« frontières » esthétiques. Les questions très circonstanciées, percutantes et judicieusement formulées par Pascal Pistone, appellent des réponses personnelles du compositeur au cours d’un dialogue très vivant et enrichissant avec, au passage, des réactions parfois teintées d’humour, permettant de dégager — par delà l’analyse subjective — les problèmes de filiation esthétique. L’accent est mis sur la quête mystique, la subtilité et la finesse, le sens de l’équilibre et l’inventivité d’Anthony Girard qui a aussi le sens du paradoxe. Il rejette le prosélytisme, l’ésotérisme, la démesure au bénéfice d’un engagement sincère. Par sa sensibilité religieuse, il se démarque de la mode et des écoles actuelles. En fait, pour lui, tout n’est qu’ordre, sincérité et intériorité. En Annexe, le Catalogue chronologique (p. 93-129), très précis, par catégories d’œuvres, est particulièrement imposant et illustre la diversité de 35 ans (1980-2015) d’inventivité pour des formations instrumentales variées. Les lecteurs, analystes et interprètes apprécieront à leur juste valeur les Notices de présentation des œuvres rédigées par le compositeur (genèse, création, œuvres de commande, particularités harmoniques, sources, description, inspiration et impulsion initiale…).

 

Bref — comme nous l’avions mentionné dans L’éducation musicale (Lettres d’information, Juillet 2015 et Janvier 2016) —, toute la « dimension philosophique, esthétique et spirituelle du compositeur », déjà révélée, est encore confirmée par ces Entretiens et ses propres Notices. Anthony Girard dépasse l’Horizon postromantique et renouvelle les critères d’analyse. Tout en restant dans le sillage et l’esprit de la musique française, il s’impose par ses compositions et ses hautes spéculations misant sur l’intériorité.