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Catégorie : Alto

Luciano BERIO : Duetti, Arrangement pour deux altos (de Duetti pour deux violons) par Annegret Mayer-Lindenberg. Universal Edition : UE 36 649.

C'est le musicologue Leonardo Pinzauti qui a donné à son ami Luciano Berio l'idée de composer une série de courts duos (d’une durée de 29 secondes à 4 minutes) à l’intention de jeunes violonistes leur permettant ainsi un accès au langage musical contemporain. Chacun des trente-quatre duos (datés) porte le prénom d'un dédicataire. Composés entre 1979 et 1983, créés en 1984, ces trente-quatre duos sont dans la lignée pédagogique de Bartók (Microkosmos, Duos pour violon). Par son écriture, chaque duo reflète la personnalité et le « style » de son dédicataire ainsi : Béla (Bartók) est une mélodie modale simple, Pierre (Boulez) utilise des croisements d'échelles, Vinko (Globokar) propose un accompagnement de notes répétées fluide sous une mélodie arpégée, Henri (Pousseur) et Igor ( (Stravinsky) adaptent le folklore russe. L. Bério lui-même, explique que « derrière chaque duo, il y a des raisons et des situations personnelles : chez Bruno (Maderna), par exemple, il y a le souvenir d'une musique «fonctionnelle» que nous avons souvent composée ensemble dans les années cinquante; Maja (Pliseckaja) est la transformation d'une chanson russe, alors qu'Aldo (Bennici) est une vraie chanson sicilienne. Pierre (Boulez) a été écrit pour une soirée d'adieu: il se développe à partir d'une petite cellule de son ... Explosante fixe ... ; Giorgio Feferico (Ghedini) est à la mémoire de mes années passées au Conservatoire de Milan. Et ainsi de suite ... Ces Duetti sont pour moi ce que les vers de circonstance étaient pour Mallarmé, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas nécessairement basés sur des motivations musicales profondes, mais plutôt reliés par le fil fragile des événements quotidiens. Néanmoins, dans ces duos, il y a aussi un objectif pédagogique. Très souvent, comme on peut l’entendre, l’une des deux parties est plus facile et se concentre sur des problèmes techniques spécifiques, sur des caractères expressifs différents et même sur des stéréotypes de violon, de sorte qu’un jeune violoniste puisse contribuer, parfois, même à une situation musicale relativement complexe, sous un angle très simple, le jeu d’une gamme en ré majeur, par exemple ».


Sophie Jouve-Ganvert
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