On ne peut que souhaiter le développement de nos classes d’orgue, même si elles ont souvent du mal à subsister. Cette pièce pourra y contribuer par son caractère pédagogique en même temps que musical. Le discours se déroule dans un contrepoint très lisible. Les enchainements harmoniques sont très classiques, mais permettront au jeune organiste de maîtriser la conduite des deux mains soutenues par une pédale en valeurs longues. La deuxième partie charge un peu plus la main gauche et contribuera à l’indépendance des doigts d’une même main. Il s’agit donc d’un petit prélude qui de déparera pas même dans un office.

Pierre-Richard DESHAYS : La première année d’orgue au clavier. . Lemoine : HL 29238.

L’auteur est lui-même organiste et pédagogue. On pourra trouver curieux le singulier du mot « clavier » dans le titre, car cette méthode propose assez vite de jongler avec les différents claviers… Les indications de registration ne sont données que lorsqu’elles s’imposent. Exercices et petits morceaux se succèdent avec bonheur. La présence du professeur est indispensable. Souhaitons que cette méthode qui part vraiment du début complet à l’instrument fasse naître beaucoup de vocations d’organistes. On en a bien besoin…

ORGUE

Marta GLIOSI & Damien SIMON : L’orgue aux mille saveurs Volumes 3A, 3B et musique d’ensemble. Anthologie de pièces pour orgue. Les claviéristes gourmands se régalent. Les éditions Buissonnières : EB-2-261

Ce volume 3 de L’orgue au mille saveurs est effectivement plein de choses succulentes. L’ensemble des pièces proposées est d’un niveau relativement simple. Même divisé en deux volumes et un fascicule de musique d’ensemble, le recueil a une grande unité. Il n’a pas peur de ses « a priori » et les revendique. Loin d’être un simple recueil de pièces diverses il vise à faire de l’organiste un vrai musicien, et un musicien cultivé. Continuant d’explorer les matériaux musicaux des chansons populaires et des Noëls à travers les meilleurs compositeurs, il initie désormais aux thèmes des chorals et à ceux du chant grégorien qui sont des éléments fondateurs du répertoire de l’orgue. Cela n’empêche pas les auteurs de présenter également quelques pièces contemporaines. La polyphonie est également mise à l’honneur. On notera aussi la présence d’une partie intitulée « Au-delà de la musique écrite » qui constitue une première initiation à l’harmonie : cadence parfaite, marches harmoniques et improvisation. Conseils d’écoute et conseils pour la culture musicale figurent aussi dans ce double recueil. Quant à la musique d’ensemble, pour orgue et un instrument ou voix, ou orgue à quatre mains, elle est représentée par des transcriptions spécialement organistiques. Bref, on ne peut que recommander chaudement cet outil précieux pour les professeurs d’orgue ou tout simplement pour les organistes professionnels ou amateurs cherchant à goûter tous les plaisirs que comporte leur instrument. Sans oublier les organistes liturgiques qui y trouveront une mine de répertoire pour les offices.

 

Max MÉREAUX : L’aube naissante. Pièce pour orgue. Moyen. Lafitan : P.L.3240.

Bien qu’écrite en principe pour un instrument à trois claviers et pédalier, cette pièce pourra assez facilement être interprétée sur deux claviers grâce aux combinaisons… L’oeuvre joue, comme il se doit, sur les contrastes entre les différents plans sonores de l’instrument. Un début doux sur la voix céleste et la gambe de 8. Puis viennent les fonds du positif avant que n’éclate pour finir le Grand Orgue avec le plein-jeu accouplé au positif : la lumière brille alors de toute sa splendeur. Outre son intérêt musical, qui est certain, cette oeuvre permet aussi une pédagogie de la registration, art qui fait si souvent défaut aux organistes…

Carsten KLOMP : Organ plus one. Epiphanias-Pfingsten. Epiphany-Whitsuntide, Kassel, Baerenreiter (www.baerenreiter.com), 2017, BA 8502. 56 p. (+ 4 Cahiers). - 18, 95 €.

Nos lecteurs connaissent déjà cette excellente Série pratique pour les circonstances et temps liturgiques (cf. Lettre d’information septembre 2016 : louange, reconnaissance, baptême et mariage ; LI décembre 2016 pour la Réforme et LI avril 2017 pour l’Avent et Noël). Elle fournit aux organistes une sélection d’oeuvres originales et d’adaptations destinées au culte et au concert.

Serge OLLIVE : Fantaisie-Poème sur le Victimae Paschali Laudes Op. 45. Assez difficile. Waldhorn Editions (auto-label) : WH-4517176 www.sergeollive.com

Cette très belle oeuvre d’une durée d’environ un quart d’heure est une sorte de contemplation à partir de l’antique « séquence » pascale. Mais qui, à part les amoureux du chant grégorien, connait encore en France le Victimae paschali laudes ? Manifestement, Serge Ollive est de ceuxlà, lui qui nous invite à cette longue et belle méditation aux couleurs si variées. Il faudra, pour lui rendre justice disposer d’un instrument à trois claviers et boite expressive. Après une première partie comportant de nombreuses fulgurance, l’hymne apparait. La méditation se poursuit, de plus en plus intérieure pour aboutir à une sorte d’évanouissement final dans un tempo de plus en plus lent et qui se perd dans le silence. Le langage du compositeur est à la fois original, toujours compréhensible et au service d’une méditation spirituelle de grande qualité. Rappelons qu’on peut écouter intégralement les oeuvres de Serge Ollive sur son site ou sur YouTube.

Pascale ROUET : Comptinopraxie. Comptines et Noëls pour débuter le clavier. Débutant. Delatour : DLT2720.

Nous avons rendu compte au fur et à mesure de leur parution des différents ouvrages pédagogiques consacrés par Pascale Rouet au roi des instruments (dit-on…). Celui-ci, qui peut également servir aux apprentis clavecinistes et même aux apprentis pianistes, possède le grand avantage de s’adresser aux enfants débutants. La progression à la fois technique et musicale est tout à fait pertinente. Au point que ce volume, destiné aux enfants débutants, peut être également utilisé pour des adultes. Il suffira de les rendre complices de la démarche pédagogique en la leur faisant découvrir au fur et à mesure de la progression. Le bagage fourni à la fin de ce volume permet déjà d’aborder de nombreuses pièces du répertoire classique ou… d’utiliser tous simplement les autres volumes publiés par Pascale Rouet aux mêmes éditions. On sent à chaque instant que cette pédagogue passionnée de musique contemporaine sait donner à ses élèves le langage universel qui leur permettra d’être ouverts à toutes les musiques. Cerise sur le gâteau : les délicieuses illustrations de Gérard Patureaux.

Julien BRET : d’après le Quatuor à cordes n°8 de Dimitri CHOSTAKOVITCH. Paris, Le Chant du Monde (www.lechantdumonde.com ), OR4992, 2016, 62 p.

L’orgue, avec ses deux claviers et son pédalier (pour tenir les valeurs longues) — grâce à une registration minutieuse et des sonorités variées — permet, en fait, de rendre une œuvre préalablement prévue pour un quatuor à cordes. Julien Bret (né en 1974) — à ne pas confondre avec Émile Bret (cf. CD Romances et mélodies) —, élève de Louis Thiry et Susan Landale, est actuellement titulaire du Grand Orgue Merklin de l’Église Saint-Ambroise à Paris. Il a réalisé une vraie prouesse dans l’art de la transcription. En hommage à Irina et Dimitri Chostakovitch (1906-1975), il a intitulé cette partition d’orgue : DSCH (représentant sa signature avec quelques lettres de son patronyme et en liaison avec la notation musicale allemande : Ré Mib Do Si, motif qui circulera à travers l’œuvre à la pédale, puis au second et au premier claviers).

Serge OLLIVE :op. 42 n°1, 2 et 3. Waldhorn Editions : WH-4516173.

S’il est un point commun à ces trois pièces, c’est le langage aussi personnel que poétique de l’auteur. La première, intitulée Petite fantaisie, joue délicatement avec les mixtures, tantôt comme une mélodie accompagnée, tantôt comme une source de lumière irisée. La deuxième, Interlude, nous fait entendre un délicat chant de hautbois qui fait penser à une mélodie populaire sortie du fond des âges. Une partie centrale, « un peu plus animé », débouche sur un retour au « tempo du début » et le chant exposé par une clarinette de 8’. Quant à la troisième, Prélude modal, outre qu’elle porte bien son nom, elle se caractérise par un chant de trompette de 8’ au pédalier qui scande toute la pièce. On peut écouter l’ensemble sur le site https://soundcloud.com/sergeollive1/sets/3-pieces-op-42 ou écouter et lire sur Youtube. Attention, trois claviers sont hautement souhaitables.

Carsten KLOMP : Organ plus one. Reformation, Lieder Martin Luthers, Kassel, Baerenreiter (www.baerenreiter.com ), 2016, Réf. BA 8508. VI - 58 p. (+ 4 cahiers séparés pour les instruments, 18 p. chacun) – 26, 95 €.

Publié en vue du Cinquième Centenaire de la Réforme (en 2017), lancée le 31 octobre 1517 par Martin Luther avec l’affichage présumé de ses Thèses, et sous-titré : Œuvres originales et Arrangements, ce volume est destiné au culte et au concert.
Dans sa collection bien connue, portant sur les temps liturgiques et les circonstances de la vie chrétienne, Carsten Klomp regroupe des chorals reposant sur un cantus firmus traditionnel, quelques Préludes de chorals et des harmonisations à l’orgue destinées à l’accompagnement du chant des fidèles. De plus, pour rehausser l’éclat d’une cérémonie, des instruments (vents, cordes), transpositeurs ou non, peuvent être associés (cahiers joints : en do, si b, mi b et fa). Ce recueil présente 14 Chorals pour lesquels le Réformateur allemand a écrit les paroles dans la langue du peuple (selon l’optique de la Réforme) et composé ou arrangé la mélodie. Ces Lutherlieder ont été traités par de nombreux compositeurs du XVIe siècle à nos jours, depuis Johann Gottfried Walther (1684-1748) et