûr, mais aussi des employées de
diverses ambassades en poste à Abidjan, des enseignants, des missionnaires
américains, beaucoup de jeunes Français effectuant leur service civil, et enfin
des épouses d’ingénieurs expatriés - comme moi – ou de commerçants – comme
Muriel. Certains lisant la musique, d’autres pas. Et que des pièces a cappella présentent l’avantage de
pouvoir être chantées partout.
Comme toutes les associations à but non lucratif,
l’Ensemble vocal d’Abidjan est placé sous l’autorité d’un président. Nous
avons trouvé la perle rare en la personne du médecin général Gilbert Raffier
[sur notre photo, entouré d’Africains], un médecin militaire ayant exercé dans
la plupart des pays d’Afrique (République Centrafricaine, Côte-d’Ivoire pour un
premier séjour, puis Zaïre), avant de revenir en 1981 terminer sa carrière dans
la capitale ivoirienne, en compagnie de son épouse Mija – l’une de nos sopranos.
L’une des plus belles réalisations de Gilbert Raffier fut,
en 1963, de transformer une petite léproserie de brousse en un hôpital bien
équipé, dans le village de Manikro, à huit kilomètres de la ville de Bouaké, en
plein cœur du pays baoulé. Puis, devant le nombre de plus en plus élevé
de malades guéris mais dans l’impossibilité de retourner dans leur village
d’origine – dont ils avaient été chassés par la population –, d’avoir fait
construire des logements non loin de l’hôpital et d’avoir distribué des terres
à ces paysans à nouveau capables désormais de les cultiver, d’assurer ainsi
leur subsistance - et celle des malades encore en traitement.
Légitimement fier de cette réussite exemplaire, Gilbert
Raffier n’a pas résisté longtemps au désir de faire se rencontrer ses deux
« bébés » : l’Ensemble vocal d’Abidjan et la léproserie de
Manikro. Comme nous devions donner un concert, un samedi soir, au Centre
culturel Jacques-Akka de Bouaké (aujourd’hui détruit par la guerre civile qui a
coupé
la Côte
d’Ivoire en deux), pourquoi ne
pas, le lendemain matin, pousser jusqu’à Manikro pour y animer la messe
dominicale ? (Je vous parle d’un temps où l’Islam était encore minoritaire
dans le centre du pays).
Une quarantaine de choristes se sont donc retrouvés un
beau dimanche de mars, leurs malheureux coccyx mis à mal par des kilomètres de
piste en tôle ondulée, dans la petite chapelle de la léproserie. Nous avons
avec nous Ranzie Mensah, somptueuse chanteuse ghanéenne à la voix de velours,
qui nous fait l’honneur de chanter les solos des quelques gospels figurant à
notre programme. À notre arrivée, la petite chapelle – des rangées de
bancs de bois sous un simple toit de tôle avec des murs à claire-voie laissant
largement passer une légère brise extérieure – est pleine comme un œuf.
Si je remarque vaguement, du côté droit, un groupe de personnes assises sur des
nattes, si j’entrevois même un djembé et un balafon (xylophone africain), je ne
leur prête guère attention : je suis à cette époque encore trop tendue
avant un concert, fût-il modeste comme celui-là, pour me laisser distraire.
Et l’office commence, la chorale intervenant, sur un signe du prêtre, avec des polyphonies
religieuses courtes et faciles. Puis vient mon tour de diriger Daniel saw the stone, un negro spiritual particulièrement gai,
enlevé et swingant. À peine Ranzie a-t-elle entonné le thème que se
déchaînent dans mon dos tout un tas de percussions parfaitement synchrones, en
parfaite symbiose avec ce que nous chantons, sans que nous ayons répété avec
elles le moins de monde. Notre petit gospel sans prétention s’en trouve
magnifié.
Ravie, je vais ébaucher un grand sourire quand je vois mes
choristes se décomposer littéralement sous mes yeux : certains pâlissent,
d’autres plongent dans la partition, quelques-uns, et surtout quelques-unes, ne
pouvant retenir leurs larmes, sans que je ne puisse deviner la raison de cette violente
émotion que tous semblent partager, Ranzie la première. Je ne comprendrai
qu’à la fin du morceau : en réintégrant le groupe pour laisser ma place à
Muriel, je réalise que l’orchestre de percussions qui vient de nous accompagner
est formé de lépreux dont la plupart n’ont plus de nez, plus de jambes, plus
d’yeux - voire plus de mains : les baguette du balafon sont accrochées par
des lanières de cuir aux moignons de celui qui en joue. Le premier choc
passé, je suis aussitôt frappée par quelque chose d’incroyable : la joie
qui illumine tous les visages, ceux des musiciens comme ceux des fidèles, les
larges sourires de tous ces gens envers lesquels nous n’avions jusqu’à présent
que la plus grande compassion. C’est dans un état second, pour ne pas
dire en pilotage automatique, que les choristes, Ranzie, Muriel et moi allons
terminer cette animation musicale.
Gilbert Raffier nous ayant dit et répété que la lèpre
n’est contagieuse que pour les organismes dénutris et affaiblis, c’est sans
appréhension aucune qu’à la fin de la messe nous voyons les malades se
précipiter vers nous et nous prendre dans leurs bras, rayonnants de joie et de
reconnaissance : non seulement parce que nous avons chanté pour eux, mais,
tout simplement, parce que nous sommes venus leur rendre visite ; à eux
qui, dans la société africaine, sont encore considérés comme des porte-malheur.
Gilbert Raffier, que tout le monde semble adorer ici, jubile de notre surprise :
lui sait depuis longtemps que les lépreux, leur maladie une fois stoppée
(« blanchie », dans le jargon médical), sont les gens les plus gais
de la terre. Ayant souvent consulté trop tard, ils ont certes, pour la
plupart d’entre eux, perdu un membre ou deux, une partie du visage, voire la
vue, mais leur joie de vivre est restée intacte. Ce qui nous remplit tous
de confusion : combien sommes-nous, en effet, qu’un kilo de trop, un
bouton indésirable, une contrariété professionnelle ou familiale plonge dans
les affres ? Que pèsent nos problèmes face à cette extrême dégradation
physique dont les victimes semblent faire si peu de cas ? C’est une
leçon que je n’ai jamais oubliée : dans les heures difficiles, je revois
le grand sourire du joueur de balafon manchot, et le fardeau me semble un peu moins
lourd.
Michèle Lhopiteau-Dorfeuille
***
Jean-Philippe
RAMEAU : Livre d’orgue. Pièces
extraites de ses opéras et adaptées pour orgue ou clavecin par Yves
Rechsteiner. Le Chant du Monde (31-33, rue Vandrezanne,
75013
Paris. pianco@chantdumonde.com), 2009.
·
Premier cahier. OR 4595, 50 p. 18,50 €.
·
Deuxième cahier. OR 4596. 49 p. 18,50 €.
·
Troisième cahier. OR 4597. 46 p. 18,50 €.
Ces 3 volumes s’imposent par leur belle présentation et
l’excellente gravure de Pascal Duc, auxquelles s’ajoute l’originalité, car Yves
Rechsteiner a adapté pour le clavier un remarquable choix de pièces extraites
du répertoire lyrique de J.-Ph. Rameau et ajouté des Variations « doubles ». Les indications concernant
les tempi, registrations, oppositions de claviers et jeux souhaités (cornet,
cromorne…) sont précisées. Dans ce programme de musique typiquement
française, les pièces sont regroupées en fonction des tonalités. Parmi
les formes issues de la danse figurent, entre autres, Menuet (Zoroastre),
Contredanse (Pygmalion), Tambourin (Indes
galantes), Gavotte (Indes galantes),
Musette (Les Fêtes d’Hébé), Chaconne
(Dardanus), Sarabande (Zoroastre)... Les interprètes
trouveront également des : Entrée (Zoroastre),
Ouverture (Hippolyte et Aricie),
Prélude (Dardanus) et Air (Les Paladins…). De quoi
renouveler le répertoire organistique et clavecinistique de façon peut-être
inattendue, néanmoins très utile, grâce aux minutieuses restitutions
d’Y. Rechsteiner judicieusement regroupées sous le titre : Livre d’orgue de Monsieur Rameau qui,
même sans avoir écrit pour orgue, était un organiste de premier plan. Les
organistes apprécieront ces sélections parfaitement jouables comme entrée ou
comme sortie d’un service dominical.
Édith Weber
PIANO
Dominique BORDIER & Aline SANS : Pianorama, vol. 1C - à partir de la
2e année. 1CD (au piano : Raoul & Laëtitia
Duflot). Hit Diffusion (www.editions-hit-diffusion.fr).
Mélange des genres
(classique, jazz, variétés, musiques de films & musiques traditionnelles),
qualité des arrangements (faciles) et judicieux commentaires pédagogiques font
l’originalité d’une collection au graphisme plaisamment aéré. Ce
volume 1C comporte 35 titres (« tubes » de Bizet, Mozart, Verdi,
Bach, Tchaïkovsky, Chopin, Schumann, Grieg, Mercury… McCartney, Fugain, Biolay,
Williams, Chedid, Steiner, Voulzy, Téléphone… + 2 titres pour piano à
quatre-mains (Fr. de Roubaix / traditionnel russe).
Francis Gérimont
FORMATION MUSICALE
Marc KOWALCZYK : Vincent
d’Indy (1851-1931). CD-ROM. Sa vie, son œuvre, son art, son caractère,
bibliographie… Delatour : DLT0648.
Certes, ce CD-ROM
n’est pas directement utilisable par l’ensemble des élèves, mais il est d’une
telle richesse qu’il serait dommage que les professeurs ne s’en servent pas
pour faire découvrir à leurs élèves l’œuvre de Vincent d’Indy. On sait
toutes les controverses autour de l’homme. On ne fait pas tant de
manières avec Wagner… Bien sûr, l’influence de ces deux hommes sur la musique
de leur temps n’est pas comparable. Mais n’est-ce pas la musique qui compte
avant tout ? Et la découverte, jadis, de sa Symphonie cévenole, lors du baccalauréat, et la joie éprouvée à
chanter et à faire chanter par une jeune chorale ses harmonisations et
adaptations de chants populaires français : pourquoi devrait-on se priver
de tant de bonheur ? Redécouvrons ou découvrons donc, grâce à Marc
Kowalczyck, toute la richesse de ce compositeur et professeur à travers les
témoignages de ses élèves, et surtout celui de sa musique trop peu connue
aujourd’hui. Le CD-Rom contient une biographie et une bibliographie
détaillées : il est le fruit de seize années de travail. C’est dire
le sérieux de cette étude. Rien de ce qui touche d’Indy n’est éludé, y compris
ses zones d’ombre. Mais il met surtout en lumière comment d’Indy a su
faire partager à ses élèves l’amour de son art et comment il « est devenu
un monument incontournable de l’histoire de la musique ».
Jean François ALEXANDRE : Invitation à la musique pour le 2nd cycle de Formation
musicale en 3 volumes. 1 vol. 1 CD. Combre : C06609.
Voici le dernier
des trois volumes consacrés au second cycle, le premier cycle faisant l’objet
des précédents. On retrouve dans celui-ci toutes les qualités des autres
volumes, dont nous avons déjà rendu compte : variété, richesse du contenu,
qualité du CD joint. Le professeur dispose d’un fascicule contenant
corrigés et conseils pédagogiques. Nous retrouvons les ateliers créatifs,
l’ouverture sur le jazz et les musiques actuelles, les
« réalisations » c'est-à-dire l’invitation à une véritable création
guidée pas à pas. L’étude de l’harmonie se fait par l’harmonisation de
textes connus pour des formations données. Ce recueil exigeant doit
conduire à un travail passionnant et très fructueux avec les élèves, loin des
sentiers battus.
Joy KANE : Avec
ma balle/Play Ball. « La musique, c’est toi ». 1 vol.
1 CD. Lemoine : 28 348 H.L.
Joy Kane nous livre
dans cette collection de chansons « dits-dactiques » un charmant
recueil des chansons utilisées tout au long de sa carrière de pédagogue.
Il s’agit d’apprendre à bouger sur la musique avec de véritables balles. Les
conseils de mise en place sont à la fois pratiques et plein d’humour. Et
à travers ces pratiques, c’est toute une expérience rythmique qui prend forme.
Ajoutons qu’à l’exemple de Joy Kane, le recueil est entièrement bilingue… Le CD
est indispensable à la mise en œuvre et, lui aussi, bien agréable à entendre.
Claudie DEBEAUVOIS : Théorie expliquée aux enfants (et aux plus grands) avec exercices
d’application et tests d’évaluation sur fiches détachables. Volume
3 : début de 2e cycle. Volume 4 : fin de 2e cycle et début de 3e cycle de Formation musicale. Delrieu :
GD 40018 et 40019.
Comment ne pas
approuver la citation d’Hyppolyte Taine mise en exergue de ce volume :
« Les lois théoriques ne valent que par leur usage pratique ».
Ces ouvrages s’y efforcent avec bonheur : c’est toujours à travers la
musique et le répertoire que sont mis en œuvre les principes théoriques
exposés. Harmonie, comptes rendus d’écoute, organologie, formes
musicales : l’ensemble est d’une grande richesse et ne se limite pas à ce
qu’on appelle traditionnellement « théorie ». Les fiches de
travail et d’évaluation fournissent aux professeurs les moyens de contrôle
nécessaires en même temps que des jeux de piste musicaux fort intéressants.
GUITARE
Dominique CHARPAGNE : Jazz on Nylon. Pour une approche jazzy de la guitare.
1 vol. 1 DVD. Delatour : DLT0805.
Laissons la parole
à l’auteur : « Généralement, lorsqu’on évoque une guitare montée avec
des cordes nylon, on pense immédiatement à la guitare classique, la guitare
flamenca ou la guitare sud-américaine. Or avec ce type d’instrument, on peut faire
beaucoup d’autre chose, tel du jazz, du blues, du picking, et cela avec une
technique digitale directement empruntée de l’enseignement traditionnel ».
L’auteur est orfèvre en la matière et nous le suivrons avec bonheur à travers
les douze pièces contenues dans ce recueil ainsi que dans le DVD qui
l’accompagne. Non content, en effet, de nous donner le son, l’auteur nous
donne les vidéos des interprétations de chaque morceau, et, en début de DVD,
les explications sur les effets utilisés dans les interprétations : dead notes, liaisons, slide, vibrato, etc. On voit la richesse
de ce contenu et son intérêt pédagogique. Ajoutons enfin que l’ensemble
est écrit à la fois en notation traditionnelle et en tablature, pour être
accessible au plus grand nombre de guitaristes. Le niveau est
classé : « Assez facile ».
Jean-Maurice MOURAT : Les classiques à la guitare. Volume 2. Combre :
C06177.
L’auteur nous
présente un florilège de transcriptions pour la guitare de pièces allant du
XVIIe au XXe siècle, de niveau facile à moyenne
difficulté, et parcourant tous les styles. Ce choix éclectique devrait convenir
à beaucoup de professeurs… et d’élèves !
FLÛTE
Jean-François PAILLER : Circus Parade pour flûte & piano. Delatour :DLT0804.
Si la partie de flûte
est de niveau moyen, la partie de piano est nettement plus difficile. Ce
ne sera pas une raison pour bouder cette délicieuse promenade au cirque avec Les clowns, le Cha-Cha du chat sans oublier Les
acrobates Cette composition pleine d’entrain ne pourra que plaire au
jeune flûtiste et lui fera travailler, sans en avoir l’air, les différentes
techniques de jeu de son instrument.
Philippe SAGNIER : Schumannia pour flûte & piano. (1er cycle). Lafitan :
P.L.1804.
Une charmante pièce
au nom évocateur. Le jeune flûtiste pourra montrer son sens de la mélodie et sa
musicalité. Piano & flûte dialoguent à part égale. Le pianiste sera
quand même plutôt du deuxième cycle.
Stéphane LORIDAN : Sur
un nuage pour flûte & piano. Élémentaire. Lafitan :
P.L.1832.
Un agréable thème
en ré mineur conduit ce joli nuage,
avec, au centre, un ré majeur un peu
triomphal qui égaye le tout. Le pianiste accompagne avec bonheur les
envolées de la flûte.
Christophe VIDAL : Fantaisie
éolienne pour flûte & piano. 3e cycle. Lafitan :
P.L.1824.
L’auteur présente
lui-même fort poétiquement sa pièce « écrite au départ pour évoquer la
beauté sauvage des Îles éoliennes » et qui « est en fait un véritable
hymne à toutes les îles de la Méditerranée et même au-delà ». Flûte
& piano se mêlent dans une atmosphère « permodale », c'est-à-dire
une modalité sans cesse permutante, en référence à Georges Migot. Il
s’agit d’une pièce d’un grand charme mais très exigeante pour les deux
interprètes, un véritable morceau de concert.
Gilles CARRÉ : Repetitivo pour flûte & piano. Fin de 1er cycle. Combre :
C06649.
Cette
commande du Conservatoire Toulon-Provence Méditerranée, pour son examen de fin
de premier cycle, est une courte pièce comportant une « opposition entre
un thème pulsé, énergique, sur trame répétitive, et un passage rêveur teinté de
couleurs harmoniques ».
HAUTBOIS
Jean-François PAILLER : Danse à sept pour hautbois & piano. Delatour :
DLT1799.
Hautbois &
piano sont de niveau moyen. Pourquoi Danse
à sept ? Tout simplement parce que la première partie est basée sur un
7 temps modéré à la hongroise (2+2+3). La seconde partie, de
caractère plus chanté, utilise le découpage du 7 temps rapide grec (3+2+2)
appelé kalamatianos. Il s’agit d’une
musique dansante, entraînante, qui ne pourra laisser indifférent.
Delphine MONNIER & Ombeline CHALLÉAT : Séraphine et Augustin. Méthode de
hautbois pour les jeunes enfants. 1 vol. 1 CD. Combre :
C06640.
Il n’y a pas si
longtemps qu’on a accepté que l’on commence le hautbois à sept ans ! Quelle
belle idée que cette méthode destinée aux jeunes débutants. La
présentation en est agréable, très simple en même temps qu’efficace :
l’histoire de Séraphine et de son chat Augustin forme une trame pédagogique
tout à fait cohérente. Et dès les deux premières notes, un intervalle de
quinte diminuée, nous sommes plongés dans une musique orientale délicieusement
accompagnée sur piano numérique, c'est-à-dire avec timbres et percussions fort
agréables… Félicitations aux auteurs pour ce remarquable travail. Le CD
contient onze des pièces du recueil avec, pour chacune, l’exécution intégrale
et le play-back parfois en deux versions,dont une version lente. Et souhaitons
que surgissent de nombreuses vocations de hautboïstes !
Alexandre CARLIN : En
flânant pour hautbois & piano. Débutant. Lafitan :
P.L.1892.
Cette très agréable
flânerie devrait charmer le jeune hautboïste et son compagnon pianiste :
la partie de piano pourra être facilement interprétée par un élève de niveau
élémentaire.
Max MÉREAUX : Labyrinthe pour hautbois & piano. Niveau élémentaire. Combre : C06642.
Voilà une pièce qui
porte bien son nom ! Mais un labyrinthe ne manque pas de charme. Hautbois
& piano se courent après, à travers des rythmes divers, sans oublier la
traditionnelle cadence.
CLARINETTE
Jean-François PAILLER : Jazz Rondo pour clarinette sib & piano. Delatour : DLT0790.
On retrouve dans
cette œuvre le langage vigoureux de J.-Fr. Pailler. Ce rondo, écrit dans
l’esprit d’un fox-trot binaire, comporte une partie centrale mélodique qui met
en valeur les qualités lyriques de la clarinette. Ce morceau est
accessible à une fin de premier cycle, en ce qui concerne la clarinette, car
l’auteur ne ménage pas le pianiste !
BATTERIE
Jean-Marc LAJUDIE : 25
Warm Up pour batterie. Delatour : DLT1801.
L’auteur ne cache
pas que ce volume sans fioritures doit conduire à « parfaire la technique
de la caisse claire d’une manière approfondie et efficace ». Destiné
aux élèves de cycle 1 à 2, ce recueil est agrémenté, aux différents paliers
du travail, par des marches de différents styles.
ORATORIO
Joseph
HAYDN : Die Schöpfung (« The
Creation »), édité par Annette
Oppermann. Urtext. Bärenreiter : BA 4648.
On ne peut que
faire un sort particulier à cette remarquable édition de La Création. On sait qu’impressionné par l’audition, à
Londres, des grands oratorios de Haëndel, Haydn n’eut de cesse d’en composer à
son tour. L’édition nous offre à la fois
la version anglaise & la version allemande de l’œuvre. La préface
explique la difficile genèse du livret, dont l’auteur primitif reste,
semble-t-il, inconnu. Elle comporte également tous les renseignements
souhaitables quant à l’origine de l’œuvre, ses différentes exécutions, et
surtout les différentes éditions et la manière dont a été établie celle qui
nous est aujourd’hui proposée. Ajoutons que celle-ci est remarquable de
clarté et de lisibilité. Outil de travail aussi bien pour l’amateur
éclairé que pour le chef d’orchestre, ce « conducteur » est en même
temps un solide et bel ouvrage, ce qui ne gâte rien ! Signalons que
le matériel d’orchestre ainsi que les partitions de chœur sont également
disponibles à la vente.
Felix
MENDELSSOHN-BARTHOLDY : Elias, op. 70,
édité par Douglass Seaton. Urtext. Bärenreiter : chœur et piano : BA 9070a. Partition
complète : BA 9070.
Avant de parler de
l’œuvre elle-même, il faut noter l’importance de la copieuse préface de
Douglass Seaton qui figure à la fois dans la réduction pour piano et dans la
partition complète. Elle donne tous les renseignements nécessaires tant
sur la genèse de l’œuvre que sur le soin que prit Mendelssohn à sa mise au
point. En particulier, nous trouvons dans cette édition, outre le texte
définitif, les morceaux que Mendelssohn a supprimés et remplacés par d’autres.
L’édition comporte le texte allemand original et sa traduction anglaise qui fut
utilisée pour les premières auditions. Mais on trouvera tous les détails ainsi
que l’analyse complète de l’œuvre dans la préface. La partition
d’orchestre contient en outre des fac-similés de la partition manuscrite
corrigée par Mendelssohn ainsi que des fac-similés de l’édition de la partition
voix & piano, également corrigée par l’auteur. Comme pour La Création, le matériel d’orchestre et
les parties de chœur sont également disponibles à la vente.
Daniel Blackstone.
***
Marc-Olivier
DUPIN : Petits secrets de musiciens
pour réussir examens et concours. 2009, Paris. Tsipka Dripka (www.tsipkadripka.eu). 19 €.
Ce livre clairement présenté, fourmillant de citations humoristiques
et de références, propose certes des conseils précieux, mais n’est pas destiné
à qui recherche quelques « trucs » à la veille d’une épreuve.
Sous son apparence modeste, il touche aux grands problèmes de l’évaluation, du
contrôle, voire de la compétition, dans un monde où l’on aimerait qu’ils
n’existent pas, celui de l’art. Partant de la « sanction », il
ne peut qu’inviter le lecteur à réfléchir sur la pédagogie. C’est
pourquoi cet ouvrage, s’il concerne le cursus des études spécialisées, se
révèle être une saine lecture pour toute personne impliquée dans l’enseignement
de la musique.
Marc-Olivier Dupin a cumulé une impressionnante expérience
de l’un et l’autre côté de la barrière. Vécues comme supplices ou moments
de partage en tant que candidat, ces épreuves se sont transformées en courses
d’obstacles d’un tout autre ordre pour le membre ou président de jury qu’il est
devenu à maintes reprises. Directeur d’École de musique, du Conservatoire
de Paris, de l’Orchestre National d’Île-de-France, avant d’être à présent
responsable de la musique à Radio France, il a pu étudier, et modifier,
notamment au CNSM, l’organisation, la fonction, les conséquences de ces étapes
qui jalonnent le parcours d’un musicien, depuis l’examen de passage du jeune élève
dans la classe supérieure, jusqu’à la compétition internationale ou au concours
de recrutement dans un orchestre. Dans la continuité d’une pédagogie bien
comprise, l’examen ou le concours ne doivent pas tuer le plaisir ni briser
l’individu, mais l’enrichir. Ce désir amène l’auteur à critiquer
certaines dispositions des textes officiels et leurs modalités d’application,
sans pour autant nier les difficultés réelles, liées notamment au recrutement
des jurys. Des références à des pratiques intéressantes, venues de pays
étrangers et même de domaines extérieurs à la musique, viennent alimenter cette
réflexion qui se veut avant tout positive et bienveillante.
Hélène Jarry-Personnaz
Rémy LOUIS, Thierry SOVEAUX
& Olivier BORUCHOWITCH : Une vision
de la musique. L'histoire de
Deutsche Grammophon. Illustrations : Yannick Coupannec.
Verlhac Éditions, 2009. 224 p. 39.95 €.
La firme discographique
Deutsche Grammophon (1898-2009) fête son opus 111 de diverses manières
dont l'une, originale, est la parution en langue française d'un ouvrage
richement illustré qui en retrace l'histoire. La célèbre maison de
Hambourg, identifiable par le fameux cartouche jaune poussin et son bouquet de
tulipes, se raconte à travers son parcours, séquencé par époques, et des interviews
de ses acteurs, qu'agrémente une collection exhaustive de photos de pochettes
de couverture ou de séances d'enregistrement dans quelques lieux mythiques (la
Jesus-Christus Kirche à Berlin, par exemple, où se déroulèrent tant de
glorieuses captations). C'est là l'occasion d'effeuiller l'album des
grandes heures de l'histoire du disque à travers le témoignage des musiciens
qui en ont fait la réputation comme des hommes de l'art, ces ingénieurs et
techniciens sans qui le produit sonore ne serait pas ce qu'il est. Car si
le choix des artistes qui composent un catalogue présuppose une bonne dose de
flair, il faut de l'habileté proprement musicale pour mener à bien la tâche de
saisir l'impalpable d'une exécution en studio. Bien sûr, des évolutions
se sont fait jour au fil du temps : la construction d'un répertoire
d'abord, réunissant des grands noms de l'orchestre, du chant, des solistes
instrumentaux. Dans ce qui fut l'âge d'or du disque, les années 60-80,
alors que les majors se livraient une lutte sans merci pour retenir dans leur
écurie les meilleurs noms, DG aura la chance d'avoir les Fricsay, Karajan,
Böhm, Jochum ou Kubelik ; les Fischer-Dieskau ou Janowitz ; les
Kempff et autres Richter, le quatuor Amadeus... Le renouvellement des
générations ensuite, venant de lui-même : Abbado, Bernstein, Boulez,
Pollini, entre autres. La crise aidant, viendra le recentrage sur une
politique axée sur l'artiste plus que sur le répertoire, et la promotion des
noms starisés qui attirent un large public, souvent par de « jolis
coups » (La Traviata de Netrebko-Villazon). Des
considérations de marketing de plus en plus drastiques, élaguant ce qui est
trop coûteux en investissement, telles les intégrales d'opéra, conduiront à
réduire la voilure et, partant, le volume des parutions ; ici comme
ailleurs. C'est à un captivant cheminement que nous convie ce livre fort
documenté, premier du genre à célébrer avec une telle richesse une maison de
disques.
Jean-Pierre Robert
Alain
CASABONA : L’éventail de Saturne,
roman. Calmann-Lévy (www.calmann-levy.fr).
14 x 21 cm, 240 p., 18 €.
Nous connaissions la rare efficacité d’Alain Casabona à la
tête du Comité national pour l’enseignement artistique (CNEA) – organisme
désormais domicilié dans l’atelier de Picasso (sis à Paris, rue des
Grands-Augustins) –, non moins que l’acuité de sa plume (lire notamment ses
hilarantes Histoires à dormir Dubout,
Prix Alphonse Allais, aux éditions du Rocher).
Avec le présent ouvrage, Alain Casabona se révèle être, en
outre, un remarquable romancier, d’une incontestable originalité.
Jugez-en : l’affaire commence, en 2008, lors d’une vente aux enchères à
l’hôtel Drouot, sous le marteau du célèbre commissaire-priseur Pierre Cornette
de Saint-Cyr. Vacation au cours de laquelle s’affrontent, pour
l’acquisition d’un coffret Empire apparemment banal, deux jeunes femmes qui deviendront
bientôt telles des amies d’enfance - la brune Victoria, conservatrice au musée
du Prado, et la blonde Élise, pianiste concertiste. Pour nous retrouver ensuite
au début du XIXe siècle ; où l’on voit un brillant officier
bonapartiste, Philippe de Suger, et sa future épouse, la pianiste Olympe, être
conduits à rencontrer Beethoven dans d’aristocratiques salons viennois, puis
Goya, à Madrid et à Aranjuez, résidence d’été de la cour d’Espagne. Conduits
de main de maître, d’innombrables épisodes constituent autant
d’intrigues-miroir de ce qu’il adviendra, deux siècles plus tard, à nos deux
jeunes femmes, à Paris…
Ce roman se lit d’une traite, aussi passionnément qu’un
polar (ce qu’il est d’une certaine manière, grâce au suspens ménagé autour de
l’assassinat, à Madrid, de la duchesse d’Albe). Style d’une rare élégance,
époustouflante richesse documentaire et historique.
Précipitez-vous !
Orsola TARANTINO-FRATENALI
& Kathy TOMA (Sous la direction de) : Gesualdo da Venosa. Avec un essai de Claudio Abbado. En
italien. Éditions Luciano de Venezia, Salerne, 2009 (www.devenezia.it). 30 x
21,5 cm, 335 p., ill. n&b et couleurs. 58 €.
Sur la vie – à tout le moins tumultueuse - et l’époque du
compositeur Carlo Gesualdo (ca 1560-1613),
prince de Venosa, voilà une somptueuse monographie établie avec le concours de
musicologues, d’historiens et de costumiers, illustrée de centaines d’images provenant
de bibliothèques et musées d’Europe. Où revit une brillantissime vie de
cour, riche d’extraordinaires soirées musicales, de bals masqués, de
représentations théâtrales, de tournois et de palios – parmi hommes et femmes illustres : les Gonzague,
Este, Medici, Fürstenberg, Pernstein, Philippe II d’Espagne, saint Charles
Borromée, les papes Pie IV, Sixte V, Clément VIII…).
Publié en italien, cet ouvrage est téléchargeable sur : www.gesualdodavenosa.com ou bien, via
Google, sur : « Fasti Gesualdo ».
Patrick
BARBIER : Pauline Viardot (1821-1910). Biographie. Grasset (www.grasset.fr).
14 x 22,5 cm, 380 p., cahier de photos n&b. 20 €.
Après la biographie de La
Malibran, reine de l’opéra romantique (Pygmalion, 2005), Patrick Barbier
nous livre celle de sa sœur Pauline qui - par ses dons de compositrice,
d’artiste lyrique et dramatique, aussi bien que par la vivacité de son esprit –
devint l’une des figures marquantes du XIXe siècle. Ne
fut-elle pas intime de Chopin et de George Sand, de Clara Schumann, de
Delacroix, Flaubert, Liszt, Berlioz ou Tchaïkovski, ne correspondit-elle pas
avec tout ce que l’Europe comptait alors d’artistes et de hauts personnages, ne
fut-elle pas la protectrice de Saint-Saëns, Gounod et Fauré ? Ne
fut-elle pas passionnément aimée – passion probablement malheureuse – par l’écrivain
russe Ivan Tourgueniev ? Patrick Barbier nous entraîne à sa suite dans
le tourbillon romantique dont elle fut assurément l’une des principales
inspiratrices (« Elle est la femme
la plus douée que j’aie jamais rencontrée » disait d’elle Clara
Schumann) - et ce, de Veracruz à Paris, Londres, Vienne, Prague, Baden-Baden,
Berlin, Saint-Pétersbourg, Grenade… Biographie utilement complémentaire de l’essai
de Michèle Friang, Pauline Viardot au
miroir de sa correspondance (Hermann, 2008).
Rémy CAMPOS &
Nicolas DONIN (Sous la direction de) : L’analyse
musicale, une pratique et son histoire. Préface Philippe
Dinkel. « Musique & recherche », éditions
Droz/Conservatoire supérieur de musique de Genève. 2009. 19 x
27 cm, 460 p., ill. n&b, tableaux, ex. mus.
40 CHF (32,03 €).
En trois principales propositions sont ici retracées
cartographie et généalogie d’un savoir-faire universellement pratiqué (actes de
lecture, d’écoute et d’écriture), mais dont l’histoire est, en revanche, fort
mal connue. La 1re proposition consiste en l’exploration d’archives
inédites nous éclairant sur les diverses formes, souvent méconnues, qu’a pu
prendre l’analyse musicale - de la littérature wagnérienne aux transcriptions
d’œuvres électroacoustiques, en passant par les notices de disques. La 2e proposition vise à comprendre les configurations nationales dans lesquelles se
déploie l’activité analytique (différend Riemann-d’Indy, réception de Schönberg
aux États-Unis pour la set theory,
rôle des structures académiques dans le développement de l’analyse en
France). La 3e proposition consiste à relire d’un œil neuf les
textes de référence de Riemann, Leibowitz, Messiaen, Eimert, Boulez, Rouget,
Cone, Ruwet, Fote, Nattiez… avec enquêtes de terrain où peut être observée in situ la pratique analytique. Cinq
grandes parties : Pré-histoires (N.Donin, R.Campos), Les gestes de
l’analyste (M.Chemillier, J.Goldman, K.Agawu, Fr.Delalande), Terrains analytiques (O.Roueff, G.Borio,
X.Bisaro, S.Maisonneuve), Prendre
position (M.A.Guck, A.Rehding, E.Buch), L’analyse
musicale en France au XXe siècle (R.Campos). Née d’un
colloque qui se tenait, du 19 au 23 avril 2006, en l’Académie musicale de
Villecroze (www.academie-villecroze.com),
une somme sans précédent.
Stéphane
AUDOIN-ROUZEAU, Esteban BUCH, Myriam CHIMÈNES & Georgie DUROSOIR (Sous la
direction scientifique de) : La
Grande Guerre des musiciens. « Perpetuum mobile », Symétrie
(www.symetrie.com). 17 x
24 cm, 250 p., ill. n&b, exemples musicaux. 45 €.
L’histoire de la musique durant la Première Guerre
mondiale était, jusqu’à présent, demeurée en dehors de toute investigation
sérieuse. Le présent ouvrage s’attache à mettre en lumière l’influence de
ce conflit sur la musique aussi bien que la place qu’elle occupa parmi les
belligérants. Successives contributions : Le bruit de la guerre
(Carine Trevisan), La meilleure façon de marcher : musiques militaires,
violence & mobilisation (Didier Francfort), La vie quotidienne des pipes and drums (Dominique Huybrechts),
Instruments de soldats : typologies, fonctions, transmission (Florence Gétreau),
L’irruption magnifique : deux grands violons au cœur de la guerre (Georgie
Durosoir), La mort héroïsée d’Albéric Magnard (Patrice Marcilloux), Félix Mayol
(Rémy Campos), L’effort de guerre de Charles Koechlin (Aude Caillet), Composer
pendant & avec la guerre (Esteban Buch), Nadia Boulanger & le Comité
franco-américain du Conservatoire (Alexandra Laederich), Une lecture de la Gazette des classes du Conservatoire
(Charlotte Segond-Genovesi), Écoles de musique en guerre (David Mastin),
Reflets de la guerre dans la fondation de la Société française de musicologie,
1917 (Sara Iglesias), Perspectives sur l’action de Guy Ropartz à Strasbourg,
1919-1929 (Mathieu Ferey).
Raphaële
VANÇON : Enseigner la musique : un défi. Essai.
« Les carnets de Sonatine », Zurfluh (www.zurfluh.com). 14,5 x
20,5 cm, 250 p., ex. mus. 18 €.
Pour traiter essentiellement de l’enseignement de la
musique dans les établissements spécialisés, cet ouvrage de Raphaëlle Vançon
(musicologue, professeur de clavecin & de basse continue au CRR de Nice)
n’en intéressera pas moins tout pédagogue confronté aux nouvelles
problématiques engendrées par les nouveaux publics. Trois parties dans ce
brillant essai : L’enseignement
spécialisé de la musique répond-il aux défis contemporains ? (Pourquoi
enseigner la musique aujourd’hui ? La musique plurielle, de nouveaux
enjeux. Analyse au regard d’une expérience personnelle) / Pourquoi vivons-nous une telle
situation ? (La musique, vecteur d’identification identitaire.
Quand les valeurs divergent…) / Comment
enseigner la musique pour répondre aux défis actuels ? (Procédures
pédagogiques investies au cours de l’histoire. Remédiation pédagogique,
stratégie déterminée en fonction de valeurs. Définir le savoir mis en
œuvre et déterminer le champ notionnel impliqué. Expérimentation).
Une lucide remise en cause, assortie d’objectifs clairement définis.
Michel SOGNY : La Musique en questions. Entretiens
avec Monique Philonenko. 2DVDs live inclus (pièces pour piano de Michel Soigny par Michel Soigny + pièces de
Liszt à 4-mains par Michel Soigny & Elisso Bolkvadze). Michel de
Maule (www.micheldemaule.com) :
15 x 21,5 cm, 210 p. 25 €.
Citons la 4e de couverture : « Douze
entretiens pleins de verve et d’exploration entre le compositeur-pédagogue
Michel Sogny et la philosophe Monique Philonenko sur les aspects les plus
variés de la musique, de son exécution comme de son écoute. […] Son aspect
novateur dans la pédagogie […] a suscité l’enthousiasme des grands interprètes
de notre époque (Martha Argerich, Paul Badura-Skoda, Aldo Ciccolini, France Clidat,
György Cziffra, Cyprien Katsaris, Alexis Weissenberg…) »… Convenu du
propos, insipidité du répertoire, public frappé de courtoise stupeur : on
croirait d’une blague ! (cf. www.michel-sogny.com )
Muriel
DELTAND : Les musiciens enseignants
au risque de la transmission : donner le la. Préface de
Christophe Niewiadomski. Postface de Thérèse-Marie Gilissen & Carlo
Giannone. « Histoire de vie et formation », L’Harmattan.
216 p., 20,50 €.
Docteur en Sciences de l’éducation & professeur
d’Éducation musicale, Muriel Deltand décrit ici un univers professionnel
relativement méconnu, à travers notamment l’analyse de parcours de musiciens
confrontés à la double exigence des activités d’enseignant et de
concertiste. Source de contradictions identitaires entre leurs idéaux d’artiste,
les réalités socio-économiques auxquelles ils sont soumis et les constantes
réformes pédagogiques qu’on leur impose. Trois parties : Contexte d’activité
des musiciens-enseignants / Identités en question / Récits de
vie. Où sont enfin exprimés bien non-dits…
MAYA (Textes
de). Dominique GUILLEMAIN d’ECHON (Photographies de) : Lumières de
l’Inde du Sud. Voyage dansé au cœur des temples. Préface de Roland
& Sabrina Michaud. Éditions Degeorge (www.editions-degeorge.com).
24,5 x 34 cm, 110 p., photos couleurs. 30 €.
Pour réaliser ce somptueux album, se seront associées deux
femmes d’exception : Maya, danseuse de Bharata Natyam (www.natyamaya.net), & Dominique,
maître du tir à l’arc, devenues l’une écrivain, l’autre photographe. En
Inde, en effet, les offrandes aux dieux ne consistent pas seulement en fleurs
et en fruits, mais aussi en musiques (chants ordinairement accompagnés de la veena, sorte de luth) et en danses (nada yoga, yoga du son). Grâce des
visages, sensualité des corps, lenteur de la gestuelle, exigences de la
rythmique, plénitude du silence, raffinement des temples, splendeur des
paysages… tout n’est ici que séduction. Sous cinq titres : La saveur
du quotidien / Dans la vie des temples / Rythme & son /
Trans-Maître / Au-delà des apparences.
Laurent CHALUMEAU
(°1959) : En Amérique.
Chroniques. Préface de Virginie Despentes. Grasset (www.grasset.fr). 14 x
22,5 cm, 390 p. 20,90 €.
Parue en 1991, la première mouture de ces chroniques s’intitulait Fuck. Manière de Fuck II, le présent volume fait
retour sur cette Amérique que contribuèrent à créer Robert Johnson, Chuck
Berry, Elvis Presley, Muddy Waters, Phil Spector, Bob Dylan, les Stones, sans négliger
Tom Waits, Jerry Lee Lewis, Lou Reed et… Bruce Springsteen, « the Boss » ! Émaillés de
savoureuses interviews, cinq chapitres composent l’ouvrage : « Des
mains noires lui donnaient le juhur… », « Country roads »,
« On dirait le Sud… », « L’Ouest promis », « Poètes
new-yorkais ». Et cela, sous la plume du Français qui – sans doute plus
que tout autre - aura connu l’univers du rock étasunien : guitar heroes, rappeurs mythomanes,
escrocs, bluesmen, « wok’n’woll mangé aux mythes », etc. Préface « allumée » de Virginie
Despentes…
Francis Cousté
***
Haut
Roland
de LASSUS : Bonjour mon cœur. Ricercar (stephanie@outhere.com) : RIC 290. TT : 64’07.
La Capilla Flamenca, dirigée par Dirk
Snellings, réserve un sort royal au musicien cosmopolite Roland de Lassus
(1532-1594) et à ses contemporains. Ce CD est centré sur le thème de
l’amour, avec d’intéressants sous-titres : Le matin : l’amour naissant ; le midi : l’amour épanoui ; le soir : l’amour éternel ; la nuit : l’amour sommeillant (traduction en flamand,
anglais et allemand), soit un total de 27 pièces de musiciens appartenant
en grande partie à l’école dite franco-flamande. Les titres les plus
connus : Bonjour mon cœur (traité en deux versions : R. de Lassus et J. de Castro) ; Doulce Mémoire (P. Sandrin,
D. Ortiz, A. de Rippe) et le Kyrie de la Messe éponyme (R. de Lassus), ainsi que Finy le bien : responce Doulce Memoire (P. Certon) ; La nuict froide et sombre... Ce
florilège de chansons typiques du XVIe siècle associe plusieurs
langues : allemand (O Herre Gott) ;
flamand (Het was een aerdich vrouken) ;
français (Du fons de ma pensée,
Ps. 130 de Cl. Marot), entre autres. Aux versions vocales sont
associées des danses instrumentales. Les chanteurs et instrumentistes de
la Capilla Flamenca brillent par leur remarquable diction, leur volubilité,
leurs attaques précises, leur justesse, leur expressivité oscillant entre
gravité, entrain et sérénité. Tant par la diversité du programme que par
les sonorités vocales et instrumentales incomparables, ce disque se doit de
figurer dans toute discothèque de seizièmiste.
Orgue
Formentelli de Mouzon. Hier et
Aujourd’hui. 2CDs Triton (triton@disques-triton.com) :TRI 331162. TT : 67’51 + 73’57.
Sous le titre : Hier et Aujourd’hui, Pascale Rouet exploite les multiples
possibilités de l’orgue Christophe Moucherel (1725)-Barthélémy Formentelli (1991)
de Mouzon, avec positif (50 notes), grand orgue (50), récit (32), pédale
(27) et anches bien fournies. Le premier disque de cette mini-anthologie
est dévolu à des musiciens français du XVIIIe siècle bien
connus : L.-N. Clérambault, M. Corrette, J.-F. Dandrieu &
P. Du Mage et à des formes classiques : Suite, Magnificat, Noëls populaires. Le second a le
mérite de proposer des œuvres de musiciens contemporains - dont certains sont à
découvrir : Christophe Marchand (né en 1972), avec une sélection de danses
reprenant le titre de Thoinot Arbeau : Orchésographie composée en 2009 ; Michel Boédec (né en 1957) ; Alain Mabit (né
en 1953)… À noter la composition éponyme : Pour l’orgue de Mouzon (2007) de Bruce Mather (né en 1939).
La part du lion est réservée à Jean-Pierre Leguay (né en 1939), avec son œuvre
datant de 2008, au titre interrogatif : Et puis, et puis encore ? L’intrépide organiste Pascale
Rouet révèle la complexité de la musique d’orgue dans la longue durée.
Thierry LANG : Lyoba 2. Migros-Genossenschafts-Bund (mirko.vaiz@mgb.ch) :
MGB
NV
7. TT : 48’20.
Thierry Lang, instrumentiste et arrangeur, a
signé ce disque enregistré en 2008 et sortant des sentiers battus. Des
mélodies traditionnelles suisses de la région de Fribourg sont interprétées par
un instrumentarium spécifique : 4 violoncelles, contrebasse, bugle,
trompette, piano et percussions. Certains arrangements d’œuvres de Joseph
Bovet ne sont pas à présenter aux mélomanes français qui identifieront Le vieux chalet (mélodie de 1911), La Montagne, Que la Gruyère est belle ou encore Rêver, confié aux violoncelles et au bugle, sur fond de
percussions. Thierry Lang, pianiste, est l’auteur de A Star to my Father, expressif et rêveur ; Prayer for Peace, nostalgique.
L’atmosphère est, tour à tour, mélancolique, fervente, entraînante (À Moléson). Ce témoignage, où
les mélodies traditionnelles côtoient des procédés compositionnels empruntés au
jazz, est tout l’honneur de la collection « Musiques suisses ».
Éric
GAUDIBERT : Océans. VDE-Gallo (info@vdegallo.ch) : CD 1286.
TT : 69’08.
Éric Gaudibert (né en 1936 à Vevey) a fait ses
études musicales à Lausanne, puis à l’École Normale de Musique à Paris. À
la fois pianiste et compositeur, il s’intéresse à la musique électroacoustique. Il est également un remarquable
pédagogue qui, selon N. Bolens, « ne transmet pas uniquement un
savoir à un élève ou une partition à un interprète, il transmet surtout une
manière d’être musicien, une façon de vivre dans les sonorités du monde ».
Installé à Genève, il obtient en 1994 le Prix quadriennal de la musique de
cette ville. Ce CD donne un aperçu de ses préoccupations
compositionnelles, par exemple : Vernescence (1973) fait appel à la clarinette, au piano et à un dispositif
électro-acoustique, alors que son Concertino (1994) utilise uniquement une clarinette et des cordes. Il marque
aussi un grand intérêt pour la flûte, et exige de cet instrument une virtuosité
hors pair (justesse dans l’extrême aigu, longues tenues, volubilité, par
exemple dans Océans pour flûte et
cordes (1988). Flûte et alto sont réunis dans Albumblaetter (2007) - dont le titre fait penser à l’œuvre éponyme
de Schumann -, comprenant 6 pièces brèves. Ces quelques titres
évocateurs, à eux seuls, traduisent déjà l’originalité d’É. Gaudibert qui
considère « l’acte créateur entre les sons et le silence comme l’un des
matériaux les plus fondamentaux ». Il est magistralement servi par
Br. Buxtorf (flûtes), Chr. Sörensen (alto), lui-même (piano) et
l’Arpeggione Kammerorchester Hohenems (dir. J.-Fr. Antonioli). Exemple à
suivre.
Troubadours. Harmonia Mundi (mbenoit@harmoniamundi.com) :
HMG 50 80 99. TT : 76’34.
D’entrée de jeu (A l’entrada del temple clar), les percussions créent l’atmosphère
particulièrement vigoureuse, avec une irrésistible invitation à la danse.
D’autres textes parlés ou déclamés par Yves Rouquette (récitant) traitent les
divers thèmes de l’époque : la « bonne dame valeureuse », le
chevalier, l’amour courtois, l’absence de l’être aimé, la douleur, les vies de
troubadours (B. de Ventadour…), mais aussi l’éveil de la nature et le
lyrisme… Le Clemencic Consort, spécialiste de musique médiévale, regroupe -
outre la voix - divers instruments typiques (vièle à roue, vielles, flûtes (à
bec, de berger), sifflet, orgue portatif, cornemuse, cornet à bouquin, luth,
rubebe…), comme il ressort de l’importante notice sur l’instrumentarium et les
sources orientales de certains (darrabuka en terre cuite, grelots, crotales…).
Cette mini-anthologie présente des œuvres de la fin du XIIe siècle
et du début du XIIIe siècle, généralement pour récitant et
instrument(s). Parmi les troubadours les plus connus, figurent Bernart de
Ventadorn, Marcabrun, Raimbaud de Vaqueras, Peire Vidal…, à la fois auteurs du
texte et de la musique. Cet enregistrement de 1977 qui, sous la direction
avisée de René Clemencic, avait déjà marqué une grande différence avec ceux (bien
antérieurs) de l’Ensemble Pro Musica Antica (Safford Cape), est toujours
actuel et incontournable.
Carmina
burana. Sacri sarcasmi. Arcana (stephanie@outhere-music.com) : A 353. TT : 69’23.
Des chansons de poètes vagabonds (XIIe-XIIIe s.) ont été découvertes en 1803 au Couvent de Benedikt Beuren (Bavière).
Elles figurent dans le manuscrit anonyme Codex
Buranus 4660 de Beuren, compilé dans divers recueils européens. Il
est conservé, sous le titre : Codex
Latinus monacensis (signifiant de
Munich ou munichois, et non « monacal »…), à la Bibliothéque d’État
de Bavière. Les textes sont en latin, en moyen haut allemand et en
français, les poètes, inconnus. Il s’agit, en fait, d’une satire des
erreurs de l’Église, de l’État, des mœurs qui se dégradent et aussi de la
puissance de l’or. L’Ensemble La Reverdie (voix, instruments : flûte,
lyre, psaltérion, vièle, harpe, cithare, cornet, percussions) propose 18 pièces,
dans l’ensemble brèves, de caractère sarcastique, religieux, moralisant, mais
aussi descriptif, soulignant le paradoxe de ces Carmina burana. L’Ensemble La Reverdie se donne à fond pour
animer ce divertissement clérical.
Carl
ORFF : Carmina burana. Rondeau (mail@rondeau.de) : ROP 6030.
TT : 60’58.
Procédant des mêmes sources, réunissant des
chants destinés au divertissement des moines en dehors de tout contexte liturgique,
selon le regretté W. Lipphart, « Carl Orff n’avait pas connaissance
des mélodies originales de ces Carmina. »
S’il a emprunté le texte à l’édition allemande de J. A. Schmeller, il
en a créé les mélodies. Rappelons que Carl Orff (né en 1895 à Munich et
mort en 1982 dans cette ville) est connu pour son œuvre pédagogique en liaison
avec son enseignement à l’École de Gymnastique, de Musique et de Danse qu’il
avait fondée, et en tant que directeur de l’Orff-Institut au Mozarteum de
Salzbourg. Le Prologue, intitulé : Fortuna imperatrix mundi, fustige l’arbitraire qui régit
l’existence de l’homme ; le ton est délibérément moderne, le chœur évoque
l’instabilité, les instruments traduisent le statisme. L’ensemble est divisé en
3 parties totalisant 28 pièces chantées par les voix pures et si justes du Chœur
de filles de Hanovre et du Chœur de garçons de Hanovre, des solistes et la NDR
Radiophilharmonie, tous placés sous la direction de Neiji Oue. Leur
interprétation bénéficie, en outre, d’une remarquable diction, d’une inégalable
précision d’attaque et d’une cohérence sans faille pour exprimer amour,
lyrisme, destin, aspiration à l’universel, tristesse… Le regretté Heinz Hennig
pourrait être fier de l’actuel Hannoverknabenchor… Percutant !
Un dimanche à Saint-Benoît-sur-Loire. Jade (43, rue de Rennes, 75006 Paris promotion@milanmusic.fr) :CD 699 692-2. TT : 68’.
Ce disque propose trois optiques : chant
grégorien, sous la direction de Jaan-Eik Tulve ; chant français, sous la
direction d’Anton Elder et œuvres de Jean-Sébastien Bach interprétées par Vincent
Grappy aux 3 claviers du grand orgue (1980). Les éditions Jade rappellent
que les moines n’avaient pas enregistré de disque depuis plus de trente ans.
Actuellement, la communauté bénédictine, jeune et dynamique, tente « une
nouvelle confrontation au micro et à la technique », associant ainsi
tradition et modernité, ancien et nouveau répertoires en latin multiséculaire
et en français contemporain, monodie et polyphonie. J. S. Bach est
présent avec sa Fantaisie en do mineur (BWV 562), son Prélude et fugue en sol Majeur (BWV 541), ainsi que deux Préludes de Chorals. À noter, pour
la musique contemporaine, le Cantique de
Syméon dans la version de Marcel-Joseph Godard. Grâce au Chœur des
moines et à V. Grappy (orgue), les mélomanes pourront se faire une idée de
l’atmosphère d’« Un dimanche à Saint-Benoît-sur-Loire » (Abbaye de
Fleury).
Orgues historiques de France, vol. 6. Sinus (Postfach 526 CH-8802 Kilchberg sinus-verlag@bluewin.ch) : Sin 3006. TT : 60’49.
La série « Orgues historiques de
France », publiée à l’initiative d’Albert Bolliger, s’est enrichie d’un
disque de musique française enregistré à l’orgue Ambroise Levasseur (1641) du
Prytanée national militaire de La Flèche. Comme de juste, l’excellent
organiste, familier de nos lecteurs, propose des œuvres de N. A. Lebègue,
J.-Fr. Dandrieu, Cl. Balbastre, bien connus, et de musiciens à
découvrir (ou redécouvrir), Mathieu Landes (1660-1725) François d’Agincourt (ca 1680-1738). Les formes
appartiennent au répertoire organistique traditionnel : Simphonies, Suites, Noëls, mais aussi Élévation et Offertoire, ainsi que le Carillon
des morts (Cl. Balbastre). L’ensemble se termine sur des Pièces de 6e Ton mettant
particulièrement en valeur les jeux de cet orgue historique : Pleins jeux,
Nazard, Basse de cromorne. Comme les 5 volumes précédents, ce 6e retiendra l’attention des organistes, des historiens et des amis de l’orgue.
Felix
MENDELSSOHN-BARTHOLDY : Intégrale de
l’œuvre pour orgue. 3CDs Triton (triton@disques-triton.com) :
TRI 331130. TT : 69’08 + 42’44 + 52’50.
Pour son Intégrale de l’œuvre d’orgue de
F. Mendelssohn (1809-1847), dans le cadre de l’Année commémorative, le
jeune et talentueux organiste Jean-Baptiste Robin a sélectionné trois
instruments prestigieux : des Nicolaikirche (Herzberg), Petrikirche
(Freiberg), Marienkirche (Rötha). Il divise cette vaste production en
3 CDs : Préludes et fugues et œuvres de jeunesse ; Pages de maturité ; Dernières œuvres. L’intérêt
de cette production est encore rehaussé par l’introduction de G. Cantagrel
situant ces pièces par rapport à la musique d’orgue, aux contextes de l’époque
et à Mendelssohn qui - lors de concerts et, notamment, en Angleterre - les
avait fait connaître. En 1993 et 1994, Chr. Albrecht a publié une
nouvelle édition (Bärenreiter), d’après les manuscrits originaux désormais
accessibles. Outre les formes traditionnelles : Prélude, Fugue, Fantaisie, le musicien romantique s’est
souvenu des chorals luthériens qu’il traite en Préludes, en Variations.
Ses Sonates retiendront l’attention,
notamment, par l’exploitation de mélodies traditionnelles : Was
mein Gott will, das gescheh allzeit (Sonate I), Aus tiefer Not schrei’ ich zu dir (Sonate III), Vater
unser im Himmelreich (Sonate VI). Les disques Triton publient
deux collections - dont Musique pour orgue - « tout en
passion » : ce que ne démentiront pas les discophiles avisés.
Johannes
BRAHMS. Une jeunesse intrépide. Hortus (editionshortus@wanadoo.fr) :
068. TT : 80’54.
Il n’y a pas que Fontenelle à poser la
question : « Sonate, que me
veux-tu ? ». C’est aussi le cas de Johannes Brahms
(1833-1890), puis de Nicolas Stavy (piano) qui, sous le titre : J. Brahms. Une jeunesse intrépide,
redonne vie d’abord à 4 Ballades,
op. 10, puis au Thème et variations
en ré mineur et enfin à la Sonate en fa mineur, op. 5, en 5 mouvements contrastés et de longueur
inégale. Le remarquable pianiste a sélectionné le piano de concert Steingraeber
(1997-2002), avec une résonance bien présente, un toucher chantant, des nuances
extrêmes. Cet instrument convient pour les œuvres de Beethoven, de Brahms et,
en général, des romantiques. Rappelons que Brahms, pianiste virtuose, connaît
parfaitement les possibilités de l’instrument pour lequel il a réalisé
notamment ses Ballades.
N. Stavy s’impose par son jeu tour à tour énergique, méditatif et toujours
très expressif qui ravira les amateurs les plus exigeants.
Sommernachtskonzert Schönbrunn. 2CDs Decca/Universal (www.umusic.com) :
0028947668497. TT : 57’39 + 17’18.
Qui dit « musique autrichienne »,
pense immédiatement : valses des Strauss, Concert du Nouvel An… Le présent
disque évoque le Concert d’une nuit d’été au château de Schönbrunn, en
2008. Il est réalisé par le prestigieux orchestre des Wiener
Philharmoniker placé sous la direction de Georges Prêtre qui le dirigea pour la
première fois en 1963. Le volet autrichien comprend la valse bien
connue : Wiener Blut (Sang viennois), op. 354, l’Orpheus-Kadrille, op. 236 et Spanischer Marsch (Marche espagnole), op. 433 de Johann Strauss Fils ; Mondscheinmusik (Musique au Clair de Lune), extrait de Capriccio, op. 85, l’incontournable suite du Rosenkavalier de Richard Strauss.
Le volet français associe la Marche de
Rakovski (extraite de La Damnation de
Faust, op. 24) d’Hector Berlioz, España d’Emmanuel Chabrier et La
Valse (poème chorégraphique) de Maurice Ravel qui admirait beaucoup
l’Autriche et Vienne en particulier. Enfin, le compositeur américain
d’origine suédoise, ayant travaillé pour l’armée américaine en Europe entre
1942 et 1945, Leroy Anderson (1908-1975), figure avec l’une de ses œuvres les
plus connues : Bugler’s Holiday. Beau
panorama de musiques festives pour le divertissement des mélomanes et
bénéficiant d’interprétations de tout premier plan.
ALPENTÖNE : Ein Querschnitt durch das
Festival 2009. Musiques
suisses (mirko.vaiz@mgb.ch) :
MGB-NV 11. TT : 73’15.
Le projet culturel de la Migros (Coopérative
suisse), en coproduction avec la Radio DRS, vient de réaliser un enregistrement
pris sur le vif, avec des extraits du festival « Alpentöne 2009 » dévolu à la diffusion de la musique
traditionnelle, par le biais de la voix chantée et parlée ; d’instruments
à cordes : violon, contrebasse, guitare, mandoline, tympanon ; à
vent : Alphorn, saxophone
clarinette, trombone, tuba… ; à percussions, mais aussi : petit orgue
suisse (Schwyzerörgeli), accordéon et
bandonéon appartenant de longue date
au folklore helvétique. Le programme regroupe, entre autres, des Volkslieder du Tessin, des chants des
montagnes italiennes datant de la Première Guerre mondiale. Ces pages
envoûtantes et entraînantes font « résonner » les Alpes :
cloches de vaches, vents, échos, montée à l’alpage, fête avec rires et éclats
de voix. Ce CD recrée l’atmosphère typique de ce festival ayant lieu tous
les deux ans dans l’espace alpin (Allemagne, Autriche, France, Italie,
Slovénie, Suisse). Ces musiciens font preuve d’une grande inventivité.
Irrésistible.
Édith
Weber
Alexandre THARAUD : Chopin, « Journal
intime ». Mazurkas op.63 n°3,
op.68 n°2, op.7 n°2, op.17 n°4. Ballades n°1 et n°2. Fantaisie op.49. Nocturnes op. posthume et op.9 n°2. Largo en ut mineur. Trois Écossaises op.72
n°3. Contredanse en sib majeur. Fantaisie-Impromptu op.66. Alexandre Tharaud, piano. Virgin
Classics : 5099968 55652 5.
TT : 64'09.
Pour son premier disque chez
Virgin, Alexandre Tharaud a choisi Chopin vers lequel il
aime revenir souvent, « pour se faire plaisir ». L'album, en forme de journal intime, livre
ses interprétations de pièces qui lui sont chères, marquant des souvenirs
personnels ou des moments importants de sa vie de musicien. Mêlant formes connues, Mazurkas, Ballades, Nocturnes, et morceaux plus rares,
la Contredanse, le Largo ou les Écossaises, voilà un programme original qui
sort de ces volumes d’intégrales dont on nous impose si souvent
la manière. On se laissera séduire par la juxtaposition d’œuvres que
relie la seule thématique du bon plaisir. La
vision n’en est que plus enrichissante, d’autant
que les enchaînements sont judicieux. Tharaud, on le sait, n’est pas homme de l’affectation. Non
que le pianisme soit empreint de froideur objective. Tout
au contraire, il y a là une approche bien française de jouer le maître
polonais, à la fois réfléchie et poétique, héritée des anciens dont il se
réclame, un Vlado Perlemuter en particulier. Les
changements de climat s’imposent naturellement, tout
comme les contrastes s’avèrent
généreux. Le sens du drame est là quant il le
faut (2e Ballade), sérieux, pas austère ; la
fantaisie aussi, qui peut être espiègle (les Écossaises,
capricieuses miniatures). La palette de couleurs est
vaste et la vélocité douce, ne cherchant pas l’étalage
de virtuosité. On appréciera surtout ce
mélange rare de tendresse et d’ardeur, de spontanéité et de
réflexion, qui va bien au-delà du jeu simplement adorné de perfection.
Franz SCHUBERT : Quintette à cordes pour deux violoncelles,
D 956. Quatuor à cordes n°14,
D 810 « La jeune fille et la mort ». Quatuor n°15, D 887. Belcea
Quartet. Valentin Erben, violoncelle. 2CDs
EMI Classics : 9 67025 2. TT : 75’28 + 74’20.
Heureux retour du Quatuor Belcea
dans les studios, pour une somme de musique inégalée : des
pièces du dernier Schubert qui tutoient le tragique et interrogent l’âme. Le
climat sombre et dramatique qui enveloppe le Quatuor
dit « La jeune fille et la mort » trouve ici une puissante rigueur
intérieure, que ce soit dans le climat terrifiant du premier mouvement, presque
panique, les merveilleuses variations de l’andante,
le scherzo tranchant, telle une course à la mort, enfin le presto endiablé, sur un rythme de tarentelle, pris de plus en plus vite,
implacable. Le Quatuor
n°15, où
on décèle déjà l’importance accordée au violoncelle, est là
encore pétri de dramatisme. Le long premier mouvement a
des accents beethovéniens et des couleurs orchestrales, et le scherzo fait
penser à un morceau nocturne de Mendelssohn, en
plus démoniaque cependant. Le ländler qui en forme la
partie centrale prend ici des allures de danse au ralenti ; un
parti audacieux mais non dénué d’effet. Le
finale a quelque chose de troublant qui cèle une irrépressible angoisse.
Le Quintette pour deux violoncelles atteint les plus hautes cimes de l’inspiration.
Le doublement de la voix de basse comme celle des violons est, selon
Brigitte Massin, le signe d’« une volonté d’élargissement
orchestral ». Le tempo retenu,
choisi par les Belcea au premier mouvement, en
exprime le lyrisme naturel, et toute véhémence est contrôlée. Avec
le sublime adagio, ou l’extase en musique, l’élégiaque
céde peu à peu à l’inquiétude, un mode typiquement
schubertien. Le scherzo tout d’entrain
est tempéré par la mélancolie de son trio. Et le
finale a cette force inextinguible qui hisse cette exécution parmi les
meilleures au disque. C’est
que l’interprétation des Balcea se distingue par un large spectre sonore dont
se détachent des traits délicatement expressifs ppp, du
premier violon en particulier, et par un choix de tempos étonnamment
souples. Sans parler de la suprême finesse instrumentale,
que confirme la présence de Valentin Erben, celliste de feu le Quatuor Alban
Berg. La captation dans une ambiance ouverte et claire
ajoute à la plasticité sonore de ces exécutions.
Martha Argerich-Nelson Freire : SALZBURG. Johannes BRAHMS : Variations sur un thème de Joseph Haydn, op.56b. Sergei RACHMANINOV : Danses symphoniques op.45. Maurice RAVEL : La Valse. Versions pour deux pianos. Franz
SCHUBERT : Rondo D 951
« Grand Rondeau », pour piano à quatre mains. Martha Argerich, Nelson Freire, pianos. Universal/DG :
477 8570. TT : 72’12.
L’époque
est décidément au titre aguichant qui mise sur les noms célébres. La
réunion de ceux de Martha Argerich et de Nelson Freire peut sembler aussi
inattendue que nouvelle. Et pourtant il y a des
lustres que les deux musiciens ont entamé une complicité artistique qui s’est
déjà manifestée au concert et même au disque, forgée à l’aune d’une
longue amitié. Car ces immenses artistes
aiment se retrouver pour jouer à deux pianos avec une
aisance naturelle manifeste. Cette fois, c’est au
festival de Salzbourg, à l’été
2009, qu’ils ont gratifié le public d’un
concert d’anthologie. Que ce soit dans les
entraînantes Variations de
Brahms – arrangement par le compositeur de la version orchestrale – ou
dans les paroxystiques Danses
symphoniques de Rachmaninov, sa dernière grande œuvre publiée, on mesure ce que ces exécutions doivent à l’inspiration
du moment. La spontanéité est ici le vrai ressort, par delà
les difficultés du texte – en particulier dans la pièce russe. Plus
que la recherche de sonorités orchestrales dont elle est largement pourvue, les
deux pianistes démontrent comment faire sonner l’instrument
pour en extraire de mirifiques couleurs. L’élégance
est aussi une autre valeur que l’on
trouve dans le Rondo à quatre mains de
Schubert, un chant d’une délicatesse exquise, fusion idéale des
sonorités. Enfin, La
Valse, dans la version diabolique du compositeur, atteint l’incandescence
qui transfigure le feu d’artifice virtuose qu’est la
savante déconstruction de ce rythme de danse, avec ses glissandos, notes
filées, enfilades d’accords glorieux. Le
plus remarquable, c’est l’art
avec lequel les deux amis trouvent le ton juste pour chaque pièce. Cela
appartient, nul doute, au secret de ces génies du clavier.
Edward ELGAR : Concerto pour violoncelle op.85. Leoš JANÁČEK : Pohadka. Sergei PROKOFIEV : Sonate pour violoncelle et piano op.119.
Istvan Vardai, violoncelle, Balasz Fülei, piano.
Orchestre de chambre de Genève, dir. Simon Gaudenz.
Nascor : N506. TT : 67'10.
Lauréat du Concours
international de musique de Genève, le jeune celliste hongrois
Istvan Vardai interprète trois pièces marquantes du XXe siècle. Dernière grande œuvre d’Elgar,
son Concerto pour violoncelle (1919) se meut essentiellement dans le registre lyrique et privilégie les
mouvements lents. Il offre au soliste une
partie gratifiante, profonde, empreinte de douceur, alors que les envolées,
certes rares, n’en sont pas moins éloquentes. Peu
connu, Pohadka (« Le
Conte ») de Janáček
(1910), dont le contenu narratif a à voir avec quelque histoire surréaliste,
offre une écriture pétrie d’instabilité rythmique et des
pages tour à tour passionnées et primesautières. Le
lyrisme y est plus secret. La Sonate
pour violoncelle de Prokofiev (1949) est un des
chefs-d’œuvre du genre. Dédiée à Slava Rostropovitch, elle reste de facture classique. Là
aussi, la diversité des rythmes, au travers de courtes séquences
contrastées, garde à la composition toute sa fluidité. La
reprise des thémes confère à la pièce un caractère cyclique qu’affectionne
Prokofiev. La richesse motivique égale la beauté des lignes
mélodiques. Les phrases amples du violoncelle se coulent dans
les traits percussifs du piano. Quelques pointes d’humour
émaillent un discours dont est banni l’excès. Dans
ces partitions si différentes, Istvan Vardai, dont l’art s’inscrit
dans la lignée d’un Milklos Perényi, offre un jeu sobre,
sensible et assuré.
Serge PROKOFIEV : Roméo et Juliette.
Ballet en quatre actes, op.64. London Symphony Orchestra, dir. Valery Gergiev. 2CDs LSO Live :
LSO0682. TT : 138’58.
Ce disque propose la version
originale du grand ballet de Prokofiev, sans doute plus destinée à la salle de
concert qu’à la scène de théâtre. Dans ce qui fait figure d’opéra
sans paroles, où l’héroïque côtoie le lyrique, se décline une
action puissamment dramatique autant que chargée de passion. Grand
défenseur du maître russe, Valery Gergiev en ménage une exécution
enthousiasmante qui jamais ne se relâche, et d’un
raffinement extrême. La superbe palette qu’il
tire de son orchestre londonien laisse mesurer l’immense
travail achevé sur la sonorité, le rythme et la couleur. L’interprétation
porte justement l’accent sur l’intensité
du drame : tempos rapides, voire prestissimes (le combat),
grands climats qui conservent toute leur clarté (interlude), contrastes
saisisssants de dynamique soulignant les passages chambristes – un
des gains de cette version d’origine, dépouillée des ajouts
ultérieurs qui en ont manipulé la facture sonore en grossissant le trait. Le
grandiose n’est jamais pompeux et le lyrisme reste contrôlé, ne versant pas dans le
sentimental (scène du balcon). On se laisse séduire par ces
thèmes qui s’entrecroisent et reviennent en boucle sous
des formes variées comme par la magnifique originalité de l’orchestration
de Prokofiev, éminament inventive. Ainsi
de la Danse des mandolines associant, à ces
dernières, trompette et saxophone ténor ; de
tel autre trait alliant tambour de basque, flûte et xylophone ; ou
encore de l’exquise Danse des jeunes filles aux lys avec mandoline sur fond de trompette à la sonorité funèbre alors
que s’insinue une fine guirlande de violons suraigus, le
tout exécuté ppp. Il émane de cette exécution une tension palpable dont la captation live, d’une
grande finesse, saisit la quintessence.
Jean-Pierre Robert
Jean-Philippe
RAMEAU : Nouvelles suites de pièces
pour clavecin. La Dauphine.
Joël Pontet, clavecin. Saphir (www.saphirproductions.net) :
LVC 1110. TT : 68’58.
Composées vers 1728, ces Nouvelles pièces se répartissent en deux suites, l’une en la, l’autre en sol - se référant, d’une part, à la forme archaïque de la suite de
danses, d’autre part, aux pièces pittoresques ou aux portraits (Les trois mains, Fanfarinette, La Triomphante, Les Tricotets, La Poule, L’Indifférente, Les Sauvages, L’Égyptienne…). Dans la Suite
en sol, le compositeur fait preuve de singulières audaces harmoniques,
notamment dans… L’Enharmonique, pièce
liée aux exigences du tempérament égal. Après 1728, Rameau n’écrira plus guère
de pièces originales pour clavecin, si ce n’est La Dauphine, portrait qu’il improvisa, en 1747, à l’occasion du
mariage du Dauphin avec Marie-Josèphe de Saxe. Merci à l’excellent Joël
Pontet de nous restituer un corpus à tout le moins peu rebattu
Franz
SCHUBERT : Impromptus op.90,
D.899 et op.142, D.935. Alexei Lubimov, pianofortes Müller (1810) &
Schantz (1828). Zig-Zag Territoires (www.zigzag-territoires.com) :
ZZT 100102. Distr. Harmonia Mundi.
Réputé pour ses interprétations de compositeurs aussi bien
contemporains (Denisov, Schnittke, Pärt, Silvestrov, Cage, Riley…) que baroques
ou romantiques, le grand pianiste russe Alexei Lubimov nous offre ici, sur
pianofortes dûment restaurés, une relecture intense et ciselée de ces célèbres pièces.
Une redécouverte !
Hector
BERLIOZ : Symphonie
fantastique. Le Carnaval romain. Anima Eterna (www.animaeterna.be), dir. Jos van
Immerseel. Zig-Zag Territoires : ZZT 100101. Distr.
Harmonia Mundi. Abondante notice, signée Jos van
Immerseel.
D’après l’édition critique Urtext établie en 1972 par
Bärenreiter, l’ensemble « Anima Eterna Brugge » et son chef Jos van
Immerseel ont ici enregistré, au Concertgebouw Brugge, deux chefs-d’œuvre de
Berlioz. De manière à la fois classique & hallucinée, avec une prise
de son aux extraordinaires reliefs & dynamiques (bien que sur instruments
historiques).
Béla BARTÓK : Intégrale de l’œuvre pour l’orchestre et la
scène. Chicago
Symphony Orchestra, Berliner Philharmoniker, London Symphony Orchestre,
dir. Pierre Boulez. 8 CDs Deutsche
Grammophon : 477 8125.
Assurément bienvenue est cette compilation des œuvres de
Bartók dirigées par Boulez, interprète idéal dans ce répertoire. En
huit CDs : 1. Quatre pièces pour orchestre, Concerto pour orchestre. 2. Suite de danses, Deux images, Images hongroises, Divertimento pour cordes. 3. Concertos pour piano n°1 (Krystian Zimerman), n°2 (Leif Ove Andsnes), n°3 (Hélène Grimaud). 4. Concerto pour deux piano et percussion (Tamara Stefanovitch & Pierre-Laurent Aimard ; Nigel Thomas & Neil
Percy), Concerto pour violon n°1 (Gidon Kremer), Concerto pour alto (Yuri Bashmet). 5. Concerto pour violon n°2, Rhapsodies pour violon n°1 et n°2 (Gil
Shaham). 6. Le Château de Barbe-Bleue (Jessye
Norman, Lászlo Polgár). 7. Cantate profane (John Aller, John
Tomlinson), Le Prince de bois. 8. Le Mandarin merveilleux, Musique
pour cordes, percussion et célesta. Un indispensable !
Piotr Ilyich
TCHAIKOVSKY (1840-1893) : Variations
sur un thème rococo. Sergei PROKOFIEV (1891-1953) : Symphonie concertante. Gautier
Capuçon, violoncelle. Orchestre du Théâtre Mariinsky, dir. Valery
Gergiev. Virgin Classics : 969448607. Téléchargeable sur :
969448553. TT : 61’19.
Enregistré live à
Saint-Petersbourg, le 24 décembre 2008 (soirée de Noël), ce disque pérennisera
la mémoire d’un concert exceptionnel. Admirable conjonction, dans deux
œuvres majeures, de deux grands artistes. Nous savions le rare talent de
Gautier Capuçon ; et le mythique Valery Gergiev n’a-t-il pas - entre
autres faits d’armes - rendu à l’Orchestre du Mariinsky son prestige
d’antan ? Il est toutefois évident que le jeune violoncelliste se
sent davantage inspiré – à juste titre selon nous – par l’œuvre de Prokofiev.
Christophe
DESJARDINS, altiste : Alto + Multiples. 2CDs Aeon (www.aeon.fr) : AECD 0981.
TT : 146’23.
« J’aime l’alto pour son ambiguïté » déclarait
Pierre Boulez lors de la création de ses Messagesquisses.
De par sa facture, en effet, cet instrument fait l’objet d’une recherche permanente
d’équilibre entre divers compromis. Passionné de musique contemporaine,
Christophe Desjardins a obtenu de nombreux compositeurs qu’ils enrichissent le
répertoire du violon alto. Ainsi le premier CD comporte-t-il des œuvres
pour alto seul de Paul Hindemith, Bern Aloïs Zimmermann, Luciano Berio, Gérard
Grisey, Emmanuel Nunes, Elliott Carter. Intitulé Multiples, le second CD propose des œuvres plus élaborées - grâce
au re-recording ou à l’utilisation des techniques de multiplication que permet
l’électronique (délais, transpositions, diffusion de fichiers sonores
préenregistrés…). Œuvres de Gilles Binchois/Georg Kröll, Pierre Boulez,
Johannes Ockeghem/Bruno Maderna, Wolfgang Rihm, Domenico Gabrielli, Jonathan
Harvey, Carlo Gesualdo/Christophe Desjardins, Ivan Fedele.
Une entreprise convaincante et musicalement aboutie.
Stéphane BLET,
pianiste, joue Moussorgski (Les tableaux
d’une exposition) & Schumann (Kreisleriana).
Marcal Classics : MA091101. Intégral Distribution. TT :
59’38.
Avec le romantisme exacerbé qui est le sien, le flamboyant
Stéphane Blet vient d’enregistrer Schumann & Moussorgski.
Interprétations éminemment narcissiques, à mille lieues de cette froide
objectivité - neutralité inexpressive - dans laquelle se réfugient aujourd’hui la
plupart de ses confrères. Contrastes permanents de dynamiques et de
nuances, rubatos à la limite de l’impudicité ne sont certes pas dans l’air du
temps. Mais il n’est nullement interdit de penser que c’est ainsi que
jouait un Franz Liszt. Et une fois ce préalable accepté, il n’est que de
se laisser embarquer…
Thierry GERVAIS,
trompettiste, joue Pakhmutova, Glière, Leoncavallo, Galliano &
Vonderscher. Tutti Records (www.indesens.fr) :
TUT 001. Distr. Codaex.
À l’exception de la transcription du fameux « Ridi, Pagliaccio » de Leoncavallo
(1857-1919), que des découvertes au répertoire de ce fougueux jeune trompettiste : Konzert d’Alexandra Pakhmutova
(°1929), Concerto de Reinhold Glière
(1874-1956), Trois danses de Richard
Galliano (°1950) et Prelude & Funk d’Olivier Vonderscher (°1968)…
Franz LISZT
(1811-1886) : Pièces pour le piano par Jean Muller. Fondamenta (www.fondamenta.fr) :
FON 09 01 003. TT : 67’08.
Intenses et d’une belle sensibilité romantique sont les
interprétations de ce brillant pianiste luxembourgeois. En témoignent,
d’emblée, les pièces fort célèbres (originales ou transcrites) qu’il aura
retenues : Liebestraum, Valse de Faust de Gounod, Nuages gris, Valse-Impromptu, Sonnet de Pétrarque, Consolation, Réminiscences de Don Giovanni, Harmonies
du soir, Frühlingsglaube d’après
Schubert.
Pierre WISSMER
(1915-1992) : Le Quatrième Mage.
Livret : William Aguet. Récitant : Michel Lonsdale.
Judith Gauthier (soprano), Michel Fockenoy (ténor), Jean-Louis Serre
(baryton). Chœur & orchestre de La Trinité, dir. Fabrice
Gregorutti. 1CD + 1DVD Marcal (01 64 31 16 82. marc.lipka@wanadoo.fr) : MA 090401.
Intégral Distribution. TT : 52’25.
Pour cet oratorio créé sous sa direction, en 1965, à la
Radio suisse romande, Pierre Wissmer reçut le prestigieux Prix Paul
Gilson. Évidente est la foi de ses interprètes en les qualités éminemment
néoclassiques d’une œuvre où l’on peut déceler les influences conjuguées de Roger
Ducasse, de Jean-Yves Daniel-Lesur, voire d’Arthur Honegger. En récitant,
Michel Lonsdale fait preuve d’une louable sobriété. On peut toutefois
regretter quelques défauts de gravure, mais cela ne tient-il pas à mon
exemplaire personnel de ce coffret ?
POUR LES PLUS JEUNES
Conte d’ABYGAËLLE,
musique de J’HEL : Voyage au pays de
Ma Nonkak. Hybrid’music (www.hybridmusic.com) :
A415652.
Douze titres composent cette sympathique production – de
réalisation quasi familiale et empreinte des meilleurs sentiments. Ses royalties
seront, en effet, reversées à l’association pour les handicapés du cirque, Le rêve de Norinia (www.lerevedenorinia.com). Dès
2 ans.
Chansons choux n°9. Textes : Bernard
Peyranne. Musique : Claude & Patrick Fried. Chant :
Jessica. Victorie Music : 301 809 1.
Distr. Universal.
Dans ce 9e album d’une collection de « Chansons
pour rêver, jouer et apprendre », sont réunis « 14 champs-sons »
sur les bruits quotidiens qui jalonnent la vie des tout-petits au fil des
saisons : bruit rassurant de maman dans la cuisine, de la télévision au
salon, du vent dehors, des pompiers dans la ville, etc. Avec en outre,
bien sûr, leurs 14 versions instrumentales....
Textes charmants, jolies interprétations par une voix
claire et fraîche - sur des musiques quelque peu convenues (extraits en écoute
sur : www.club-tralalere.com).
Francis Gérimont
DVD
Claude DEBUSSY : Pelléas
et Mélisande. Natalie Dessay, Stéphane Degout, Laurent Naouri, Marie-Nicole Lemieux, Philippe
Ens. Radiosymphonieorchester Wien,
dir. Bertrand
de Billy. Virgin Classics :
696 1379 1. TT : 163'.
La production de Pelléas
et Mélisande qui fit sensation à Vienne en janvier 2009, est
désormais disponible en DVD. Il faut d'abord en signaler
l'excellence de l'exécution musicale. Un orchestre aux
sonorités fondues, enrobant le chant, sans rechercher l'effet. Une
distribution de premier plan adornée par un Golaud d'une intense force
intérieure et d'une tragique franchise, un Pelléas généreux irradiant de jeunesse, une Mélisande tout sauf passive, cultivant l'ambiguïté
plus encore que le mystère. Tout sonne juste, que ce soit
la vraie simplicité de la diction ou la spontanéité inouïe de l'expression. La
mise en scène de Laurent Pelly, filmée avec doigté, livre, dans
son austère vision, le poids de tristesse ineffable qui règne alentour dans un
dédale de lieux enfoncés dans la pénombre. Elle
est centrée sur le drame que vit et déchaîne Golaud. Et
quelle force dans ces visages murés dans leur secret, cette gestuelle
spontanée ! La prégnance aussi des échanges est bouleversante : entre
Pelléas et Mélisande au fil de leurs rencontres, improbable au bord de la
fontaine, enflammée au pied de la tour, désespérée à l'ultime
rendez-vous ; entre Arkel et Mélisande, d'une poignante
pudeur ; ou encore opposant Golaud et Pelléas qu'enserrent
d'implacables sous-entendus. La
progression dramaturgique se vit comme irrépressible. Le
film rend même du sens aux effets de proximité
recherchés par Pelly. Ainsi de la scène finale qui
a pour théâtre une pièce si exiguë que les protagonistes paraissent comme
blottis auprès de la couche où repose Mélisande. Le
questionnement de Golaud, penché en avant par-delà
la tête du lit, est presque insoutenable dans sa violence non contenue.
Jacques OFFENBACH : Orphée
aux enfers. Natalie Dessay, Yann Beuron, Laurent Naouri, Jean-Paul Fouchécourt, Virginie
Pochon. Chœurs
& Orchestre de l'Opéra de Lyon,
dir. Marc Minkowski. Arthaus Musik : 107 105.
TT : 123'.
Le hasard des parutions fait
revenir sous les feux de l'actualité Orphée aux enfers, une
des premières productions du même Pelly qui, à
l'Opéra de Lyon, se confrontait déjà à l'univers léger d'Offenbach. La
verve impertinente qu'on lui connaît est là, toute d'ironie feutrée, distillant
la mécanique comique en autant de gags d'une désopilante fantaisie avec juste
ce qu'il faut d'ironie. Pour preuve : un
tableau de l'Olympe époustouflant, aussi éthéré que seront
empoussiérés ensuite les Enfers, et envahi d'une multitude
d'oreillers et de blanches échelles par lesquelles se hissent sur les hauteurs
les gens venus d'en bas. Les péripéties de cet Orphée à l'envers
sont le fruit d'un imaginaire aux ressources infinies, aussi
bien dans les joutes acérées confrontant les personnages que dans les ensembles
d'une franche drôlerie. Voilà de l'antique qui se
moque volontiers de lui-même et des conventions, tout comme Offenbach raille ce
mythe opératique éternel. Les dialogues dégourdis
évitent l'écueil du convenu et les mouvements de danse singent ironiquement les
pas classiques. Le rendu filmique capte
habilement les ébats léthargiques ou infernaux, quelques gros plans en
soulignant à l'envi la tournure de farce. Le festin vocal est à la hauteur : une Eurydice d'un piquant à
toute épreuve, un Jupin à l'allure décontractée. Sous
les doigts de Marc Minkowski, la bonne humeur déborde
pareillement d'un orchestre enjoué et raffiné dont émanent, comme du plateau,
moult clins d'œil gourmands.
Richard STRAUSS : Der
Rosenkavalier. Renée
Fleming, Sophie Koch, Diana Damrau, Franz Hawlata, Franz Grundheber, Jane
Henschen, Janos Kaufmann. Münchner Philharmoniker, dir. Christian Thielemann.
2DVDs Universal/Decca : 074 3340. TT : 211'.
Peut-on imaginer plus fastueuse production du Chevalier à la rose que
celle d’Herbert Wernicke, filmée au Festspielhaus de
Baden-Baden ? D'habiles effets de miroirs encadrent une mise en scène qui actualise avec goût et naturel cette « comédie en
musique » où se mêlent, de manière si typiquement viennoise, comique et tragique. Le vaste espace théâtral
recrée l'illusion à laquelle s'adonnent les personnages, la nostalgie qui les
enserrent. Il est aussi un clin d'œil
aux fastes d'un passé révolu ; tout comme à la somptuosité
des productions qu'on a connu de cet opéra. Les
thèmes de la fuite du temps, du doux renoncement à l'amour, des aléas
d'imprudents jeux amoureux ne souffrent aucune affectation et pas une
indication du libretto n'est négligée. Il
semble que rien ne vienne troubler ces figures d'une autre époque, dont il
émane aussi une grande tendresse. La
captation de Brian Large, sur le vif de la représentation, en livre toute la
spontanéité. Et quelle affiche ! Dominée par un trio féminin quasi idéal aujourd'hui, symbiose de l'aristocratie
du chant et de l'élégance scénique, la distribution est léchée jusque dans le
moindre détail. Le discours musical, d'une
vraie couleur straussienne, irradie de lumière et enveloppe amoureusement les
effluves vocales. La ligne mélodique généreuse,
traversée de mirifiques nuances, est irrésistiblement séduisante, comme à
l'heure du fameux trio, incandescent.
Jean-Pierre Robert
***
Haut
S’ouvrant sur un éditorial de l’Inspecteur général de
l’Éducation nationale, M. Vincent Maestracci, orientant de façon concise
l’élève dans son travail, le supplément Baccalauréat 2010 de L’éducation musicale est d’une rare densité :
pas moins de 148 pages d’analyses et références.
Indispensable
aux professeurs d’Éducation musicale et aux élèves de Terminale qui préparent
l’épreuve de spécialité « série L » ou l’épreuve facultative
« Toutes séries générales et technologiques du baccalauréat », cette
publication réunit les connaissances culturelles et techniques nécessaires à
une préparation réussie.
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Au Sommaire de notre n°564 (Janvier/février 2010):
Dossier: “L’Opéra, miroir d’avenir”: Gioacchino Rossini, les préméditations du nouveau génie lyrique/ La voie française des voix françaises/ Regard de l’esprit contemporain sur les valeurs de l’Opéra/ L’ Opéra Comique et son public, une relation à réinventer/L’ Opéra, service au public?/ Sur les tendances actuelles de la mise en scène d’opéra/ Le poids du passé peut-il compromettre l’avenir de l’art lyrique?/Annick Massis: le refus du compromis.
Analyses: Toccata de Serge Prokofiev/ Education musicale et imaginaire
Divers: La grille d’Hélène Jarry..

Dossiers déjà parus dans L'éducation musicale

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à l’époque des Ballets russes
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Dossiers à paraître :
- Révolutions et musique
- Opéra, miroir d'avenir
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Laëtitia Girard
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