Lettre d'Information - n°108 novembre 2016

Lettre d'octobre 2016. Tirage : 61.231 exemplaires



L'AGENDA

PAROLES D'AUTEUR : INTRODUCTION ORGANOLOGIQUE A LA CORNEMUSE

REPERES PEDAGOGIQUES : AUBER UN COMPOSITEUR FRANCAIS MAL CONNU

REPERES PEDAGOGIQUES : BICENTENAIRE DE LA NAISSANCE DE SIR WILLIAM STERNDALE BENNETT

PROPOS PARTAGES : AVEC SA CHEFFE CLAIRE GIBAULT, LE PARIS MOZART ORCHESTRA S'ENGAGE

L'ŒIL ECOUTE

L'EDITION MUSICALE

LE COIN BIBLIOGRAPHIQUE

LE BAC DU DISQUAIRE

MUSIQUE ET CINEMA

LA VIE DE L'EDUCATION MUSICALE




 

L'AGENDA

Haut

 

6 / 11

 

La musique juive dans tous ses tats

 



LInstitut Europen des Musiques Juives organise un grand concert de gala intitul "la musique juive dans tous ses tats" - 2e dition avec au programme des pices de la Liturgie juive du 17 me  au 20 me sicle par le Chur de la synagogue Kehilat Gesher ; puis  des mlodies sfarades et polyphoniques bulgares, interprtes par le Quatuor Balkanes et David Bruley ; et enfin de la musique Klezmer et Salsa cubaine par Cigarillos en el Struddle et ses 9 musiciens.

 

Salle Cortot, 78 rue Cardinet, 75017 Paris, le 6 novembre 2016  18H.

Rservations : par tel : 01 45 82 20 52 : en ligne : contact@iemj.org 

 

 

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re de renouveau l'Orchestre de Bretagne

 


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Trs motiv par son nouveau directeur musical, Grant Liewellyn, nomm en mai 2015, l'Orchestre Symphonique de Bretagne vit une re de renouveau tout en prservant une identit forte. C'est la premire fois que le chef (galement directeur musical de l'Orchestre Symphonique de Caroline du Nord) va diriger l'OSB Paris. Franois Dumont, qui s'est lanc le dfi d'enregistrer l'intgrale des concertos de Mozart avec l'orchestre, dirigera une partie du programme depuis son piano (le concerto K. 453). Le concert au cours duquel on pourra entendre l'aria de Mozart   Ch'io mi scordi di te , chante par la soprano irlandaise Helen Kearns, et la Symphonie N 2 op. 36  de Beethoven, prsentera encore deux compositions de la compositrice, pianiste et percussionniste Frdrique Lory (*1970) : Plinn et variations (2001) et Avel Viz, Complaintes du vent d'est (2014) avec Marthe Vassalo, spcialiste de chant traditionnel breton.

 

A l'occasion de cette soire Paris, l'orchestre prsentera la sortie de deux nouveaux enregistrements CD sous son propre label, OSB Productions.

 

Salle Gaveau, le 10 novembre 2016 20H30.

Rservations : Billetterie 45-47, rue de la Botie, 75008 Paris ; par tel. : 01 49 53 05 07 ; en ligne : www.sallegaveau.com

 

 

15 - 23 / 11

 


Festival L'esprit du piano de Bordeaux

 

Le grand rendez vous pianistique bordelais de l'automne va de nouveau runir stars de l'instrument et jeunes espoirs ; sans oublier le jazz. Les festivits s'ouvriront par un rcital de Boris Berezovsky qui jouera la Sonate  n29   Hammerklavier , op.106 de Beethoven, puis des Pices lyriques de Grieg (15/11, Auditorium, 20H). Le jeune David Violi se produira dans des uvres de Debussy - Children's Corner et de Schubert - Sonate D 960 (16/11, Universit Montaigne, 20H). Nicholas Angelich jouera avec lOrchestre National de Bordeaux Aquitaine, dirig par Paul Daniel, le concerto N 5  l'Empereur  de Beethoven, avant l'intgrale de la musique de scne d'Egmont avec Chlo Briot et Marcial Di Fonzo Bo, rcitant (17/11, Auditorium, 20H). L'immense Paul Badura Skoda donnera les trois dernires sonates op 109, 110 et 111 de Beethoven, la rencontre des gants (19/11, Auditorium, 20H). Pavel Kolesnikov se produira dans un programme runissant Mozart - sonate K. 332  - Tchaichovski extraits de Saisons - et Schumann - Carnaval de Vienne op. 36 - (20/11 Auditorium, 11H). Philippe Bianconi partagera son programme entre Beethoven - sonate  Pastorale  op. 28 -, Schumann - Davidsbndlertnze - et Liszt (21/11, Thtre Fmina, 20H).

 

Autre concert que celui de Guillaume Vincent et d'Ismal Margain avec le Chur de lOpra National de Bordeaux, dirig par Salvatore Caputo, juxtaposant des pices pour piano seul de Chopin et de Liszt, un morceau pour deux pianos ou piano quatre mains telle que la rare sonate op. 56 de Schumann rvise par Bizet, et enfin  des pices pour chur de Brahms (22/11, Auditorium, 20H). Enfin Jean-Baptiste Fonlupt donnera deux rcitals l'glise Notre Dame, consacrs Schubert Klavierstcke -, Schumann - Arabesques op. 18 & Novelette op. 21 -, Ravel - La valse - et Liszt (23 et 24 /11 20H). Par ailleurs une Carte Blanche Jazz avec Yaron Herman et Ziv Ravitz aura lieu le 18/11 20H, l'Auditorium.

 

Du 15 au 23 novembre 2016 : auditorium et autres lieux

Renseignements et rservations : Billetterie, 8-13, Cours Georges Clemenceau, 33000 Bordeaux ; par tel : 05 56 00 85 95; en ligne : www.espritdupiano.fr  ou  www.opera.bordeaux.com

 

 

18, 20, 22, 25, 27, 29 / 11

 

Le Turc en Italie au Capitole

 



La vogue de Rossini ne se dment pas et les scnes hexagonales n'hsitent pas prsenter ses opras buffa les plus originaux. Ainsi le Capitole qui s'offre une nouvelle production du Turc en Italie (1814) qu'on peut considrer comme une suite ou une rplique de L'Italienne Alger. Brio, humour, aisance vocale, abondance orchestrale et surtout vitalit contagieuse dans les ensembles caractrisent cet opus bouffe. La mise en scne est signe d'Emilio Sagi dont on peut prdire une solide verve et un sr maniement de la veine cocasse au fil des imbroglios et quiproquos typiques de ce rpertoire. L'Orchestre du Capitole sera dirig par Attilio Cremonesi. Deux basses rompues l'bouriffant comique rossinien sont de la partie : Pietro Spagnioli et l'infatigable Alessandro Corbelli. 

 

Thtre du Capitole, les 18, 22, 25, 29  novembre 2016 20H et les 20, 27/11 15H

Rservations : billetterie : Place du Capitole, 31014 Toulouse Cedex 6 ; par tel.: 05 61 63 13 13  ; en ligne : www.theatreducapitole.com ou service.location@capitole.toulouse.fr

 

 

18 20 / 11

 

Orchestres en fte ! ou la France en musique !

 



La 8e dition d'Orchestres en fte ! organise par l'Association Franaise des Orchestres (AFO) aura lieu le week end du 18  au 20 novembre sur tout le territoire national. Le compositeur choisi pour le thme de ce week-end est Ludwig van Beethoven. En parallle l'exposition parisienne  Ludwig van . Le parrain de cette dition est Enki Bilal. Quelques 24 orchestres participent l'opration, pour une centaine d'vnements dans toute la France. Dont une srie intitule  L'orchestre dconcertant  destine faire dcouvrir tous, petits et grands, de manire souvent ludique, ce qu'est un orchestre symphonique : de Valenciennes Metz, de Tours Mulhouse, de Massy Clermont-Ferrand, de Lyon Marseille.

 

Plusieurs orchestres rgionaux se produiront la Philharmonie de Paris dans le cadre de son   Week end Beethoven , proposant concerts symphoniques mais aussi de musique de chambre et animations festives. Ainsi l'Orchestre du Capitole de Toulouse, dirig par Tugan Sokhiev (avec, entre autres, une cration d'Hugues Dufourt ; 18/11, 20H30), l'Orchestre National d'Ile-de-France, dirig par Enrique Mazzola avec Louis Lortie pour le Cinquime concerto  l'Empereur  ; 19/11, 11H) ; l'Orchestre Victor Hugo Franche-Comt (19/11, 12H30), les solistes de l'Ensemble Intercontemporain pour Ludwig van de Kagel (19/11 14H30 & 16H), l'Orchestre Poitou-Charentes et Jean-Franois Heisser  (33 Variations sur 33 variations de Hans Zender (19/11, 17H30), l'Orchestre du Conservatoire de Paris (20/11, 11H), l'Orchestre des Pays de Savoie, dirig par Nicolas Chauvin (20/11, 14H30), l'Orchestre Philharmonique de Strasbourg et Michel Tabachnik pour la IX me Symphonie (20/11, 16H30) ou encore l'Orchestre de Picardie avec chur de smartphones, pour la 7 Symphonie et un concert-jeu o il faudra reconnatre si une pice est de Beethoven ou ne l'est pas (20/11, 19H).

 


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Des projets artistiques transversaux en partenariat avec l'AFO mettront en avant de jeunes artistes qui auront carte blanche pour tmoigner de ce week-end festif : des musiciens (l'Orchestre Franais des jeunes, les CNSMDP de Paris et de Lyon) mais aussi de jeunes photographes (de l'cole des Gobelins) et de jeunes dessinateurs (des ditions Dargaud).

 

Du 18 au 20 novembre 2016

Renseignements : Association franaise des orchestres (AFO ) : www.france-orchestres.com.

Philharmonie de Paris : Billetterie, 221 avenue Jean Jaures 75019 Pars; par tel :  01 44 84 44 84  ; en ligne : www.philharmoniedeparis.fr

 

 

19, 22, 24, 26, 28 / 11

 

Owen Wingrave par l'Acadmie de l'Opra de Paris

 


DR

 

Cr en 1971 la BBC, l'avant dernier opra de Benjamin Britten, Owen Wingrave, op. 85, reste mconnu sur le continent. Inspir de la nouvelle ponyme d'Henry James, il fut crit spcialement pour la tlvision, un projet que le compositeur caressait dj pour Le Tour d'crou. Il traite du funeste destin du rejeton d'une illustre famille anglaise, de grande tradition militaire, qui refuse d'embrasser la carrire des armes. Un lment fantastique, comme dans l'autre opra inspir de James, teinte celui-ci d'une atmosphre particulire. L'uvre est l'aboutissement d'un des combats mens par l'homme Britten, son antimilitarisme farouche qui trouve son accomplissement musical travers le thme du hros sacrifi, tout comme dans Peter Grimes ou Billy Budd. Cet opra singulier mais impressionnant sera interprt par les artistes de l'Acadmie de l'Opra National de Paris, dirig par Stephen Higgins et mis en scne par Tom Creed.

 

Amphithtre de l'Opra Bastille, les 19, 22, 24, 26 et 28 novembre 2016 20H.

Rservations: Billetterie 130, rue de Lyon, 75012 Paris ; par tel.: 08 92 89 90 90 ; en ligne : www.operadeparis.fr

 

 

20 / 11

 

Journe Quatuors en Arles

 


Quatuor Van Kuijk Adrien Vecchioni

 

La  Journe Quatuors  sera clbre le dimanche 20 novembre avec deux formations de choix. D'une part, le Quatuor Van Kuijk, accompagn par le talentueux clarinettiste Raphal Svre, qui joueront de Mozart, le quatuor n 19 en ut majeur K. 565 Dissonances , d'Anton Webern, Langsamer Satz, pour quatuor cordes, et de Johannes Brahms le Quintette pour clarinette et cordes en si mineur, opus 115 (11H) ; et d'autre part, le Quatuor Mosaques qui se produira dans le quatuor en r majeur, opus 33 n 6 de Haydn, le quatuor n 16 en mi bmol majeur, K. 428 de Mozart et le quatuor n 6 en si bmol majeur, opus 18 n 6 de Beethoven (15H).

 

Jeune ensemble fond en 2012, le Quatuor Van Kuijk est dj reconnu linternational et clbr par la critique. Rvl au grand public lՉge quinze ans, lors des Victoires de la musique classique 2010, Raphal Svre apparat aujourdhui comme le plus jeune reprsentant de lՎcole franaise de clarinette. Le Quatuor Mosaques, quant lui, est considr comme le plus grand quatuor jouant sur instruments dՎpoque.

 

Chapelle du Mjan, le 20 novembre 2016 11H et 15H.

Rservations: Association du Mjan, Place Nina Berberova BP 90038,  13633 Arles cedex ; par tel : 04 90 49 56 78 ; en ligne  : www.lemejan.com

 

 

3, 4 / 12

 

Concours de Belcanto Bellini 2016

 



La sixime dition du Concours International de Belcanto Vincenzo Bellini aura lieu les 3 et 4 dcembre l'Opra de Marseille. La soprano Mady Mespl sera la marraine de la comptition belcantiste qui accroit d'anne en anne sa dimension internationale. Buenos-Aires devient partenaire officiel du Concours en 2016. A l'invitation de la Chancellerie Argentine et du Ministre de la Culture argentin, ce pays forte tradition lyrique a reu dbut septembre les dernires auditions de slection des candidats 2016 opres l'auditorium de la radio nationale. Deux des candidats slectionns Buenos Aires sont issus de l'Acadmie du Teatro Colon, aussi partenaire du Concours. Un grand nombre de candidats venus des quatre coins du monde ont particip ces auditions trs slectives tout au long de l'anne, en France et l'international. Au final, 16 candidats affronteront un jury comme chaque fois trs cibl, plac cette anne encore sous la prsidence d'Alain Lanceron (Warner music Group) qui aura ses cts Isabelle Masset, co-directrice artistique du grand Thtre de Bordeaux, Maurice Xiberras, directeur gnral de l'Opra de Marseille, Claudio Orazi, surintendant du Teatro Lirico de Cagliari, Alberto Triola, Directeur artistique de l'Opra de Florence, Prsident du Maggio  Musicale Fiorentino et Directeur artistique du Festival de Martina Franca.

Associ au Concours, la cration de la "Vincenzo Bellini belcanto Acadmie", en 2015, propose aux chanteurs une formation cible sur la technique et l'interprtation belcantiste. Elle offre aux chanteurs la possibilit de Masterclasses avec les plus grands, toujours sous la houlette du Maestro Marco Guidarini dont l'expertise du rpertoire est bien connue . Prochain atelier du 5 au 8 janvier 2017 dans le cadre du Prestigieux "Gstaad New Year Music  Festival". La comptition belcantiste inscrit son palmars la russite de tous ses grands Prix. Ainsi de la soprano Pretty Yende, dcouverte lors de sa premire dition en 2010. Cette nouvelle star des scnes mondiales est l'affiche de l'Opra Bastille dans le rle titre de Lucia di Lammermoor et vient d'enregistrer son premier album chez Sony.

Quelques liens :
http://www.concoursinternationaldebelcantovincenzobellini.com/

http://opera.marseille.fr/programmation/evenement/concours-international-de-belcanto-vincenzo-bellini

musicarte-org@live.fr

Contact tl : 06 09 58 85 97

Jean-Pierre Robert.

 

4 / 12

 

Les Ondes Martenot l'honneur


Pura Pnichet, Prsidente de la FEAM / DR

 

La Fdration des Enseignements Artistiques Martenot organise le dimanche 4 dcembre 2016 un Concert-Expo au thtre Adyar, intitul  Ondes en Seine  : 17h Expo / vernissage, 18h concert, 20h rencontre avec les artistes, compositeurs, musiciens, peintres, suivi dun pot amical offert. Le concert est consacr principalement la cration duvres courtes pour Ondes Martenot et divers instruments crites spcialement par les compositeurs : Marie-Hlne BERNARD, Damian CHARRON, Jean-Franois DEMOULINS, Patrick LENFANT, Laurent MELIN, Arnaud MILLAN, Brigitte NERAT, Martial ROBERT, Roger TESSIER, Jean-Pierre TULLIER, Olivier TOUCHARD, Nicolas VERIN.

Prix des places : 20 plein tarif, 15 adhrents la FEAM, 10 tudiants / chmeurs. Gratuit pour les moins de 12 ans.

Thtre Adyar, 7 square Rapp, 75007 Paris, le 4 dcembre 2016, partir de 17H.

Renseignements et rservations : par tel. : 06 60 90 10 60 ; en ligne : sur le site de la Fdration :
http://federation-martenot.fr/Ondes-en-Seine
ou directement  :
 
https://www.helloasso.com/associations/federation-des-enseignements-artistiques-martenot/evenements/ondes-en-seine

 

Daniel Blackstone.

 

6, 7, 9, 10, 11 / 12

 

L'Ile du rve de Reynaldo Hahn

 


Reynaldo Hahn en 1907 par Lucie Lambert / BNF

 

Le Thtre de l'Athne donne une raret, le premier ouvrage lyrique de Reynaldo Hahn (1874-1947) cr en 1898 l'Opra Comique. Il s'agit de l'adaptation du rcit autobiographique de Pierre Loti  Le mariage de Loti . Cette ''idylle polynsienne'' en trois actes narre les amours de l'crivain dans les les sous le vent. La musique, encore dans l'influence de Massenet, a dj toute cette lgance qui fait l'originalit de la manire de Reynaldo Hahn avec ici une pointe d'exotisme raffin. La production, initie au printemps dernier au festival  Musiques au pays de Pierre Loti  Rochefort, prsente une version pour douze instrumentistes, cinq solistes et un ensemble vocal. Elle sera dirige par le jeune Julien Masmondet et mise en scne par Olivier Dhnin.

 

Thtre de l'Athne, les 6 (19H), 7, 9, 10 dcembre 2016   2OH et le 11/12 16H.

Rservations : billetterie, Square de l'Opra Louis Jouvet, 7 rue Boudreau, 75009 Paris ; par tel. : 01 53 05 19 19  ; en ligne : www.athenee-theatre.com

 

 

Le Festival de Pentecte 2017 de Salzbourg

 


Helga Rabl-Stadler & Cecilia Bartoli / DR

 

Profitant de la prsence Paris de la diva Bartoli pour les reprsentations de Norma dans la production du Festival de Pentecte 2013, la prsidente du festival de Salzbourg, Helga Rabl-Stadler et la directrice du festival de Pentecte, Cecilia Bartoli avaient convi la presse l'Ambassade d'Autriche pour prsenter le programme du Festival 2017. Cette sixime dition, qui marque le dbut du second mandat de la chanteuse, est l'occasion d'un retour rtrospectif sur une aventure qui fut vite un vrai succs : Giulio Cesare (2012), Norma (2013), La Cenerentola (2014), Iphignie en Tauride (2015) et West Side Story (2016), pour ne citer que l'opra mont chaque anne et repris lors du festival d't. Aprs la clbration de figures fminines, Bartoli a pour cette nouvelle dition, choisi le thme des  Dlices de la mlancolie  et d'aborder un rle travesti, celui d'Ariodante de Haendel. Revenant au baroque et un musicien qu'elle chrit entre tous. L'opra sera mis en scne par Christoph Loy et affichera un cast de prestige autour de la ''padrona'' (Kathryn Lewek, Sandrine Piau, Norman Reinhardt, Christophe Dumaux). Il sera dirig par le fidle Diego Fasolis qui conduira les Musiciens du Prince Monaco. Cette nouvelle formation, prcise Bartoli, inspire du modle de l'orchestre de cour, est constitue d'interprtes venant de divers pays europens. Il accompagnera aussi, avec le mme chef, une excution concertante de La Donna del lago de Rossini, un opera seria rarement donn et pourtant   un vritable chef d'uvre  dont Bartoli dit  rver depuis longtemps . L'histoire se situe en cosse - comme l'opra de Haendel   marquant la premire manifestation de l'engouement des romantiques pour la nature.

 

Les concerts dont la programmation est aligne sur la mme thmatique cossaise et mlancolique, permettront d'entendre l'Orchestre dell'Academia Nazionale di Santa Cecilia sous la baguette de son chef Antonio Pappano, avec les chanteurs Bryn Terfel (Hollnder de Wagner) et Tatiana Serjan (Lady Macbeth de Verdi). Une matine donnera entendre des airs tirs d'opras composs sur l'Orlando Furioso de l'Arioste, chants par le contre tnor Max Emmanuel Cencic (Porpora,Vivaldi et Haendel). Puis un concert anniversaire ftera les 40 ans de prsence Salzbourg d'Anne-Sophie Mutter qui jouera Schubert avec des confrres prestigieux tels Daniil Trifonov, et Vivaldi avec les Mutter's Virtuosi. Enfin le ballet, que Bartoli considre comme un art du sublime, sera reprsent par La Sylphide avec les forces du Thtre Mariinsky.  Tradition et innovation  sont les matres mots de sa politique artistique, conclut Cecilia Bartoli qui espre cette dition aussi attractive que festive.   

 

 


Du 2 au 5 juin 2017.

Renseignements et rservations : Salzburger Festspiele, Herbert-von- Karajan Platz 11, A 5020 Salzburg ; par tel.:  00 43 662 8045 500 ; par tlcopie : 00 43 662 8045 555 ; en ligne : www.salzburgfestival.at  ou  info@salzburgfestival.at

 

Jean-Pierre Robert.

 

 

PAROLES D'AUTEUR

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Un instrument multiforme :

Introduction organologique la cornemuse

 

 

Les debuts de la cornemuse

 

La cornemuse est un instrument trs ancien, datant dau moins 2000 ans. En se tournant vers lantiquit romaine et les crits des historiens dcrivant la vie de lempereur Nron (37-68), nous trouvons la premire trace crite fiable de la cornemuse. En effet, bien que certaines allusions plus anciennes pourraient faire rfrence un instrument dot dune outre, aucun document ne dcrit linstrument clairement avant lan 115. Cest en cette anne que lhistorien Dion Chrysostome (30-116) crit dans son 71me discours sur le Philosophe en faisant allusion lempereur Nron :  on dit quil pouvait peindre, sculpter et jouer de laulos, la fois par les lvres et en ajustant en sac sous son aisselle . Nron, selon lhistorien Gaius Suetonius Tranquillus, tait connu pour ses dons en course de chars et en musique. Initi celle-ci ds son plus jeune ge, il chantait et jouait de la lyre. Il semblerait que lempereur, qui naimait point la concurrence et qui aurait marmonn juste avant son suicide que le monde allait perdre un artiste, se produisait galement en tant que joueur dinstruments vent. En effet, en 121 Suetonius Tranquillus crit que Nron aurait dclar quil aurait souhait organiser des jeux et sy produire en tant que musicien en jouant de plusieurs instruments vent, dont lutriculus (petite outre) (dans Vita Neronis, De Vita Caesarum VI). Aprs la mort de lempereur, la cornemuse se fait discrte pendant quelques sicles. Au Moyen-Age, elle rapparait partout en Europe sous diverses formes. Aujourdhui, la cornemuse est un instrument bien vivant dans de nombreuses cultures autour du monde. Plus de 150 instruments diffrents ont t recenss,[1] dont un grand nombre sont encore jous aujourdhui de lInde lIrlande et de la Sude la Libye.

 

 

Le fonctionnement de la cornemuse

 

La cornemuse se distingue des autres instruments par son rservoir dair, aussi appel sac ou poche. Celui-ci est rempli dair laide du souffle du musicien et dun tuyau dinsufflation ou par un soufflet, actionn par lun des bras du musicien. Lair de la poche est distribu dans les diffrents tuyaux grce la pression exerce sur le sac par le bras du musicien. La cornemuse peut avoir une huit sorties dair, aussi appeles  voix  par lorganologue Marie-Barabara Le Gonidec. Celles-ci peuvent tre des tuyaux mlodiques, semi-mlodiques ou des bourdons. Les bourdons nont aucun trou de jeu et nՎmettent quune seule note accompagnatrice. Les tuyaux mlodiques sont utiliss pour jouer la mlodie et les tuyaux semi-mlodiques prsentent un nombre limit de trous de jeu, souvent utiliss pour crer un accompagnement harmonique et/ou rythmique.

 

Schma du fonctionnement dune cornemuse.

Illustration Ilya Franciosi, 2016.

 

 

 

La classification de la cornemuse au cours du temps

 

Daprs les diffrentes classifications tablies au cours du temps, la cornemuse, comme lorgue, a toujours t un instrument part. Elle ne rentre dans aucune catgorie prcise et provoque souvent lajout de commentaires particuliers et la cration de catgories distinctes.

 

Michal Praetorius, dans le volume De Organographia de son Syntagma musicum (1619/1620), tablit une classification qui spare les instruments vent et percussion. En tout premier nous trouvons les instruments vent naturel, c'est--dire  dont le vent est fournit par la nature, donc pas par le souffle humain ; il sagit dinstruments soufflets : orgue, cornemuse [2]. Voici un extrait de sa classification (Les catgories o se situe la cornemuse sont marques en gras) :

 

1) instruments vent[3]

            a. A vent naturel

            b. A souffle humain

                       -hauteurs dtermines par le souffle [() cor, trompette, etc]

                       -hauteurs dtermines mcaniquement

-par une coulisse

-par des trous devant, ou devant et derrire, ou devant, de ct et derrire

2) instruments percussion

()

 

Cette classification est assez peu prcise et il est impossible de dduire automatiquement que la cornemuse se situe dans la premire catgorie. En effet, dans le cas des cornemuses le souffle est majoritairement fourni par un humain et les hauteurs sont dtermines par des trous sur le tuyau mlodique.

 

Une classification dimportance qui apparut aprs celle de Praetorius fut tablie par Victor Mahillon, fondateur du Muse Instrumental de Bruxelles cr en 1867, afin de pouvoir rpertorier les instruments de la collection en incluant mme ceux dont personne ne connaissait le fonctionnement. Selon cette classification la cornemuse est un arophone polyphone rservoir dair avec tuyaux. La dfinition de cette catgorie est beaucoup plus prcise que celle propose par Praetorius, dautant plus que dans une sous-catgorie elle prcise galement si linstrument est jou avec ou sans clavier. Cependant, Mahillon ne prend pas en compte la nature de lՎlment mis en vibration, cest dire lanche. Lanche est un lment important pour linstrument. Le son est toujours cr par une anche, simple ou double, selon le tuyau et les cornemuses. Ici, Mahillon passe cette partie de lanatomie de linstrument sous silence. De plus, il existe certaines cornemuses qui ne sont pas polyphones, tel que le monotsabuno grec o la cornemuse est simplement constitue dune poche et dun tuyau mlodique.

 

La classification Hornbostel-Sachs, publie en 1914 dans le Zeitschrift fr Ethnologie, est la plus utilise aujourdhui. Elle a t cre partir de la classification de Mahillon. Son but est de pouvoir classifier les instruments indpendamment de leur fonction ou de leur mode de jeu. Seule la structure de linstrument est prise en compte. La cornemuse a sa place dans cette classification mais fait encore une fois lobjet de suffixes supplmentaires afin dՐtre mieux dfinie. Voici un rsum de lextrait de la classification Hornbostel-Sachs, reproduite dans le New Grove Dictionary of Music and Musicians (2001 :177-178), o elle apparat.

 

1 Idiophones

2 Membranophones

3 Cordophones

4 Arophones

41 Arophones libres

42 Instruments vent proprement dits

421 A biseau fltes

422 A anche

422.1 Hautbois

422.11 isols

422.21 groups (sets of oboes)

422.121 avec perce cylindrique (double aulos)

422.122 avec perce conique : trouv en Inde

422.2 Clarinettes

422.21 isoles

422.211 perce cylindrique,

422.211.1 sans trous ou avec trous pour les doigts : trouv en Colombie Britannique

422.211.2 avec trous pour les doigts (clarinette europenne)

422.212 perce conique (saxophone)

422.22 groupes : trouv en Egypte (zummara)

422.3 A anche libre

423 Trompettes

 

Suffixes additionnels utiliser avec nimporte quelle division de cette catgorie :

-6  rservoir dair

            -61 rigide

            -62 flexible

-7 trous bouchs par les doigts

-71 avec des cls

-72 avec Bandmechanik [vraisemblablement un rouleau ou ruban perfor]

-8 avec clavier

-9 avec un systme mcanique (with mechanical drive)

 

 

Nous pouvons remarquer que la classification Sachs-Hornbostel est plus complte, notamment grce au suffixe -6 ajout en note, mais elle nest toujours pas satisfaisante. En effet, la cornemuse est un instrument anche, mais contrairement aux hautbois et aux clarinettes, elle peut tre dcrite comme instrument anches multiples, ainsi quՈ perces multiples. La plupart des cornemuses nont pas le mme type danche selon le tuyau mis en vibration. La gaita galicienne, par exemple, a une anche double (catgorie hautbois) pour le tuyau mlodique et des anches idioglottes (simple, battante, catgorie clarinette) pour les bourdons.

 

La classification de la cornemuse nest pas une tche aise. Avec une morphologie changeante selon la rgion et le pays, de nombreuses ramifications sont ncessaires afin de pouvoir les classer convenablement. Genevive Dournon, dans son Guide pour la classification des musiques et des instruments traditionnels (2000), classe la cornemuse ainsi :

4 arophones

41 air dans un contenant tubulaire ou globulaire

412 anche (s) = lamelle(s) vibrante(s)- dcoupe dans ou rapporte sur le tuyau- dont l'branlement par le souffle entrane la vibration de la colonne d'air

412.4 anches battantes (simple et/ou double) avec sac, rserve dair de volume variable (sac); insufflation buccale ou par soufflet = cornemuse.[4]

 

Voici lextrait de la classification o se situe la cornemuse.

412.41 deux tuyaux avec anche battante simple [tsambouna (Grce), mashak (Rajhastan), tulum (Turquie)]

412.42 deux tuyaux, ou plus, avec anche simple et/ou double [(biniou (France), gaita (Espagne), Scottish Highland Bagpipe (Ecosse), zampogna (Italie)]

412.421 avec soufflet manuel [musette, cabrette (France)]

 

Bien que plus labore que la classification de Hornbostel-Sachs, la classification propose par Genevive Dournon reste tout de mme trs simplifie. En effet, linstrument est complexe et prsente de nombreuses varits dune rgion lautre. Il est donc difficile de les contenir dans un nombre aussi rduit de sous-niveaux si lon souhaite tenir compte des particularits de chacun. Cette classification sous-entend nouveau que la cornemuse est obligatoirement polyphone avec lutilisation du pluriel ds la description de linstrument :   anches battantes .  En effet, bien que rare, une cornemuse peut tre monodique. De plus, la distinction nest pas faite entre les instruments anche(s) simple(s) ou double(s). Dans un ouvrage tel que le guide de Genevive Dournon, ce manque de prcision nest pas forcment gnant car il sagit de pouvoir associer un instrument type une catgorie assez prcise sans trop aller dans les dtails. En effet, le but de cette classification publie lUNESCO est de  [fournir] au nophyte une base organologique indispensable, pour reconnatre, identifier et classer les instruments de musique .[5]

 

Enfin, la classification de Jean-Pierre Van Hees, spcifiquement conue pour la cornemuse, est la plus complte ce jour. Publie en 2014 dans son livre La cornemuse : un monde sonore, les catgories tablies peuvent tre ajoutes au numro classificatoire 412.4 de la taxonomie de Dournon. En effet, Van Hees choisit de classifier les cornemuses en trois catgories selon le type danche : les cornemuses anche(s) simple(s), les cornemuses hybrides ( anches simple(s) et double(s)) et les cornemuses anche(s) double(s).[6] On peut constater que cette catgorisation recoupe galement diverses aires gographiques : les cornemuses anches simples se trouvent principalement lest de lEurope, les cornemuses hybrides se trouvent louest de lEurope et les cornemuses anches doubles se trouvent en Italie et historiquement en France.

 

Avant de passer trois exemples concrets dans chaque catgorie, regardons de plus prs les diffrentes composantes dune cornemuse.

 

 

Un instrument complexe

 

La cornemuse runit en un instrument plusieurs matriaux dorigine animale ou vgtale, voire synthtique aujourdhui. Voici un aperu des diffrentes parties de la cornemuse avec des indications sur la facture et les matriaux.

 

Le sac

Le sac de la cornemuse est lՎlment ncessaire pour russir produire un son continu. Cette partie indispensable est souvent fabrique partir de peau danimal. De nombreuses poches sont fabriques partir de peaux de chevreaux. Le processus de tannage change en fonction des rgions selon les savoir-faire mais galement selon la raret de la peau. En Croatie, par exemple, certaines peaux de chvre sont tannes longuement afin que la peau devienne lastique et translucide, perdant tous ses poils. Ces peaux durent de nombreuses annes contrairement aux peaux de chvres utilises par les facteurs bulgares ou grecs, par exemple, qui ont plus danimaux leur disposition et tannent les peaux avec une solution base deau et de sel, sans oublier un passage la chaux. Bien que ces derniers retournent la peau, laissant donc les poils gnralement coups assez court lintrieur de la poche, ceci nempche pas une dgradation plus rapide du sac due aux changements de taux dhumidit ni le risque possible dinfestation dinsectes lintrieur des pores laisss par les poils. Afin de contrecarrer cette humidit, les bulgares rangent souvent leurs instruments dans un sac en plastique afin de retenir un certain taux dhumidit aprs le jeu pour que la peau ne se dessche pas. Si le sac schait, il deviendrait sec comme du papier et cela le rendrait cassant donc fragile.

 

Le sac peut tre fabriqu avec plusieurs matriaux, diffrents selon les rgions. LՔle de Malte, par exemple, est connue pour avoir historiquement utilis des peaux de chiens entiers pour leurs sacs. Ceci se retrouve dans dautres partie du monde tel que la Pologne, la Croatie ou encore Majorque. En effet, la peau de chien nest pas du tout poreuse donc est moins sensible aux infestations dinsectes. Cependant, elle tend sentir trs fort, et lodeur, contrairement aux autres peaux danimal, ne sattnue pas avec le temps, ce qui a pouss les facteurs et joueurs de cornemuse utiliser des peaux dautres animaux tels que la chvre ou la vachette. En France, la peau de vachette est souvent utilise. La peau est tanne puis coupe et cousue afin dobtenir la forme voulue. Depuis la deuxime partie du XXme sicle, les joueurs et les facteurs de cornemuses se sont penchs sur dautres matriaux tels que le caoutchouc ou le GoreTex afin dallonger la dure de vie dun sac, souvent limite quelques annes, voire quelques mois selon le taux dhumidit, la frquence dutilisation et la qualit de la prparation de la peau. Plus rcemment, quelques socits spcialises dans la fabrique de sacs de cornemuses ont brevet des solutions utilisant un mlange de matriaux rsistants lhumidit du type GoreTex et de matriaux organiques tels que la peau de vachette. Certains modles sont mme pourvus dune fermeture clair afin que le musicien puisse vider son sac de la condensation. A ce mme effet, certains sacs sont galement pourvus de dshumidificateurs. Aujourdhui le monde de la cornemuse retient une grande varit de matriaux pour le sac, variant selon la rgion, selon les facteurs des instruments et selon le got des musiciens.

 

Diffrents stades de prparation dun sac en peau de chvre. De droite gauche : la peau fraiche et traite, tendue selon la forme voulue du sac ; la peau sche ; le sac attach toutes ses extrmits afin de vrifier quil est bien tanche ; la peau tanne attache la cornemuse, prte jouer.

Photo : Cassandre Balosso-Bardin, Mallorque, juin 2012.

 

Les anches

Les cornemuses utilisent des anches simples et des anches doubles. Elles sont traditionnellement fabriques partir de roseau cependant beaucoup de joueurs de cornemuse aujourdhui utilisent des anches en plastique qui varient moins selon le taux dhumidit et la temprature.

 

Les anches doubles ressemblent une anche de hautbois avec deux fines languettes de roseau apposes lune contre lautre et relies leur base. La largeur et la longueur de lanche dpendra de la facture du tuyau mlodique. Les musiciens peuvent galement choisir des anches plus ou moins dures en fonction de leurs besoins musicaux. La facture des anches doubles est dlicate et elle est souvent laffaire de spcialistes. Les anches simples, cependant, sont fabriques plus aisment. Egalement traditionnellement en roseau, elles peuvent aujourdhui tre fabriques en plastique, en bois ou en rsine selon les facteurs.

 

Le musicien peut ajuster les anches en les modifiant lgrement. Pour lanche double, le musicien peut ouvrir ou fermer louverture de lanche. Plus louverture de lanche est troite, plus le tuyau mlodique montera et moins la pression sera leve. A linverse, plus louverture sera grande, plus le tuyau mlodique baissera et plus le musicien devra exercer de force sur le sac. Lanche simple peut galement tre rgle. La longueur de la languette et la largeur de lanche dterminent la justesse. La longueur de la languette peut tre modifie laide dun lastique. Afin dempcher lanche de se bloquer avec une pression trop grande, le musicien peut gratter la languette afin de lallger et/ou ajouter un cheveu entre la languette et le corps de lanche afin de maintenir lanche lgrement ouverte. 

De gauche droite : anche double en plastique ; anche double en plastique pot de yaourt pour une cornemuse du centre France en sol ; anche double en roseau pour la gaita galicienne en do ; anche double en roseau pour la xeremies majorquine en do dise ; anche simple en rsine et roseau pour le tuyau mlodique dune gaida bulgare en sol ; anche simple en roseau pour le petit bourdon en sol de la gaita galicienne ; anche simple en roseau pour le grand bourdon en do de la gaita galicienne (avec un cheveu sous la languette) ; anche simple en plastique pour un bourdon en la.

Photo : Cassandre Balosso-Bardin

 

Le tuyau dinsufflation et le soufflet

Le sac de la cornemuse peut tre rempli dair par deux systmes : par le souffle humain ou par un soufflet. Dans le premier cas, le musicien souffle dans un tuyau dinsufflation muni dun clapet qui permet lair de rester dans le sac lorsque le musicien inspire.

A gauche lair rentre et passe dans le sac ;
droite la pression dans le sac pendant le jeu ferme le clapet et empche lair de sortir.

 

Dans le deuxime cas, le musicien attache un soufflet au sac ce qui lui permet de gonfler le sac dair avec son bras plutt quavec ses poumons. Ceci donne notamment une plus grande libert pour chanter tout en jouant.

 

Tadeusz Rytwinski joue de la cornemuse polonaise avec un soufflet sous son bras droit.

Photo : Sean Kelly 2014

 

Le tuyau mlodique et le tuyau semi-mlodique

La cornemuse peut avoir plus dun tuyau mlodique. Lorsque le second tuyau mlodique est identique au premier, avec le mme nombre de trous, on peut parler dun double tuyau mlodique. Lorsque les tuyaux mlodiques diffrent, on parle de tuyau mlodique et de tuyau semi-mlodique. La tsampouna, par exemple, peut se trouver sous deux formes : avec deux tuyaux jumeaux juxtaposs, ces derniers peuvent tre deux tuyaux mlodiques identiques ou un tuyau mlodique et un tuyau semi-mlodique avec un, deux ou trois trous selon linstrument.

 

A gauche, on observe une tsampouna avec un tuyau mlodique et un tuyau semi-mlodique alors que les deux cornemuses au centre et droite ont des doubles tuyaux mlodiques.

Photo : Cassandre Balosso-Bardin 2014.

 

Les tuyaux mlodiques sont majoritairement fabriqus en bois. Ils peuvent tre tourns ou taills. Certains instruments ont des tuyaux mlodiques en roseau tels que le tulum (Turquie) la tsampouna (Grce) ou encore le mizwid (Tunisie). Ces derniers sont souvent encastrs dans une gouttire en bois afin de les protger. Aujourdhui dautres matriaux sont parfois utiliss tels que la rsine ou le plastique mais le bois, exotique ou local, reste le matriau le plus courant.

 

 

Le(s) bourdon(s)

Le(s) tuyau(x) mlodique(s) de la cornemuse peu(ven)t tre accompagn(s) dun ou plusieurs bourdons. Ceux-ci peuvent tre monts sur la mme souche que le tuyau mlodique (voir ci-dessous la zampogna italienne) ou sparment (voir lexemple de la gaita galicienne). Le bourdon permet deffectuer un accompagnement avec une note continue. Le musicien ne peut pas changer la note de son bourdon lorsquil joue si cՎtait le cas, nous serions en prsence dun tuyau semi-mlodique avec un ou plusieurs trous de jeu. Le bourdon saccorde sur le tuyau mlodique et est gnralement ajust la tonique de ce dernier. Lorsque la cornemuse a plusieurs bourdons, ils peuvent doubler la tonique loctave ou jouer une dominante. Dans certaines cornemuses, les bourdons sont adapts pour pouvoir changer de ton facilement avec des coulisses ou des trous que le musicien peut boucher avant de jouer ou lors dune pause musicale.

 

Joueurs de xeremies de Majorque : les trois bourdons sont monts sur la mme souche et le tuyau mlodique est spar. Les joueurs de cornemuse sont accompagns de joueurs de flute (flabiol) et tambour (tambor). Photo : Cassandre Balosso-Bardin 2013.



CAS DETUDES

 

En nous inspirant de la classification de Van Hees, regardons prsent de plus prs un exemple pour chaque catgorie : cornemuses anches simples, cornemuses hybrides et cornemuses anches doubles.

 

 

Les cornemuses anches simples

Le territoire des cornemuses anches simples sՎtend de lInde la Croatie et de lAfrique du Nord (Tunisie et Libye) la Russie. Il existe quelques exemples de cornemuse anches simples en Europe de lOuest tel que la boha en Gascogne et la sckpipa en Sude. Alors que la sckpipa peut tre relie aux territoires de lest par les pays baltiques, la boha est une exception en Europe, entoure uniquement par des cornemuses hybrides. Cependant, daprs les ressources iconographiques notre disposition cette co-existence avec les cornemuses hybrides semble tre apparue au Moyen-ge.

 

De par leur nature, les cornemuses anches simples ont des tuyaux perce cylindrique. Deux lgres exceptions peuvent tre voques : le tuyau mlodique de la djura gaida bulgare est lgrement conique et le tuyau mlodique de la kaba gaida des Rhodopes est lgrement inversement conique. Dans les deux cas la conicit est trs lgre et nempche pas le tuyau de fonctionner avec un systme anches simples. Observons prsent un exemple de cornemuse anches simples, la tsampouna grcque, aussi appele askomandoura en Crte.

Tsampouna et toumbaki. Photo : Cassandre Balosso-Bardin.


La tsampouna est joue dans les les grecques, notamment les les gennes. Plus au Nord, la frontire Bulgare, on trouve un autre type de cornemuse anches simples, la gaida avec un grand bourdon spar du tuyau mlodique. La tsampouna varie selon les les avec soit deux tuyaux mlodiques identiques, soit un tuyau mlodique et un tuyau semi-mlodique, mais linstrument reste le mme aux yeux des musiciens. La tsampouna est traditionnellement joue avec un tambour appel toumbaki ou avec une lyre cordes frottes. Le rpertoire est la fois instrumental et chant et ddi la dance.

 

 

Cas dՎtude organologique : la tsampouna (les Grcques)

Nom : tsampouna tsampouna ou askamantoura askamandoura (clarinette outre). Ce modle est une askamandoura, reconnaissable par son double tuyau mlodique accord et jou lunisson.

 

Facteur : Serafim Marmaridis (2015)

 

Aire de jeu : les les gennes (Grce)

 

Sac : peau de chvre retourne (poils lintrieur)

 

Tuyau dinsufflation : tuyau muni dune valve interne afin que lair ne ressorte pas lorsque le joueur inspire. Certains modles nont pas de valve. Le joueur appose alors sa langue sur le tuyau dinsufflation lorsquil inspire afin que lair ne ressorte pas.

 

Bourdons : non-existants

 

Tuyaux mlodiques : double tuyau mlodique en roseau insr dans une souche en bois. Les tuyaux mlodiques sont accords et jous lunisson. Dautres modles prsents sur dautres les ont un tuyau mlodique et un tuyau semi-mlodique ce qui leur permet de crer des effets de bourdon rythmiques. Les tuyaux mlodiques sont encastrs dans une gouttire en bois, fixs avec de la cire ou de la colle. Le facteur y a grav un motif feuillu selon son imagination. Les pavillons des cornemuses grecques peuvent aussi tre fabriqus partir de corne.

 

Exemple musical: https://youtu.be/_4k2ruLIG5I

Anches : Deux anches simples, une pour chaque tuyau mlodique. Les anches sont fixes dans les tuyaux mlodiques par de la cire afin quelles ne se dplacent pas. Les anches de ce facteur sont fabriques partir dun morceau de bois creux o il a appos une languette, maintenue par un lastique. Celui-ci est amovible et peut aider rgler la justesse des anches. Ce modle danche permet dassurer un plus grand contrle sur la facture. Vous trouverez un modle danche simple plus traditionnel sur bourdon de la gaita.

 

 

 

Les cornemuses hybrides

La cornemuse hybride est le type de cornemuse le plus connu internationalement grce la cornemuse cossaise, la great Highland bagpipe (abrviation : GHB). En effet, la GHB a un tuyau mlodique perce conique et anche double ainsi que trois bourdons perces cylindriques et anches simples. La GHB est communment joue en si bmol et a un ambitus dune neuvime, du la au si bmol. Malgr lhgmonie de la GHB, les cornemuses hybrides sont nombreuses, avec des timbres, des tonalits et des rpertoires trs diffrents. En France, par exemple, nous pouvons compter plus dune dizaine de cornemuses diffrentes dont la majorit sont des cornemuses hybrides : la cornemuse du centre France,[7] la veuze, le biniou kozh et le binous bras en Bretagne, la cornemuse miroirs du limousin, la chabrette du Limousin, la musette bressane, la musette ou cabrette auvergnate, galement joue Paris dans les bals musette (do son nom), la musette Bchonnet, la bodega des Pyrnes

 

On trouve les cornemuses hybrides louest de lEurope. Certaines, comme la GHB et la gaita galicienne sont joues lՎtranger aprs avoir t exporte par diffrentes voies. La GHB, par exemple, tait utilise dans larme et est maintenant fortement reprsente dans les pays du Commonwealth tels que lInde et lAustralie. Le Canada et les Etats-Unis ont galement de nombreux groupes de GHB et participent rgulirement aux concours internationaux de pipe bands (groupes de cornemuses et de tambours). La GHB nest pas la seule cornemuse tre fortement reprsente et joue par de nombreux musiciens. En Galice, la gaita, la cornemuse galicienne, a connu un renouveau dans les annes 1990. Elle est maintenant joue par des milliers de personnes. Regardons de plus prs la gaita galicienne, lun des instruments hybrides le plus jou aprs la great Highland bagpipe cossaise.

 

 

Cas dՎtude : la gaita gallega (Galice, Espagne)

 

Nom : Gaita gallega

 

Facteur : Cristobal Prieto (2005)

 

Aire de jeu : Galice (nord-est de lEspagne). La gaita est galement joue au nord du Portugal o elle cohabite avec la cornemuse portugaise, trs voisine dans son organologie. La gaita est aussi joue dans de nombreuses communauts lՎtranger o des centres galiciens ont t crs par des gnrations dՎmigrants dans des villes telles que Buenos Aires, Paris, Bruxelles, Londres, Ble, Zurich, Bonn, Caracas...

 

 

Sac : Sac en Gore-Tex, fabriqu par la compagnie cossaise CANMORE. Le Gore-Tex est une membrane impermable qui a la capacit de transpirer tout en tant tanche. Couramment utilis pour les chaussures et pour le matriel de plonge, le Gore-Tex, tait utilis pour les sacs de cornemuse afin de crer un matriau qui se dtriorait beaucoup moins rapidement lorsquexpos des hauts taux dhumidit. La socit cossaise CANMORE, spcialise dans la fabrication des sacs de cornemuse, dveloppa le premier sac base de tissus pourvu dune membrane Gore-Tex et le commercialisa en 1987. Depuis, de nombreux autres types de sacs ont t dvelopps comme certains avec une fermeture clair afin de vider plus facilement la condensation du sac ou bien, plus rcemment, un sac hybride avec une membrane synthtique interne et une membrane externe en peau naturelle afin de recrer la texture dun sac en peau danimal. Dautres fabricants de sacs exportent dans le monde entier dont les marques Bannatyne, Ross, Begg et Gannaway.

 

Tuyau dinsufflation : Tuyau dinsufflation avec une valve au bout afin que lair ne ressorte pas lorsque le musicien inspire. La valve est en caoutchouc, attache par une petite vis.

 

Tuyau mlodique : Le tuyau mlodique de la gaita est conique. Ce tuyau mlodique est en palissandre avec un joint en lige. Il a 8 trous de jeu, dont un pour le pouce, ainsi que quelques trous daccord son pied. Ceux-ci sont souvent retouchs par les musiciens afin dajuster la justesse du tuyau mlodique, influant sur la longueur du tuyau. La justesse des notes tant souvent dpendante de lanche (celle-ci peut tre ajuste en louvrant ou la fermant et en linsrant plus ou moins profondment dans le tuyau) les joueurs de cornemuse modifient souvent la justesse en rajoutant soit de la cire, soit du ruban adhsif autour des trous de jeu afin de modifier leur hauteur. La gaita est communment joue en do. Afin de pouvoir jouer plus facilement dans diffrentes cls et de sintgrer dans des groupes musicaux avec dautres instruments, les musiciens ont souvent des tuyaux mlodiques en r, si bmol ou encore sol.

 

Exemple musical : Duo Dani Belln et Diego Maceiras (gaita et accordon)

www.youtu.be/JKjekjWuLUs

 

Bourdons : La gaita peut avoir un trois bourdons. Ceux-ci se nomment le roncn (do), la ronqueta (do) et le chilln (sol). Le grand bourdon (roncn) est la base de la musique, accord la tonique de la cornemuse. Les deux petits bourdons sont optionnels. Certains facteurs ont dvelopp un systme de robinet qui permet de choisir si lon veut activer le bourdon ou non (cf image).

 

Anches : La gaita utilise la fois des anches simples pour les bourdons cylindriques et une anche double pour le tuyau mlodique perce conique. Historiquement, le chilln pouvait tre cylindrique et muni dune anche double ce qui augmentait sa puissance sonore considrablement. Les anches des gaitas sont traditionnellement fabriques partir de roseau.

 

 

Les cornemuses anches doubles

Les cornemuses anches doubles sont beaucoup moins nombreuses que les deux types de cornemuses que nous avons tudis ci-dessus. Elles sont majoritairement de deux familles : la musette baroque, dveloppe au XVIIe et XVIIIe sicles ainsi que les cornemuses dItalie du sud, connues sous le nom de zampogna ou surdulina. Alors que les cornemuses baroques se sont dveloppes dans un milieu bourgeois et aristocratique, les zampogne sont issues dun milieu plus rural. Au XIXe sicle, les joueurs de zampogna, les zampognari taient bien connus Paris o ils jouaient dans la rue avec des tambourins (tamburelli) ou encore linstrument accompagnateur de la zampogna, un chalumeau appel chiaramella ou piffero. Encore aujourdhui la zampogna est associe un monde rural et est notamment emblmatique de la priode de Nol lorsque les bergers passent de village en village, jouant les chants de Nol la zampogna et la chiaramella.

 

 

Cas dՎtude : la zampogna (Italie)

 

Nom : Zampogna a chiave (cornemuse cl)

 

Facteur : Ilario Garbani Marcantini (ca. 2002)

 

Aire de jeu : Italie du Sud (Calabre, Pouilles, Salento, Lecce, Sicile)

 

Sac : Peau de vachette. Le sac traditionnel est gnralement fabriqu en peau de chvre. La vachette est utilise surtout en France avec des sacs de cornemuse cousus. Ces derniers sont solides et ont une dure de vie assez longue. Le facteur a peut-tre choisi de passer au sac en peau de vachette cousue afin dallonger la dure de vie du sac.

 

Tuyau dinsufflation : tuyau assez long muni dun valve interne afin dempcher lair de ressortir lorsque le musicien inspire.

 

 

 

Tuyaux mlodiques : La zampogna est connue pour ses deux tuyaux mlodiques, chacun jou par une main diffrente.

La diffrence de taille des tuyaux permet un jeu diffrent sur chacun. Le tuyau mlodique court et plus aigu est utilis pour la mlodie alors que le tuyau mlodique plus long et plus grave est utilis pour laccompagnement harmonique et rythmique. La zampogna a chiave de Garbani, illustre ici, est en sol majeur, une tonalit commune pour les zampogne. Selon sa taille, le tuyau de plus long de la zampogna est souvent muni dun systme pour soulager le musicien du poids de linstrument. Ici, la cornemuse est munie dune sangle que le musicien se passera autour du poignet afin de rendre le jeu plus ais.

 

Exemple musical : Solo de zampogna https://www.youtube.com/watch?v=CU_xR_mS9YI

Bourdons : La zampogna peut avoir jusqua trois bourdons. Les bourdons peuvent tre rendus muets grce un bouchon leur extrmit. Lun des bourdons de cette zampogna, illustr ci-contre, a des trous latraux qui permettent de changer le bourdon du r au r# ou mi selon les besoins de la musique et du musicien.

 

La zampogna est aisment reconnaissable par sa morphologie unique. Tous les tuyaux de la cornemuse (mlodiques et bourdons), lexception du tuyau dinsufflation, sont insrs dans une seule souche lavant de la cornemuse.

 

 

Anches : Les tuyaux mlodiques et les bourdons de la zampogna ont une perce conique. Ceci les amne donc tre munis danches doubles. Traditionnellement fabriques partir de roseau, ces anches sont en pot de yaourt, un plastique lger qui permet lanche de vibrer aisment. Les anches en plastique sont rpandues dans le monde de la cornemuse. En effet, malgr une lgre perte de richesse de timbre, les anches doubles en plastique varient moins en fonction de la temprature et de lhumidit ce qui donne un certain confort au musicien.

 

 

CONCLUSION

 

Le monde de la cornemuse est vaste et extrmement riche. Cet article aura servi de brve introduction linstrument, neffleurant quune petite partie de son univers. Allant au del de lorganologie, chaque cornemuse est au centre dune histoire culturellement passionnante. Lun des livres les plus complets et des plus rcents au sujet de la cornemuse est le livre de Jean Pierre Van Hees, La cornemuse : un infini sonore (Coop Breizh 2014). Pour les adeptes de linternet, il existe un magnifique site compil sous la direction scientifique de Marie-Barbara Le Gonidec pour le MuCEM avec le soutien du ministre de la Culture et de la Communication, mis en ligne en 2007 : http://www.cornemuses.culture.fr. Enfin, je vous invite visiter la page de lOrganisation Internationale pour la Cornemuse qui organise des colloques internationaux biennaux autour de cet instrument, invitant des musiciens, facteurs et universitaires du monde entier pour partager leurs musiques et leurs connaissances.

 

 

Cassandre Balosso-Bardin*.

 

 

*Cassandre Balosso-Bardin est docteur en ethnomusicologie et postdoctorante l'Universit Paris-Sorbonne pour le projet de recherche Geste-Acoustique-Musique. Elle est galement directrice de l'International Bagpipe Organisation.

 

 


[1]  Voir louvrage de Jean Pierre Van Hees, La cornemuse, un infini sonore, Breizh Coop, 2014.

[2]  Meeus, cours dOrganologie pour les L2, p13

[3]  Source : Nicolas Meeus, cours dorganologie pour L2: 13

[4]  Dournon, Guide pour la classification des musiques et des instruments traditionnels 2000 :131

[5]  Dournon, Guide pour la classification des musiques et des instruments traditionnels 2000 : quatrime couverture

[6]  Afin de faciliter la lecture, le pluriel sera dsormais utilis pour les anches de cornemuse sauf lorsque linstrument est monodique ou sil sagit dune seule anche.

[7]  Lire Les matres sonneurs de George Sand pour un magnifique portrait dՎpoque du joueur de cornemuse de Centre France.



REPERES PEDAGOGIQUES

Haut

 

Daniel Franois-Esprit Auber

un compositeur franais mal connu

 

Compositeur de premier plan qui rgna la fois sur lOpra,

lOpra Comique et le conservatoire, qui traversa le sicle romantique,

des tourmentes rvolutionnaires la Commune.

 

Une famille dartistes aux relations privilgies avec la royaut

Le grand pre, Daniel Auber , Normand dorigine, vient sՎtablir Paris, exerce la profession de matre sculpteur. Il dcore les carrosses de Louis XVI. Il dcde le 11 messidor an V (29 juin 1797) en laissant trois hritiers tant chacun pour un tiers dans la succession concernant notamment  un cabinet dhistoire naturelle : Franoise Catherine Auber, fille dun premier mariage avec Catherine Guillaumet, Jean Baptiste Daniel Auber, son fils dun deuxime mariage avec Marguerite Louise Lebeau et Antoine Vincent Vigogne mari Marie-Adelade Auber, issue dun troisime mariage avec Marie Jeanne Vincent.


Lettre du 19 octobre 1764 Daniel Auber


Le pre,  Jean Baptiste  Daniel Auber (1740-1819), fut officier des chasses royales  capitaine des chasses du Prince de Cond . Il logeait avec sa famille faubourg Saint-Denis. Il tait aussi peintre et grand amateur de musique la cour.

Daniel Franois-Esprit Auber nait le 29 janvier 1782 Caen lors dun voyage que ses parents firent dans cette ville. Ses parents taient de situation aise[1]. N sous le rgne de Louis XVI, sept ans avant la Rvolution. Il maintiendra la tradition familiale  du got pour la capitale des deux gnrations antrieures  en rsidant 24 rue Saint-Georges Paris. Il sera lun des compositeurs des plus prolixes de son temps. Sa production musicale dbuta en 1813 avec le  sjour militaire  et sachvera avec son dernier opra-comique en trois actes Rve damour en 1869. Pas moins de 10 opras, 37 opras comiques, une belle brochette de ballets, de la musique de chambre et une grande quantit duvres religieuses dont la plupart composs pour la chapelle du Louvres en 1852 constitueront sa production.  Richard Wagner encensera Auber en tant que  le reprsentant principal du gnie lyrique Franais .


Portrait peint par Hortense Haudebourt-Lescot (1785-1845)

 provenant de la famille de Maissin

 

La Rvolution cre une rupture de vie pour le pre et le fils

Le pre se reconvertit dans le commerce des objets dart et ouvre un commerce destampes comme diteur de gravures, rue Saint Lazare. Il souhaite que son fils reprenne laffaire et lenvoie en 1802, aprs la signature de la paix dAmiens, Londres, apprendre les rgles du commerce et lAnglais. La rupture du trait dAmiens en 1804 le ramne Paris et se lie avec un clbre violoncelliste nomm Lamare, nom sous lequel Auber crira un certain nombre de concertos pour violoncelle.

Auber, ayant grandi dans une atmosphre dart et les dons quil tenait de son hrdit, ne pouvait que sՎpanouir. Il est dou des plus heureuses dispositions pour la musique, tudie, grce aux relations de son pre, le piano sous la direction de Ignaz  Ladurner, le violon  et le violoncelle avec des professeurs de musique, et commence composer de la musique de chambre et des romances. A peine sorti de lenfance, il publie plusieurs romances, entre autres,  Le bonjour , qui eurent un succs et fit le tour des salons du Directoire. Il compose quelques romances et petits airs Italiens avec le professeur, baryton de lOpra Comique, Jean Blaise Martin.

Auber court le cachet et fin 1804, tous les quatuors quil avait composs en Angleterre furent jous au conservatoire et lui valurent des applaudissements. En 1805, il compose sa premire uvre de scne, Julie, pour une socit damateurs qui se retrouve la salle Doyen de Paris. Il rencontre Ingres avec lequel il lie une amiti durable.

En 1806, il est admis compositeur la Socit Acadmique des enfants dApollon. Il compose des uvres pour violoncelle au profit et sous le nom de son ami Jacques Michel Hurel de Lamare (1772-1823). Fin 1808, il compose un concerto pour violon lintention du clbre violoniste Jacques Frol Mazas (1782-1849) qui obtient un immense succs lors de sa premire excution au Conservatoire de Paris. Auber merge de la foule des compositeurs amateurs et attire lattention des artistes notamment Luigi Cherubini qui est un matre exigeant. Il suit  pendant trois ans les cours de composition avec Cherubini qui lui trouve un mcne.

Luigi Cherubini (1760-1842) introduit Auber chez le Prince de Caraman, grand seigneur, o il assure pendant cinq ans et six mois la belle saison les fonctions de matre de musique au chteau de Chimay en Belgique. Le Prince tait un bon violoniste, Auber tenait le piano et la Princesse chantait. Auber composa mme un opra-comique en trois actes qui sera reprsent au thtre du chteau de Chimay en 1812. Pendant six ans, Auber dlaisse la composition et frquente les salons, surtout celui de Franois-Antoine-Eugne de Planard, auteur dopra-comique en vogue, Passy o se runissent de nombreux artistes et o Auber sadonne limprovisation au piano. Planard se prend daffection pour lui et lui fournit le livret dun deuxime opra-comique, Le Testament et les Billets doux. 

 

La mort de son pre en 1819 le dsigne, 37 ans, soutien de famille de sa mre et ses frres et  booste  sa carrire de musicien professionnel

La mre, Adelade Vincent (1757-1850) a eu, outre Daniel Franois Esprit Auber, le compositeur, trois autres enfants :

Antoine Flix, sous intendant militaire (1786-1863) qui a eu avec sa femme Adelade Bourlier de Saint Martin deux filles, Marie Adelade Louise Flicie Auber qui se mariera avec Louis Eugne de Maissin, et Claire Auber marie monsieur  Chrtien de Poly.

Auguste Auber (1788-1859) Chef descadron de Chauffeurs

Anne Auber (1790-1859) qui pousa Monsieur Fouret.

Auber avait plus de trente ans lorsquil fit reprsenter pour la premire fois une de ses uvres lOpra Comique et prs de quarante ans lorsquil obtint son premier succs. Ce fut la rencontre avec le librettiste du sicle en la personne dEugne Scribe, auteur des meilleurs livrets dopras du sicle, qui changea le cours de sa carrire artistique. Ds 1823, la mort du librettiste, en 1861, ils collaborrent pendant quarante ans au rythme  de deux opras en moyenne par an. Le succs couronnait leur collaboration.

 

Limmense uvre couronne de succs vecteur dune notorit nationale et internationale

En 1813, las de son rle de musicien amateur, succs mais cantonn un cercle dun certain monde dartistes et damateurs, Auber tente daffronter le vritable public. Il fait son dbut en public par un opra en un acte quil fit reprsenter au thtre Feydeau sous le titre du Sjour militaire qui connut un succs modeste. Mais qui partir de 1819 il allait enchaner sans relche que des productions salues comme des succs et concrtises par les faveurs si ce nest de la fortune du moins    une belle aisance [2].

 

Une vie mondaine longue et riche

Auber, clibataire, frquente les salons o se runissent de nombreux artistes et o il sadonnera des improvisations au piano puis une riche et diversifie vie mondaine. Dou dune lgance, de manires charmantes et dun esprit de bon aloi, le maestro fait flors dans les cercles parisiens. Il a hrit de la rputation desprit et de rparties spirituelles adaptes toutes les situations du prince de Talleyrand[3]. Lors dun dner organis par Michele Enrico Carafa, il rencontre Gioachino, un des compositeurs les plus rputs de son temps, qui vient de sinstaller Paris pour prendre la direction du Thtre-Italien. Sa galanterie pour le beau sexe tait proverbiale. Il eut de brves aventures sentimentales avec ses interprtes. La compositrice de romances Pauline Duchambre demeura sa compagne la plus fidle. Il se rendait aussi frquemment des soires thtrales. Auber tait rgulirement invit par des femmes  pour danser  et par  lEmpereur passer des soires au Palais des Tuileries, par la Princesse Mathilde, par le Ministre d'tat, Rouher, par le marchal de France, ministre de la guerre, Le Buf,  le marchal de France, ministre de la maison de lEmpereur et des Beaux-Arts, le Comte Vaillant, le Marquis de Moustier, Ministre des Affaires trangres, le Snateur, Prfet de la Seine Haussmann lHtel de ville, le ministre des finances Magne, le Comte de Nieuwerkerke,Snateur, Surintendant des Beaux-Arts puis Surintendant des Muses Impriaux...


Invitation  dAuber de lEmpereur au Palais de Compigne

 du 20 au 27 octobre 1856

 

Sajoutaient les rceptions protocolaires de la sance impriale douverture de sessions lgislatives, des prsidents des assembles et des ambassades pour commmorer des vnements ou anniversaires



Auber en 1869 / DR


Une carrire prestigieuse et honorifique exceptionnelle

Auber a t le musicien officiel sous trois types de rgimes politiques diffrents  et avait mission dՎcrire la musique de circonstance pour lorganisation des ftes, tour tour, dabord, Royales (Louis XVIII de 1814 1815 puis de 1815   1824, Charles X de 1824 1830, Louis Philippe de 1830 1848), puis, Rpublicaines (la seconde Rpublique de 1848 1851) et enfin, Impriales (Napolon 1er de 1799 1814 sous le premier Empire, Napolon en 1815 pour les cent jours, et Napolon III de 1851 1870 sous le second Empire).

 

Crmonie du baptme du Roi de Rome le 9 juin 1811 crite par Auber

 

Auber, selon son biographe B. Jouvin,  nest pas rest parmi les boudeurs et ce que jappellerai les compositeurs dAncien Rgime. Il na pas point fulmin contre les novateurs [4].

Ce biographe mentionne lentretien de Ledru-Rollin avec Auber salu comme une  gloire nationale  en ces termes :  Monsieur Auber, vous ne pensiez crire quun chef duvre, et vous avez fait une rvolution : 1830 et ses trois immortelles journes , au sujet de La Muette de Portici. L'opra La Muette de Portici, traduit dans toute lEurope qui a occup laffiche de 1828 1882 avec 505 reprsentations Paris avait donn le signal de la rvolution Belge la suite de laquelle la Belgique prit son indpendance en se sparant du Royaume des Pays-Bas.

Sous Louis Philippe, Auber est lu, la majorit absolue des trente-cinq votants au troisime tour de scrutin aprs lՎlimination  successive  dAntoine Reicha et Stanislas Champein, le 12 avril 1829, membre de la section de composition musicale lacadmie des Beaux-arts[5] puis est nomm en 1830 directeur des concerts de la Cour. En 1842 il  obtient le titre le plus important de sa carrire : il est dsign par le roi pour succder Luigi Cherubini comme directeur du Conservatoire royal de musique.

A la tte de la premire cole lyrique, le conservatoire fournit non seulement Paris, mais la France et lEurope, de chanteurs, dacteurs et dactrices auquel de trs nombreuses familles sadressent, ou se font recommander pour une admission, une audition , une faveur. Le conservatoire est une ppinire

Lettre de recommandation du Prince Joseph Poniatowski (1816-1873), compositeur dopra (qui sera snateur nomm par Napolon III) en faveur dHector Berlioz, pour un poste de direction dorchestre.


En 1848, quand la Rpublique dcida la question des honoraires en faveur des citoyens reprsentants, le maestro dit avec un  malicieux sourire  Allons donc ! vingt-cinq francs par jour ces gens-l ? Cest une erreur. Ils sont impayables.[6]

Napolon III le nomme, en 1852,  grand maitre de sa musique  directeur de la musique de la chapelle des Tuileries,[7] ce qui le rendra familier des soires la cour ou chacun lui tmoigne une sympathie pleine dadmiration. Lors de lExposition universelle de 1867, il est nomm Prsident du comit de la composition musicale. Il est nomm, par le ministre de linstruction publique et des cultes, le 30 avril 1853, membre de la commission des arts et des difices religieux (section des orgues et de la musique religieuse) tablie prs de ladministration des cultes[8], la commission dsigne par le garde des sceaux, ministre de la justice et des cultes, pour procder la rception du grand orgue de la cathdrale de Paris[9]. Il est aussi nomm le 3 avril 1870 par le ministre des Beaux-arts dans la commission charge de rviser le rglement du conservatoire imprial de musique  et de dclamation[10].

Ces fonctions prestigieuses seront accompagnes par loctroi de nombreuses distinctions. Le 10 mai 1825 il est promu chevalier de la Lgion dhonneur, en 1835 , officier et le 29 avril 1847, commandeur. En 1861, il est grand officier de la Lgion dhonneur. Il fut aussi officier de lordre Belge de Lopold et dcor de plusieurs autres ordres ainsi que de diffrentes mdailles dor.

Lettre du  1er octobre 1859 du ministre dEtat et de la maison de lEmpereur

 attribuant une mdaille dor :

 

Lettre du  1er octobre 1859 du ministre d'tat et de la maison de lEmpereur

attribuant une mdaille dor 

 

Lettre du 6 juillet 1868 de lambassadeur dAutriche attribuant une mdaille dor pour la ddicace dun hymne du sacre du Roi de Hongrie

 

Auber meurt 89 ans, le 12 mai 1871. Ses funrailles se droulent dans la plus grande discrtion lՎglise de la Sainte-Trinit en raison de la tourmente de la Commune qui frappe Paris. Le successeur dAuber la direction du conservatoire fit transporter clandestinement le cercueil dans le caveau.  La pense des amis du compositeur fut de soustraire cette gloire Franaise loutrage des funrailles publiques ordonnes par les matres que Paris sՎtait laisser imposer : ceux-ci nauraient pas manqu den faire une comdie bouffonne intercale dans la tragdie des spoliations et des emprisonnements  selon B. Jouvin, chroniqueur du Figaro[11].

Aprs la Commune, le 15 juillet 1871, Jules Simon, ministre de lInstruction publique et des Beaux Arts, prononce une allocution funbre devant le Conservatoire indiquant  Tout lui russi dans l'art et dans la vie. Les moins musiciens le comprenaient et l'aimaient premire vue, et l'on sentait que ses airs lui venaient tout seuls et ne lui cotaient aucun effort. Il y a plus de travail dans la plus courte scne des Huguenots que dans toute la Muette, qui pourtant, est un chef d'uvre. Oui, cet homme a le plus produit que personne, et il est certain qu'il n'a jamais travaill. La facilit le perdit parfois et le sauva toujours... [12].

En hommage Auber, son buste orne la faade de lOpra Garnier, une station de RER porte son nom ainsi que plusieurs rues dans diffrentes villes de France. Plusieurs dictionnaires de la musique mentionnent les compositions dAuber[13], ainsi que quelques articles[14].

 

Fac-simil  de loraison funbre

 

Le 30 octobre 1875, lՎloge dAuber est lu dans la sance annuelle[15]. En 1877, un monument funraire est lev son honneur dans la 4 division du cimetire du Pre-Lachaise.

 

Christian Bigaut*.

 

 

* Christian Bigaut est Docteur en droit, Inspecteur Gnral de L'administration de l'Education nationale et de la recherche.

 

 

 


[1]  Inventaire du 8 mars 1779 demand par Daniel Auber la mort de sa femme Marie Jeanne Vincent et inventaire du 22 messidor an V au 24 fructidor an v, aprs de dcs de leur pre, Daniel Auber le 11 messidor an V (29 juin 1797) la demande de ses trois enfants

[2]  Adolphe Adam, Lettres sur la musique Franaise 1836-1850,22 aout 1840

[3]    Jouvin Benot , D.F.E Auber, sa vie et ses uvres, Hegel, Paris 1864

[4]  Notice publie par Le Menestrel. D.F.E Auber. Sa vie et ses uvres par B Jouvin. 1864

[5]  Lacadmie  royale des Beaux-Arts de lInstitut a dans sa sance de ce jour, procd au remplacement de M Gossec dans la section musique. Elle a nomm, la majorit absolue des suffrages, M Auber au troisime tour de scrutin. Le nombre de votants tait de 35, majorit 18. Au 1er tour, M Auber a obtenu 16 voix, M Champein 12, et M Reicha 6. Au dernier tour, le scrutin a donn M Auber 19 voix et 15 M Champein

[6]  Auber par Eugne de Mirecourt. Paris. Gustave Havard, diteur. 1857

[7]  Maisons de leurs majests et de leurs altesses impriales. Paris Typographie de Henri Plon, imprimerie de lEmpereur. Voir les annes 1857, 1863,1866, 1867 et 1868.

[8]  Lettre du Cabinet du ministre de linstruction publique et des cultes du 30 avril 1853

[9]  Lettre du ministre du 3 avril 1858 adressant Auber la mdaille commmorative de la conscration et de la restauration de lՎglise mtropolitaine

[10] Lettre du ministre des Beaux-Arts du 3 avril 1870

[11]  Menestrel, numro du 11 octobre 1871, voir aussi : Association des Amies et amis de la commune de Paris (1871) 2012. Trimestre 1 n49

[12]  Discours de M Jules Simon prononc aux funrailles de M Auber, le 15 juillet 1871. Firmin Didot frres, 1871

[13]  Herbert Schneider,  D.F. E Auber , Dictionnaire de la musique en France au XIX sicle, Jol-Marie Fauquet (dir), Fayard, Paris ,2003 , Ftis Franois Joseph  Biographie universelle des musiciens et biographie gnrale de la musique (1866-1868).Paris, Firmin Didot.

[14]  Julien Tiersot, Revue musicale n140  LOpra-comique au XIX sicle  Novembre 1933, Herv Lacombe,  Les voies de lopra Franais au XIX sicle  Fayard, 1997, Forum Opra. Revue n16, Janvier 2003,  Daniel-Franois-Esprit Auber  par Bruno Peeters ,  J .Chantavoine, Quelques lettres indites dAuber, Revue dhistoire et de critique musicales (3),1903.

[15]             Vicomte Delaborde, Eloge dAuber , lu dans la sance annuelle du 30 octobre 1875, Firmin Didot, 1875, p 2



Clbration du bicentenaire de la naissance de Sir William Sterndale Bennett (1816-1875)[1]

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N le 13 avril 1816, au 7 Howard Street, dans le centre de Sheffield, Yorkshire, Bennett est discrtement commmor cette anne dans son pays. Il souffre encore certainement de faire partie dune poque dont la plupart des protagonistes sont, hlas, tristement relgus au fond des bibliothques dans leur partie la plus poussireuse. Tout cela est parfaitement injuste dautant que Bennett incarne sans aucun doute lhonnte homme dans sa dimension la plus profonde.

 

Jaimerais, en quelques lignes, voquer cette merveilleuse personnalit dont la courte vie fut trs riche mais galement trouble par des vnements personnels difficiles[2]. En effet, la perte de sa mre puis de son pre, au cours de sa plus tendre enfance, le rendra craintif tout au long de son existence. Ses dons musicaux lui ont heureusement permis de saccomplir professionnellement au cours dune riche carrire dinstrumentiste, de chef dorchestre, de compositeur et de pdagogue.

 

Ds 1833, Felix Mendelssohn Bartholdy (1809-1847) avait bien compris son gnie loccasion dun concert donn dans le cadre de la Philharmonic Society de Londres dont Bennett sera ultrieurement le chef principal (1842/48 1856/66). William Sterndale, g de dix-sept ans, jouait alors en soliste, le 26 juin, son Concerto pour piano en r mineur, opus 1 (1832/33), aux Hanover Square Rooms. Lamiti de Mendelssohn et du monde musical de Leipzig lui taient dsormais acquises.

 

Il est, dailleurs, tout fait stimulant de reconstituer le fil conducteur de lHistoire de la musique anglaise en tant quelle est associe celle du monde germanique. la Royal Academy of Music, Bennett avait bnfici, grce lun de ses excellents professeurs, Philip Cipriani Potter (1792-1871), dun enseignement mozartien. De plus, lun des rares lves de Mozart, le compositeur et organiste londonien Thomas Atwood (1765-1838), lune des figures de proue de la church music, travaillait Londres, cette poque. Le 28 mai 1836, Mendelssohn lui adressera une belle lettre dՎloges au sujet de William Sterndale. De la sorte, un lien de belle complmentarit sest tiss entre lAngleterre et lAllemagne, linstar du futur couple royal, Victoria et Albert. Bennett se rendra ainsi plusieurs reprises Leipzig o Robert Schumann (1810-1856), entre autres, lapprciera particulirement.

 

En 1847, la disparition de Mendelssohn a singulirement affect Bennett. Lanne suivante, un tonnant conflit avec lirascible chef dorchestre napolitain, naturalis britannique, Michael Costa (1808-1884) achvera de le dmoraliser pendant quelques mois. Il reprendra de lՎnergie, en octobre 1849, avec lheureuse fondation de la Bach Society. Le Thomaskantor faisait alors, pour certains esprits aviss, lobjet dune rvlation. Sa musique a influenc en profondeur celle de Bennett.

 

Succdant, le 4 mars 1856, lorganiste et compositeur Thomas Attwood Walmisley (1814-1856), Bennett est lu Professor of music de lUniversit de Cambridge lample majorit des voix. Par la qualit de son enseignement et ses rformes en matire de musique universitaire, il a t lorigine de son magnifique dveloppement jusquՈ nos jours.

 

Entre 1857 et 1858, Bennett dirigera les Lancashire Festival Concerts Manchester, de mme que ceux du Festival de Leeds pour lequel, encourag, il composera sa cantate The May-Queen, opus 39, sur un livret du fameux critique musical Henry Fothergill Chorley (1808-1872).

 

Bennett a parfois fait lobjet de certaines remarques selon lesquelles il na pas t contrairement nombre de ses collgues un musicien cratif pour lՃglise tablie. Nanmoins, sa contribution lhymnologie sest rvle significative lorsquil a ardemment collabor avec Otto Goldschmidt (1829-1907) lՎdition, en 1863, de The Chorale Book for England  fond sur les belles traductions, en anglais, de Catherine Winkworth (1827-1878) des Kirchenlieder appartenant au fonds luthrien.

 


DR

 

Le 22 juin 1866, Bennett est nomm Principal de la Royal Academy of Music, son Alma Mater, dont la situation tait alors catastrophique. En acceptant cette position, il annihilait toute aspiration au calme et au travail de composition. Trs scrupuleux, il sattachera remplir de nombreuses tches administratives dvoreuses de temps et infcondes en matire dimagination. Il se consumera peu peu au cours des huit annes qui lui resteront vivre. Cest ce tragique prix quil a pu sauver linstitution aujourdhui florissante.

 

Le 24 mars 1871, Bennett est anobli sur linitiative du Premier Ministre libral William Ewart Gladstone (1809-1898). La reine Victoria souhaitait honorer de la sorte non seulement lhomme mais aussi la musique anglaise.

 

Aprs plusieurs annes de silence, en tant que compositeur pour son instrument, Bennett travaillera sa Sonate The Maid of Orleans, opus 46 (1869/73). Dans le cadre de la commmoration de sa naissance, le 13 avril dernier, le compositeur, pianiste, professeur et homme de radio britannique David Owen Norris a interprt et prsent cette partition la Bodleian Library dOxford, sur un piano conu en 1828 par la clbre firme Broadwood. Cette sonate fut inspire par le drame de Johann Christoph Friedrich von Schiller (1759-1805), Die Jungfrau von Orleans (1801). Au mme concert dOxford, quelques songs ont t chants par le tnor Mark Wilde. Il est intressant de se rappeler que Bennett a t lun des premiers compositeurs publier ce rpertoire la fois en anglais et en allemand.

 

Entre 1871 et 1874, il sest notamment consacr, avec ce qui lui restait dՎnergie, un Prelude et une Funeral March, premiers essais dune musique de scne destine lAjax (?) de Sophocle (ca 496 ca 405 av. J.-C.). Sir William Sterndale Bennett sest teint le 1er fvrier 1875, peu aprs midi, dans sa demeure londonienne du 66 St Johns Wood, lՉge de cinquante-neuf ans. Il a reu les honneurs dune inhumation Westminster Abbey, le 6 fvrier, et repose dsormais non loin de Henry Purcell (1659-1695) et William Croft (1678-17278).

 

Sir Arthur Seymour Sullivan (1842-1900) a t lun de ses nombreux tudiants. Bennett a frquent un monde exceptionnel fait de grands musiciens mais galement de peintres, dՎcrivains et de penseurs. Parmi eux, jaimerais citer le grand musicologue George Hogarth (1783-1870), le beau-pre de Charles Dickens (1812-1870). Par son attention aux autres, Bennett a aussi favoris la carrire londonienne de Clara Schumann (1819-1896), Jenny Lind (1820-1887), et de Joseph Joachim (1831-1907). Modeste, authentique anglais, quilibr entre un art classiquement matris et une authentique expression romantique, voil ce qui dfinit la personnalit et la psychologie esthtique de Bennett. Le compositeur irlandais Sir Charles Villiers Stanford (1852-1924) la fort bien compris lorsquil a rdig, en octobre 1916, lun des plus beaux textes consacrs cette importante figure de lHistoire de la musique.

 

Cette anne, David Owen Norris sest employ rendre hommage cette figure parmi les plus remarquables de la premire poque victorienne. Cest ainsi que, entre de nombreuses manifestations, il a jou le 5 mars Orpington, Kent, le Quatrime concerto pour piano, opus 19 (1838). Le 12 novembre, sur lle de Wight, il interprtera, avec Joseph Spooner, la Sonata Duo pour piano et violoncelle, opus 32 (1852), jadis ddie au fameux Alfredo Carlo Piatti (1822-1901).

 

Il reste encore un peu de temps pour lhonorer en France. Mais rien nempcherait de le jouer aussi lanne prochaine

 

 


[1]  Barry Sterndale BENNETT,  A tribute on the bicentenary of his birth , in British Music, The Journal of the British Music Society, Volume 38 2016/1, p. 3-20 J. R. Sterndale BENNETT, The Life of William Sterndale Bennett, Cambridge, At the University Press, 1907 Rosemary FIRMAN,  Bennett, Sir William Sterndale , in Oxford Dictionary of National Biography 5, Oxford, Oxford University Press, 2004, p. 159-163 Nicholas TEMPERLEY, Rosemary WILLIAMSON,  Bennett, Sir William Sterndale , in The New Grove 3, Oxford, Oxford University Press, 2001, p. 281-286..

[2]  Dans mon Charles Dickens, la musique et la vie artistique Londres lՎpoque victorienne, Paris, Beauchesne, 2014, je fais trs souvent allusion Bennett.



PROPOS PARTAGES

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Avec sa cheffe Claire Gibault, le Paris Mozart Orchestra s'engage

 

 

En 2011, la cheffe d'orchestre Claire Gibault fonde le Paris Mozart Orchestra (PMO) l'image de son grand frre italien le Bologna Mozart Orchestra qu'elle a mis sur pied en Italie avec Claudio Abbado. Cet ensemble de 40 musiciens s'est donn, entre autres activits, la mission d'intervenir en milieu scolaire. Il s'agit pour l'orchestre d'aller jouer dans les coles (primaires, collges et lyces) et d'inviter le jeune public ses concerts parisiens. C'est ainsi qu'est n Un orchestre dans mon bahut, une formidable initiative qui reoit cette anne le soutien financier de  La France s'engage  dont le PMO est laurat. Nous avons demand Claire Gibault de nous en rvler l'originalit et toutes les modalits

 


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Quel est le profil de votre orchestre Paris Mozart Orchestra ?

Nous ne sommes pas institutionnels. C'est un ensemble gomtrie variable qui n'a que cinq ans d'existence. C'est encore jeune pour une formation. Il s'adapte idalement aux formats de la musique contemporaine, aux projets pdagogiques et l'conomie d'une telle entreprise. Ses contraintes nous rendent d'autant plus inventifs.

 

Quelle aide financire recevez-vous ?

Nous avons obtenu un soutien du Ministre et de la Mairie de Paris mais qui n'est pas suffisant pour faire vivre l'orchestre. Nos ressources principales viennent du mcnat priv, des fondations familiales et fondations d'entreprises, trs engages dans l'action culturelle.

 

Comment les musiciens sont-ils recruts ?

Ce sont des musiciens parisiens pour la majorit, qui font de la musique de chambre. C'est un tat d'esprit. On choisit tous ensemble qui va jouer dans cet orchestre et nous formons d'abord une belle fraternit. Je crois qu'ils sont toujours trs heureux de se retrouver et cela incite d'autres musiciens venir nous rejoindre. Certains font partie de grandes phalanges, d'autres sont intermittents et tous trs attachs aux actions que mne l'orchestre. Nous sommes tous pays de la mme faon et partageons les mmes conditions de vie dans nos dplacements. Nous voyageons en seconde et dormons dans les htels Ibis... Cela ne pose aucun problme du moment que je suis avec eux. 

 

Quelles sont les salles qui vous accueillent ?

Nous avons jou Mozart et Schubert au Thtre des Champs Elyses avec la soprano Julie Fuchs il y a deux ans. Nos mcnes avaient pay 500 places pour y accueillir les lves de Corbeil-Essonnes, Mantes-la-Jolie, Aubervilliers... On a cette anne donn un magnifique concert avec la chanteuse Mirto Papatanassiou en le de France : deux soires trs favorablement accueillies par la critique. J'ai aujourd'hui, mes cts, une trs bonne administratrice et une charge de production avec qui je vais dvelopper tout la fois le mcnat et la diffusion. La Philharmonie de Paris est un de nos partenaires et des tournes en Asie et en Italie sont en projet. Dans l'immdiat, nous avons en dcembre prochain un concert au Thtre du Chtelet pour la sortie de notre premier disque commercial chez Sony. On y entendra l'uvre de Graciane Finzy, Scnographie d'Edward Hopper o Nathalie Dessay est rcitante. Cette dernire chantera aussi des airs de standards amricains revisits par de jeunes jazzmen franais.

 

Venons-en au projet qui nous intresse tout particulirement, celui d'Un orchestre dans mon bahut dont c'est en 2016 la sixime dition. Qu'en est-il exactement ?

C'est la partie d'action pdagogique du PMO. Il fallait un nom un peu accrocheur et nous nous sommes fixs sur Un orchestre dans mon bahut. Il concerne aujourd'hui 17 tablissements des acadmies de Versailles et de Crteil. Notre but est d'aller rencontrer les jeunes des coles et de les runir autour d'un projet artistique qui puisse croiser les diffrentes disciplines, musique, littrature, arts plastiques... et fdrer les nergies du plus grand nombre.

 

Quels sont vos partenaires dans cette action ?

C'est l'Education nationale. Nous avons avec le PMO un projet pdagogique par anne scolaire. Il a t dfini depuis le dbut avec les Rectorats de Crteil et de Versailles. Ce sont eux qui choisissent les tablissements dans lesquels nous allons intervenir, tablissements souvent les plus  loigns  des salles de concerts et de l'ide mme du concert, puisque nous allons jusqu' Mantes La Jolie, Les Tarterts et Corbeil-Essonnes. Avec l'extension de notre mcnat, nous sommes passs de 7 tablissements 17 et certains ne veulent plus nous lcher. Nous y retournons donc chaque anne.

 

Le projet fait appel un genre musical spcifique qui vous attache.

Je ne sais pas pourquoi, j'ai eu cette intuition ds le dbut, mais je pense que cela venait de l'Italie o j'ai entendu et pu diriger ce qu'on nomme l-bas le  Melologo . C'est une pice pour orchestre et rcitant dont Fabio Vacchi, compositeur dont j'ai dirig la musique, est trs familier. Je n'avais aucune envie d'arriver dans les classes avec Pierre et le loup ou le Carnaval des Animaux et il tait impratif que notre projet soit trans-disciplinaire et fasse se rencontrer les enseignants. L'ide du Mlologue permettait donc de lier le texte et la musique et d'y agrger toutes les associations visuelles qu'ils peuvent susciter. J'ai t nourrie par ce genre d'une trs grande richesse et j'ai senti qu'il pouvait parfaitement convenir nos jeunes lves d'aujourd'hui.

 


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Quelles ont t les premires uvres proposes ?

Nous n'avons pas pu faire de commande d'un monologue original la premire anne. J'ai donc pris une pice de Jean Franais sur des extraits du Gargantua de Rabelais. Le projet s'est limit au texte et la musique mais a enchant professeurs et lves qui ont travaill autour de l'criture de Rabelais. Pour autant je souhaitais joindre les arts plastiques nos ralisations et donner une place la musique d'aujourd'hui. Rapidement j'ai donc pu faire des commandes aux compositeurs et lier l'criture contemporaine des textes d'envergure qui stimulent l'imaginaire des jeunes. Lorsque j'ai demand Graciane Finzi de nous crire une pice, elle m'a immdiatement propos de travailler sur les toiles du peintre amricain Edward Hopper qui tait l'honneur au Grand Palais en 2012. Elle a trouv des textes de l'crivain franco-espagnol Claude Esteban pour finaliser ce beau projet pluri-disciplinaire qu'elle a appel Scnographie d'Edward Hopper.

 

L'uvre fait l'objet du CD mentionn ci-dessus avec Nathalie Dessay comme rcitante; mais d'autres mlologues ont vu le jour depuis...

Nous sommes rests au mme niveau d'exigence en convoquant l'criture contemporaine. Notre but est de parvenir une ralisation qui puisse tre aussi intressante pour des lves de la sixime la terminale que pour des mlomanes avertis et un public adulte. L'uvre doit pouvoir tre joue l'intrieur d'un tablissement scolaire comme dans les salles de concert parisiennes. L'ide de proposer des sujets trans-disciplinaires a immdiatement emport l'adhsion des professeurs. Le choix de certaines uvres a permis au projet de prendre des dimensions insouponnes. Lorsque, par exemple, nous avons mont le mlologue de Fabio Vacchi en 2013, Soudain dans la fort profonde, le texte d'Amos OZ sur les questions brlantes de discrimination a suscit une rflexion gnrale trs profonde au sein de chaque tablissement. Pour Sacrs Caractres, avec la musique de Sophie Lacaze et les Caractres de la Bruyre, les professeurs d'ducation sportive ont infiltr le mime dans ce travail plusieurs mains.

 

Quelle est la participation active des lves dans l'laboration du spectacle annuel ?

Au fil des annes et de la rflexion, nous avons pu concevoir en parallle notre propre travail des volets co-cratifs sous la forme d'ateliers o les jeunes vont dvelopper leur talent cratif. Avec les professeurs et en fonction des thmatiques, ils sont invits s'exprimer travers des textes, des dessins, voire des chansons, qui les impliquent directement dans la proposition artistique :  Entendre l'uvre, c'est l'aboutissement de leur travail , nous dit Antoine Mignon, professeur de musique au Lyce Jean Vilar de Meaux.

 


Concert au collge Louis Braille d'Esbly / DR

 

Pouvez-vous prciser quelles sont les grandes tapes de cette ralisation artistique ?

Dans un premier temps, je m'entretiens avec les proviseurs et principaux de chaque tablissement pour leur exposer le contenu du projet choisi en amont avec le Rectorat. Puis je rencontre les lves qui je tiens prsenter les tenants et aboutissants du mtier de musicien. Et nous commenons, avec les professeurs, mettre sur pied les ateliers co-cratifs et dfinir le matriau sur lequel ils vont pouvoir travailler avec leurs lves. Puis c'est avec l'orchestre que je les retrouve, dans les cantines, praux, gymnases o nous pouvons dialoguer, parler des instruments, prsenter les uvres (le matin) et donner un concert l'aprs-midi. De grands comdiens nous accompagnent et l'on organise un jury littraire o ce sont les lves qui votent pour dsigner le rcitant du concert de l'aprs-midi. Tout cela en vue de les prparer au mlologue qu'ils iront couter en fin d'anne scolaire. Nous renouvelons l'exprience une deuxime fois au cours de l'anne, pour avancer dans l'imprgnation de cette uvre nouvelle et resserrer le lien qui se cre entre les jeunes et les musiciens. On se rend compte alors quel point les lves, qui peuvent tre en difficult scolaire, aiment ce type d'activit et s'investissent dans les propositions qu'on leur fait. Ce qui est merveilleux galement, pour les musiciens, c'est que l'exprience est diffrente pour chaque tablissement. Nous sommes d'ailleurs en train de construire un blog interactif pour fdrer toutes les coles et rpercuter les actions de chacune d'entre elles. Avec le soutien de  La France s'engage , nous envisageons dans les annes venir d'intervenir aussi dans les milieux ruraux, notamment les petits villages de la Sarthe o notre surprise a t de dcouvrir que plusieurs coles possdent en leur sein des orchestres.

 

Je suppose qu'une telle entreprise ne va pas sans difficults ?

Nos difficults, s'il y en a, sont d'ordre conomique car l'ducation nationale ne finance pas nos actions. Or, chaque dplacement avec l'orchestre est un cot certain. Elle nous aide en revanche dans la logistique de contact avec les tablissements scolaires et les contrats de partenariat qui sont signs avec eux. Nous avons d'excellents rapports avec ses conseillers musique qui peuvent aussi nous guider dans le choix des thmatiques.

 

Je crois que la partition commande cette anne est encore chez l'diteur. De qui et de quoi s'agit-il ?

Nous avons fait appel cette anne dith Canat de Chizy. Comme vous pouvez le remarquer, j'aime privilgier les femmes compositrices lorsque j'ai en face de moi d'immenses musiciennes comme Graciane Finzy, Sophie Lacaze, dith Canat de Chizy... Cette dernire a immdiatement mis le dsir de travailler sur Nicolas de Stal qui l'a dj beaucoup inspire, notamment dans son concerto d'alto, Les Rayons du jour (2005), titre ponyme d'une toile du peintre. L'opportunit galement est la parution rcente de la correspondance de Nicolas de Stal qui viendra nourrir les textes dits par le rcitant.  Je sais que ma vie sera un continuel voyage sur une mer incertaine , lit-on dans une lettre son pre de 1937. Nous avons dcid d'intituler ce mlologue L'invitation au voyage, une proposition qui, d'emble, a rjoui tous les enseignants par les correspondances et parallles qu'elle peut susciter dans l'imaginaire de chacun. Les lves sont invits crire des lettres, des e-mails et choisir d'autres tableaux de Nicolas de Stal. Ils peuvent participer musicalement avec des pices espagnoles, marocaines, italiennes, autant de pays qui ont inspir l'uvre du peintre. Nous avons rencontr Anne de Stal, sa fille et Marie-Claude Char, l'pouse du pote que Nicolas de Stal a beaucoup frquent; et nous avons propos de faire un concours de rcitation de posie autour d'Allgeance qui, au dire de son pouse, sublime toute l'uvre du pote.

 

Sur quelle scne parisienne pourrons-nous voir cette  Invitation au voyage  en 2017 ?

Nous serons le 6 mars prochain la Philharmonie de Paris avec Tony Harrison comme rcitant, et la Salle Rossini de la Mairie du IXme un peu plus tard. J'en profite pour annoncer que nous donnerons l'anne prochaine le premier mlologue de l'histoire qui est Pygmalion de Jean-Jacques Rousseau et Horace Coignet. J'ai demand cette fois Philippe Hersant d'crire une musique originale et la graphiste Sandrine Revel (Prix Artmisia 2016) de nous rejoindre, qui dessinera en direct sur l'cran.

 

Mais avant cela, je vous donne rendez-vous le 19 dcembre, pour Pictures of America, une soire qui s'annonce trs festive et fait l'objet d'une tourne en rgions.  

 

 

Propos recueillis par Michle Tosi.

 

 

L'ŒIL ECOUTE

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Esa-Pekka Salonen fait scintiller le Philharmonia Orchestra

 


Benjamin Ealovega

 

Une constatation s'impose qui est le fil rouge de ce concert : la fabuleuse plastique sonore du Philharmonia Orchestra de Londres. Dans un programme d'une tonnante diversit puisque associant Stravinski, Beethoven et Sibelius. Les Symphonies d'instruments vents sont ddies Claude Debussy auquel Stravinski tait li la fois par l'admiration et l'amiti. Acheve en 1920, Garches, l'uvre sera remanie en 1946. Elle est crite pour 23 vents, que Salonen ne dispose pas autour de lui mais laisse la place habituelle qu'ils occupent dans le grand orchestre, crant une impression bienvenue de lgre distance. Le choral final, conu comme un  Tombeau de Claude Debussy , conclut une uvre d'un seul tenant qui ne dpasse pas une douzaine de minutes.  Une crmonie austre qui se droule en courtes litanies , dira l'auteur dans ses Mmoires. Quelque chose de hiratique, de rituel aussi, voire de violent dans l'association des timbres et la diffrentiation dynamique. Sans parler d'une extrme complexit. La lecture de Salonen est d'une prcision au scalpel dans ces diverses squences aux courts dveloppements, avec des retours en arrire et de constants changements de tempo, des blocs qui se font et se dfont. O apparait comme un refrain, anticipation du thme du choral final. Les instrumentistes anglais sont d'une prodigieuse tenue offrant une palette irrsistible. La Troisime Symphonie de Beethoven forme un contraste on ne peut plus marqu. Avec l'entre de l'entier orchestre symphonique, bien sr, mais aussi par le ton adopt. La vision de Salonen est d'un classicisme revisit proche de cette musique rvolutionnaire qui n'vite pas un certain asctisme, amplement dfendu par un orchestre dont la cohsion clate chaque mesure. L'allegro con brio installe une fulgurance qui ne se dmentira jamais ensuite. la diffrence de Simon Rattle qui privilgie une manire souple, proche de la danse, Salonen s'avre plus au pied du rythme, presque sec en apparence, quoique le rsultat ne donne jamais le sentiment de rudesse. La  marcia funebre  a un caractre solennel plus que triste et on aura remarqu la sret des trois cors, l'agilit du timbalier et surtout l'ensemble des pupitres des bois d'une tonnante clart. Le vivace du scherzo trace des traits joyeux et le finale est justement grandiose sans inutile opulence.   

 

En seconde partie, La Cinquime Symphonie de Sibelius (1919) dcouvre d'autres perspectives que la direction trs physique du chef va transfigurer. Au sortir de la Grande guerre, le compositeur finnois propose une nouvelle symphonie qui eu gard sa tonalit de mi bmol peut se situer dans le droit fil de l'Hroque de Beethoven. En tout cas bien des commentateurs ont voulu y voir quelque lointaine parent. On a souvent dcri la musique symphonique de Sibelius. Si elle est loigne des schmas classiques, elle en cr d'autres, ancre dans l'vocation de la terre natale du compositeur, de ces contres nordiques et leurs immensits, ce que Salonen sent bien sr du dedans. D'o une foison de thmes bass sur le timbre plus que sur la stricte forme, une mouvance du discours et des enchanements presque improbables. L'interprtation haletante souvent, voire incandescente aux ultimes pages du premier mouvement, mais aussi contemplative ( andante mosso, quasi allegretto  mdian), vibre au son de l'orchestre anglais dont Salonen forge le son de manire aussi singulire qu'il le fit Aix, l't dernier, dans le Pellas et Mlisande de Debussy ou Oedipus Rex de Stravinski. L encore, une   association  chef-orchestre qui a valeur de rfrence. En bis est donn un extrait d'Apollon musagte, la  danse d'Apollon  que tressent les seules cordes. Joli coup que de finir par Stravinski et par les cordes l o l'on avait dbut avec les vents. Une ultime remarque : une salle loin d'tre pleine comme on aurait pu le penser avec un tel chef et pareil orchestre. L'attrait de la Philharmonie de Paris jouerait-il un mauvais tour la salle de l'avenue Montaigne ? Une rflexion creuser au fil de la saison.

 

Jean-Pierre Robert.

 

     

Le Tour d'crou : un huis clos terriblement ambigu

 

Benjamin BRITTEN : The Turn of the Screw. Opra en deux actes et un prologue. Livret de Myfanwy Piper d'aprs la nouvelle d'Henri James. Nikolai Schukoff, Heather Newhouse, Anne Mason, Cheryl Barker, Lucien Meyer, Silvia Paysais.  Membres de l'Orchestre Symphonique de Mulhouse, dir. : Patrick Davin. Mise en scne : Robert Carsen. Opra de Strasbourg.

 


Klara Beck

 

Le Tour d'crou de Britten est un bien curieux opra. Inspir de la nouvelle d'Henri James, le livret en adopte l'tranget et la concision. Opra de chambre crit pour un effectif de treize musiciens jouant 18 instruments et comprenant six personnages, ses seize scnes sont rparties symtriquement dans ses deux actes, chacune introduite par un interlude instrumental conu sous forme de variations ; on n'est pas loin du schma musico-dramatique de Wozzeck d'Alban Berg puisque ces variations annoncent le contenu de la scne qui suit. Un prologue introduit l'histoire : une Gouvernante est appele par le tuteur de deux enfants, Flora et Miles, pour s'occuper d'eux dans sa proprit la campagne, la condition expresse de ne le dranger aucun prix. La jeune femme accepte cette mission avec enthousiasme mais s'aperoit peu peu que des choses tranges se passent : le fantme de deux anciens serviteurs, Peter Quint et Mrs Jessel. apparaissent. Et soudain tout bascule, alors que les deux enfants entretiennent un comportement ambigu, le garon surtout en proie l'envotement de Quint, tenant des propos trangement double sens, et en venant intercepter sous la pression de celui-ci, la lettre que la Gouvernante s'est finalement rsolue adresser au matre des lieux.

 

Ce climat de malaise, Robert Carsen l'inscrit paradoxalement dans un crin d'une singulire beaut esthtique. Cumulant pour la premire fois - dans cette production cre l'origine pour le Theater an der Wien - les fonctions de dcorateur, d'clairagiste aussi bien que metteur en scne : le manoir de Bly o se droule ce huis clos infernal est apprhend travers diverses perspectives dans un camaeux de gris la fois dans les dcors et les costumes, rehausss par des clairages latraux d'une magique splendeur. Point d'extrieurs ici, tout sera concentr dans la seule demeure. L'accent est port sur quelques objets essentiels dont ces grandes fentres par lesquelles on voit au dehors ou travers le prisme desquelles les figures immatrielles se dessinent. Et travers un schma dramaturgique o les diverses scnes sont perues dans le ressenti de personnages qui s'imbriquent troitement au point de se contaminer, celui de la Gouvernante au premier chef. Car chacun des cinq autres participent la construction du labyrinthe dans lequel s'enferme inexorablement la jeune femme. D'autant plus effrayant qu'il est mental. Elle est de surcroit en proie un mcanisme de projection, singulirement sur le tuteur des enfants, absent physiquement mais omniprsent dans ses penses, jusqu' en tre amoureuse. Elle veut prserver les enfants et notamment l'innocence de Miles, et semble en dfinitive par sa rigidit et sa volont surprotectrice, contribuer elle-mme la destruction de ce dernier, autant que Quint dont le garon parvient in extremis se dfaire de l'emprise. Il meurt dans ses bras et elle ne peut que constater son chec. Carsen, qui voit justement la pice comme un scnario de film en noir et blanc avec ses squences souvent trs courtes, comme il en va du court Prologue o est projet la rencontre entre la Gouvernante et le tuteur, mise sur l'intimit malsaine qui s'tablit entre protagonistes et public. Par petites touches, il resserre l'tau tout en brossant le ct fantasque de Quint et en accentuant l'emprise sexuelle de celui-ci sur l'autre servante comme sur le jeune Miles, par exemple lors de la dernire scne du Ier acte d'une plus que suggestive atmosphre sensuelle. 

 


Klara Beck

 

Patrick Davin imprime sa phalange de musiciens de l'Orchestre Symphonique de Mulhouse une patte sonore d'une relle tenue au sein d'une orchestration tour tour clairseme et touffue, avec sa rythmique souvent convulsive, ses ostinatos impressionnants des percussions, dont le gong et la caisse claire, ses traits inquitants des bois, de la clarinette basse par exemple, ses singulires associations de timbres et les couleurs particulires qu'apportent en particulier le clesta menaant ou la harpe envotante dans ses glissandi. Et surtout mnage la continuit entre interludes et scnes qui suivent. De la distribution se dtache la Gouvernante de Heather Newhouse, d'une vraie sincrit et vocalement juste dans un rle exigeant. Plus que chez d'autres interprtes, la jeunesse du personnage clate chaque scne, et son parcours de terreur et de dsespoir reste trs intrioris. Laissant au spectateur le soin de tirer ses propres conclusions et de trier parmi les incertitudes que recle le rcit. Anne Mason, Mrs Grose, dgage de sa belle voix grave une vision o perce l'ambigut de la vieille intendante, moins passive qu'elle n'en a l'air, cense assurer la permanence de la vie du domaine. Cheryl Barker, familire de l'idiome brittnien qu'elle a souvent ctoy l'ENO de Londres, prte Mrs Jessel de poignants accents. Le Peter Quint de Nicolai Schukoff, un peu raide vocalement, n'a pas l'aura des voix anglaises auxquelles on est ici habitu, d'un Ian Bostridge par exemple, sans remonter au crateur du rle Peter Pears : ce timbre translucide et si particulier qui colle au personnage, comme cette locution qui gnre l'tranget. Mais la composition est crdible et les vocalises assures. Des deux enfants, membres de la Matrise de l'Opra national du Rhin, l'interprte de Flora est la plus en situation, quoique paraissant curieusement la plus ge, alors que le texte prcise qu'elle est la cadette et la plus ''enfant''. Le jeune garon qui campe Miles est plus en retrait, en particulier dans les monologues ou changes-confrontations avec la Gouvernante, o le dbit de la langue anglaise montre ses limites : la dclamation n'est pas assez assure pour dfendre une partie il est vrai terriblement ingrate. Ainsi le passage  Malo, Malo, Malo  la fin de la scne 6 de l'acte I, ou le terrible  Vous voyez, Je suis mauvais, je suis mauvais, n'est-ce pas ?  qui termine le Ier acte, moments si cruciaux, ne dveloppent pas assez d'impact. C'est toute la difficult de cette pice que de rendre les deux jeunes protagonistes parfaitement audibles, et partant crdibles, au-del mme de l'ide de fragilit.    

 

Jean-Pierre Robert.

 

 

Samson et Dalila : l'opra biblique revisit

 

Camille SAINT-SANS : Samson et Dalila. Opra en trois actes et quatre tableaux. Livret de Ferdinand Lemaire. Anita Rachvelishvili, Aleksandrs Antonenko, Egils Silins, Nicolas Test, Nicolas Cavallier, John Bernard, Luca Sannai, Jian-Hong Zhao. Orchestre et Churs de l'Opra National de Paris, dir. Philippe Jordan. Mise en scne : Damiano Michieletto. Opra Bastille.

 


Vincent Pontet/ONP

 

Aprs quelques dcennies d'absence, Samson et Dalila, l'uvre lyrique majeure de Camille Saint-Sans revient l'Opra de Paris. L o elle n'entra au rpertoire que tardivement, en 1892, alors que cre en 1877 Weimar. Grce aux bons soins de Liszt. Cet  opra biblique  trouve sa source dans un pisode du Livre des Justes, l'un des livres de la Bible hbraque ; mais les vnements relats dans l'opra n'en reprennent qu'une infime partie. Car si Samson y succombe aux charmes vnneux de Dalila, celle-ci avait dj tent de le sduire par trois fois auparavant, en vain. Imagin l'origine comme un oratorio, l'opra s'en ressent dans ses immenses passages choraux du premier et du troisime acte, o l'on peut songer aux matres du pass, JS. Bach, Haendel. C'est que le sujet n'appelle pas un dveloppement dramatique trs riche. Ce dont pourtant Saint-Sans a su s'accommoder, mnageant un intressant cheminement quant la conqute par les Philistins du secret de la force herculenne de Samson par le truchement des appts de la jeune femme, objet de l'acte central et du duo d'amour qui en est la cl de vote. Autour de cela : les lamentations du peuple hbreu qui se sent dlaiss par son chef, les invectives du satrape du camp adverse, l'incitation la haine du grand prtre de Dagon qui tente d'amadouer Dalila en lui offrant son or, et enfin le supplice de Samson expos la rise de tous lors d'une scne d'hystrie collective l'issue de laquelle l'lu d'Isral provoque l'croulement du temple des Philistins.

 

Il n'tait pas - ou plus - pensable de reprsenter cette trame telle quelle. On l'a bien sr actualise. Damiano Michieletto la transporte dans un univers contemporain : des choristes en vtements bariols, la gestuelle travaille, qui au dernier acte, enfilent des habits d'poque pour donner l'impression de reconstituer l'histoire ; une dcoration pure faite de deux aires de jeu superposant la vaste chambre de Dalila et un lieu impersonnel cens reprsenter la ville de Gaza o est situe l'action. Mais point heureusement de rfrence une actualit brlante de conflit au Moyen-Orient. Sa mise en scne tente de simplifier une action dj condense et offre une lisibilit certaine pour ce qui est de l'interaction churs-solistes, sans succomber un parti illustratif simpliste. Ainsi des passages de ballets rduits l'allusif au Ier acte et purement et simplement vacus au dernier, la bacchanale de pacotille se voyant remplace par des mouvements de sautillements frntiques plus dsordonns que rellement cadencs. On a plutt privilgi ce qui ressortit au vcu des protagonistes de cette douloureuse histoire, et au premier chef au conflit intrieur que vit Samson, partag entre devoir et sentiments privs, entre l'amour pour Dalila et son rle de  chef spirituel du peuple hbreu. A sa solitude aussi : ainsi apparat-il isol dans quelque prison mentale au premier tableau, l o au dbut du dernier acte, lors que mutil par ses contempteurs, il vit son exclusion physique et morale en demandant piti pour son peuple comme lui meurtri. Le portrait de Dalila est plus fouill encore et c'est l sans doute l'originalit de cette vision de l'uvre. Alors qu'on la pense uniquement femme fatale, tout comme ses surs en haine recuite Jzabel et Salom, elle est ici prsente dans ses propres contradictions : amoureuse par calcul et vengeance fminine, jouet entre les mains du chef philistin, mais aussi prte mettre en jeu sa propre vie, titre d'ultime argument. Elle menace de se suicider et c'est avec le couteau que Samson lui a ravi des mains que celui-ci va se couper une mche de cheveux, signant la perte de sa puissance. A l'acte suivant, son parcours devient singulier : n'ira-telle pas jusqu' s'inquiter du sort de Samson durant la grande supplication de celui-ci, horrifie du traitement qui lui a t rserv. Et c'est elle qui, aux lieu et place de l'enfant, guide Samson vers le centre du temple et asperge le sol d'essence provoquant le cataclysme final. Rachat ou ultime bravade ? Il fallait l'oser.

 


Vincent Pontet/ONP

 

Et quelle Dalila ! Anita Rachvelishvili est de la trempe des plus grandes interprtes du rle : un timbre de mezzo grave qui flirte avec le contralto, comme la fin de l'air  Amour ! Viens aider ma faiblesse ! , un legato enviable jusque dans le pianissimo, une claire projection qui distingue ses interventions mme loin de la rampe, une sre manire d'aborder le chant arioso caractristique de l'uvre. Et surtout une incontestable autorit ds sa premire apparition et qui ne cesse de s'affirmer, rendant hautement crdible les diverses facettes du personnage tel qu'ici rimagin. Si l'on ajoute que les trois airs sont des morceaux d'extrme intensit dramatique et de formidables contrastes vocaux, on tient l une interprtation de rfrence, justement salue par le public. Le Samson d'Aleksandrs Antonenko n'est pas de la mme eau, sans doute dsavantag par l'locution en franais, et manque de la vraie couleur  d'un tnor natif de l'hexagone. Mais en est-il actuellement ? La puissance est au rendez-vous moyennant quelques passages en force au dbut. Quoique on note une relle apprhension du conflit que vit le personnage. Reste que le duo, bnficiant de l'aura de l'interprte fminin, dveloppe son vrai impact. Des autres interprtes, distribus ingalement, on remarque le Vieillard hbreu de Nicolas Cavallier. Les churs maison font de l'excellent travail, en particulier au Ier acte dont l'criture vocale est proche du chant grgorien. L'autre triomphateur de cette production est Philippe Jordan qui ne fait pas mystre de sa passion pour une uvre qu'il estime injustement dlaisse. Son approche, quasi chambriste maints endroits, exhale une douceur envotante ou des emportements soigneusement contrls.  L'Orchestre de l'Opra est somptueux, les bois en particulier : mlismes de flte et de hautbois au dbut du II me acte, trait enjleur de clarinette parant le duo. Et on lui sait gr de ne pas accentuer les passages par trop orientalisants qui maillent la partition, au tableau final notamment dont sont presque gomms la facilit d'criture et un exotisme aujourd'hui bien pass de mode. En ressortent le magistral mlodisme de Saint-Sans, son art de penser une orchestration chatoyante, et finalement de faire de l'orchestre un protagoniste part entire, au-del de son rle d'accompagnateur ou de faire valoir du chant comme chez Gounod ou Massenet.

 

 

Jean-Pierre Robert.

 

Incandescent Ange de feu l'Opra de Lyon

 

Serge PROKOFIEV : L'Ange de feu. Opra en cinq actes et sept tableaux, op. 37. Livret du compositeur d'aprs le roman ponyme de Valri Brioussov. Ausrine Stundyte, Laurent Naouri, Margarita Nekrasova, Mairam Sokova, Vasily Efimov, Dmitry Golovin, Taras Shtonda, Ivan Thirion, Almas Svilpa, Yannick Berne, Paolo Stupenengo, Philippe Maury, Kwang Soun Kim, Marie-Eve Gouin, Pascal Obrecht, Charles Saillofest, Jean-Franosi Gay, Paul-Henry Vila, Sharona Applebaum, Pei Min Yu, Sophie Calmel, Joanna Curelaru. Orchestre et Churs de l'Opra de Lyon, dir. Kazushi Ono. Mise en scne : Benedict Andrews. Opra de Lyon.

 


Acte I : Laurent Naouri, Ausrine Stundyte  Jean-Pierre Maurin

 

L'Opra de Lyon poursuit son exploration des grandes pages de l'opra russe. Avec cette fois, une uvre peu souvent joue, L'Ange de feu. Serge Prokofiev tait fascin par l'occultisme, et la dcouverte du roman de Valri Brioussov, matre du symbolisme russe, fut le dclic de la mise en chantier d'un opra, crit entre 1920 et 1927. Qui  sera cr bien plus tard, en 1954, en version de concert au Thtre des Champs-Elyses Paris - en franais - et l'anne suivante scniquement La Fenice de Venise, en italien ! Entre temps la Troisime symphonie (1928) aura repris pour l'essentiel le rseau thmatique de l'opra. Curieux destin pour une uvre hors norme qui, dans l'Allemagne superstitieuse du XVI me sicle, plonge le spectateur dans le mysticisme et le religieux, le rel et la fiction, et dpeint une figure de femme possde comme il en est peu dans le monde lyrique : Renata a vu nagure lui apparatre Madiel, un ange de feu, et depuis est envote par cette vision, jouet de forces contraires qui la torturent corps et me. Cette possession est-elle anglique ou diabolique ? L'pigraphe du roman,  dans lequel il est question du diable, maintes fois apparu une vierge sous les traits d'un esprit de lumire et de la manire dont il lui fit commettre divers pchs  laisse peu de doute. Un personnage non moins trange, le chevalier Ruprecht, qui elle se confie, tente en vain de la librer de l'obsession qu'elle poursuit travers la recherche d'un homme idalis, le comte Heinrich en qui elle voit la rincarnation de Madiel. Entre au couvent, elle dchane l'hystrie parmi les nonnes et prit sous l'exorcisme du Grand Inquisiteur. On aura crois au fil du dlire hallucinatoire de Renata et de sa qute forcene, une voyante prdisant sang et crochet de fer, un libraire d'ouvrages sulfureux, Jakob Glock, un savant matre s magie noire, Agrippa de Nettesheim, et mme Faust et Mphisto qui curieusement ont chang leur tessiture vocale par rapport au schme tabli par Gounod ; en fait une galaxie de personnages tous aussi mystrieux qu'inquitants, et toutes sortes de ''diableries'', pour reprendre le mot du musicien. La musique pouse ce drame fantasque et la tension qu'il gnre, par un symphonisme dense, souvent fracassant, et un rseau motivique serr, multipliant des thmes courts vocateurs d'tats divers (l'hystrie de Renata ou son amour-dvotion son ange protecteur). Elle est tour tour ensorcelante comme son hrone, ou dmoniaque l'image de son sujet, en tout cas aussi expressionniste, voire violente, qu'elle tait lyrique et emplie de fantaisie dans L'Amour des trois oranges. Il faut, dira Prokofiev,  crire de manire ce que la musique vienne en permanence renforcer l'impression que provoquerait le drame seul sans la musique  (Journal intime, 1924).

 


Acte II : Laurent Naouri, Ausrine Stundyte, Vasily Efimov Jean-Pierre Maurin

 

La mise en scne de Benedict Andrews vite la surcharge qu'une telle trame pourrait induire et mise sur le parcours intrieur de l'hrone, partage entre illusion et ralit, rationnel et irrationnel. Son personnage est dmultipli, entoure qu'elle est d'une nue de jeunes filles son image, comme l'est d'ailleurs aussi celui de Ruprecht et ses multiples rpliques, jusque parmi les machinistes appels construire ou modifier les volumes d'un dcor aux perspectives fuyantes. La rgie en effet unifie un propos s'cartant de toute logique, travers le prisme ingnieux d'un plateau tournant, et en fluidifie les divers pisodes. Ainsi du grand rcit confession introductif de Renata contant ses diverses rencontres avec l'ange et une obsession naissante, de l'enfant l'adolescente, de la jeune fille l'adulte. Cette extrme mobilit, qui absorbe des bribes de dcoration parses, apporte un sentiment de mouvement dans une uvre proposant somme toute une action rduite, et tient en haleine jusqu' la dernire scne. Et on passe sur quelques dtails naturalistes de premier degr, en particulier au IV me acte, pour saluer la cohrence d'une dramaturgie mnageant avec habilet les constants basculements chez Renata, les questionnements irrsolus et un suspense adroitement amen rvlant au final la possession dmoniaque dont elle est en ralit l'objet. L'ultime tableau du couvent o se succdent en un tournoiement infini les petites cellules monacales qui peu peu se peuplent de leurs occupantes, retrouve la circularit de la premire scne de l'htel et de ses chambres esseules, l o Ruprecht avait rencontr Renata, par hasard ou vraie concidence. La direction d'acteurs qui restitue avec acuit tout ce qu'il y a de paroxystique dans les changes, focalise aussi sur des effets de chevauchement d'identit : l'ange qui apparait sous les traits d'un ministre du culte, n'est-il pas le comte Heinrich, dont la vision est tant suscite, et mme aussi l'Inquisiteur de la dernire scne, agent d'anantissement d'une obsession voue tre condamne.         

 


Acte V : Ausrine Stundyte, Almas Svilpa Jean-Pierre Maurin

 

La force de ce spectacle on la tire surtout de ses deux interprtes principaux. Ausrine Stundyte, hier formidable Katerina dans Lady Macbeth de Mzensk de Chostakovitch, dj Lyon (cf. NL de 3/2016), trouve en Renata un autre rle sa mesure, offrant au personnage une paisseur dramatique peu commune, attachante, nigmatique dans ses aspirations contradictoires, mles d'angoisse, de dchirement, d'une dsarmante sincrit jusque dans ses revirements les plus inattendus. Cette sincrit est au service d'une interprtation musicale d'une puissance souvent insoutenable, faisant sien le langage hach, partag entre une sorte de sprechgesang et une style arioso bien spcifique, grce une voix de soprano dramatique ample mais aussi d'un grand raffinement ; sans parler de la performance physique d'un rle qui tient son interprte constamment en scne, soumise ici des crises convulsives et autres exigences svres de mise en scne. Vocalement incandescente, cette prestation a tout d'une interprtation d'anthologie o la voix semble faire corps avec l'orchestre en une rare symbiose. Du Ruprecht de Laurent Naouri mane la mme intensit. Le baryton, qui pouse la prosodie russe avec aisance, se mesure cette figure d'anti hros avec un naturel qui force l'admiration dans le chant comme par la prsence : c'est que l'apparente solidit de Ruprecht, esprit curieux de tout, humaniste quoique adepte des sciences occultes, contraste avec l'imprvisibilit, la fragilit mais aussi la ferme rsolution de celle qui voit pourtant en lui son sauveur. Une distribution sans faute les entoure, peuple de personnages pisodiques, dont les tnors Vasily Efimov, Jakob Glock, ou Dmitry Golovin, Mphisto et Agrippa, et la basse Almas Svilpa, l'Inquisiteur comme aussi les personnages muets d'Heinrich et de l'Ange. Le brio avec lequel Kazushi Ono dirige cette musique puissante, l'coulement motorique, aux climax impressionnants et dont n'est pas exclu le sarcasme, est une autre joie, comme la performance de l'Orchestre de l'Opra de Lyon confront sans doute la difficult de la dcouverte. Mme si l'on peroit que le chef se laisse par moment emporter par le flux d'un discours luxuriant, quasi tellurique, o les thmes souvent s'entremlent, se chevauchent presque, le magistral fini sonore rend justice la partition visionnaire de Prokofiev.     

 

Jean-Pierre Robert.

 

 

Festival  Quatre x Quatre  ou lavenir radieux du quatuor cordes

 


La Chapelle Corneille-Auditorium de Normandie ric Benard

 

Un magnifique festival de musique de chambre totalement ddi au quatuor cordes organis par lOpra de Rouen en collaboration avec Pro Quartet, dans le cadre somptueux de la Chapelle Corneille-Auditorium de Normandie. Quatre journes pour entendre et apprcier huit talentueux quatuors de la jeune gnration (Quatuor Diotima, Cambini-Paris, Van Kuijk, Zade, Arod, Danel, Thomas Dunford au luth accompagn dun quatuor vocal et Quatuor de lOpra de Rouen), plus dune vingtaine duvres (Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert, Brahms, Bruckner, Mendelssohn, Webern, Bartk, Debussy, Ravel, Gounod, Franck, Kurtag, Dowland et Weinberg) certaines bien connues, mais galement nombre de belles dcouvertes dont la mise en miroir avec des standards du genre tait riche denseignements. Ancienne chapelle jsuite de la contre Rforme, difie en 1615,  totalement ramnage avec une scne centrale circulaire et une rvision de lacoustique, inaugure en fvrier 2016 pour servir de cadre une programmation musicale ambitieuse, varie, consacre lexcellence, la Chapelle Corneille, situe dans le vieux Rouen, offrait son cadre somptueux et adquate cette manifestation dont le lustre ne dpareillait pas au milieu des dorures baroques. A titre dexemples, pour nen citer que quelques uns, caractristiques de cette diversit de programmation et de cette qualit musicale.

 

Le Quatuor Cambini-Paris dont les particularits sont de jouer sur instruments anciens dots de cordes en boyau et de se prsenter dans une ancienne configuration o premier et second violon se font face, laissant violoncelle et alto en charnire centrale. Un jeune quatuor constitu en 2007 regroupant quatre talentueux instrumentistes (Julien Chauvin, Karine Crocquenoy, Pierre-Eric Nimylowycz, Atsushi Saka) issus du Cercle de lHarmonie puis du Concert de la Loge, anciennement appele Olympique, regroups autour du premier violon de Julien Chauvin. Un programme classique et romantique qui constitue le cur du rpertoire des Cambini associant Haydn (Quatuor n 3 opus 76 dit  LEmpereur ) Mozart (Quatuor n 16 ddi Haydn K. 428) et une curiosit de dcouverte rcente, le Quatuor n 1 de Gounod. Force est de reconnaitre que luvre de Gounod ptit quelque peu du voisinage avec ses illustres prdcesseurs, le dsir des Cambini de dfendre avec brio cette composition tardive du musicien franais nen tant que plus mritoire. Gounod nՎcrivit que cinq quatuors cordes achevs, dcouverts en 1993 dont celui propos ce soir semble tre le premier du corpus compos en 1892. Un quatuor sans grande originalit qui nous parut peut tre un peu dsquilibr entre les parties, laissant la part prdominante au premier violonA moins quil ne sagisse dun dfaut acoustique ? Une dcouverte que lon pourra rentendre et juger de faon plus approfondie prochainement au disque avec les autres lments du corpus en cours denregistrement grce la collaboration du Palazzetto Bru Zane, ardant dfenseur des partitions oublies de la musique romantique franaise.Affaire suivre. Point de rserve, en revanche pour les quatuors de Haydn et Mozart, gages dune longue et indfectible amiti. Haydn le maitre incontest et inventeur du genre et Mozart qui ne cessera de faire progresser la forme par sa gniale inspiration. Si le Quatuor de Haydn, datant de 1797, tout entier organis autour du deuxime mouvement o le musicien rend hommage au rgime imprial, resplendit dune lumire solaire par son nergie, son architecture classique, sa srnit et sa plnitude, le Quatuor de Mozart, plus ambigu, oscille entre ombre et lumire, tmoignant de limportance de cette priode (1783-1785) dans la vie du compositeur puisquelle correspond son initiation maonnique (1784) vritable chemin initiatique qui le conduira des tnbres profanes vers la lumire de lIniti dont le prsent Quatuor K. 428 et le Quatuor des Dissonances donn  en bis  portent tmoignage. Une interprtation magnifique de clart et de lyrisme, la sonorit chaude et profonde, un quilibre parfait, une cohsion infaillible que lon pourra retrouver au disque puisque lensemble du corpus des quatuors de Mozart ddis Haydn a t enregistr dernirement par les Cambini pour le label Ambroisie Nave, coffret unanimement salu par la critique.

 


Quatuor Cambini-Paris Franck Juery

 

Se prsentant dans une conformation plus classique (1e violon, 2e violon, alto, violoncelle) bard de mdailles glanes dans diffrents concours internationaux prestigieux et aprs un premier disque consacr Mozart, le jeune Quatuor Van Kuijk (Nicolas Van Kuijk, Sylvain Favre-Bulle, Grgoire Vecchioni, Franois Robin) quatuor franais fond en 2012, avait la lourde tche de dfendre deux monuments de la musique de chambre franaise, le Quatuor cordes de Debussy et celui de Ravel, associs aux Six Moments musicaux de Gyorgy Kurtag dans une confrontation surprenante au demeurant, mais pleine dintrt. Ces Six Moments musicaux rsultent dune commande faite au compositeur hongrois en 2005 pour le concours international de quatuor cordes de Bordeaux. Six pices miniatures dans la ligne de Webern alternant lyrisme et contrastes abruptes lorigine, par la pulvrisation des timbres, dune sorte de spatialisation du son voquant les mobiles de Calder. Le Quatuor  en sol mineur de Claude Debussy, compos en 1893, est le seul quatuor du grand Claude. Il marque une date importante dans lՎvolution de la musique de chambre, enfin  libre de sa structure rigide, de la rhtorique et de lesthtique congeles et rigides . Jugement premptoire, sil en est, qui nest pas un mince compliment dans la bouche de Pierre Boulez ! Trs orchestral, tendant un pont entre tradition et modernit, Debussy y amalgame des lments emprunts au chant grgorien, la musique tzigane, au gamelan javanais, sans oublier les influences de Massenet ou de Franck. Contemporain du Prlude laprs midi dun faune,  le deuxime mouvement, en rappelant la langueur, fut un moment sublime dune rare motion porte par lalto blouissant de Grgoire Vecchioni. Alors que Debussy surprend par lՉpret des premires notes, Maurice Ravel sduit demble par son Quatuor en fa majeur plaant lauditeur sous son charme envoutant. Postrieur dune dizaine dannes (1903) par rapport celui de Debussy, le compositeur de Pellas et Mlisande en fut un dfenseur inconditionnel face aux critiques de Gabriel Faur qui luvre est ddie. Si linspiration est debussyste, la manire est typiquement ravlienne par son originalit, sa dlicatesse, sa grande invention rythmique faisant un usage virtuose du pizzicato. Les Van Kuijk nous en livrrent une lecture trs sduisante, claire, remarquablement mise en place, immdiatement convaincante. En bis, pour relcher la tension aprs un final trs rythm, les Chemins de lamour de Francis Poulenc, adapts pour quatuor cordes, concluaient cette magnifique soire.

 


Quatuor Van Kuijk Adrien Vecchioni

 

Exclusivement fminin, fond en 2009, le Quatuor Zade (Charlotte Juillard, Leslie Boulin Raulet, Sarah Chenaf, Juliette Salmona) se produit dj dans les salles les plus prestigieuses de la plante musique. Son rpertoire trs tendu va de la priode classique la musique daujourdhui, sa discographie comprend dj deux disques publis chez NoMadMusic, le premier  consacr en 2014 Martinu et Janacek, le second en 2015 lopus 50, dits ''quatuors prussiens'', de Haydn. Pour lheure cest Beethoven (Quatuor n 3 opus 18) et Csar Franck (Quatuor en r majeur) que les Zade dfendaient de leur talent, sans oublier le trs mconnu Intermezzo pour quatuor dAnton Bruckner. Sans sattarder sur cette anecdotique pice de Bruckner, extraite  de son Quintette en fa qui ne fera probablement pas date dans la carrire du musicien de Saint Florian, plus intressante, nen pas douter, la confrontation entre le Quatuor de Beethoven, uvre de jeunesse puisquil sagit du premier quatuor du matre de Bonn, compos en 1799  lԉge de 29 ans, et le Quatuor de Csar Franck, dernire uvre instrumentale du compositeur, crite lanne de sa mort en 1890, lՉge de 68 ans. Une comparaison qui confirme le fait que la valeur nattend pas le nombre des annes, tant le quatuor beethovenien frappe demble par une impression de maitrise absolue du genre alliant quilibre et synthse : tension et dynamisme du premier mouvement, lyrisme parfois tourment du deuxime, quilibre serein du troisime, cavalcade finale sur une tarentelle endiable.  En regard, le Quatuor de Franck parut hlas un peu terne malgr lengagement des instrumentistes. Une uvre de structure cyclique qui manque un peu dattrait, parfaitement excute par les Zade et notamment par Charlotte Juillard impressionnante dengagement et dintriorit qui irradie luvre de sa prsence sonore dans le larghetto et le finale. Pour conclure ce superbe concert, un bis emprunt Haydn que les Zade connaissent sur le bout des doigts et un triomphe mrit.

 


Quatuor Zade / DR

 

Un festival parfaitement russi de bout en bout, dans un lieu patrimonial hors du commun, qui nous rassure quant lavenir (radieux) du quatuor cordes franais ! Bravo tous !

Patrice Imbaud.

 

                                                                                                                           

Un superbe Cos fan tutte en ouverture de la saison lOpra de Rouen

 

Wolfgang Amad MOZART : Cos fan tutte. Dramma giocoso en 2 actes. Livret de Lorenzo da Ponte. Gabrielle Philiponet, Annalisa Stroppa, Cyrille Dubois, Vincenzo Nizzardo, Laurent Alvaro, Edouarda Melo. Orchestre de lOpra de Rouen Normandie & Chur Accentus, dir. Andreas Spering. Mise en scne de Frdric Roels.

 


Jean Pouget

 

Pour ouvrir cette nouvelle saison centre sur le libertinage, dans son acception philosophique et historique, ssame dun monde subversif et mystrieux peupl de dsirs et de charmes interdits, Frdric Roels, directeur gnral et artistique de linstitution lyrique normande, levait le rideau avec Cos fan tutte de Mozart. Si ce troisime opus de la trilogie Da Ponte est gnralement interprt comme une mtaphore de linconstance et de linfidlit fminine, Frdric Roels en proposa un clairage nouveau sous la forme dun jeu de rles o tout est dj accept davance sauf la fin Un jeu un peu pervers sous la houlette du maitre du jeu Don Alfonso second par sa maitresse Despina, couple machiavlique, un peu sado masochiste dont la conduite nest pas sans rappeler les aventures  amoureuses  dun certain divin marquis. Un jeu finalement men entre soi, pour chapper lennui. Tout se joue alors grand renfort de masque, de travestissements, de mise en miroir et de voyeurisme o la farce ctoie le drame afin de rester fidle lambigit du dramma giocoso. Une mise en scne attrayante et pertinente qui emporta immdiatement ladhsion du public, transpose de nos jours, bien pense, se droulant dans une scnographie du plus bel effet, tantt dans un salon bourgeois dune lumineuse blancheur, tantt dans un jardin paradisiaque peupl dombres et de dsirs cachs.

 


Jean Pouget

 

 

Un opra classique cr en 1790 au Burgtheater de Vienne, tout entier bti sur la symtrie des couples, des voix et des tessitures qui sՎchangeront au long de lintrigue, une uvre surtout qui brille par lexceptionnelle qualit musicale de ses nombreux ensembles vocaux, impliquant donc une grande homognit dans le choix des voix. Point de dception avec cette distribution vocale particulirement blouissante reposant sur six jeunes chanteurs au premier rang desquels il faut citer Cyrille Dubois, rvlation des Victoires de la musique et de la Critique. Si ce jeune et talentueux tnor est dj connu pour ses interprtations remarques dans la mlodie franaise et le lied, sa prestation dans le rle de Ferrando fut tout fait enthousiasmante par la qualit de son timbre, sa facilit vocale et son implication scnique. Face lui le Guglielmo de Vincenzo Nizzardo parut peut tre lgrement en dessous. En revanche aucune rserve concernant le duo fminin, Gabrielle Philiponnet (Fiordiliji) et Annalisa Stroppa (Dorabella) dont le ramage somptueux neut dՎgal que le plumage rutilant et coquin, particulirement mis en valeur par les costumes au demeurant trs drles de Lionel Lesire Laurent Alvaro (Don Alfonso) machiavlique souhait, belle basse parfaitement apparie avec le soprano agile dEduarda Melo (Despina) en soubrette espigle, formrent un couple irrprochable vocalement, tout entier anim par lintrigue, le plaisir du jeu, la sduction et le caprice, image dun couple derrire lequel en filigrane se dessinait lombre tutlaire du  marquis de Sade. Dun point de vue strictement orchestral, il convient encore de souligner la belle tenue de lorchestre de lOpra de Rouen, et notamment des vents (petite harmonie et cors) omniprsents tout au long de la partition, renouant avec la tradition des srnades et divertimenti chers au compositeur salzbourgeois. En bref, une premire trs russie qui laisse sur une interrogation quant la recomposition finale des couples et quant aux traces que laissera ce jeu de rlesUne question essentielle qui rsume elle seule le sujet de lopraUne belle saison en perspective suivre (www.operaderouen.fr).

 

Patrice Imbaud.

 

                                                                                                                        

Riccardo Chailly & la Filarmonica della Scala : Effusion lyrique

 


Riccardo Chailly Gert Mothes

 

Dsign par la critique comme le meilleur chef dorchestre du monde dans un classement rcent, Riccardo Chailly, qui vient de quitter lorchestre du Gewandhaus de Leipzig, se prsentait la tte de sa nouvelle phalange de la Scala de Milan devant le public parisien dans la grande salle de la Philharmonie de Paris, associ pour un soir avec Martha Argerich au piano, dans un programme minemment romantique appariant Schumann et Verdi. Salle comble videmment et un public immdiatement conquis par lOuverture de Manfred de Robert Schumann, dans une lecture trs narrative, toute en nuances, trs enleve, rvlant demble la grande qualit musicale de la phalange milanaise et limmense science de la direction dorchestre du chef italien. Une uvre finalement assez peu donne au concert inspire du pome dramatique de Byron o Schumann semblait se retrouver dans ses craintes de la folie et de la mort. Une partition datant de 1851 empreinte dun romantisme exacerb o se mlent sentiment de faute (Manfred a aim sa sur Astart, la conduisant la mort), dsir de rdemption, voyage au pays des morts afin dobtenir pardon et purification. Une uvre tendue, dsespre, vhmente, passionne, trs contraste, parfois abrupte,  dynamique, dun dramatisme croissant o la baguette de Chailly, prcise, fougueuse fit merveille. Venait ensuite  le Concerto pour piano et orchestre (1845) du mme Schumann, interprte par la grande dame du piano, Martha Argerich, personnalit emblmatique du monde musical par son charisme. Chacune de ses apparitions tant un vnement en soi allant bien au-del de linterprtation ponctuelle dun soir. Un concerto pour piano qui compte assurment parmi les plus belles uvres du gnie schumannien laissant une large place la mlodie toute imprgne de lesprit romantique. Linterprtation qui en fut donne nous parut, ce soir, un peu ingale. Ds lentame du premier mouvement la sonorit lgrement terne et rche du piano, parfois couvert, contrasta avec le brio de lorchestre,  la soliste nous gratifiant toutefois dune belle cadence. Le deuxime parut quant lui assez plat, avant que le troisime particulirement russi ne renoue le dialogue avec lorchestre, le clavier se faisant alors plus orchestral dans sa projection. En bis, les Scnes denfant portrent lՎmotion son paroxysme par la posie et la dlicatesse du jeu de la pianiste argentine. Aprs la pause, place Verdi avec la musique de ballet des Vpres siciliennes (1855). Une Sinfonia qui reprend plusieurs thmes de lopra, droulant devant lauditeur autant de scnes diffrentes au climat tour tour angoissant, funbre, violent, lyrique, vritable exercice dorchestre (tous les pupitres sont sollicits) et de direction o Riccardo Chailly nous donna entendre par la force et le lyrisme de son interprtation, un vritable opra sans parolesUn magnifique concert dun lyrisme exacerb, du grand art !

 

Patrice Imbaud.

                                                                                                                          

 

Anne-Sofie Von Otter chante les Nuits dՎt

 


Anne-Sofie Von Otter / DR

 

En ce dbut de saison, lOrchestre National de France, dirig ce soir par Fabien Gabel, semble poursuivre son exploration du  rpertoire franais avec deux compositeurs majeurs Hector Berlioz (Les Nuits dՎt) et Claude Debussy (Nocturnes), associs tous deux, dans un clin dil Kurt Mazur (ancien directeur musical du  National  dont Fabien Gabel fut chef assistant) Richard Strauss (LAmour de Dana et Till lespigle) en qui Debussy (allias Monsieur Croche, critique musical) reconnaissait le seul musicien original de la jeune Allemagne. Magnifique programme qui nous permettait dՎcouter les belles et rarement donnes Nuits dՎt dHector Berlioz chantes par la mezzo soprano sudoise Anne-Sofie Von Otter qui les pratique depuis de nombreuses annes. Un cycle vocal compos en 1841 sur des pomes de Thophile Gautier, initialement prvu pour mezzo ou tnor, secondairement orchestr entre 1843 et 1856. Beaucoup de chanteurs sy sont essays, malheureusement souvent sans succs, si lon excepte la grande Rgine Crespin, encore aujourdhui ingale dont les enregistrements font encore rfrences (Orchestre de la Suisse Romande, dir. Ernest Ansermet. Decca. 1963). Six mlodies accompagnes par un orchestre restreint, caractrises par lՎconomie, la clart et la transparence de lՎcriture, la prcision de la prosodie, la richesse des timbres et la dlicatesse de lornementation dont le National se tira admirablement sous la direction du chef franais particulirement attentif aux quilibres. Loin de se  complaire dans une strile nostalgie, force est davouer que linterprtation donne ce soir au TCE par la mezzo sudoise fut tout fait digne dՎloges par la qualit de la diction, lՎvident amour des mots,  la souplesse de la ligne, la posie du chant men peut tre sur un tempo un peu lent que le souffle dAnne-Sofie Von Otter eut quelque mal assumer, notamment dans la deuxime partie du cycle. Les trois Nocturnes  (1899) de Debussy constituent, assurment, un sommet de linspiration debussyste quelques annes avant La Mer (1905) incarnant le style impressionniste en musique. Triptyque symphonique avec chur de femmes, initialement appel Scnes au crpuscule, il enchaine Nuages, Ftes et Sirnes comme autant de rfrences visuelles plus que musicales, dont le National donna une vision toute en nuances, fidle la partition qui se veut en demi teinte associant dans une subtile alchimie souplesse et rigueur, rptition et renouvellement dont Dutilleux saura plus tard sinspirer. Nuages chargs dimmobilit changeante avant de conduire au silence, plus extraverties Ftes laisse clater la fanfare pour revenir l encore au silence, tandis que Sirnes laisse entendre un chant envotant accompagn du cor anglais pour retourner finalement au silence et la paix nocturnes. Bien diffrentes les deux uvres de Richard Strauss, LAmour de Dana (1937-1940) fragment symphonique (1952) extrait de lopra ponyme o la musique volue par larges et voluptueuses vagues sonores et Till lespigle, pome symphonique (1895) nous contant les aventures burlesques et dramatiques de ce .hros populaire la fois historique et lgendaire. Une uvre pleine de verve qui fait briller lorchestre et notamment le cor. Une virtuosit orchestrale,  une heure de musique nouvelle chez les fous  comme disait Debussy, que Fabien Gabel mit parfaitement en vidence par sa direction intelligente face un National au mieux de sa forme. Un bel exercice de direction qui nous laisse comme un regretmais une belle manire de terminer un concert sur un clat de rire, ce qui nest pas si frquent ! Sans oublier les irrprochables Sirnes du Chur de Radio France.

                                                                                                                       

Patrice Imbaud.

 

Andris Nelsons & le Royal Concertgebouw Orchestra : un concert sans clat

 


Andris Nelsons / DR

 

Il ne suffit pas toujours de runir sur la mme affiche, attrayante sil en est, une phalange prestigieuse reconnue comme une des meilleures du monde, un chef emblmatique et trs mdiatique qui, au jeu des chaises musicales, vient dhriter du fauteuil de directeur musical du Boston Symphony Orchestra et du Gewandhaus de Leipzig, pour obtenir un concert dexceptionBeaucoup le pensait, beaucoup sont repartis dus tant la prestation musicale ne rpondit pas aux espoirs escompts ! Un programme, avouons-le, sans originalit, un peu bizarre mme dans sa conception, peut-tre justifi par la filiation quentretiennent les hros wagnriens, probablement plus par les affinits connues dAndris Nelsons pour les deux compositeurs Wagner et Strauss. Le Prlude de Lohengrin  (1850), le Prlude de Parsifal et lEnchantement du Vendredi Saint (1882) de Richard Wagner en premire partie, suivis de deux pomes symphoniques de Richard Strauss, Mort et Transfiguration (1890) et Till lespigle (1895). Rien de bien nouveau sous le plafond de la Philharmonie de Paris Les pomes symphoniques de Strauss ayant t donns, il y a quelques mois, dans leur intgralit, et avec quelle loquence, par Riccardo Chailly et le Gewandhaus Leipzig. Lattente tait donc assez forte, surtout lie la personnalit du chef letton qui lon doit, force est de le reconnaitre, quelques grands moments de musique et quelques notoires motions, ces dernires annes. Si le Prlude de Lohengrin a pu faire illusion les premires minutes avec une entame diaphane des premiers violons rapidement suivie dune belle plnitude sonore, conduite avec un art consomm des nuances  par un Andris Nelsons la gestique atypique, arachnenne et, semble-t-il, peu prcise en juger par les nombreux dcalages et les difficults de lorchestre suivre sa direction, les dcalages devinrent particulirement flagrants dans le Prlude de Parsifal et lEnchantement de Vendredi Saint qui nous plongrent assez rapidement dans un ennui tenace, entretenu par un tempo trop lent, par labsence de chair et de ferveur, majorant dautant le caractre extrmement manir de la direction. Une lecture qui force de se vouloir savante et de rechercher la transparence en arrive paraitre totalement dcharne, rduite une esthtique du vide. Assurment plus russie, la deuxime partie nous donna entendre Mort et transfiguration, dans un discours trs narratif alliant puissance et clart et un Till lespigle jubilatoire. Deux occasions de faire valoir les qualits instrumentales des musiciens du Concertgebouw qui nous sembla enfin retrouver un peu de son lustre lgendaire, des cordes magnifiques, une petite harmonie toute en rondeur, des cuivres rutilants. En bis, Wagner toujours, avec le Prlude de lacte III de Lohengrin, une belle faon de refermer le boucle et de conclure ce concert qui ne restera pas dans les mmoires.

 

Patrice Imbaud.

                                                                                                                            

 

Martha & Friends la Philharmonie de Paris

 


Martha Argerich Adriano Heitman

 

Une belle soire que cette soire donne la Philharmonie de Paris o la clbre pianiste argentine, Martha Argerich, entoure de sa fille Annie Dutoit comme rcitante, recevait nombre de ses amis pour un magnifique concert. Un programme trs original, des invits prestigieux et le charisme de Martha expliquant srement laffluence du public venu trs nombreux. La pianiste lgendaire retrouvait ds louverture son complice Stephen Kovacevich dans le Prlude laprs midi dun faune, dans un arrangement pour deux pianos crit par Debussy lui-mme, pice quelle avait dj donne Montreux avec Michel Broff il y a 31 ans ! Une uvre surprenante, qui inspirera sans doute Ravel plus tard, o lon retrouve assurment les ruissellements, la dlicatesse et lՎlgance du grand Claude. Stephen Kovacevich resta ensuite seul sur scne pour interprter de faon magistrale, potique et douloureuse la Mazurka n 13 en la mineur op. 17 n 4 de Frdric Chopin. Une Mazurka, o Chopin dans une confidence intime exprime toute la douleur de lexil, que le pianiste amricain joua avec un toucher dune dlicatesse infinie, refusant tout pathos pour aborder lՎmotion pure. Les Six Etudes en forme de canon de Robert Schumann, transcrite par Debussy pour deux pianos, rappelaient la vnration de Schumann pour J.S Bach, mlant dans un syncrtisme parfait, sous les doigts de Lilya Zilberstein et Akane Sakai, lՎlvation cleste du Cantor et les tourments romantiques de Schumann. Le Trio pour piano et cordes n 2 de Chostakovitch (Martha Argerich au piano, Renaud Capuon au violon et Edgar Moreau au violoncelle) concluait en beaut cette premire parie sur une allgorie du temps, suspendu dans le premier mouvement, fracass dans le second, lgiaque dans le troisime, obsdant et macabre dans le dernier. Aprs la pause, La Valse de Ravel, dans sa version pour deux pianos, permettait Gvantsa et Khatia Buniatishvili de faire montre de leur incroyable virtuosit dans cette apothose de la valse viennoise o se conjuguent tournoiement fantastique et issue fatale, le compositeur franais masquant, ici, sous la pudeur dun grand art, les sentiments tragiques ressentis la fin de la Grande Guerre. Rarement donne, la Sonate pour violoncelle et piano de Szymon Laks (1901-1983), interprte par Edgar Moreau et Akane Sakai, fut une dcouverte pour beaucoup. Son tonnant troisime mouvement, Presto, par son rythme envotant prfigure lexprience minimaliste que Steve Reich dveloppera quelques annes plus tard. Enfin, au terme dune longue soire, Martha Argerich entoure de Nicolas Angelich et de Jean Claude Gengembre et Camille Basl aux percussions, retrouvait la Sonate pour deux pianos et percussions de Bla Bartk comme une vieille connaissance puisquelle en a enregistr la version de rfrence avec Stephen Kovacevich il y a plus de quarante ans ! Une uvre complexe russissant la difficile synthse entre un piano percussif et la richesse timbrique des percussions, visant avant tout chose une homognit sonore dont linterprtation enthousiasmante fit lever la salle. Un magnifique concert et un triomphe bien mrit pour la grande dame du piano.

 

Patrice Imbaud.

 

Le Concert de la Loge : un concert lumineux

 


Le Palais des Tuileries / DR

 

L'auditorium du Louvre avait du mal contenir la foule accourue entendre l'ensemble Le Concert de la Loge et Sandrine Piau. Mais avant toute recension de ce beau concert, il convient de dnoncer la situation grotesque dans laquelle Julien Chauvin et ses musiciens se trouvent : interdiction d'utiliser le mot Olympique car c'est le Comit National Sportif qui se le rserve soit disant de droit. On croit rver sachant que le titre exact de l'ensemble que fait revivre Julien Chauvin est bien Le Concert de la Loge Olympique, dont l'origine remonte 1782 !

 

Et justement l'vocation du pass tait bien prsente lors de cette soire car ce n'est qu' quelques mtres plus loin que deux sicles plus tt la symphonie n83 dite  La Poule  de Joseph Haydn fut donne. En effet les concerts de la Loge Olympique l'poque taient donns dans la salle des Cent-Suisses du Palais des Tuileries. Julien Chauvin et ses comparses abordent les deux premiers mouvements avec nergie. Ds les premires mesures on admire l'excellence des instrumentistes commencer par la hautboste Emma Black dans sa brve intervention au dbut du premier mouvement. Mais ce qui frappe d'emble, c'est l'engagement de tous les instrumentistes qui ne cessera aucun moment durant tout le concert. Dans le second mouvement, Julien Chauvin insiste sur la violence des contrastes peut-tre un peu trop, d'autant plus que l'auditorium offre une acoustique plutt sche. Vient ensuite un extrait de l'opra de Guiseppe Sarti Didone abbandonata. Sandrine Piau conduit son air la tonalit tragique ( Io d'amore, oh Dio ! Mi moro / Je meurs d'amour, Dieux!) avec l'motion qui s'impose aide en cela par une voix parfaitement ductile avec des changements de couleurs expressifs. Plus tard, dans un air de Jean Chrtien Bach, elle donnera un tout autre aspect de son grand talent.

 

Suit une brve symphonie qui fut pour beaucoup une rvlation. Elle est de Marie-Alexandre Gunin. Compose en 1777,  en r mineur elle porte le numro d'opus 4 n3. L'nergie qu'insuffle son orchestre Julien Chauvin y est totalement justifie : un premier mouvement plein de couleurs, un deuxime o la musique avance avec dtermination et un troisime particulirement brillant. Marie-Alexandre Gunin (1744-1835) mrite d'tre sorti de l'ombre. Il fut conseill sans doute par Gossec qui il ddicace ses premiers trios. Violoniste parmi les plus dous de sa gnration, il a reu l'influence de l'cole de Mannheim de Johann Stamitz et a pu du reste jouer avec les deux fils de ce dernier, Karl et Anton. Sa notorit tait telle que le premier mouvement de sa symphonie opus 4 a t donn l'occasion de la rception de Voltaire en maonnerie, en prsence de Benjamin Franklin.

 

Le plaisir de jouer des musiciens du Concert de la Loge se confirme dans l'accompagnement qu'ils font de l'extrait de la srnade en deux actes L'Endimione de Jean Chrtien Bach chant en musicienne virtuose par Sandrine Piau. Cet air  Semplicetto, ancor non sai (jeune simple d'esprit) est aussi l'occasion d'entendre la merveilleuse flte de Tami Krausz qui s'entrelace avec la voix arienne de la cantatrice. Ce fut un moment qu'il faut bien qualifier de magique. Le concert se terminait par les deux derniers mouvements de la symphonie de Haydn dont le troisime mouvement trs rythm donne de nouveau la flte l'occasion de se distinguer. Le quatrime mouvement est rendu avec une nergie irrsistible qui peut-tre aurait pu tre plus nuance. C'est sans doute le seul reproche que l'on peut faire cet ensemble : une couleur vive qui laisse sans repos. Mais on admirera la mise au point parfaite de toutes les uvres prsentes, le concert se terminant en apothose par le bis qui runit tous les protagonistes dans l'air de Suzanne du quatrime acte des Noces de Figaro  Deh vieni, non tardar . Une belle soire toute en lumire.

 

Gilles Ribardire.

 

 

Cration de L'Ombre de Venceslao, opra de Martin Matalon

 

Martin MATALON : L'ombre de Venceslao. Opra en 2 actes et 32 scnes. Livret de Jorge Lavelli d'aprs la pice ponyme de Copi. Thibaut Desplantes, Ziad Nehme, Estelle Poscio, Sarah Laulan, Mathieu Gardon. Jorge Rodriguez, danseur de tango, Germain Nayl, acteur, Ismal Ruggiero, mime, David Maisse, voix enregistre. Anthony Millet, Max Bonnay, Victor Villena, Guillaume Hodeau, bandononistes. Paul Henri Nivet, Benjamin Leblay, Stefano Amori, Yann Sylvere Le Gall, Les Serviteurs de scne. Ingnieur du son / Grame, Max Bruckert. Orchestre Symphonique de Bretagne, dir. Ernest Martinez Izquierdo. Mise en scne : Jorge Lavelli.

 


Martin Matalon & Jorge Lavelli / DR

 

Favoriser l'insertion en milieu professionnel de jeunes artistes lyriques et faire tourner un spectacle dans onze maisons d'opra et pour une quarantaine de reprsentations, c'est ce quoi s'engage le Centre Franais de Promotion Lyrique (CFPL) s'agissant de L'ombre de Venceslao, l'opra du compositeur argentin Martin Matalon. Donn en cration mondiale Rennes. le spectacle va voyager sur les scnes de Bordeaux, Marseille, Avignon, Toulouse, Montpellier... jusqu' Buenos Aires et Santiago du Chili!

 

L'Ombre de Venceslao, le second opra de Matalon, est une adaptation de la pice ponyme de Copi que ralise Jorge Lavelli, l'me frre de l'crivain argentin. Le livret nous plonge dans l'histoire de l'Argentine des annes 50, en proie la dictature de Pern et aux coups d'tat militaires qui ruinent la situation conomique du pays. Avec son chapeau et son poncho, Venceslao incarne le gaucho, paysan lev la dure ( J'irai pieds nus  scande-t-il), au parler gras et aux pulsions viscrales, qui fuit la socit et tente de retrouver ses origines au contact de la nature. Contraint l'errance et au voyage, en lutte perptuelle avec les lments la pluie torrentielle semble la mtaphore des calamits de son pays - il entraine les siens vers le Nord, sa maitresse Mechita, le vieux Largui et le perroquet, tout la fois sa mmoire et son confident. Le singe (rle mim) qui vient grossir les rangs Iguaz semble incarner cet tat sauvage que Venceslao appelle de ses vux. China et Rogelio, ses deux enfants runis par un mariage incestueux, regardent au contraire vers les lumires de la ville, passant par le meurtre et toutes les compromissions pour arriver leurs fins. China va tuer sa mre, son bb et mme son mari, avant de succomber sous les rafales de la milice! Venceslao quant lui n'ira pas au-del des chutes d'Iguaz. Il a puis ses propres forces et celles de son compagnon de route, son double, le cheval Gueule de rat. La mort, annonce par les cartes de Mechita, reste sa seule issue (il se pend) mais son ombre ne cessera de hanter la mmoire des Argentins.

 


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Jorge Lavelli, qui assure galement la mise en scne, fait dfiler dans un rythme de plus en plus effrn les 32 scnes du livret qui croisent les destins respectifs des deux gnrations. A la faveur de courts interludes orchestraux, il renouvle pour chacune d'elles l'espace et le dcor, souvent pittoresque : telle cette corde tendue qui coupe la scne et o schent les draps blancs derrire lesquels Venceslao, trs expansif, honore sa matresse Mechita.

 

 Chantant dans son arbre gnalogique , Martin Matalon quant lui labore une matire sonore foisonnante et colore, intgrant l'orchestre un accordon, une partie de percussions trs en relief le dferlement des peaux est impressionnant - et les ressorts de l'lectronique qui sollicite la technique Grame. Superbe et tellurique, l'ouverture plante un dcor d'orage et de dluge ml au bruit des roues de la charrette de Venceslao. C'est le chaos de l'Argentine et la route de l'exode qui rsonnent ici avant le dbut du drame. Dans la fosse, les musiciens de l'Orchestre Symphonique de Bretagne sont exemplaires sous la direction investie d'Ernest Martinez Izquierdo. Le rythme de tango et les chansons de Tita Merello l'Edith Piaf de la Pampa diffuses par la radio sont associs au personnage de China et fibrent de manire presque obsessionnelle le parcours dramaturgique. Entre les deux actes, l'interlude des quatre bandonons (Anthony Millet, Max Bonnay, Victor Villena et Guillaume Hodeau) aussi trange que fascinant, confre d'ailleurs la danse lascive un rle beaucoup plus que divertissant.

 


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Sur le plateau, le texte parl et la voix chante se relaient dans un mouvement trs fluide, juxtaposant constamment le dbit de la parole et le temps plus tir de la musique. Matalon double souvent la ligne de chant par un instrument soliste, une manire subtile de relier la fosse et le plateau, ou cale la voix sur le rythme de la danse, comme dans la trs belle scne 8 de l'Acte I entre Venceslao et sa fille China. Cette dernire est magnifiquement dfendue par la ptillante colorature suisse Estelle Poscio, qui est aussi la partenaire zle et trs dvtue du danseur Coco Pellegrini dans le Tango du deuxime acte. Si la voix du baryton Thibaut Desplantes/Venceslao est un rien monolithique, l'envergure scnique et la rusticit qu'il donne au personnage impressionnent. La voix plus lgre et un brin plotte du baryton franais Mathieu Gardon colle au personnage du vieux Largui, l'amoureux transi de Mechita ruin  par la crise conomique et les inondations, qui peine choisir son camp et passe son temps dormir. Le tnor de Ziad Nehme/Rogelio est clair et joliment timbr quoiqu'un peu tendu. Rvlation de la soire, la mezzo-soprano Sarah Laulan incarne une Mechita au caractre bien tremp, avec une vraie dimension dramatique et une voix chaleureuse au mdium charnu. On n'oublie pas la voix lgrement traite et enregistre du perroquet/David Maisse, le personnage bouffe qui dclenche systmatiquement le rire du public. Dans la scne cl du drame (Acte II scne 28), Venceslao lui confie le rcit de son enfance en Uruguay, de sa mre gorge par la milice, de sa fuite sur un poulain... L'ombre de Venceslao, c'est un peu l'histoire de Copi.

 

Michle Tosi.

 

L'orchestre Les Passions, 30 ans !


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L'orchestre Les Passions-Orchestre baroque de Montauban sous la direction de Jean-Marc Andrieu fte ses trente ans dexistence ! A cette occasion aprs un concert de cration au Festival de Radio France et Montpellier au mois de juillet, puis un concert anniversaire Montauban, cest la Cathdrale Saint-Etienne de Toulouse, le 6 octobre, quil a interprt le  Requiem  (1705) de Jean Gilles, puis le  Magnificat  (1741) et  In Exitu Isral  (1749) dAntoineEsprit Blanchard. Ces deux compositeurs ont t Matres de Chapelle de cette Cathdrale. Pendant tout un week-end plusieurs rendez-vous ont eu lieu Toulouse, plac sous la prsidence dhonneur du musicologue Gilles Gantagrel (expositions, colloques) et en prsence de la musicologue Bernadette Lespinard, grande spcialiste de Blanchard. 

 

Jean-Marc Andrieu est trs attach au baroque mridional et infatigable, cherche dnicher des uvres peu ou pas connues. Jean Gilles, n Tarascon en 1668, sarrta dans la ville rose o il succda Campra, Matre de Chapelle de la Cathdrale Saint-Etienne. Il y mourut en 1705, 37 ans. Son Requiem, crit pour une personnalit de Toulouse qui refusa de payer luvre, ft jou ses propres funrailles, dirig par Campra, comme celles de Rameau et de Louis XV. La version que propose Jean-Marc Andrieu est celle qui se rapproche le plus possible de loriginal. Elle tait interprte par le Chur de Chambre Les Elments sous la direction de Jol Suhubiette, et Anne Magout et Ccile Dibon-Lafarge, dessus, Franois-Nicolas Geslot, haute-contre, Bruno Boterf, taille, Alain Buet, basse-taille. La Cathdrale tait pleine et le succs au rendez-vous. Mais le clou de la soire aura t les deux uvres dAntoine-Esprit Blanchard : le  Magnificat  et  In Exitu Isarl ; une grande premire pour beaucoup dauditeurs. Lhistoire peut paratre injuste, car ce compositeur a uvr pendant trente ans Versailles et il est lun des derniers reprsentants du genre du Grand motet dans la grande tradition de la musique instaure par Louis XIV. Il est pass la case oubli ! Ses pices sont empreintes de faste, de thtralit.  In Exitu Isral  est une musique descriptive, forte (le tremblement de terre, Mose frappe au rocher, le dernier chur). LՎquipe vocale, le chur  Les Elments , habitus ce type de rpertoire, ont enthousiasm lauditoire. Les Passions est un orchestre engag, homogne, trs bien quilibr, et la direction de Jean-Marc Andrieu prcise et dune grande nergie fait merveille. Le magnifique timbre dAnne Magout est parfait pour ce style de rpertoire ainsi que celui de Bruno Boterf, un ancien de l'Ensemble Clment Janequin. On peut regretter que Franois-Nicolas Geslot, indispos, nait pas pu offrir son beau chant de haute contre que lon peut entendre dans ses disques. Alain Buet tait tout fait correct dans ses interventions sans convaincre totalement. Mais ces petits dtails ne sont rien face la russite de cet anniversaire. Il est plus que dommage que cette formation soit absente des grandes manifestations nationales comme les Journes Versailles, Saintes ou dans dautres festivals o sont reus des ensembles de qualit bien moindre face lexcellence de cet orchestre et au travail que fait Jean-Marc Andrieu. On flicitera aussi le travail efficace de Catherine Kauffmann-Saint-Martin pour promouvoir Les Passions.

 

Un trs bel album a t dit chez Ligia avec trois Motets grand chur dAntoine-Esprit Blanchard : Magnificat, De profundis, In exit Israel.

 


 

Stphane Loison.

 

Le festival Toulouse Les Orgues

 

Le festival international Toulouse les Orgues, cr en 1996 par Michel Bouvard et Jan-Willem Jansen, en hommage Xavier Darasse, a clbr son 20me anniversaire du 5 au 16 octobre 2016. Depuis sa cration, 780 concerts ont t organiss et plus de 200 000 spectateurs sont venus couter de lorgue ! La ville possde une trentaine dorgues dont certains sont classs monuments historiques. Cette anne le cross over sest fait entendre, Lorgue, qui fait dialoguer les cultures , comme le proclame le thme choisi pour cette dition. Partenaire des trente ans des Passions le concert douverture du TLO - nous avons pu assister quelques concerts tonnants.


 Rock The Organ  / DR

 

A l'glise Notre-dame de la Dalbade, Yves Rechsteiner lorgue, accompagn par Frdric Maurin, la guitare lectrique, et Henri-Charles Cageta aux percussions, a organis une soire Rock The Organ, cration de rock progressif pour orgue, percussions et guitare lectrique. Cet impressionnant organiste a jou des adaptations duvres de Frank Zappa, Pink Floyd, Emerson Lake et Palmer, Pat Metheney, King Crimson. Et une cration de Gavin Bryars, prsent au concert, compositeur de musique daujourdhui dans la mouvance minimaliste que de nombreux quatuors apprcient. Dans lesprit cross over un autre concert tout aussi tonnant, au Couvent des Jacobins, intitul  les deux Andalousies , mlangeait musique et chant dOrient et dOccident. Ces musiques mdivales taient accompagnes lorgue positif jou par Thilo Muster, sur une conception de Marc Loopuyt. Il a interprt, accompagn par deux chanteurs et un joueur de oud, des Buleria Mora, Sevillana, Fandango, Coletillas, une suite arabo-andalouse et une sonate de Scarlatti la guitare accompagne par lorgue, qui montrait les influences arabo-andalouse sur les compositions de ce musicien. Ces concerts dans toute la ville et les environs sont extrmement priss et dune qualit musicale exceptionnelle. Pendant ces dix jours de nombreux et talentueux organistes se sont succds avec des programmes trs clectiques, de Bach Jehan Alain en passant par Ravel, Elgar, Liszt, et des uvres du XVII me sicle.


Mene avec brio, esprit et humour, par Yves Rechsteiner lui-mme, la prsentation, presque exhaustive, du programme musical ne peut quaiguiser lapptit musical de lassistance venue nombreuse dcouvrir la quarantaine de manifestations programmes dans lesprit du thme choisi cette anne. Comme le souligne le directeur artistique : Toulouse les Orgues fte un grand vnement, il a vingt ans ! Vingt ans, nest-ce pas le plus bel ge pour courir le monde, souvrir aux autres et rver davenir ? Deux lignes principales guident cette dition anniversaire. Dune part, lorgue part la rencontre des cultures du monde, dautre part de jeunes interprtes vont se lancer dans des virages audacieux pour imaginer lavenir du concert dorgue. Et nous faisons le pari que les deux lignes se croiseront . Tous les styles, tous les thmes lis lorgue auront donc t reprsents tout au long des deux semaines eu festival. Comme limprovisation et les musiques des XXme et XXIme sicles auront t explores avec imagination dans tous les domaines, du rock, au cinma (Cin-concert Le Tigre vert). Le dialogue des cultures, particulirement clbr, aura vu cohabiter lEspagne, les Balkans et lOrient mythique.

 

Stphane Loison.  

Jean Muller, un pianiste d'envergure


Marlene Soares

Jean Muller est un jeune pianiste Luxembourgeois bard de nombreux prix. Il a une technique toute preuve, impressionnante mme. Son rcital la salle Cortot tait clectique et il a jou Brahms, Ligeti en passant par Prokofiev avec une gale assurance, peut-tre avec la mme intensit et manque de nuances. Dans la magnifique salle Cortot, la pdale tout va mise dans la sonate op. 1 N 1 de Brahms empchait la musique de respirer. Ses interprtations de Ligeti, Arc-en-ciel - Escalier du diable , et de Barcarolle n3 de Boumans taient exemplaires, vertigineuses. La Sonate N 6 de Prokofiev nest pas une uvre de grande envergure. Cest Sviatoslav Richter qui la cre en 1940. Jean Muller a une approche simple et directe, et la pice ne demande pas de grandes rflexions. En bis, un prlude de Rachmaninov nous a fait dcouvrir un pianiste de haute envergure dcouvrir absolument.

Un disque vient d'tre dit chez Soupir Music LX n5242 - qui correspond en tous points au rcital. Un bel album et dune belle diversit musicale.

Il faut dcouvrir la 20me saison Autour du Piano 2016-2017, avec des concerts la salle Cortot, la Fondation Dosne-Thiers, la salle Gaveau et au Muse Jacquemart-Andr : www.autourdupiano.fr

 

Stphane Loison.

 

La Hongrie et la Pologne l'honneur

 


Rafael Payare / DR

 

Le public relativement peu nombreux du grand auditorium de la Maison de la Radio a eu le plaisir assez rare d'couter un concert unique tant par sa programmation que la qualit de ses interprtes. Un concert qui sortait des sentiers battus en rassemblant les uvres de quatre compositeurs hongrois et polonais, Zoltn Kodly, Bla Bartk, Krzysztof Penderecki et Witold Lustoslawski. Programme exigeant et quilibr puisque les deux pices trs intriorises du milieu taient encadres d'ouvrages beaucoup plus extravertis. Quant l'orchestre philharmonique de Radio France, il tait men la baguette, dans tous les sens du terme, par Rafael Payare, chef aussi exigeant que prcis. Les Danses de Galnta doivent leur nom une bourgade aujourd'hui slovaque, o, enfant, Kodly entendit avec ravissement un orchestre tsigane. L'uvre, cre en 1933, reprend d'ailleurs le principe du verbunkos, danse traditionnelle de recrutement militaire qui fait alterner les moments vifs et les passages lents. C'est une musique vibrante et euphorique, dans laquelle le compositeur se montre magnifique orchestrateur et fin coloriste, plutt que grand mlodiste, tirant toutes les ressources de l'orchestre, lequel est en perptuel dialogue avec des instruments solistes clarinette, hautbois, flte, piccolo... Il y a quelque chose d'irrsistible dans cette uvre narrative au style imitatif, qui suscite des images de rjouissances paysannes sur l'aire battre aprs la moisson ou celles de chevaux courant dans la puszta. Tout le talent du chef se mesure la manire dont il communique ses intentions l'ensemble qui le lui rend bien !

 

Kodly, c'est un talent immense, mais Bartk, c'est le gnie ! Le premier est national, le second, universel. Il y a entre ces deux musiciens, absolus contemporains et amis, tous les deux pionniers dans le domaine de l'ethnomusicologie, une diffrence d'ordre, comme dirait Pascal. La sduction immdiate d'une musique joyeuse qui emporte, mais qui s'couterait parfois un peu chanter et serait tellement consciente dՐtre hongroise, laissait donc place l'pret du chef-d'uvre qu'est le Concerto pour violon et orchestre n2, achev en 1938. D'emble, cette musique nous transporte sur une autre plante... que la Hongrie natale si chre au compositeur ! Et nous sommes aussitt ports sur les ailes d'un violoniste qui s'empare avec une aisance confondante du premier thme, ample, libre, autoritaire et trs lyrique la fois. Le jeu de Valeriy Sokolov fait entendre TOUTES les notes, sans aucun accroc ni affolement. Et cette virtuosit extrme ne nuit jamais la musicalit : tout est quilibr et nuanc, sonne juste. L'auditeur est saisi, littralement happ par l'vidence de ce qui est en train de se produire devant lui : un homme lui redonne une musique terriblement exigeante, tour tour ruptive, incroyablement douce, inquite, trouble et mlodieuse, avec l'assurance impressionnante d'un funambule marchant, courant ou sautillant sur sa corde. L'orchestre n'est pas en reste, qui restitue parfaitement le miracle d'un quilibre, manifeste dans cette criture, entre des climats envotants et un emportement rhapsodique parfois droutant, entre galement le souci du dtail et celui de la grande forme. Valeriy Sokolov est aussi un musicien gnreux, qui, en bis, gratifia son public du Recitativo und Scherzo-Caprice de Fritz Kreisler, la fois expressif et intime, lgant et la sonorit chatoyante. Le silence gnral se densifia autour du soliste, dont chaque inflexion remplissait la grande salle. Le public aura sans doute not ladmiration que portaient les autres musiciens, en particulier les violonistes, celui quils semblaient regarder comme un dieu vivant.

 

Aprs l'entracte, place un effectif plus rduit pour la trs belle Sinfonietta per archi (1992) de Penderecki, transcription du Trio pour cordes crit un an auparavant. Base sur le principe de construction des concerti grossi, cette pice courte (une douzaine de minutes) fait dialoguer les instruments, soit par pupitres, soit par opposition entre le concertino (les solistes) et le ripieno (les autres cordes), jouant ainsi sur l'espace, ce qui est la fois tonnant et absolument charmant dans cette partition trs intrieure privilgiant le registre mdium. D'ailleurs, ceux qui aiment le son de l'alto ont t la fte. La quatrime et dernire uvre au programme, le Concerto pour orchestre de Lustoslawski (1950-1954) veut aussi clbrer les noces du folklore et de la musique savante. Cela commence au pupitre des violoncelles, soutenus par la frappe rgulire de la timbale, dans un climat quon pourrait qualifier dinquitant : un thme nerveux qui petit petit contamine tout lorchestre et mle la rudesse populaire de plus en plus cuivre une sorte de lgret volatile. et l, on reconnat le Sacre du printemps (martlement des percussions, dramaturgie de lensemble) et le Concerto pour orchestre de Bartk (par exemple cuivres jouant ensemble un petit thme). Cette criture virtuose et enleve atomise de plus en plus les timbres et lensemble finit par ressembler une course effrne. Contrairement au Concerto de Bartk, nous restons, ici, la surface dune musique brillante justement, dont la vitalit le dispute au pittoresque. Men par le vibrant Rafael Payare, le  Philhar  a parfaitement honor une musique dont lun des mrites est de mettre en valeur tous les pupitres.

 

Patrick Jzquel.

           

 

Lintgrale de Ravel par Bertrand Chamayou

 

Un rcital quil ne fallait pas manquer  Chambry! Celui de lintgrale Ravel de Bertrand Chamayou Et le public ne sy est pas tromp. Cest un thtre Charles Dullin comble qui a accueilli, dans le cadre du Bel-Air clavier festival - quil dirige, Bertrand Chamayou et son intgrale Ravel. Enregistre par ses soins lan dernier, elle fut lobjet dun concert mmorable en janvier au Thtre des Champs-Elyses, un mois avant que lartiste ne soit couronn par une Victoire de la musique. Que dire de son interprtation, part quelle est brillante, prcise, sure, intelligente ? Une intelligence qui transparat mme dans lagencement successif des pices du concert ! Tout en mettant en valeur les nombreuses facettes du compositeur  euskado-savoyard , linterprtation de Bertrand permet au  geste  ravlien de saffirmer dans toute sa splendeur. Quant lusage de la pdale, quil change avec un soin particulier, sans souvent poser le talon (sa taille modeste le permet), il reste un modle pour tous ceux qui la conoivent comme un moyen denrober le son en permanence par lajout dharmoniques.

 

Une curieuse  rencontre de Bel Air  : Julian Trevelyan

 

Julian vient-il dun autre temps ? Cest la premire impression quil donne lorsquon a la chance dentendre ce trs jeune pianiste et la surprise de le voir saluer son public comme un gentleman du XIXe sicle. Rcompens en octobre 2015 ( 16 ans) par un second prix au prestigieux Festival Long-Thibaud, ce jeune britannique semble tout droit sorti dun monde perdu, un monde de bonnes manires et de contrle, ce qui sexplique sans doute par le ct self made man  de ce brillant interprte, qui na, dit-on, jamais frquent les conservatoires et les lyces ! Les uvres quil avait choisi de nous interprter (Chaconne de Bach/Busoni, 1re Valse-Caprice de Faur, Gaspard de la nuit de Ravel, les  Douze Notations de Boulez et la trs redoute Sonate op. 111 de Beethoven) en disent long sur sa maturit. Je me demande tout de mme ce quil jouera 50 ans ! Son interprtation est trs propre, trs construite, mais javoue ne pas avoir t subjugu : peut-on 17 ans faire sien lopus 111 de Beethoven ? Je ne le crois pas. Et jaurais prfr dcouvrir ce jeune homme plein de promesses dans des uvres o pourrait sexprimer la fougue de son ge ! Cette sonate de Beethoven, avec ses rubatos peu adapts la pice, nous rapprochait bien plus curieusement de Nohant que de Vienne ! Et jespre quil ne men voudra pas si jai not une petite faiblesse de la main gauche : cette dernire nobtient en effet lintensit quen abordant le clavier de trs haut, et rarement en lui confiant un poids gal celui de la main droite. Quil comprenne le caractre constructif de ma remarque, et se donne la peine de visionner les vidos : il verra combien son paule gauche est toujours plus haute que la droite. Non seulement en modifiant cette position, il gagnera en puissance expressive, mais surtout il vitera les dsagrments quelle risque de provoquer sur son dos dune droiture sans gal ! Un jeune homme trs prometteur, donc, qui pourrait devenir un jour une personnalit attachante.

 

Louverture du Festival des nuits romantiques Aix les bains

 

Paganini cassait parat-il volontairement une une les cordes de son violon pour montrer sa virtuosit. Nemanja Radulovic  sest encore un peu rapproch de son modle, vendredi 23 septembre,  en achevant un mouvement de concerto de Bach  sur trois cordes  ! Malgr ce contre-temps (et labngation dun violoniste qui lui prta son instrument), le brillant violoniste nous a transmis par son jeu, comme chaque anne, son nergie et son enthousiasme. Et si la justesse fut un peu moins au rendez-vous, la faon inimitable quil a de dialoguer avec un orchestre ne pouvait que sexprimer au mieux dans ces  concerti grossi  partags avec lensemble double sens quil cra en 2008.

 

L o jadhre un peu moins, cest lorsque Nemanja nous fait du Nigel Kennedy. Pourquoi prendre certaines pices dans un tempo si rapide quon entend plus toutes les notes ? Quon soit puriste ou pas, on admettra que le style de Bach ne supporte pas le clinquant, le  faire valoir  tout prix. Jespre simplement que le directeur artistique du CD - qui nous est annonc - des uvres de Bach chez Deutsche Grammophon par ces artistes, aura su modrer leur ardeur, et permettra tous de jouir de lart incommensurable du Cantor de Leipzig, lorsquil prenait la peine de satteler des uvres profanes et virtuoses ! Ce nest pas  lexcution  de la trop clbre Toccata et fugue dans un arrangement digne des plus grands mfaits de Stokowski qui ma fait ragir. Cette partition, lune des plus insipides  partitions du matre donc la plus connue ne mrite pas beaucoup plus dՎgards. Mais les concerti sont des perles harmoniques et contrapuntiques qui ne supportent pas la contre-faon.

 

Faut-il vraiment - me direz-vous - tre puriste, lorsquon joue devant un public qui na pas encore compris quun concerto est en trois mouvements, et quon napplaudit pas la fin du premier ? Je rponds oui, lorsquon sappelle Nemanja, et quon a tant uvr, depuis maintenant  plus de dix ans, pour rendre passionnante la musique aux plus nophytes. Tmoins lincursion dans le monde populaire de ses bis : du groupe ABBA la liste de Schindler, en passant par la musique tzigane, de quoi enthousiasmer la salle des congrs dAix les bains, et faire oublier la version  arrange  pour violon des Bachianas Basileiras de Villa- Lobos, pour le coup lgrement oubli dans cette soire de festival, dont le thme tait  Villa-Lobos et Bach  !

 

Le Trio Zadig Aix

 

Il a vraiment beaucoup de talent, ce tout jeune trio Zadig. Et sil est vrai que le trio de Ravel, quils ont magistralement interprt, tait nettement plus en place que celui, trs dcevant, de Villa-Lobos (je parle ici de la composition, pas de linterprtation !), la soire a t crescendo. Aprs un Rachmaninov trs loquent, la pice de Ravel sest rvle dcidment la Savoie sait rendre hommage son  petit-fils  cette anne ! dans toute sa complexit et sa valeur. Quant aux bis (Schubert et Haydn) ils nont fait que trs brillamment confirmer le professionnalisme et la musicalit de cet ensemble dont on na pas fini de parler.

 

Un concert symphonique dcevant

 

Il fallait bien une uvre de dimensions respectables pour honorer lartiste que le Festival des Nuits Romantiques avait choisi cette anne : Villa-Lobos! Mais javoue que jattendais autre chose que ce pensum que constitue sa premire symphonie ! Le public qui pensait se ddommager par la Symphonie fantastique en a t pour ses frais. Ryan McAdams, qui dirigeait l'Orchestra Sinfonica Nazionale de la RAI de Turin avait commenc lendormir par une pavane pour une infante qui, en effet, tait dfunte. Tellement dfunte que le tempo choisi rendait la pice interminable. La symphonie fantastique, qui ne lest vraiment que lorsquon lalimente sans cesse dune nergie communicative, avait beaucoup perdu de sa superbe. Quand on se souvient de la  pche  quun Berstein pouvait insuffler cette uvre, on reste stupfait de constater combien lon peut dnaturer ce point un chef-duvre. Non pas que lorchestre est mauvais. Loin de l (pas toujours trs ensemble, cest vrai). Mais Monsieur McAdams ne cesse de le ralentir par des gestes beaucoup trop grands, qui rpriment involontairement tout lan.

 

 

Philippe Morant.


LEDITION MUSICALE

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FORMATION MUSICALE CHUR DENFANTS

 

Michel LYSIGHT : La complainte des esclaves sur un texte dAlain Van Kerckhoven pour chur denfants deux voix, 2 percussionnistes et 2 instruments ou piano. Moyen. Delatour : DLT2502.

Citons simplement la prsentation :  Les esclaves de cette courte pice humoristique sont bien entendu les jeunes choristes, suppliant leur chef de chur de ne plus jamais leur donner chanter de musique contemporaine. La musique est un clin d'il pastichant les grands classiques, tout en conservant la touche personnelle du compositeur.  Nous ne prendrons pas partie dans cette querelle La pice est en tout cas bien rjouissante et linterprtation de cette uvre ne laissera certainement pas le public ni les choristes indiffrents.

 

 

 

COMEDIE MUSICALE

 

Claire VAZART : H2O. Comdie musicale en 3 actes. Piano chant. Assez facile. Delatour : DLT2635.

On peut se demander si le terme de  comdie musicale  est celui qui convient le mieux.  Tragdie musicale  serait plus exact La qualification de  drame lyrique  quon donne West side story conviendrait certainement encore mieux cette uvre. Le thme est en effet la fois cologique et politique puis quil sagit de la rsistance une dictature, celle de la possession de leau. Par ailleurs, cest une uvre  ouverte  qui se prte des adaptations de vido, de danse, des improvisations thtrales. Elle est conue pour solistes et chur mixte. Il vaut mieux prvoir un gros effectif. Le langage musical est vari, mais reste cependant assez simple.


 

 

ORGUE

 

Charles BALAYER : Bach chat pour orgue 4 mains. Moyen. Delatour : DLT2694.

Que voil une pice bien rjouissante qui aurait paru autrefois iconoclaste Il sagit dun thme de forme AABA alternant rythmes latin et swing. Nous ne dtaillerons pas ici les diffrents emprunts luvre du Cantor. Prciss dans la prface, ils pourront donner lieu une recherche profitable pour les interprtes. Lorgue sonne un peu ici comme un orgue de cinma : et cest bien agrable ! On peut couter lintgralit de la pice sur le site de lՎditeur et sur YouTube.  

 

 

 

Serge OLLIVE : Arabesque Op. 38 pour orgue. Niveau intermdiaire. Waldhorn Editions (auto-label) : WH-4515167.

Si la pice ne demande que cinq jeux dont quatre fonds de 8, elle ne sera commodment joue que sur trois claviers, mme si deux sont possibles. Ondoyante, ondulante, cette uvre porte bien son nom, avec un ct un peu troublant, comme flottant entre deux eaux. Ce nest pas pour rien quelle a t crite Saint Malo Ce qui constitue videmment un compliment. Ajoutons quil est possible de lՎcouter en intgralit sur le site de lՎditeur ou sur YouTube https://www.youtube.com/watch?v=dHLnnTXh7Ac


 

 

Pascale ROUET : Bien commencer lorgue. Vol. 4. Rpertoire pour les dbutants adultes. Delatour : DLT1766.

Nous avons recens en octobre 2015 les trois premiers volumes de cette mthode, qui sadressaient des dbutants enfants. Cette fois, cest aux dbutants adultes que lauteur sadresse. Elle reprend donc la mme mthodologie mais adapte ce public spcifique. Abordant tous les styles, elle initie ses lves y compris la musique contemporaine. Figure galement dans ce volume une prsentation claire et simple (mais pas simpliste !) de linstrument permettant lՎlve de matriser cette bte multiforme Bref, louvrage, trs pdagogique, devrait passionner les lves et aider puissamment les professeurs.

 

 

 

Pascale ROUET : Pour continuer lorgue. Rpertoire de pices avec pdalier. Volume II. Delatour : DLT1767.

Faisant suite au premier volume recens en octobre 2015, ce deuxime volume contient la fois des  incontournables , des transcriptions ainsi que des pices contemporaines crites spcialement par Jean-Luc Etienne, Yves Lafargue, Eric Lebrun, Jacques Pichard et Christophe Marchand. Tout cela donne un rpertoire aussi vari que passionnant.


 

 

PIANO

 

Charles BALAYER : Bach chat pour piano 4 mains. Moyen. Delatour : DLT2695.

On se rapportera, pour la prsentation de luvre, celle de la version pour orgue quatre mains. Il sagit en effet de la mme uvre, non moins revigorante, mais crite, cette fois, pour le piano. Comme pour la version pour orgue, on peut couter lintgralit de la pice sur le site de lՎditeur et sur YouTube.

 

 

 

GUITARE

 

Stella BENDETOWICZ : Danse somnambule. Pice pour guitare. Elmentaire. Lafitan : P.L.3087.

Pourquoi parler dune danse somnambule ? Sans doute cause de son ct, rveur, immatriel et de son rythme. Si lՎcriture est deux temps, on oscille entre un sentiment de deux temps et de trois temps. Ce mi mineur modulant doucement est vraiment plein de charme. Cette jolie pice devrait avoir beaucoup de succs auprs des lves et de leurs auditeurs.


 

 

Hugues CHAFFARDON : La maison des Landes. Pice pour guitare. Elmentaire. Lafitan : P.L.3083.

Outre son intrt musical, cette pice, prsente un dbut et une fin o le chant se trouve la partie infrieure. Prsent trois temps et en do mineur, le mme thme se dploie quatre temps la partie suprieure dans la partie mdiane qui module pour nous conduire un retour du thme du dbut mais cette fois en do dise mineur. Le titre permettra linterprte de se constituer des images mentales un peu nostalgiques. Cest un trs joli morceau.

 

 

 

Jean-Marc FRZIGNAC : Couleur orient. Pice pour guitare. Elmentaire. Lafitan. P.L.3081.

Il ne sagit pas ici dune  pice de genre  mais plutt, comme le laisse entendre le titre, une ambiance, une atmosphre orientale : moins un paysage que des couleurs chatoyantes. Mlismes, recherches de timbres, cette pice demande un vritable interprte matrisant parfaitement sa technique pour en tirer toute la richesse musicale.


 

 

Marc BATANI : Renaissance italienne. 6 pices pour guitare choisies et revues par Marc Batani. Lemoine : 29 259 H.L.

Cest partir dun manuscrit pour luth aujourdhui disparu mais heureusement copi par un musicologue italien que Marc Batani a ralis ses transcriptions. Il ne sagit dailleurs pas dune simple transcription mais dune adaptation la guitare de ces pices fort intressantes. Le tout a t fait avec beaucoup de got et en respectant le style de lՎpoque. Ces six courts morceaux peuvent trs facilement constituer une suite bien agrable pour commencer un concert.

 

 

 

Ignacio CERVANTES : Danzas cubanas pour 2 guitares. Lemoine : 29 260 H.L.

Ignacio Cervantes est un compositeur cubain de la deuxime moiti du XIX sicle. Il a fait ses tudes au Conservatoire de Paris avec Marmontel et Charles Alban. Retourn dans son pays, il a renouvel la musique cubaine. Ces danses, crites primitivement pour piano, ont t transcrites pour deux guitares par Marc Batani. Alejo Carpentier nous dit :  Les danzas de Cervantes occupent dans la musique de lՔle la place quoccupent les danses norvgiennes de Grieg ou les danses slaves de Dvorak dans les musiques de leurs pays respectifs . Cest un grand plaisir que de dcouvrir ces uvres si peu connues.


 

 

Olivier BENSA : Microfaune. 24 prludes dans tous les tons pour guitare. 3me cycle. Lemoine : HL 29246.

Chacun de ces vingt-quatre prludes porte un nom dinsecte. Le jeu de mot du titre nest pas une simple concidence : le Faune est galement un papillon Si chaque tonalit est bien caractrise, les accidents de parcours sont fort nombreux. Mais cest de bonne guerre dans des tudes qui, bien que pdagogiques, sont aussi des pices de concert. Ajoutons quune description de chaque insecte figure en tte des morceaux et permet ainsi linterprte de se faire une image mentale de lambiance de la pice.

 

 

 

Manuel SAUMELL : 19 Contradanzas pour 2 guitares. Transcription Marc Batani. Lemoine : 29 261 H.L.

Ces pices du plus important compositeur cubain du XIX sicle, transcrites du piano pour deux guitares, sont tout fait remarquable dans la mesure o chacune est constitue dune partie plus influence par la musique occidentale et dune autre qui est invariablement crole par lutilisation des formes rythmiques de la, musique cubaine : habanera, tresillo, cinquillo. Lensemble, ddi au duo Isabelle Chomet Bertrand Caz, qui ont enregistr ces pices, est tout fait passionnant.


 

 

VIOLON

 

Gabriel DURLIAT : David et Goliath pour violon et piano. Prparatoire. Lafitan : P.L.3084.

Dabord, il y a la prsentation des acteurs. Le thme de David est ptillant souhait. Celui de Goliath est  grave et inquitant . Quant au face face, il demandera que les deux interprtes nous fassent participer au combat : les thmes sentrechoquent avec violence. Le tout se termine videmment par lissue attendue :  David lance une pierre, elle vole et assomme Goliath . Trmolo et glissando du violon nous font vivre la scne en direct  La victoire de David sexprime dans un r majeur la fois majestueux et primesautier pour se terminer par un sol Majeur  Plus lent et majestueux . Lensemble est plein dhumour, trs expressif et devrait plaire autant linterprte quՈ ses auditeurs.

 

 

 

Csar FRANCK : Sonate pour piano et violon, Andantino quietoso op. 6, Mlancolie pour violon et piano. Urtext. Brenreiter : BA9425.

On est vraiment heureux de trouver une dition aussi soigne de la clbrissime sonate ainsi quune prface en franais, puisquil sagit de musique franaise aussi copieuse que dtaille de Gudula Schtz traduite par Vincent Giroud. Cette dition comprend galement un Andantino quietoso publi en 1743, uvre de jeunesse mais qui est trs loin dՐtre sans intrt et une Mlancolie contemporaine de la Sonate qui, bien quՎtant une uvre de circonstance, nen est pas moins dun intrt certain. Bien sr, les notes critiques en fin de volume sont, elles aussi, trs intressantes.


 

 

ALTO

 

Yves BOUILLOT : Chant et danse. Pice en deux mouvements pour alto et piano. Fin de 1er cycle. Lafitan : P.L.2973.

Le  Chant  fait penser une marche solennelle bien classique mais en fait non dpourvue de surprises, par les harmonies qui laccompagnent et par la modulation subite en pizzicati qui la coupe soudain. Quant la deuxime pice, elle a des allures de danse paysanne ou de danse populaire mais elle non plus nest pas sans surprises et comporte notamment quelques hmioles. La partie de piano, si elle peut tre joue facilement par un lve, le sera plus aisment par un pianiste de second cycle. Lensemble est en tout cas fort plaisant.

 

 

 

Csar FRANCK : Sonate arrange pour piano et alto. Urtext. Brenreiter : BA10918.

En mme temps que loriginal pour violon, les ditions Brenreiter publient les versions pour alto et violoncelle de cette clbre sonate. On y retrouve la prface de lՎdition pour violon ainsi que lhistorique de la version pour alto, sur laquelle on sait peu de chose. La partie de piano est identique celle de loriginal pour violon. Larrangement de Douglas Woodfull-Harris sinspire trs largement de la transcription pour violoncelle et piano mais, en raison de la tessiture de lalto, reste plus proche de loriginal.


 

 

Matthieu STEFANELLI : Praeludium et Organum pour alto solo (ou violoncelle). Difficile. Delatour : DLT2698.

Ce court diptyque est crit primitivement pour alto mais cest la version pour violoncelle qui fut cre la premire le 17 aot 2014 au Festival des Chapelles de lՔle de Groix. Cest dailleurs lՎcoute de musiques polyphoniques de la Renaissance qui inspira le compositeur. Le Preludium, sur la corde de la, est crit dans cet esprit, ainsi que lOrganum. La partition contient les deux versions avec leurs doigts propres.

 

 

 

VIOLONCELLE

 

Tomaso ALBINONI : Adagio et Allegro de la sonate pour violon et basse continue op.6 n6. Transcription pour violoncelle et piano de Laurent Rannou. Prparatoire. Lafitan : P.L.2772.

Si lՎditeur fait paratre cette pice dans sa collection  Musique de chambre , cest que la partie de piano est destine tre joue par un pianiste de mme niveau que le violoniste. La transcription est en tout point remarquable car il sagit dun vritable  trio  : le piano joue constamment deux voix, ce qui rend sa partie particulirement intressante. Cette pice constitue donc une remarquable introduction la musique de chambre.


 

 

Frdric BORSARELLO : les cahiers du violoncelle. Volume 2. 1 vol. 1 DVD. Sempre pi : SP061.

Comme dans le premier volume, dont nous avons rendu compte en novembre 2014, le DVD contenu dans ce volume constitue une pice matresse de la mthode. Explorant toutes les positions, cette mthode conduit pas pas le violoncelliste jusquaux techniques les plus avances de son instrument. Il sagit donc dun outil remarquable au service des lves et de leur professeur.

 

 

 

Csar FRANCK : Sonate Version violoncelle et piano. Mlancolie pour violoncelle et piano. Urtext. Brenreiter : BA10917.

En mme temps que la version originale pour violon, les ditions Brenreiter publient les versions pour alto et pour violoncelle de luvre. Sy ajoute ici la Mlancolie pour violon. On lira avec beaucoup de profit les commentaires sur cette version ajouts la prface originelle. Ni lune ni lautre de ces transcriptions nont t effectues par lauteur, mais en ce qui concerne la sonate, on sait que Franck connut et approuva la version ralise par Jules Delsart et publie ici.


 

 

CONTREBASSE

 

Christophe PICOT : Cnossos pour contrebasse et piano. Fin 2me cycle. Sempre pi : SP0231.

Lorsquon parle de Cnossos, comment ne pas voquer le Minotaure Cette pice attachante mais rugueuse ne peut manquer dy faire penser. Lensemble est fougueux, tragique et plein de caractre. Aprs une monte de la tension, celle-ci se dtend pour finir morendo.

 

 

 

FLTE

 

Romain DUMAS : Du ct de chez pour flte et piano. Fin de 1er cycle. Lafitan : P.L.3074.

Il y a deux parties dans cette pice : dabord un  moderato avec expression  puis un  Allegro staccato . La caractristique la plus intressante de cette uvre est quil sagit dune vritable sonate et que le piano ne joue pas le rle daccompagnateur mais de partenaire. Il y a de nombreux changes entre flte et piano, des contrechants, bref il sagit vraiment de musique de chambre. Cest donc une pice intressante la fois pour le travail quelle permet et pour son charme indniable. Quant son style, il correspond bien au titre.


 

 

Arletta ELSAYARY : Les rves de Julie pour flte et piano. Dbutant. Lafitan. P.L.3046.

Avec Arletta Elsayary, ces rves ne peuvent tre que charmants ! Non seulement ils le sont, mais ils sont galement plein de posie et de fantaisie. Notre jeune fltiste devra, pour en rendre toute la finesse, matriser parfaitement son articulation. Il en sera de mme de son pianiste qui devra reproduire soigneusement les mmes articulations quand le thme passe entre ses mains. Il nest pas si facile dՎcrire des pices pour dbutant et celle-ci est une russite.

 

 

 

CLARINETTE

 

Alain FLAMME : La Bancale pour clarinette et piano.  Elmentaire. Lafitan : P.L.3065.

Ce titre fait penser ceux de certaines pices du XVIII sicle, comme  La Bougon ,  Lagaante  ou  lindiscrte  Ce rapprochement est cruel : cest certainement aux rythmes de sa pice et au fait quelle soit 5/4 que lauteur pensait en choisissant ce titre. Toujours est-il quil est amplement mrit, mais il faut dire que ce ct bancal est plein dintrt et plein de charme ! Dautant plus que ce 5/4 se change vite en un 3/4 en forme de valse mme si de nouveaux changements de mesure viennent vite rompre ce bel quilibre. Cest en tout cas plein de caractre et, tout simplement, de musique.


 

 

SAXOPHONE

 

Franois ROSS : Noise Dfense pour saxophone solo (baryton et soprano). Difficile. Delatour : DLT2708.

Jouant alternativement du baryton et du soprano, linterprte est en mme temps acteur, puisque ses interventions instrumentales sont prcdes ou suivies dinterventions parles  relatant les navigateurs errants sur limmensit ocane . Il est inutile de prciser que lauteur fait appel toutes les techniques contemporaines de jeu du saxophone. La pice a t crite en 1998 lors dun passage Londres.

 

 

 

BASSON

 

Max MREAUX : Retrouvailles pour basson et piano. Fin de 1er cycle. Sempre pi : SP0222.

Lensemble, en do Majeur, se droule 9/8 dans une atmosphre joyeuse et bon enfant. La fin du morceau est marque par une cadence dabord du basson puis du piano. Le tout se termine dans la mme atmosphre de bonhommie tranquille. Basson et piano mnent ensemble un agrable contrepoint qui fait du pianiste un vrai compagnon et constitue ainsi une bonne initiation la musique densemble. Il existe une version pour saxhorn.


 

 

Pascal PROUST : Petit trot pour basson et piano. 1er cycle. Sempre pi : SP0220.

Il suffit de fermer les yeux pour voir passer la carriole tire par un vaillant petit cheval. Sagit-il de musique descriptive ? Pourquoi pas ? Ce nest pas un gros mot ! Mais cest plus que cela, cest toute une promenade varie qui se droule devant nous. Si le piano contribue trs fortement donner limpression de trot, ce nest pas son seul rle. Et les deux instruments foltrent avec bonheur. Cest donc une jolie pice bien agrable entendre et jouer.

 

 

 

COR

 

Yves BOUILLOT : 3 caractres. Pice en 3 mouvements pour cor (en fa ou en mi bmol) et piano. Fin de 2me cycle. Lafitan : P.L.3004.

Chacune de ces pices illustre bien un  caractre . La premire, intitule  Bravache  se droule sur des rythmes et des intervalles qui voquent une marche militaire, le tout de faon un peu parodique. Si lauteur sous-titre sa pice avec la dfinition du dictionnaire  qui affecte la bravoure ; fanfaron , ce nest pas par hasard. La deuxime, intitule  Rveur  a pour sous-titre  qui se complat dans des penses vagues ou chimriques . Elle permet au cor de sՎpancher sur des arpges du piano rappelant des accents de harpe. Quant la troisime,  Chevaleresque ,  qui a le caractre hroque et gnreux des anciens chevaliers , elle sՎlance sur des accents qui rappellent la gigue de la troisime suite en r de Bach Le tout constitue un ensemble aussi vari quagrable.


 

 

Ivan BOUMANS : As simple as friendship pour cor en fa et piano. 3me cycle. Sempre pi : SP0209.

 Aussi simple quune amiti  cela reste voir. Sans doute le titre sadresse-t-il plutt la ddicataire Bref, cette pice lgante et raffine tant dans la conduite de sa mlodie que dans ses harmonies suppose une amiti exigeante. Mais les interprtes en seront bien rcompenss par lintrt musical de luvre.

 

 

 

SAXHORN, EUPHONIUM, TUBA

 

Max MREAUX : Retrouvailles pour saxhorn et piano. Fin de 1er cycle. Sempre pi : SP0228.

Il sagit de la version pour saxhorn (euphonium ou tuba) de luvre pour basson recense plus haut.

 

Pascal PROUST : Petit trot pour saxhorn et piano. 1er cycle. Sempre pi : SP0221.

Il sagit de la version pour saxhorn (euphonium ou tuba) de luvre pour basson recense plus haut.

 

ORCHESTRE et MUSIQUE DE CHAMBRE

 

Joseph SUK : Mditation sur le vieil hymne tchque  Saint Wenceslas  op. 35a pour orchestre cordes. Brenreiter : conducteur BA9584. Version pour quatuor cordes : partition de poche : TP 583, parties spares : 9583.

Lhistoire de cette uvre est particulirement intressante : Joseph Suk est en 1914 second violon dans le  Bohemian string quartet  qui est oblig, au commencement de chaque prestation, de jouer lhymne national autrichien. Suk dcide alors de faire suivre cet hymne obligatoire par une uvre inspire de lancien hymne sacr de Bohme :  Saint Wenceslas . Le message est immdiatement compris par les auditeurs Appele Mditation, cette uvre est joue pour la premire fois le 27 septembre 1914. La version pour orchestre cordes est joue ds le 22 novembre par lorchestre philharmonique tchque. Les deux versions ne sont que peu diffrentes, si ce nest lajout dune partie de contrebasse. Ajoutons que luvre ne vaut pas seulement par son intrt historique mais aussi, bien sr, par son intrt musical et que cette dition urtext vaut galement par la prface de Zden_c Nouza, pleine de prcieux renseignements sur luvre et sa gense.

 

 

 

Frdric LEDROIT : 3me Mditation sur la Passion du Christ. Opus 55d pour quatuor cordes. Difficile. Delatour : DLT1218.

Reprenant trois pisodes de la passion selon Saint Jean, lauteur nous entraine dans une mditation dabord sur le reniement de Pierre, puis sur la marche de Jsus, dj dans sa gloire malgr ses perscuteurs. Enfin, la troisime partie se situe devant Pilate. Aprs un puissant crescendo reprsentant la dclaration du Christ, luvre sachve en point dinterrogation sur la question de Pilate :  Quest-ce que la vrit ?  Cette pice, charge de beaucoup dՎmotion sՎcoute la fois comme une mditation et une prire. On en trouvera un trs bel enregistrement sur le site de lՎditeur et sur YouTube.

 

Daniel Blackstone.

ORGUE

Jean-Dominique PASQUET : 5 Aphorismes en forme de variations, op. 23 pour orgue. Paris, Le Chant du Monde (www.lechantdumonde.com ), 2016, OR4990, 7 p.

N Krity-Paimpol en 1951, Jean-Dominique Pasquet, lve de Suzanne Chaisemartin aprs avoir t titulaire de lՃglise du Val de Grce, puis du Temple du Saint-Esprit est depuis 2009 lorganiste de lՃglise Rforme de lOratoire du Louvre (Paris). Il enseigne lanalyse musicale lՃcole Normale ; pdagogue averti, il est aussi un compositeur influenc par lesthtique de Marcel Dupr.

Son opus 23 : 5 Aphorismes en forme de variations, compos en mars 2011   la mmoire de Marie-Jo Feldman Lafond , repose sur un thme donn par lՎquivalent musical des lettres formant ses prnom et noms (A = La). Il est structur en 5 parties. Le premier Aphorisme : Prambule, est introduit par 4 accords ff et 1 accord p au 2e clavier contrastant avec lՎnonc p du thme au 1er manuel, pour revenir aux accords initiaux avec reprise du prnom en valeurs longues. Le deuxime, Scherzando, est crit pour 2 claviers (donc sans pdale), staccato avec des intervalles trs disjoints. Le troisime, Larghetto, pour 2 claviers et pdale, doit tre interprt legato et sans rigueur. Le quatrime, Fugato, fait progressivement entrer les manuels et la pdale. Enfin, le dernier, Postlude alla Dupr (organiste que J.-D. Pasquet admire beaucoup) aprs une introduction Large et syncope fait alterner des rpliques aux deux mains sur une pdale de noires. Il se termine a tempo par des accords et un saut doctaves.

Chaque partie bnficie de prcieuses indications relatives aux mouvements, tempi, phrass, nuances, la registration pour les deux manuels et la pdale : modle du genre. Ces miniatures seront apprcies lors de cultes, doffices ou de concerts.


dith Weber.

ORGUE (Transcriptions)

Claude DEBUSSY : uvres pour orgue : La Cathdrale engloutie - Clair de Lune -Prlude laprs-midi dun faune. Transcriptions pour orgue de Jean-Baptiste Robin. Paris, Le Chant du Monde (www.lechantdumonde.com ), OR4985, 27 p.

Au dpart, la transcription pour orgue de ces uvres impressionnistes ncessitant des coloris particuliers voulus par Debussy, pourrait surprendre. En fait, elle se justifie lorgue grce lexploitation de jeux spcifiques. En organiste averti, Jean-Baptiste Robin propose des transcriptions pour deux claviers et pdale, proches de luvre, respectant les nuances qui toutefois sont optionnelles. Il tient compte de la facture dorgue et grce sa solide exprience propose de trs utiles  Notes pour linterprte  ainsi quoccasionnellement, deux possibilits de registrations : en fonction, dune part,  des Orgues et, dautre part, des instruments retenus par Debussy (par exemple : les hautbois). Pour La Cathdrale engloutie, il prvient juste titre quun orgue dau moins 61 notes est indispensable : utile prcaution avant de constituer un rpertoire.

 

 

dith Weber.

VIOLON ET ALTO

Marlijn HELDER : Choral Fantasie I & II pour violon seul. Paris, Le Chant du Monde (www.lechantdumonde.com ), 2016, VS4984, 7 p.

Marlijn HELDER : Choral Fantasie I & II pour alto seul. VS4983, 7 p.

Les ditions Le Chant du Monde, ont publi en 2016 les Choral Fantasie I & II respectivement pour violon seul et alto seul composes par la pianiste hollandaise Marlijn Helder, Laurate en 2015 du 3e Concours international de Composition, spcialis dans la musique de notre temps.

La premire Choral Fantasie (Largo) pour violon seul, compose en 2010, commence par lexposition dun thme atonal en valeurs longues, avec des contrastes dynamiques pp/sfz donnant lieu un dveloppement en triples croches, avec utilisation de doubles cordes en octaves parallles et de glissendi entrecoups dun interlude lent aboutissant un dferlement de triples croches (mesures 4/4, 6/16, 5/8, 6/8, 4/8) pour revenir au Tempo primo en valeurs longues. La seconde (galement Largo), compose en 2015, spcule aussi sur une dynamique trs varie, de nombreux chromatismes expressifs, et se termine avec le retour au Tempo primo. La version pour alto est crite en cl dUt 3.

Les deux fascicules sont assortis de prcisions techniques (doigts, sul pont, sul tasto, sul tasto/flautando). Violonistes et solfgistes non expriments : sabstenir.

 

 

dith Weber.

 

CLARINETTE & ACCORDEON

Jean-JacquesWERNER : Melencolia pour clarinette en si bmol et accordon. Paris, Le Chant du Monde (www.lechantdumonde.com ), MC4991, 2016, 12 p. (+ partie de clarinette, 5 p.). Dure : 9 30.

Compositeur prolifique et inventif, Jean-Jacques Werner (n Strasbourg en 1935), sinspire de la clbre gravure sur cuivre (1514) : La Melencolia du peintre Albrecht Drer, n Nuremberg le 21 mai 1471 et mort dans cette ville, le 6 avril 1528. Celle-ci reprsente, au premier plan, un ange assis portant un livre, un compas et des cls ; un angelot assis sur une roue ; un sablier, un cadran solaire, des outils parpills sur le sol et, en haut gauche, sous larc en ciel, linscription : Melencolia I : autant de symbolismes particulirement riches auxquels le compositeur fait cho.

Dans son uvre (2011), il prconise une association de timbres rare : clarinette en si bmol, avec sa sonorit assez mlancolique, et accordon assurant un support harmonique gnreux et quelques transitions. Cette vocation musicale exige du clarinettiste qui doit aussi tre un bon solfgiste (batteries de doubles, triples croches en quintolets jusquՈ 11 notes) une solide matrise technique, un sens du phras (deux en deux, syncopes), et des deux instrumentistes le respect des indications mtronomiques et dynamiques respectives ainsi que des prcisions de lauteur : libre, fugitif, laise Le style de J.-J. Werner est dlibrment de notre temps (dissonances finalit expressive, accords complexes, rythmes subtiles). Lensemble se termine en glissant du sfz ppp. 9 minutes 30 de musique  sur le papier  quun enregistrement discographique rvlerait encore mieux.

 

dith Weber.

 

 

LE COIN BIBLIOGRAPHIQUE

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Jean-Jacques VELLY et Liao HUI-CHEN (dir.) : Extrme-Orient et Occident. Musique et culture. Paris, LHARMATTAN (www.harmattan.fr ), 2016, Coll. Lunivers esthtique, 244 p., 26 .

Jean-Jacques Velly et Liao Hui-Chen ont publi les Actes du Colloque qui sest tenu en Sorbonne en 2013 et sont prfacs par S. E. M. Michel Ching-Long L, Ambassadeur de Tawan en France, qui met laccent sur les relations et les liens de son pays avec la France, les projets de coopration et la prsence de trs nombreux tudiants tawanais essentiellement lUFR de Musicologie. Ce volume runit douze communications autour de trois parties :  Les relations franco-asiatiques dans le domaine culturel ,  Linspiration extrme-orientale dans la musique occidentale  et  Portraits croiss dans la musique des XXe et XXIe sicles .

En fait, lintrt pour la culture et la musique extrme-orientales a t lanc ds le XVIIIe sicle, non seulement par les Chinoiseries, mais encore par les Mmoires (1777) du Pre Joseph-Marie Amiot (1718-1793), puis, au XIXe sicle, par les recherches de Louis Laloy (1874-1944), la fois musicologue et sinologue. Quelques portraits croiss portent, entre autres, sur  Marguerite Canales et la Flte de Jade  ;  Paul Haas et la posie chinoise  ;  Le contraste entre musique occidentale et extrme-orientale  ou encore  Les conceptions du temps dans la musique de Hsu Tsang-Hovei .

Danile Pistone, dans sa Postface, dgage la prennit des changes littraires et artistiques, les problmes de perception, dinspiration et dexploitation de traits caractristiques rattachant luvre au pays choisi (cf. p.193). Des exemples musicaux et des rfrences bibliographiques pluridisciplinaires (histoire, posie, organologie, analyse) renforcent encore lintrt de cette publication. Les lecteurs curieux apprcieront cette large ouverture rciproque sur la musique et la culture extrme-orientales et occidentales. Cette publication illustre le rayonnement international de lUFR de Musicologie.

 

dith Weber.

 

Anthony GIRARD : Franchir lHorizon. Entretiens avec Pascal PISTONE. Chteau-Gontiers, AEDAM MUSICAE, (www.musicae.fr ), 2016, 267 p., 25 .

Dans ses crits comme dans ses uvres musicales, Anthony Girard (n en 1959) Professeur au CNSMD de Paris, Docteur en Musicologie, thoricien et compositeur hors pair fait preuve dune rare dimension philosophique, esthtique, spirituelle et mtaphysique faisant penser, entre autres, Olivier Messiaen.

La comprhension de ses uvres gagnera en intensit et, grce ses Entretiens avec Pascal Pistone, Matre de Confrences lUniversit Bordeaux-Montaigne, son Horizon compositionnel et intellectuel sera largement dgag au fil des pages. Ils sont structurs en trois parties : lHistoire : Se librer du temps ; le Message : couter le silence ; lAnalyse : Archologie secrte. Pour Anthony Girard, analyser une uvre revient l interprter loin de la mode  et, ventuellement, la  rhabiliter . Sa connaissance trs approfondie des langages musicaux dans la longue dure et de lՎvolution des systmes dՎcriture lui permet de franchir toutes les  frontires  esthtiques. Les questions trs circonstancies, percutantes et judicieusement formules par Pascal Pistone, appellent des rponses personnelles du compositeur au cours dun dialogue trs vivant et enrichissant avec, au passage, des ractions parfois teintes dhumour, permettant de dgager par del lanalyse subjective les problmes de filiation esthtique. Laccent est mis sur la qute mystique, la subtilit et la finesse, le sens de lՎquilibre et linventivit dAnthony Girard qui a aussi le sens du paradoxe. Il rejette le proslytisme, lՎsotrisme, la dmesure au bnfice dun engagement sincre. Par sa sensibilit religieuse, il se dmarque de la mode et des coles actuelles. En fait, pour lui, tout nest quordre, sincrit et intriorit. En Annexe, le Catalogue chronologique (p. 93-129), trs prcis, par catgories duvres, est particulirement imposant et illustre la diversit de 35 ans (1980-2015) dinventivit pour des formations instrumentales varies. Les lecteurs, analystes et interprtes apprcieront leur juste valeur les Notices de prsentation des uvres rdiges par le compositeur (gense, cration, uvres de commande, particularits harmoniques, sources, description, inspiration et impulsion initiale).

Bref comme nous lavions mentionn dans LՎducation musicale (Lettres dinformation, Juillet 2015 et Janvier 2016) , toute la  dimension philosophique, esthtique et spirituelle du compositeur , dj rvle, est encore confirme par ces Entretiens et ses propres Notices. Anthony Girard dpasse lHorizon postromantique et renouvelle les critres danalyse. Tout en restant dans le sillage et lesprit de la musique franaise, il simpose par ses compositions et ses hautes spculations misant sur lintriorit.

 

dith Weber.

 

Sylvie BOUISSOU, Graham SADLER et Solveig SERRE (tudes runies par) : Rameau, entre art et science, Coll. tudes et Rencontres de lՃcole des Chartes, n47, Paris, cole des Chartes (www.enc-sorbonne.fr), 2016, 554 p. 26, 50 .

La formulation succinte :  entre Art et Science  rsumerait elle seule lapport et le rle de Jean-Philippe Rameau, n Dijon en 1683 et mort Paris en 1764. Compositeur et thoricien, il a dploy des activits multiples. Ses enjeux thoriques ont suscit des dbats et des discussions dans diverses spcialits : musicologie, analyse, esthtique, linguistique, mathmatiques, interprtation

Prsent par Sylvie Bouissou, Graham Sadler et Solveig Serre avec une mthodologie exemplaire et bnficiant dune excellente typographie, cet ouvrage est structur en 6 parties. La premire :  Rameau face aux Thtres  souligne son opposition la rforme dramatique envisage par Voltaire, replace sa production dans le contexte des Thtres de la Foire et des parodies, mais aussi de lAcadmie Royale de Musique ; pose une question pratique :  comment terminer un opra ? . La deuxime :  Regards sur Rameau , grce de minutieuses recherches darchives, le situe Dijon, dans son environnement mondain et sociologique et dans son contexte maonnique (Louis de Cahusac), sans oublier son lecteur attentif, Nicolas-Louis Le Dran (1687-1774). La troisime :  Interprter Rameau  concerne les critres dexcution lՎpoque (1764-1787) de Christoph Willibald Gluck, tudie le cas esthtique dHippolyte et Aricie ; noter : plus dun sicle denregistrements des uvres de Rameau (1904-2014) si rvlateurs. La quatrime :  Au cur des sources  voque les copistes de Rameau, sa rception ( Lille) travers la Collection Decroix. La cinquime :  Enjeux thoriques  prsente des ides de Rameau (ainsi que de Jean-Jacques Rousseau et Jean Le Rond dAlembert) relatives la thorie (architecture harmonique, ttracorde, thorie et pratique de la basse fondamentale). La sixime partie :  Mthodes danalyse et interdisciplinarit  est la plus significative de toutes ces contributions franaises et anglaises, assorties de rsums franais dtaills. Elle aborde, entre autres, sa thorie des modulations, lՎvolution de son langage dans ses Tragdies en musique, donne un exemple prcis : le monologue dArmide et tudie le dveloppement de la critique musicale au XVIIIe sicle (accompagne dune judicieuse typologie des critiques). En guise de conclusion, taye par des exemples musicaux analyss avec finesse, la question fondamentale :  La thorie de Rameau, un outil danalyse ?  est pose par Raphalle Legrand. Elle observe que  somme toute, une telle approche analytique historicise possde la saveur dune recherche en archives : les traces du pass restent muettes sur bien des points, mais nous apportent souvent ce que lon navait pas cherch.  (p. 464).

Ces tudes y compris le Catalogue thmatique sont complter par la lecture des ouvrages signals dans la trs clairante Bibliographie raisonne, modle du genre. Elle concerne notamment Lart de bien chanter (1679) de Bnigne de Bacilly, lHistoire de la musique et de ses effets (1715) de Pierre Bourdelot et Jacques Bonnet ou encore les ides de son contemporain Johann Mattheson (1681-1764) et, aprs 1800, entre autres, les travaux dArthur Pougin (Rameau, essai sur sa vie et ses uvres, 1876), la Thse de Paul-Marie Masson (LOpra de Rameau, 1930) et, plus proches de nous : les publications de Jrme de La Gorce, Sylvie Bouissou Cette somme intradisciplinaire souligne le parcours entre Art et Science de l artiste philosophe  (selon DAlembert), lՎvolution de la thorie musicale, de lapproche analytique et des critres dinterprtation dans la longue dure. Une mise au point dcisive du cas Rameau.

dith Weber.

 

 

 

 Commander une uvre. Mcanismes et influences . CIRCUIT Musiques contemporaines, vol. 26, n2, 2016. Les Presses de lUniversit de Montral, (www.revuecircuit.ca), 185 p.

Ralis par les musicologues Michel Duchesneau et Annelies Fryberger, ce numro revt un double intrt relatif la pratique et lactualit (In memoriam, nouveauts). Il concerne dune part les commanditaires duvres musicales, dautre part les compositeurs soucieux de prsenter une uvre selon des critres particuliers et dans une optique prcise.

Douze articles en franais et en anglais, rsultant de lexprience de leurs auteurs, brossent un tableau de la cration musicale (avant, pendant et aprs) : notre poque en gnral, en France, aux tats-Unis et au Canada en particulier. La partie documentaire prsente une grande ouverture sur lactualit musicale et artistique, ainsi que sur les nouveauts. Cette Revue apporte des rponses de nombreuses interrogations : qui commande (Institutions, tat, Fondations, particuliers, mcnes) ? qui se lance dans la comptition ? qui juge (comptences des Jurys, comme dailleurs pour les Thses de Doctorat) ? quel est laboutissement (cration publique de luvre, budget, audition au concert) ? bref : la rception de luvre slectionne qui contribuera la vie et au rayonnement artistiques dun pays. Certaines situations sont voques, comme, par exemple lIRCAM (Pierre Boulez) en France ou encore le rglement de la commande aux tats-Unis. Les lecteurs trouveront aussi des renseignements sur la Chapelle historique du Bon-Pasteur : la Maison de la musique (Canada) ou un compte-rendu :  Entendu dans Cette ville trange :  Fuck toute !  une gnration de compositeur-e-s dcomplexe sa marge . La Revue comporte galement des  Nouveauts en bref , quelques illustrations et prcisions concernant les auteurs et, bien entendu, les rsums des articles.

Cette Revue bilingue sadresse aux musicologues et compositeurs, ainsi quaux sociologues, mlomanes et discophiles. Elle devrait absolument tre mieux connue des lecteurs franais et circuler, car elle aborde des thmes largement ouverts, par exemple La recherche musicale. Aux croisements de lart et de la science (vol. 24, n2, 2014) ; Contenir le sonore. Les nouveaux profils de la notation (vol. 25, n1, 2015) ; La musique des objets (vol. 23, n1, 2013) ; Du spirituel dans lart ? (vol. 21, n1, 2011)

 

dith Weber.

 

LE BAC DU DISQUAIRE

Haut

 

 A Festival of Nine Lessons and Carols . Nouveau Chur de Garons de Hambourg, dir. Rufus Beck 1CD RONDEAU PRODUCTION (www.rondeau.de ): ROP6131.  TT : 6641.

Le Nouveau Chur de Garons de Hambourg, plac sous la direction de Rufus Beck (galement acteur et lecteur), propose un Festival de neuf Leons et Carols (chants anglais traditionnels pour Nol), complts par des Rcits autour de la Fte lus par Rufus Beck. Il sagit dabord de prsenter le miracle de la naissance de Jsus avec des extraits bibliques et des histoires religieuses, autrement dit de commenter ces vnements et de contribuer cette grande fte. Toutefois, pour les Lessons, quelques adultes se sont joints pour accompagner les jeunes dans leur priple vers Bethlhem et pour intervenir dans les churs mixtes. En fait, ce disque sappuie surtout sur lancienne tradition anglaise reposant sur des Christmas Carols que lon peut entendre depuis toujours Cambridge et en Angleterre.

Le programme commence avec une Procession et lannonce de lՃvangile : Processional Hymn (Autrefois, dans la ville de David) et le chant pour 4 voix mixtes : O magnum mysterium de William Byrd ; le Festival se termine par lHymne (Chant des Anges) : Hark, The Herald Angels Sing. La partie centrale comprend neuf Lessons voquant, tour tour, Adam, les cloches, le miracle, la sainte nuit (Silent Night), la joie (In dulci jubilo) jusquՈ la 9e qui permet dentendre le clbre chant O Come. All Ye Faithful. La premire Leon sappuie sur la lecture du texte allemand Der Traum dAugust Heinrich Hoffmann von Fallersleben (1798-1874), suivi dun chur 5 voix mixtes. Dautres numros voquent le Pre Nol, le carillon, une danse franaise du XVIe sicle. Un peu plus loin, il sera question du grand miracle, de la Veille de Nol, sans oublier lincontournable mlodie de Franz Gruber (XIXe sicle) : Stille Nacht (Douce Nuit), adapte par Karl Heinrich Reinecke pour chur mixte 4 voix. Le Choral assonanc latin/allemand : In dulci jubilo/Nun singet und seid froh, est chant daprs une mlodie du XIVe sicle arrange par William Westbrook. Dautres Lessons concernent la Bonne Nouvelle, le rcit chant rappelle lՎtable et la naissance de Jsus. noter tout particulirement luvre de commande de ce nouveau Chur reposant sur le texte mystique bien connu de Goethe : Meeres Stille. En conclusion des Lessons, retentit le clbre Carol : O Come. All Ye Faithful (Adeste fideles) Et, pour finir, ladaptation pour chur mixte 4 voix de William Hayman Cummings (1831-1915) de Hark, The Herald Angels Sing pose un point dorgue lumineux sur ce Festival biblique interprt par un chur garons disciplin et convaincu. Cadeau original et sortant des sentiers battus, offrir pour Nol : tous, jeunes et vieux, ne seront pas dpayss par cette clbration de Nol in England mais, en fait, universelle.

dith Weber.

 

Max REGER : Orgelwerke - Works for Organ. Ulfert Smidt. 1CD RONDEAU PRODUCTION (www.rondeau.de ) : ROP6131. CD : TT : 6006.

En cette anne 2016, pour clbrer le centenaire de la mort de Max Reger (1873-1916), Ulfert Smidt, organiste de la clbre glise du March Hanovre, a qualifi ce compositeur allemand nayant pas encore gagn en France toute la place quil mrite de  vainqueur de la crise  son poque. Ce qualificatif est illustr par ses 2 grandes Fantaisies sur des chorals (op. 40) dans lesquelles Max Reger exploite magistralement les deux mlodies bien connues : Wie schn leuchtuns der Morgenstern (n1, datant de 1899 et ddie au thologien strasbourgeois Friedrich Spitta ne pas confondre avec Philipp, le biographe de Bach). Les premires strophes concernent lՃpiphanie, alors que la dernire, avec sa Fugue bien structure, traduit lespoir dans la Rsurrection. La seconde Fantaisie : Strafmich nicht in deinem Zorn (op. 40, n2, 1899) daprs le Psaume 38 sappuie sur le texte de J. B. Freystein (1697) et repose sur la mlodie en usage Dresde en 1694. Une brve Introduzione grave  prpare lexposition du choral si familier. Le compositeur spcule sur les contrastes. Il traite avec une grande libert ses Fantaisies trs dveloppes.

Ulfert Smidt, lOrgue Goll de la Marktkirche de Hanovre, se joue de toutes les difficults techniques. Il saffirme comme un ardent dfenseur de Max Reger qui, comme laffirme Paul Hindemith,  aura t le dernier gant de la musique , et pourtant, il na vcu que 43 ans. Lexcellent organiste interprte ensuite 6 des 12 Pices pour orgue / Zwlf Orgelstcke (op. 59) qui ont fait la rputation du compositeur : Kyrie eleison (n7), Capriccio (n10), Fuge (n6), Pastorale (n2), Melodia (n11), Benedictus (n9). Comme toujours, il simpose par sa matrise technique et par son sens de la registration sapparentant une orchestration. Max Reger fait appel la virtuosit ; son inspiration est particulirement diversifie. Son uvre  se situe mi-chemin entre la musique ancienne et la musique moderne. Il se considre dailleurs comme un admirateur de Bach, Beethoven et Brahms.

Grce Ulfert Smidt : voil Max Reger mieux introduit chez les organistes et discophiles en France. En effet part quelques lves du regrett Charles Muller (au Conservatoire de Strasbourg) et Jean-Baptiste Dupont (n en 1979), actuellement titulaire des Grandes Orgues de la Cathdrale Saint-Andr (Bordeaux) qui, pour le Centenaire, sest lanc dans lenregistrement de lIntgrale, chez HORTUS , peu dorganistes franais se risquent interprter luvre complexe de ce musicien catholique ayant paradoxalement rnov la musique dՎglise protestante. Le Label leipzicois RONDEAU PRODUCTION rend un digne hommage au principal reprsentant de lՃcole dorgue allemande en son temps.

 

dith Weber.

 

 A New Generation and Four Centuries of the Organ in Central Europe . 2CDs ARTA (www.arta.cz ). Diffusion : CD DIFFUSION (www.cddiffusion.fr) : F10214. 2015.  TT : 7553+ 7647.

Les jeunes organistes et les Orgues dEurope Centrale sont gnralement moins connus  lOuest du Continent. Cest pour remdier cette lacune que le Label tchque ARTA a publi deux disques fort instructifs, avec la participation dՎlves trs avancs et de quelques invits qui se sont produit lors des Concours (2014 et 2015) de lAcademy of Performing Arts de Prague, linitiative de Jaroslav Tuma (n en 1956), organiste, claveciniste et pianofortiste Professeur au Conservatoire de Prague, qui a form de nombreux instrumentistes.

Le programme de ces deux disques comportant des uvres gnralement bien connues sՎtend sur plusieurs sicles. Pour lՎpoque baroque, en Allemagne, les mlomanes apprcieront des Prludes de Choral, Sonates, Fantaisies, Partitas de Johann Ulrich Steigleder (1593-1635), organiste Stuttgart et la Cour de Wurtemberg, Dietrich Buxtehude (n v.1637- mort Lbeck en 1707, clbre par les Abendmusiken) et son lve : Nicolaus Bruhns (1665-1697) que J. S. Bach admirait ; ainsi que de Johann Pachelbel (n en 1653 Nuremberg et mort dans cette ville en 1706), Jean Sbastien Bach et son fils Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788), entre autres Pour lՎpoque romantique, la Sonate en Si b Majeur (op. 65) de Felix Mendelssohn simposait. La France est reprsente par Csar Frank (extraits de LOrganiste), Maurice Durufl (Choral sur le Veni Creator) et, plus proche de nous : Thierry Escaich (avec 5 versets de lHymne Victimae Paschali laudes). LItalie, par une Canzona de G. Frescobaldi et une Partita de B. Pasquini. Parmi les musiciens dEurope centrale dcouvrir : les  Tchques Jiri Ignac Linek (1725-1791), pdagogue et compositeur baroque, avec un Prlude en R majeur et une Fugue en Do Majeur,  Jan Hanus (1915-2004) avec une Suite lyrique,  Petr Eben (1929-2007) avec une Partita sur le choral O Jesu all mein Leben bist du

dcouvrir : des instruments historiques de valeur et de nombreux organistes diplms dՃcoles suprieures de musique tchques  : Daniel Knut Pernet, Marie Pochopova, Marek Mosnar, Michaela Kacerkova, Marie Zahradkova, Ivana Michalovicova, Vladimir Kopacik, Juraj Slovik, Ludmila Dvorakova, Peter Hngesberg, Iveta Zatkova, Pavel Svoboda, Tomasz Soczek Ils simposent par leur synthse de prs de quatre sicles duvres europennes et attestent la remarquable vitalit de lՃcole dorgue en Europe Centrale.

 

dith Weber.

 

 Le chant des origines. Graduel de Bellelay (XIIe sicle ).  Ensemble Venance Fortunat. 1CD MONTHABOR MUSIC (www.monthabor.com ) : 250028.  TT : 62 39 + DVD.

Ce coffret  de 2 disques revt un tripe aspect : historique  par son intitul : Le chant des origines , visuel par les divers contextes et commmoratif, car il marque la dernire ralisation du remarquable Ensemble Venance Fortunat (daprs Saint Venance Fortunat, n prs de Trvise vers 530 et mort Poitiers vers 600, vque de cette ville et pote mdival chrtien, auquel on doit, entre autres, les Hymnes Pange lingua et Vexilla regis).

Cet Ensemble, lanc par Anne-Marie Deschamps en 1975, a t fond officiellement en 1980. Il runit de fidles chanteurs professionnels (dont quelques uns y ont particip depuis les dbuts), par exemple D. Thibaudat (Soprano), G. Lacascade (Baryton), entre autres. Sa fondatrice est la fois chanteuse, musicologue et palographe mdiviste. Elle est spcialise dans lՎtude approfondie des manuscrits mettant en valeur  le chant vivant des traditions orales porteuses de textes essentiels . LEnsemble Venance Fortunat permet ainsi de dcouvrir le Graduel de lAbbaye de Bellelay (Suisse) labor vers 1160. Il sagit du Manuscrit Ms.18 donn la Bibliothque cantonale de Porrentruy, dcouvert par le psychiatre Robert Christe (de lAtelier dAxiane) et restitu grce aux multiples recherches acharnes dAnne-Marie Deschamps, avec le concours dexperts : musicologues, philologues, palographes (notation musicale neumatique), archivistes, relieurs et restaurateurs.

Le DVD intitul : Le fabuleux voyage du Graduel de Bellelay concerne un film de Manuella Maury, Romain Gulat et Didier Humbert, produit par lOffice de la Culture de la Rpublique et du Canton du Jura. Il restitue le lieu gographique, latmosphre (cloches, cierges, gestique, chant, costumes des interprtes) et propose des exemples des folios et de la reliure. La narration est rythme par des extraits du Concert donn par lEnsemble Venance Fortunat, le 16 novembre 2008, en lAbbaye de Romainmtier (Suisse). La restitution de manuscrits implique diffrentes disciplines : philologie compare, contextes historiques et liturgiques, pratique vocale, codicologie, architecture, et, bien entendu, de solides connaissances du latin et des abrviations.

Le programme du Graduel de Bellelay sarticule autour des diffrents temps de lAnne liturgique : Avent, Nol, piphanie, Carme, Jour des Cendres, Semaine Sainte, dimanche de Pques, Ascension, Pentecte et circonstances particulires. Les Introt, Graduel, Alleluia, Offertoires et Communions sont intercals entre les pices de lordinaire de la Messe (Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Agnus Dei). Comme le signale le texte de prsentation :  Les caractristiques musicales de ce Graduel se signalent trs souvent par une grande vocalit du chant, laissant supposer que les chantres de lAbbaye ont favoris un dveloppement vocal virtuose avec prolifration des rpercussions, soit un mme son rpt sur une mme syllabe . Les 23 pices (auxquelles sont jointes, titre comparatif, quelques variantes provenant dautres manuscrits) sont crites en notation neumatique sur 4 lignes ; elles illustrent le chant du soliste, le chant ornement et raffin que les grands chantres virtuoses de lՎpoque affectionnaient tout particulirement.

Aprs plus de huit sicles, Anne-Marie Deschamps obtient de ses interprtes  une articulation souffle-parole qui puisse transmettre le message traditionnel, tout en selon ses propres termes lui donnant la prsence dune vie nouvelle , afin de recrer ce que les spcialistes du chant religieux avaient voulu raliser ds les Origines. Elle a le grand mrite de restituer le plain-chant mdival,  puissant ferment de notre culture , avec le maximum dexactitude et de rigueur scientifique, et de le rendre accessible aux mlomanes du XXIe sicle. Disque couter et vido regarder avec motion et respect, car cette interprtation bnficie de lexprience de toute une vie au service de la musique mdivale.

 

dith Weber.

 

Catherine BRASLAVSKY : Pilgrimage/Plerinage. 1CD (www.jade-music.net ) : 699 885-2. 2016. TT : 52 52.

Ce disque, plac sous le motif conducteur : Plerinage, rvle en quelque sorte litinraire et les ides esthtiques de Catherine Braslavsky, la fois chanteuse, mdiviste, musicologue et compositrice. Il souligne ce que la musique reprsente pour elle : celle quelle  aime entendre  et  celle quelle aimerait composer .

Son parcours commence judicieusement par un retour aux sources de la musique religieuse avec la squence pour le dimanche de Pques : Victimae Paschali laudes attribue Wipo (XIe sicle), chapelain de Konrad II, Empereur du Saint Empire Romain Germanique. Cette squence a t maintenue par les Pres du Concile de Trente (1545-1563). Puis Catherine Braslavsky se souvient de son  mentor en composition  : Hildegard von Bingen (1098-1179) bndictine mystique et compositrice , avec lhymne au Saint-Esprit : Spiritus Sanctus vivificans, vita movens omnia Ces textes sont chants avec une remarquable souplesse vocale. Pour ses propres compositions, Catherine Braslavsky exploite aussi linspiration liturgique, en reprenant, par exemple, le texte grec antique du Grand Kyrie traditionnel quelle met en musique, ainsi que les textes latins de lAgnus Dei, ou encore du De profundis et du Psaume 23 : Si ambulem im medio umbrae mortis, non timebo interprt par le Chur Terra Sancta et des percussions : une russite du genre. Sa musique est, tour tour, suggestive, mystrieuse, discrte et sՎlve des profondeurs. Elle est lorigine du texte et de la musique de sa Berceuse (Cradle Song) pour lEnsemble Terra Sancta, avec des vocalisations imagines, ce qui sera aussi le cas pour Joyfull Pilgrims (Joyeux Plerins). Elle a galement mis en musique le texte si prenant de Joseph Rowe : O You So True, de caractre langoureux et vocateur, qui est chant avec insistance, discrtement soutenu, entre autres, par le violoncelle.

Rsultat de  dcouvertes et de redcouvertes sans cesse renouveles pour toucher et exprimer ce que nous portons au plus profond de nous et qui se rapproche de luniversel , cette ralisation confirme les propres paroles de Catherine Braslavsky :  La musique, comme la vie elle-mme, me semble tre un plerinage dans le temps et lespace autant quun voyage vers notre nature et donc vers les autres.  Suivez le guide, il est bon ! Tout pour se laisser entraner sa suite.

 

dith Weber.

 

Stefano GERVASONI : Le Pr (op. 70) qui, dans la production de Ratez, occupe une place marquante. Ils en restituent le lyrisme, mais aussi le caractre dansant pour aboutir un genre de valse, ce qui comme le rappelle M. Murawski ,  pour Ratez, augmente le tempo pour pouvoir exploser au final et se reposer sur le dernier accord . Point dorgue trs convaincant et (re)dcouverte de ce compositeur franais si attachant, grce un diteur et des interprtes polonais.

 

 

 

dith Weber.

 

 

Ren de BOISDEFFRE : Works for Violin and Piano 1.  Bogdanovich Dejean, violon, Jakub Tchorzewski, piano. 1CD ACTE PRALABLE ( "http://www.acteprealable.com/") : AP0362.  TT : 6553.

Voici encore un autre mrite du Label ACTE PRALABLE qui tout en ayant pour objectif la diffusion du patrimoine musical polonais sattache prsenter des compositeurs franais injustement oublis. Cest le cas de Pierre mile Ratez, mais aussi de Ren de Boisdeffre (n Vesoul en 1838 et mort Vzelise (Lorraine) en 1906). Il a tudi la musique auprs de Charles Wagner, la composition avec Auguste Barbereau. Le Prix Chartier, obtenu en 1883, atteste sa prdilection pour la musique de chambre. Son uvre noromantique se situe quelque peu dans le sillage de Charles Gounod, Jules Massenet ou encore douard Lalo et Camille Saint-Sans, install Paris en 1843. Jan A. Jarnicki a dtect un grand nombre de ses uvres dans diffrentes Collections et Maisons ddition ; il en a copi certaines et trouv les interprtes adquats, soucieux de diffuser ces productions tombes dans loubli. Cest Jakub Tchorzewski,  pianiste phnomnal et musicien de chambre talentueux  qui la encourag dans ce projet quil a ralis avec le  violoniste serbe exceptionnel , Bogdanovich Dejan.

Cette ralisation comporte, dune part la Deuxime Sonate (op. 50) et Deux Idylles (op. 75) pour piano et violon ; et, dautre part : pour violon avec accompagnement de piano : la Suite orientale (op. 42), aux titres vocateurs : Sous les palmiers-Rverie ; Chanson arabe, Danse orientale, ainsi que la Suite potique (op. 19), en 6 mouvements : Prlude, Mditation, Berceuse, lgie, Srnade mystrieuse et Pastorale. La Sonate n2 (op. 50) met dabord le violon en valeur, puis le piano, aboutissant un dialogue entre les deux ; la deuxime partie est de caractre joyeux et lger, parfois agit ; la troisime, lente et expressive, force sur le lyrisme, et la dernire est plus brillante. Dans ce remarquable duo, chacun sait seffacer au profit de lautre ou se mettre en vedette lorsque la partition lexige. Jan A. Jarnicki, comme les interprtes, ont russi communiquer leur enthousiasme pour ce musicien typiquement franais, sensible et lyrique.

 

 

dith Weber.

 

Franz LISZT : Concerts  live  Radio France. Sylvie Carbone, piano. 1CD SKARBO ( "http://www.skarbo.fr/"www.skarbo.fr ) : DSK4164. TT : 7422.

La pianiste Sylvie Carbonel, lve de Pierre Sancan au CNSMDP, Laurate, entre autres, du Concours Georges Enesco (Bucarest) et de la Julliard School (New York) et titulaire du Prix international Olivier Messiaen, a t invite par de nombreux Orchestres en France et lՎtranger et a particip des Festivals internationaux (France, Autriche, tats-Unis, Canada). Aprs avoir t professeur au CNSMDP, elle assure actuellement des Masterclasses pour professionnels et amateurs clairs.

Ce CD reproduit quatre enregistrements live (Radio France) duvres de Franz Liszt (1811-1886). En 1979, elle a interprt avec le Nouvel orchestre Philharmonique de Radio France, plac sous la direction de Mark Starr la Danse des Morts (Totentanz), Paraphrase sur la squence du Dies irae (cre par son ddicataire, Hans von Blow, en 1865), pour piano et orchestre, faisant appel la technique de la variation. Ce vrai concerto exige une matrise pianistique hors normes pour en restituer le caractre vif, la structure solide et le paysage sonore. Le thme est nonc au piano, soutenu par les timbales avec plusieurs rptitions jusquՈ la 1re Variation o intervient le basson provoquant pour renforcer leffet du motif qui devient plus volubile dans la 2e Variation ; la 3e, Molto vivace est suivie du Lento, plus calme, crit en canon. Enfin, la 5e, certainement la plus complte, avec un fugato rapide expos au piano qui toutefois ne masque pas au loin la rminiscence du Dies irae. Aprs la longue cadence du soliste, lAllegro animato se termine de faon clatante avec, entre autres, des glissendi aux deux mains.

En soliste et vraie spcialiste, elle interprte (1976) la redoutable Sonate en si mineur (ddie Robert Schumann), simpose par ses attaques prcises, la mise en valeur des thmes et lalternance entre passages dynamiques et mditatifs, un Cantabile particulirement expressif, son sens de la construction dans la fugue et latmosphre typiquement romantique. Cet enregistrement se termine par deux autres extraits des Harmonies potiques et religieuses : Bndiction de Dieu dans la solitude (1980) o se mlent dvotion et sentimentalit, mysticisme et contemplation, sonnerie de cloches et rverie, un peu la manire de Lamartine. Quant Funrailles (enregistr la mme anne), de facture plus classique (A B A, avec introduction et coda), cest une dploration baignant dans le pathtique, typique du langage lisztien. Sylvie Carbonel avait dcidment sign une magnifique Dfense et illustration de la musique de Franz Liszt.

dith Weber.

 

 Rock & Roll Christmas . 1CD JADE ( "http://www.jade-music.net/") : CD 699 884-2. TT.: 4431.

Sous ce titre quelque peu inattendu et vintage, les ditions JADE proposent en quelque sorte une synthse des thmes lis aux temps de lAvent et de Nol, avec leur symbolique et imagerie. Aux tats-Unis, les festivits sont annonces le 4e jeudi de novembre, avec la clbre dinde du Thanks Giving Day, puis, le samedi suivant, avec la parade du Pre Nol (Father Christmas). Dans les pays germaniques  et en Belgique notamment, cette Fte commence par la Saint Nicolas (Santa Claus), le 6 dcembre, o les enfants attendent un cadeau (Saint Nicolas en pain dՎpices, en chocolat ou autres) dpos devant la chemine. Ce temps voque aussi lhiver, le froid et la neige qui accompagnent gnralement le Nol chrtien et la fte plus populaire.

Dans les annes 1950, le RocknRoll sest aussi inspir de cette tradition multisculaire et de cette fte de lenfance. La compilation commence avec Rockin Around The Christmas Tree (clbrant larbre de Nol) de Brenda Lee, au rythme chaloup. Elvis Presley est notamment reprsent par Santa Bring My Baby Back To Me (plage 2), Santa Claus Is Back in Town (pl. 10) pour chur et instruments. En 1958, Marlene Paul voulait passer Nol avec Elvis : I Wanna Spend Chrismas With Elvis. Chuck Berry figure, entre autres, avec son incontournable chef-duvre : Merry Christmas Baby (pl. 3), o il saccompagne la guitare et fait preuve dun rare sens du rythme, et Run, Rudolf, Run (pl. 12). Boogie Woogie Santa Claus (Mabel Scott & Maxwell Davies, pl. 7) est chant sur un fond de fanfare (Band) clatant et trs scand.

Ces 19 pices brves (2 3 minutes) clbrent lArbre de Nol, Santa Claus, lEnfant, mais aussi les cloches, le bonhomme de neige (Snowman), le froid. Elle se termine videmment en souhaitant une heureuse anne (A Happy New Year) lEnfant. Il sagit vraiment de tubes et de chants de Nol succs. Cette compilation de Christmas Rocks intressera jeunes et moins jeunes.

 

 

dith Weber.

 

 Symphonic Christmas .  VivaVoce. Philharmonie de chambre de Saint Petersbourg, dir. Enrique Ugarte. 1CD RONDEAU PRODUCTION ( "http://www.rondeau.de/") : ROP6136. TT : 5312.

Voici encore un disque dcapant pour le temps de Nol. LA cappella Band russe, VivaVoce (fond en 1998) comportant 5 chanteurs de tempraments diffrents associ La Philharmonie de chambre de Saint Petersbourg (cre en 1990) et dirigs par Enrique Ugarte, proposent un tout nouvel  habillage  quelque peu droutant de chants de Nol (Weihnachtslieder) classiques. Parmi les thmes habituels, figurent : la crche, la naissance de lEnfant, la bndiction du soir, mais aussi les cloches, le bonhomme de neige glac, le paysage blanc  (comme dans le CD Rock & Roll Christmas).

Le programme souvre sur le nol allemand voquant la crche : Ich steh an deiner Krippen hier, daprs le texte de Paul Gerhard et un arrangement vocal et instrumental trs vivant, et se poursuit avec Maria durch ein Dornwald ging de Gnther Raphael (1903-1960) dans ladaptation vocale de David Lugert, et instrumentale du chef, Enrique Ugarte. Les textes anglais comportent des arrangements de De [The] King is born today (pl. 2) et Jingle Bells (pl. 6) de James Lord pont. Parmi les 12 Nols, se trouve galement un Nol russe (Au milieu de la nuit calme). Tout en clbrant Nol, ces interprtes sՎrigent contre le consumrisme et la folie des cadeaux (cf. le chant Wir schenken uns nix Nous ne nous offrons rien). Symphonic Christmas  made in Russia  : un mlange de tradition et de dpaysement.

 

dith Weber.

 

 Music from the Motion Pictures .  Veriko Tchumburidze, violon, Anastasia Voltchok, piano. Orchestre dՃtat de Brandebourg (Francfort), dir. Howard Griffith. 1CD KLANGLOGO ("http://www.klanglogo.de/"www.klanglogo.de ) : KL 1518. TT : 62 28.

Le Label allemand KLANGLOGO, lOrchestre dՃtat de Brandebourg (Francfort), avec le concours de Veriko Tchumburidze (violon) et dAnastasia Voltchok (piano) placs sous la direction de Howard Griffiths, proposent un programme de musiques de films ayant connu un succs retentissant.

Les amateurs de cinma et de  tubes  du XXe sicle retrouveront avec plaisir ces rsonances sonores particulires qui leur remettront sans doute en mmoire le contexte visuel. commencer par la 20th Century Fox Fanfare (Alfred Newman, 1901-1970), puis Dangerous Moonlight (Richard Addinsell, 1904-1977), en passant par Ludwig van Beethoven (1770-1827) illustrant Zardoz Knowing & The Kings Speech, ou encore Vertigo (Bernard Hermann, 1911-1975), Richard Wagner (1813-1883) pour Apocalypse Now, pour aboutir aux Pirates of The Caribbean (John Williams, n en 1932) et James Bond (John Barry, 1933-2011) et, bien entendu, lincontournable Guerre des toiles (Star Wars), galement de John Williams.

Voici un condens de 15 films et leurs musiques entranantes, trs rythmes, envotantes, exubrantes ou mlancoliques, au service dinfaillibles associations dides musicales et visuelles. Elles sont recres et suggres avec tant dautorit par Howard Griffiths et son Orchestre : ils sy donnent   cur joie . manant du Festival de Zurich, cette ralisation permet le passage de la salle de cinma au domicile des amateurs de musique de film. Voyage immobile garanti.

 

dith Weber.

 

 

 I 7 Peccati Capitali .  Claudio MONTEVERDI : extraits de Orfeo, LIncoronazione di Poppea, l ritorno dUlisse in patria. Libri dei Madriagali III, IV & VIII. Selva Morale e spirituale. Mariana Flores, Francesca Aspromonte, Francesca Boncompagni, sopranos, Christopher Lowrey, contre tnor, Emiliano Gonzalez-Toro, Mathias Vidal, tnors, Gianluca Buratto, Philippe Favette, basses. Cappella Mediterranea, dir. Leonardo Garcia Alarcn. 1CD Alpha : Alpha 249. TT . :7224.

Partant de la constatation que passions et motions humaines sont au cur de luvre de Monteverdi, linfatigable Leonardo Garcia Alarcn a eu lide de construire un programme sur les sept pchs capitaux quil met en abme avec sept vertus. En puisant aussi bien dans les trois opras, et en particulier dans les intrigues dites secondaires, que dans les Livres de madrigaux ou dans La Selva morale e spirituale. Et dindiquer que ce programme est  une catharsis thtrale et madrigalesque au sens grec de purification. Lintrt en est autant musicologique puisque mettant en lumire ce quest la seconda pratica, que didactique, ouvrant la voie au rapprochement ou la confrontation entre morceaux illustrant les vanits humaines. Aprs lEsprance (duo de Poppe et dArnalta du Couronnement de Poppe), et la Prodigalit (Quattro scherzo delle rose vaghezze, 1624), vient la Paresse, illustre par un extrait du dialogue des deux soldats du Couronnement de Poppe. Puis lEnvie, avec le quatuor de la scne 4 de lacte I du Retour dUlysse dans sa patrie, la Chastet (VIII me Livre des Madrigaux). LOrgueil est illustr par le duo paroxystique entre Nron et Snque du Couronnement de Poppe, et lAvarice par celui entre Nron et Lucain du mme opra. Quant lHumilit, cest un extrait de la Selva morale qui la reprsente. A la Gourmandise (duo entre Iro et Eumte du Retour dUlysse), est oppose la Temprance (air de Mercurio du Retour dUlysse, crit par Garca Alarcn sur le seul texte restant). La Luxure (IV me Livre des Madrigaux), est oppose la Charit (extrait dOrfeo : aria  Orfeo io son ). Enfin la Colre (III me livre des Madrigaux), plus rentre que dmonstrative, chante cinq voix, fait suite, et pour conclure ce parcours, le Courage (VIII me Livre de Madrigaux). Les voix, deux sopranos, deux tnors, un contre tnor et deux basses, sont rompues ce dlicat exercice tant de lopra et de ses modes expressifs plus ou moins outrs que de la musique sacre et de la virtuosit quelle exige. Le petit ensemble instrumental constitu de deux violons, une viole de gambe, une basse de violon, un thorbe, un archiluth, une harpe et lorgue, contribue donner de ces pices une lecture vivante et pntrante et leur confrer dans leur succession originale une force nouvelle et tout fait singulire. Un bel hommage rendu au 450 anniversaire de la naissance de Claudio Monteverdi en 1567.

 

 

Jean-Pierre Robert.

 

 Serpent & Fire .  Extraits dopras de Henri PURCELL : Dido & Eneas. Christopher GRAUPNER : Dido, Knigin von Karthago. Antonio SARTORIO : Giulio Cesare in  Egitto. Daniele DA CASTROVILLARI : La Cleopatra. George Frideric HANDEL : Giulio Cesare in Egitto. Johann Adolf HASSE : Didone abbandonata, Marc Antonio e Cleopatra. Francesco CAVALLI : Didone. Anna Prohaska, soprano. Il Giardino Armonico, dir. Giovanni Antonini. 1CD Alpha : Alpha 250. TT.: 7010.

 

Autre CD thme chez le mme diteur : la mise en miroir des deux reines dAfrique que sont Didon et Cloptre travers quelques compositeurs du Baroque clbres et moins connus. Un passionnant florilge imagin par Anna Prohaska pour inaugurer sa nouvelle signature avec le label. La reine de Carthage est illustre dabord par Henry Purcell dans son Dido & Eneas, avec plusieurs extraits dont  Ah! Belinda, I am pressd with torment , puis  Remember me  ou encore le grand lamento final   Thy hand, Belinda.... Cest l le triomphe de lՎconomie de moyens. Il en va bien autrement de la Didone de Francesco Cavalli (1641), sur un livret de Busenello, prototype de lopra vnitien et un des premiers tre reprsent dans la cit des doges : musique colore, chatoyante presque comme dans laria finale de lhrone donne ici. Elle lest aussi par la Dido, Knigin von Karthago de lallemand Christopher Graupner (1683-1760), dont deux arias montrent une femme autoritaire. Johann Adolf Hasse (1699-1783) a lui aussi crit une Didone abbandonata en 1743 sur un livret de Metastasio. La voluptueuse Cloptre face Csar a t peinte en musique par plusieurs musiciens dont au premier chef Haendel dans son Giulio Cesare in Egitto. On connait les diverses arias acrobatiques quil lui rserve. Anna Prohaska a choisi de la potique  Se pieta . Elle a fait choix encore dune aria du Gulio Cesare dAntonio Sartorio (1630-1680), une musique attractive pour dcrire toute lespiglerie de celle qui veut rgner sur le cur du romain. Autre vision de ce personnage fascinant, celle que trace dans La Cleopatra, le compositeur vnitien Daniele de Castrovillari (c.1613-1678) avec des accents pathtiques. Raret encore, pour illustrer cette fois les amours de Cloptre et de Marc Antoine, le MarcAntonio e Cleoaptra

de Hasse (1725), avec une aria hroque, plus que dcide, compose pour le castrat Farinelli. La fraicheur de la voix dAnna Prohaska, les diverses facettes de son talent de comdienne, la spontanit avec laquelle elle adapte le chant aux exigences des diverses styles abords, en un mot son aisance, tout cela fait de cette galerie darias dirrsistibles portraits de femmes au destin hors norme. Le disque est entrecoup de squences instrumentales empruntes Matthew Locke (The Tempest, 1667), Purcell (The fairy Queen), Luigi Rossi ou Dario Castello que Giovanni Antonini et son ensemble Il Giardino Armonico abordent avec la mme perspicacit que celle quils prodiguent dans laccompagnement du chant.

 


Jean-Pierre Robert.

 

Charles DOLL: Trois Suites pour viole de gambe avec la basse continue de la Deuxime uvre. Robin Pharo, Ronald Martin Alonso, viole de gambe, Thibaut Roussel, thorbe et guitare baroque, Loris Barrucand, orgue, Ronan Khalil, clavecin. 1CD Paraty : 416145. TT. : 7006.

 

Voici un ovni musical! Charles Doll (ca.1710- ca.1755) est si peu connu quil en est tomb dans loubli. Il neut pas la chance dappartenir une famille de musiciens clbres et dՐtre le fils de son pre, comme ses contemporains Roland Marais, fils de Marin Marais, et Jean-Baptiste Forqueray, fils dAntoine Forqueray. Il neut pas non plus le privilge dobtenir un poste officiel de musicien du roi. Il se limitera enseigner son instrument, la basse de viole, et composer quelques uvres marquantes dans la tradition des deux grands matres prcits un moment o la musique franaise pour viole de gambe amorait son dclin. Mais comme le remarque Robin Pharo,  la musique de Doll dploie un univers expressif extrmement riche, aussi mlodique que celle de Marin Marais, aussi virtuose que celle dAntoine Forqueray, aussi cisele que celle de Franois Couperin . Sa Deuxime uvre pour basse de viole de gambe avec la basse continue, publie Paris en 1737, est constitue de trois Suites, chacune compose dun prlude et de sept danses, toutes fort varies et trs ornementes. Lagencement des diverses squences cr dagrables contrastes voire des effets de surprise. Ainsi remarque-t-on dans la Premire Suite en sol majeur le troisime morceau intitul  Le Tendre Engagement , presque lascif, un vif  Rondeau le Gruer   (n4), ou une  Fugue  trs imaginative avec une sorte de cadence (n6) ou encore une  Musette La Favorite  proposant un lgant dialogue entre viole de gambe et clavecin. La Deuxime Suite en do mineur, qui fait intervenir lorgue positif ds le Prlude, se distingue par une  Allemande La fire  extrmement dcide (n2), une  Sarabande  ample et trs expressive (n5) et surtout, en septime position, une pice beaucoup plus dveloppe titre  Tombeau de Marais le Pre . Conu comme un hommage au grand musicien, peut-tre un matre par son lve. Le morceau inhabituellement long souvre par une introduction de la seule viole de gambe et enchane une srie de cinq variations jouant sur la dynamique de linstrument soliste et son pouvoir hautement expressif notamment dans le registre aigu. De la Troisime Suite en la majeur se dtachent un  Tambourin , ostinato dans le style de danse populaire (n3), une  Musette  avec refrain lancinant comme si joue par une vielle (n5) et un  Carillon  trs rythm dans ses accords points (n8). Dans ces pices mettant en valeur linstrument, le jeune Robin Pharo (*1990), form lՎcole, entre autres, de Christophe Coin et de Sigiswald Kuijken, est plus que didactique, anim dune passion sincre pour une musique quil dfend bec et ongle. Ses quatre partenaires prodiguent laccompagnement idoine. A dcouvrir.


 

Jean-Pierre Robert.

 

Wolfgang Amad MOZART : Le Nozze di Figaro. Opera buffa en quatre actes. Livret de Lorenzo Da Ponte. Thomas Hampson, Sonya Yoncheva, Luca Pisaroni, Christiane Karg, Angela Brower, Anne Sofie von Otter, Rolando Villazn, Maurizio Muraro, Jean-Paul Fouchcourt, Regula Mhlemann. Vocalensemble Rastatt. Chamber Orchestra of Europe, dir. Yannick Nzet-Sguin. 3 CDs DG : 479 5945. TT.: 6111+7211+4012.

 

Cette nouvelle version des Noces de Figaro sinscrit dans le cadre de lintgrale en cours dirige par Yannick Nzet-Sguin et enregistre live lors de concerts au Festspielhaus de Baden-Baden, cette fois en juillet 2015. Et cense offrir le nec plus ultra de linterprtation mozartienne actuelle. Ce qui la distingue certainement est la direction du chef canadien qui, la tte du Chamber Orchestra of Europe, bnficie dune phalange rompue pareil exercice : souplesse du phras, soyeux des cordes, brio et charme des vents et surtout un rendu sonore dune verve qui ne se dment aucun moment. Passe une ouverture prestissime nantie dune coda mene train denfer, elle offre une lecture trs architecture et dune rare sensibilit pour le chant que ce soit dans laccompagnement des rcitatifs (avec le continuo du pianoforte) et des arias ou quant lagencement des ensembles. Dans les premires, on se dlecte du soin apport aux bois, clarinette et autres dans  Porgi amor  ou  Voi que sapete  et de la fluidit du discours. Pour ce qui est des seconds, les diffrences de perspective sont mnages avec un sens inn de la scne. Ainsi du finale de lacte II et de ses ruptures de rythmes ou encore de la fin de lacte IV. A ce propos, on remarque aussi une volont de mise en scne sonore fort imaginative mnageant habilement les moments dapart. La prise de son mnage un excellent quilibre orchestre-chant, ce qui est fort mritoire, compte-tenu des contingences du direct. L o lexercice en studio peut paratre sophistiqu, on gagne ici en spontanit comme en immdiatet, ce sens de lՎvnement qui donne limpression de la scne.

 

La distribution, malgr quelques changements de dernire heure (Sonya Yoncheva pour Diana Damrau, Thomas Hampson en lieu et place de Bryn Terfel), est de haut niveau. Elle est domine par le personnage titre : le Figaro de Luca Pisaroni est de la trempe des grands. Comme la montre son interprtation du Conte, lՎt dernier Salzbourg, cet artiste a atteint dsormais le top pour incarner les grands rles de barytons mozartiens : vraie italianit du timbre, engagement, esprit, bagout, on le dirait sur le plateau de quelque production. L'air  Se vuol ballare , avec appogiatures, est brillant, le  Non piu andrai  grandiose, surtout avec laccompagnement flamboyant de Nzet-Sguin, et lair du IV me acte mordant souhait. Sa Susanna, Christine Karg, manifeste pareil investissement : enjoue, bien dans sa peau, et dote dun beau soprano. Les duos avec Figaro, avec La Contessa ou avec Cherubino (le court change saccad avant la fuite de ce dernier par le balcon) sonnent ''vrais''. Et la concurrence ici n'est pas mince. L'air  des marronniers  couronne une interprtation de classe. Le Cherubino dAngela Brower est jeune et parfaitement crdible : un  Non so piu  haletant, la dernire squence rflchie sans affectation inutile, et un  Voi que sapete  aussi sincre quՎmouvant. Sil na plus la stamina dantan, qui fit flores dans son Don Giovanni Salzbourg, Thomas Hampson offre un Comte de stature, autoritaire en diable, mais ayant tendance surjouer le personnage. LՎchange avec Susanna  Crudel perche finora  est un peu appuy et le grand air du dbut du III me acte assn pleine voix. La Contessa de Sonya Yoncheva est magistralement chante : la voix large, crmeuse, produit un  Porgi amor  dun fin legato et justement mlancolique, et  Dove sono  est impeccable. Mais la vision est plus proche du style bel cantiste que de la pure ligne mozartienne. Comme dans les prcdents volumes de la srie (Don Giovanni, Cos fan tutte, Die Entfhrung aus dem Serail), on a soign les autres rles en faisant appel de jeunes pousses (Regula Mhlemann, attrayante Barbarina, Maurizio Muraro, sonore Bartholo) comme des stars maison : Anne Sofie von Otter, Marcellina, qui tire son pingle du jeu dans lair vocalises du dernier acte, et montre une science consomme de la scne (duo avec Susanna au Ier acte), Rolando Villazn, histrion Basilio, qui insiste sur le ct comique du personnage et en fait dcidment beaucoup, la voix large oblige souvent de passer en force, quoique curieusement, lair du IV le montre plus sage. JusquՈ Jean-Paul Fouchcourt pour un Don Curzio amusant et parfaitement en situation. Au total, sans doute pas la version moderne  idale . Mais est-ce ralisable ? Et aucunement apte dtrner les grandes versions du pass (comme celle de Karl Bhm chez le mme diteur, par exemple). Mais une interprtation qui vaut dՐtre coute, par son indniable zest, largement d lՎlan imprim par le chef.

 


Jean-Pierre Robert.

 

 Unknown classical Clarinet Sonatas . Xavier LEFEVRE : Sonate N 3 op. 12. Samuel Friedrich HEINE : Sonate. Franois BAISSIERE : Sonate op. 3 N1. Paul Friedrich STRUCK : Gran Duo op. 7. Carl ARNOLD : Sonate op. 7. Luigi Magistrelli, clarinette, Chiara Nicola, piano, Elisabetta Soresina, violoncelle. 1CD Gallo : 1476.  TT.: 7826.

Ce disque regroupe cinq pices pour clarinette de compositeurs quasiment inconnus ; qui s' ils ne sont pas de chefs duvres, mritent considration pour leur criture originale et idiomatique , souligne linterprte Luigi Magistrelli. Tmoin du rle important que prend linstrument la priode classique. Xavier Lefevre (1763-1829), musicien franco-suisse, auteur dune mthode de clarinette (1801), a crit une quinzaine de sonates pour clarinette et basse continue. La sonate N 3 de lop. 12 est dans un style lyrique, en particulier ladagio. La sonate de Samuel Friedrich Heine (1764-1821), fltiste et compositeur prolixe, offre un allegro consquent par dune floraison de thmes et un finale scherzando clatant dans des unissons bien sonnants. Franois Baissire, actif dans les premires dcades du XIX me, clarinettiste et professeur Reims, a crit six sonates pour clarinette op. 3 dont la premire, joue ici avec continuo, se distingue par un allegro dclamatoire et un andante variations. Paul Friedrich Struck (1776-1820) a compos, entre autres, un Grand Duo op. 7, en fait une sonate quatre mouvements qui sort du lot : un mlodieux premier mouvement bien enlev avec une pointe de dramatisme, un adagio inventif, un  Aria con variationi , sorte dallegretto bel cantiste, et un rondo final alla Polacca concluant sur une note dansante. Enfin Carl Arnold (1794-1873), pianiste norvgien, offre dans sa sonate op. 7 de 1814 une partie de piano plus dveloppe et labore. Celle de clarinette nest pas moins brillante, ce qui se mesure dans lallegro o les deux instruments jouent part gale. Le Minuetto semble laisser la clarinette une place plus enviable. Le finale qui dbute par une courte squence adagio con espressione avec une lgre citation du Concerto pour clarinette de Mozart, enchaine un allegro trs allant o le clavier tresse un crin rutilant la clarinette. Le milanais Luigi Magistrelli apporte ces pices toute sa conviction et une technique infaillible.


Jean-Pierre Robert.

 

Robert SCHUMANN : Concerto pour piano et orchestre op. 54. Ludwig van BEETHOVEN : Concerto pour piano N 2 op. 19. Annie Fischer, piano, Philharmonia Orchestra, dir. Carlo Maria Giulini (Schumann). Lon Fleisher, piano, Orchestre suisse du Festival de Lucerne, dir. George Szell (Beethoven). 1CD Audite : 95.643. TT.: 6001.

Voici encore deux interprtations exemplaires tires des archives sonores du Festival de Lucerne : le rapprochement singulier de deux pianistes de lgende et de chefs non moins prestigieux. Le Concerto pour piano op. 54 de Robert Schumann, cr par Clara Schumann en 1841, a souvent t associ une interprte fminine (Martha Argerich, Maria Joao pires, pour ne citer que des contemporaines) et la hongroise Annie Fischer (1914-1995) ne fait pas exception cette rgle.  La grande dame du pianoforte , selon Sviatoslav Richter, laurate du concours international de piano Franz Liszt en 1933, a men une carrire soigneusement rflchie qui ne la vit qu'une seule fois se produire Lucerne, ce 3 septembre 1960. Le jeu solide, presque rude avec lequel elle aborde le premier mouvement, dj lanc avec brillance par Giulini, se pare vite dune expressivit extrme pour diffrentier lyrisme et puissance, jusqu' une coda preste, lgre. Le dbut de l'intermezzo est empli de quelque mystre par la manire retenue du chef italien, et la cantilne de violoncelle chante comme un air d'opra pour introduire le discours hautement potique de la soliste. Le finale vivace respire une grande joie. Pas de virtuosit inutile ici, une grande probit avec juste ce qu'il faut d'acclration pour dynamiser le dveloppement alors que la coda retrouve le formidable allant du premier mouvement. Un beau partenariat et une excution de grande classe. L'amricain Lon Fleisher (*1928) que Pierre Monteux n'hsita pas titrer de  dcouverte pianistique du sicle , connut une premire partie de carrire fulgurante jusqu' ce qu'une maladie invalidante appele dystonie focale, en 1963, ne le contraigne ne plus jouer que de la main gauche. Il fera un tonnant come back en 2008, Lucerne prcisment, aprs avoir recouvr l'usage de la main droite. Le prsent concert, du 29 aot 1962, le trouve au sommet de ses moyens dans le Deuxime concerto op. 19 de Beethoven, accompagn par George Szell, autre grand de la baguette. Leur interprtation est originale, le soliste ne partageant pas ncessairement la vision muscle du chef et pour tout dire ''romantique''. En effet, l'allegro con brio, trs articul ct orchestre, tranche avec le jeu perl du soliste, cisel dans le dveloppement que le chef mne une allure trs soutenue. On ne trouve aucune virilit exacerbe dans le jeu de Fleisher, en particulier la cadence qui volue avec un grand naturel. L'adagio est entam trs large par Szell, mais le soliste impose vite sa fine cantilne, plus stylistiquement en phase avec ce Beethoven de la premire priode. Le rondo allegro molto dveloppe une nergie bondissante chez Fleisher et on a le sentiment qu'enfin les deux musiciens s'accordent sur une mme ide, mme si le tempo est enlev presque haletant. Un intressant tmoignage du pianisme de l'amricain.   

 


 

Jean-Pierre Robert.

 

Gustav MAHLER : Lieder eines fahrenden Gesellen. Rckert Lieder. Der Abschied (ext. De Das Lied von der Erde). Barbara Hendricks. Swedish Chamber Ensemble, piano et dir. : Love Derwinger. 1CD Arte Verum: ARV014. TT.: 6348.

Ce programme consacr des Lieder de Gustav Mahler est intressant puisque juxtaposant deux des grands cycles et une pice plus rare, du moins telle que tire de son contexte : le dernier Lied du Chant de la terre. Les Lieder eines fahrenden Gesellen, composs en 1884-1885 sur des textes du musicien lui-mme, ont une origine autobiographique puisque ddie la cantatrice Johanna Richter avec laquelle il avait eu une exprience sentimentale malheureuse. Leurs quatre morceaux reprennent le thme de lerrance, comme Schubert dans son Winterreise : celle dun jeune homme poursuivant le souvenir de la bien aime. Le cycle conu avec accompagnement de piano, a t orchestr en 1896. Le timbre de Barbara Hendricks surprend ici dans des pices associes celui plus large de mezzo (ou de baryton chez les messieurs). Et si le soprano a pris plus dampleur au fil des ans, le couleur nest pas assez sombre pour traduire ce cheminement tragique. Reste que cette interprtation prsente lavantage de donner entendre larrangement pour orchestre de chambre ralis par Arnold Schoenberg. Et ici soigneusement dfendu par lEnsemble de chambre de Sude et Love Darwinger. Les Rckert Lieder (1901-1902) forment un cycle de 5 pices relativement courtes, lexception des deux dernires, et empreintes de la posie raffine de Friedrich Rckert. La suprme mlodie mahlrienne est ici son meilleur, en particulier dans le 1er Lied  Ich atmet einen linden Duft  (je respire un doux parfum de tilleul), dune posie presque immatrielle, ou lavant dernier  Ich bin der Welt abhanden gekommen (je suis perdu pour le monde), dune profondeur poignante par son recueillement, et au cinquime,  Um Mitternacht  (A minuit), dun dpouillement total, un sommet de la musique vocale du musicien. L aussi, et peut-tre plus encore, alors quaccompagne par le seul piano, la chanteuse est taxe par des pices requrant un registre grave dvelopp. On sent par trop le mtier et lintonation est parfois curieuse, nantie dun large vibrato. Le disque comprend encore  Der Abschied  (ladieu), sixime et dernier Lied du Chant de la terre et le plus dvelopp puisquՈ lui seul dune dure quivalente aux cinq autres. L encore dans la version de chambre ralise par Schoenberg. Double originalit que dentendre ce chef duvre hors de son contexte et dans cette excution rarfie du point de vue sonore. Mais l encore Schoenberg a parfaitement recr latmosphre, en particulier dans lintermde instrumental mdian. Barbara Hendricks en droule les divers squences avec got mais de nouveau on est frustr par un dfaut de grave qui te ces pages leur souveraine ampleur, en particulier sur le mot  Ewig  rpt satit. Pour les fans de la grande chanteuse.

 


Jean-Pierre Robert.

 

Benjamin BRITTEN : A Ceremony of Carols, op. 28. Missa Brevis, op. 63.Three Carols for Upper Voices. Three Two-Part Songs. Friday afternoon, op. 7. Janna Hovhannisyan, harpe, Anna Bakunts, orgue, Marine Margaryan, piano. Little Singers of Armenia Choir, dir. Tigran Hekekyan. 1CD Gallo : CD -1452 B. TT.: 7318.

Le Chur des Petits chanteurs dArmnie, fond en 1992, constitu dune quarantaine de jeunes de 11 18 ans, a acquis un niveau exceptionnel sur le plan international pour tre invit aussi bien en Europe quaux tats-Unis, au Moyen Orient ou en Extrme Orient. Il a dj t reconnu comme  Chur de lUnion Europenne  et dsign Ambassadeur auprs de la Fdration Europenne de Churs en 2001. Leur nouveau disque est consacr luvre pour churs denfants de Benjamin Britten. Le grand compositeur anglais a trs tt crit pour ce type de formation. Les Three Carols for Upper Voices sont constitus de trois pices disparates crites, respectivement, en 1929, 1931 et 1967 et publies telles quelles cette dernire anne. Three Two-Part Songs, de 1932, sur des pomes de Walter De la Mare, est la premire composition publie de Britten. Friday Afternoon (1933-1935) op.7 est crit pour chur damateurs et piano. Il sagit de douze comptines pour enfants, dauteurs divers dont plusieurs anonymes, et dune grande sobrit dՎcriture. Y alternent des morceaux amusants ou de petits drames, mettant en valeur la douceur des voix denfants. Luvre la plus clbre est sans doute A Ceremony of Carols op. 28, de 1943, pour harpe et churs denfants. Luvre est constitue de douze numros dont une introduction a cappella ( Procession ) sur lhymne grgorien  Hodie Christus natus est , lequel est repris dans le postlude ( Recession ), ce qui confre une unit lensemble. Les textes sont inspirs de pomes de Nol anciens dont certains datant du Moyen Age. Britten use dune musique modale pure et de dlicieux archasmes. Un interlude pour harpe solo aussi thr que frique partage l'uvre en son milieu. Laccompagnement de harpe participe du climat anglique de ces pices o lon rencontre tour tour la tendresse, lapaisement, la joie, la sobre dploration ou une fire allgresse. La combinaison de deux paramtres aux couleurs singulires, les voix aigus et la harpe, contribue aussi au grand dpouillement. A noter que le prsent enregistrement utilise une version pour churs denfants et deux voix de femmes, soprano et mezzo-soprano. Enfin, la Missa Brevis op. 63 (1959) a t crite lattention de George Malcolm et du chur de garons de la Cathdrale de Westminster quil dirigeait alors, aprs les avoir entendus interprter A Ceremony of Carols prcisment. Cette uvre dune dizaine de minutes, pour orgue et churs denfants, dploie un art rayonnant, jubilatoire et une criture contrapuntique trs complexe (Sanctus), sur de curieux accords dissonants de lorgue (Agnus Dei). Au fils de toutes ces pices trs exigeantes techniquement, les Petits Chanteurs dArmnie font montre dune fraicheur, dune spontanit tonnantes, sans parler dune diction anglaise irrprochable.   


Jean-Pierre Robert.

 

Serge PROKOFIEV : Concertos pour violon et orchestre N 1, op. 19  & N 2, op. 63. Sonate pour violon seul, op. 115. Vadim Gluzman, violon. Estonian National Symphony Orchestra, dir. Neeme Jrvi. 1CD Bis : 2142. TT.: 60'21.

Trente ans sparent les diverses compositions de ce programme : les deux concertos de violon, composs respectivement en 1917 et en 1935, et la sonate pour violon seul de 1947. Riche ide de les runir. Serge Prokofiev crit son Premier concerto de violon op. 19 au mme moment que sa premire symphonie dite  classique . Il est hautement exigeant pour le soliste dont toutes les possibilits techniques sont sollicites, l'image du premier mouvement andantino qui associe volubilit et diffrences de rythmes et de climats, du rveur au dcid. Le scherzo vivacissimo est d'une folle alacrit, laissant apparatre une danse macabre grotesque pare des crins crins du violon sur un accompagnement motorique. Quant au finale moderato, le soliste y trace sa mlodie envotante sur un orchestre saccad s'amplifiant dans un dveloppement qui va connatre comme une apothose gradue, pour enfin un retour du thme rveur qui ouvrait l'uvre. Vadim Gluzman offre une maitrise confondante se jouant des asprits que le compositeur a accumules l'envi, magnifie par la sonorit lumineuse de son strad  ex-Leopold Auer  de 1690. Il en va de mme du Deuxime concerto op. 63 dont l'criture pour tre moins complexe que dans la pice prcdente, est tout aussi svre pour le soliste. Le langage est d'un lyrisme encore plus flamboyant et on remarque une plus grande transparence dans l'criture orchestrale, ce qui n'tonne pas d'une uvre contemporaine du ballet Romo et Juliette. La belle phrase qui l'ouvre prlude un premier mouvement d'un lyrisme vibrant mais o les accidents de parcours sont bien prsents. La fascinante cantilne du violon qui entame l'andante assai, d'une grande srnit, fait vite place, l aussi, d'incessants changements de rythmes. Mais la couleur nocturne domine comme aux ultimes mesures joues pizzicato au violon. Le finale introduit une manire percussive chez le soliste pour un dveloppement trs motorique avec moult avatars rythmiques. L'interprtation de Gluzman est blouissante de verve. Enfin la Sonate pour violon seul op. 115, si peu connue, bnficie aussi d'une interprtation de haut vol. Cette courte pice, l'origine conue pour plusieurs violons jouant l'unisson, a t cre dans sa version pour un seul violon, titre posthume en 1959 par Ruggiero Ricci. Elle se compose de trois mouvements dont le deuxime, andante dolce, thme et variations, est un concentr de techniques violonistiques diverses et varies, pourtant au-del du pur exercice. Neeme Jrvi conduit l'Orchestre symphonique national d'Estonie dont il dont est actuellement le chef permanent, avec autorit et un vrai sens des couleurs. Un bien beau disque de violon, au surplus magistralement enregistr.


Jean-Pierre Robert.

 

Dimitri CHOSTAKOVICH : Trios pour piano, violon et violoncelle N1 op. 8 et N 2 op. 67. Sonate pour alto et piano op. 147. Vladimir Ashkenazy, piano, Zsolt-Tihamr Visontay, violon, Mats Lidstrm, violoncelle, Ada Meinich, alto. 1CD Decca : 478 9382 TT.: 71'44.

Ce CD prsente trois uvres de musique de chambre de Chostakovitch bien moins clbres que ses quatuors cordes. Et qui pourtant mritent plus que le dtour. Il clbre aussi les liens d'amiti qui unissaient le grand musicien et le pianiste Vladimir Ashkenazy. Le Trio pour piano op. 8, de 1923, compte parmi les premires pices chambristes de son auteur et a t compos peu avant la Premire Symphonie. En un seul mouvement, il offre une certaine srnit et une grande richesse thmatique. Le Deuxime Trio op. 67 est autrement plus consquent. crit en 1944, il est contemporain de la Huitime Symphonie dont il forme un pendant, certes plus concentr, mais tout aussi tragique au fil de ses quatre mouvements. Il est ddi un ami cher, Ivan Sollertinski, historien d'art, rcemment disparu, mais tout autant aux dsastres de la guerre. Le sombre andante s'ouvre par une phrase du violoncelle dans l'aigu du registre, rejoint par le violon lui aussi suraigu puis le piano qui va tresser un contrepoint svre. Cela s'anime et s'enfonce dans le tragique. L'allegro con brio suivant est un court intermde anim de quelques traits grotesques aux cordes. Le largo s'ouvre par une manire de glas du piano sur lequel les cordes tissent une mlodie d'une tristesse dchirante, comme une lamentation. Le finale qui s'enchane, contraste par une sorte de danse macabre dsinvolte, vite martele au piano sur des pizzicatos des cordes. Le dveloppement se corse dans un climat l encore d'une extrme tristesse. L'criture se signale de nouveau par un got prononc pour le registre aigu des deux cordes. La pice se conclut dans un calme qui en dit long sur la tragdie voque. De cette uvre complexe, Vladimir Ashkenazy qu'on a plaisir retrouver son cher piano, et ses deux collgues donnent une excution superbement maitrise et poignante.

Le disque comprend une autre autre raret, la Sonate pour alto et piano de juillet 1975, dernire uvre de musique de chambre du matre et son ultime opus achev. Malade, Chostakovitch l'a pourtant rapidement mene bien pour honorer son ddicataire, Feodor Droujinine, l'altiste du Quatuor Beethoven. Elle est construite sur le schma lent-vif-lent. L'andantino, sous titr  Nouvelle , d'un calme apparent, dissimule mal une dtresse profonde dans le jeu solide du piano et une belle loquence de l'alto. L'allegretto,  Scherzo , bti sur des fragments d'un air de l'opra inachev  Les Joueurs , est allant, nanti d'une rythmique mcanique dans la meilleure veine de l'auteur, mettant avantageusement en valeur la partie d'alto. L'uvre atteint son apoge avec l'adagio, vaste morceau (d'une dure presque quivalente aux deux mouvements prcdents), d'un lyrisme fervent, comme un regard rtrospectif sur une vie de bonheur et de dsillusions. Des bribes de thmes du premier mouvement de la sonate  Clair de lune  de Beethoven surgissent, comme d'autres citations fugaces de musiciens russes, voire d'auto citations. On y a vu une parent avec le 15 me quatuor op. 144, de l'anne prcdente. L'apparente simplicit de l'criture du piano tranche avec la sinuosit de la partie d'alto. Une sorte de cadence de celui-ci renforce le tragique et le mouvement s'achve sur une conclusion d'une insondable rsignation. Cette pice intense, Vladimir Ashkenazy et sa consur Ada Meinich la portent bout de bras dans une interprtation fusionnelle qui peut se comparer celle que gravrent nagure Yuri Bashmet et Sviatoslav Richter, c'est peut dire.     


Jean-Pierre Robert.

 

Giovanni BASSANO : Ricercare per strumenti  insieme.  La Guilde des Mercenaires. 1 CD Encelade : ECL 1501. TT : 6603.

 

Giovanni Bassano (1558-1617) est un acteur musical important de la Renaissance italienne, facteur dinstruments, virtuose du cornet, collaborateur de Claudio Monteverdi la Basilique Saint Marc de Venise, charg de diriger diffrents effectifs piffari (instruments vents) compositeur reconnu du Seicento. Ce superbe disque prsente un florilge de ses uvres ( Suzanne un jour, Caro dolce ben moi, Tota pulchra es, Frais et gaillard, Ancol che col partire, Oncques amour, Ung gay bergier, Benedicta es, La Rose, Ricercata prima, secunda, terza, quarta, quinta, sesta, settima et ottava, Fantaisies 18, 17, 20, 11, 8 et 5 ) centr sur les huit ricercars pour instruments solo dits en 1585, auxquels viennent sajouter avec dlice  plusieurs ensembles instrumentaux regroups autour du cornet ( bouquin ou muet) ainsi que des chansons ornes par Bassano caractristiques de lart de la diminution dont taient capables les musiciens de cette poque, diminution savante susceptible de passer de la polyphonie la plus complexe une vritable sonate instrumentale. Un disque superbe o la vocalit (sans voix) reste primordiale. Les musiciens de cette priode tant tout la fois, chanteurs, instrumentistes, compositeur loin de la polytomie moderne rductrice laquelle nous sommes habitus. Un superbe album magistralement interprt dans lesprit comme dans la note qui ravira assurment tous les amateurs de musique ancienne, dinstruments vent et bien dautres encore Encore une belle russite du label Encelade !

                                      


Patrice Imbaud.

 

Ludwig van BEETHOVEN : Intgrale des Sonates pour piano et violon. Pierre Fouchenneret, violin. Romain Descharmes, piano. 3 CDs APARTE : AP129. TT : 8223 + 7153 + 8246.

 

Ce qui frappe lauditeur ds la premire coute de cette intgrale des sonates pour violon et piano de Beethoven parue chez Aparte, interprte par Pierre Fouchenneret et Romain Descharmes, cest indiscutablement lextrme varit des couleurs et la justesse de ton de cette interprtation toute entire tourne vers lexpressivit du discours. Souplesse du phras, subtilit des transitions, clart des articulations, richesse des nuances, dlicatesse, lyrisme, posie, cohsion, quilibre, virtuosit sans thtralit, pertinence des tempi assurant une dynamique convaincante sans prcipitation, autant de  qualits qui jamais ne se dmentiront tout au long de cette magistrale interprtation que lon peut couter dun seul jet sans jamais se lasser une seule seconde. norme corpus de 10 sonates crites par Beethoven entre 1798 et 1812, emblmatiques du romantisme par leur loquence, ces compositions refltent galement un fragment de vie du matre de Bonn, passant de lhrosme la mditation, de la dsillusion au renoncement. Les trois premires sonates de lopus 12 droutrent un peu  lՎpoque par leur ardeur. Suivent les deux sonates de lopus 23 et 24, et notamment Le Printemps qui sduit demble par sa fraicheur enchanteresse laissant apparaitre dans ses quatre mouvements le premier scherzo du corpus. L'opus 30 comprend trois sonates contemporaines du testament dHeiligenstadt, plus sombres bien que teintes dironie. L'opus 47 se limite la Sonate Kreutzer, la plus clbre, vritable combat entre les deux instruments. Elle tranche avec la dernire sonate de lopus 96 qui volue dans un climat plus fataliste et plus pur. Une intgrale, enregistre en  Live , avec une trs belle prise de son, au cours de trois concerts donns au Trident de Cherbourg-en-Cotentin, qui constitue, nen pas douter, une nouvelle version de rfrence. Magnifique !

 


Patrice Imbaud.

 

Ermend BONNAL  : Media Vita. Paysages euskariens. Lgende. Improvisation. Aprs la tourmente. Vincent Grappy, orgue. Christophe Giovaninetti, violon. 1 CD Hortus : HORTUS 132. TT : 7119.

 

Ermend Bonnal (1880-1944) fait partie de cette myriade de compositeurs du dbut du XXe sicle, un peu oublis, crass par les statures musicales internationales de Debussy et Ravel. Compositeur clectique (musique de chambre, musique de danse, musique de film) il fut un excellent organiste, lve de Widor et Tournemire, condisciple de Durufl, en mme temps quun pdagogue apprci. Ses uvres prsentes ici, qui seront pour beaucoup une agrable dcouverte, et tout particulirement les deux cycles dorgue comptent parmi ses compositions majeures. Si les Paysages euskariens (1930) signent, dans un climat impressionniste, la redcouverte dun folklore franais, lui aussi un peu oubli, la Symphonie (1932) daprs Media Vita se veut dune toute autre ampleur spirituelle et musicale, relevant de la paraphrase grgorienne. Media Vita est un rpons mdival, en trois parties, chant lors des processions du temps de la Septuagsime prcdant le Carme. Sy ajoutent trois pices pour violon et orgue (Lgendes, Improvisation et Aprs la tourmente) l encore bien diffrentes des prcdentes par leur caractre lyrique et concertant, o laccompagnement lorgue (transcription de loriginal pour piano) prend une dimension orchestrale surprenante. La trs belle interprtation de Vincent Grappy et Christophe Giovaninetti fait de ce disque une dcouverte originale ne pas manquer.

 


 

 Patrice Imbaud.

 

 La Bonne Chanson . Mlodies de Gabriel FAUR, Charles KOECHLIN, Nadia BOULANGER, mile NAOUMOFF. David Lefort, tnor, Simon Zaoui, piano. 1CD Hortus : HORTUS 137. TT : 7243.

 

Aprs leurs nombreux succs au disque (Gounod et Poulenc) dans le domaine de la mlodie franaise, voici le nouvel opus discographique du tandem Lefort / Zaoui, centr cette fois  sur La Bonne Chanson, quatrime recueil potique de Paul Verlaine, publi en 1870. Ce recueil, comme un hymne lamour, comprend 21 pomes adresss Mathide Maut de Fleurville que le pote pousa la mme anne. Ces textes assez simples, sadressant une jeune fille de 16 ans, sans atteindre la complexit des Ftes Galantes ou des Pomes Saturniens, nen inspirrent pas moins nombre de compositeurs, tout particulirement Gabriel Faur (1845-1924) et ses lves Charles Kchlin (1867-1950), Nadia Boulanger (1887-1979) et plus rcemment Emile Naoumoff (*1962). On ne sՎtonnera pas, bien sr, de constater les diffrents traitements musicaux employs par ces compositeurs lՎgard des textes de Verlaine. Gabriel Faur, inspir par sa passion pour Emma Bardac, y utilise un langage complexe fait de grandes varits mtriques, dune prosodie difficile intense et bouillonnante, tandis que Charles Koechlin sait se montrer plus tendre et plus rserv dans son approche, usant dune vocalit plus aise. Nadia Boulanger et mile Naoumoff apportent encore un nouvel  clairage ces fianailles du verbe et du son, soulignant lintemporalit de cette posie. Si les compositeurs changent, lexcellence vocale de David Lefort demeure, quant elle, constante par la souplesse du chant, par sa facilit atteignant toutefois ses limites dans laigu, par  son implication et par la qualit de la diction. Plus quun savant accompagnateur, Simon Zaoui, que lon retrouve dans cet enregistrement en solo dans deux Nocturnes de Faur (n 6 & n 7) composs en 1892-1894, contemporains du cycle vocal, se rvle un vrai partenaire tenant sa partie avec maestria, virtuosit et pertinence dans une symbiose totale avec David Lefort. Un trs beau disque qui rend un superbe hommage la mlodie franaise.

 


Patrice Imbaud.

 

Erik SATIE. Les Mmoires dun amnsique. Stphane Blet, piano & Daniel Prvost, narrateur. 1 CD Calliope : CAL 1631. TT : 7236.

 

Voici un disque surprenant et original comme le compositeur qui il est consacr, Erik Satie (1866-1925). Compositeur inclassable dont Stphane Blet dans ce florilge duvres (Gnossiennes, Gymnopdies, Valses) nous donne entendre les diffrentes facettes, tour tour, potique, mystique, cabaretire, parodique ou pdagogique, entrecoupes de  brves  savoureuses nonces par lhumoriste Daniel Prvost. Un disque o une fois encore le pianiste Stphane Blet confirme, avec brio, ses troites affinits avec le Maitre dArcueil. Un piano dune superbe sonorit dlicat, potique, comme un juste hommage un compositeur mal aim, un enregistrement  qui nous convainc demble.

                               


Patrice Imbaud.

 

 Dispersion . Erwin SCHULHOFF. Paul HINDEMITH. Alfredo CASELLA. Raymond MOULAERT. Louis VIERNE. Steven Vanhauwaert, piano. 1CD Hortus. Collection  Les Musiciens et la Grande Guerre. Vol XIX . HORTUS 719. TT : 7328.

 

Un album qui porte bien son nom   Dispersion  attestant ainsi de la varit des diffrents courants esthtiques musicaux  coexistant en cette priode trouble de la Grande Guerre o le conflit mondial majore sans doute la cration artistique et la multiplicit des tmoignages. Certains compositeurs utiliseront un langage regardant, avec nostalgie, vers les temps plus anciens, dautres useront dun discours rsolument moderne tourn, avec espoir, vers lavenir. Certaines uvres nayant finalement que peu de rapport avec la guerre, dautres linverse portant un vibrant aveu de dtresse exprim par des musiciens touchs dans leur chair comme Louis Vierne. Vritable mosaque  qui parle de lhomme face au conflit, ce disque regroupe cinq compositeurs. Erwin Schulhoff (1894-1942) dont les Fnf Grotesken (1917) se prsentent comme un court manifeste anti-romantique crit par un compositeur profondment engag dans la modernit musicale et politique. Paul Hindemith (1895-1963) compose ses Trume und Erlebnisse au lendemain de larmistice et tente, ici, dՎtablir un nouveau cadre cratif, orientation que son uvre venir confirmera plus tard avec clat. Alfredo Casella (1883-1947) crit le petit triptyque Inezie en 1918, portant des stigmates ravliens tout en tmoignant de ses importantes recherches entames avant guerre. Raymond Moulaert (1875-1962) est une dcouverte, sa Sonate semble hors du temps, charmante comme oublieuse de la guerre. Saint-Sans, Faur, Debussy y apparaissent en filigrane. A linverse Le Glas de Louis Vierne (1870-1937) exprime toute la souffrance du deuil et la dploration dun homme marqu au plus profond de sa chair par la mort de son fils au front. Encore un bel album de cette intressante collection qui lon doit nombre de dcouvertes et curiosits, comme toujours magnifiquement interprtes : Steven Vanhauwaert ne droge pas, ici, la rgle. A dcouvrir absolument !

 


                                                                                                                                                                Patrice Imbaud.

 

 

 French Masterworks for bassoon and piano  de Roger BOUTRY, Henri DUTILLEUX, Gabriel PIERN, Jacques IBERT, Claude DEBUSSY, Gabriel FAUR, Jean-Michel DAMASE, Paul VIDAL. Laura Bennett Cameron, basson. Roger Boutry, piano. 1CD Indsens : INDE083. TT : 4243.

 

Voici un disque original qui prsente un double intrt, celui de faire plus amplement connaissance avec luvre de Roger Boutry, et celui  de pouvoir apprcier la sonorit particulire du basson, en instrument soliste, ce qui narrive pas si souvent, habitus que nous sommes remarquer sa silhouette filiforme  et sa sonorit grave souvent perdues  au sein de la petite harmonie Roger Boutry est un compositeur franais (*1932) pianiste, chef dorchestre et pdagogue dont luvre est largement consacre lՎcriture pour vents. Ses compositions tendent un pont entre tradition et modernit, rsumes dans le titre ouvrant cet album  Dans lesprit dune berceuse dantan  toutes imprgnes dun charme o se mlent influences du pass et regards vers lavenir. Cest donc avec pertinence quil se trouve associ sur ce disque avec Debussy (Gnral Lavine   eccentric  extrait du 2e livre des Prludes pour piano), Faur (Capriccio, Improvisation, Pice), Ibert (Carignane), Piern (Solo de concert), Dutilleux (Sarabande et Cortge), Damase (Automne) et Vidal (Adagio et Saltarelle). Un ensemble de courtes pices originales, ou adaptes pour basson, reprsentatives du lien unissant tous ces compositeurs franais du XXe sicle. Langage harmonieux et concertant, posie, humour, virtuosit, lgance qui raviront tous les amateurs dinstruments vents, bassonistes et autres curieux. Un bel album.

 


Patrice Imbaud.

 

 20 th Century Piano . Pices de Boris PIGOVAT, William BAINES, Arthur LOURI, Boris LYATOSHYNSKY, Samuel FEINBERG. Jessye Mebounou, piano. 1CD Calliope : CAL1630. TT : 5540.

 

Voici un disque coup de cur dont le double intrt est, dune part de dcouvrir une compilation duvres de compositeurs peu connus et, dautre part de faire plus amplement connaissance avec cette talentueuse jeune pianiste, Jessye Mebounou, spcialiste du rpertoire russe et ukrainien.  On est demble frapp ds la premire coute de cet enregistrement par le climat sombre et pesant tout entier habit dune lumineuse noirceur parfaitement rendue par le jeu de Jessye  Mebounou, en totale adquation avec le texte, succession de grands accords plaqus, de notes parses parfois abruptes et tranchantes, parfois mditatives, tmoignant dune musique charge de sens et de douleur, une musique sans concession do jaillit de temps autres la fulgurance dun clair despoir Une musique qui nest pas sans rappeler les tableaux de Soulages, outre noir charg dune lumire intrieure et fluctuante. La magnifique Sonate  Repentance  (1988) de Boris Pigovat (*1953) compositeur juif ukrainien donne immdiatement le ton, sorte de manifeste douloureux et obstin dpeignant avec un ralisme saisissant lacharnement du rgime contre le pouvoir de l'glise. The Lone Wreck (1920) de William Baines (1899-1922) est un nocturne esquissant le destin dune drive, dune bouleversante simplicit. Arthur Louri (1892-1966) est un compositeur juif, contraint de fuir sa ville natale de Saint Ptersbourg en 1922, pour sinstaller Berlin, puis Paris, avant de sexiler dfinitivement aux tats-Unis. Il composa The Phoenix Park Nocturne en 1936, courte pice utilisant un langage quasi minimaliste obsdant. Le plus connu de tous, Boris Lyatoshynsky (1895-1968) est un compositeur ukrainien contemporain de Chostakovitch dont luvre sort, aujourdhui, peu peu de lombre. Ses Cinq Prludes (1943) emprunts au folklore slaves sont porteurs dune gravit simple et pesante. En revanche la Sonate n 2 (1915) de Samuel Feinberg (1890-1962) parait vhiculer moins de pass douloureux. Son criture virtuose porte les influences de Scriabine, Medtner ou Busoni laissant plus de place la mlodie. Un trs beau disque.

 


Patrice Imbaud.

 

 The art of the percussions . Transcriptions de pices de Maurice RAVEL. Claude DEBUSSY. Pablo de SARASATE. Jean-Marie MACHADO. Franck TORTILLER. Astor PIAZZOLLA. ric SAMMUT. Matthias SCHMITT. Georges GERSHWIN. Jean-Franois Durez, percussions. 1 CD Indsens :  INDE085. TT : 5312.

 

Voici une vraie curiosit quil serait dommage, voire coupable, de ne pas couter tant les transcriptions savantes pour percussions (vibraphone, marimba, xylophone, piano) des uvres de Ravel (Ma mre lOye) et Debussy (Arabesques) sont originales, vritables no orchestrations, apportant un clairage totalement nouveau par la multiplicit des timbres simulant une sorte de  spatialisation  tonnante du son. Un album surprenant par son clectisme,  par loriginalit de son programme qui nhsite pas aborder jazz, musique sud amricaine, compositions contemporaines, par sa qualit musicale et par la virtuosit exceptionnelle de Jean-Franois Durez. Vritable voyage commenc avec Ravel et Debussy, se poursuivant par Bras Achille dEric Sammut, Pistacos Spices de Jean-Marie Machado, Zapateado de Pablo de Sarasate, 22 Juillet de Franck Tortiller, Ghanaia de Matthias Schmitt et I love you Porgy de Gershwin avant de terminer par le clbre Oblivion de Piazzolla dans une magnifique version pour  vibraphone et accordon. Un premier disque de Jean-Franois Durez qui nous transporte depuis le monde ravlien de lenfance jusquՈ limmense nostalgie du tango porteno, un monde qui pleure, qui swingue, qui danseUn monde charg dՎmotion qui vous enchantera ! Superbe !

 


                        

Patrice Imbaud.

 

 Pentagramme . Edouard Ferlet & Paul Beynet, pianos. 1 CD Collection 1001 Notes : 1001NOTES 08. TT : 5206.

 

Quand un pianiste de jazz, Edouard Ferlet et un pianiste classique, Paul Beynet, se rencontrent autour duvres de compositeurs russes (Moussorgski, Khatchatourian, Prokofiev, Rimski-Korsakov, Tchakovski, Rachmaninoff) avec la ferme intention douvrir une troisime voie au-del des clivages simplistes, daborder un autre monde musical, cela donne cet album, intitul Pentagramme. Un disque surprenant, des arrangements et improvisations non dnus de charme qui apportent la preuve que finalement la Musique est plurielleUn album consensuel. A vous de juger !

 


Patrice Imbaud.

 

 

Frdric CHOPIN : 4 Ballades. Mazurkas Op. 17, Op. 68, Op. 67. Valses Op. 64, Op. 69. Largo Op. Posthume. Polonaises Op. 44.  Jean Muller, piano. 1CD FONDAMENTA (www.fondamenta.fr) : FON 1005008.  TT 62'55.

 

Un enregistrement d'uvres de Chopin, compte tenu de la varit de leur style, constitue une  carte de visite  idale pour les pianistes qui souhaitent manifester leur talent sur la scne musicale. Mais la concurrence est rude. D'abord entre ceux qui sont candidats pour se faire une place : c'tait le cas de Jean Muller en 2010, date d'enregistrement de ce CD, puis entre ces candidats et les pianistes bien prsents sur la scne musicale et qui ont mri leur interprtation des Polonaises, Mazurkas, Ballades, Valses .Tant d'enregistrements sont marquants ! Alors c'est avec circonspection que l'on accueille cet enregistrement qui aborde une grande partie des genres mis en valeur par Chopin. En fait c'est une occasion de cerner les divers facettes du talent de Jean Muller. Toutefois on peut regretter que ce CD nous parvienne 6 ans aprs sa ralisation car depuis, nul doute que le pianiste ait mri pour nous offrir des interprtations diffrentes. Mais dj ce rcital laisse entrevoir un musicien accompli. N en 1979 au Luxembourg, Jean Muller y fit une partie de ses tudes ainsi qu' Riga en 1995, sa formation le conduisant ensuite aussi bien Bruxelles, Paris ou Munich jusqu'en 2006. C'est un pianiste qui ne recule pas devant les dfis, comme en tmoigne un enregistrement de l'intgrale des sonates de Beethoven publi ds 2010 chez le label Bella Musica ainsi qu'un DVD chez Fondamenta la mme anne qui runit l'opus 109 de Beethoven, la Sonate de Liszt et les Variations Goldberg de Bach.

 

C'est dire combien ce rcital Chopin mrite le dtour car il rend compte du talent d'un pianiste aux moyens techniques indiscutables auxquels il manque peu de choses pour tre au service d'une musicalit qui ne demande qu' s'panouir. Si la seconde Ballade est propose avec des changements de climat trop brutaux, la troisime donne l'occasion Jean Muller de dlivrer un discours trs vari. Les Mazurkas sont races avec pourtant un certain manque de mystre, reproche que l'on pourra appliquer aussi la Valse op 64 n1. En revanche la Valse op.69 n1 est lgante avec des changements d'atmosphres parfaitement conduits. Un beau moment ensuite retenir : le Largo Opus Posthume en mi bmol majeur, dcouvert seulement en 1939, pice particulirement brve (2 minutes) mais d'une grande densit, qui fait dire au pianiste qu'elle  n'est pas sans rappeler la marche funbre de la deuxime sonate  d'autant plus qu'elle a t compose la mme anne (1837 ). On peut aussi relever qu'elle a des accents beethovniens mis en vidence sous les doigts de Jean Muller. La Polonaise Opus 44 ne laisse pas assez transparatre sa dimension mlancolique et les moments de puissance voulus par Chopin sont rendus avec trop de brutalit. Mais c'est la ranon d'un rel engagement d'un jeune pianiste qui nous donne entendre du beau piano. Jean Muller ose se confronter une rude concurrence ; il en sort vainqueur car il laisse entrevoir travers une virtuosit vidente une belle musicalit qui ne demande qu' se dvelopper.

 

A noter que le coffret contient deux versions audio : l'une adapte pour les installations Haute Fidlit (Fidelity CD), l'autre pour les ordinateurs ou lecteurs de voitures (Mobility CD).

 


Gilles Ribardire.

 

 

Dimitri CHOSTAKOVITCH : Concerto pour violoncelle n1, op. 107. Symphonie n5. op. 47. Xavier Philips, violoncelle. Les Dissonances. 2CDs : TT.: 75'34.

 

Avant l'coute de ce nouvel enregistrement des Dissonances, il convient de lire le texte remarquable de Xavier Phillips qui accompagne le disque, sinon on risque d'mettre une apprciation errone sur sa faon d'aborder le 1er concerto pour violoncelle. En effet elle diffre de ce que propose un certain nombre de ses collgues : L o on peut s'attendre une amorce des 4 notes introductives rageuse, muscle, et estimer que c'est bien l l'intention du compositeur, le soliste les attaque d'une faon assez douce conforme en fait aux indications de Chostakovitch. Xavier Phillips les voque en ces termes:  Il voulait qu'on dise ces notes en miroir, en adquation avec le son et l'attaque du cor qui reprend ce motif plus d'une fois dans la partition. Il souhaitait que ces notes ne soient ni piques ni lies, mais entre les deux . Ces indications sont tires d'une lettre de Chostakovitch Mtislav Rostropovitch avec lequel justement Xavier Phillips a travaill. On peut mme affirmer que le violoncelliste franais est l'hritier de  Slava . On en a confirmation la lecture de l'ensemble du texte trs mouvant que Xavier Phillips a rdig l'occasion de cet enregistrement ainsi qu' l'coute de son interprtation. Ces quatre notes introductives sont donc essentielles comme l'est quelques mesures plus loin l'intervention des fltes, acides souhait et qui donne le ton la suite de l'interprtation dont le dramatisme sera rendu de manire poignante dans le troisime mouvement, confi au seul violoncelle. La fin est absolument prenante, avec une vritable course l'abme qui se termine par un retour aux premires notes du dbut, mais reprises dans le mme tempo par les fltes avec pour point final les timbales. L'osmose entre soliste et orchestre est parfaite, ce qui n'est gure surprenant. En effet, Xavier Phillips fait sien ce conseil de Rostropovitch, savoir jouer en ayant en tte toute la partition, avoir autrement dit conscience de toutes les voix de l'orchestre, comme les musiciens des Dissonances doivent aussi l'avoir entre eux, leur travail tant fond sur le partage. Nous avons donc avec cet enregistrement pris sur le vif du concerto une interprtation marquante d'une uvre crite 6 ans aprs la mort de Staline, en 1959, autrement dit dans des circonstances moins dramatiques que la 5me symphonie ; mais elle a nanmoins une dimension dramatique parfaitement rendue par les interprtes.

 

La 5me symphonie a t compose en 1937, en pleine terreur stalinienne. Quelques annes plus tt, en 1934, l'opra Lady Macbeth du district de Mtsensk avait t condamn par le rgime et la 4me symphonie termine en 1936, pour des raisons plus ou moins  obscures  n'tait pas prsente au public....elle ne le fut qu'au dbut des annes 60 ! Chostakovitch doit donc faire semblant de se plier aux diktats esthtiques, sa vie en dpend. Ainsi la symphonie peut-elle sembler d'un abord simple, et du reste elle reoit un accueil triomphal aussi bien du public que des critiques au service du rgime. Et pourtant le largo par exemple, ne dissimule-t-il pas l'expression de la plus intime motion, traduction d'une profonde angoisse, ce qui risque de ne pas satisfaire les censeurs ? En tout cas les Dissonances savent transmettre les intentions les plus secrtes que Chostakovitch a mises dans ce largo. L'interprtation de l'ensemble de la symphonie pntre au plus intime de l'me en en dvoilant tous ses tourments. Si on peut trouver le tout dbut un soupon trop prudent, la monte en puissance vers la conclusion du premier mouvement est impressionnante. Le second est une succession de figures caricaturales bien dans le style voulu par le compositeur ; on notera la perfection de l'intervention soliste du violon de David Grimal, occasion d'affirmer ici l'excellence de tous les instrumentistes totalement engags. Cet engagement se vrifie dans le dernier mouvement dont les premires mesures explosent littralement ; leur succde une squence faussement apaise pour se terminer par une violence traduisant en fait le climat de crainte qui dominait dans le pays l'poque o fut compose et interprte l'uvre comme en tmoigne le chef Kurt Sanderling l'occasion de la premire de la symphonie dirige Lningrad par Ievgueni Mravinski :   l'assistance comprenait trs bien le message. Nous nous jetions des regards significatifs : serions nous arrts aprs l'audition, rien que pour avoir cout cette uvre ? Que l'on puisse percevoir grce aux Dissonances ces aspects tragiques de la 5me symphonie montre bien que nous sommes en prsence d'une interprtation placer au mme rang que celles conduites par des chefs aguerris. Les Dissonances proposent dcidment des interprtations qui comptent, ce coffret Chostakovitch le prouve.

 


Gilles Ribardire.

 

 

 Romances franaises, French Songs, 1795-1815  de Franois-Joseph Naderman, Louis-Emmanuel Jadin, Franois-Adrien Boieldieu, Sophie Gail, Georges-Joseph-Laurent Lambert, Henri Romagnesi, Pierre-Jean Garat, Jean-Dominique-Fabry Garat, Henri Domnich. Sylvie Nicphor, soprano, Etsuko Shoji, harpe. 1CD Calliope : 3 760039 836007. TT.: 57'48.

 

Jean-Jacques Rousseau la dfinissait ainsi dans son Dictionnaire de Musique de 1767 :  Romance : air sur lequel on chante un petit pome du mme nom, divis en couplets, duquel le sujet est pour lordinaire quelque histoire amoureuse et souvent tragique. Comme la romance doit tre crite dun style simple, touchant, et dun got un peu antique, lair doit rpondre au caractre des paroles ; point dornements, rien de manir, une mlodie douce, naturelle, champtre, et qui produise son effet par elle-mme, indpendamment de la manire de la chanter. Il nest pas ncessaire que le chant soit piquant, il suffit quil soit naf, quil noffusque point la parole, quil la fasse bien entendre et quil nexige pas une grande tendue de voix (). Cest une exprience certaine que tout accompagnement dinstrument affaiblit cette impression. Il ne faut, pour le chant de la romance, quune voix juste et nette, qui prononce bien et qui chante simplement . Trs pris par les amateurs (auteurs, compositeurs comme interprtes), ce genre musical devait pouvoir tre chant par eux dans les salons. Il reste trs li la musique de chambre : il pouvait tre accompagn par un trio, un quatuor, voire un petit orchestre. La romance est un pome simple mis en musique pour voix seule et accompagnement. Apparu dans la seconde moiti du XVIIIme sicle, en particulier, il aborde souvent des sujets amoureux sur une musique brve et familire. L'accompagnement est confi gnralement au clavecin et, surtout, au pianoforte. Parfois, un instrument  oblig  est destin donner une couleur particulire la pice : flte, guitare, violon, cor. Sylvie Nicphor a choisi dans cet son enregistrement des uvres accompagnes de la harpe.


 

Le genre connat son ge d'or pendant la Rvolution et lEmpire, dclinant lentement sous la Restauration et tout au long du sicle, jusquau sicle dernier durant lequel la romance est dtrne par la mlodie. Dans les pays germaniques, le Lied simpose alors sans partage. Dj trs la mode sous lAncien Rgime (Marie-Antoinette en compose et en chante) puis pendant la Rvolution, la romance connat son ge dor aprs la Terreur et la chute de Robespierre. Le genre sՎpanouit alors et adopte volontiers le style mdival en vogue alors, dit  troubadour .


 

Comme le rappelle Sylvie Nicphor dans le livret trs document de son disque, de nombreux compositeurs de premier plan composent des romances : Cherubini, Gossec, Le Sueur, Grtry, Auber... La soprano choisit des compositeurs, part Boieldieu (trois airs sont chants ici) et Jadin (poignant  Mort de Werther ), moins connus. Ainsi on dcouvre des perles rares. Ns dans le second XVIIIme sicle, les compositeurs rassembls dans cet enregistrement sont trs jeunes sous la Rvolution, et feront carrire au dbut ou au cours de la premire moiti du sicle suivant : Franois-Joseph Naderman (1781-1835), Louis-Emmanuel Jadin (1768-1853), Franois-Adrien Boieldieu (1775-1834), Sophie Gail (1775-1819), Georges-Joseph-Laurent Lambert (1779-1852), Henri Romagnesi (1781-1850), Pierre-Jean Garat (1764-1823), Jean-Dominique-Fabry Garat (1764-1823), Henri Domnich (1767-1844).

 

Sylvie Nicphor, soprano, pianiste et musicologue, diplme du CNSM de Paris de lUniversit Paris-Sorbonne, nous fait redcouvrir la romance avec un bonheur runissant les conditions pour nous en restituer tout le charme : justesse, diction, fracheur, simplicit et musicalit de la phrase, avec laccompagnement discret, raffin et subtil de la harpiste japonaise, Etsuko Shoji, diplme de lUniversit des Arts de Tokyo, de l'cole Normale de Musique de Paris et prime de grands concours internationaux. Pour cet enregistrement, elle accompagne Sylvie Nicphor sur une harpe Erard de 1810. Lensemble est parfaitement quilibr et jubilatoire : ce voyage au tournant des XVIIIme et XIXme sicles est formidable. A couter et rcouter.

 


Jrme Bloch.

 

 

Hugues DUFOURT : Burning Bright. Les Percussions de Strasbourg. 1CD PDS 116BB AD3696C. TT.: 65'.

 

Burning Bright a t crite pour le cinquantime anniversaire des Percussions de Strasbourg. Le titre reprend la dernire partie du premier vers du pome The Tyger (1794) de William Blake, qui dbute ainsi :  Tyger, Tyger, burning bright / In the forests of the night, / What immortal hand or eye, / Could frame thy fearful symmetry ?  Par cette uvre, Dufourt opre un retour aux sources en convoquant six instrumentistes comme dans Erewhon (1976), autre grande pice pour percussions, qui fut cre par les mmes interprtes et assura au compositeur une vritable notorit. Retour galement une source thmatique, celle de l'espace li l'origine, puisque Erewhon est l'anagramme de nowhere et que Burning Bright est traduit  ton clair luit  (  dans les forts de la nuit ) par Alain Suied (la version donne dans le livret) et  brlant clair  par Anne-Marie et Philippe Soupault. Burning Bright est voir comme la  traverse du continent sonore , selon l'heureuse formule d'un commentateur. voir, en effet, puisque tout ici se rapporte la spatialit : le titre de l'uvre, celui des diffrents mouvements  Vertical 1 ,  Suspendu 1 ,  Tourbillons 1 ,  Densification ,  Espaces pulss ,  Lointains 1 ... et bien sr la musique elle-mme, qui joue en permanence sur la profondeur du son, sa rsonance, l'loignement ou le rapprochement subits de la source sonore et les effets de crescendo. Ce sont ainsi des nappes qui, battements ou frottements, semblent littralement arriver, qu'elles soient isoles ou agrges. Crpitements et dflagrations traversent brusquement et fugitivement le silence comme s'il tait le noir infini de l'espace cosmique. Le dchirent. Les mtaux dominent, parmi lesquels on reconnat les gongs, les grelots, le steel drum, le tam, le flexatone, etc. Esthtique de la fragmentation, certes, mais qui n'exclut pas l'unit acoustique et psychologique qui se dgage de tout ce magma chaotique au sens premier. Burning Bright, c'est un certain climat. Aussi l'auditeur sent-il que cette matire phonique en perptuelles marche et mtamorphose fait uvre et qu'il existe une pense suprieure, un geste d'artiste en amont de ce que son oreille enregistre comme une longue succession de bruits apparents.

 

Hugues Dufourt serait-il un romantique attard ? Au-del de la simple provocation, la question voudrait pointer le paradoxe d'un musicien qui prsente son travail en termes purement techniques exploration du spectre et jeu formel sur les  seuils , les  oscillations , les  interfrences  et les  processus orients  et qui lui donne avec Burning Bright une dimension mtaphysique, la vie intrieure du son devenant alors l'illustration de l'errance humaine dans un vaste cosmos lui-mme muet. Dans ce  drame sans rcit ni anecdote , le son dbouche toujours sur le silence. Et le vertige que provoque cette  vision potique  se double, par sa rfrence au pome de William Blake, de la nostalgie d'un temps humain orient, celui d'avant le tic-tac des horloges. Ainsi, le compositeur, dmiurge, roriente le temps musical qui serait LE temps humain en l'inscrivant dans une dynamique continue, c'est--dire infinie. Il n'y a d'ailleurs pas de final dans Burning Bright, ni d'ide de fin : un moment, la mcanique s'puise, comme s'teint une chandelle. Les Percussions de Strasbourg sont les artisans prodigieux de ce voyage de quelque 60 minutes.

 


Patrick Jzquel.

 

MUSIQUE ET CINEMA

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ENTRETIEN

 

Diane Kurys : L'motion d'un film passe par la musique

 


DR

 

Actrice, puis ralisatrice, elle a ralis dans les annes 70, daprs son roman autobiographique,  Diabolo Menthe , une histoire qui se passe en 1963. Ce film a t un vritable phnomne de socit. Suivront une douzaine de films qui auront plus ou moins des succs, mais seront des films toujours faits avec beaucoup de sincrit et avec trs souvent des personnages attachants. Elle changera frquemment de compositeurs et cest en cela que nous nous sommes intress ses choix.

 

Lorsque lon regarde votre carrire de ralisatrice, on est tonn par la diversit des compositeurs avec qui vous avez travaill ; tait-ce un choix dlibr ?

Je nai jamais dՈ priori. Un film, cest chaque fois une aventure diffrente et de la mme faon, lorsque jՎcris, ce nest jamais pour un acteur. Ce sont les personnages qui mintressent au dpart, ensuite le casting simpose, comme pour lՎquipe et aussi pour le musicien. Le compositeur, cest le seul collaborateur o vous navez aucune influence relle : je veux dire quun acteur, vous pouvez le diriger, ventuellement, sil est dirigeable ; le compositeur, cest un autre crateur qui peut vous apporter lunivers dont vous avez rv et qui peut aussi partir dans une autre direction qui peut tre la plupart du temps profitable. Jai rarement eu des regrets. Chaque film a sa musique. Ce sont des films de moi mais avec des sujets diffrents. Jai fait des films dՎpoque, des contemporains, un film sur George Sand et Musset, sur Franoise Sagan, sur mes parents, sur ma famille, sur mes racines, sur mon enfance. Jai fait des films personnels qui me ressemblent et je nai jamais eu envie davoir toujours le mme compositeur.

 

Si vous le voulez bien, on va regarder vos films travers les diffrents compositeurs. Yves Simon a t le premier et vous avez travaill plusieurs fois avec lui. Il tait trs la mode lorsque vous avez fait  Diabolo Menthe .

CՎtait la personnalit la plus connue de tout le casting et de tout le film. Il tait bien plus connu que moi, cՎtait une vedette.

 

Vous tes all le rechercher quinze ans plus tard!

Il a fait mes deux premiers films,  Diabolo Menthe  et  Cocktail Molotov  puis ensuite  Aprs lAmour  o cՎtait la premire fois que jabordais lՎpoque contemporaine. En fait je ne suis pas all le rechercher, on est rest trs ami et il se trouve que lorsque jai fait  Coup de Foudre , mon troisime film, jai engag Luis Bacalov.

 

Comment lavez-vous connu ?

Un ami mavait parl de lui, et ma dit quil tait formidable, quil avait un univers passionnant.

 

Il venait de faire  La Cit des Femmes  de Fellini, car Rota tait dcd...

Cest exact et je trouvais que la couleur de sa musique correspondait ce que je cherchais, ce film dՎpoque qui racontait les annes 40-50. Il est russe-juif-argentin, vit en Italie et il a russi trouver cette couleur juive de lEst.

 

Cest un beau film et il vous a compos une trs belle musique !

Cest un film que jaime beaucoup et notre collaboration a t formidable. Jai retravaill avec lui sur  Les Enfants du Sicle  en 1999. Je suis quand mme assez fidle. Je le voyais plus dans des films dՎpoque que dans des films contemporains.

 

Et juste aprs vous avez demand Georges Delerue de faire  Un Homme Amoureux 

Pour un film damour,  les musiques de Delerue sont souvent trs motionnelles, trs mlodiques et pour ce film l qui se tournait en Italie, film romantique, je pensais quil tait le compositeur idal. Cela a t une rencontre formidable, je suis all le voir Los Angeles, il ma jou des thmes au piano. Cest toujours angoissant lorsquun metteur en scne montre ses images un compositeur. Il y a cette rencontre, mme si on sest vu avant, et cest ce moment quil vous dit : voil ce que mont inspir vos images.

 

A lՎpoque vous nentendiez quun piano alors quaujourdhui on fait des maquettes. Aviez-vous une culture musicale ?

Je ne suis quune amatrice de musique, jaime la musique de film. Yves Simon pour  Diabolo Menthe  mavait fait couter quelques notes au piano, on est touch ou pas. Lorsquon ne lest pas, cest plus compliqu dexprimer ce que lon voudrait et dans quelle direction on aimerait aller.

 

Cest plus facile de dire non que oui ?

Pas du tout, cest toujours trs angoissant face au compositeur de faire le bon choix. Il y a souvent des moments o la maquette est la rfrence, on a mont avec et puis lorsque la musique enregistre avec grand orchestre arrive, on se trouve quelquefois prfrer la maquette ! Cest terrible pour le compositeur !

 

Mettez-vous des musiques provisoires au montage ?

Je ne le faisais pas dans mes premiers films, mais maintenant les monteurs ont tendance le faire, ils vous vendent mieux le montage quand il y a une musique. Vers le septime film je le faisais, puis je suis revenue sur cette ide car cest hyper dangereux, on shabitue des grandes chansons, des grands tubes. Je lai fait pour  Sagan  et cՎtait terrible car lorsquArmand Amar est arriv, je mՎtais habitue Alberto Iglsias, Badalamenti et jadorais mes thmes. Du coup il a fallu se dmarquer. Il ma dit que je lavais engag pour faire une musique originale. Les compositeurs naiment pas cela. Ce que lon fait avec la monteuse, avec qui je travaille depuis quelques annes : on prend des musiques du compositeur choisi, on a au moins sa couleur, mais la musique est toujours trs complique.

 

Comment en tes-vous venu travailler avec Amar ?

On ma parl de lui, javais cout quelques musiques de lui. Il a fait beaucoup de films, il est charmant, a du talent et il sadapte ce que vous lui demandez, il va vite. JՎtais trs contente de la musique de  Sagan .

 

Vous navez pas pu vous offrir Iglsias ?

Question de budget ! Il est trs cher comme beaucoup de grands compositeurs. Je ne dis pas quArman Amar nest pas cherCes compositeurs internationaux sont trs occups et pour trouver un compositeur Paris, accessible, et qui entre dans le budget, ce nest pas simple. Jai eu la chance quArman ait pu faire une musique superbe. La musique de  Sagan  est sans arrt pille la radio, la tlvision.

 

Et Nyman, cest cause de  La Leon de Piano  quil avait fait peu de temps avant votre film  A La Folie  ?

Non, je voulais une musique un peu obsessionnelle

 

Rptitive ?

Rptitive, obsdante, le contraire de  La Leon de Piano . Une musique enttante, forte. On sest rencontr seulement sur ce film parce que je nai pas fait dautre film dans ce genre l.

 

Comment avez-vous trouv Paolo Buonvino ? A cause de  Romanzo Criminale ? 

Il avait fait un film qui sappelle  Juste un Baiser  - en italien  Lultimo Baccio  -  de Muccino. Cest un grand compositeur dorigine sicilienne. Cest en coutant la musique de ce film que jai craqu ! Il a fait beaucoup de musiques, il peut crire des musiques mouvantes, tristes, et des musiques de comdies.  Je Reste  est une commande que jai faite avec Sophie Marceau et comme cՎtait une comdie pure, il fallait que je trouve un musicien de comdie. Il est dans la ligne de Rota mais ne fait pas de la copie. Il est hystrique sur le mixage, les orchestrations. Il va mettre trois semaines mixer une musique de film ! Il a le souci du dtail. La qualit des instruments quil emploie est impressionnante, il va chercher des instruments rares. Je viens de retravailler avec lui parce quil a compos une musique pour mon dernier film avec un autre compositeur Hugo Gonzalez Pioli, un protg dArman Amar, trs jeune. Je n'avais pas le budget pour la musique et Amar tait trs occup. Hugo est un petit gnie. Je trouve que cest trs compliqu de faire une musique de comdie et il a trouv un ton un peu grinant. Javais besoin dune musique dՎmotion et du coup Paolo est venu la composer. Javais donc deux compositeurs et tous les deux ont accept. Paolo a fait la musique distance - il tait Rome - cest lavantage des temps modernes de linternet. Jai trs envie de retravailler avec Paolo, cest un type charmant et avec beaucoup de talent !

 

Lorsque vous tiez jeune, vous ne pensiez pas devenir ralisatrice. coutiez-vous de la musique de film ?

Jallais normment au cinma, donc jՎtais imprgne des musiques de ces films et on sait que lՎmotion dun film passe par la musique. JՎtais plus attire par la musique de mon poque. Jai commenc avec Cliff Richard, les Anglais, puis les Amricains, Living Doll cest le dbut de  Diabolo Menthe  ; javais treize ans !

 

Vous avez fait un film avec Sarde, cest assez tonnant ?

Oui pour  La Baule les Pins . Dans la carrire dun ralisateur ne pas avoir fait un film avec Philippe Sarde a manque. Il a fait de jolies musiques. Cest un personnage hors du commun qui a un vrai amour du cinma, il est dment, fou, drle, cultiv, il a plein de qualits avec quelques dfauts. Il a fait des films magnifiques. Je pense que Sautet lui doit beaucoup. Non pas que Sautet navait pas de talent mais le mariage entre les deux cest formidable. Ce sont des musiques qui nous restent. Mais je ne sais plus pourquoi je me suis tourne vers lui. Il y a des moments que jaime moins dans la musique quil ma crite mais la musique de  La Baule les Pins  est une jolie musique, trs touchante et Roda-Gil a crit une magnifique chanson la fin du film sur la musique de Philippe. Cette rencontre avec Roda-Gil, cՎtait formidable.

 

Et en ce moment vous tes sur un projet de film ?

Oui cest une comdie, une sorte de Road Movie avec une mre compltement folle qui se retrouve sur les routes avec son fils de 25 ans. Il se passe en Belgique et en Hollande et je pense que je vais appeler Paolo !

 

Une dernire question, peut-tre vous allez me dire  joker  : vous navez jamais pens travailler avec Serge Franklin ?

Non pas joker, jaime beaucoup Serge, il a fait de superbes musiques Arcady mais je le laisse Alexandre. CՎtait un vrai couple,  Le Coup de Sirocco ,  Le Grand Pardon , ce sont des musiques qui ont marqu. Je laime beaucoup dans la vie mais je nai jamais eu envie

 

De passer la porte dՈ ct ? Chacun son bureau !

Chacun son bureau ! Il doit tre un peu triste de a peut-tre. Je laime beaucoup et aussi comme musicien.

 

Il doit y avoir un regret quand mme ?

Oui bien sr, mais quand on connat trop les gens, on a peur de travailler avec eux et de se fcher. On peut perdre lamiti. Avec des gens quon ne connat pas on na pas dՎtat dՉme pour leur dire quon aime pas ce quils ont crit pour vous.

 

Merci pour ces moments de vrit.

 




 

 

https://www.youtube.com/watch?v=mfxfM1nrK2c

 

https://www.youtube.com/watch?v=7DpYziWv6XE

 

Propos recueillis par Stphane Loison.

 

ANNONCES

 


Metropolis de Fritz Lang / DR

 

Mardi 8 novembre 2016 20H, au Grand Rex, VIDEO GAMES LIVE Paris Musique de jeux vido Concert symphonique avec chur Vido Games Live. Cest lՎvnement musical de la rentre pour les fans de jeux vido ! Pour la premire fois.

 

Mercredi 9 novembre 2016 20H, au Grand Rex, JOHN CARPENTER LIVE. Le clbre ralisateur / compositeur jouera les classiques de son rpertoire et des nouveauts, le tout soutenu par des projections.

 

Samedi 26 novembre 20H, la Maison de la Radio : Prix France Musique Sacem de la Musique de Film, avec l'Orchestre Philharmonique de Radio France.

 

Lundi 28 novembre novembre 20h, la Maison de la Radio : Cin concert avec Metropolis de Fritz Lang (1927) et Thierry Escaich l'orgue.

 

 

BO en CDs

 

 

SNOWDEN. Ralisateur : Oliver Stone. Compositeur : Graig Armstrong et Adam Peters. Deutsche Grammophon CD & download 00028947967026

 

Patriote idaliste et enthousiaste, le jeune Edward Snowden semble raliser son rve quand il rejoint les quipes de la CIA puis de la NSA. Il dcouvre alors au cur des Services de Renseignements amricains lampleur insouponne de la cyber-surveillance. Violant la Constitution, soutenue par de grandes entreprises, la NSA collecte des montagnes de donnes et piste toutes les formes de tlcommunications un niveau plantaire. Choqu par cette intrusion systmatique dans nos vies prives, Snowden dcide de rassembler des preuves et de tout divulguer. Devenu lanceur dalerte, il sacrifiera sa libert et sa vie prive. En juin 2013, deux journalistes prennent le risque de le rencontrer dans une chambre dhtel Hong Kong. Une course contre la montre sengage pour analyser les preuves irrfutables prsentes par Snowden avant leur publication. Les rvlations qui vont tre faites dans cette pice seront au cur du plus grand scandale despionnage de lhistoire des tats-Unis.

 

Cest la troisime collaboration de Graig Armstrong avec Olivier Stone ( Wall Street largent ne dort jamais ,  World Trade Center ). Il est l'origine de la musique des films de Baz Luhrmann ( Romo+Juliette ,  Moulin Rouge ,  Gatsby le Magnifique ). Il a surtout crit une trs belle musique pour  Loin de la Foule Dchane  du film acadmique de Thomas Vinterberg. Il a le talent de se couler dans diffrents univers dauteurs trs diffrents. Sa musique est ici entre le thriller, le drame, lenqute avec de beaux passages romantiques comme il sait les crire. Tout nest pas parfait, loin de l. La prsence dAdam Peters qui avait travaill sur linsupportable  Savages , apporte la note lectronique. Ursine Vulpine reprend le Saints Go Marching, le morceau pour les funrailles la Nouvelle Orlans. Dans ce genre de film Oliver Stone est plus laise que dans de pures fictions. La musique se laisse couter en CD.

 


https://www.youtube.com/watch?v=fL2xKFZYqOU&list=PLkLimRXN6NKyVWACAE3nSDlxRrTlWop_8&index=11

 

 

NAGASAKI MEMORIES OF MY SON. Ralisateur : Yoji Yamada. Compositeur : Ryuichi Sakamoto. 1CD Milanrecords : 39852-2.

 

En 2015 Ryuichi Sakamoto a compos cette musique pour Yoji Yamada, un des derniers et lgendaire ralisateur avec plus de 80 films, de la gnration des Kurosawa, Mizoguchi ou Ozu. Le film raconte lhistoire de Nobuko Fukuhara, une mre qui a perdu son fils durant la tragdie nuclaire de Nagasaki. Ryuichi Sakamoto a crit une de ses plus belles musiques de film, empreinte de tristesse, de mlancolie, une musique dramatique et romantique la fois, un hommage aussi ces musiques de lՉge dor du cinma japonais. Milan offre enfin la BO du film sur CD. On ne prsente plus Ryuichi Sakamoto, compositeur protiforme qui avec  Le Dernier Empereur  avait obtenu un oscar. Et sa musique pour  Furyo  est dans toutes les mmoires. Il a fait dernirement une belle musique pour  The Revenant . Entendre larchive des voix des pilotes du B29 au dbut du CD nous met dans lambiance du film et de sa musique. Un CD pour les fans de ce compositeur et pour ceux qui aiment entendre une belle partition.

 


https://www.youtube.com/watch?v=VuSlXGHa-ec



BRIDGET JONES BABY. Ralisateur : Sharon Maguire. Compositeur : Graig Armstrong. 1CD Universal Music.

 

Le CD contient juste deux thmes romantiques du compositeur, le reste nest que des chansons tendres et douces dont  Still Falling For You , chante pour le film par Ellie Goulding, le fameux  Walk On By  de Diane Warwick, et le tube de Marvin Gaye  I Heard It Through The Grapevine . Quel est lintrt dun tel disque ? Se rappeler cette bluette n3 sympathique et bien formate. Le prochain, le n4, cest maman Bridget dans les couches

 


https://www.youtube.com/watch?v=pvP_OwVSFpk&list=PLfaZeIWtqNKOmE7VrT04e7DAe1IR6wEEh

 

 

MISS PEREGRINE ET LES ENFANTS PARTICULIERS. Ralisateur : Tim Burton. Compositeur: Mike Higham et Matthew Margeson. 1CD La-La Land Records.

 

Jake Portman est un adolescent de 16 ans vivant en Floride en 2016. Lorsque son grand-pre Abe dcde, il dcouvre que toutes les histoires qu'il lui racontait enfant taient vraies. Jake et son pre se rendent alors sur la mystrieuse le de Cairnholm, au Pays de Galles. Jake y dcouvre les ruines d'un orphelinat qui appartenait une certaine mystrieuse Miss Peregrine et qui abritait dans les annes 1940 des enfants  particuliers . Le livre do est tir le film est surprenant dans le sens o lon pense que Ransom Riggs la crit spcialement pour Tim Burton. On retrouve tous les thmes de prdilection du ralisateur et grce aux effets numriques daujourdhui, Burton sen donne cur joie pour dlirer. Pour la premire fois ce nest pas Danny Elfman qui a compos la musique ! Cest le tandem Mike Higham et Matthew Margeson. Le couple Burton/Elfman aurait-il divorc ? Elfman tait-il ''too busy'', comme on le prtend ? Cest aprs  Ed Wood  et  Sweeney Todd  quil lui fait des infidlits. Margeson avait crit  Kingsman  et  Eddie The Eagle , deux bons scores, mme sil fait partie de lՎcurie Zimmer. Mike Higham avait travaill avec Elfman et crit des musiques additionnelles pour  Sweeney Todd  et  Big Eyes . Le climat de Burton nest quand mme pas le mme. La musique est trop prsente, envahissante, la mode. Florence and the Machine a sign pour le film la chanson  Wish That You Were Here . Sur le disque on a le fameux  In The Mood  de Glen Miller et lallegro du Premier Concerto de Tchakovski. Le rsultat final, malgr quelques rserves musicales, est fantastique, aux premier et second degr ! On a l du Burton grand cru ! Sur le CD il y a du bon et du moins bon.

 


https://www.youtube.com/watch?v=Cm3fgIKqbOQ&list=RDCm3fgIKqbOQ#t=17

 

 

A MONSTER CALL (Quelques Minutes aprs Minuit). Ralisateur : Juan Antonio Bayona. Compositeur : Fernando Velsquez. 1CD Quartet Records.

 

Pour chapper son quotidien se partageant entre la maladie de sa mre et les humiliations rptes de ses camarades de classe, un jeune garon se rfugie dans un monde imaginaire digne des contes de fes, o il est question de courage, de perte et de foi. Juan Antonio Bayona sest fait connatre avec  Orphelinat , un film dangoisse total o la musique est de l'excellent compositeur Fernando Velasquez. Ils ont collabor sur le suivant au sujet du tsunami en Thalande,  The Impossible . Cest leur troisime collaboration et on peut dire quils ont beaucoup de talent ! Fernando Velsquez a abondamment crit pour des courts-mtrages et de nombreux longs espagnols. Il enchane film sur film ! Sa musique est empreinte de lyrisme et les orchestrations sont trs travailles. Il sait trs bien dcrire les univers fantastiques, mme angoissants.  Mama  d Andrs Muschietti est un modle du genre. Le CD est magnifique !  Tear Up This Town  de Keane est sur le disque.

 


https://www.youtube.com/watch?v=AoJLR4AoxkM

 

 

LA FILLE DU TRAIN. Ralisateur : Tate Taylor. Compositeur : Danny Elfman. 1CD Sony Classical n88985375612.

 

Rachel prend tous les jours le mme train et passe tous les jours devant la mme maison. Dvaste par son divorce, elle fantasme sur le couple qui y vit et leur imagine une vie parfaite jusquau jour o elle est le tmoin dun vnement extrmement choquant et se retrouve malgr elle troitement mle un angoissant mystre. Pour ce thriller, Danny Elfman compose pour la premire fois pour Tate Taylor (  The Help  et  Get on Up ). Ici, il offre une texture musicale avec des sons lectroniques, des percussions et juste un thme minimaliste au piano accompagn par un violoncelle, des stridences orchestrales inoues, pour instaurer le climat de tension qui correspond ce genre de film. Sa musique nous surprend, comme le film, on ne reconnat pas sa patte, cest magnifique. Un beau CD.

 


https://www.youtube.com/watch?v=ujrW__T08y8

https://www.youtube.com/watch?v=ujrW__T08y8

 

SING STREET. Ralisateur : John Carney. Compositeur : compilation.

Dublin, annes 80, Conor, un lycen dont les parents sont au bord du divorce, est oblig contrecur de rejoindre les bancs de lՎcole publique dont les rgles dՎducation diffrent de celles de lՎcole prive quil avait lhabitude de frquenter. Afin de sՎchapper de cet univers violent, il na quun objectif : impressionner la plus jolie fille du quartier, la mystrieuse Raphina. Il dcide alors de monter un groupe et de se lancer dans la musique, univers dans lequel il ne connait rien ni personne, part les vinyles de sa chambre dadolescent. Afin de la conqurir, il lui propose de jouer dans son futur clip. Voil un film musical comme on les aime. Dj avec son prcdent film  New York Melody , il entranait le public dans une vire musicale dans New York. Ici cest le monde de ladolescence dans une petite ville avec des jeunes qui montent leur groupe et qui sont influencs par les groupes la mode (Cure, Duran Duran, The Clash,The Jam, Ah Ah ). Cest un film totalement irrsistible avec une nergie communicative et de la musique, de la musique, de la musique ! Cest un trs bon film qui a reu une multitude de prix. La compilation des musiques sur CD nest peut-tre pas indispensable mais il faut voir lemploi quen fait John Carney. Bien sr on a la chanson du film, comme le prcdent, chante par le leader de Maroon Five, Adam Levine. Un film voir et revoir pour donner la pche !

 

 

https://www.youtube.com/watch?v=xIY_b10iehY

 

 

ELLE. Ralisateur : Paul Verhoeven. Compositrice : Anne Dudley. 1CD Sony Classical.

 

La compositrice anglaise Anne Dudley retrouve Paul Verhoeven aprs  Black Book . Clbre pour son groupe Art of Noise, elle a particip de nombreux arrangements pour des groupes et chanteurs clbres. Neil Jordan lavait engage pour  The Crying Game  et a reu un oscar pour  Full Monty . Mais on se rappelle plutt des morceaux de soul que de sa musique proprement parler. Paul Verhoeven a eu deux trs grands compositeurs sur ses films. On se souvient de la musique de Basil Poledouris pour  Robocop  et  Starship Troopers  et celle de  Basic Instinc  de limmense Jerry Goldsmith qui a t trs souvent copie, imite par des compositeurs connus. La composition dAnne Duddley est difficilement comparable, on nest pas dans la mme configuration. Elle a crit une musique simple, mlancolique, sans grande motion, assez distancie comme le personnage dElle. Les morceaux  dagression  sont assez classiques dans leurs conceptions, mais cest une musique qui fonctionne. Aprs, couter le CD, cest un peu ennuyeux. Mais le film est du grand Verhoeven.

 


https://www.youtube.com/watch?v=xhf5LdnAm0g

 

 

LES 7 MERCENAIRES. Ralisateur : Antoine Fuqua. Compositeur : James Horner. 1CD Sony Classical n88985346202.

Aprs  La Rage au Ventre  du mme Antoine Fuqua, avec une musique mconnaissable, plus lectronique (influence de Franglen), James Horner sՎtait attaqu ce western mais na pu le finir pour cause de dcs. Cest Simon Franglen, son arrangeur, qui a pris la relve et qui est crdit pour la premire fois comme compositeur. On retrouve le style de Horner, donc de larrangeur depuis  Avatar . Lambiance est assez sombre. Les arrangements sont assez tonnants, avec des mlanges dinstruments qui crent des univers originaux. Quant au film il vaut mieux oublier  Les Septs Samourais  et  Mercenaires  dantan pour regarder ce film au casting bien plat. A la fin du CD on aura aussi droit au superbe thme de Bernstein ! En souvenir de Horner, un CD possder.


 

 

CEZANNE ET MOI. Ralisatrice :Danile Thompson. Compositeur : ric Neveux. 1CD Quartet Records.

 

Cest l'histoire de l'amiti et de la rivalit entre Paul Czanne et mile Zola, tous deux natifs dAix-en-Provence. Le premier, peintre, fils de banquier, qui n'obtiendra qu'une reconnaissance relative de son vivant alors qu'il devient l'un des pres fondateurs de l'art moderne. Le deuxime, crivain, orphelin de pre immigr et de milieu modeste, qui devient chef de file du mouvement naturaliste dans la France tourmente de la deuxime moiti du XIXe sicle. Ce film est comme beaucoup de biopic une illustration et manque de point de vue. Alors que peut faire la musique pour contrebalancer cette suite dillustration ennuyeuse ? ric Neveu qui est un bon compositeur va fond dans une musique romantique avec un thme et variation assez banal, musique dsute dans les arrangements. Bref une musique et un film en total accord : ennuyeux.

 


Stphane Loison.

 

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LA VIE DE L’EDUCATION MUSICALE

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VIENT DE PARAÎTRE

INITIATION À L’HARMONIE ET À L’INTERPRÉTATION À PARTIR DES POLONAISES DE CHOPIN.
VOLUME 1 Les Polonaises de jeunesse en sol mineur et sib majeur

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Baccalauréat 2017. Épreuve de musique

LIVRET DU CANDIDAT

19 €

 

COLLECTION VOIR ET ENTENDRE

Jean-Marc Déhan et Jacques Grindel ont réalisé, dans les années 1980, collection « voir & entendre », qui s'adressait autant aux collèges et lycées qu'aux conservatoires et écoles de musique. Il nous est apparu que cet outil remarquable pouvait, avec quelques compléments, redevenir un outil pédagogique de tout premier plan. Le parti pris a été de réimprimer à l'identique les fascicules, enrichis d'un court dossier pédagogique. Pour chaque titre, des pistes d'utilisation s'ajoutent à celles déjà mises en lumière dans les partitions elles-mêmes.
Il est possible d'utiliser ces partitions :
- pour la lecture de notes
- pour la lecture de rythmes
- pour la dictée musicale ;
- pour le chant, en faisant chanter et mémoriser les principaux thèmes
- pour la formation de la pensée musicale : les thèmes mémorisés, transposés à l'oreille, donneront lieu, le cas échéant, à des autodictées ;
- pour l'analyse musicale et l'harmonie, avec les analyses fines de J.-M. Déhan et J. Grindel reportées sur la partition
- pour l'histoire de la musique grâce aux textes de présentation ;
- enfin, pour l'écoute raisonnée des œuvres en suivant simplement la partition, quitte à faire porter l'audition sur des éléments précédemment indiqués par le professeur qui pourra adapter ces exercices au niveau de ses élèves.
Mais ces partitions sont également destinées aux amateurs éclairés pour qui la lecture des clés d'ut dans les partitions d'orchestre habituelles, ainsi que le casse-tête des instruments transpositeurs sont souvent des obstacles insurmontables.
Souhaitons que cette réédition permette une meilleure connaissance par tous, jeunes et moins jeunes, futurs professionnels ou amateurs éclairés, de quelques œuvres fondamentales du répertoire.

W.A. Mozart. Symphonie n° 40 (K550)1. Allegro Molto – 3. Menuetto

Prix: 9 euros

A. Borodine. Dans les steppes de l’Asie centrale

Prix: 9 euros

H. Berlioz. Symphonie fantastique 5e mouvement

Prix: 12 euros

J.-S. Bach. Cantate BWV 140« Wachetauf, ruft uns die Stimme »

Prix: 10,50 euros

 

   

1.STOCKHAUSEN JE SUIS LES SONS

Ce livre, que le compositeur souhaitait publier dans sa maison d’édition à Kürten, se propose de présenter les orientations principales de la recherche de Karlheinz Stockhausen (1928-2007) à travers ses œuvres, couvrant sa vie et ouvrant un accès direct à ses écrits. Divers domaines investis par le plus grand inventeur de musique de la seconde moitié du xxe siècle sont abordés : composition de soi à travers les matériaux nouveaux ; découvertes formelles et structures du temps ; musique spatiale ; métaphore lumineuse ; musique scénique ; l’hommage au féminin de l’opéra Montag aus Licht ; Wagner, Stockhausen et le Gesamtkunstwerk, œuvre d’art total. Les témoignages des femmes qui l’ont accompagné dressent un portrait vif et saisissant de l’homme, artiste génial qui aimait plus que tout la musique et la recherche compositionnelle au nom du progrès de l’être humain...(suite)



 

2. ANALYSES MUSICALES VIIIè SIECLE - Tome 1

 

L’imbroglio baroque de Gérard Denizeau

 

BACH

Cantate BWV 104 Actus tragicus : Gérard Denizeau

Toccata ré mineur : Jean Maillard

Cantate BWV 4: Isabelle Rouard

Passacaille et fugue : Jean-Jacques Prévost

Passion saint Matthieu : Janine Delahaye

Phœbus et Pan : Marianne Massin

Concerto 4 clavecins : Jean-Marie Thil

La Grand Messe    : Philippe A. Autexier

Les Magnificat : Jean Sichler

Variations Goldberg : Laetitia Trouvé

Plan Offrande Musicale : Jacques Chailley

 

COUPERIN

Les barricades mystérieuses : Gérard Denizeau

Apothéose Corelli : Francine Maillard

Apothéose de Lully : Francine Maillard

 

HAENDEL

Dixit Dominus : Sabine Bérard
Water Music : Pierrette Mari

Israël en Egypte : Alice Gabeaud

Ode à Sainte Cécile : Jacques Michon

L’alleluia du Messie : René Kopff

Musique feu d’artifice : Jean-Marie Thill

3. LE NOUVEL OPERA

 

Publié l'année même de son ouverture, cet ouvrage raconte avec beaucoup de précisions la conception et la construction du célèbre bâtiment.
Le texte est remis en pages et les gravures mises en valeur grâce aux nouvelles technologies d'impression.

4. LEOS JANACEK, JEAN SIBELIUS, RALPH VAUGHN WILLIAMS - UN CHEMINEMENT COMMUN VERS LES SOURCES

Pour la première fois, le Tchèque Leoš Janácek (1854-1928), le Finlandais Jean Sibelius (1865-1957) et l'Anglais Ralph Vaughan Williams (1872-1958) sont mis en perspective dans le même ouvrage. En effet, ces trois compositeurs - chacun avec sa personnalité bien affirmée - ont tissé des liens avec les sources orales du chant entonné par le peuple. L'étude commune et conjointe de leurs itinéraires s'est avérée stimulante tant les répertoires mélodiques de leurs mondes sonores est d'une richesse émouvante. Les trois hommes ont vécu pratiquement à la même époque.
Ils ont été confrontés aux tragédies de leur temps et y ont répondu en s'engageant personnellement dans la recherche de trésors dont ils pressentaient la proche disparition. (suite).



 

5. LA RECHERCHE HYMNOLOGIQUE

En plein essor à l'étranger, particulièrement en Allemagne, l'hymnologie n'a pourtant pas encore acquis ses titres de noblesse en France.
Dans l'esprit de la collection « Guides musicologiques », cet ouvrage se veut une initiation méthodologique. Il comprend une approche de l'hymnologie se rattachant à la musicologie historique et à la théologie pratique, et résume l'historique de la discipline.
Pratique et documentaire, il offre aussi de précieuses indications : un large panorama des institutions et centres de recherche, un glossaire conséquent ou les mots clés. et les entrées sont accompagnés de leur traduction en plusieurs langues, et une bibliographie très complète (431 titres) tenant compte du tout dernier état de la question.
Outil de travail indispensable, ce livre s'adresse aussi bien aux musicologues, aux théologiens, traducteurs et chercheurs, qu'aux organistes, maîtres de chapelle, chanteurs, et bien entendu, aux hymnologues.

6. JOHANN SEBASTIAN BACH - CHORALS

Ce guide s’adresse aux musicologues, hymnologues, organistes, chefs de chœur, discophiles, mélomanes ainsi qu’aux théologiens et aux prédicateurs, soucieux de retourner aux sources des textes poétiques et des mélodies de chorals, si largement exploités par Jean-Sébastien Bach, afin de les situer dans leurs divers contextes historique, psychologique, religieux, sociologique et surtout théologique.
Il prend la suite de La Recherche hymnologique (Guides Musicologiques N°5), approche méthodologique de l’hymnologie se rattachant à la musicologie historique et à la théologie pratique dans une perspective pluridisciplinaire. Nul n’était mieux qualifié que James Lyon : sa vaste expérience lui a permis de réaliser cet ambitieux projet. Selon l’auteur : « Ce livre est un USUEL. Il n’a pas été conçu pour être lu d’un bout à l’autre, de façon systématique, mais pour être utilisé au gré des écoutes, des exécutions, des travaux exégétiques ou des cours d’histoire de la musique et d’hymnologie. » (suite)

7. LES 43 CHANTS DE MARTIN LUTHER

Cet ouvrage regroupe pour la première fois les 43 chorals de Martin Luther accompagnés de leurs paraphrases françaises strophiques, vérifiées. Ces textes, enfin en accord avec les intentions de Luther, sont chantables sur les mélodies traditionnelles bien connues.
Aux hymnologues, musicologues, musiciens d'Eglise, chefs, chanteurs et organistes, ainsi qu'aux historiens de la musique, des mentalités, des sensibilités et des idées religieuses, il offrira, pour chaque choral ou cantique de Martin Luther, de solides commentaires et des renseignements précis sur les sources des textes et des mélodies : origine, poète, mélodiste, datation, ainsi que les emprunts, réemplois et créations au XVIè siècle... (suite)

8. LES AVATARS DU PIANO

Mozart aurait-il été heureux de disposer d'un Steinway de 2010 ? L'aurait-il préféré à ses pianofortes ? Et Chopin, entre un piano ro- mantique et un piano moderne, qu'aurait-il choisi ? Entre la puissance du piano d'aujourd'hui et les nuances perdues des pianos d'hier, où irait le cœur des uns et des autres ? Personne ne le saura jamais. Mais une chose est sûre : ni Mozart, ni les autres compositeurs du passé n'auraient composé leurs œuvres de la même façon si leur instrument avait été différent, s'il avait été celui d'aujourd'hui. Mais en quoi était-il si différent ? En quoi influence-t-il l'écriture du compositeur ? Le piano moderne standardisé, comporte-t-il les qualités de tous les pianos anciens ? Est-ce un bien ? Est-ce un mal ? Qui a raison, des tenants des uns et des tenants des autres ? Et est-ce que ces questions ont un sens ? Un voyage à travers les âges du piano, à travers ses qualités gagnées et perdues, à travers ses métamorphoses, voilà à quoi convie ce livre polémique conçu par un des fervents amoureux de cet instrument magique.




9. CHARLES DICKENS, LA MUSIQUE ET LA VIE ARTISTIQUE A LONDRES A L'EPOQUE VICTORIENNE

 

Au travers du récit que James Lyon nous fait de l’existence de Dickens, il apparaît bien vite que l’écrivain se doublait d’un précieux défenseur des arts et de la musique. Rares sont pourtant ses écrits musicographiques ; c’est au travers des références musicales qui entrent dans ses livres que l’on constate la grande culture musicale de l’écrivain. Il se profilera d’ailleurs de plus en plus comme le défenseur d’une musique authentiquement anglaise, forte de cette tradition évoquée plus haut.

Et s’il ne fallait qu’un seul témoignage enthousiaste pour décrire la grandeur musicale de l’Angleterre, il suffit de lire le témoignage de Berlioz (suite).



 

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Les analyses musicales de L'Education Musicale