Une sonate comme un long cheminement vers la lumière comportant quatre mouvements, le premier s'apparentant à une méditation douloureuse, suivi de deux mouvements témoignant d'une joie contenue dans un climat rêveur avant que le dernier n'apporte enfin la lumière libératrice inondée de bonheur. Une œuvre toute empreinte de poésie, de candeur et de délicatesse dont Natalia Ehwald par son jeu intense et pertinent parvient à rendre toutes les couleurs poétiques et intimistes. Composées en 1838, les Kreisleriana constituent un cycle de huit pièces, exaltant l'esprit romantique, faisant référence au Kapellmeister Johannes Kreisler d'E.T.A Hoffmann. Sans doute plus extravertie que la composition précédente, composée pour Clara et dédiée à Chopin, elle souligne une fois de plus la proximité de la musique et de la littérature dans un grand élan esthétique caractéristique du Romantisme et mêle lyrisme, complexité structurelle et contrastes, avec de violents passages entre sentiments opposés, oscillant entre le vaillant et combatif Florestan et le rêveur Eusebius, les deux facettes intimement liées du compositeur. Là encore l'interprétation de la pianiste allemande s'avère passionnante de bout en bout faisant montre d'une magnifique sonorité, d'un pianisme très abouti et d'une émouvante et expressive sincérité. Une lecture véritablement habitée ! Un superbe disque !