Véronique Alexandre JOURNEAU (dir.) : Le surgissement créateur. Jeu, hasard ou inconscient.  L’Harmattan.  293 p.  29,50 €.

Après les deux ouvrages : Musique et effet de vie (2009) et Arts, langue et cohérence (2010) déjà recensés dans la Lettre d’information, les lecteurs s’attendaient à une nouvelle exploitation de l’un des aspects de la théorie de L’effet de vie lancée et fondée par le professeur Marc-Mathieu Münch.  Or, ce livre manque quelque peu de cohérence théorique.  Il est marqué par la multiplicité des approches et des horizons intellectuels. Dans sa Préface, Menene Gras Balaguer part du néostructuralisme linguistique qui est en contradiction avec l’« effet de vie ».  Si quelques articles cherchent à valoriser l’« effet de vie », certains vont dans d’autres directions. Au fil des pages, différents cas sont abordés, par exemple : vers chinois ; styles de calligraphes chinois ; roman et rôle de l’improvisation chez Forsythe, forme du jeu en art faisant intervenir le hasard et l’inconscient ; hasard dans une composition de musique mixte, mais aussi importance de la thérapie, de l’humour et de l’inconscient (Erik Satie)… allant jusqu’à l’apport des neurosciences à la théorie de l’art dans le sillage de l’esthétique moderne. « Il semblerait que le surgissement créateur se produise dans un entre-deux, le va-et-vient entre l’inconscient et le conscient ou le basculement de l’intuition en intention, voire un entre-trois quand le hasard s’en mêle. »  Étayé d’exemples musicaux et d’illustrations (calligraphies, analyses, sonagrammes…), ce volume se veut interdisciplinaire, international et inter-esthétique, dans le cadre d’une problématique peut-être trop diversifiée.

 

Description : SurgissementCréateur

 

 

Alain JOLY : Jean-Sébastien Bach.  « Prier 15 jours avec… », Nouvelle Cité (www.nouvellecite.fr), Bruyères-le Châtel, 2012.  126 p.  12,50 €.

Voici le premier numéro consacré à un musicien d’église sur les 158 prévus dans la collection pratique bien connue : « Prier 15 jours avec… ».  Après une biographie succincte, de nombreux témoignages attestent la visée et la profondeur spirituelles de J.-S. Bach qui a exercé ses fonctions d’organiste, compositeur et cantor selon la devise : Soli Deo gloria. Chaque « jour » parmi les 15 en témoigne et est suivi d’une brève prière.  A. Joly, à l’aide de documents authentiques : extraits de cantates, chorals (traduits en français), de La Petite Chronique d’Anna Magdalena Bach, de lettres, quittances, pages de titre…,  aborde de nombreux thèmes éthiques et religieux : le 9e jour insiste sur « Un fils prodigue » (c’est-à-dire : Johann Gottfried Bernhard, 3e fils de Bach « affligé »), associé à la parabole du Fils prodigue, évoquant la vie familiale (9e jour) et confirmant ses connaissances approfondies de la Bible de Calov datée de 1732, conservée aux États-Unis, avec sa signature et ses annotations relatives aux textes de cantates retenues).  La musique est présente aux jours 10 et 11.  De l’ensemble de ces documents, il résulte que la volonté du Cantor était d’« établir une musique religieuse bien réglée » (c’est-à-dire selon la tradition liturgique) et de transmettre la joie du musicien d’église.  Ces 15 jours de prière sont associés aux temps liturgiques, à l’ancrage dans la vie quotidienne, à l’unio mystica (2e et 12e jours, avec la Cantate pour la sainte Cène : Schmücke dich, o liebe Seele) déjà lancée par Bernard de Clairvaux et reprise par les Piétistes, à d’autre attitudes, par exemple : la fidélité (3e et 4e jours), l’espérance et la consolation (8e jour), l’obéissance (13e  jour).  Comme le Cantor l’eût souhaité, le dernier jour est réservé à la prière humble.  Grâce à l’ingéniosité de l’auteur, le titre permettra aux non-croyants de mieux saisir l’attitude du Cantor de Leipzig vis-à-vis de la Bible et de la religion ; en revanche, les fidèles seront aussi sensibles aux intentions de prière dans une optique chrétienne.  Assurément, A. Joly a atteint l’objectif de la collection, tout en révélant les multiples facettes de la spiritualité et de la musique de Bach, organiste, compositeur et le plus grand Cantor de tous les temps, et sa vocation de musicien d’église.

 

Édith Weber.

 

 

Jean-Michel MOLKHOU : Les grands violonistes du XXe siècle.  Tome 1 : de Kreisler à Kremer, 1875-1947.   Buchet/Chastel.  14 x 20,5 cm, 382 p.  23 €.

Cet ouvrage se veut une hagiographie des interprètes qui ont marqué de leur empreinte le violon. L'auteur explique combien l'enregistrement sonore a, de manière radicale, permis une auscultation du jeu et, partant, de la personnalité de ces musiciens, par rapport à ceux des siècles précédents, dont la façon de jouer n'était connue que par l'écrit.  Sans rechercher l'exhaustivité, le livre réunit, au fil de 50 portraits, les montres sacrés et – dit l'auteur - « tous ceux qui nous semblent avoir marqué significativement l'histoire du violon au XXe siècle ». La forme adoptée emprunte au mode dictionnaire, mais selon un classement chronologique, par ordre d'apparition devant le public.  Fin connaisseur de l'art du violon et de ses interprètes, J.-M. Molkhou trace ces passionnantes figures, selon un schéma d'analyse identique : carrière, spécificité du jeu, instruments joués, discographie sélective.  Outre les noms familiers, on y trouve quelques grandes figures décisives, tel Enesco, « le père spirituel de Menuhin », ou des personnalités ayant jalonné l'interprétation, comme Ginette Neveu ou Christian Ferras. Voire des noms un peu oubliés, comme Oscar Shumsky ou Franco Gulli. Ce qui fait le prix de l'étude, c'est, outre son caractère compréhensif, la manière de relever, en quelques phrases, ce qui caractérise chacun, les points saillants de son parcours, et quelques réflexions plus perspicaces sur le musicien.  Il n'est, certes, pas aisé de différencier des virtuoses tous placés au niveau le plus haut, de tenter d'établir de subtiles différences, pour faire « la distinction entre jouer magnifiquement du violon et jouer magnifiquement la musique sur un violon », selon la formule du critique Michael Steinberg, à propos de celle que s'autorisait à faire le public de Szigeti, le comparant à Heifetz.  Encore moins de les définir d'un mot : Kreisler, « Le roi des violonistes », Oistrakh, « Le roi David », Szigeti « L'aristocrate du violon », ou encore Heifetz, « La référence », et Kremer, « l'anticonformiste ».  L'analyse, nécessairement limitée, ne signifie pas qu'elle soit superficielle.  Loin de là, et c'est le grand mérite du livre que de dessiner en quelques phrases, le contour essentiel de l'interprétation de chacun.  Et encore de revisiter l'histoire de la musique du siècle dernier, à travers la carrière de fabuleux solistes, comme d'éminents chambristes. Un chapitre de notices biographiques ajoute de précieux renseignements sur les pédagogues et les professeurs.  Une bibliographie et des illustrations sonores, réunies en deux CDs, complètent avantageusement un ouvrage unique.

 

 

 

Alfred BRENDEL : Réflexions faites.  Buchet/Chastel.  14 x 20,5 cm.  236 p. 17 €

Les éditions Buchet et Chastel ont la bonne idée de rééditer des ouvrages essentiels de leur fonds musical. Celui-ci en est assurément un.  Parue en 1982, cette monographie en forme d'essais sur des maîtres que Brendel côtoie depuis toujours, a été enrichie et complétée, certains même remaniés sérieusement, dit l'auteur, notamment ceux écrits sur Liszt qu’« il est plus facile de critiquer que de faire l'éloge ».  Brendel s'est désormais tu au piano, mais demeure un essayiste engagé et un conteur passionné. Rien d'étonnant à ce qu'il cautionne cette reprise. Il prévient même de l'existence de possibles contradictions, à l'aune de la démarche paradoxale de tout interprète, qui « doit suivre à la lettre le compositeur et obéir à l'humeur du moment ».  Beethoven, Schubert et Liszt se partagent l'essentiel de ces réflexions. À propos de l'interprétation des Sonates de Beethoven, la question de la fidélité au texte, un concept tout relatif, car l'interprète ne saurait mettre entre parenthèse ses propres sentiments, comme celle du danger d'une recherche de « l'expression la plus convaincante » qui assurerait un immanquable succès, sont autant de paramètres  essentiels.  Traitant de Schubert, Brendel s'attaque aux préjugés qui entourent ses compositions au piano, leur défaut d'aura pianistique en particulier. Cette dernière critique est sans doute moins vivace aujourd'hui. Il n'est que d'écouter le pianiste pour se persuader du contraire.  Liszt, à la fois l'incompris et le populaire, vaut des saillies caustiques, mesurées à l'aune d'une vraie admiration.  Autre musicien pour lequel  s'enflamme la plume de Brendel, Ferruccio Busoni, dont il s'est fait l'ardent défenseur de la musique, et pas seulement de piano.  Interprète, dont le jeu « illustre le triomphe de la réflexion sur la virtuosité », et compositeur préoccupé de libération de la convention formelle, Busoni est à ses yeux un esprit universel.  Car il puise son inspiration auprès de Bach aussi bien que de Liszt, rapprochant le « recueillement contemplatif » de l'un et la « magie sonore à la fois théâtrale et mystique » de l'autre.  De belles digressions vont à l'idole Edwin Fischer. Et de poser la question de ce qu'est le génie au piano : « c'est jouer d'une manière à la fois exacte et audacieuse ». L'exactitude ressortit au métier d'interprète, l'audace est affaire de communication avec le public. « Aux prises avec les pianos » compose un chapitre revigorant. La qualité de l'instrument, ses réglages, la responsabilité de l'accordeur, le piano moderne et la question de la production en série ouvrent la voie à des réflexions percutantes, où le paradoxe le cède à l'évidence.  Ainsi de la considération selon laquelle il existe « une foule de facteurs qui viennent contrarier les efforts du pianiste pour s'adapter à un instrument et à une salle » : l'écart entre le temps de la répétition, dans une salle vide, et celui du concert, paré de ses auditeurs, la disparité du son parvenant à ces derniers, loin d'être celui qu'entend le pianiste sur scène, la qualité de l'écoute, etc.  À savourer.

   

Jean-Pierre Robert.

 

 

Martin KALTENECKER & Karine LE BAIL (Sous la direction de) : Pierre Schaeffer  (1910-1995).  Les constructions impatientes.   CNRS Éditions (www.cnrseditions.fr).  19,5 x 25,5 cm,  224 p., ill. couleurs, n&b et fac-similés sépia.  29 €.

Juste hommage est ici rendu au père de la « musique concrète », lequel mit en question les notions d’écoute, de timbre, de son… Richement illustré de partitions, manuscrits, photographies & dessins, ce fort volume éclaire la trajectoire d’un personnage hors norme.  Sous la plume d’éminents spécialistes de divers domaines : Chantal Meyer-Plantureux, Hervé Serry, Philip Nord, Lucie Kayas, Christopher Brent Murray, Karine Le Bail, Giordano Ferrari, Peter Manning, Esteban Buch, Étienne L. Damome, Philippe Langlois, Martin Kaltenecker, Bram Ieven.

 

 

 

Marie-France CASTARÈDE : Chantons en chœur.  Préface de Carlo Maria Giulini.  Les Belles Lettres (www.lesbelleslettres.com). 13,5 x 21 cm, 262 p. 21 €.

Dans cet essai sur « La fraternité des chœurs », le réputé auteur de La voix et ses sortilèges et de Psychanalyse de l’opéra exalte une institution millénaire consacrant la victoire de l’harmonie sur la discorde, de la solidarité sur l’égoïsme, de l’union sur la solitude.  En huit chapitres, riches d’anecdotes : L’illusion artistique, L’illusion groupale, Histoire du groupe choral et/ou musical, La formation du chœur de l’Orchestre de Paris, Cythère ou l’illusion chorale, Le chef d’orchestre, Le sens de la culture, Le salut par l’art.   En annexes : Entretiens avec Arthur Oldham, Daniel Barenboïm & Pierre Boulez.  Stimulant !

 

    

 

 

Ziad KREIDY : Les avatars du piano. « L’éducation musicale », Beauchesne (www.editions-beauchesne.com).  16,3 x 21 cm, 80 p., ex. mus.  14,50 €.

Sous la plume de l’éminent pianiste & musicologue franco-libanais Ziad Kreidy, voilà un incontournable !  Où réponse est apportée aux questions : En quoi les premiers pianos étaient-ils si différents ? En quoi l’instrument influence-t-il l’écriture d’un compositeur ?  Les pianos modernes ont-ils les qualités des pianos anciens ? Qui a raison, des tenants des uns ou des autres ?  Ces questions ont-elles, en définitive, un sens ?  Cinq principaux chapitres : Pianos anciens, pianistes modernes / Glossateurs de pianos / Résonance & équilibre des registres / Puissance du son & aléas historiques / Illusion de l’histoire.  Essai illustré de nombreux extraits de partitions.

 

 

Éric HUMBERTCLAUDE : La liberté dans la musique (Beethoven, Souvtchinski, Boulez).  Aedam Musicae (www.musicae.fr).  14,5 x 20,5 cm, 226 p., tableaux, ex. mus.  20 €.

Depuis le piano balbutiant sur lequel improvisait le jeune Beethoven, « inventant une vibration discontinue et ininterrompue » propre à l’instrument, jusqu’aux technologies balbutiantes auxquelles un Gérard Grisey & un Tristan Murail extirperaient bientôt un in/entendu similaire à celui de leur grand prédécesseur, l’auteur du présent essai distingue « un état premier de la musique ».   Nous invitant ensuite à méditer autour des intuitions sur le son & la création musicale d’un Pierre Souvtchinski (1892-1985).  Pour s’interroger enfin sur Notation II pour orchestre de Pierre Boulez, « partition la plus érudite de la fin du XXe siècle ».  Ouvrage assorti d’une conférence imaginaire intitulée « La musique, les pieds sur terre » où l’auteur envisage la possibilité d’une musique future - au-delà de celle que l’on dit contemporaine, « irréversiblement inactuelle ».  L’ouvrage est dédié à la mémoire du regretté Alexandre Tissier.

 

 

 

Bernard LECHEVALIER, Hervé PLATEL, Francis EUSTACHE et alii : Le cerveau musicien. Neuropsychologie  & psychologie cognitive de la perception musicale.  « Questions de personne », De Boeck (www.deboeck.com), 2010.  16 x 24 cm, 324 p., schémas, ex. mus.  42 €.

Comment percevons-nous la musique ?  Quels sont les désordres observés dans la perception musicale à la suite de lésions cérébrales ?  Comment les dernières techniques d'imagerie cérébrale montrent-elles le traitement cérébral de la musique ?  Toutes questions synthétisées dans « Le cerveau musicien », dossier inclus dans le n°572 de notre revue (L’éducation musicale, septembre/octobre 2011). 

Problématiques ici développées : Fluctuations des systèmes musicaux : aspects culturels / Analyse & étude comparative des stimuli auditifs : musique, langage, bruit / Traitement musical au niveau du cortex auditif / L’amusie dans le cadre des agnosies auditives /  Énigme de la localisation des amusies / Autonomie & fractionnement du Système de reconnaissance musicale / Perception des timbres / Écouter & jouer : processus d’organisation temporelle / Perception de la musique chez les bébés / Musiciens & non-musiciens perçoivent-ils la musique différemment ? / La musique sous l’électrode / Imagerie fonctionnelle cérébrale & perception auditive / Anatomie fonctionnelle de la perception & de la mémoire musicale / Chanter juste, chanter faux…  Un ouvrage fondamental.

 

 

 

Joseph DELAPLACE (Sous la direction de) : L’écriture musicale de Bernard de Vienne.  « Arts 8 », L’Harmattan.  13,5 x 21,5 cm, 206 p., ex. mus.  21 €.

Venu de l’ethnomusicologie, Bernard de Vienne (°1957, Tunis) se partage  entre pratique instrumentale (il est flûtiste) et composition (pour soliste, chœur mixte, orchestre symphonique…). Au sein de cet ouvrage se croisent - illustrés de nombreux exemples musicaux - les points de vue d’interprétes (Yves Charpentier), de compositeurs (Bruno Giner) & d’universitaires (Jean-Paul Olive).  Consulter : http://bernarddevienne.wordpress.com

 

     

 

 

Vincent DELECROIX : Chanter. Reprendre la parole.  Flammarion (www.editions.flammarion.com).   13,5 x 21 cm, 352 p.  19 €.

Le chant témoigne intensément de notre présence au monde : faire entendre sa voix dans sa parole, reprendre la parole : chanter !  Au plus près de l’expérience, le philosophe et romancier Vincent Delecroix a partagé l’ouvrage en quatre parties : Nous chantons / Mythes / L’art et la chanson / Devenir lyrique.   Un écrivain et un essai majeurs…

 

 

 

Vincent DELECROIX (Présentation par) : Petite bibliothèque… du chanteur  Flammarion (www.editions.flammarion.com).   11 x 18 cm, 352 p.  8 €.

Formidable complément de l’ouvrage ci-dessus recensé, voilà un florilège de textes – souvent admirables - consacrés au chant : Commencements du chant (Carpentier, Beaumarchais, Rousseau, Chabanon, Kierkegaard, Leiris), Chanter dans la vie (Pergaud, Tchekhov, Hugo, Quignard, Tourgueniev, Mérimée, Balzac, Dostoïevski, Hoffmann, Nerval, Alain-Fournier, Hemingway, Malraux), Mythes et fables (Homère, Platon, Ovide, La Fontaine, Heine, Apollinaire, Kafka, Quignard, Rilke, Blanchot), Chanteurs et chanteuses (Sand, Fernandez, Verne, Berlioz, Barthes, Schuhl), L’opéra en question (Diderot, Goethe, Hoffmann, Flaubert, Berlioz, Tolstoï, Nietzsche, Kraus, Poizat), La voix du poète (Valéry, Senghor, Maulpoix, Nietzsche, Hugo, Lamartine, Rimbaud, Whitman).  De chevet…

 

 

 

Joëlle-Elmyre DOUSSOT : Vocabulaire de la musique vocale.  « Musique ouverte », Minerve (www.editionsminerve.com).  15 x 21 cm, 256 p., ex. mus.  22 €.

Déjà auteur, dans la même collection, d’un remarquable Vocabulaire de l’ornementation baroque, la musicologue nous livre cette fois  - eu égard à l’engouement que connaît aujourd’hui le chant – l’utile Vocabulaire ad hoc.  Dont l’objet est de brosser le tableau le plus complet possible de cet art, nonobstant les innombrables évolutions qu’il aura subies au fil des siècles, d’un peuple à l’autre.  Quelque 550 termes ou expressions (de Abendmusik à Zeitoper) ont été ainsi retenus, souvent illustrés d’exemples musicaux et toujours assortis de l’utile indication : « Voir aussi… ».  Bibliographie, index nominum.

 

 

 

Jean-Jacques BEDU : Pablo Casals. Un musicien, une conscience.  « Découvertes  Gallimard » (www.decouvertes-gallimard.fr). 12,5 x 17,8 cm, 128 p., ill. n&b et couleurs.  13,60 €.

À l’occasion de la 60e édition du Festival Pablo Casals de Prades, bienvenue est cette petite monographie, parue dans la merveilleuse petite collection « Découvertes » de Gallimard.  Où est retracé l’itinéraire d’un homme & d’un musicien hors du commun, qui - honni à la fois des franquistes et des communistes - dut se résoudre à l’exil.  Cinq chapitres : Né musicien / L’envol et la consécration / Un chef à Barcelone / Prades, l’exil de la liberté / La conscience de notre temps.  En annexes : Témoignages & documents.  Que soit ici remercié Jean-Jacques Bedu, lui-même de souche pradéenne, pour ce bel et nécessaire hommage à un éminent artiste & humaniste.

 

 

 

Alain STEGHENS & Frédéric PLATZER : Le Top 100 de l’Opéra.  Ellipses (www.editions-ellipses.fr).  14,5 x 19 cm, 208 p.  12,70 €.

Déjà auteur, chez le même éditeur, du Top 100 du Classique et du Top 100 du Jazz, Frédéric Platzer nous livre - avec, cette fois, le concours du regretté Alain Steghens (1962-2009) – le très attendu Top 100 de l’Opéra.  Où sont recensés, dans l’ordre chronologique, cent ouvrages lyriques, de L’Orfeo & L’incoronazione di Poppea (Claudio Monteverdi) à Angels in America (Peter Eötvös) & Julie (Philippe Boesmans).  Un même plan a été adopté pour chaque œuvre : Carte d’identité / Rôles et voix / Le compositeur / L’œuvre / Argument / Bonus (éléments en rapport) / DVD (références d’éventuelles versions filmées).  Un formidable outil de vulgarisation – au meilleur sens du terme !

 

 

 

Mehdi BELHAJ KACEM : Opera Mundi.  La seconde vie de l’opéra, 1.  « Variations XX », éditions Léo Scheer (www.leoscheer.com).  14 x 19 cm, 70 p. 12 €.

Où l’on voit un ardent cinéphile (ex-disciple d’Alain Badiou) découvrir, sur le tard, l’opéra – sous la seule forme de DVDs.  Visionnant plusieurs versions des mêmes ouvrages…  Florilège de ses chroniques : Salomé, Don Giovanni, Wozzeck, La Clemenza di Tito, L’Incoronazione di Poppea, Œdipus Rex/ Œdipus der Tyrann, Moïse et Aron.  Roboratif en diable, superbement écrit !

 

 

 

Denis LEVAILLANT : Éloge du musical.  « La joie de découvrir », DLM éditions : DLM 2412.  Distr. : www.pollen-diffusion.com  14 x 20 cm, couverture à rabats,  110 p.  12 €.

Selon l’auteur - compositeur & philosophe de formation - le musical peut être « au centre d’une véritable intellection du monde, par sa propre énergie de pensée ».  Ainsi développe-t-il sa réflexion d’Aristoxène de Tarente à Rameau, Schopenhauer ou Ravel… Toute la puissance de la musique étant dans sa « capacité à relier, déplacer les contraires, transformer, produire des métamorphoses ».  Deux parties : « Théorie », la musique & ses modèles (où il est tenté de définir une pensée spécifique), « Esthétiques », l’hyperchoix (où il est tenté de construire une renaissance).  Consulter : www.denislevaillant.net

 

 

 

Muriel DELTAND : Musique de soi.  Du sensible de soi au musicien révélé… Vers un renouveau des formes de biographisation.  Préface de Mokhtar Kaddouri.   Postface de José van Dam.  « (Auto)biographie ∞ Éducation », Téraèdre (www.teraedre.fr).  14 x 21 cm, 152 p.  16 €.

Nouveau concept défini dans cet ouvrage, « le sensible de soi » - capacité que possède l’homme à se connecter à son sensible, lui permettant ainsi de se construire…  Quid du sensible profond des artistes, et singulièrement des grands musiciens ? (Projet, acte & mécanismes autobiographiques).  Essai fondé sur le récit de vie du pianiste argentin Osvaldo Salas ainsi que sur un long entretien avec le baryton José van Dam.  Importante bibliographie.

 

 

 

Sara LE MÉNESTREL (Coordonné par) : Des vies en musique.  Parcours d’artistes, mobilités, transformations.  Préface de Jean-Luc Bonniol.  Hermann (www.editions-hermann.fr).   17 x 24 cm, 314 p., ill. couleurs.  29 €.

Comment musiques & danses circulent-elles aujourd’hui ?  Qu’est-ce qui détermine la mobilité géographique des artistes ?  En quoi est-elle liée à leur statut social ?   Quels ajustements, liés à la mondialisation, sont dès lors provoqués ? 

À partir des parcours de sept danseurs ou musiciens, issus des Amériques, de l’Égypte, des îles de l’Océan indien et de la France, sont dégagées les logiques communes dont ces artistes sont, à la fois, témoin et personnification.  Articles signés : Christophe Apprill, Kali Argyriadis, Sara Le Ménestrel, Julien Mallet, Nicolas Puig, Guillaume Samson, Gabriel Segré (sociologues, anthropologues ou ethnomusicologues).  Un ouvrage passionnant, superbement illustré.

 

 

 

Revue MŒBIUS n°133 (Écritures / Littérature) : « Pour Leonard Cohen ».  Éditions Triptyque (www.triptyque.qc.ca).  Distr. : www.dimedia.com  12,5 x 25,5 cm, 160 p., ill. n&b.  12 $.

Dans ce numéro, piloté par Kateri Lemmens & Charles Quimper, est analysée l’œuvre de Leonard Cohen (°1934, Montréal) - comme point d’impact et, surtout, source de résonances : prières, incantations, ressouvenirs, fissurations, brèches de désir et de lumière… Au fil d’une vingtaine de brillantes contributions. Avec, in fine, une curieuse diatribe, lettre ouverte de Patrick Tillard contre le romancier & essayiste espagnol Enrique Vila-Matas.

 

 

 

Dominique BONA : Deux sœurs.  Yvonne & Christine Rouart, les muses de l’impressionnisme.  « Biographie », Grasset (www.grasset.fr).  14 x 22,5 cm, 384 p., cahier d’illustrations sépia & couleurs.  20,90 €.

Biographe réputée, Dominique Bona nous relate ici le fascinant parcours des deux filles du peintre, collectionneur et mécène Henri Lerolle.  Surtout connues pour le portrait que fit d’elles, au piano, Auguste Renoir (couverture du livre), elles épousèrent les frères Eugène & Louis Rouart, fils eux-mêmes d’un célèbre collectionneur (cf. recension suivante), et connurent l’une et l’autre une fin tragique.  Ouvrage dans lequel, outre les peintres Renoir et Degas, nous croisons les familiers de ces grands bourgeois : Debussy, Chausson, Claudel, Gide, Mallarmé…

 

 

 

David HAZIOT : Le roman des Rouart (1850-2000).  Fayard (www.fayard.fr). 15,3 x 23,5 cm, 420 p., cahier d’ill. n&b et couleurs.  22,50 €.

Fondateur de la dynastie, le polytechnicien, industriel, artiste peintre & collectionneur Stanislas-Henri Rouart (1833-1912) fut au cœur de tous les mouvements artistiques & littéraires français de son temps.  Ami d’enfance de Degas, il compta parmi ses intimes Manet, Berthe Morisot, Mallarmé, Renoir, Gide, Chausson, Debussy, Paul Valéry, Maurice Denis…  Ses fils Eugène et Louis épousèrent les sœurs Yvonne et Christine Lerolle (cf. précédente recension) ; ses fils et petit-fils Alexis et Paul furent les éditeurs de la plupart des musiciens de l’école française du début du XXe siècle : « Éditions Rouart, Lerolle & Cie ».  Arrière-petit-fils d’Henri Rouart et d’Henri Lerolle, l’écrivain & journaliste Jean-Marie Rouart (°1943) est aujourd’hui membre de l’Académie française.  Une saga passionnée, passionnante, démesurée, parfois tragique…

 

 

 

Raphaël JERUSALMY : Sauver Mozart.  Roman.  Actes Sud (www.actes-sud.fr).   10 x 19 cm, 160 p.  16,8 €.

Il s’agit là du Journal tenu, de juillet 1939 à août 1940, par le célèbre critique musical Otto J. Steiner, reclus dans un sanatorium salzbourgeois.  Il est juif, mais tout le monde l’ignore.  Aussi est-il fait appel à lui pour concevoir le programme musical de la rencontre, au Brenner, d’Hitler et de Mussolini - au cours de laquelle il tentera, mais en vain, d’empoisonner le Führer.  Plus tard, à la demande du directeur musical de la manifestation, il rédige articles et programmes du Festspiele – pour « sauver Mozart », espère-t-il, de l’emprise nazie…  Une fiction singulièrement émouvante - cruelle et drolatique à la fois.

 

 

Dominique FOUFELLE : Expressions régionales.  Brigitte BULARD-CORDEAU : Expressions animalières.  Éditions du Chêne (www.editionsduchene.fr).  12 x 16,8 cm,  240 p., nombreuses vignettes.  14,99 €.

Délectable collection où chaque expression est présentée sur double page (non sans expressions apparentées).  Ainsi plus de 500 tournures régionales (picardes, berrichonnes, poitevines, provençales, languedociennes, gasconnes…) & plus de 350 locutions animalières (adornées de ludiques saynettes) feront-elles le bonheur de tout amateur de curiosités langagières.   Dans la joyeuse filiation du regretté Claude Duneton…

 

     

 

 

POUR LES PLUS JEUNES

Charlotte COURT & Nathalie GRIVOT (imaginé par), Nina TESTUT (illustré par) : Mon premier atelier de chansons traditionnelles.  Dès 3 ans. Les Éditions des Braques (www.leseditionsdesbraques.com).  23 x 28,5 cm, 58 p. couleurs. CD inclus : 47’04.  14,90 €.

Cet album offre une approche originale de 20 chansons traditionnelles : invitation – par l’expression graphique (illustrations à compléter) – à découvrir, mémoriser ou revisiter ce patrimoine : À la volette, Alphabet de Mozart, Gentil coquelicot, Le bon roi Dagobert, Nous n’irons plus au bois, Sur le pont d’Avignon  Chansons interprétées par les joyeux compères & commères du Grand Orchestre du Splendid, dir. Xavier Thibault.

 

Francis Cousté.

 

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